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Proie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin proie proies

Définitions de « proie »

Trésor de la Langue Française informatisé

PROIE, subst. fém.

A. −
1. Être vivant qu'un animal (carnassier) capture pour en faire sa nourriture. Proies d'une araignée, d'un insecte; proie convoitée; proie fraîche, morte, vivante; attendre, épier, guetter la/sa proie; chasser, poursuivre, emporter, déchirer, dépecer, dévorer, manger sa proie; bondir, fondre, se jeter, s'acharner sur sa proie; être la proie des vautours. Il fallait passer les canaux du fleuve (...), payer un salaire au nocher; sans quoi, le corps privé de sépulture eût été la proie des bêtes féroces (Volney,Ruines, 1791, p.264).L'ours effrayé lâche sa proie, se débat, et Michaël tombe au fond de l'abîme (Dusaulx,Voy. Barège, t.2, 1796, p.189).
Oiseau (ou un mot du même parad.) de proie. Oiseau qui se nourrit principalement d'animaux vivants. Oiseau de proie diurne, nocturne. J'ai devancé à la course les navires, les plus fins voiliers et les grandes hirondelles de proie (Sand,Lélia, 1833, p.129).
P. anal. Personne avide et cruelle:
1. Mes ailes et ma voix auraient frémi de joie. Et les noirs ennemis, les deux oiseaux de proie, Ces gardiens envieux qui te suivent toujours, Auraient connu soudain que tu fais mes amours. Chénier,Bucoliques, 1794, p.147.
Loc. fig. Lâcher, laisser, abandonner la proie pour l'ombre*.
2. CHASSE, vieilli ou littér. (fréq. dans des cont. métaph.). Animal pris à la chasse. Il faut que le gibier paye le vieux chasseur Qui se morfond longtemps à l'affût de la proie (Baudel.,Fl. du Mal, 1863, p.283).Cette transfiguration de la chasseuse, je ne risque pas chasseresse, trop noble, de la chasseuse qui rabat une proie succulente, patiemment guettée (Arnoux,Roy. ombres, 1954, p.68).
Aller à la proie. Aller à la chasse en traquant le gibier vivant (à l'aide d'un oiseau de proie). Sous la féodalité, lorsque les nobles allaient à la proie, il [le paysan] était chassé, traqué, emporté dans le butin (Zola,Terre, 1887, p.79).
(Oiseau, faucon) âpre à la proie. V. âpre B 1.
B. − P. anal.
1. [En parlant de choses] Objet, bien, pris de force, avec violence ou avec avidité. Synon. butin, prise.Le matin même, il avait signé la vente de sa concession de Vandame à la Compagnie de Montsou. Acculé, égorgé, il s'était soumis aux exigences des régisseurs, leur lâchant enfin cette proie guettée si longtemps (Zola,Germinal, 1885, p.1523):
2. La pervenche, grand Dieu! la pervenche! Soudain Il la couvre des yeux; il porte la main, Saisit sa douce proie: avec moins de tendresse L'amant voit, reconnoît, adore sa maîtresse. Delille,Homme des champs, 1800, p.115.
SYNT. Bonne, riche proie; se disputer, se partager la proie; proie des créanciers, des voleurs, du vainqueur; constituer une proie facile, désignée.
2. Littér. [En parlant de pers.] Personne dont quelqu'un s'empare ou à qui il fait violence. Synon. victime.Être une proie facile, tentante pour qqn; s'acharner sur, jouer avec sa proie; être la proie d'une femme; proie convoitée, désirée. Mais cette fois, la Belcredi tenait sa proie; elle avait tout loisir de combiner et d'arranger ses trames (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p.74).
[P. allus. littér. à Racine, Phèdre I, 3] Chez eux [les Anciens] on trouve, pour ainsi dire, des fragmens de sentimens, mais rarement un sentiment complet; ici, c'est tout le coeur; c'est Vénus toute entière à sa proie attachée! (Chateaubr.,Génie, t.1, 1803, p.380).
C. − Littér., loc. verb.
1. Être la proie de
a) Qqn est la proie de qqn
α) Être la victime de. Quand je pense qu'avant de me connaître tu étais la proie de ta famille! (Tr. Bernard, M. Codomat, 1907, ii, 5, p.166).Vous connaissez cette petite Madame de Noailles? On pourrait songer à elle, mais elle doit être la proie de poétaillons, de plaisantins (Blanche,Modèles, 1928, p.52).
β) Au fig. Qqn est la proie de qqc. (subst. abstr. exprimant une force hostile). Être exposé à, livré à; subir la force irrésistible de. Être la proie de l'adversité, du malheur. Oui, je n'avais pas du tout le sentiment d'être la proie d'une tentation horrible; il s'agissait d'une curiosité un peu dangereuse à satisfaire (Mauriac,Th. Desqueyroux, 1927, p.239).
b) Qqc. est la proie de qqc. (subst. concr. désignant une force naturelle nuisible). Maison qui est la proie d'un incendie. Le Palais épiscopal et le sanctuaire de la cathédrale d'Oviedo sont la proie des flammes −le sanctuaire a été arrosé de pétrole et d'essence avant d'être incendié (Camus,Révolte Asturies, 1936, ii, 3, p.417).
Au fig. Cette lettre [un pneumatique] deviendrait la proie du hasard. Elle tomberait soit au milieu du groupe soit chez Agathe seule, et agirait selon le cas (Cocteau,Enfants, 1929, p.143).
2. En proie à
a)
α) Qqn (est) en proie (à qqn). Être assailli par, livré à l'action violente de. Synon. être en pâture*.Elle se mit à lui faire des plaisanteries sur son retard, qui l'aurait livrée en proie aux commis voyageurs, sans la ressource du petit apothicaire (Stendhal,Lamiel, 1842, p.159).
β) Au fig. Qqn (est) en proie à qqc. (subst. désignant un mal physique ou moral, un sentiment, une émotion). Synon. de être malmené, tourmenté par.Je pensai avec un vif chagrin, que Maria, partie depuis près de deux mois, devoit être en proie aux plus cruelles inquiétudes (Genlis,Chev. Cygne, t.2, 1795, p.69).Il se roule sur le parquet, en proie à une véritable crise nerveuse (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.586).
SYNT. Être en proie au délire, à la fièvre, à la maladie, au remords, à de vives inquiétudes, à l'avidité, à la cupidité, à la rapacité de qqn, à l'angoisse, à une anxiété, aux affres de la douleur, à des convulsions.
b) Vieilli. Qqc. (est) en proie à qqc. (subst. concr. désignant une force hostile). Maison en proie aux flammes; pays en proie à la disette, à la famine, à des calamités, à des fléaux, à des horreurs. Vous figurez-vous ce que peut être une nuit, dans une ville en proie à la peste? (Latouche, L'Héritier,Lettres amans, 1821, p.118).
Prononc. et Orth.: [pʀwɑ], [-a]. Littré, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 [ɑ]; Pt Rob. [a], [ɑ]; Warn. 1968 [ɑ], [a]; Lar. Lang. fr. [ɑ]; Martinet-Walter 1973 16/17 [ɑ]. Voir G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t.19 no1 1981, p.218. Ac. 1694, 1718: proye; dep. 1740: proie. Étymol. et Hist. 1. 1119 preie «être vivant dont un animal s'empare pour le dévorer» (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 1648); 1275 oiseaus de praie (Jean de Meun, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 20115); 2. ca 1150 «ce dont on se rend maître dans la guerre» (Le Roman de Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 2875); 3. déb. xiiies. «personne dont on s'empare; qu'on cherche à posséder» (Andefroi le Bastard, Chansons, éd. A. Cullmann, p.114); 4. ca 1380 «tout ce dont on s'empare» (Roques t.2, no13032, 9577); 5. 1587 fig. en proye du vice (La Noue, Disc., p.116 ds Gdf. Compl.). Du lat. praeda «butin, dépouilles»; «prise faite à la chasse ou la pêche»; «pâture des animaux»; «gain, profit». Fréq. abs. littér.: 3049. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5092, b) 4866; xxes.: a) 3555, b) 3875.

Wiktionnaire

Nom commun - français

proie \pʁwa\ féminin

  1. Ce que les animaux carnassiers ravissent pour le manger.
    • A de grandes altitudes planaient les frégates et les phaétons, qui tombaient souvent avec une rapidité vertigineuse pour arracher en l'air leur proie aux oiseaux de mer plongeurs. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Cet animal s'oriente dans l’espace par écholocation : il émet des sons de très haute fréquence et utilise l’écho renvoyé par les obstacles ou les proies pour les localiser. — (Olivier Raurich, Science, méditation et pleine conscience, Chêne-Bourg : Jouvence Éditions, 2017)
    • Le loup emporta sa proie dans le bois.
  2. Butin fait à la guerre, et généralement, toute chose dont on s’empare avec violence, avec une sorte de rapacité.
    • […] videz vos poches, maîtres coquins, et rendez à ces dames ce que vous leur avez enlevé. Sans hésiter les voleurs débâillonnèrent la duègne, et restituèrent la riche proie qu’un instant ils avaient cru pouvoir s’approprier. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Aussi rien n'est-il plus naturel que de voir des policiers […] prendre, pour ne pas effaroucher leur proie, l'apparence des gars qu'ils ont la mission d'appréhender. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
  3. (Figuré) Personne qui a beaucoup à souffrir des passions des autres ou de sa propre passion.
    • Être en proie à l’avidité, à la cupidité des usuriers.
    • Il est en proie à la rapacité de son entourage.
    • Cet honnête homme a été la proie des aigrefins.
    • Il est en proie à la calomnie, à la médisance.
    • Dénué de tous ses appuis, il demeura, il resta en proie à la vengeance.
    • Il est en proie à ses passions, à sa douleur, à la tristesse.
  4. Action d'être soumis au ravage ou à la destruction.
    • A la suite du terrible massacre des juifs de la péninsule ibérique, en 1391, le Call de Perpignan fut envahi, en 1392, et devint la proie du meurtre et du pillage. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937, p.129)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PROIE. n. f.
Ce que les animaux carnassiers ravissent pour le manger. Le lion se jeta sur sa proie. Le loup emporta sa proie dans le bois. Deux animaux qui se disputent une proie. La plupart des animaux sont la proie les uns des autres. Se jeter sur une proie. S'acharner sur sa proie. Lâcher sa proie. Oiseau de proie, Oiseau qui donne la chasse aux autres animaux et qui s'en nourrit. Fig., Lâcher la proie pour l'ombre. Voyez OMBRE.

PROIE se dit aussi d'un Butin fait à la guerre, et en général de Toute chose dont on s'empare avec violence, avec une sorte de rapacité. Toutes ces richesses furent la proie du vainqueur. Sa fortune devint la proie d'avides héritiers. Se disputer, se partager la proie. Il se dit aussi figurément des Personnes qui ont beaucoup à souffrir des passions des autres ou de leurs propres passions. Être en proie à l'avidité, à la cupidité des usuriers. Il est en proie à la rapacité de son entourage. Cet honnête homme a été la proie des aigrefins. Des intrigants ont fait leur proie de cet enfant. Il est en proie à la calomnie, à la médisance. Dénué de tous ses appuis, il demeura, il resta en proie à la vengeance. Il est en proie à ses passions, à sa douleur, à la tristesse. Se livrer en proie à ses passions, à sa douleur. Être la proie de ses passions. Il se dit aussi des Choses qui sont soumises au ravage ou à la destruction. Plus de vingt maisons ont été la proie des flammes. Ce pays est en proie à toutes les calamités, aux plus horribles fléaux. La ville était en proie aux horreurs de la famine.

Littré (1872-1877)

PROIE (proî) s. f.
  • 1Ce que les animaux carnassiers ravissent pour leur nourriture. L'âne sauvage est la proie du lion dans le désert ; ainsi les pauvres sont la proie des riches, Sacy, Bible, Ecclésiast. XIII, 23. Nous sommes quatre à partager la proie, La Fontaine, Fabl. I, 6. Ni loups, ni renards n'épiaient La douce et l'innocente proie, La Fontaine, ib. VII, 1. Comme un lion qui tient sa proie dans ses ongles, tout prêt à la mettre en pièces, Bossuet, Anne de Gonz. Le corps de mon frère aurait été la proie des vautours, Fénelon, Tél. XVII. Tout animal qui se nourrit d'autres animaux vivants, quoique très petits, est un animal de proie, Buffon, Ois. t. v, p. 279. Lorsqu'il [le lion] saute sur sa proie, il fait un bond de douze ou quinze pieds, tombe dessus, la saisit avec les pattes de devant, la déchire avec ses ongles, et ensuite la dévore avec les dents, Buffon, Quadrup. t. III, 124.

    Oiseau de proie, oiseau qui donne la chasse au gibier et qui s'en nourrit. Dans chaque grande division de l'espèce animale, elle [la nature] a choisi un certain nombre d'animaux qu'elle a chargés de dévorer les autres ; ainsi il y a des insectes de proie, des reptiles de proie, des oiseaux de proie, des poissons de proie et des quadrupèdes de proie, J. de Maistre, Soirées de St-Pétersbourg, 7e entretien.

    Fig. Un oiseau de proie, un homme qui vit, qui s'enrichit de rapines et de fraudes.

    Terme de fauconnerie. Être âpre à la proie, se dit en parlant d'un oiseau qui se sert courageusement de son bec et de ses ongles.

    Fig. Et l'avare Achéron ne lâche pas sa proie, Racine, Phèdre, II, 5. C'est Vénus tout entière à sa proie attachée, Racine, ib. I, 3. Jette encore une proie aux bourreaux de mon père ! Delavigne, Louis XI, III, 11.

  • 2Butin fait à la guerre. Lorsqu'aux pieds des murs fumants de Troie Les vainqueurs tout sanglants partagèrent leur proie, Racine, Andr. I, 2.

    Par extension, tout ce qu'on prend par la guerre. Tu céderas, ou tu tomberas sous ce vainqueur, Alger, riche des dépouilles de la chrétienté ; tu disais en ton cœur avare : Je tiens la mer sous mes lois, et les nations sont ma proie, Bossuet, Mar.-Thér. Ils [les indiscrets] ressemblent, dit le sage, à une ville sans murailles, qui est ouverte de toutes parts, et qui devient la proie du premier venu, Bossuet, Duch. d'Orl.

    En proie à, devenu la conquête. Ce roi [saint Louis] qui deux fois donna Sidon en proie à ses peuples françois, Régnier, Sat. X. Nos ennemis communs attendent avec joie Qu'un des partis défait leur donne l'autre en proie, Corneille, Hor. I, 4. Poussé de tous côtés, il faut qu'il [Merci] laisse en proie au duc d'Enghien non-seulement son canon et son bagage, mais encore tous les environs du Rhin, Bossuet, Louis de Bourbon. Ainsi fut livrée en proie aux Mèdes cette superbe Babylone, Bossuet, Hist. II, 4. Elle [Rome] est en proie aux barbares, Bossuet, ib. III, 1.

    Fig. En proie à, exposé à, tourmenté par. Il s'abandonne en proie aux soucis plus cuisants, Régnier, Sat. VI. Aux accès insolents d'une bouffonne joie La sagesse, l'esprit, l'honneur furent en proie, Boileau, Art p. III. Aux conseils des méchants ton roi n'est plus en proie, Racine, Esth. III, 7. Pendant que Pygmalion était en proie à la défiance, Fénelon, Tél. VIII. L'Allemagne était en proie à six armées formidables, qui la dévoraient en même temps, Voltaire, Louis XV, 32. Je plains cette douleur où votre âme est en proie, Voltaire, Adél. du Guesclin. I, 1. Quinault, avec tout son mérite, resta donc en proie aux injures de Boileau et à la protection de Lulli, Voltaire, Dict. phil. Art dramatique. Regardez cet avare en proie à sa richesse, Et d'un gros revenu puni par sa tristesse, Delille, Convers. II, Prologue.

    Absolument. En proie, exposé, livré comme une proie. Tout ce que la religion a de plus saint a été en proie ; l'Angleterre a tant changé, qu'elle ne sait plus elle-même à quoi s'en tenir, Bossuet, Reine d'Anglet. Il [le prince de Condé] part à ce premier mouvement [de l'armée ennemie] ; déjà l'armée hollandaise avec ses superbes étendards ne lui échappera pas ; tout nage dans le sang ; tout est en proie, Bossuet, Louis de Bourb.

  • 3Toute chose dont on s'empare avec violence, avec une sorte de rapacité. Sa fortune devint la proie d'avides héritiers. Le chien mit bas la proie Pour la défendre mieux, n'en étant plus chargé, La Fontaine, Fabl. VIII, 7. À ce nouveau venu la voilà [une femme] donc en proie, La Fontaine, Fianc. Perrin a de ses vers obtenu le pardon, Et la scène française est en proie à Pradon, Boileau, Épître VIII. Et j'espérais ma part d'une si riche proie, Boileau, Athal. III, 3. Ils ont perdu leur force en disputant leur proie, Voltaire, Tancr. I, 1.
  • 4 Fig. Il se dit des personnes dont on s'empare. Je pourrai bien tantôt lui souffler cette proie, Molière, l'Ét. III, 6. Quelle joie D'enlever à l'Epire une si belle proie [Hermione] ! Racine, Andr. II, 3.
  • 5Celui qui est persécuté par un autre, qui en devient la victime. Je ne sais si ce tigre a reconnu sa proie, Racine, Esth. III, 3.

    Être la proie de, être exposé à. La fin de tant d'ennuis dont nous fûmes la proie, Malherbe, II, 1. Pour sortir des tourments dont mon âme est la proie, Racine, Bérén. v, 6. Il y a longtemps que mon cœur est la proie de vos yeux, Hamilton, Gramm. 7. Témoin les collecteurs dont nous sommes la proie, Delavigne, Louis XI, III, 1.

  • 6Il se dit des choses qui ravagent, détruisent. Cette maison a été la proie des flammes. Le pays était en proie à la disette.
  • 7Il s'est dit pour bétail. Défenses sont faites à toutes personnes habitant la censive de Testmilon, de faire aucunes proies ou troupeaux à part, ni de les mener pâturer à garde séparée, même le long des chemins, Arrêt du parl. 14 août 1787.

HISTORIQUE

XIIIe s. En son païs porte li cuens [le comte] sa proie [la dame enlevée], Audefroi le Bastard, Romancero, p. 31. Or sont à sejor [en repos] Dame et seignor, Et larron vont en proie, ib. p. 66. Chascuns devient oisel de proie ; Nus [nul] ne vit més se il ne proie [praedatur], Rutebeuf, 218.

XVe s. La garnison trop se defendroit ; mais j'ai vu, dit l'espie, issir la proie [le bétail] hors de la ville, et y a bien sept ou huit cents grosses bestes, et sont par dessous la ville ès prés, Froissart, I, I, 254.

XVIe s. Ils ont appelé les armes estrangeres ; qui est à dire en bon langage mettre en proye ce royaume, Condé, Mémoires, p. 679. Aujourd'hui ce royaume de France est en proye, Montluc, Mém. liv. VI. Ils ne font pas moins de ravage dans leur propre pays, que si c'estoit en celui des ennemis, où toutes choses sont en proye, Lanoue, 13. Qui denie l'instruction et la correction à son enfant, le laisse en proye du vice, qui après le traine en perdition, Lanoue, 116. Tant pour sauver ma vie et à ma femme et enfants, qui seroient en peril et danger indubitable, et nos biens en proie, que pour tascher…, Protestation de Brisson, dans Journ. de l'Estoile. t. I, p. 387. Le peuple romain qui s'etoit donné toute nation en proie, Pasquier, Recherches, I, 7.

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Étymologie de « proie »

De l'ancien français preie, praie (« proie »), lui même du latin praeda (« butin, dépouille, proie »)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. et ital. preda ; du latin præda que les étymologistes regardent comme étant pour præ-hida (comparez præbeo pour prœhibeo), représentant la forme non nasalisée de prehendere, prendre ; pour l'absence de nasalisation comparez ἔχαδον aor. 2 de χανδάνω, hendere.

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Phonétique du mot « proie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
proie prwa

Fréquence d'apparition du mot « proie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « proie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « proie »

  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
  • Fermer les yeux devant le danger, c'est se donner en proie et renoncer à son libre arbitre.
    Georges Meredith — Les Comédiens tragiques
  • Pas un homme n'est en proie à la solitude pendant qu'il mange des spaghettis.
    Frank Morley
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Remonter le courant, c'est être la proie du caïman ; le redescendre, c'est être la proie du crocodile.
    Proverbe malgache
  • L'homme est en proie à l'homme, un loup à son pareil.
    Théodore Agrippa d'Aubigné — Les Tragiques
  • Le crocodile ménage ses forces et laisse sa proie venir à lui.
    Moses Isegawa — Chroniques abyssiniennes
  • Toute rose est proie de l'hiver.
    Djalal al-dîn Rûmi — Diwan
  • La mort : une griffe. Qui refuse de lâcher sa proie.
    Henning Mankell — Un paradis trompeur
  • La chance est un oiseau de proie survolant un aveugle aux yeux bandés.
    Serge Gainsbourg
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Traductions du mot « proie »

Langue Traduction
Anglais prey
Espagnol presa
Italien preda
Allemand beute
Chinois 猎物
Arabe فريسة
Portugais presa
Russe добыча
Japonais 獲物
Basque harrapariak
Corse preda
Source : Google Translate API

Synonymes de « proie »

Source : synonymes de proie sur lebonsynonyme.fr

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Proie

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