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Procession

Variantes Singulier Pluriel
Féminin procession processions

Définitions de « procession »

Trésor de la Langue Française informatisé

PROCESSION, subst. fém.

I. − [Indiquant ou impliquant l'action d'avancer, de progresser]
A. −
1. Défilé de prêtres ou de prêtres et de fidèles, empreint de solennité, à l'occasion d'une cérémonie religieuse. Le jour des Panathénées, le voile de la déesse est porté en grande procession, et tous les citoyens, sans distinction d'âge ni de rang, doivent lui faire cortége (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p.278).Profitons donc de ces heures saintes entre jeudi et vendredi, où le clergé en procession, après avoir retiré le corps du Christ au tabernacle, est allé solennellement l'ensevelir en un autre lieu, pour considérer notre propre dépouille (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p.224).V. défiler2ex. 4:
1. C'est de là que je vis circuler (sur le Tourmalet, la veille de l'Assomption) (...) des files d'hommes, de femmes, d'enfants, qui tous entonnaient des cantiques, et sur le front desquels était empreinte une joie telle que je n'en avais jamais remarqué de semblable. Cette joie, par intervalle, tenait de l'inspiration et de l'enthousiasme. Je croyais assister à l'une de ces processions fameuses que les Grecs appelaient théories. Dusaulx, Voy. Barège, t.2, 1796, p.36.
SYNT. Belle procession; procession solennelle; procession de prêtres, du clergé; processions intérieures, extérieures (à l'intérieur, à l'extérieur d'un édifice religieux); processions ordinaires, extraordinaires; processions de circonstance; aller à la procession; faire, ordonner une procession; suivre la procession; (relig. antiq.) procession d'Isis; procession des Panathénées; procession consulaire; (relig. cath.) procession du Saint-Sacrement; procession de la Fête-Dieu, des Rogations, de l'Assomption.
Loc. (Avancer, marcher) d'un pas de procession. Très lentement. Dès qu'on fut dehors, abandonnant l'abbé et ses hôtes, qui marchaient d'un pas de procession, il se dirigea vers la charmille (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p.36).On n'arrivera pas si on marche comme ça d'un pas de procession. Allons! (Barbusse, Feu, 1916, p.162).
2. P. ext. Longue suite (de personnes, d'animaux, de choses) avançant à la file. Synon. défilé, file.Procession d'ouvriers; procession de véhicules; procession politique. La procession de la fête du Travail (Canada1930, Bél. 1974).Le cortège nuptial, au sortir de la rue des Filles-du-Calvaire, s'engagea dans la longue procession de voitures qui faisait la chaîne sans fin de la Madeleine à la Bastille et de la Bastille à la Madeleine (Hugo, Misér., t.2, 1862, p.630).Grande, interminable procession. La société de Tempérance déambule sous nos fenêtres, bannières déployées, pendant un quart d'heure. Il y a des bannières rouges, bleues, vertes, blanches, etc. (Bloy, Journal, 1899, p.334).C'est joli, cette procession de petites bêtes grises, trottinant à la queue leuleu (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.254):
2. ... Pepys ne quitte pas sa ville. Il regarde défiler des corps, de longues files de cadavres emmenés sur des chariots à la fosse commune, où ils rejoignent d'autres cadavres, roulés sur des brouettes ou portés à dos d'homme; la procession des cercueils descend tout le Strand, jusqu'à Saint-Martin et à Westminster... Morand, Londres, 1933, p.23.
P. anal. Succession de personnes qui se présentent en un lieu à intervalles rapprochés. Procession de curieux, de visiteurs. Ma petite dame, dit-elle [la propriétaire] à MmeHugo (...) depuis trois mois, c'est ici, à cause de vous, une procession sans fin jour et nuit (MmeV. Hugo, Hugo, 1863, p.137).Ç'a été, toute la journée, une procession de complimenteurs, comme oncques aucun décoré n'en a jamais vu. C'est extraordinaire comme en France, la glorification des nullités est populaire (Goncourt, Journal, 1874, p.972).
Loc. (Aller, venir, se suivre, etc.) en procession. Les uns à la suite des autres, en grand nombre. Ouf! soupirait Sénac, ce n'est pas une bonne journée pour aller en procession consulter les hommes illustres (Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p.31).J'ai voulu compter les charrettes, se suivant en vraie procession, au retour des champs: j'en ai croisé 97 (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p.258).
3. Au fig. Ensemble d'événements, de phénomènes qui se succèdent dans le temps. La procession des jours; une procession d'images, de pensées. Toutes ces révolutions (...), cette succession de dynasties, cette procession de ministères (...), tout cela, dis-je, n'a eu d'autre but que de faire connaître à notre nation ébahie (...) que ce n'est point par leurs gouvernements que les peuples se sauvent, mais qu'ils se perdent (Proudhon, Confess. révol., 1849, p.86).Il faut une histoire illustre, et la force du génie théâtral et poétique, pour faire accepter cette grave procession de malheurs et ces gémissements en psalmodie (Alain, Beaux-arts, 1920, p.163).M. Godeau ne désirait que de s'en aller toujours plus loin de tout en lui-même, comme on entre dans une procession infinie de dégoûts, de s'approcher toujours plus près de soi, comme on entre dans une procession infinie de ravissements (Jouhandeau, M. Godeau, 1926, p.114).
B. − Littér. Progression, développement (d'une faculté, d'un être) dans l'accession à un état. Suivons cette procession de l'imagination humaine jusque sous son dernier et plus splendide reposoir, jusqu'à la croyance de l'individu en sa propre divinité (Baudel., Paradis artif., 1860, p.375).La procession dialectique de l'être supprime les oppositions absolues et la mort, au lieu de fixer un terme définitif à la volonté, s'incorpore toute à elle (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p.301).
II. − [Indiquant le fait de «procéder de»] PHILOS., THÉOL.
A. − [Chez Plotin et dans la métaphysique alexandrine] ,,Acte éternel par lequel les trois hypostases divines (Dieu, l'Intelligence et l'Âme) s'engendrent l'une l'autre et par lequel Dieu engendre le monde`` (Morf. Philos. 1980). Anton. conversion.En passant à l'action, l'intention a inauguré un exode et comme une «procession» au sens alexandrin. L'oeuvre qu'elle constitue marque un degré nouveau d'expansion (Blondel, Action, 1893, p.242).Les alexandrins n'ont (...) fait, croyons-nous, que suivre cette double indication quand ils ont parlé de procession et de conversion: tout dérive du premier principe et tout aspire à y rentrer (Bergson, Évol. créatr., 1907, p.322).
B. − THÉOL. CHRÉT. Production éternelle d'une personne divine par une autre; production du Fils par le Père; production de l'Esprit procédant du Père dans le Fils ou par le Fils (chez les Latins et les Grecs) ou du Père et du Fils (uniquement chez les Latins) (d'apr. Bouyer 1963). Du moment où la foi nous apprend qu'il y a en Dieu des productions immanentes, la génération du Verbe et la procession du Saint-Esprit, nous devons concéder le principe de l'activité naturelle et nécessaire de la nature divine, mais parce que et en tant qu'il s'agit de productions immanentes, tout ce qui est en Dieu participant à la nécessité et à l'immutabilité absolue de l'être divin (Théol. cath.t.4, 11920, p.1052).Saint Augustin dans son De Trinitate, dans les dernières pages, a proposé une analogie psychologique, s'étendant aux deux processions, le Fils en tant que Verbe, étant dit procéder par mode d'intelligence, l'Esprit en tant qu'Esprit d'amour (...) par mode de volonté (Bouyer1963).
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔsεsjɔ ̃], [-e-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Déb. xiies. «cortège, escorte allant au devant d'un personnage important ou l'accompagnant» (Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 692); ca 1140 aler [al rei] a grant processiön (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 144); b) 1180-90 «suite, colonne d'hommes, de combattants en marche» (Alexandre de Paris, Alexandre, II, 350, éd. E. C. Armstrong et D. L. Buffum, Elliott Monographs, no37, p.81); 2. 1160-74 «(dans la tradition catholique) marche solennelle de caractère religieux [chants, port de reliques...]» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 864; 875); 3. 1538 hist. «cortège religieux dans une fête antique» (Est., s.v. praerogativus). B. 1. 1269-78 «origine, condition (d'une personne)» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 13931); 2. 1690 théol. la procession du Saint Esprit [la troisième personne de la Trinité tirant son origine du Père et du Fils] (Fur.). Empr. au lat. processio «action de s'avancer»; à basse époque «marche, sortie solennelle» (ives. Julius Capitolinus); dans la lang. chrét. «cortège, procession» (fin ives. Peregrinatio Aetheriae ds Blaise Lat. chrét.); «le fait de venir de, émanation» théol. (milieu ives. St Hilaire; ive-ves. aeterna Filii processio, St Augustin, ibid.). Fréq. abs. littér.: 998. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1171, b) 1420; xxes.: a) 2155, b) 1186.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

procession \Prononciation ?\ féminin

  1. Procession.
    • Que feisoient juene et chenu.
      Premiers sont au mostier venu,
      La furent par devocion
      Receü a procession.
      — (vers 1170, Chrétien de Troyes, Érec et Énide, lignes 2316-20)
  2. Passage (de temps)
    • [que les laides cicatrices] soient rectefiees par procession de temps — (H. de Mondeville, Chirurgie, page 49, 1re colonne)

Nom commun - français

procession \pʁɔ.se.sjɔ̃\ féminin

  1. (Religion) Cortège de prêtres et de fidèles à l’occasion d’une cérémonie religieuse, dans l’intérieur ou au-dehors des lieux de culte.
    • Cette procession monta la pente douce au sommet de laquelle se trouvait le champ clos, et entra dans la lice, dont elle fit le tour de droite à gauche. — (Walter Scott, Ivanhoé, ch. XLIII, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Étant seule, elle a le loisir de trotter légèrement. Ses hauts talons glissent. Quand elle sortait avec ses cousines, elle marchait toujours d’un pas de procession. — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, collection Le Livre de Poche, page 133.)
    • Pour aller assister à la procession, ils se placèrent, avec leurs compagnons, auprès de la mosquée d’El Behay. — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Ce relaps ayant été aperçu par ses coreligionnaires dans la procession de la Fête-Dieu, fut pris à partie par eux. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Les terribles prêcheurs de Seize, les moines qui portaient le mousquet aux processions de la Ligue, s'humanisent tout à coup ; les voilà devenus bénins. C'est qu'il faut bien essayer d’endormir ceux qu'on n'a pas pu tuer. — (Jules Michelet, Le prêtre, la femme, la famille, Paris : Chamerot, 1862 (8e éd.), p.17)
    • (Antiquité) À Lacédémone, il y avait une procession solennelle où l’une des femmes les plus considérables de la ville portait la statue de Diane.
  2. (Théologie) Fait de procéder.
    • […] saint Anselme […] établit par voie de démonstration, toutes les vérités relatives à l’existence de Dieu, à ses attributs essentiels et au dogme trinitaire : […] la procession du Saint-Esprit ex Patre et Filio […] — (Louis Rougier, Histoire d’une faillite philosophique : la Scolastique, 1925, éd. 1966)
  3. (Figuré) (Familier) Longue suite de personnes qui marchent comme à la file.
    • Leur procession par les rues se déroule avec la lenteur habituelle, sa psalmodie sourde, son rite invariable de grimaces, d’oremus et de signes de croix ; […].— (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, p.47)
    • Et de la sorte les deux illustres pourraient regarder ensemble le cortège de la chair à canons marchant au pas, fraternelle et prête à mourir d'une mort héroïque, suivi par une procession d’échassiers, comme pour persuader qu'il y avait encore une vie après une jambe arrachée. — (Dimitri Verhulst, L'Entrée du Christ à Bruxelles, traduit du néerlandais par Danièle Losman, Éditions Denoël & D'Ailleurs, 2013)
  4. (Familier) Visites qui se suivent à bref intervalle.
    • Depuis hier on ne cesse de sonner à ma porte : c’est une procession.
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Littré (1872-1877)

PROCESSION (pro-sè-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Marche solennelle du clergé et du peuple qui se fait dans l'intérieur de l'église ou au dehors, en chantant des hymnes, des psaumes ou des litanies. Le chantre aux yeux du chœur étale son audace, Chante les orémus, fait des processions, Et répand à grands flots les bénédictions, Boileau, Lutr. I. On permet aux chrétiens de faire leurs processions dans le vaste quartier qu'ils ont à Constantinople, et on voit quatre janissaires précéder ces processions dans les rues, Voltaire, Mœurs, 192. La procession de la Ligue, où douze cents moines armés firent la revue dans Paris, ayant Guillaume Rose, évêque de Senlis, à leur tête, Voltaire, Henr. IV, notes.

    Procession du recteur, cérémonie que le recteur de l'université de Paris faisait tous les trois mois, dans une église, accompagné des quatre facultés.

  • 2Il se dit aussi de cérémonies païennes analogues aux processions des chrétiens. Cette procession [d'Athènes à Éleusis] était très nombreuse, et il s'y trouvait ordinairement jusqu'à trente mille personnes, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. V, p. 22, dans POUGENS. Les édiles ornaient d'étoffes précieuses, de statues, de tableaux, toutes les rues et toutes les places par où devait passer une procession solennelle qui précédait toujours la célébration des jeux, Condillac, Hist. anc. XI, 1.
  • 3 Familièrement. Une longue suite de personnes qui marchent comme à la file l'une de l'autre. C'est une procession continuelle. On vend toujours ici la bibliothèque de ce rouge tyran [Mazarin] ; seize mille volumes en sont déjà sortis ; il n'en reste plus que vingt-quatre mille ; tout Paris y va comme à la procession, Patin, dans le Dict. de DOCHEZ.

    Faire comme la procession, aller par un chemin et revenir par un autre.

    Il se dit aussi de choses qu'on transporte, qu'on déménage. Nous commençons à porter les in-quarto [dans le déménagement d'une bibliothèque], auxquels succéderont les in-octavo, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la procession, qui durera encore un mois, Patin, Lett. t. II, p. 67.

  • 4 Terme de théologie. La procession du Saint-Esprit, la production éternelle du Saint-Esprit qui procède du Père et du Fils.

    PROVERBE

    On ne peut pas sonner et aller à la procession, c'est-à-dire on ne peut pas faire deux choses qui s'empêchent ou se contredisent réciproquement, occuper deux places incompatibles.

HISTORIQUE

XIIe s. Li muine [les moines] e la gent l'unt receü à grant gré ; à grant processiun sunt contre lui alé, Th. le mart. 126.

XIIIe s. Après la grant joie del couronement en fu li empereres menés à grant oneur et à grant pourcession el riche palais de Bouche de Lion, Villehardouin, CXIII.

XIVe s. En pluiseurs rues où li pourcession devoit passer, Caffiaux, Régence d'Aubert de Bavière, p. 51. Il firent assembler mainte religion [maint couvent], Qui receurent les princes faisant procession, Guesclin. 21175.

XVe s. Elle trouva le gentil escolier qui faisoit la procession [se promenait] tout autour de la maison, Louis XI, Nouv. XCIII.

XVIe s. On en fait aussi peu de cas que d'une procession en chemise blanche, Froumenteau, Finances, liv. III, p. 395.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PROCESSION, s. f. (Théolog.) lorsqu’on traite du mystere de la Trinité, signifie la production, l’émanation, l’origine des personnes entr’elles, sans inégalité de nature & de perfections.

Il est certain par la foi qu’il y a en Dieu des processions, & qu’il n’y en a que deux : la premiere est celle par laquelle le Fils est engendré du Pere, & elle se nomme proprement géneration. Voyez Génération.

La seconde est celle par laquelle le Saint-Esprit tire son origine du Pere & du Fils, & elle retient le nom de procession. Voyez la raison de cette différence au mot Génération.

Les Théologiens conviennent 1°. que ces processions sont éternelles, puisque le Fils & le Saint-Esprit qui en résultent sont eux-mêmes éternels. 2°. Qu’elles sont nécessaires & non contingentes, car si elles étoient libres en Dieu, le Fils & le Saint-Esprit qui en émanent seroient contingens, & dès-lors ils ne seroient plus Dieu. 3°. Que ces processions ne produisent rien hors du Pere, & que le Fils & le Saint-Esprit qui en sont le terme, demeurent unis au Pere sans en être séparés, quoiqu’ils soient réellement distingués de lui.

La procession du Saint-Esprit, comme procédant également du Pere & du Fils, a formé une grande question entre les Grecs & les Latins : ceux-ci soutenant que le Saint-Esprit procede du Pere & du Fils, & les Grecs prétendant au contraire que le Saint-Esprit ne procede que du Pere. Bellarmin, les PP. Petau & Garnier, jésuites, attribuent l’origine de cette derniere opinion à Théodoret. Il est constant que la dispute entre les deux églises sur cet article est très ancienne, comme il paroît par le concile de Gentilly tenu en 767 : on en traita encore dans le concile d’Aix-la-Chapelle sous Charlemagne en 809, & elle a été remise sur le tapis toutes les fois qu’il s’est agi de la réunion de l’église grecque avec l’Eglise romaine, comme dans le quatrieme concile de Latran en 1215, dans le second de Lyon en 1274, & enfin dans celui de Florence en 1439 où les Grecs convinrent enfin de ce point ; mais le schisme ayant recommencé peu après, ils retomberent dans leur ancienne erreur, & la plûpart y persistent encore. Il est vrai que le terme de procession ne se trouve pas dans les écritures en parlant de l’émanation du Saint-Esprit relativement au Fils ; mais la chose y est en termes équivalens, & d’ailleurs la tradition est expresse sur ce point. Outre cela si le Saint-Esprit ne procédoit pas du Fils, il n’en seroit pas réellement distingué, parce qu’il n’y a que l’opposition relative fondée dans l’origine, qui distingue réellement les Personnes divines les unes des autres, comme l’enseignent les Thomistes & la plûpart des théologiens.

Procession, (Hist. du Pagan. & du Christian.) c’est dans le Christianisme une cérémonie ecclésiastique qui consiste en une marche que fait le clergé suivi du peuple, en chantant des hymnes, des pseaumes & des prieres.

L’origine des processions remonte aux commencemens du Paganisme. On représentoit dans leurs processions le premier état de la nature. On y portoit publiquement une espece de cassette qui contenoit différentes choses pour servir de symboles. On portoit, par exemple, des semences de plantes pour signe de la fécondité perdue. On portoit encore dans les mêmes principes un enfant emmaillotté, un serpent, &c. Ces sortes de fêtes s’appelloient orgies.

Virgile fait mention dans ses Géorgiques de la procession usitée toutes les années en l’honneur de Cérès ; Ovide ajoute que ceux qui y assistoient étoient vêtus de blanc, & portoient des flambeaux allumés. Il est encore certain que les payens faisoient des processions autour des champs ensemencés, & qu’ils les arrosoient avec de l’eau lustrale. Les bergers de Virgile en sont tous glorieux, & disent en chorus :

Et cùm solemnia vota
Reddemus nymphis, & cùm lustrabimus agros.

A Lacédémone, dans un jour consacré à Diane, on faisoit une procession solemnelle. Une dame des plus considérables de la ville portoit la statue de la déesse. Elle étoit suivie de plusieurs jeunes gens d’élite qui se frappoient à grands coups. Si leur ardeur se rallentissoit, la statue légere de sa nature, devenoit si pesante que celle qui la portoit, accablée sous le poids, ne pouvoit plus avancer. Aussi les amis & les parens de cette jeunesse les accompagnoient pour animer leur courage.

Dès le tems de saint Ambroise, ces pratiques du Paganisme commencerent à passer dans la religion chrétienne. Elles s’y sont singulierement multipliées, & dans plusieurs lieux avec des cérémonies superstitieuses, qui en défigurent étrangement l’innocence. Les Hébreux ne paroissent pas avoir connu les processions, car on ne peut guere qualifier de ce nom, le tour que l’on fit des murs de Jéricho, ni la translation de l’arche enlevée du temple des Philistins, & ramenée à Jérusalem. (D. J.)

Processions du Japon, (Hist. du Japon.) Les processions du clergé de Nagasaki, en l’honneur de la sainte idole, patrone de la ville, se font au rapport de Kœmpfer avec la pompe & l’ordre suivans. Premierement, deux chevaux de main demi-morts de faim, chacun aussi maigre & décharné que celui que le patriarche de Moscow monte le jour de Pâque fleurie, lorsqu’il va à la cathédrale. 2°. Plusieurs enseignes ecclésiastiques & marques d’honneur, pareilles à celles qui étoient en usage parmi leurs ancêtres, & que l’on voit de même aujourd’hui à la cour ecclésiastique de Miaco : ce sont, par exemple, une lance courte, large & toute dorée ; une paire de souliers remarquables par leur grandeur & la grossiereté de l’ouvrage ; un grand pennache de papier blanc attaché au bout du bâton court, c’est le bâton de commandement ecclésiastique. 3°. Des tablettes creuses pour y placer les mikosi : on les tient renversées afin que le peuple y jette ses aumônes ; on loue pour la même raison deux porte-faix qui portent un grand tronc pour les aumônes. 4°. Les mikosi mêmes, qui sont des niches octogones, presque trop grandes pour être portées par un seul homme : elles sont vernissées, & décorées avec art de corniches dorées, de miroirs de métal fort polis, & ont, entr’autres ornemens, une grue dorée au sommet. 5°. Deux petites chaises de bois, ou palankins, semblables à celles dont on se sert à la cour de l’empereur ecclésiastique. 6°. Deux chevaux de main, avec tout leur harnois, appartenans aux supérieurs du temple, & autant d’haridelles que ceux qui sont à la tête de la procession, 7°. Le corps du clergé marchant à pié en bon ordre, & avec une grande modestie. 8°. Les habitans & le commun peuple de Nagasaki, dans la confusion ordinaire, sont à la queue de la procession. (D. J.)

Procession, droit de (Hist. ecclésiast.) entre les honneurs que l’Eglise rend ou aux souverains ou aux patrons, & aux fondateurs, le droit de procession, jus processionis, est un des plus considérables. Il comprend en général toutes les marques de considération & de respect que l’on peut donner aux personnes à qui on les doit ; comme l’encensement, la place dans le chœur, & autres de cette nature ; mais l’on entend en particulier par jus processionis, l’obligation du clergé d’aller en procession recevoir, ou le roi, ou l’évêque, ce dont il y a quelques exemples dans l’histoire ecclésiastique, en conséquence desquels l’usage s’est etabli de rendre toujours cet honneur au prince & à l’évêque ; & c’est ce qu’on appelle encore aujourd’hui jus processionis. (D. J.)

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Étymologie de « procession »

Prov. processio ; espagn. procesion ; ital. processione ; du lat. processionem, de processum, supin de procedere, procéder.

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(c. 1140) Du latin prōcessiō (« action de s’avancer »).
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Phonétique du mot « procession »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
procession prɔsesjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « procession » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « procession »

  • Les blasphèmes font comme les processions qui reviennent à leur point de départ.
    Proverbe italien
  • Personne ne vous empêche de calculer la procession des équinoxes ou de désintégrer les atomes. Mais que vous servira de fabriquer la vie même, si l'on a perdu le sens même de la vie !
    Georges Bernanos
  • On ne fait pas de processions pour tailler les vignes.
    Proverbe français
  • On ne peut sonner les cloches et aller à la procession.
    Proverbe français
  • Une rue, c'est ce qui va quelque part. Ça marche de chaque côté de nous comme une procession.
    Paul Claudel — Conversations dans le Loir-et-Cher
  • L’association « Procession du 15 août » l’a annoncé sur sa page Facebook : « Suite aux nouvelles mesures imposées par le Conseil National de Sécurité, le comité organisateur de la Procession du 15 août a pris la décision de ne pas organiser la traditionnelle procession, et ce, pour la sécurité de tous. Nous espérons que vous comprendrez cette décision et que vous serez au rendez-vous l’année prochaine si les mesures sanitaires le permettent. À très bientôt et prenez soin de vous et de vos proches ! »
    sudinfo.be — Havré: la procession du 15 août finalement annulée!
  • C’est la première fois depuis 1962 que la procession est annulée au Portel.
    La Voix du Nord — Pas de procession pour la bénédiction de la mer, en raison du covid-19, au Portel
  • Lors de la procession, dimanche, sur l’île de Porquerolles. Photo M. J. de C.
    Var-Matin — Procession, bénédiction des barques... la Saint-Pierre célébrée par les pêcheurs à Porquerolles - Var-Matin
  • Cette année, pas de repas partagé non plus à cause des consignes sanitaires. Et même la procession jusqu’à la mer avec la statue de sainte Anne, qui clôture habituellement la journée, a exceptionnellement débuté de cérémonie.
    Papeno’o - Les paroissiens célèbrent sainte Anne | La Dépêche de Tahiti
  • Il y a toujours un diable pour empêcher la procession de passer.
    Proverbe martiniquais
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Images d'illustration du mot « procession »

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Traductions du mot « procession »

Langue Traduction
Anglais procession
Espagnol procesión
Italien processione
Allemand prozession
Chinois 游行
Arabe موكب
Portugais procissão
Russe шествие
Japonais 行列
Basque prozesioa
Corse prucessione
Source : Google Translate API

Synonymes de « procession »

Source : synonymes de procession sur lebonsynonyme.fr

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Procession

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