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Opéra

Variantes Singulier Pluriel
Masculin opéra opéras

Définitions de « opéra »

Trésor de la Langue Française informatisé

OPÉRA, subst. masc.

A. −
1. Vx. Chose difficile à réaliser; chose excellente, oeuvre admirable, chef d'oeuvre. Quel opéra qu'une cervelle d'homme, quel abîme peu compris, par ceux mêmes qui en ont fait le tour, comme Gall, s'écria le médecin (Balzac, Massimilla Doni, 1839, p.417).
2. JEUX DE CARTES, loc. verb. Faire opéra. Gagner tout ce qu'il y a au jeu. Faire grand opéra. Au nain jaune, se débarrasser de toutes ses cartes sans que ses adversaires puissent en placer une. Il arrive, très exceptionnellement, il est vrai, que le premier joueur se débarrasse de toutes ses cartes en un seul coup, avant que personne d'autre ait pu jouer. C'est le grand opéra (Alleau1964, s.v. nain jaune).
B. − THÉÂTRE LYRIQUE
1. OEuvre dramatique lyrique entièrement chantée, interprétée avec accompagnement d'orchestre et mêlée éventuellement de ballets. Air, livret d'opéra; composer, mettre en scène un opéra; entendre, jouer un opéra; opéra italien. M. Jannois, élevé en vue du conservatoire de musique, avait rêvé un moment la vie fastueuse des chanteurs d'opéras (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1855, p.158).Il y a toujours opposition entre un drame bien noir et les chants et récitatifs qui le traduisent en opéra. La musique n'exprime pas les passions, elle les efface (Alain, Propos, 1928, p.765):
1. La philosophie moderne aura de même sa dernière expression dans un drame, ou plutôt dans un opéra; car la musique et les illusions de la scène lyrique serviraient admirablement à continuer la pensée, au moment où la parole ne suffit plus à l'exprimer. Renan, Drames philos., Append. Abbesse Jouarre, 1888, p.372.
Grand opéra, ou opéra sérieux. Opéra à sujet tragique. Il y a ce soir grand opéra et feu d'artifice! (Dumas père, Intrigue et amour, trad. de Schiller, 1847, iii, 2, p.249).
[Avec une valeur caractérisante, employé en compl. déterminatif] Affecté, grandiloquent, pompeux. Il le hurla, ce «jamais», les doigts allongés dans le vide, avec l'ample geste tragique d'un conspirateur d'opéra qui jure la mort du tyran (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 4etabl., iii, p.155).
En emploi adj., littér. J'ai horreur des couchers de soleil, c'est romantique, c'est opéra (Proust, Sodome, 1922, p.812).
2. P. méton.
a) Genre artistique constitué par les opéras. À propos d'Ozaï, un ballet nouveau, il fit une sortie à fond contre la danse, et, à propos de la danse, contre l'opéra (Flaub., Éduc. sent., t.2, 1869, p.12).Quel enseignement tirer de tout cela? Renoncer à la musique concrète pour l'opéra, ou à l'opéra pour la musique concrète? (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p.110):
2. Que l'opéra soit, entre tous les genres de spectacles, le plus désuet, destiné à disparaître, en fait disparu, c'était pour nous, jusqu'à ces représentations de Salzbourg, une vérité que nous ne discutions pas. Mauriac, Journal 2, 1937, p.139.
b) Représentation d'un opéra. Aller à l'opéra. Grâce à cette habitude de couper l'opéra par un ballet, les entractes sont très courts (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.478).
c) [Avec une majuscule] Théâtre où l'on joue des opéras et où sont donnés différents autres spectacles, de danse notamment. L'Opéra de Milan. La vie publique en France est dans les salons et à l'Opéra. En Angleterre, en Amérique, elle est à la tribune et dans les clubs (Vigny, Journal poète, 1835, p.1030).
En partic. L'Opéra (de Paris). Choeurs, danseur, petit rat de l'Opéra. Jamais, dit le Dr Pasquier, nous ne tiendrons tous dans cette bonbonnière. Parlez-moi des loges de l'Opéra! C'est royal. On pourrait s'y faire servir à souper (Duhamel, Cécile, 1938, p.217).
d) Ensemble des personnes qui interprètent un même répertoire d'opéras, jouent dans un même lieu. Je possède tout l'opéra. Mes douze danseuses peuvent me tromper avec douze danseurs, (...) je les possède eux aussi. C'est comme si elles me trompaient avec moi-même (Giraudoux, Folle, 1944, ii, p.150).Nous entendîmes Le prince Igor, exécuté par l'opéra russe (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p.304).
REM.
Opéra entre, comme 1erélém., dans divers mots composés. V. opéra-comique, opéra bouffe et:a)
Opéra(-)ballet,(Opéra ballet, Opéra-ballet) subst. masc.Aux xviieet xviiies., spectacle de chants et de danses composé de plusieurs actes différents et complets, reliés entre eux par une idée générale. (Dict. xixeet xxes.).
b)
Opéra-rock, subst. masc.Spectacle théâtral avec danses et chants, sur une musique de rock. L'opéra-rock écrit par le groupe anglais The Who, puis filmé par Ken Russel (Cinéma, 2 oct. 1978, p.145, col.1).
Prononc. et Orth.: [ɔpeʀa]. Homon. formes de opérer. Ac. 1694 et 1718: opera; dep. 1740: opéra. Invar. de 1694 à 1762; dep. 1798: des opéras. Étymol. et Hist. 1. 1659 «chose excellente» (Scarron, lettre à M. de Villette, 12 nov. ds OEuvres, éd. 1786, t.1, p.263); 1675 «chose difficile» (Bouhours, Rem. nouv. sur la lang. françoise, p.165); p. ext. 1690 faire un opéra terme de jeu, ici au piquet (Fur.); 2. 1669 mus. date du privilège accordé au poète Perrin par le Roi pour créer une Académie d'Opéra (d'apr. Hist. de la mus., t.1, p.1573 [Encyclop. de la Pléiade]). Mot ital. signifiant proprement «oeuvre» (à l'orig. de 1; v. oeuvre), att. comme terme de mus. dep. 1639 (Oudin d'apr. DEI; le 1eropéra ital. représenté en France est l'Orfeo de Rossi, joué à Paris en 1647, v. Candé). Fréq. abs. littér.: 1977. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3647, b) 4104; xxes.: a) 2367, b) 1671. Bbg. Boulan 1934, p.41. _Hope 1971, pp.295-296. _Quem. DDL t.10.

Wiktionnaire

Nom commun - français

opéra \ɔ.pe.ʁa\ masculin

  1. Composition dramatique, mise en musique pour être chantée avec accompagnement d’orchestre et souvent de danses et une importante mise en scène.
    • À midi, j'allais à la messe militaire. […] De retour, nous dînions à deux heures et demie, et à cinq heures nous gagnions le théâtre où se donnait un opéra tragi-comique. — (La Vie française à la veille de la révolution (1783-1786) : Journal inédit de Madame Cradock, traduit de l'anglais par Mme Odelphin Balleyguier, Paris : Perrin & Cie, 1911, p.153)
  2. (Sens général) Ce genre de composition.
    • MARSEILLE[…] Aux églises, sans-gêne parfait. Ils assistent et pratiquent, mais s’amusent. La religion dans tous ces pays du Sud est un opéra pour les yeux et les oreilles. Voyez les églises d’Espagne dans Mme d’Aulnoy, en 1680, avec des fontaines jaillissantes, des volières, des orangers, des tableaux, etc. — (Hippolyte Taine, Carnets de voyage : Notes sur la province, 1863-1865, Hachette, 1897)
    • En effet, l’opéra est un spectacle très budgétivore, bien plus qu'une comédie, même ornée, mais une fête galante de Cour, avec ses bals, ses carrousels, ses banquets, ses feux d'artifice, etc., coûtait bien davantage encore. — (Alain Viala , La France galante : Essai historique sur une catégorie culturelle, de ses origines jusqu’à la révolution, Paris : PUF, coll. « Les Littéraires », 2008)
  3. (Spécialement) (avec une majuscule) Théâtre qui est destiné à sa représentation.
    • Oh ! reprit la jeune fille, […], tu te souviens de notre loge grillée à l’Opéra ? Toutes les dames en avaient de pareilles. Eh bien, c’est fini ou presque. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans Trois contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
  4. (Par analogie) (Fiction) Ensemble de sous-genres de la science-fiction caractérisé par des histoires dépeignant des aventures épiques ou dramatiques dans un cadre géopolitique complexe (opéra planétaire, opéra de l'espace ou opéra spatial...).
  5. (Vieilli) (Rare) Nom d’une couleur, un rouge soutenu.
    • C’était exactement comme son jeu de cravates. À part les nœuds papillons noirs pour le smoking, blancs pour l’habit, les autres étaient d’une grande sobriété. Il en avait une seule très colorée : couleur opéra, c’est-à-dire plus vif que lie-de-vin. — (Céleste Albaret, Monsieur Proust — Souvenirs recueillis par Georges Belmont, chapitre VIII ; Éditions Robert Laffont, Paris, 1973, page 110)
  6. (Pâtisserie) Pâtisserie au chocolat et au café, constituée d’une succession de biscuits Joconde imbibés d’un sirop au Grand Marnier ou au cointreau, de ganache et de crème au beurre, recouvert par un glaçage au chocolat.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

OPÉRA. n. m.
Composition dramatique, mise en musique pour être chantée avec accompagnement d'orchestre et souvent de danses et une importante mise en scène. Le livret d'un opéra. Les opéras de Rameau, de Rossini, de Gounod, de Wagner. Jouer, représenter un opéra. Il se dit aussi, dans un sens général, de ce Genre de composition. L'opéra est un genre qui date chez nous du XVIIe siècle. Il se dit spécialement du Théâtre qui est destiné à sa représentation. Aller à l'Opéra. L'orchestre, le corps de ballet de l'Opéra. Les chœurs de l'Opéra. Avoir une loge à l'Opéra. Opéra comique, Drame mixte qui tient de la comédie par l'intrigue, les personnages et le dialogue, et de l'opéra par les parties de chant, l'accompagnement d'orchestre et les danses. Il se dit aussi du Genre de spectacle que constitue cette sorte de drame et du Théâtre où il se représente. "La Dame Blanche", "Le Pré-aux-Clercs", "Les Noces de Jeannette" sont de charmants opéras-comiques. L'opéra-comique est un genre éminemment français. Aller à l'Opéra-comique. Une loge à l'Opéra-Comique. Opéra bouffe. Voyez BOUFFE.

Littré (1872-1877)

OPÉRA (o-pé-ra) s. m.
  • 1Poëme dramatique mis en musique, et, plus particulièrement, grand poëme lyrique composé de récitatif, de chant et de danse, sans discours ou dialogue parlé. J'honore tout ce qui est opéra, et, quoique je fasse l'entendue, je ne suis pas si habile que M. de Grignan, et je crois que j'y pleurerais comme à la comédie, Sévigné, 239. Je m'en vais à un petit opéra de Mollier, beau-père d'ltier, qui se chante chez Pélissari ; c'est une musique très parfaite, Sévigné, 186. Ce n'est point l'opéra que je fais pour le roi Qui m'empêche d'être tranquille ; Tout ce qu'on fait pour lui paraît toujours facile, Quinault, dans RICHELET. On ne peut jamais faire un bon opéra, parce que la musique ne saurait narrer ; que les passions n'y peuvent être peintes dans toute l'étendue qu'elles demandent ; que d'ailleurs elle ne saurait souvent mettre en chant les expressions vraiment sublimes et courageuses, Boileau, Fragm. d'un prolog. d'opéra, avert. Il ne faut point de vols, ni de chars, ni de changements aux Bérénices et à Pénélope ; il en faut aux opéras, et le propre de ce spectacle est de tenir les esprits, les yeux et les oreilles dans un égal enchantement, La Bruyère, I. C'est dans ce village [Issy], près de Vaugirard, que fut représenté le premier opéra français en 1659, Saint-Foix, Ess. sur Paris, Œuvr. t. III, p. 363, dans POUGENS. Le cardinal Mazarin, pour solenniser ce mariage [de Louis XIV], fit représenter au Louvre l'opéra italien intitulé Ercole amante ; il ne plut pas aux Français, Voltaire, Louis XIV, 25. Les charmants opéras de Quinault feront toujours les délices de quiconque est sensible à la douce harmonie de la poésie, au naturel et à la vérité de l'expression, aux grâces faciles du style, quoique ces mêmes opéras aient toujours été en butte aux satires de Boileau, son ennemi personnel, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Sertor. Préf. Ce fut là qu'ayant demandé à Mme de Maintenon quel était l'opéra qu'elle aimait le mieux, et Mme de Maintenon s'étant déclarée pour Atys, il [Louis XIV] répondit : Atys est trop heureux, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 241, dans POUGENS.
  • 2En Italie, opéra sérieux, dit aussi grand opéra, opéra dont les personnages sont ceux de la tragédie (on dit aussi opera seria, quand on parle italien).

    Opéra bouffon, ou opéra bouffe, celui dont les personnages appartiennent à la comédie (on dit aussi opera buffa).

  • 3En France, opéra comique, drame mixte qui tient de la comédie par le dialogue et de l'opéra par le chant. J'ai vu ce que je n'avais jamais vu, des opéras comiques, Voltaire, Lett. d'Argental, 19 sept. 1766. Joue-t-on encore Eponine ? l'opéra comique soutient-il toujours la gloire de la France ? Voltaire, Lett. Damilaville, 13 déc. 1762. Je suis affligé de la Martinique [prise par les Anglais] et de mon roué [Calas] ; nous sommes bien sots et bien fanatiques ; mais l'opéra comique répare tout, Voltaire, ib. 4 avr. 1762. Il ne fallait aux Romains que panem et circenses ; nous avons retranché panem, il nous suffit du circenses, c'est-à-dire de l'opéra comique, Voltaire, cité par Grimm, t. VI, p. 370. Je puis dire qu'en relevant le caractère de l'opéra comique, j'en créais un genre nouveau, Marmontel, Mém. IX. Dans sa nouveauté, l'opéra-comique, tel qu'il parut aux foires Saint-Laurent et Saint-Germain, n'était que ce qu'on nomme maintenant le vaudeville ; des couplets en faisaient tous les frais, Fétis, la Musique, II, 18.
  • 4Le genre de spectacle que constituent les poëmes dramatiques mis en musique. L'abbé Perrin obtint de Louis XIV, vers 1669, la permission d'établir un opéra dans Paris ; et la première représentation fut celle de Pomone, en 1672. L'on voit bien que l'opéra est l'ébauche d'un grand spectacle : il en donne l'idée, La Bruyère, I. Je ne sais pas comment l'opéra, avec une musique si parfaite et une dépense toute royale, a pu réussir à m'ennuyer, La Bruyère, ib. Alors l'opéra ne faisait que de naître en France ; mais l'art incomparable de Lulli eut bientôt porté ce spectacle à une perfection où les Italiens eux-mêmes, qui en sont les inventeurs, ne l'ont jamais vu chez eux, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 254, dans POUGENS. Le marquis de Sourdiac, du nom de Rieux, à qui l'on dut depuis l'établissement de l'opéra en France, fit exécuter dans ce temps-là même [1660], à ses dépens, dans son château de Neubourg, la Toison d'or de Pierre Corneille, avec des machines, Voltaire, Louis XIV, 25. Je ne connais plus d'autre musique que celle des rossignols, et les chouettes de la forêt m'ont dédommagé de l'opéra de Paris, Rousseau, Lett. à M. Vernes, Corresp. t. IV, p. 189, dans POUGENS. Je ne pouvais ni rire, ni bâiller à l'opéra français, puisque je n'y restais jamais, et qu'aussitôt que j'entendais commencer la lugubre psalmodie, je me sauvais dans les corridors, Rousseau, Lett. à M. le Nieps. L'opéra de Paris passe à Paris pour le plus pompeux, le plus voluptueux, le plus admirable qu'inventa jamais l'art humain, Rousseau, Hél. II, 23. L'opéra me paraît une belle fête, et telle qu'aucune autre nation n'en peut donner ; c'est l'amusement d'un peuple riche, éclairé, sensible et ami des voluptés de bon goût, Saint-Lambert, Sais. IV, note 4. L'opéra français, tel qu'on le forma dans sa nouveauté, fut reçu de la nation avec un applaudissement presque unanime, Cahusac, Danses anciennes et modernes, III, III, 8. L'opéra italien se divise en trois genres : l'opéra sérieux, le semi-sérieux et le bouffe ; l'opéra français est de deux genres : le grand opéra, chanté d'un bout à l'autre, et l'opéra comique, où les acteurs parlent et chantent tour à tour, Fétis, la Musique, Dict. opéra.
  • 5 Par extension, l'Opéra, dit aussi à diverses époques l'Académie royale ou impériale de musique, le théâtre où l'on joue le grand opéra ; l'Opéra-Comique, celui où l'on joue l'opéra comique (on met des majuscules). L'Opéra est le premier de nos théâtres lyriques ; il a été tantôt dans les attributions des menus plaisirs, de la liste civile du roi, de la maison de l'empereur ou du ministère d'État, tantôt en régie. Par toi-même bientôt conduite à l'Opéra, De quel air penses-tu que ta sainte verra D'un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse… Entendra ces discours sur l'amour seul roulants, Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands… ? Boileau, Sat. X. La salle de l'Opéra et toutes les autres dépendances du Palais royal du côté de l'église de Saint-Honoré sont bâties sur les ruines de l'hôtel des comtes d'Armagnac, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvr. t. III, p. 59. Il y a déjà quelque temps que l'on m'a dit que M. Destouches avait une pension de 4000 livres sur l'Opéra, et une direction sur les auteurs et sur les musiciens, Rousseau J.-B. Lett. À Boutet, Soleure, le… Peut-on se réjouir à Paris dans ce malheur général [des guerres d'Allemagne] ? hélas ! il le faut bien ; et on tuerait cent mille hommes en Allemagne, que l'Opéra serait plein les vendredis, Voltaire, Lett. d'Argental, 5 juill. 1743. On va voir une tragédie pour être touché, on se rend à l'Opéra par désœuvrement et pour digérer, Voltaire, Lett. Chabanon, 12 février 1768. Par une ordonnance du 11 décembre 1715, les bals publics furent permis trois fois la semaine dans la salle de l'Opéra ; les directeurs firent faire une machine avec laquelle on élevait le parterre et l'orchestre au niveau du théâtre, Cahusac, Danses anciennes et modernes, p. 175, dans POUGENS. Abonnés de l'Opéra-Comique, Abonnés du sublime Opéra… Ah ! combien vous devez être riches, Si vraiment Le bien vient en dormant ! Scribe Et Germain Delavigne, Somnambule, II, couplets finals.

    Grand Opéra, se dit quelquefois pour Théâtre de l'Opéra, afin de le distinguer de celui de l'Opéra-Comique.

  • 6Opéra ballet, genre d'opéra mêlé de danses, fort à la mode à la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe siècle. Le Dieu et la Bayadère de MM. Scribe et Auber est un opéra ballet. Le roi y a donné ordre, madame ; on peut être de l'opéra sans faire tort à sa noblesse ; les plus grands seigneurs du royaume y peuvent danser avec l'approbation de tout le monde, Saint-Évremond, les Opera (sic), V, 3.
  • 7Bal de l'Opéra, bal que donne le grand Opéra pendant le carnaval. Le premier bal de l'Opéra fut donné le 5 janvier 1716 par autorisation du duc d'Orléans régent.
  • 8Opéra spirituel, s'est dit quelquefois pour oratorio.
  • 9 Fig. S'est dit de tout ce qui semble difficile. C'est un opéra de lui parler, Bouhours, Nouv. Rem. Ils sont en si grand nombre, que ce serait un opéra que d'en vouloir dresser un mémoire, Bayle, Lettres, p. 695, dans POUGENS. Mon opéra fait, il s'agit d'en tirer parti : c'était un autre opéra bien plus difficile, Rousseau, Conf. VII.

    S'est dit aussi d'une chose excellente, d'un chef-d'œuvre. Vos deux lettres sont des choses admirables, dignes d'être apprises par cœur, et, en un mot, ce qu'on appelle des opéra (sic), Scarron, Lettres, dans RICHELET. Mais à propos de couches, vous vous souvenez bien de la lettre que vous m'avez promise, dès que vous auriez appris que je serais grand-père ; je m'attends à un opéra, Bussy-Rabutin, à Mme de Grignan, 3 janv. 1676. Et, pour son opéra, une soupe à bouillon perlé, soutenue d'un jeune gros dindon, Molière, Bourg. gent. IV, 1.

    Faire opéra, au nain jaune, se défaire successivement de toutes ses cartes, sans en avoir été empêché par son adversaire ; se dit aussi au lansquenet, quand le banquier ou coupeur amène toutes les cartes retournées sur le tapis avant d'amener la sienne.

REMARQUE

On a longtemps écrit au pluriel opéra sans s. Bien que j'aie toujours entendu prononcer des opéras comme on dit des factums et des totons, je ne voudrais pas assurer qu'on le doive écrire, et je pourrais bien m'être trompé en l'écrivant de la sorte, Boileau, Réflexions crit. sur Longin, VIII. Les opéra de Rameau commençaient à faire du bruit, et relevèrent ses ouvrages théoriques, que leur obscurité laissait à la portée de peu de gens, Rousseau, Confess. V. Mais, depuis l'édition de 1835, l'Académie met l's au pluriel ; auparavant, plusieurs la mettaient aussi. J'écris opéras au pluriel, malgré la décision contraire, parce qu'il me semble que la dernière syllabe de ce mot est longue au pluriel, D'Alembert, Lib. de la mus. Œuvr. t. III, p. 358, note 1, dans POUGENS.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

OPÉRA.
5Ajoutez : En 1716, Catherine Vanderberg, qui avait le privilége du théâtre de la foire Saint-Laurent, obtint la permission de représenter des pièces mêlées de chant, de danses et de symphonies ; ces sortes de vaudevilles prirent alors le nom d'opéras comiques, que Lesage avait donné à sa parodie de Télémaque, Journ. offic. 19 fév. 1877, p. 1267, 1re col.
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Étymologie de « opéra »

Ital. opera, œuvre (voy. ce mot).

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(fin XVIIe siècle) De l’italien opera (« œuvre »).
Note : (Pâtisserie) L’invention du gâteau opéra fut revendiquée par Gaston Lenôtre dans les années 1960, mais pourrait être due à la maison Dalloyau. Encore plus tôt, une publicité dans le Gaulois en 1899 propose un gâteau opera.
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Phonétique du mot « opéra »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
opéra ɔpera

Fréquence d'apparition du mot « opéra » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « opéra »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « opéra »

  • L’alcool est un anesthésique qui permet de supporter l’opération de la vie.
    George Bernard Shaw
  • L'amitié est une opération d'une fois.
    Charles Péguy — Pensées
  • L'opération revient, en général, à faire payer le contribuable au lieu de l'usager.
    Alfred Sauvy — Mythologie de notre temps
  • Trois opérations : Voir, opération de l'oeil. Observer, opération de l'esprit. Contempler, opération de l'âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l'art.
    Emile Bernard — Connaissance de l’art
  • Un voyage est une opération qui fait correspondre des villes à des heures.
    Paul Valéry
  • Le cinéma, c’est l’opéra du vingtième siècle. On a tous les arts : les écrivains, les acteurs, les décorateurs, les chefs opérateurs, les musiciens, pour faire une oeuvre totale.
    Jules Petit-Senn
  • Election : opération par laquelle des citoyens libres se choisissent des maîtres.
    Elizabeth Hardwick — Timon de Paris
  • Le témoignage des sens est, lui aussi, une opération de l'esprit où la conviction crée l'évidence.
    Marcel Proust — La prisonnière
  • L’opéra est l’opéra, la symphonie est la symphonie, et je ne crois pas qu’il soit beau de faire danser l’orchestre.
    Giuseppe Verdi
  • Une opération n'est jamais inutile. Elle peut ne pas profiter à l'opéré... Elle profite toujours à l'opérateur.
    Georges Feydeau — La dame de chez Maxim
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Traductions du mot « opéra »

Langue Traduction
Anglais opera
Espagnol ópera
Italien musica lirica
Allemand oper
Chinois 歌剧
Arabe الأوبرا
Portugais ópera
Russe опера
Japonais オペラ
Basque opera
Corse opera
Source : Google Translate API

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Nombre de points du mot opéra au scrabble : 6 points

Opéra

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