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Oeuf

Définitions de « oeuf »

Trésor de la Langue Française informatisé

OEUF, subst. masc.

I.
A. − Corps arrondi et dur que produisent les femelles des oiseaux, qui est constitué d'une coquille calcaire renfermant le germe de l'embryon et les substances de réserve destinées à nourrir celui-ci pendant l'incubation. OEuf d'autruche, de cane, de merle, d'oie, de pigeon, de poule; pondre, couver un oeuf; couvaison, incubation, éclosion de l'oeuf. Le nid ravagé d'une hirondelle, d'un pinson ou d'un rossignol, avec les écailles de ses petits oeufs gris éparses à terre (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p.398):
1. ... quittant le rocher nuptial, l'espoir de la progéniture, toutes [les femelles des guillemots] s'envolèrent en poussant des clameurs horriblement stridentes. (...) nous étions honteux du vacarme, et surtout lorsque nous vîmes tous les oeufs malheureux délaissés, plus maintenus contre la pierre, dégringoler de la falaise. (...) Certaines couveuses plus dévouées tentèrent en s'envolant d'emporter l'oeuf entre leurs pattes, mais leur oeuf bientôt échappé s'était éclos sur la mer bleue. Gide,Voy. Urien, 1893, p.55.
B. − En partic.
1. OEuf de poule, utilisé dans l'alimentation. Synon. (lang. des enfants) coco2.Les poules en liberté picoraient de menus vermisseaux et les petits cailloux qui devaient former la coquille de leurs oeufs (Pergaud,De Goupil, 1910, p.104):
2. −Notre domestique (...) nous envoie des oeufs; sur la coquille, pour économiser trois sous de timbre, il écrit ses lettres. On peut lire: «Bonjour, monsieur et madame. Moi je vais bien, et vous de même». Avec deux douzaines d'oeufs, on a une lettre complète. Renard,Journal, 1897, p.435.
SYNT. OEuf frais, gâté, pourri; oeuf du jour; blanc d'oeuf; jaune d'oeuf; gober un oeuf cru; mirer un oeuf; coquille d'oeuf (en parlant d'une couleur); boîte à oeufs.
OEuf de coq/oeuf blanc. OEuf sans jaune, de début ou de fin de ponte.
Battre un oeuf. Mélanger énergiquement le contenu d'un oeuf afin de mêler le blanc et le jaune:
3. Battez ensuite douze oeufs (les plus frais sont les meilleurs); le sauté de laitance et de thon y sera versé (...). Confectionnez ensuite l'omelette à la manière ordinaire... Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p.317.
Battre des blancs d'oeufs en neige. V. neige2II E 2.
OEuf + déterminant précisant un mode de préparation culinaire.OEuf dur, mollet; oeuf frit; oeuf en gelée, en meurette, à la russe.
OEuf à la coque*.
OEufs à la crème. OEufs sortis de leur coquille, placés dans de la crème fraîche préalablement chauffée et cuits au four ou au bain-marie. Vous n'oublierez pas au moins de me donner mes oeufs à la crème dans une assiette plate? (Proust,Swann, 1913, p.57).
OEufs au bacon*. OEufs brouillés*. OEuf mimosa*. OEuf poché.
OEuf sur le plat, au plat (moins fréq.). OEuf sorti de sa coquille et cuit à la poêle dans du beurre à peine fondu. Je ne suis pas meilleure qu'une autre, (...) mais je sais bien faire un oeuf sur le plat. Quand je saurai me tailler une chemise, je ne serai pas bête (Renard,Journal, 1908, p.1215).
[Entremets sucrés] OEufs à la neige*, oeufs au lait*.
2. En partic.
a) OEufs rouges (vieilli). OEufs durs dont la coquille est teinte en rouge, que l'on confectionne à l'occasion de Pâques. C'était le jeudi saint, quand les cloches sonnent, avant qu'elles partent pour Rome, et qu'on fait cuire les oeufs rouges (Claudel,Violaine, 1892, iv, p.560):
4. Gaspard naquit le beau jour du lundi de Pâques, où les anciens Ambertois allaient s'égayer et manger des oeufs rouges dans les verts prés de Roddes, près de la fontaine d'eau piquante. Pourrat,Gaspard, 1922, p.49.
b) OEuf de Pâques. OEuf dur, dont la coquille est colorée ou décorée, que les enfants vont traditionnellement chercher de maison en maison, ou qui sont déposés à leur intention dans les jardins, au moment de Pâques. C'est l'oeuf de Pâques. (...) Aux gamins [les enfants de choeur], on donne un oeuf teint en rouge, en jaune ou en bleu, où l'on fait des dessins en y laissant couler de la bougie (Renard,Journal, 1898, p.480):
5. Ce que je les ai aimées dans mon enfance provinciale, les vieilles cloches (...) et pour la tendre légende attachée à leur mutisme pieux (...) et aussi pour les beaux oeufs de Pâques, teints de violet, de bleu pâle et de rose vif, qu'elles semaient, de ci, de là, dans les plants de salades et les bordures de buis... Lorrain,Sens. et souv., 1895, p.2.
P. anal. Confiserie en forme d'oeuf, plein ou creux et rempli de friandises, qui se confectionne surtout pour Pâques. OEuf en chocolat; oeufs à la liqueur; oeuf enrubanné. Un matin, Charlotte trouvait sur une chaise au chevet de son lit un oeuf en sucre rose, presque aussi grand qu'elle (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.12).
Au plur. Présent à l'occasion de Pâques:
6. 1eravril. −Aux Maritain en leur envoyant une copie de mon chapitre sur le «paradis»: «Voilà, mes chers filleuls, ce que vous offre le parrain, en manière d'oeufs de Pâques (...)» Bloy,Journal, 1907, p.342.
C. − Loc., expr. et proverbes
1. [P. réf. à la fragilité de l'oeuf]
Avoir un oeuf sous le pied (dans le lang. des automobilistes). Appuyer très légèrement sur la pédale d'accélération, pour diminuer la consommation de carburant (d'apr.Rob. Suppl. 1970).
(Exécuter la) danse des oeufs. (Exécuter l')attraction qui consiste à passer, les yeux bandés, entre des oeufs disposés par terre en damier. Le Léandre (...) suspendant ses pas comme une bohémienne qui exécute la danse des oeufs (Gautier,Fracasse, 1863, p.126).
P. métaph.:
7. [Robert] appelle une conversation avec papa: la danse des oeufs, parce qu'il faut pirouetter habilement parmi les sujets délicats en tâchant de ne pas les frôler. Gide,École femmes, 1929, p.1264.
Marcher (comme) sur des oeufs. V. marcher1II A 3 a.Au fig. Agir avec une extrême circonspection dans une situation délicate (d'apr. Ac. 1835-1935).
Mettre tous ses oeufs dans le même panier. Placer toutes ses ressources dans une même entreprise, au risque de tout perdre. Décampons ensemble, partageons la somme afin de ne pas mettre tous les oeufs dans un panier, et marions-nous (Balzac,Splend. et mis., 1844, p.344).
Proverbe. On ne fait pas d'omelette sans casser* des oeufs.
2. [P. réf. au fait que l'oeuf est une chose qui a peu de valeur]
Proverbes. Donner un oeuf pour avoir un boeuf*. Qui vole un oeuf vole un boeuf*. Tuer la poule* aux oeufs d'or.
Expr., pop. Va te faire cuire un oeuf! [Formule utilisée pour se débarrasser d'un importun] Synon. va te faire voir (fam.), va te faire foutre (vulg.).Ta vieille (...) qu'elle aille se faire cuire un oeuf! (Simonin,Cave se rebiffe, 1954, p.97).
3. [P. réf. à l'aspect ou à la conformation de l'oeuf]
a) [En parlant de choses]
Aux oeufs, loc. adj. ou adv., pop. Parfait. Synon. au poil, aux pommes.Ça serait aux oeufs, si t'es libre, bien entendu. −Si je suis libre! Quand est-ce qu'on commence? (A. Le Breton,Les Pégriots, Paris, Le Livre de poche, 1980, p.271).
Être égal (à qqn) comme deux oeufs (fam., vieilli). Être indifférent. Tant pis pour la maison qu'il faut abattre afin de sauver toutes les autres! Moi, messieurs, quand l'intérêt du roi parle, ces choses-là me sont égales comme deux oeufs (Stendhal,L.Leuwen, t.3, 1835, p.81).
Être plein comme un oeuf (fam.). Être tout à fait plein. La grande salle était pleine comme un oeuf; il avait fallu tout ouvrir, les portes et les fenêtres, pour respirer (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.1, 1870, p.140).
Se ressembler comme deux oeufs (fam., vx). [En parlant de deux choses] Être parfaitement semblables (d'apr. Ac. 1835, 1878).
b) [En parlant de pers.]
OEuf (pop.). Niais, nigaud. Quel oeuf! V. chiard ex. de Barbusse.
Faire l'oeuf (pop.). Faire l'idiot. Léon, qu'on lui a dit, le matin où il débutait, fais pas l'oeuf dans ta nouvelle place, te fais pas repérer pour tes idées à la manque (Céline,Voyage, 1932, p.579).
Crâne d'oeuf, tête d'oeuf (pop., parfois utilisé comme injure, et ironique). [P. réf. au fait que les intellectuels passent pour avoir un front allongé et dégarni] Intellectuel. L'enquête conduite l'an dernier par Jacques Delors, une des «têtes d'oeuf» du parti socialiste, aujourd'hui enseignant à l'Université Paris-Dauphine (Le Point, 5 avr. 1976, p.102, col. 3):
8. Quelques savants qui, ces jours-ci, confortablement installés à Pasadena, dans un immeuble climatisé du paradis californien, font, paraît-il, joujou avec un appareil plutôt laid −Viking −qu'ils ont réussi à expédier là-bas [sur Mars] et qui gratouille le sol; de temps à autre, l'un de ces crânes d'oeuf, la mine soucieuse, accepte de faire quelques confidences à un journaliste blasé. Le Point, 16 août 1976, p.44, col. 1.
Être plein comme un oeuf (pop.). Être repu ou saoul:
9. Je vous préviens que l'adjudant-major se doute que vous vous rincez la gueule à longueur de journée! Sûrement qu'il y en a eu un, plein comme un oeuf, qui est allé lui rouler dans les jambes! Vercel,Cap. Conan, 1934, p.23.
Tondre sur un oeuf, sur les oeufs (vieilli); tondre un oeuf (pop.). Être pingre. Avec ça, ils auraient tondu un oeuf. Des pingres, quoi! Des gens qui cachaient leur litre, quand on montait, pour ne pas offrir un verre de vin (Zola,Assommoir, 1877, p.499).
4. [P. allus. à une anecdote historique] Être comme, ressembler à l'oeuf de Christophe Colomb. Être facile à réaliser à condition de faire preuve d'ingéniosité. Cette solution ressemble à l'oeuf de Christophe Colomb tant elle semble s'imposer. Mais peut-être le fait d'être si évidente l'empêche-t-elle d'être perçue? (Le Monde, 13 mars 1982, p.2, col. 6).
5. Sortir de l'oeuf (fam.). Être d'une naïveté juvénile ou être frais émoulu (d'un établissement). Des polytechniciens, aux yeux aveugles derrière leurs binocles, des saints-cyriens sortant de l'oeuf! (Mauriac,Journal 2, 1934, p.126).
D. − P.anal.
1.
a) Objet, creux ou plein, de forme ovoïde. Un ancien oeuf à chapelet en nacre (Colette,Cl. école, 1900, p.136).
En oeuf, loc. adj. En forme d'oeuf. C'était un petit homme (...) la tête était en oeuf, toute en hauteur (Huysmans,Là-bas, t.1, 1891, p.209).
Crâne d'oeuf. Crâne chauve. Il ne s'est pas regardé, avec son nez en bec de corbeau et son crâne d'oeuf (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.250).
b) Spécialement
ARTS MÉN. OEuf (à repriser). Boule ovoïde, généralement en buis, que l'on utilise pour faire des reprises (aux bas et aux chaussettes notamment). Il tournait des coquetiers de buis, ou bien, ces billes ovales, qu'on appelle des «oeufs», et qui servent aux ménagères à ravauder leurs bas (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.102).
HORLOG. OEuf de Nuremberg. Montre dont le boîtier est ovoïde, que l'on fabriquait à Nuremberg. Une grosse montre, un oeuf de Nuremberg, (...) curieusement émaillée de diverses couleurs, constellée de brillants (Gautier,Fracasse, 1863, p.106).
SKI. Position en oeuf et, p.ell., oeuf. Position destinée à accroître la vitesse du skieur (skis légèrement écartés et parallèles, buste en avant, tête relevée et genoux fléchis). La grande victime de ces échecs, écrit Henri Bonnet, était notre position de recherche de vitesse, le fameux oeuf français (GautratSki1969).
c) Arg., fam. ou pop.
Pop. Ecchymose enflée au visage. Le cadet recevait sans mot dire, en plein front, une échelle de six mètres, et rapportait avec modestie un oeuf violacé entre les deux yeux (Colette,Mais. Cl., 1922, pp. 14-15).
Arg. du rugby. Ballon ovale utilisé pour jouer au rugby. Toi aussi on te mettra aux Invalides quand (...) tu n'auras plus le coeur de te coucher sur l'oeuf, de plaquer aux jambes (Arnoux,Suite var., 1925, p.42).
Fam. OEuf colonial. Ventre proéminent qui se remarque souvent chez les personnes ayant vécu longtemps outre-mer. Un petit homme au crâne rose, poussant devant lui un gilet exténué par cette sorte de ventre qu'on appelait jadis «l'oeuf colonial» (H. Bazin,L'Église verte, Paris, Le Livre de poche, 1983 [1981], p.138).
Pop. OEufs sur le plat. Poitrine de femme menue et plate. Vise la môme et ses oeufs sur le plat (Sandry-Carr.1963).
2. OEuf de mer. Oursin:
10. ... les chercheurs de fruits de mer (...) le coupent [l'oursin] en quatre et le mangent cru, comme l'huître. Quelques-uns trempent leur pain dans cette chair molle. De là son nom, oeuf de mer. Hugo,Travaill. mer, 1866, p.257.
E. − [Dans une comparaison, pour évaluer le volume d'une chose] Des grêlons gros comme des oeufs de pigeon. Vous êtes sortie du palais avec tous vos bijoux. Votre broche seule a des perles grosses comme un oeuf (Cocteau,Machine infern., 1934, i, p.57).
II. − Produit des femelles ovipares. OEufs d'esturgeon, de saumon; oeufs d'insectes; oeufs de couleuvre, de grenouille, de seiche. Un lézardet à peine déroulé de l'oeuf, déjà tout vert avec des gouttes d'eau à tous ses ongles (Giono,Gd troupeau, 1931, p.208).L'oeuf d'oursin ne produit pas directement un petit oursin, mais une larve (...) qui ressemble à une petite tour Eiffel translucide (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p.46).
OEuf de fourmi. Larve de fourmi. Ce Vulcain, du nom de Trouduc, (...) est tellement riche, (...) qu'il dépense 80.000 francs chaque année, en oeufs de fourmis pour la nourriture de ses faisans (Bloy,Journal, 1900, p.28).
III. − Spécialement
A. − EMBRYOLOGIE
1. Première cellule d'un être vivant à reproduction sexuée, résultant de la fusion de deux cellules reproductrices (mâle et femelle). Synon. zygote.P. méton. Cette même cellule ayant subi des divisions. Nidation, segmentation de l'oeuf. L'oeuf (c'est-à-dire l'ovule fécondé) est un véritable trait d'union entre les deux progéniteurs puisqu'il est commun à leurs deux substances (Bergson,Évol. créatr., 1907, p.43):
11. Le premier acte du développement, c'est la fusion de la cellule femelle avec la cellule mâle. Quelques heures plus tard, l'ovule −devenu l'oeuf −se partage en deux cellules, dont chacune, après un nouveau délai de quelques heures, se partagera en deux, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'oeuf se trouve découpé en un certain nombre de cellules plus petites. J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p.35.
OEuf (vierge). Cellule reproductrice femelle avant sa fécondation. Synon. oosphère, ovule.Nous ne comprenons pas non plus la participation de deux organismes à un même processus physiologique, tel que la fécondation de l'oeuf par le spermatozoïde (Carrel,L'Homme, 1935, p.238).
2. Au fig. Commencement, stade initial du développement de quelque chose. L'idée première, le croquis, qui est en quelque sorte l'oeuf ou l'embryon de l'idée, est loin ordinairement d'être complet (Delacroix,Journal, 1854, p.169).Il était patriote, moi je ne le suis pas, parce que, le patriotisme, c'est encore une religion. C'est l'oeuf des guerres (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Oncle Sosthène, 1882, p.21).
Loc. verb. Écraser, étouffer, tuer (ou un verbe du même paradigme) dans l'oeuf. Anéantir quelque chose dans sa phase initiale, avant sa complète manifestation. ÉdouardVII aurait pu pousser au conflit immédiat. Plus d'un faiseur de pronostics annonçait qu'il y aiderait, pour écraser dans l'oeuf la nouvelle flotte allemande (Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p.174):
12. ... du reste, l'affaire ne fera aucun tapage. Si je ne l'étouffais dans l'oeuf et ne faisais le nécessaire pour épargner, et à vous, qui êtes un gentil garçon, et au gouvernement, qui n'a pas besoin de ça, des complications superflues, vous me prendriez pour un daim. Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, 6etabl., II, p.233.
B. − OBSTÉTR. Produit de la conception au cours de son développement intra-utérin, comprenant l'embryon ou le foetus et leurs annexes (d'apr. Man.-Man. Méd. 1980).
Loc. pop. Casser ses oeufs. ,,Accoucher avant terme`` (Littré). Casser son oeuf. ,,Faire une fausse-couche`` (Car. Argot 1977).
IV.
A. − ALCHIM. OEuf philosophique ou oeuf des Sages. Matière initiale préparée pour produire la transmutation des métaux. C'est (...) à l'idée de germe, mais de germe d'une vie spirituelle, que se réfère la tradition alchimique de l'oeuf philosophique (Symboles1968).
B. − MYTHOL. et PHILOS. ANC. OEuf d'Orphée ou oeuf primitif. Symbole du principe fécondant de la nature (d'apr. DG).
Prononc. et Orth.: [oef], plur. [ø] et, parfois, [oef]. On ne dit plus un oeu(f) frais, oeu(f) dur (en dernier lieu ds Littré). Mart. Comment prononce 1913, p.231, signale, quant au plur., une répartition qu'il qualifie lui-même de «curieuse»: trois oeu(fs), douze oeu(fs), en présence d'un [z] de liaison, mais quatre oeufs, huit oeufs, combien d'oeufs. Observation identique ds Fouché Prononc. 1959, p.421. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1120-34 of «corps plus ou moins gros, dur et arrondi que produisent les femelles des oiseaux et qui contient le germe de l'embryon et les substances destinées à le nourrir pendant l'incubation» (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1265: ses os pundra); 1830 écraser une chose dans l'oeuf (Hugo, Hernani, p.48); 1846 sortir de l'oeuf au fig. (Balzac, Cous. Bette, p.64); 2. a) xiiies. «ce corps produit par la poule, utilisé comme aliment» (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XXX, 17); ca 1306 oefs durs (Joinville, Vie St Louis, éd. N. L. Corbett, § 376); 1399 eufs de Pasques «oeufs que les enfants vont demander aux portes à Pâques» (A. N. JJ 154, fo264 rods Gdf. Compl.); b) loc. et expr. 1526 tondre sur ung oeuf «faire son profit de tout» (Cl. Marot, L'Enfer, 122 ds OEuvres satiriques, éd. C. A. Mayer, p.59); 1640 plein comme un oeuf (Oudin Curiositez); 1680 ne pas mettre tous ses oeufs dans un panier (Boursault, Lett. nouv., t.III, p.394 ds Pougens ds Littré); 1690 marcher sur des oeufs (Fur., s.v. marcher); 1842 c'est l'oeuf de Colomb (d'apr. Gottsch., p.440, peut-être l'attest. de L. Jourdan ds Lar. 19e) ; 1954 aller se faire cuire un oeuf (Simonin, loc. cit.); 3. 4equart xives. «produit de la ponte des femelles ovipares en général, reptiles, insectes, poissons, batraciens» oeufvres des brochés (Taillevent, Viandier, éd. Pichon-Vicaire, p.67); 4. 1690 ``chez les mammifères, semence`` (Fur.); 5. a) 1765 oeuf de mer (Encyclop. t.11); b) 1845 «morceau de bois en forme d'oeuf qui sert à repriser les bas» (Besch.); 6. 1860 fam. «nigaud» (d'apr. Esn.); 1932 fais pas l'oeuf! (Céline, Voyage, p.579); 7. ca 1960 sports (d'apr. Gautrat Ski). D'un lat. pop. *ovum, issu du lat. class. ovum «oeuf», devenu oumo s'est ouvert par dissimilation puis *ovum refait sur le plur. ova (cf. Bl.-W.5). Fréq. abs. littér.: 2244. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)2317, b) 3754; xxes.: a) 3435, b) 3488.
DÉR. 1.
OEufrier, subst. masc.a) Ustensile de cuisine en fil métallique, où l'on dispose des oeufs que l'on veut cuire à la coque et que l'on plonge dans l'eau bouillante. (Dict. xxes.). b) Pièce de vaisselle destinée à présenter à table des oeufs à la coque dans leurs coquetiers. OEufrier en faïence (Lar. mén. 1926). c) Récipient destiné à ranger, à transporter des oeufs. OEufrier de réfrigérateur (Pt Rob. 1980). [oefʀije]. 1resattest. a) 1840 «ustensile de cuisine permettant de faire cuire plusieurs oeufs à la coque» (Ac. Compl. 1842), b) 1903 «plateau destiné à recevoir des coquetiers» (Nouv. Lar. ill.); de oeuf, suff. -ier, avec un -f- peut-être dû à l'infl. de gaufrier*.
2.
OEuvé, -ée, adj.[En parlant d'un poisson femelle] Qui contient des oeufs. Hareng oeuvé; carpe, truite oeuvée. (Dict. xixeet xxes.). p.métaph. La foi à une chute prochaine de M. B. est dans l'air; on me l'écrit de toutes parts. Charles disait tout à l'heure en fumant son cigare: 1855 sera une année oeuvée (Hugo,Corresp., 1855, p.204). [oeve]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. a) 1erquart xiiies. «enflé, gros» (Reclus de Molliens, Charité, 117, 3 ds T.-L.), en a. fr. seulement, b) a/) subst. ca 1393 «oeufs que porte un poisson» (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles, II, 88), b/) adj. 1575 «plein d'oeufs» poisson ... ouvé (Thevet, Cosmogr., X, 10 ds Hug.); de oeuf, suff. *.
BBG.Arnould (G.). Ling. et alim. In: La Géogr. alim. en France... Nancy, 1981, pp. 11-22. _ Darm. 1877, p.108 (s.v. oeufrier). −Quem. DDL t.24. _ Scherwinsky (F.). Die Neologismen in der modernen französischen Science-Fiction. Meisenheim, 1978, p.375.

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ŒUF. (Dans ce mot, on ne prononce l'F qu'au singulier.) n. m.
Masse de matière arrondie et enveloppée d'une coque calcaire, que pond la femelle des oiseaux et qui renferme le germe de l'oiseau futur, enveloppé de liquides destinés à nourrir celui-ci jusqu'à son éclosion. Œuf de poule, de canard, de pigeon, d'autruche, etc. Les oiseaux pondent des œufs, couvent des œufs. Faire éclore des œufs. Le mâle et la femelle ont abandonné leurs œufs.

ŒUF se dit absolument pour l'Œuf de poule employé comme aliment. Blanc d'œuf. Jaune d'œuf. Coquille d'œuf. Œuf frais. Une douzaine d'œufs. Faire cuire des œufs à la coque, sur le plat, au beurre noir, brouillés, pochés, etc. Œuf mollet. Œuf dur. Gober un œuf. Battre des œufs pour faire une omelette. Des œufs farcis. Battre des blancs d'œufs. Des œufs au lait, à la neige. Œufs rouges, Œufs durs dont la coque est teinte en rouge et qu'il est d'usage de vendre vers le temps de Pâques. Par analogie, Œuf de Pâques, Sorte de friandise, en sucre ou en chocolat, qui a la forme d'un œuf. Fig. et fam., Donner un œuf pour avoir un bœuf, Faire un léger présent dans l'espoir d'en obtenir en retour un considérable. Fam., Plein comme un œuf, Tout à fait plein. Fam., Il tondrait sur un œuf se dit d'un Homme fort avare, qui cherche à faire du profit sur les moindres choses. Fig. et fam., Mettre tous ses œufs dans le même panier, Placer tous ses fonds dans une même affaire. Il signifie aussi Faire dépendre d'une seule chose son sort, sa fortune, son bonheur, etc. Fig. et fam., Marcher sur des œufs, Marcher avec une précaution excessive. Il signifie aussi Être obligé par des circonstances délicates de se conduire avec une extrême circonspection.

ŒUF se dit, par analogie, d'un Objet en bois, en forme d'œuf de poule, dont on se sert pour repriser plus commodément les bas. Il se dit aussi, par extension, des Produits des animaux vivipares qui servent à leur reproduction. Œuf de poisson. Œuf de serpent. Œuf de fourmi, de ver à soie. Il signifie encore, au figuré, Germe, principe, commencement. Tuer dans l'œuf. Écraser une sédition dans l'œuf.

Littré (1872-1877)

OEUF (euf ; au pluriel, l'f ni l's ne se prononcent : des eû ; l's se lie : des eû-z au beurre noir ; d'après Chifflet, Gramm. p. 208, au XVIIe siècle, au singulier l'f ne sonnait pas devant les consonnes, et devant les voyelles il était indifférent de la prononcer ou non ; aujourd'hui encore quelques-uns disent un eu frais, un eu dur) s. m.
  • 1Masse qui se forme dans les ovaires et les oviductes des oiseaux, et qui, sous une enveloppe commune, renferme le germe animal futur (ovule), et certains liquides destinés à le nourrir pendant quelque temps. Des œufs de rossignol. Les oiseaux viennent d'œufs, pondent des œufs, couvent des œufs. On a pris la mère sur les œufs. Dès qu'un œuf est pondu, il commence à transpirer, et perd chaque jour quelques grains de son poids par l'évaporation des parties les plus volatiles de ses sucs, Buffon, Ois. t. III, p. 112. Ces œufs [d'autruche] sont très durs, très pesants et très gros ; mais on se les représente quelquefois encore plus gros qu'ils ne sont, en prenant des œufs de crocodiles pour des œufs d'autruche, Buffon, ib. t. II, p. 252. L'œuf de poule est composé de blanc, de jaune, de ligaments qu'on nomme glaire, de la cicatricule, d'une membrane mince intérieure, et d'une coquille solide placée au dehors et servant d'enveloppe à toutes les parties qui en constituent l'ensemble, Fourcroy, Connaiss. chim. t. X, p. 307, dans POUGENS.
  • 2 Absolument, œufs se dit pour œufs de poule, qui sont d'un grand usage comme aliment. Un œuf mollet. Un œuf dur. Une omelette de six œufs. Elle [la grenouille] qui n'était pas grosse en tout comme un œuf, La Fontaine, Fabl. I, 3. Notre laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait, en employait l'argent, Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée, La Fontaine, ib. VII, 10. Il [Charlemagne] ordonnait qu'on vendit les œufs des basses-cours de ses domaines et les herbes inutiles de ses jardins, Montesquieu, Esp. XXXI, 18. Pour juger qu'un œuf est frais, les ménagères le présentent à la lumière d'une chandelle : s'il est transparent et plein, c'est la preuve qu'il vient d'être pondu, Parmentier, Instit. Mém. scienc. 1806, 2e sem. p. 47.

    Œuf à la mouillette, œuf à la coque, œuf cuit dans la coquille de manière que le blanc soit seul pris, et que le jaune reste liquide.

    Œufs clairs, œufs qui n'ont pas été fécondés par le coq. Ces œufs pondus sans coq sont ce qu'on appelle vulgairement des œufs clairs, et l'on ne sait pourquoi ils ont été accusés d'être moins sains et moins savoureux que les autres, Parmentier, Instit. Mém. scienc. 1806, 2e sem. p. 37.

    Œufs rouges, ou œufs de Pâques, œufs durcis dont la coque est teinte en rouge et qu'on vend vers le temps de Pâques. Autrefois c'était l'usage le lundi de Pâques de donner aux enfants des œufs durcis et teints, avec lesquels ils jouaient à certains jeux ; cet usage tend à se remplacer par l'usage d'œufs en carton dans lesquels on met comme dans une boîte de petits jouets et des bonbons. Mme R… était vêtue d'un rouge foncé qui lui sied mal ; et notre ami lui disait : Comment ! chère sœur, vous voilà belle comme un œuf de Pâques, Diderot, Mém. t. I, p. 339, dans POUGENS.

    Œufs de Pâques, dans le Midi, œufs que les paroissiens donnent à leur curé qui va bénir les maisons.

    Fig. et familièrement. Donner à quelqu'un ses œufs de Pâques, lui faire quelque présent à Pâques. Ô mes anges, daignez recevoir pour vos œufs de Pâques ce Droit du seigneur [comédie de Voltaire], Voltaire, Lett. d'Argental. 10 avr. 1762.

    Œuf blanc, celui qui ne renferme pas de jaune.

    Œuf de coq ou cocatrix, œuf regardé par la superstition populaire comme résultat de l'accouplement d'un serpent et d'une poule, ou d'un vieux coq et d'une couleuvre ; ce n'est qu'un œuf avorté de poule qui a de la ressemblance avec les œufs véritables de couleuvres, dont la présence est assez fréquente dans les poulaillers. Le cultivateur du Bocage qui trouve un œuf de coq dans sa basse-cour se signe et l'écrase du pied, de peur qu'il ne soit trouvé par un chat ; condition nécessaire pour qu'un basilic vienne au monde, Viaud-Grand-Marais, les Serpents de la Vendée, dans Revue de Paris, 20 nov. 1867, p. 286.

    Fig. Marcher sur des œufs, aller avec précaution, ménagement. Le premier [Villeroy] était vendu au duc du Maine ; l'autre [l'évêque de Troyes], marchant sur des œufs, n'osait être que complaisant, Saint-Simon, 422, 93. Dubois avait marché sur des œufs à l'égard du parlement, Saint-Simon, 508, 199. Je marche sur des œufs entre ces deux partis, Mme du Deffand, Lett. à H. Walpole, t. II, p. 207, dans POUGENS.

    Plein comme un œuf, tout à fait plein.

    Être plein comme un œuf, avoir bien mangé.

    Chercher à tondre sur un œuf, agir en avare qui cherche à faire du profit sur les moindres choses.

    Fig. Il pond sur ses œufs, il couve ses œufs, se dit d'un homme riche qui n'a pas besoin de travailler.

    Fig. Mettre tous ses œufs dans un même panier, mettre tout son avoir dans une même entreprise, dans un même placement, de manière que, s'il y a un revers, on perdra tout ; et aussi faire dépendre d'une seule chose son sort, sa fortune, son bonheur. Je jure de ne plus mettre Tous mes œufs dans un panier, Boursault, Lett. nouv. t. III, p. 394, dans POUGENS.

    Se ressembler comme deux œufs, se dit de choses qui se ressemblent tout à fait. Un œuf n'est pas plus semblable à un œuf que les observations de Bullus le sont aux miennes, Jurieu, dans BOSSUET 6e avert. 80.

    Cela est égal comme deux œufs, se dit d'une chose indifférente.

    Fig. Donner un œuf pour avoir un bœuf, faire de petits présents dans l'espérance d'en recevoir de gros en retour. Comme il n'y a pas de proportion entre ces choses-là, je n'aime point à donner un œuf pour avoir un bœuf, Rousseau, Lett. à Panckoucke, 21 déc. 1764.

    Je ne lui ai dit ni œuf ni bœuf, je ne lui ai dit ni grosse ni petite injure.

    Il ne saurait pas tourner un œuf, se dit d'un maladroit qui ne sait rien faire.

    Il aimerait mieux deux œufs qu'une prune, se dit d'un homme qui ne fait pas le dégoûté.

    Ris-t-en, Jean, on te frit des œufs, se dit pour se moquer de quelqu'un qui rit.

    Populairement. Elle a cassé ses œufs, se dit d'une femme qui accouche avant terme.

  • 3 Par extension, le nom d'œufs se donne aux produits, analogues aux œufs des oiseaux, qui se forment dans le corps des femelles appartenant à de tout autres classes d'animaux. Œufs de couleuvre. Œufs de brochet. Un œuf de tortue. Des œufs de ver à soie. Il est des œufs d'insectes qui ont une sorte de couvercle que le petit fait sauter ou qu'il soulève pour venir au jour, Bonnet, Contempl. nat. Œuv. t. VIII, p. 327, dans POUGENS.

    Œufs de fourmis, très petits œufs, presque imperceptibles, qui donnent naissance aux larves et nymphes, dites improprement œufs de fourmis (voy. FOURMI).

  • 4Chez les mammifères, on donne le nom d'œuf au produit de la conception, quand il est parvenu dans la matrice ; jusque-là il porte celui d'ovule.
  • 5En un sens plus général, dans le langage des physiologistes, œuf désigne à la fois l'ovule ou germe dont l'existence est absolument générale, et l'œuf proprement dit qui résulte de l'addition successive à l'ovule de nouvelles parties durant son évolution et son trajet. Harvey prétend que l'homme et tous les animaux viennent d'un œuf, que le premier produit de la conception chez les vivipares est une espèce d'œuf, et que la seule différence qu'il y ait entre les vivipares et les ovipares, c'est que les fœtus des premiers prennent leur origine, acquièrent leur accroissement, et arrivent à leur développement entier dans la matrice, au lieu que les fœtus des ovipares prennent à la vérité leur première origine dans le corps de la mère, où ils ne sont encore qu'œufs…, Buffon, Hist. anim. chap. 5. Il [Vallisnieri] ajoute qu'il est persuadé que l'œuf est caché dans la cavité du corps glanduleux [l'ovaire], et que c'est là où se fait tout l'ouvrage de la fécondation, quoique, dit-il, ni moi ni aucun des anatomistes en qui j'ai eu pleine confiance, n'ayons jamais vu, ni trouvé cet œuf, Buffon, ib.
  • 6 Terme d'anatomie. Œufs de Graaf, ou vésicules de Graaf, petits sacs membraneux qui se trouvent dans l'ovaire.

    Œufs de Naboth, nom donné à des concrétions globuleuses distendant les follicules qui occupent la membrane interne du col de l'utérus.

  • 7Œuf de serpent, espèce d'amulette des druides, auquel ils attribuaient de grandes vertus, et qu'ils croyaient formé de la bave des serpents, lorsqu'ils étaient entortillés ensemble.
  • 8Œuf primitif, ou œuf d'Orphée, symbole mystérieux de certains philosophes anciens pour désigner le principe intérieur de fécondité.

    Œuf philosophique, la matière préparée des alchimistes, pour produire le grand œuvre, ou transmutation des métaux.

  • 9Œuf de vache, œuf de chamois, espèce de bézoard, qui se trouve dans le ventre de ces animaux.
  • 10Tout ce qui a la forme d'un œuf. Les femmes se servent d'œufs en bois pour raccommoder les bas.
  • 11Se disait, chez les Grecs, de petites pièces de poésie, dont les vers, de différentes longueurs et placés les uns sous les autres, représentaient grossièrement la forme d'un œuf ; on en trouve des exemples dans l'Anthologie.
  • 12 Terme de marine. Œuf d'autruche, sorte de bouchon pour boucher les trous de boulet.
  • 13Œufs fossiles, pierres qui paraissent être des échinites.
  • 14Œuf du diable, espèce de champignon.

    Petits œufs, espèce d'agarics.

    Œufs à l'encre, à la neige, divers champignons.

  • 15Œuf marin, oursin.

    Œuf de poule ou œuf papyracé, coquille univalve.

    Œuf de vanneau, autre coquille univalve.

HISTORIQUE

XIIIe s. …Comme est l'escaille d'un uef, qui enclost et enserre ce qui est dedanz, Latini, Trés. p. 110. Et maintenant fist atourner cuir de beuf de quatre doubles, ausi ront come un oef, Ch. de Rains, p. 95. Une geline oï cover, Que desor li avoit douze oes, Ren. 23389. Atant es vos une mesenge Sor la branche d'un chesne crues [creux], Où ele avoit repost ses oes, ib. 1728.

XIVe s. Un vaisselet d'argent à mangier œufs, que donna à Monseigneur Mons r d'Estampes, De Laborde, Émaux, p. 424. Une couppe d'un euf d'autruce, et est d'argent blanc, greneté dedans, De Laborde, ib. p. 407. Lesquelz allerent demander leur potage, que en appelle eufs de pasques, Du Cange, ovum.

XVe s. Mais se je truis [si je trouve] le kokin et le sourt, Lequel on dit qu'il voelt [veut] nos oes humer…, Froissart, Poésies mss. p. 300 dans LACURNE. Et estoit son scel, sa bouche et son dire lettriage, leal comme or fin et entier comme un œuf, Chastelain, Éloge du bon duc Philippe.

XVIe s. M'as-tu donc baillé ceste bride ? M'as-tu pellé cest œuf mollet [joué ce mauvais tour] ? Rec. de farces, etc. p. 393. Huile d'œufs, Paré, V, 29. Alembic, calcinatoires, fours secrets des philosophes, œufs des philosophes, cornue, Paré, t. III, p. 638. Il partiroit un œuf en deux ; il trouveroit à tondre sur un œuf ; il ne donneroit pas un gros œuf pour un menu ; pour dire il est avare, H. Estienne, Précell. p. 77 et 78. Il est fait comme quatre œufs [mal fait, de mauvaise grâce], Oudin, Curios. franç. À l'aventure met on les œufs couver, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 187. Je mange un œuf mollet, je suis bien empesché, Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 205. Ne romps l'œuf mollet, si ton pain n'est apresté, Leroux de Lincy, ib. p. 354. Tel cuide avoir des œufs au feu, qui n'a que des escailles, Leroux de Lincy, ib. p. 420. Un œuf ne vault guere sans sel, Leroux de Lincy, ib. p. 432. Aigle né dans le haut des plus superbes aires, Ou bien, œuf supposé, puisque tu degeneres, Degeneré Henri, D'Aubigné, Tragiques, Princes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ŒUF. Ajoutez :
16Œuf de Nuremberg, nom ancien d'une espèce de montre fabriquée en Allemagne. Ce sont les ouvriers de Nuremberg qui firent les premières montres portatives que l'on avait à la cour de Charles IX et de Henri III… les plus ordinaires, de forme ovale ou d'amande, étaient nommées à Paris, dit-on, des œufs de Nuremberg, Journ. offic. 28 août 1876, p. 6649, 3e col.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ŒUF, dans l’Histoire Naturelle, c’est cette partie qui se forme dans les femelles des animaux, & qui, sous une écaille ou écorce qu’on nomme coque, renferme un petit animal de même espece, dont les parties se développent & se dilatent ensuite, soit par incubation, soit par l’accession d’un suc nourricier.

Les especes d’animaux qui produisent des œufs se nomment en particulier ovipares ; & la partie de la femelle dans laquelle l’œuf se forme, se nomme ovaire. Voyez Ovaire.

Comme de tous les œufs ceux des poules ou ceux dont se forment les poulets sont les plus communs & en même tems ceux qui ont été plus observés, nous dirons quelque chose ici de leur structure & de la maniere dont les poulets s’y engendrent.

La partie extérieure d’un œuf de poule est donc la coque, écorce blanche, mince, friable, qui renferme & garantit toutes les autres parties des injures qu’elles auroient à craindre du dehors. Immédiatement après la coque il y a une membrane commune, membrana communis, qui tapisse toute la cavité de la coque, & qui lui est attachée très-serrée, excepté dans le gros bout de l’œuf, où on découvre entre ces deux parties une petite cavité qui peu-à-peu devient plus considérable. Dans cette membrane sont contenus les deux albumina ou blancs, enveloppés chacun dans sa membrane propre. Dans le milieu du blanc est le vitellus ou jaune, enveloppé aussi particulierement dans son enveloppe ou membrane particuliere : l’albumen extérieur est oblong ou ovale, & il suit la figure de la coque ; l’intérieur est sphérique, & d’une substance plus crasse & plus visqueuse, & le jaune est de la même figure. A chacune de ses extrémités est un chalaza, & les deux ensemble sont comme les poles de ce microcosme : ce sont des corps blancs, denses, dont chacun est composé de trois petits globules, semblables à des grains de grêle joints ensemble. Non-seulement c’est dans ces chalazas que les différentes membranes sont jointes ou attachées ensemble, ce qui fait que les différentes liqueurs se tiennent chacune dans sa place ou sa position respective ; mais ils servent encore à tenir toujours une même partie de l’œuf en en haut, de quelque côté qu’on se tourne. Voyez Chalaza.

Vers le milieu, entre les deux chalazas, sur le côté du jaune & dans sa membrane, est une petite vessie de la figure d’une vessie ou lentille, qu’on appelle en latin cicatricula, & en françois germe, & que quelques auteurs nomment aussi l’œil-de-bœuf, & qui contient une humeur dans laquelle le poulet s’engendre.

Toutes ces parties qu’on distingue dans l’œuf de poule, se trouvent aussi dans les autres œufs : l’une des parties de l’œuf est ce dont l’animal se forme, & le reste est destiné à sa nourriture ; suivant cela, la premiere semence ou stamen du poulet est dans la cicatricule.

L’albumen est le suc nourricier qui sert à l’étendre & à le nourrir jusqu’à ce qu’il devienne gros, & le jaune lui sert de nourriture lorsqu’il est tout-à-fait formé, & même en partie lorsqu’il est éclos ; car il reste après que l’œuf est éclos une bonne partie du jaune, laquelle est reçue dans le ventre du poulet comme dans un magasin, & portée de-là par les appendicula ou canal intestinal, aussi bien que par entonnoir, dans les boyaux, & qui sert comme de lait. Voyez Eclore & Punctum saliens.

Un œuf proprement dit est ce du total dequoi l’animal se forme ; tels sont ceux des mouches, des papillons, &c. qu’Aristote appelle vermiculi.

Il y a entre cette derniere espece d’œufs & la premiere, cette différence, qu’au lieu que ceux de la premiere espece (aussi-tôt que la femelle les a pondus) n’ont plus besoin que de chaleur & d’incubation, sans aucune nourriture extérieure, pour porter le fœtus à sa perfection ; ceux de la derniere espece, après qu’ils sont tombés de l’ovaire dans la matrice, ont besoin des sucs nourriciers de la matrice pour s’étendre & grossir : c’est aussi ce qui fait qu’ils restent plus long-tems dans la matrice que les autres.

La principale différence qui se trouve entre les œufs proprement dits, c’est qu’il y en a qui sont parfaits, c’est-à-dire qu’ils ne manquent d’aucune des parties que nous venons de décrire, lors même qu’ils sont-dans l’ovaire ou dans la matrice ; & d’autres imparfaits, qui n’ont toutes ces parties à-la-fois qu’après qu’ils sont pondus : tels sont les œufs des poissons, où se forme un albumen pour les garantir de l’eau lorsqu’ils sont déja hors du corps de la mere.

Une autre différence, c’est qu’il y en a de fécondés & d’autres qui ne le sont point : les premiers sont ceux qui contiennent un sperme que le mâle injecte dans le coït, pour les disposer à la conception ; les autres ne sont point imprégnés de ce sperme, & ne donnent jamais des petits par incubation, mais seulement par putréfaction. Un œuf fécondé contient les rudimens du poulet avant même que la poule ait commencé à le couver. Le microscope nous fait voir à découvert dans le milieu de la cicatricule la carcasse du poulet qui nage dans le liquamen ou l’humeur ; elle est composée de cinq petites zones ou cordons que la chaleur de l’incubation future grossit en rarefiant & liquefiant la matiere premiere de l’albumen, & ensuite celle du germe, & les faisant entrer dans les vaisseaux de la cicatricule pour y recevoir encore une préparation, une digestion, une assimilation & une accrétion ultérieure, jusqu’à ce que le poulet devenu trop gros, ait rompu la coque & soit éclos.

On croyoit autrefois qu’il n’y avoit que les oiseaux & les poissons, avec quelques autres animaux, qui fussent produits ab ovo, par des œufs ; mais le plus grand nombre des modernes inclinent plutôt à penser que tous les animaux & les hommes mêmes sont engendrés de cette maniere. Harvé, Graaf, Kerkringius, & quelques grands anatomistes, ont si bien défendu cette opinion, qu’elle est à-présent généralement reçue.

On voit dans les testicules des femmes de petites vésicules qui sont environ de la grosseur d’un pois verd, qu’on regarde comme des œufs : c’est ce qui a fait donner par les modernes le nom d’ovaires à ces parties, que les anciens appelloient testicules ; ces œufs fécondés par la partie la plus volatile & la plus spiritueuse de la semence du mâle, se détachent de l’ovaire & tombent par le conduit de Fallope dans la matrice, où ils se forment & grossissent. Voyez Conception & Génération.

Plusieurs observations & plusieurs expériences concourent pour donner plus de poids à ce système, & pour le confirmer. M. de Saint-Maurice ayant ouvert une femme à Paris en 1682, lui trouva un fœtus parfaitement formé dans le testicule.

M. Olivier médecin de Brest, assure qu’en 1684, une femme qui étoit grosse de sept mois accoucha dans son lit d’un grand plat d’œufs, liés ensemble comme une grappe de raisin, & de différentes grosseurs, depuis celle d’une lentille, jusqu’à celle d’un œuf de pigeon. Wormius rapporte avoir vu lui-même une femme qui étoit accouchée d’un œuf ; & Bartholin confirme la même chose, Cent. prem. hist. anat. IV. p. 11. Le même auteur dit qu’il avoit connu à Coppenhague une femme, qui au bout de douze semaines de grossesse, avoit jetté un œuf enveloppé d’une coque mollasse. Lauzonus, Dec. 11. ann. IX. obs. xxxviij. p. 731. des mém. des curieux de la nature, rapporte la même chose d’une autre femme grosse de sept semaines. L’œuf qu’elle rendit, n’étoit ni aussi gros qu’un œuf de poule, ni aussi petit qu’un œuf de pigeon : il étoit couvert de membranes, au lieu de coque. La membrane extérieure appellée chorion, étoit épaisse & sanguinolente ; l’intérieure nommée amnios, étoit déliée & transparente ; & elle renfermoit une humeur blanchâtre, dans laquelle nageoit l’embryon attaché par les vaisseaux umbilicaux, lesquels ressembloient à des fils de soie.

Bonnet dans sa lettre à Zuinger, publiée dans les éphémérides des curieux de la nature, Déc. ann. 2. observ. clxxxvj. p. 417. rapporte qu’une jeune fille avoit rendu une grande quantité de petits œufs. Conrade Virsungius dit qu’en faisant l’anatomie d’une femme qui avoit une descente, il trouva dans une des trompes des œufs de différentes grosseurs. Enfin, on voit encore de semblables exemples dans Rhodius, Cent. 111. observ. lvij. & dans différens endroits des mémoires des curieux de la nature : de sorte que Berger dans son traité de naturâ humanâ, liv. II. chap. j. p. 461. n’hésite point de penser que la seule différence qu’il y ait entre les animaux qu’on nomme vivipares, & ceux qu’on appelle ovipares, c’est que les derniers jettent leurs œufs hors de leur corps, & les déposent dans un nid, & que leurs œufs contiennent toute la nourriture nécessaire à leur fruit ; au lieu que dans les derniers, les œufs sont déposés des ovaires dans la matrice, qu’ils ont peu de suc, & que la mere fournit le reste de l’aliment.

Il n’y a pas jusqu’aux plantes dont Empedocles, & depuis Malpighi, Rallius, Fabrice d’Aquapendente, Grew, & d’autres, n’ayent prétendu que la génération se fait par des œufs. Voyez Plante.

D’un autre côté, nous avons plusieurs exemples où les animaux ovipares ont produit leurs petits tout vivans & sans œufs. On en rapporte en particulier d’un corbeau, d’une poule, de serpens, d’un poisson, d’anguilles, &c. Voyez Isibord, ab Amelanxen, breviar. memorabil. n°.28. in append. mém. nat. cur. dec. 11. an. 4. p. 201. Lyserus, observ. VI. envoyée à Bartholin, Aldrovand. hist. serp. & dracon. p. 309. Seb. Nuremberg, de miraculis naturæ in Europ. c. xlj. franc. Paulin, de anguilla, sect. prem. chap. ij. &c.

Ce n’est pas tout : les Physiciens rapportent des exemples de mâles qui ont jetté des œufs par le fondement. Ce fait paroîtra si ridicule à un lecteur sage, qu’on pourroit nous blâmer de transcrire ici les passages sur lesquels on l’appuie ; & ainsi nous nous contenterons de renvoyer le lecteur qui aura assez de curiosité pour les confronter aux auteurs d’où nous aurions pû les tirer : savoir, Christophe Paulin, Cynograph. curios. sect. I. liv. III. §. 56. M. nat. cur. Dec. 11. ann. 8. observ. cxvij. p. 261. & Dec. 1. ann. 2. observ. ccl. & Dec. 11. ann. 4. append. 199. Schculk, hist. monast. p. 129. &c.

M. Hotterfort pense qu’il a bien pu se faire au moins dans quelque cas, que ce qu’on avoit pris pour des œufs, ne fût que des alimens mal digérés & coagulés, ainsi qu’il l’a trouvé une fois lui-même. Quant aux œufs des femmes, Wormius & Fromann, lib. III. de fascinat. v. 6. cap. xx. §. 9. pag. 882. ont cru que c’étoit un effet du pouvoir du démon ; mais M. Bartholin & M. Stotterfoht, se moquent avec raison de cette relation.

Gousset, de causis linguæ hebraïcæ, taxe le sentiment moderne de la génération ab ovo, d’être contraire à l’Ecriture ; & d’autres ont cru voir dans la semence des animaux mâles, l’animal en vie & tout formé. Voyez Animalcule & Semence.

Malpighi fait des observations très-curieuses avec le microscope de tous les changemens qui arrivent dans l’œuf qu’une poule couve de demi-heure en demi-heure. Vossius & divers autres auteurs sont fort embarrassés de décider cette question, lequel a existé le premier de l’œuf ou de la poule, de idol. lib. III. cap. lxxviij.

En Egypte, on fait éclore les œufs par la chaleur d’un fourneau ou d’un four, & on en fait quelquefois éclore sept ou huit mille tout-à-la-fois. On trouve la maniere dont on se sert pour cela décrite dans les Transactions philosophiques. Voyez Éclore. Voyez ces fours, Pl. d’Agricul.

On dit qu’à Tunquin on conserve les œufs pendant trois ans, en les enveloppant d’une pâte faite de cendre & de saumure. La tortue fait, à ce qu’on dit, jusqu’à quinze cens œufs qu’elle couvre de sable, & qu’elle abandonne à la chaleur du soleil pour éclore ; les œufs d’Autruche éclosent de la même maniere. Villugh. Ornithol. Lib. II. c. viij. §. 1.

Dans les acta eruditorum de Lips. Leypsik, année 1683. p. 221. il est parlé d’un œuf de poule tout semblable aux œufs ordinaires, au milieu duquel on en trouva un autre de la grosseur d’un œuf de pigeon. Voyez Superfétation.

Les œufs à double coque ne sont pas rares ; Harvey donne fort au long dans son traité de la génération de l’animal, l’explication de cette apparence.

Chez les anciens l’œuf étoit le symbole du monde, & c’étoit une tradition parmi eux que le monde avoit été fait d’un œuf, ce qui rendit les œufs d’une grande importance dans les sacrifices de Cybele, la mere des dieux : quelques-uns de leurs faux-dieux étoient aussi venus d’un œuf.

Œuf vuide, voyez Vuide.

Œuf de vache, c’est un nom que quelques auteurs donnent à une espece de besoard qu’on trouve dans l’estomac de la vache.

Œuf, en Architecture, ornement de forme ovale qu’on pratique dans l’echinus ou quart de rond du chapiteau ionique & composite, le profil ou le contour de l’échinus s’enrichit d’œufs & d’ancres placés alternativement. Voyez nos Pl. d’Architecture. Voyez aussi Echinus, Ove, &c.

Œuf philosophique, en Chimie, voyez Philosophique.

Œuf, (Physique générale.) on trouve quelquefois des œufs extraordinaires en petitesse, en grosseur, en figure, sans coque, sans jaune ; d’autres qui ont une double coque ; d’autres qui renferment un second œuf ; d’autres qui contiennent des corps étrangers, comme des pois, des lentilles, des épingles, &c. Enfin, j’ai recueilli beaucoup d’observations en ce genre ; mais il suffira d’en citer quelques-unes.

Le petit œuf, ou l’œuf nain, que les Ornithologistes nomment communément, ovum centeninum, est le dernier que la poule ponde de la saison. Cet œuf pour l’ordinaire ne contient pas de jaune, mais une espece de glaire ou de blanc. Il n’est pas surprenant que ce dernier œuf soit si petit ; mais il est assez étonnant qu’une poule ne ponde jamais que de ces œufs nains.

Malpighi vous donnera la raison pourquoi ces œufs sont stériles, & ne produisent jamais de poulets.

Il y a d’autres œufs qui surpassent de beaucoup les œufs communs en grosseur. On les nomme ova gemellifica ; il semble même qu’Aristote s’en soit apperçu : mais il est certain qu’il n’y a que les oiseaux domestiques qui pondent de ces sortes d’œufs : ils contiennent deux blancs & deux jaunes, & M. Harvey remarque que communément ils renferment deux poulets, qui quoiqu’éclos ne vivent pas.

De tous les œufs extraordinaires, il n’y en a guere de si remarquables que ceux qui ont une double coque, & que Harvey appelle ovum in ovo : cet habile homme explique en même tems les causes de ce phénomene dans son traité de generatione animalium.

Le petit œuf renfermé dans un grand, est ordinairement de la grosseur d’une olive, pointu par le bout, couvert d’une membrane dure, épaisse, & cassante. L’humeur qu’il contient est moins jaune que dans les autres œufs.

M. Méri a montré à l’académie des Sciences un œuf de poule cuit, dont le blanc renfermoit un autre petit œuf revétu de sa coque & de sa membrane intérieure, & rempli de la matiere blanche sans jaune.

On a fait voir à la même académie en 1745, un œuf de poule d’Inde, dans lequel étoit renfermé un autre œuf garni de sa coque. Ceux qui savent que la coque de l’œuf ne se forme que dans l’oviductus, ou canal qui conduit l’œuf de l’ovaire au-dehors de l’animal, sentiront combien doivent être rares les circonstances nécessaires pour produire un pareil effet.

M. Petit porta en 1742 à la même académie un petit corps oviforme d’environ dix lignes de longueur, & de cinq lignes de diametre, qu’il avoit trouvé dans le blanc d’un œuf. Ce corps qui étoit lui-même une espece de petit œuf, n’étoit attaché au grand que par un pédicule assez court, & qui avoit peu de consistance : on y voyoit quatre enveloppes : l’extérieure étoit assez solide, puisqu’en étant séparée, elle conservoit sa forme & se soutenoit par elle-même, ce que ne faisoient point les autres. A chaque séparation des trois premieres enveloppes, ainsi prises extérieurement, le petit corps conservoit sa figure ; mais on n’eut pas plutôt séparé la quatrieme, que tout ce qui y étoit renfermé s’échappa en forme de blanc d’œuf sans jaune.

Il y a des poules qui par un effet de la structure de leur ovaire, pondent toujours des œufs sans jaune. Il y en a d’autres qui n’en pondent que quelquefois ; savoir, lorsque dans des efforts, on par quelque cause extérieure, le jaune de l’œuf se creve dans l’oviductus ; mais la cause n’étant pas constante, elles en font aussi de bien conditionnés.

Quant aux poules qui pondent quelquefois des œufs sans coque, cela vient ou de quelque maladie qui irritant la trompe, leur fait chasser l’œuf avant le tems ; ou bien par une grande fécondite qui ne leur donne pas le loisir de les mûrir tous : il y a des poules qui font le même jour un œuf bien conditionné, & un autre sans coque.

Le défaut d’une suffisante quantité de cette humeur dans certaines poules, peut encore en être la cause. Les œufs sans coque s’appellent œufs hardés. Voyez Œuf hardé.

Quoique beaucoup de personnes, d’ailleurs raisonnables, croyent avec le peuple que les coqs pondent des œufs, & en particulier les œufs qui sont sans jaune ; que ces œufs étant trouvés dans du fumier ou ailleurs, on en voit éclore des serpens ailés, qu’on appelle basilics ; cette erreur n’a d’autre fondement qu’une ancienne tradition, que les préjugés de l’éducation & l’amour du merveilleux entretiennent.

On a trouvé quelquefois dans des œufs de poule des corps étrangers, comme des pois, des lentilles, & même une épingle. Ces pois & ces lentilles qui ont germé & porté du fruit, étoient entre le blanc & le jaune de l’œuf : peut-être que ces graines, ainsi que l’épingle dont j’ai parlé, se sont insinuées dans les poules pendant l’accouplement qui se sera fait dans un endroit où il y avoit beaucoup de pois & de lentilles : peut-être sont-ils entrés du jabot dans l’ovaire. (D. J.)

Œuf hardé, (Hist. nat.) il n’est pas rare de trouver des œufs de poule sans coque : on les appelle des œufs hardés. Leurs liqueurs ne sont contenues que par la membrane épaisse qui tapisse l’intérieur de la coquille des autres. Cette enveloppe cede sous le doigt en quelqu’endroit qu’on la presse : on tenteroit très-inutilement de faire éclore le poulet d’un œuf sans coque ; la transpiration s’y fait avec une trop grande facilité ; bien-tôt la membrane qui est sa seule enveloppe, se plisse, se ride, & se chiffonne très-irrégulierement en différens endroits. Au bout de peu de jours l’œuf a totalement perdu sa forme, & les deux tiers, ou même les trois quarts de son volume : il ne contient plus que des matieres épaissies au point d’être devenues solides & dures. Peut-être néanmoins ne seroit-il pas impossible, dit M. de Réaumur, de faire développer le poulet d’un œuf hardé : mais il faudroit, ajoute-t-il, que l’art lui donnât l’équivalent de ce que la nature lui a refusé. Il faudroit suppléer par quelque enduit à la coquille qui lui manque, lui en faire une de plâtre, ou de quelque mortier, ou de quelque ciment poreux. Cette expérience qui ne seroit que curieuse, ne réussiroit sans doute, qu’après avoir été tentée bien des fois, & ne nous apprendroit rien de plus que ce que nous savons déja sur la nécessité d’une transpiration mesurée. (D. J.)

Œufs, conservation des, (Physique générale.) il n’est pas indifférent de pouvoir conserver des œufs, & en particulier des œufs de poule, frais pendant long-tems. Tous les œufs que couve une poule, ne sont pas également frais ; si elle les a tous pondus, il y en a tel qui est de quinze à seize jours plus vieux qu’un autre. L’embryon périt dans l’œuf, lorsque l’œuf devient trop vieux, parce que l’œuf se corrompt ; mais il y vivroit quelquefois plus long-tems, si on empêchoit l’œuf de se corrompre.

Malgré la tissure compacte de sa coque écailleuse, malgré la tissure serrée des membranes flexibles qui lui servent d’enveloppe immédiate, l’œuf transpire journellement, & plus il transpire & plutôt il se gâte. Il n’est personne qui ne sache que dans un œuf frais & cuit, soit mollet, soit au point d’être dur, la substance de l’œuf remplit sensiblement la coque ; & qu’au contraire il reste un vuide dans tout œuf vieux qui est cuit, & un vuide d’autant plus grand, que l’œuf est plus vieux. Ce vuide est la mesure de la quantité du liquide qui a transpiré au-travers de la coque. Aussi, pour juger si un œuf même qui n’est pas cuit, est frais, on le place entre une lumiere & l’œil ; la transparence de la coque permet alors de voir que l’œuf vieux n’est pas plein dans sa partie supérieure. Mais des observations faites par les Physiciens, leur ont découvert les conduits par lesquels l’œuf peut transpirer. Ils ont vu que dans les enveloppes qui renferment le blanc & le jaune de l’œuf, il y a des conduits à air qui communiquent au travers de la coque avec l’air extérieur. On voit où sont ces passages, lorsqu’on tient un œuf sous le récipient de la machine pneumatique dans un vase plein d’eau purgée d’air. A mesure qu’on pompe l’air du récipient, celui qui est dans l’œuf sort par des endroits où la coque lui permet de s’échapper.

Un fait qui prouve encore très-bien que la coque de l’œuf est pénétrable à l’air, c’est que le poulet prêt à éclore fait entendre sa voix avant qu’il ait commencé à becqueter sa coque, & avant qu’il l’ait même filée. On l’entend crier très-distinctement, quoique sa coque soit bien entiere ; malgré sa tissure serrée, l’œuf transpire ; il est pour nous d’autant plus vieux, ou, pour parler plus exactement, d’autant moins bon, qu’il a transpiré davantage. Les paysans de nos provinces & des autres pays agissent comme s’ils savoient cette physique. Pour conserver long-tems leurs œufs en bon état, ils les tiennent dans des tonneaux où ils sont entourés de toutes parts de cendre bien pressée, de son, de sciure de bois de chêne, &c. cette cendre, ce son, cette sciure de bois de chene s’applique contre les coques, en bouche les pores & rend leur transpiration difficile. Les œufs ainsi conservés sont mangeables dans un tems où ils eussent été entierement corrompus sans ces précautions.

M. de Réaumur a imaginé d’abord un meilleur moyen d’empêcher l’insensible transpiration des œufs, c’est en les enduisant d’un vernis impénétrable à l’eau ; ce vernis est composé de deux parties de gomme, laque plate, avec une partie de colophone dissoute dans de l’esprit-de-vin. Une pinte d’esprit-de-vin, dans laquelle on dissout une demie livre de laque plate & un quart de livre de colophone, peut vernir 72 douzaines d’œufs, c’est-à-dire que la dépense en vernis pour chaque douzaine d’œufs ne sauroit aller à un sol ; & si l’on fait les couches très-minces, cette dépense n’iroit qu’à la moitié du prix.

Quoique la composition de ce vernis & son application soient faciles, M. de Réaumur a trouvé depuis qu’on pouvoit substituer à ce vernis une matiere moins chere encore, plus connue & aisée à avoir par-tout, c’est de la graisse de mouton fraîche. Les œufs qui ont été enduits de cette graisse, se conservent frais aussi long-tems que ceux qui ont été vernis. Cette graisse ne coûte presque rien de plus que le suif ordinaire, qui réussiroit également, mais qui blesseroit l’imagination. On fait fondre de la graisse de mouton fraîche ; & après l’avoir rendue liquide, on la passe à-travers un linge, on la met dans un pot de terre, on l’échauffe près du feu, on plonge chaque œuf dans cette graisse, & on le retire sur le champ : s’il est bien frais, il peut se conserver ainsi pendant près d’une année.

On peut plonger l’œuf dans la graisse avec des pinces, dont l’attouchement ne se feroit que dans deux points ; & quand la graisse seroit figée sur tous les autres endroits, on porteroit avec une plume ou un pinceau une petite goutte de graisse liquide sur les deux endroits qui sont restés découverts. Mais pour n’avoir plus à revenir à l’œuf après qu’il a été tiré du pot, il sera peut-être plus commode de donner à chaque œuf un lien d’un brin de fil long de 6 à 7 pouces ; on entourera l’œuf vers son milieu, c’est-à-dire à distance à-peu-près égale de ses deux bouts avec ce fil, on lui fera une ceinture arrêtée par un double nœud, lequel nœud se trouvera très-près d’un des bouts de ce fil, c’est par l’autre bout du fil qu’on tiendra l’œuf suspendu pour le plonger dans la graisse liquide. Celle qui s’attachera sur la partie du fil qui entoure l’œuf, arrêtera aussi-bien toute évaporation dans cet endroit, que celle qui sera immédiatement appliquée contre la coquille. On imaginera peut-être qu’il est difficile de mettre un œuf en équilibre sur un tour de fil, & de faire que cet œuf ne s’échappe pas ; mais pour peu qu’on l’éprouve, on trouvera le contraire.

La graisse de mouton ne communique pas le plus léger goût de graisse à l’œuf ; car quand on le retire de l’eau bouillante, il n’y a que le-dessus de la coquille qui soit un peu gras, & on emporte toute trace de graisse en frottant l’œuf avec un linge. L’enduit de graisse est préférable au vernis pour les œufs destinés à être couvés, parce qu’il est difficile de dévernir les œufs, & que l’enduit de graisse est très aisé à enlever. Enfin on pourroit par le moyen de l’enduit de graisse transporter dans les divers pays un grand nombre d’œufs d’oiseaux étrangers, les y faire couver, & peut-être, en naturaliser plusieurs. Cependant, malgré toutes ces vérités, ni le vernis des œufs, ni leur enduit de graisse proposés l’un & l’autre par M. de Réaumur, n’ont point encore pris faveur dans ce royaume. (D. J.)

Œuf, (Chimie.) voyez Substances animales.

Œuf, (Diete, Pharmac. & Mat. méd.) les œufs les plus employés à titre d’aliment sont ceux de poule. On mange aussi en Europe les œufs d’oie, de canne, de poule-d’inde, de paon, de faisan, &c. Les Africains mangent les œufs d’autruche, & ceux de crocodile. Les œufs de tortue sont un aliment très-usité dans les îles de l’Amérique.

C’est aux œufs de poule que convient principalement ce que nous allons en observer en général, & cela instruira suffisamment sur les qualités essentielles des autres œufs qu’on mange quelquefois dans ce pays ; ce qui peut mériter quelque considération particuliere sur les qualités spéciales des autres, par exemple, sur ceux de tortue, sera rapporté à cet article particulier. Voyez Tortue d’Amérique.

Les œufs de poule, que nous n’appellerons plus que les œufs, doivent être choisis les plus frais qu’il se pourra ; on veut encore qu’ils soient bien blancs & longs. On connoît à ce sujet les vers d’Horace.

Longa quibus facies ovis erit, illa memento
Ut succi melioris, & ut magis alba rotundis
Ponere.

Les œufs nourrissent beaucoup : ils fournissent un bon aliment, utile en santé comme en maladie. Les auteurs de diete s’accordent tous à assûrer qu’ils augmentent considérablement la semence, qu’ils réveillent l’appétit vénérien, & disposent très efficacement à le satisfaire. On les prépare de bien des manieres, & on en forme différens mets qui sont d’autant plus salutaires qu’ils sont plus simples. Car toutes ces préparations recherchées où les œufs sont mêlés avec des laitages, du sucre, des parfums, &c. déguisent tellement la vraie nature de l’œuf qu’il peut y perdre toutes ses bonnes qualités. Il est observé même que les laitages chargés d’œufs subissant dans les premieres voies, l’altération à laquelle ils sont naturellement sujets, la communiquent aux œufs, & que la corruption d’un pareil mélange devient pire que n’auroit été celle du lait seul. On peut donc établir que tous ces mélanges délicats d’œufs & de lait, comme crèmes, &c. sont des alimens au-moins suspects, comme le lait. Voyez Lait. Quant à la meilleure façon de préparer les œufs seuls, on peut la déterminer d’après cette seule regle ; savoir qu’en général ils doivent être modérement cuits ; la raison en est, dit Louis Lemery, que quand ils le sont trop peu, ils demeurent encore glaireux, & par conséquent difficiles à digérer. Quand au contraire ils sont trop cuits, la chaleur en a dissipé les parties aqueuses, qui servoient à étendre les autres principes de l’œuf, & à leur donner de la fluidité ; or ces principes se trouvant dépourvûs de leur humidité naturelle, s’approchent & s’unissent étroitement les uns aux autres, & forment un corps compact, resserré en ses parties, pesant à l’estomac. Ainsi l’œuf ne doit être ni glaireux, ni dur, mais d’une substance molle & humide, comme on le peut voir par ce vers de l’école de Salerne.

Si sumas ovum, molle sit atque novum.


Lemery, Traité des alimens.

Il est assez reçu que les œufs échauffent beaucoup, quand ils sont vieux ; cette qualité n’est pas annoncée par des effets assez déterminés, mais il est toujours sûr qu’ils sont d’un goût desagréable, & qu’ils sont plus sujets à se corrompre dans l’estomac que les frais.

Les plus mauvais de tous sont donc les vieux œufs durs, tels que les œufs de Pâques qu’on vend au peuple à Paris & dans plusieurs autres pays. Ces œufs sont sujets à peser sur l’estomac, à exciter des rapports fétides & âcres, des coliques, en un mot des vraies indigestions d’autant plus fâcheuses qu’elles sont ordinairement accompagnées de constipation ; car la propriété de resserrer le ventre qu’on attribue communément aux œufs durs, est très-réelle. Nous ne saurions cependant approuver la pratique fondée sur cette propriété qui fait des œufs durs un remede populaire & domestique contre les dévoimens.

Les auteurs de diete ont rapporté plusieurs signes, auxquels on peut reconnoitre si les œufs sont frais ou non ; mais les paysanes & les plus grossieres cuisinieres en savent plus, à cet égard, que n’en peuvent apprendre tous les préceptes écrits.

Mais quant à l’art de les conserver dans cet état de fraîcheur, il faut rendre justice à la science, elle a été plus loin que l’économie rustique. Le principal secret qu’avoit découvert celui-ci, & qui est encore en usage dans les campagnes consistoit à les garder sous l’eau ; mais M. Réaumur ayant considéré que les œufs ne perdoient leur état de fraîcheur que par une évaporation qui se faisoit à-travers les pores de leur coquille, laquelle en diminuant le volume des liqueurs dont l’œuf est formé, exposoit ces liqueurs à une altération spontanée, une espece de fermentation, un commencement de corruption, en un mot aux inconvéniens auxquels sont sujets les liqueurs fermentables gardées en vuidange ; il pensa que si l’on enduisoit les œufs d’un vernis qui empêchât cette transpiration, on parviendroit à retarder considérablement leur corruption. Le succès répondit à ses espérances : des œufs enduits d’un vernis à l’esprit-de-vin quelconque, d’une légere couche de cire, d’un mélange de cire & de poix résine, de graisse de mouton, &c. se conservent pendant plusieurs mois, & même pendant des années entieres dans l’état de la plus parfaite fraîcheur. Les enduits de colle de poisson, de gomme arabique &c. arrêtent moins parfaitement cette transpiration, parce que la liqueur que l’œuf exhale étant aqueuse, peut dissoudre une partie de ces dernieres substances, & se frayer ainsi quelques routes. On conserve aussi très-bien les œufs sous l’huile, mais cette liqueur bouche les pores bien moins exactement que les matieres graisseuses & résineuses concretes. Le suif y seroit très-bon, mais quoiqu’on puisse l’enlever facilement, l’idée de son emploi est toujours dégoûtante. M. de Réaumur donne la préférence à la graisse de mouton, parce qu’elle coûte très-peu, & qu’elle se sépare facilement de l’œuf en le faisant tremper dans l’eau chaude. La maniere de les enduire de graisse de mouton proposée par cet académicien, est fort simple & plus facile dans l’exécution, comme il l’observe lui-même, qu’on ne seroit tenté de croire d’abord. Il ne s’agit que de suspendre un œuf à un fil, dans lequel on l’engage comme dans une espece de ceinture au moyen d’un nœud coulant, & de le tremper une seule fois dans de la graisse fondue sur le feu. Voyez l’Histoire des insectes de M. de Réaumur, tome II. & Mémoires de l’académie royale des Sciences, année 1735.

Ce que nous avons dit des œufs jusqu’à présent convient à l’œuf entier, c’est-à-dire au blanc & au jaune mangés ensemble, & se tempérant mutuellement ; car chacune de ces substances considérée en particulier a des qualités diétetiques différentes. Le blanc ou partie glaireuse est beaucoup plus nourrissante, c’est à celle-là que convient principalement l’exagération d’Avicenne qui dit des œufs qu’ils engendrent autant de sang qu’ils pesent. Le jaune est moins nourrissant & plus échauffant ; c’est à cette substance qu’appartient spécialement la qualité aphrodisiaque ou excitant à l’amour, observée dans les œufs.

Boerhaave, qui a donné dans sa chimie un long examen du blanc d’œuf sans dire un mot du jaune, observe que cette matiere albumineuse étant portée jusqu’à la putréfaction vraiment alkaline, produit les plus terribles effets dans le corps animal, prise en la plus petite quantité, pauxillum, & même que sa seule odeur dissout les humeurs de notre corps à l’égal du venin de la peste, solo putrido halitu suo humores corporis nostri mirificè dissolvit, instar veneni pestilentialis. Cette proposition ne nous paroît guere moins outrée que celle de ce singulier Hecquet, qui dit dans son Traité des dispenses du carème, qu’un œuf est une quintessence naturelle, un soufre, un volatile, un feu prêt à s’allumer.

Plusieurs auteurs ont accordé aux œufs des vertus vraiment médicamenteuses. Hippocrate recommande les blancs d’œufs battus dans de l’eau de fontaine comme une boisson humectante, rafraîchissante & laxative, très-propre aux fébricitans, &c. Tout le monde connoît l’usage des bouillons à la reine, dont la base est le jaune d’œuf dans la toux & dans les coliques bilieuses. Ce dernier usage qui est le moins connu, peut être cependant regardé comme le meilleur par l’analogie qu’a le jaune d’œuf avec la bile, qu’il est capable d’adoucir en s’y unissant.

La même qualité du jaune d’œuf, savoir, sa qualité analogue à la bile, c’est-à-dire, savonneuse, capable de servir de moyen d’union entre les substances huileuses & les aqueuses, le rend très-propre à appaiser les tranchées violentes, & les autres accidens qui suivent quelquefois l’usage des violens purgatifs résineux : car le jaune d’œuf est capable de s’unir chimiquement à ces résines, & de les disposer par là à être dissoutes & entraînées par les liqueurs aqueuses, soit celles que fournissent les glandes des intestins, soit celles qu’on peut donner aux malades à dessein, quelque tems après lui avoir fait prendre des jaunes d’œuf.

On l’emploie d’avance au même usage, c’est-à-dire à prévenir ces accidens, si on ne donne ces résines âcres, qu’après les avoir dissoutes dans une suffisante quantité de jaune d’œuf, & étendus ensuite en triturant dans suffisante quantité d’eau, ce qui produit l’espece d’émulsion purgative dont il est parlé à la fin de l’article Émulsion. Voyez cet article.

Les baumes & les huiles essentielles peuvent aussi commodément être unis aux jaunes d’œuf, comme au sucre, pour l’usage médicinal : ce composé, qu’on pourroit appeller éléoon, est entierement analogue à l’éléosaccharum. Voyez cet article.

On trouve dans la pharmacopée de Paris un looch d’œuf, qui est un mélange d’huile d’amandes douces, de sirop & d’eaux distillées fait par le moyen d’un jaune d’œuf : l’union que tous ces ingrédiens contractent, est très-légere ; ainsi on peut en évaluer l’action particuliere par les vertus respectives de ces différens ingrédiens : quant à sa qualité commune ou collective, celle qu’elle doit à sa forme, à sa consistence de looch, & à la maniere de l’appliquer, voyez Looch.

Le jaune d’œuf trituré avec de la térébenthine, ou un autre baume naturel pour en composer les digestifs ordinaires des chirurgiens, exerce dans ce mélange la même propriété : il se combine avec ces baumes, en corrige par-là la ténacité & l’âcreté, les rend en partie miscibles aux sucs lymphatiques & capables d’être enlevés de dessus la peau par des lotions aqueuses. Au reste, il ne leur communique cependant ces propriétés qu’à demi, parce qu’il n’entre point dans ce mélange en assez grande quantité.

Le jaune d’œuf employé à la liaison des sausses, y opere encore par la même propriété : il sert à faire disparoître une graisse fondue qui y surnage en la combinant, la liant avec la partie aqueuse qui fait la base de ces sausses.

L’huile par expression retirée des jaunes d’œufs durcis, passe pour éminemment adoucissante dans l’usage extérieur ; mais elle ne possede évidemment que les qualités communes des huiles par expression. Voyez le mot Huile.

Le blanc d’œuf est l’instrument chimique le plus usité de la clarification. Voyez Clarification.

La propriété qu’a le blanc d’œuf dur exposé dans un lieu humide, de se resoudre en partie en liqueur, d’éprouver une espece de défaillance, le rend propre à dissoudre certaines substances dont on le remplit après en avoir séparé le jaune : les œufs durs ainsi chargés de myrrhe, fournissent l’huile de myrrhe par défaillance, voyez Myrrhe ; chargés de vitriol blanc & d’iris de Florence en poudre, un collyre fort usité, &c.

Le blanc d’œuf entre dans la composition du sucre-d’orge, de la pâte de réglisse blanche & de celle de guimauve, &c.

Enfin les coques ou coquilles d’œuf se préparent sur le porphyre pour l’usage médicinal : c’est un absorbant absolument analogue aux yeux d’écrevisse, aux écailles d’huitre, aux perles, à la nacre (voyez ces articles), & par conséquent on ne peut pas moins précieux. C’est par un pur caprice de mode que quelques personnes se sont avisées depuis quelque tems de porter dans leur poche une boîte de coquilles d’œufs porphyrisées, qu’on envoie de Louvain. Cette substance terreuse est un des ingrédiens du remede de mademoiselle Stephens. Voyez Remede de mademoiselle Stephens.

Œufs des insectes. (Hist. nat. des insect.) la maniere dont les insectes mâles commercent avec les femelles, quoique très-variée, rend la femelle féconde, & la met en état de pondre des œufs lorsqu’il en est tems.

La variété qu’il y a entre ces œufs est incroyable, soit en grosseur, soit en figures, soit en couleurs. Les figures les plus ordinaires de leurs œufs sont la ronde, l’ovale & la conique : les œufs des araignées & d’un grand nombre de papillons, quoique ronds, sont encore distingués par bien des variétés ; mais il faut remarquer que dans ces mêmes figures il y a beaucoup de plus ou de moins, & que les unes approchent plus des figures dont on vient de parler que les autres. Pour ce qui regarde les couleurs, la différence est plus sensible. Les uns, comme ceux de quelques araignées, ont l’éclat de petites perles ; les autres, comme ceux des vers-à-soie, sont d’un jaune de millet ; on en trouve aussi d’un jaune de soufre, d’un jaune d’or & d’un jaune de bois. Enfin il y en a de verds & de bruns ; & parmi ces derniers, on en distingue de diverses especes de bruns, comme le jaunâtre, le rougeâtre, le châtain, &c.

La matiere renfermée dans ces œufs (car la plûpart des insectes sont ovipares) est d’abord d’une substance humide, dont se forme l’insecte même qui en sort quand il est formé.

Tous les insectes ne demeurent pas le même espace de tems dans leurs œufs. Quelques heures suffisent aux uns, tandis qu’il faut plusieurs jours, & souvent même plusieurs mois aux autres pour éclorre. Les œufs qui pendant l’hiver ont été dans un endroit chaud, éclosent plutôt qu’ils ne le devroient, selon le cours de la nature. Les œufs fraîchement pondus sont très-mous ; mais au bout de quelques minutes ils se durcissent. D’abord on n’y apperçoit qu’une matiere aqueuse, mais bientôt après on découvre dans le milieu un point obscur, que Swammerdan croit être la tête de l’insecte, qui prend la premiere, selon lui, sa consistance & sa couleur.

L’insecte est plié avec tant d’art, que malgré la petitesse de son appartement, il ne manque pas de place pour former tous les membres qu’il doit avoir. On ne peut s’empêcher, en voyant ces merveilles, d’admirer la puissance de celui qui a su mettre tant de choses dans un si petit espace. Un très-grand nombre d’insectes semblent n’avoir presque d’autre soin pour leurs œufs, que celui de les placer dans des endroits où leurs petits, dès qu’ils seront éclos, trouveront une nourriture convenable. Aussi est-ce alors tout le soin que demandent ces œufs, & que le plus souvent les meres ne peuvent prendre, puisque quantité d’entr’elles meurent peu après qu’elles ont pondu ; ce soin cependant n’est pas toujours borné-là, bien des fois il est accompagné d’autres précautions.

Plusieurs enveloppent leurs œufs dans un tissu de cire très-serré ; d’autres le couvrent d’une couche de poils tirés de leur corps. Quelques especes les arrangent dans un amas d’humeur visqueuse, qui se durcissant à l’air, les garantit de tout accident. Il y en a qui font plusieurs incisions obliques dans une feuille, & cachent dans chacune de ces incisions un œuf. On en voit qui ont soin de placer leurs œufs derriere l’écorce des arbres, & dans des endroits où ils sont entierement à couvert de la pluie, du mauvais tems & de la trop grande ardeur du soleil. Quelques-uns ont l’art d’ouvrir les nervures des feuilles & d’y pondre leurs œufs ; de maniere qu’il se forme autour d’eux une excroissance qui leur sert tout-à-la-fois d’abri, & aux petits éclos d’alimens. Il y en a qui enveloppent leurs œufs d’une substance molle qui fait la premiere nourriture de ces animaux naissans, avant qu’ils soient en état de supporter des alimens plus solides, & de se les procurer. D’autres enfin font un trou en terre, & après y avoir porté une provision suffisante de nourriture, ils y placent leur ponte.

Si un grand nombre d’insectes, après avoir ainsi placé leurs œufs, les abandonnent au hasard, il y en a d’autres qui ne les abandonnent jamais ; tels sont par exemple quelques sortes d’araignées qui ne vont nulle part, sans porter avec elles dans une espece d’enveloppe tous les œufs qu’elles ont pondus. L’attachement qu’elles ont pour ces œufs est si grand, qu’elles s’exposent aux plus grands périls plutôt que de les quitter. Telles sont encore les abeilles, les guêpes, les frélons & plusieurs mouches de cet ordre. Les soins que les fourmis ont de leurs petits va encore plus loin, car ils s’étendent jusqu’aux nymphes dans lesquels ils doivent se changer. Les insectes ayant en général tant de soin de leurs œufs, il est aisé de comprendre la multitude incroyable de ces petits animaux sur la terre, dont une partie périt au bout d’un certain tems, & l’autre sert à nourrir les oiseaux & autres animaux qui en doivent subsister. (D. J.)

Œuf de serpent, (Littérat.) Une grande superstition des druides regardoit l’œuf des serpens. Selon ces anciens prêtres gaulois, les serpens formoient cet œuf de leur propre bave, lorsqu’ils étoient plusieurs entortillés ensemble. Dès que cet œuf étoit formé, il s’élevoit en l’air au sifflement des serpens, & il falloit, pour conserver sa vertu, l’attraper lorsqu’il tomboit ; mais celui qui l’avoit ainsi pris montoit d’abord à cheval pour s’enfuir, & s’éloignoit au plus vîte, parce que les serpens, jaloux de leur production, ne manquoient pas de pour suivre celui qui la leur enlevoit, jusqu’à ce que quelque riviere arrêtât leur poursuite.

Dès que quelqu’un avoit été assez heureux pour avoir un de ces œufs, on en faisoit l’essai en le jettant dans l’eau, après l’avoir entouré d’un petit cercle d’or ; & pour être trouvé bon, il falloit qu’il surnageât ; alors cet œuf avoit la vertu de procurer à celui qui le possédoit gain de cause dans tous ses différends, & de lui faire obtenir, quand il le desiroit, un libre accès auprès des rois mêmes.

Les druides recherchoient avec grand soin cet œuf, se vantoient souvent de l’avoir trouvé, & en vendoient à ceux qui avoient assez de crédulité pour ajouter foi à toutes leurs rêveries. Pline, en traitant ce manege de vaine superstition, nous apprend que l’empereur Claude fit mourir un chevalier romain du pays des Vocontiens (de la Provence), pour cette seule raison qu’il portoit un de ces œufs dans son sein, dans la vue de gagner un grand procès. Il nous reste un ancien monument sur lequel sont deux serpens, dont l’un tient dans la gueule un œuf que l’autre façonne avec sa bave. (D. J.)

Œufs de mer, (Hist. nat.) ce sont des échinites ou oursins pétrifiés.

Œufs de serpens, (Hist. natur.) ovum anguium, nom donné par Boëce de Boot & par quelques autres naturalistes à une espece d’échinites ou d’oursins pétrifiés.

Œuf philosophique, espece de petit matras ayant la forme d’un œuf, & portant son cou à l’un de ses bouts, c’est-à-dire selon la direction de son grand diametre. Ce vaisseau doit être fait d’un verre très-épais & très fort. On l’emploie aux digestions de certaines matieres peu volatiles, & ordinairement métalliques, qu’on y enferme en le scellant hermétiquement. (b)

Œuf des druides, (Hist. anc.) chez les Celtes ou les premiers habitans des Gaules, les druides ou prêtres exerçoient la Médecine ; ils attribuoient sur-tout des vertus merveilleuses à ce qu’ils appelloient l’œuf des serpens. Cet œuf prétendu étoit formé, selon eux, par l’accouplement d’un grand nombre de serpens entortillés les uns dans les autres : aussi-tôt que ces serpens commençoient à siffler, l’œuf s’élevoit en l’air, & il falloit le saisir avant qu’il fût retombé à terre ; aussi tôt après il falloit monter à cheval, & fuir au galop pour éviter la fureur des serpens, qui ne s’arrêtoient que lorsque le cavalier avoit franchi quelque riviere. Voyez Pline, Hist. nat. liv. XXIX. ch. iij. Voyez plus haut Œufs de serpent.

Œuf d’Orphée, (Hist. anc.) symbole mystérieux dont se servoit cet ancien poëte philosophe, pour désigner la force intérieure & le principe de fécondité dont toute la terre est impregnée, puisque tout y pousse, tout y végete, tout y renaît. Les Egyptiens & les Phéniciens avoient adopté le même symbole, mais avec quelque augmentation ; les premiers en représentant un jeune homme avec un œuf qui lui sort de la bouche ; les autres en mettant cet œuf dans celle d’un serpent dressé sur sa queue. On conjecture que par-là les Egyptiens, naturellement présomptueux, vouloient faire entendre que toute la terre appartient à l’homme, & qu’elle n’est fertile que pour ses besoins. Les Phéniciens au contraire, plus retenus, se contentoient de montrer que si l’homme a sur les choses insensibles un empire très-étendu, il en a moins sur les animaux, dont quelques-uns disputent avec lui de force, d’adresse & de ruses. Les Grecs, qui respectoient trop Orphée pour avoir négligé une de ses principales idées, assignerent à la terre une figure ovale. Voyez l’Histoire critique de la Philosophie par M. Deslandes. (G)

Œuf d’Osiris, (Hist. anc.) les Egyptiens, si l’on en croit Hérodote, racontoient qu’Osiris avoit enfermé dans un œuf douze figures pyramidales blanches pour marquer les biens infinis dont il vouloit combler les hommes ; mais que Typhon son frere ayant trouvé le moyen d’ouvrir cet œuf, y avoit introduit secrettement douze autres pyramides noires, & que par ce moyen le mal se trouvoit toujours mêlé avec le bien. Ils exprimoient par ces symboles l’opposition des deux principes du bien & du mal qu’ils admettoient, mais dont cette explication ne concilioit pas les contrariétés. (G)

Œufs, en terme de Metteur en œuvre, sont de petites cassolettes ou boîtes de senteur qui sont suspendues à chaque côté de la chaîne d’un étui de piece. Voyez Étui de piece.

Œuf, (Rafin. de sucre.) on nomme ainsi dans les moulins à sucre, le bout du pivot du grand tambour, à cause qu’il a la figure de la moitié d’un œuf d’oye. Cette piece s’ajoute au pivot, & y tient par le moyen d’une ouverture barlongue qu’on y fait ; elle est d’un fer acéré posée sur une platine ou crapaudine de même matiere.

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Étymologie de « oeuf »

Berry, œu ; bourg. eu ; wallon,  ; picard, , œuf, u, œufs ; provenç. ov, uov, ueu ; cat. ou ; espagn. huevo ; port. ovo ; ital. uovo ; du lat. ovum ; grec, ὠὸν ; all. Ei ; angl. egg. ; gaél. ubh ; bas-bret. ui ; irl. ugh. Comme on a pour ὠὸν les formes dialectales argien ὤϐεον et lesbien ὤϊον, on peut supposer, pour forme grecque primitive, ὤϝιον, répondant à ovum, et que Benfey, approuvé par Curtius, a conjecturé représenter en sanscrit un avyam, qui serait un adjectif venant d'avi, oiseau, et qui équivaudrait pour le sens à ὀρνίθειον.

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Phonétique du mot « oeuf »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
oeuf œyf

Fréquence d'apparition du mot « oeuf » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « oeuf »

  • L'oeuf ne danse pas avec la pierre.
    Proverbe africain
  • Est-ce l'oeuf le père de la poule ou la poule la mère de l'oeuf ?
    Raymond Devos
  • Ensuite, mélangez 2 cuillères de crème avec un oeuf. Puis formez des trous à une phalange pliée dans la brioche, nappez la brioche, puis versez le mélange dans les trous. Pour finir, saupoudrez la préparation de vergeoise ou de sucre cassonade, ajoutez 40 grammes de morceaux de beurre un peu partout. Enfin, enfournez la brioche au sucre 25 minutes à 190°C.Vous avez des questions à poser à Cyril Lignac ? Une idée de recette ? Réagissez dans les commentaires de cet article, le chef vous répondra dans sa chronique tous les matins à 8h55.
    RTL.fr — Cyril Lignac partage sa recette pour une tarte au sucre savoureuse
  • Dans l'eau bouillante, la carotte se ramollie, l'oeuf devient dur et le grain de café donne une autre saveur à la vie. Cela vient d'une fable inspirante racontée dans un best-seller par deux auteurs, Jon Gordon et Damon West. 
    RTL.fr — Bien-être : ne laissez pas les tempêtes de la vie vous anéantir
  • Sur un fond de mayonnaise, déposez la salade puis les oeufs coupés en deux et tranchez la Boutargue en fines lamelles sur l’oeuf.
    France Inter — Les oeufs mayo à la Poutargue
  • Si le lien entre consommation d'oeufs et augmentation du risque de cholestérol est souvent débattu, uUne étude menée récemment par l’université d’Australie du Sud, révèle que les personnes qui consomment régulièrement un ou plusieurs oeufs par jour augmenteraient aussi leur risque de diabète. Conduite en partenariat avec la China Medical University et l'Université du Qatar entre 1991 et 2009 auprès de  8545 adultes âgés de 18 ans et plus, c’est la première étude qui évalue la consommation d’œufs dans un aussi large échantillon de personnes. Elle indique qu'une consommation d'oeuf quotidienne augmente le risque de diabète de 60%.
    Topsante.com — Les œufs sont-ils bons pour la santé ? - Top Santé
  • L'amour est un oeuf frais Le mariage est un oeuf dur Et le divorce un oeuf brouillé.
    Père d'Oliban
  • Un plan social au centre de conditionnement des oeufs Matines à Montdidier. Selon nos informations la société qui emploie 48 personnes va cesser son activité le 31 mars 2021 sur la zone industrielle de la Roseraie .
    France Bleu — Le site de conditionnement d'oeufs Matines à Montdidier va fermer en mars prochain
  • Pendant ces fêtes, de grands chefs du Limousin revisitent nos recettes traditionnelles. Pâté de pommes de terre, boeuf, chou farci, potée... Aujourd'hui, un dessert, la flognarde revue et corrigée par le chef Stéphane Nougier installé à Saint-Etienne-de-Fursac en Creuse.
    France 3 Nouvelle-Aquitaine — Plats de fêtes : la flognarde du Limousin réinventée par un grand chef de Creuse
  • Le passé est un œuf cassé, l'avenir est un œuf couvé.
    Eugène Grindel, dit Paul Eluard — Les Sentiers et les routes de la poésie, le Boniment fantastique , Gallimard
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Traductions du mot « oeuf »

Langue Traduction
Anglais egg
Espagnol huevo
Italien uovo
Allemand ei
Chinois
Arabe بيضة
Portugais ovo
Russe яйцо
Japonais
Basque arrautza
Corse ovu
Source : Google Translate API

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Nombre de points du mot oeuf au scrabble : 7 points

Oeuf

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