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Narquois

Variantes Singulier Pluriel
Masculin narquois
Féminin narquoise narquoises

Définitions de « narquois »

Trésor de la Langue Française informatisé

NARQUOIS, -OISE, adj. et subst. masc.

I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers.] Qui se moque avec ironie et malice. Synon. goguenard.Elle leur criait donc à tue-tête: L'homme numéro 2! Écoutez, l'homme numéro 4! Cela faisait grandement rire nos paysans narquois (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.418).Elle était terriblement dure et narquoise, comme si elle avait joué tout le temps à cache-cache avec moi (Nizan, Conspir., 1938, p.238).V. dévisager ex. 2.
B. − [En parlant de l'attitude phys., intellectuelle ou mor. d'une pers.] Qui exprime, manifeste une ironie ou une raillerie malicieuse. Synon. caustique, gouailleur.
1. [En parlant de l'attitude d'une pers.] Un des illustres et audacieux marchands du nouveau boulevard Beaumarchais (...) dont le narquois enthousiasme fait renchérir de jour en jour les curiosités, qui, disent-ils, deviennent si rares, qu'on n'en trouve plus (Balzac, Cous. Pons, 1847, p.69).Ils clignaient à l'abri des lunettes, et leurs prunelles dardaient un scintillement soudain, pétillaient de narquoise roublardise (Genevoix, Raboliot, 1925, p.122).
SYNT. Accent, air, expression, mimique, mine, regard, sourire, visage narquois(e); impertinence, indulgence, ironie, humeur narquoise.
2. [En parlant d'un discours] Propos narquois; paroles, réflexions, réponses narquoises. Je ne sais quel sentiment d'absolue irrémédiabilité le récit assez narquois de cette horrible aventure me fit éprouver, mais j'ai pleuré longtemps après l'avoir entendu, comme je ne me croyais plus capable de pleurer (Breton, Nadja, 1928, p.114).
II. − Subst. masc., vx, arg.
A. − ,,Soldat vagabond et qui mendie`` (Esn. 1966, s.v. narquin). C'était une espèce de faux soldat, un narquois, comme on disait en argot, qui défaisait en sifflant les bandages de sa fausse blessure (Hugo, N.-D. Paris,1832, p.100).
B. − Adj. et subst. masc. sing. Le (langage) narquois. L'argot, le jargon des malfaiteurs. Toi (...) qui (...) me fis bandit émérite. Tu m'appris à parler le narquois, à me déguiser de vingt manières diverses (Gautier, Fracasse, 1863, p.75).
Prononc. et Orth.: [naʀkwa], fém. [-wa:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Subst. a) ca 1590 «soldat en état de vagabondage» (Des Accords, Escrign. dijonn., fo27 vo, édit. 1608 ds Gdf.); b) 1611 «argot, jargon des voleurs» (Cotgr.); 1636 parler narquois «parler un certain jargon entendu seulement par ceux qui sont d'intelligence entre eux» (Monet); c) 1620 «voleur, filou» (Lettre de la ville de Tours à celle de Paris ds Michel, p.290); 2. adj. a) 1653 langage Narquois «argot» (Scarron, Virgile travesti, livre VII ds Œuvres, éd. 1786, t.4, p.468); b) 1694 «rusé, qui se plaît à tromper et à railler» (La Fontaine, Fables, XII, 8, éd. H. Regnier, t.3, p.228); c) 1842 «qui exprime la raillerie» (Balzac, Début vie, p.306). Orig. inc. (v. FEW t.23, p.132). D'apr. Michel, pp.289-290 (hyp. reprise par Sain. Arg., p.183) narquois serait une var. de narquin, att., comme arquin dont il est lui-même une altération (par agglutination de la nasale de l'art. ind.), en 1530 au sens de «soldat voleur, drille» (La Vie de Sainct Christofle par Maistre Chevalet, 1rejournée cité ds Michel, p.xjl à xlv; dans ce passage Arquin est un nom propre). Arquin, issu de arc* désignait primitivement l'archer et, par une ext. de sens comparable à celle de matois* (très fréq. associé à narquois dans les textes), narquin, narquois, du sens primitif de «soldat», auraient désigné «le voleur, le filou». Le sens mod. de l'adj. résulte d'un affaiblissement de sens comparable à celui de drille*. Fréq. abs. littér.: 239. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 94, b) 309; xxes.: a) 501, b) 467.
DÉR. 1.
Narquoisement, adv.D'une manière narquoise. Synon. ironiquement, malicieusement, moqueusement.Il disait narquoisement au médecin: − Je viens de manger une omelette au lard avec des fines herbes (Renard, Journal, 1897, p.424).Toi-même, si narquoisement curieux de mes malheurs (Colette, Dialog. bêtes, 1905, p.17). [naʀkwarzmɑ ̃]. 1reattest. 1846 (Besch. Suppl.); de narquois*, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 10.
2.
Narquoiserie, subst. fém.,rare. Caractère narquois; moquerie, raillerie malicieuses. La narquoiserie de son visage s'est envolée, et il a le sourire inexpressif d'un gros et épais bourgeois en visite (Goncourt, Journal, 1887, p.729).Ce dernier vers du refrain, qui dans le patois est bien autrement saisissant de peur et de narquoiserie mêlées (Barrès, Colline insp., 1913, p.298). [naʀkwazʀi]. 1reattest. 1866 (Veuillot, Odeurs de Paris, p.84); de narquois*, suff. -erie*.
BBG.Darm. 1877, p.99 (s.v. narquoiserie).

Wiktionnaire

Nom commun - français

narquois \naʁ.kwa\ masculin, singulier et pluriel identiques

  1. (Argot) (Vieilli) Mendiant ou vagabond habillé en soldat.
    • C’était une espèce de faux soldat, un narquois, comme on disait en argot, qui défaisait en sifflant les bandages de sa fausse blessure, et qui dégourdissait son genou sain et vigoureux, emmailloté depuis le matin dans mille ligatures. — (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832)
  2. (Argot) (Vieilli) Sorte d’argot utilisé pour tromper.
    • Jusqu’à Vidocq, tous les témoignages attestent le caractère cryptologique du jobelin, du blesquin, du narquois, de l’argot, langages secrets et conventionnels dont se servent les classes criminelles pour éluder l’attention de leurs dupes. — (Pierre Guiraud, L’argot, Que sais-je?, 1956)
    • Il en est ainsi de celles que les voleurs ont forgées pour n’être entendus que de ceux de leur bande, ce que les Allemands appellent Rothwelsch, les Italiens Lingua zerga, les Français le Narquois, mais qu’ils forment ordinairement sur les langues ordinaires qui leur sont connues, soit en changeant la signification reçue des mots par des métaphores, soit en faisant de nouveaux mots par une composition ou dérivation à leur mode. — (Gottfried Wilhelm Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain, Livre III, chapitre ii, Félix Alcan, 1900 ⟨paru en 1765, rédigé en 1704⟩, pages 236)

Adjectif - français

narquois \naʁ.kwa\

  1. Qui exprime la ruse et la moquerie.
    • Les autres approchaient, goguenards, hurlant toujours et bientôt les deux groupes s’affrontèrent, l’un joyeux et narquois, l’autre ahuri et digne. — (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • L’opposition assistait avec une sorte de pitié narquoise à l’affolement de la majorité. — (Philippe Henriot, Le 6 février, 1934)
    • Vous verrez voir qu’il va revenir ! précisa d’un ton narquois la débitante. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Elle me lorgne, l’œil narquois, méchant pour tout dire. — (Philippe Delaroche, Caïn et Abel avaient un frère, Éditions de l’Olivier / Le Seuil, 2000, page 112)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NARQUOIS, OISE. adj.
Qui exprime la ruse et la moquerie. Un air narquois. Un sourire narquois. Une physionomie narquoise.

Littré (1872-1877)

NARQUOIS (nar-koî, koî-z') adj.
  • 1Qui se plaît à tromper et à railler. Un paysan narquois. Maint vieux chat, fin, subtil et narquois, Et d'ailleurs en voulant à toute cette race, Les guetta, les prit, fit main basse, La Fontaine, Fabl. XII, 8.

    Substantivement. C'est un narquois, une narquoise.

  • 2Narquois a signifié autrefois voleur, filou. Quoi, ma bonne dame, quand non-seulement tous vos charlatans, coupe-bourses, narquois, matois, brelandiers, affronteurs, tirelaines, magiciens, faux jouailiers, usuriers… seraient pour telle cause réduits à l'aumône, etc…, Lettre de la ville de Tours à celle de Paris, 1620, dans FR. MICHEL, Argot.
  • 3Parler narquois, parler un jargon qui n'est entendu que de ceux qui sont d'intelligence ensemble pour tromper quelqu'un. En narquois de Bigot, on appelle ce que je viens de vous dire en vers…, Scarron, Lettres, Œuv. t. I, p. 239. Un jour qu'on disait à feu Armentières que M. d'Angoulême savait je ne sais combien de langues : Ma foi, dit-il, je croyais qu'il ne savait que le narquois, Tallemant, Historiettes, édit. in-12, t. I, p. 220. (par allusion aux habitudes d'escroquerie qu'avait M. d'Angoulême). Dans un autre lieu… est un noble édifice qui sert de bibliothèque aux coquets ; elle est… fournie de plusieurs manuscrits… tant en la langue vulgaire que narquoise, L'Abbé D'Aubignac, Nouvelle histoire du temps, etc. 1655, in-12, p. 48.

HISTORIQUE

XVIe s. Ce bon homme fut aperceu par un grand desgouté narquois, qui le congnoissoit à sa physionomie propre à estre denyaisè, Des Accords, Escraignes dijonnoises, p. 27, dans LACURNE.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « narquois »

Même radical que narguer.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Nom commun) Peut-être de l’ancien français narquin (« soldat, vagabond »)[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « narquois »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
narquois narkwa

Fréquence d'apparition du mot « narquois » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « narquois »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « narquois »

  • Alertés de cette présence nocturne, les gendarmes arrivés sur place sont donc accueillis par un flot d’insultes. Ivre, le garçon se moque ouvertement des militaires « avec un sourire narquois », en se frappant le postérieur et en lançant une série de doigts d’honneur.
    L'Aigle. Six mois de prison dont trois ferme pour outrage à gendarmes | Le Réveil Normand
  • Assis sur des feuilles de vigne, un grand faune narquois et grimaçant accueille les visiteurs. L’imposant emblème du musée de Lodève (14 tonnes, 4 mètres de haut) fête ses cent ans. Paul Dardé lui a donné la vie dans son atelier parisien en 1920, période de gloire du sculpteur, couronné la même année du Prix national des arts. Le Faune rejoint les collections de l’État au moment où son créateur retourne sur ses terres natales lodévoises.
    midilibre.fr — Paul Dardé, sculpteur idéaliste - midilibre.fr
  • Me remettre en question et faire le point sur ma vie me permet de mieux me protéger d’abord. Me protéger face aux gens narquois, mesquins et manipulateurs qui ont su par le passé profité de ma gentillesse — ce qui m’a d’ailleurs longtemps fait souffrir. Ensuite, faire le point pour me reconstruire. Reconstruire une nouvelle vie sera certainement indispensable. À moi de faire de mon mieux. Enfin, faire le point pour vivre mieux.
    Nathéo Dillenseger — Tout près du vide

Traductions du mot « narquois »

Langue Traduction
Anglais sly
Espagnol astuto
Italien sornione
Allemand schlau
Chinois 狡猾
Arabe خبيث ماكر
Portugais astuto
Russe лукавый
Japonais ずるい
Basque sly
Corse simpaticu
Source : Google Translate API

Synonymes de « narquois »

Source : synonymes de narquois sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « narquois »

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Narquois

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