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Marotte

Variantes Singulier Pluriel
Féminin marotte marottes

Définitions de « marotte »

Trésor de la Langue Française informatisé

MAROTTE, subst. fém.

A. − [Désignant une figurine ou une figure]
1. Poupée ancienne montée sur un bâton, reprise à l'époque moderne comme marionnette (d'apr. Giteau 1970). Çà et là, sur les lits, il y a des jouets. Oh! bien modestes: pour les petites filles, ce sont des poupées, des marottes plutôt, habillées en peignoir d'indienne (Loti,Livre de la pitié, 1891, p. 168).
En partic. Sceptre fait d'un bâton surmonté d'une tête grotesque coiffée d'un capuchon à grelots, considéré comme le symbole de la folie et servant d'attribut aux bouffons de cour. Après tout, le courtisan garde son hochet, sa livrée et son impudence, et de cela il vit comme un fou de sa marotte (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 412).On a trouvé, au même endroit [dans l'Yonne], quelques sujets en terre qui rentrent plutôt dans le domaine de la fantaisie: telle est cette figure de fou, d'un style vraiment charmant et qui, avec son bonnet à grelots, rappelle tout à fait les représentations que l'on rencontre dans les manuscrits du quinzième siècle; ce petit personnage tient à la main une marotte qui semble être sa vivante image (D'Allemagne,Hist. jouets, 1902, p. 150):
1. ... un nouvel Éloge de la folie, qui semblera frivole à la frivolité, mais où les sages reconnaîtront la sagesse prudemment cachée sous la marotte et le bonnet vert. A. France,Opinions J. Coignard, 1893, p. 119.
2. P. anal. Mannequin en bois, en carton ou en quelque autre matière, ayant la forme d'une tête de femme, utilisé par les modistes et les coiffeurs pour la confection ou la présentation de leurs modèles. L'art de Morandi n'est pas sans évoquer aussi bien le purisme que les objets dans l'espace de Fernand léger, ou que, également, les natures mortes de Derain. On y rencontre, bien entendu, des têtes de mannequins, de ces marottes que les modistes utilisent pour bâtir leurs chapeaux (Cassou,Arts plast. contemp., 1960, p. 466).
B. − P. anal., TECHNOL. ,,Chevalet surmonté d'un étau en bois, au moyen duquel le tonnelier maintient les douves et les fonds à dresser`` (Lar. encyclop.; ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., Rob.).
C. − Au fig. (de A 1 en partic.), fam. Ce qui fait l'objet d'un goût excessif, maniaque. Synon. idée fixe, manie, dada.Chacun a sa marotte; avoir une marotte, la marotte de qqc., de faire qqc. Pour nous qui sommes habitués, ils [les fous] ne sont pas si différents des autres. Vous savez, quand ils vous parlent, il y a toujours quelque chose de sensé dans leurs marottes (Lacretelle,Hts ponts, t. 4, 1935, p. 204).Institué en 1954, il [le pari tiercé] est devenu la marotte de trois millions de Français chaque dimanche (Zitrone,Courses, 1962, p. 45):
2. On le classera avantageusement [un individu] parmi ses pairs, s'il a en tête quelque marotte littéraire, si on lui connaît des goûts délicats, un peu maladifs ou mieux encore, dans la manière de vivre et de se comporter, quelque dépravation curieuse et dégoûtante. Aymé,Confort, 1949, p. 99.
Prononc. et Orth.: [maʀ ɔt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1468 «image de la Vierge» (Speculum des pecheurs ds Gdf.); 2. a) ca 1470 «attribut donné à la folie, sceptre que surmonte une tête à capuchon bigarré, garni de grelots» (Proverbes en rimes, éd. G. Frank et D. Miner, 542); b) 1765 «buste en carton peint qui sert aux hommes de la campagne pour dresser leurs coiffes» (Musset, Glossaire des patois et des parlers de l'Aunis et de la Saintonge); 1902 «tête de femme, en bois, carton, cire..., dont se servent les modistes, les coiffeurs...» (Nouv. Lar. ill.); c) 1902 «chevalet du tonnelier» (ibid.); 3. a) 1618 «idée folle» (Bruscambille, Fantaisies, p. 229); b) 1639 «idée fixe» (Chapelain, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, I, 529). Dimin. de Marie (cf. mariole). Le sens de «poupée» subsiste dans les dial. du Nord. Fréq. abs. littér.: 110. Bbg. Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. Paris, 1973, p.117. _ Migl. Nome propr. 1968 [1927], p. 123, 213, 235, 255, 300.

Wiktionnaire

Nom commun - français

marotte \ma.ʁɔt\ féminin

  1. Sceptre de la folie, surmonté d’une tête grotesque coiffée d’un capuchon bigarré de différentes couleurs et garnie de grelots[3].
    • Mon bonnet de fou me servait de casque, et ma marotte de bâton. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Voici venir la Saint-Martin et ses brandons, Noël et ses bougies, le jour de l’an et ses joujoux, les Rois et leur fête, le Carnaval et sa marotte. — (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
    • Dès que le jour tombe, les clochers deviennent foules et font danser leurs carillons comme des grelots de marottes. — (Alphonse Daudet, Paysages d’insurrection, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, collection Le Livre de Poche, 1974, page 89)
  2. (Par extension) Marionnette dont la tête est fixée sur un bout de bois.
  3. (Par extension) Tête en bois, en carton ou en cire, dont se servent les modistes et les coiffeurs pour exposer leurs modèles.
  4. (Familier) (Figuré) Idée fixe, opinion, sentiment dont on s’est engoué, qu’on adapte à toutes les circonstances et dont on ne cesse de parler.
    • Si je vous montrais ma volumineuse correspondance, vous verriez que l’un de nos plus grands anthropologues émet l'idée de mettre directement le sanscrit à contribution pour la formation des mots nécessaires à une langue universelle. Un autre, un de nos géographes les plus distingués, voudrait que l’on prit tout simplement l’anglais - opinion qui est généralement répandue en Allemagne - mais, comme je l’expliquerai bientôt dans la deuxième brochure que je vais faire paraître, cette idée doit être abandonnée. Un troisième, agrégé d’une des Universités les plus importantes de Hollande, tient absolument à prendre comme base le grec. Chacun, comme on le voit, a sa petite marotte. — (Léopold Einstein, Volapük et Lingvo Internacia, 1889)
    • Trop souvent les médecins, à partir d’un certain âge, entrent dans une série de marottes dont ils ne se départissent plus, qu’ils appliquent à tous indistinctement. Henry se méfiait de ces cristallisations. — (Léon Daudet, ‘’Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Salons et Journaux’’, Grasset, 1917, réédition Le Livre de Poche, page 322)
    • — Nous irons habiter ailleurs.
      — Mais tu ne pourrais pas, mon pauvre Jules ! Tu as tes habitudes, tes marottes… Car tu es un homme à marottes… Si on oubliait de chauffer tes pantoufles, tu serais malheureux…
      — (Georges Simenon, Les Demoiselles de Concarneau, Gallimard, 1936, réédition Folio, page 115)
    • C'est pour vous faire plaindre, vous donner bonne conscience, vous distinguer ! C'est votre petite marotte ! — (Réjean Ducharme, L'hiver de force, Gallimard, 1973, page 66)
    • Les gens raffolent de voir leur blase gravé. Ça les mène au cimetière, cette marotte. — (San Antonio, Réflexions définitives sur l'au-delà , S-A 9 , Fleuve noir, 2000)
  5. (Marine) Tableau avant d'un dériveur dont l'étrave est tronquée.
  6. (Normandie) (Vieilli) Petite fille.
  7. (Tonnellerie) Chevalet de tonnelier, banc possédant une sorte de valet pour bloquer les bois, et que l'on maintient serré avec la force des pieds.
    • Souvent désigné sous le nom de selle à tailler ou de marotte, est l’instrument dont le tonnelier se sert le plus fréquemment. C’est un banc surmonté d’un support en bois qui sert à l’ouvrier à maintenir les planches qu’il doit tailler. — (R. Brunet, Manuel de Tonnellerie, Baillières, Paris 1925)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MAROTTE. n. f.
Sorte de sceptre qui est surmonté d'une tête coiffée d'un capuchon bigarré de différentes couleurs et garnie de grelots. Ceux qui faisaient autrefois le personnage de fou, chez les rois et chez les grands seigneurs, portaient une marotte. On représente la Folie une marotte à la main. Il se dit, par extension, des Têtes en bois, en carton ou en cire, dont se servent les modistes et les coiffeurs pour exposer leurs modèles. Il se dit, figurément et familièrement, d'une Sorte d'idée fixe, d'une opinion, d'un sentiment dont on s'est engoué, qu'on adapte à toutes les circonstances et dont on ne cesse de parler. Ce sujet est revenu dix fois dans sa conversation : c'est sa marotte. La paix universelle est sa marotte. Vous le trouverez entiché d'une nouvelle marotte.

Littré (1872-1877)

MAROTTE (ma-ro-t') s. f.
  • 1Espèce de sceptre qui est surmonté d'une tête coiffée d'un capuchon bigarré de différentes couleurs, et garnie de grelots ; c'est l'attribut de la Folie, et c'était celui des fous des rois. Un fou reçoit ses grelots et sa marotte en cérémonie, Voltaire, Dial. XXIV, 10.

    Fig. Le ciel nous dote D'une marotte Tour à tour grave et quinteuse et falote, Béranger, Troubad.

    Il devrait porter la marotte, c'est un extravagant.

  • 2 Fig. et familièrement. Objet de quelque folie. Jugeant qu'il y avait assez de fous dans Paris pour ne laisser croupir cette marotte [les rêveries des rose-croix], Naudé, Rosecroix, III, 5.

    Objet de quelque affection folle et déréglée. Une femme stupide est donc votre marotte ? - Tant, que j'aimerais mieux une laide bien sotte, Qu'une femme fort belle avec beaucoup d'esprit, Molière, Éc. des f. I, 1. Nous avons la marotte d'être délicats, parce que cela donne un air plus tendre, Marivaux, Surpr. de l'amour, I, 2. Chaque siècle a eu sa marotte, Voltaire, Lett. à M***, 5 janv. 1759.

HISTORIQUE

XVIe s. Puis en majesté presidentale, tenant sa marotte on poing, comme si feust un sceptre, Rabelais, Pant. III, 37. Si monsieur de Bonnivet, qui estoit admiral, en estoit cause [de la révolte du connétable de Bourbon], je n'en say rien ; mais on le disoit ; quelqu'un toujours porte la marotte [est l'objet d'imputations], Montluc, Mém. t. II, p. 213, dans LACURNE. Blasmant, lorsqu'il en parloit à ses plus affidez, infiniment ceux qui l'avoient voulu coiffer de cette marotte [impliquer dans une certaine entreprise], estant là ses propres termes, Sully, Mém. t. III, p. 24, dans LACURNE. Il en est plus assotté qu'un fol de sa marotte, Cotgrave Au fol la marotte, Cotgrave Fol est qui sa marotte ne cognoist et ne la maine comme il doit, Cotgrave Si tous les fols portoient marotte, on ne sçait pas de quel bois on se chaufferoit, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MAROTTE. Ajoutez :

3 Nom diminutif de Marie, que le peuple donnait à Rouen aux jeunes filles, avant qu'elles fussent entrées dans l'adolescence, Tougard, Une page d'hist. locale, p. 13.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « marotte »

Il vient de Marie de la même façon que marionnette. Marotte pour Mariotte est un des diminutifs de Marie : Vive mon aimable Marote ; Pour ses yeux doux Nous sommes tous, Tous à Marote, Muses coquettes, dans RICHELET.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : Dans la haute Bretagne, marotte signifie un bâton avec un gros bout.

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(1468) Apparait avec le sens de « image de la vierge Marie ». Diminutif[1] de Marie → voir mariole.
Le sens de « sceptre grotesque » pourrait provenir de mérotte (« petite mère, petite poupée ») ou de mariotte, marie (« poupée »)[2], de Marie (« statuette de la vierge Marie »), et donne par extension le sens de « marionnette sur un baton ».
Le sens de « tête en bois pour modistes » est présent dans le Larousse illustré de 1902, par extension du sens de « buste en carton pour dresser les coiffes » (1765)[1], probablement par extension du sens de « poupée, marionnette ».
Le sceptre grotesque étant l'attribut du fou du roi, la marotte (par extension figurée) prend aussi le sens de « objet d’une passion folle », attesté en 1618 et 1639[1][2].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « marotte »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
marotte marɔt

Fréquence d'apparition du mot « marotte » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « marotte »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « marotte »

  • La vérité ? Une marotte d'adolescent, ou un symptôme de sénilité.
    Emil Michel Cioran — La Tentation d'exister
  • A chaque fou sa marotte.
    Proverbe français
  • S'il n'a jamais résidé en Outre-mer, son expérience du dialogue avec les élus locaux devrait lui servir pour comprendre les attentes des 2,6 millions de Français qui y vivent. Le local, c'est la marotte de cet ex-LR au profil très politique et « ancien monde », malgré son jeune âge​.
    Les Echos — Remaniement : Sébastien Lecornu nommé ministre des Outre-mer | Les Echos
  • Lorsqu’une personne poursuit une idée fixe ou un loisir auquel il consacre une grande partie de son temps, on dit parfois qu’elle «a une marotte».
    CNEWS — D'où vient l'expression «avoir une marotte» ? | CNEWS

Images d'illustration du mot « marotte »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « marotte »

Langue Traduction
Anglais hobby
Espagnol pasatiempo
Italien passatempo
Allemand hobby
Chinois 爱好
Arabe هواية
Portugais passatempo
Russe хобби
Japonais 趣味
Basque zaletasun
Corse hobby
Source : Google Translate API

Synonymes de « marotte »

Source : synonymes de marotte sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot marotte au scrabble : 9 points

Marotte

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