Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « lunette »
Lunette
Sommaire
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Féminin | lunette | lunettes |
Définitions de « lunette »
Trésor de la Langue Française informatisé
LUNETTE, subst. fém.
Wiktionnaire
Nom commun - français
lunette \ly.nɛt\ féminin
-
(Astronomie) Instrument optique, composé d’un ou de plusieurs verres, taillés de manière à faire voir les objets plus grands qu’à l’œil nu, ou à rendre la vue plus nette et plus distincte.
- Maintenant, pour éviter une grande partie de l’effet de la différente réfrangibilité des rayons, on peut faire cette seconde lunette d’une seule pièce de verre massif, comme je l’ai fait exécuter avec deux morceaux de verre blanc. — (Georges-Louis Leclerc de Buffon, Introduction aux minéraux, dans Histoire naturelle, Dufart à Paris, an VII (1799), tome 5, page 391)
- La lunette (astronomique) se compose d’un tube qui porte à son extrémité supérieure une lentille convexe appelée objectif, et à son extrémité inférieure une seconde lentille nommée oculaire, à laquelle s’applique l’œil de l’observateur. Les rayons émanent de l’objet lumineux traversent la première lentille et vont, par réfraction, former une image renversée à son foyer. Cette image, on l’observe avec l’oculaire, qui la grossit exactement comme ferait une loupe. Le tube de la lunette est donc fermé à chaque extrémité par l’objectif et l’oculaire. — (Jules Verne, De la terre à la Lune)
- On a vu en outre que, dans la lunette astronomique, on peut fixer la ligne de visée au moyen d’un réticule : ce résultat ne peut être obtenu avec la lunette de Galilée, dans laquelle il ne se forme pas d’image réelle. — (Émile Fernet, Cours de physique pour la classe de mathématiques spéciales, page 449, G. Masson, 1878)
- Cette nuit, nous aperçûmes un voilier; cette rencontre était si extraordinaire dans ces parages infréquentés, qu'elle causa à bord un grand émoi ; toutes les lunettes étaient braquées sur le mystérieux navire. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 60)
- J’aperçus tout à coup, loin, très loin, et tout petits, tout petits, comme au bout d’une lunette retournée, les démons noirs devant les brasiers rouges de leurs calorifères… — (Gaston Leroux, Le Fantôme de l'Opéra, 1910)
-
Pièce de bois d’instrument de supplice, qui maintient le cou du supplicié.
- Pendant que je haranguais ainsi mes amis, on vint me chercher pour me conduire au pilori. […]. Je plaçai mon cou dans la lunette qui, se trouvant trop basse pour ma taille, me forçait à me replier en deux. L’exposition dura deux heures. — (John Lilburne, Procès de John Wharton et de John Lilburne dans Causes célèbres étrangères publiées en France pour la première , tome 5, 1828, page 182)
- Enfin retentit un bruit léger de bois qui se heurtent. C’était la chute de la lunette supérieure avec la découpure transversale pour laisser passer le tranchant, lunette qui prend le cou du criminel et rend sa tête immobile. — (Ivan Tourgueniev, L’Exécution de Troppmann, avril 1870, traduction française de Isaac Pavlovsky, publiée dans ses Souvenirs sur Tourguéneff, Savine, 1887)
- (Architecture) Petit jour réservé dans le berceau d’une voûte ou d’une petite baie voûtée pratiquée dans les côtés d’une voûte.
-
(Fortification) Petite demi-lune.
- Il conduit une troupe d’hommes juste au bas de la barrière extérieure de la lunette… — (Walter Scott, Ivanhoé, ch. XXIX, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
-
(Horlogerie) Partie de la boîte d’une montre dans laquelle on place le verre.
- La lunette peut être découplée de l’étanchéité de la boîte et n’a ainsi pas besoin d’être assemblée de façon étanche. On parle ainsi de lunette rapportée. — (Michel Vermot, Philippe Bovay et Damien Prongué, Traité de construction horlogère, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2011, page 859)
-
Siège troué en son milieu, placé sur la cuvette de toilette.Cuvette dont la lunette est relevée. (sens 6)
- Les dimensions du trou d’utilisation des toilettes dépendront de la lunette que vous aurez choisie. — (Julie Taisson, Filtre à roseaux & toilettes sèches : Construire son système d’assainissement autonome, Éditions Eyrolles, 2011, page 86)
- Tous les élèves, de la sixième à la troisième, filles comme garçons, s’assoient sur les mêmes cuvettes, baissent les mêmes lunettes. — (Marion Simon-Rainaud, « Mélanger les filles et les garçons a facilité l’accès aux toilettes », Uzbek & Rica, 7 mars 2021)
-
Os fourchu, en dessus de l’estomac d’un oiseau, fusionnant les deux clavicules.
- Outre cela, M. Hérissant a observé dans les principales bronches du poumon des membranes semi-lunaires posées transversalement les unes au-dessus des autres, de façon qu'elles n'occupent que la moitié de la cavité de ces bronches, laissant à l'air un libre cours par l'autre demi-cavité ; et il a jugé, avec raison, que ces membranes devaient concourir à la formation de la voix des oiseaux, mais moins essentiellement encore que la membrane de l'os de la lunette, laquelle termine une cavité assez considérable, qui se trouve au-dessus de la partie supérieure et interne de la poitrine, et qui a aussi quelque communication avec les cellules aériennes supérieures. — (Georges-Louis Leclerc de Buffon, Histoire naturelle des animaux, « Le Coq », in Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, 2007, page 1127)
-
(Jeu de dames) Deux pièces séparées d’une case vide que l’adversaire peut occuper en vue de prendre une des deux pièces attaquées.
- Mettre dans la lunette. Présenter une lunette.
- Attention, rentrer dans une lunette procure un temps de repos à l’adversaire ! — (site www.ffjd.fr, 2019)
-
(Échecs) Fait de donner à son adversaire la possibilité d’attaquer deux pièces avec un pion.
- Donner une lunette.
-
(Automobile) Vitre arrière d’une automobile.Une lunette cassée. (10)
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
(Technique) Gabarit circulaire en acier servant à contrôler le diamètre des boulets de canon.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
(Marine) Dispositif destiné à stopper la chaîne d’une ancre qui file.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
(Liturgie) Cercle placé au centre de l’ostensoir pour y recevoir une hostie.
- L'ostensoir est destiné à recevoir le Saint-Sacrement pour l'exposer, mais non pour le conserver. A la Primatiale, on laisse, il est vrai, la grande hostie dans la lunette qui se détache de l'ostensoir ; mais cette lunette est déposée dans une autre boîte d'argent. Dans les paroisses où l'on ne peut faire cette dépense et se procurer ces petites custodes, l'unique parti à prendre est de déposer la grande hostie dans le ciboire après l'avoir détachée du croissant ; et alors, soit pour l'exposition, soit pour fermer le Saint-Sacrement, le Prêtre a soin de de se purifier les doigts, comme quand il donne la communion hors le temps de la Messe. — (Mgr J.-M.-A. Ginoulhiac, "Rituel romano-lyonnais", Librairie Adrien Le Clere Paris et Henri Pelagaud fils et Roblot Lyon, 1875, page 176)
-
(Optique) Dispositif de visée d'une arme à feu.Une lunette montée sur une arme à feu. (sens 14)
- Il me fascinait – comme une apparition fiévreusement espérée – comme un gibier introuvable que jette sur vous soudain à le toucher, cerné pourtant de mystère, la lunette d’une carabine. — (Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, José Corti, 1951)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Instrument composé d'un ou de plusieurs verres, taillés de manière à faire voir les objets plus grands qu'à l'il nu, ou à rendre la vue plus nette et plus distincte. Regarder avec une lunette. Lunette convexe, Lunette qui grossit les objets. Lunette concave, Lunette qui diminue les objets. Lunette d'approche, lunette de longue vue ou simplement Lunette, Lunette qui grossit ou qui rapproche les objets. Monter une lunette. Allonger, raccourcir, dresser une lunette. On appelle aussi cette espèce de lunette Longue-vue. Lunette achromatique, Lunette qui laisse voir les objets sans couleur étrangère, sans iris. Le petit bout de la lunette, Le bout par lequel on regarde et qui rapproche les objets. Le gros bout de la lunette, Le bout opposé et qui fait paraître les objets très éloignés. Fig., Voir les choses par le petit bout de la lunette, Se les exagérer. Les voir par le gros bout, Les voir plus petites qu'elles ne sont.
LUNETTES, au pluriel, se dit de Deux verres de lunette placés au-devant des deux yeux et assemblés par une monture qui repose sur le nez et se fixe derrière les oreilles. Une paire de lunettes. Lunettes d'écaille. Les lunettes concaves servent aux myopes, et les lunettes convexes aux presbytes. Lunettes vertes, bleues. Étui à lunettes. Branches de lunettes. Prendre, porter des lunettes. Se servir de lunettes. Mettre des lunettes sur son nez. Mettre ses lunettes. Lire sans lunettes. Fig. et fam., Chacun voit avec ses lunettes, à travers ses lunettes, Chacun a sa manière de voir, de penser; chacun juge des choses suivant ses goûts, ses intérêts, ses préjugés. Fig. et fam., Il n'a pas de bonnes lunettes, il a mis ses lunettes de travers, ses lunettes sont troubles, Il ne voit pas juste dans cette affaire. En termes d'Architecture, il désigne un Petit jour réservé dans le berceau d'une voûte ou d'une Petite baie voûtée pratiquée dans les côtés d'une voûte. En termes d'Horlogerie, il désigne la Partie de la boîte d'une montre dans laquelle on place le verre. Il se dit encore de l'Os fourchu qui est au haut de l'estomac d'un poulet, d'une perdrix, etc. Lever la lunette d'un chapon.
Littré (1872-1877)
- 1Anciennement, lunette de miroir, le verre étamé, la plaque de métal poli qui reflète les objets, ainsi dite à cause de la forme ronde de ces miroirs.
-
2 Au plur. Nom donné aux deux verres de lunette qui, assemblés dans une même enchâssure, peuvent être placés au devant des yeux ; ces verres sont plus ou moins convexes ou plus ou moins concaves, suivant que la vue est plus ou moins courte [myopie] ou, au contraire, plus ou moins longue [presbytie] ; la découverte de ce genre de lunettes est due à Salvino Armato, de Florence, mort au commencement du XIVe siècle (1317).
Mettre ses lunettes, mettre les lunettes sur son nez.
Vous m'alléguez mes lunettes, et il est vrai que je m'en sers depuis six mois et que j'en ai en écrivant ceci
, Voiture, Lett. 187.Surtout elle est pour les nez qui portent des lunettes
, Molière, l'Avare, II, 6.Ne vous offensez pas, ma belle, si je viens à vous avec des lunettes… c'est avec des lunettes qu'on observe les astres ; et je maintiens et garantis que vous êtes un astre
, Molière, ib. III, 9.Bonne maman, consolez-vous, Vous lisez encor sans lunettes
, Béranger, B. maman.Voilà un beau nez à porter lunettes, se dit en se moquant d'un grand nez.
Fig. Mettez vos lunettes, se dit à quelqu'un qui n'a pas bien examiné quelque chose et à qui on recommande d'y porter plus d'attention.
…Vous rêvez ; Pour connaître vos gens mettez mieux vos lunettes
, Regnard, le Bal, sc. 13.Braque tes lunettes, vieux sire [Jupin], Sur le front couronné par nous
, Béranger, Bluets.Fig. Il fallait chausser mieux ses lunettes, il fallait y regarder mieux, ne pas se tromper.
Toutes ces galères qui ont fait partir M. de Grignan, sont devenues à rien ; il fallait que M. de Janson chaussât mieux ses lunettes
, Sévigné, 12 juill. 1690.En un autre sens. Mettre, prendre des lunettes, se montrer sévère.
Cet événement rendit leur cartulaire fort suspect, et fit mettre force lunettes pour l'examiner
, Saint-Simon, 167, 252.Fig. Il n'a pas de bonnes lunettes, il a mis ses lunettes de travers, ses lunettes sont troubles, il ne voit pas juste dans cette affaire.
Quand il n'y a qu'un seul verre concave ou non, on le nomme verre de lunette, et lorgnon avec l'enchâssure.
Numéro d'un verre de lunettes, le nombre de pouces qu'a le rayon de la sphère dont le verre est un segment. Si par exemple on parle d'un verre convexe du n° 48, cela signifie que chacune des surfaces de ce verre forme un segment d'une sphère dont le rayon a 48 pouces d'étendue (le rayon se comptant en pouces d'ancienne mesure). S'agit-il du même numéro, mais d'un verre concave, le rayon de la sphère est le même ; mais il faut imaginer les deux segments creusés sur l'une de leurs faces et adossés par leur convexité, de manière à présenter une concavité vers l'œil et l'autre vers l'objet. La courbure d'une sphère augmentant en raison directe de la diminution de son rayon, il est naturel que le numéro des lunettes, compté par le rayon, diminue avec leur puissance croissante, c'est-à-dire que le verre du numéro le plus faible sera le plus puissant, et vice versâ.
-
3Instrument d'optique où la lumière de l'objet est transmise à l'œil par réfraction, et qui sert à étendre le champ visuel ; la découverte, très postérieure à celle des lunettes précédentes, en est attribuée à Zacharie Jansen, fabricant de conserves à Middelbourg ; cependant Descartes, dans un passage cité ci-dessous, l'attribue à Jacques Metius. Lunette convexe, lunette qui grossit les objets. Lunette concave, lunette qui diminue les objets.
Il y a environ trente ans qu'un nommé Jacques Metius, de la ville d'Alcmar en Hollande… ayant plusieurs verres de diverses formes… les appliqua si heureusement au bout d'un tuyau, que la première des lunettes en fut composée
, Descartes, Dioptr. I.Ces merveilleuses lunettes qui, n'étant en usage que depuis peu, nous ont déjà découvert de nouveaux astres dans le ciel, et d'autres nouveaux objets dans la terre en plus grand nombre que ne sont ceux que nous y avions vus auparavant
, Descartes, ib.Combien les lunettes nous ont-elles découvert d'êtres qui n'étaient point pour nos philosophes d'auparavant !
Pascal, Pens. XXIV, 36.Lunette à puce, s'est dit autrefois pour lunette grossissante.
Lunette d'approche, ou, simplement, lunette, lunette de longue vue, ou à longue vue, ou, simplement, longue-vue, lunette qui grossit ou qui rapproche les objets.
Vous devriez… M'ôter, pour faire bien, du grenier de céans Cette longue lunette à faire peur aux gens
, Molière, F. sav. II, 7.Cette lunette qui rapproche fort bien les objets de trois lieues ; que ne les approche-t-elle de deux cents !
Sévigné, 223.Tout son globe [de l'œil] s'allonge ou s'aplatit selon l'axe de la vision, pour s'ajuster aux distances, comme les lunettes à longue vue
, Bossuet, Connaiss. IV, 2.[Huighens] qui, après avoir mis les lunettes d'approche dans l'état de perfection où nous les voyons
, Mairan, Éloge de Halley.En se mettant dans l'obscurité, on peut, avec un long tuyau noirci, faire une lunette d'approche sans verre, dont l'effet ne laisserait pas que d'être fort considérable pendant le jour
, Buffon, Hist. nat. Homme, t. IV, p. 455.Lunette de nuit, lunette d'approche qui permet de distinguer de loin les objets pendant la nuit.
Les verres sphériques larges sont très bons pour faire des lunettes de nuit ; les Anglais ont construit des lunettes de cette espèce, et ils s'en servent avec grand avantage pour voir de fort loin les vaisseaux dans une nuit obscure
, Buffon, Hist. min. Intr. part. exp. Œuv. t. VII, p. 254.Une flotte anglaise enleva le convoi ; on avait espéré qu'il échapperait à la faveur de l'obscurité, mais il fut découvert par l'amiral Knowles, à l'aide d'une lunette de nuit, instrument qui commençait alors à être connu en Angleterre
, Condorcet, d'Arci.Lunette achromatique, lunette qui laisse voir les objets sans irisation.
Lunette d'opéra, lunette dont on se sert particulièrement dans les salles de spectacle. On dit aujourd'hui lorgnette.
Terme d'astronomie. Lunette méridienne ou des passages, celle qui sert à déterminer le moment précis où un astre passe au méridien de l'observateur.
Le petit bout de la lunette, le bout par lequel on regarde et qui rapproche les objets ; le gros bout, le bout opposé, qui, quand on y applique l'œil, fait apparaître les objets très éloignés.
Fig. Voir les choses par le petit bout de la lunette, les voir exagérées ; par le gros bout, les voir moins importantes, plus petites qu'elles ne sont.
J'admire comme on peut tourner uniquement sur une pensée, et comme tout le reste me paraît loin ; c'est bien précisément cette lunette qui approche et qui recule les objets
, Sévigné, 19 janvier 1680.Fig.
On voit rarement les choses telles qu'elles sont, avec des lunettes de cent trente lieues [c'est-à-dire à une distance de 130 lieues]
, Voltaire, d'Argental, 26 sept. 1773.Fig. Lunette se dit de ce qui augmente la portée de l'esprit.
Les idées moyennes sont les lunettes de l'esprit ; une vue étendue se passe de ces lunettes
, Bonnet, Œuv. mêl. t. XVIII, p. 339, dans POUGENS.Fig. Se servir de la bonne lunette, voir favorablement.
Vous savez comme elle [une dame] m'a toujours paru, et combien je vous conseille de vous servir en sa faveur de votre bonne lunette
, Sévigné, 229. -
4Au jeu de dame, mettre dans la lunette, placer une dame entre deux dames de son adversaire, en sorte qu'elle ne peut être prise ni par l'une ni par l'autre ; locution tirée de la forme des lunettes qu'on met sur le nez.
Au jeu des échecs, donner une lunette, mettre son adversaire à même d'attaquer deux pièces avec un pion.
-
5Lunettes de cheval, sorte de petits ronds de feutre qu'on met sur les yeux d'un cheval vicieux ou trop gai.
S. f. Morceau de cuir ou d'étoffe, en forme de lunettes, qu'on faisait porter aux jeunes capucins pour les punir d'un regard immodeste.
- 6 Terme de fortification. Petite demi-lune.
-
7 Terme d'horlogerie. La partie d'une montre dans laquelle on met le verre.
Terme d'orfévrerie. Pièce d'un ostensoir destinée à recevoir l'hostie.
-
8 En termes d'architecture, petit jour réservé dans le berceau d'une voûte.
Petite baie voûtée pratiquée dans les côtés d'une voûte.
Lunette biaise, baie qui coupe obliquement le berceau d'une voûte.
Terme de plombier. Petite fenêtre pratiquée dans les toits, et que l'on couvre en plomb.
-
9L'ouverture ronde du siége d'un privé, ou d'une chaise percée.
Rond garni de bourre ou de crin qu'on met sur une chaise percée ou non percée.
- 10Trou carre qui fait partie du tour.
-
11 Terme de marine. Cercle d'acier pour mesurer le calibre des boulets.
Mécanisme destiné à arrêter un câble-chaîne.
-
12 Terme de verrerie. Canal par le moyen duquel le feu du four échauffe les petits fourneaux adjacents.
Terme de métallurgie. Lunettes de soufflets, doubles ventaux avec ventillons.
- 13Lunette de chapon, de perdrix, etc. nom donné à deux os au-dessus de l'estomac du chapon qui représentent un compas ouvert.
- 14 Terme de maréchal. Fer à lunettes, fer de cheval dont on retranche la partie qui est vers le quartier du pied. Ferrer à lunettes.
PROVERBES
Chacun voit avec ses lunettes, chacun a sa manière de voir, de penser.
Bonjour lunettes, adieu fillettes, c'est-à-dire quand l'âge vient de prendre lunettes, il faut renoncer aux amourettes.
HISTORIQUE
XIVe s. La casse [caisse] qui soustient la lunette [le verre rond] du miroir
, Modus, f° LXIII. Pour un vericle encerné en maniere de lunette, prisé XX francs
, De Laborde, Émaux, p. 163.
XVe s. Ung estuy de lunectes pour monseigneur le duc d'Orleans
, De Laborde, ib. Des lunettes d'or garnies de bericles
, De Laborde, ib. Un mirouer d'or, dont la lunette est perdue et de l'autre costé a une demoiselle cueillant fleurs en un jardin
, De Laborde, ib. 369. Or, maintenant que deviens vieulx, Quand je lis au livre de joye, Les lunettes prens pour le mieulx, Parquoy la lectre me grossoye
, Orléans, Bal. 139. Folles amours fait les gens bestes, Salmon en idolatrya, Samson en perdit ses lunettes ; Bien heureux est qui rien n'y a
, Villon, Double ballade.
XVIe s. Pour dix paires de lunettes apportées à deux fois audit seigneur roy, audit lieu de Bar, dont y en avoit trois paires de cristal et les autres de beril
, De Laborde, Émaux, p. 164. Ayant par artifice affusté ses lunettes, meurement examiné et encore plus diligemment deliberé et dechifré par le menu les fautes et imperfections des ouvrages faits par Neptune et Pallas
, Noel Dufail, Contes d'Eutrapel, ch. 27. [La lamie] ostoit de sa teste ses yeux exemptiles comme lunettes
, Rabelais, III, 25. Vous avez chaussé vos lunettes de travers [vous n'y voyez pas bien]
, Oudin, Dict.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
LUNETTE. Ajoutez :Encyclopédie, 1re édition (1751)
LUNETTE, s. f. (Dioptr.) instrument composé d’un ou de plusieurs verres, & qui a la propriété de faire voir distinctement ce qu’on n’appercevroit que foiblement ou point du tout à la vûe simple.
Il y a plusieurs especes de lunettes ; les plus simples sont les lunettes à mettre sur le nez, qu’on appelle autrement besicles, & qui sont composées d’un seul verre pour chaque œil. Voyez Besicles. L’invention de ces lunettes est de la fin du xiij. siecle ; on l’a attribuée sans preuve suffisante au moine Roger Bacon. On peut voir sur ce sujet le traité d’optique de M. Senith, & l’histoire des Mathématiques de M. de Montucla, tome I. page 424. Dans cette même histoire on prouve (voyez la page 433. & les additions) que l’inventeur de ces lunettes est probablement un florentin nommé Salvino de Gl’armati, mort en 1317, & dont l’épitaphe qui se lisoit autrefois dans la cathédrale de Florence, lui attribue expressément cette invention. Alexandre Despina, de l’ordre des freres Prêcheurs, mort en 1313 à Pise, avoit aussi découvert ce secret, comme on le voit par ce passage rapporté dans une chronique manuscrite ; ocularia ab aliquo primo facta, & communicare nolente, ipse fecit & communicavit.
Il est très-singulier que les anciens qui connoissoient les effets de la réfraction, puisqu’ils se servoient de spheres de verre pour brûler (voyez Ardent), n’ayent pas connu l’effet des verres lenticulaires pour grossir. Il est même très-singulier que le hasard seul ne leur ait pas fait connoître cette propriété ; mais il l’est encore davantage qu’entre l’invention des lunettes simples, qui est d’environ 1300 (car il y a des preuves qu’elles étoient connues dès 1299), & l’invention des lunettes à plusieurs verres, ou lunettes d’approche, il se soit écoulé 300 ans ; car l’invention de ces dernieres est du commencement du xvij. siecle. Voyez l’article Télescope, où nous détaillerons les propriétés de ces sortes de lunettes.
Il y a des lunettes à mettre sur le nez, qu’on appelle des conserves ; mais elles ne méritent véritablement ce nom, que lorsqu’elles sont formées de verres absolument plans, dont la propriété se borneroit à affoiblir un peu la lumiere sans changer rien d’ailleurs à la disposition des rayons. Dans ce cas. ils pourroient servir à une vûe qui seroit bonne d’ailleurs, c’est-à-dire, ni myope ni presbyte, mais qui auroit seulement le défaut d’être blessée par une lumiere trop vive. Ainsi les lunettes qu’on appelle conserves, ne méritent donc point ce nom, parce qu’elles sont presque toûjours formées de verres convexes, qui servent à remédier à un défaut réel de la vûe ; défaut qui consiste à ne pas voir distinctement les objets trop proches & trop petits ; ce défaut augmente à mesure qu’on avance en âge.
Les grandes lunettes d’approche s’appellent plus particulierement télescopes : elles sont formées de plusieurs verres convexes ; les petites lunettes d’approche, qu’on appelle aussi lorgnettes d’opéra, sont composées de deux verres, un objectif convexe, & un oculaire concave. Voyez Objectif, Oculaire, & Télescope.
Nous avons parlé au mot Foyer, des variations que M. Bouguer a observées dans le foyer des grandes lunettes, par rapport aux différens observateurs & à la différente constitution de l’atmosphere. Les moyens qu’il propose de remédier à cet inconvénient, sont 1°. de faire en sorte que l’astre passe à peu de distance du centre du champ ; 2°. de se servir d’un objectif coloré ; 3°. de diminuer beaucoup l’étendue de l’objectif en couvrant les bords d’un diaphragme ; ce qui suppose un objectif bien centré. Voyez Centrer. Voyez aussi un plus grand détail sur ces différens objets dans l’ouvrage de M. Bouguer, sur la figure de la terre, p. 208 & suiv. (O)
Lunettes, (Hist. des invent. mod.) les lunettes, ou plutôt les verres à lunettes qu’on applique sur le nez ou devant les yeux pour lire, écrire, & en général, pour mieux découvrir les objets voisins que par le secours des yeux seuls, ne sont pas à la vérité d’une invention aussi récente que les lunettes d’approche ; car elles les ont précédé de plus de trois siecles, mais leur découverte appartient aux modernes, & les anciens n’en ont point eu connoissance.
Je sai bien que les Grecs & les Romains avoient des ouvriers qui faisoient des yeux de verre, de crystal, d’or, d’argent, de pierres précieuses pour les statues, principalement pour celles des dieux. On voit encore des têtes de leurs divinités, dont les yeux sont creusés : telles sont celles d’un Jupiter Ammon, d’une Bacchante, d’une idole d’Egypte, dont on a des figures. Pline parle d’un lion en marbre, dont les yeux étoient des émeraudes ; ceux de la Minerve du temple de Vulcain à Athènes, qui, selon Pausanias, brilloient d’un verd de mer, n’étoient sans doute autre chose que des yeux de béril. M. Buonarotti avoit dans son cabinet quelques petites statues de bronze avec des yeux d’argent. On nommoit faber ocularius, l’ouvrier qui faisoit ces sortes d’ouvrages ; & ce terme se trouve dans les marbres sépulchraux ; mais il ne signifioit qu’un faiseur d’yeux postiches ou artificiels, & nullement un faiseur de lunettes, telles que celles dont nous faisons usage.
Il seroit bien étonnant si les anciens les eussent connues, que l’histoire n’en eût jamais parlé à propos de vieillards & de vûe courte. Il seroit encore plus surprenant, que les Poëtes de la Grece & de Rome, ne se fussent jamais permis à ce sujet aucun de ces traits de satyre ou de plaisanterie, qu’ils ne se sont pas refusé à tant d’autres égards. Comment Pline qui ne laisse rien échapper, auroit-il obmis cette découverte dans son ouvrage, & particulierement dans le livre VII. ch. lvj. qui traite des inventeurs des choses ? Comment les medecins grecs & romains, qui indiquent mille moyens pour soulager la vûe, ne disent ils pas un mot de celui des lunettes ? Enfin, comment leur usage qui est fondé sur les besoins de l’humanité, auroit-il pû cesser ? Comment l’art de faire un instrument d’optique si simple, & qui ne demande ni talent, ni génie, se seroit-il perdu dans la suite des tems ? Concluons donc, que les lunettes sont une invention des modernes, & que les anciens ont ignoré ce beau secret d’aider & de soulager la vûe.
C’est sur la fin du xiij. siecle, entre l’an 1280 & 1300, que les lunettes furent trouvées ; Redi témoigne avoir eu dans sa bibliotheque un écrit d’un Scandro Dipopozzo, composé en 1298, dans lequel il dit : « je suis si vieux que je ne puis plus lire ni écrire sans verres qu’on nomme lunettes, senza occhiali ». Dans le dictionnaire italien de l’académie de la Crusca, on lit ces paroles au mot occhiali : « frere Jordanus de Rivalto, qui finit ses jours en 1311, a fait un livre en 1305, dans lequel il dit, qu’on a découvert depuis 20 ans l’art utile de polir des verres à lunettes ». Roger Bacon mort à Oxford en 1292, connoissoit cet art de travailler les verres ; cependant ce fut vraissemblablement en Italie qu’on en trouva l’invention.
Maria Manni dans ses opuscules scientifiques, tome IV. & dans son petit livre intitulé de gl’occhiali del naso, qui parut en 1738, prétend que l’histoire de cette||découverte est dûe à Salvino de gl’armati, florentin, & il le prouve par son épitaphe. Il est vrai que Redi, dans sa lettre à Charles Dati, imprimée à Florence en 1678, in-4°. avoit donné Alexandre Spina dominicain, pour l’auteur de cette découverte ; mais il paroît par d’autres remarques du même Redi, qu’Alexandre Spina avoit seulement imité par son génie ces sortes de verres trouvés avant lui. En effet, dans la bibliotheque des peres de l’Oratoire de Pise, on garde un manuscrit d’une ancienne chronique latine en parchemin, où est marquée la mort du frere Alexandre Spina à l’an 1313, avec cet éloge : quæcumque vidit aut audivit facta, scivit, & facere ocularia ab aliquo primò facta, & communicare nolente, ipse fecit, & communicavit. Alexandre Spina n’est donc point l’inventeur des lunettes ; il en imita parfaitement l’invention, & tant d’autres avec lui y réussirent, qu’en peu d’années cet art fut tellement répandu par-tout, qu’on n’employoit plus que des lunettes pour aider la vûe. De-là vient que Bernard Gordon, qui écrivoit en 1300 son ouvrage intitulé, lilium Medicinæ, y déclare dans l’éloge d’un certain collyre pour les yeux, qu’il a la propriété de faire lire aux vieillards les plus petits caracteres, sans le secours des lunettes. (D. J.)
Lunette d’approche, (Hist. des inventions modernes.) cet utile & admirable instrument d’optique, qui rapproche la vûe des corps éloignés, n’a point été connu des anciens, & ne l’a même été des modernes, sous le nom de lunettes d’Hollande, ou de Galilée, qu’au commencement du dernier siecle.
C’est en vain qu’on allegue pour reculer cette date, que dom Mabillon déclare dans son voyage d’Italie, qu’il avoit vû dans un monastere de son ordre, les œuvres de Comestor écrites au treizieme siecle, ayant au frontispice le portrait de Ptolomée, qui contemple les astres avec un tube à quatre tuyaux ; mais dom Mabillon ne dit point que le tube fût garni de verres. On ne se servoit de tube dans ce tems-là, que pour diriger la vûe, ou la rendre plus nette, en séparant par ce moyen les objets qu’on regardoit, des autres dont la proximité auroit empêché de voir ceux-là bien distinctement.
Il est vrai que les principes sur lesquels se font les lunettes d’approche ou les télescopes, n’ont pas été ignorés des anciens géometres ; & c’est peut-être faute d’y avoir réfléchi, qu’on a été si long-tems sans découvrir cette merveilleuse machine. Semblable à beaucoup d’autres, elle est demeurée cachée dans ses principes, ou dans la majesté de la nature, pour me servir des termes de Pline, jusqu’à ce que le hasard l’ait mise en lumiere. Voici donc comme M. de la Hire rapporte dans les mémoires de l’acad. des Sciences, l’histoire de la découverte des lunettes d’approche ; & le récit qu’il en fait est d’après le plus grand nombre des historiens du pays.
Le fils d’un ouvrier d’Alcmaer, nommé Jacques Métius, ou plutôt Jakob Metzu, qui faisoit dans cette ville de la Nord-Hollande, des lunettes à porter sur le nez, tenoit d’une main un verre convexe, comme sont ceux dont se servent les presbytes ou vieillards, & de l’autre main un verre concave, qui sert pour ceux qui ont la vûe courte. Le jeune homme ayant mis par amusement ou par hasard le verre concave proche de son œil, & ayant un peu éloigné le convexe qu’il tenoit au devant de l’autre main, il s’apperçut qu’il voyoit au-travers de ces deux verres quelques objets éloignés beaucoup plus grands, & plus distinctement, qu’il ne les voyoit auparavant à la vûe simple. Ce nouveau phénomene le frappa ; il le fit voir à son pere, qui sur le champ assembla ces mêmes verres & d’autres semblables, dans des tubes de quatre ou cinq pouces de long, & voilà la premiere découverte des lunettes d’approche.
Elle se divulgua promptement dans toute l’Europe, & elle fut faite selon toute apparence en 1609 ; car Galilée publiant en 1610 ses observations astronomiques avec les lunettes d’approche, reconnoît dans son Nuncius sydereus, qu’il y avoit neuf mois qu’il étoit instruit de cette découverte.
Une chose assez étonnante, c’est comment ce célebre astronome, avec une lunette qu’il avoit faite lui-même sur le modele de celles de Hollande, mais très-longue, put reconnoître le mouvement des satellites de Jupiter. La lunette d’approche de Galilée avoit environ cinq piés de longueur ; or plus ces sortes de lunettes sont longues, plus l’espace qu’elles font appercevoir est petit.
Quoiqu’il en soit, Képler mit tant d’application à sonder la cause des prodiges que les lunettes d’approche découvroient aux yeux, que malgré ses travaux aux tables rudolphines, il trouva le tems de composer son beau traité de Dioptrique, & de le donner en 1611, un an après le Nuncius sydereus de Galilée.
Descartes parut ensuite sur les rangs, & publia en 1637 son ouvrage de Dioptrique, dans lequel il faut convenir qu’il a poussé fort loin sa théorie sur la vision, & sur la figure que doivent avoir les lentilles des lunettes d’approche ; mais il s’est trompé dans les espérances qu’il fondoit sur la construction d’une grande lunette, avec un verre convexe pour objectif, & un concave pour oculaire. Une lunette de cette espece, ne feroit voir qu’un espace presque insensible de l’objet. M. Descartes ne songea point à l’avantage qu’il retireroit de la combinaison d’un verre convexe pour oculaire ; cependant sans cela, ni les grandes lunettes, ni les petites, n’auroient été d’aucun usage pour faire des découvertes dans le ciel, & pour l’observation des angles. Képler l’avoit dit, en parlant de la combinaison des verres lenticulaires : duobus convexis, majora & distincta præstare visibilia, sed everso situ. Mais Descartes, tout occupé de ses propres idées, songeoit rarement à lire les ouvrages des autres. C’est donc à l’année 1611, qui est la date de la Dioptrique de Képler, qu’on doit fixer l’époque de la lunette à deux verres convexes.
L’ouvrage qui a pour titre, oculus Eliæ & Enoch, par le P. Reita capucin allemand, où l’on traite de cette espece de lunette, n’a paru que long-tems après. Il est pourtant vrai, que ce pere après avoir parlé de la lunette à deux verres convexes, a imaginé de mettre au-devant de cette lunette une seconde petite lunette, composée pareillement de deux verres convexes ; cette seconde lunette renverse le renversement de la premiere, & fait paroître les objets dans leur position naturelle, ce qui est fort commode en plusieurs occasions ; mais cette invention est d’une très-petite utilité pour les astres, en comparaison de la clarté & de la distinction, qui sont bien plus grandes avec deux seuls verres, qu’avec quatre, à cause de l’épaisseur des quatre verres, & des huit superficies, qui n’ont toûjours que trop d’inégalités & de défauts.
Cependant on a été fort long-tems sans employer les lunettes à deux verres convexes : ce ne fut qu’en 1659, que M. Huyghens inventeur du micrometre, les mit au foyer de l’objectif, pour voir distinctement les plus petits objets. Il trouva par ce moyen le secret de mesurer les diametres des planetes, après avoir connu par l’expérience du passage d’une étoile derriere ce corps, combien de secondes de degrés il comprenoit.
C’est ainsi que depuis Métius & Galilée, on a combiné les avantages qu’on pourroit retirer des lentilles qui composent les lunettes d’approche. On sait que tout ce que nous avons de plus curieux dans les sciences & dans les arts, n’a pas été trouvé d’abord dans l’état où nous le voyons aujourd’hui : mais les beaux génies qui ont une profonde connoissance de la Méchanique & de la Géométrie, ont profité des premieres ébauches, souvent produites par le hasard, & les ont portées dans la suite au point de perfection dont elles étoient susceptibles. (D. J.)
Lunettes, (Fortificat.) ce sont dans la Fortification des especes de demi-lunes, ou des ouvrages à-peu-près triangulaires, composés de deux faces qui forment un angle saillant vers la campagne, & qui se construisent auprès des glacis ou au-delà de l’avant-fossé. Voyez Redoutes.
Les lunettes sont ordinairement fortifiées d’un parapet le long de leurs faces ; leur terreplein est au niveau de la campagne ; elles se placent communément vis-à-vis les angles rentrans du chemin couvert.
Pour construire une lunette A au delà d’un avant-fossé, soit, Pl. IV. de Fortif. fig. 3. ce fossé tracé vis-à-vis une place d’armes rentrante R du chemin couvert, on prendra des points a & e, sommets des angles rentrans de l’avant-fossé ab & ef de 10 ou 12 toises ; ensuite de ces points pris pour centre, & d’un intervalle de 30 ou 40 toises, on décrira deux arcs qui se couperont dans un point g duquel on tirera les lignes gb, gf, qui seront les faces de la lunette A.
La lunette a un fossé de 8 ou 10 toises de largeur, mené parallelement à ses faces, un parapet de 3 toises d’épaisseur, & de 7 ou 8 de hauteur. On éleve la banquette de ces ouvrages de maniere que le parapet n’ait que 4 piés & demi de hauteur au dessus. La pente de la partie supérieure ou de la plongée du parapet, se dirige au bord de la contrescarpe du fossé de la lunette.
On arrondit la gorge de la lunette par un arc décrit de l’angle rentrant h du glacis pris pour centre, & de l’intervalle he. La partie du glacis de la place vis-à-vis la lunette s’arrondit aussi en décrivant du point h & de l’intervalle hi un second arc parallele au premier.
Au-delà de l’avant-fossé on décrit un avant-chemin couvert qui l’enveloppe entierement & qui enveloppe aussi les lunettes. Elémens de fortificat.
Lunettes, grandes, (Fortificat.) Voyez Tenaillons.
Lunettes, petites, (Fortificat.) ce sont dans la Fortification des especes de places d’armes retranchées ou entourées d’un fossé & d’un parapet qu’on construit quelquefois dans les angles rentrans du fossé des bastions & des demi-lunes. Ces lunettes sont flanquées par le bastion & par la face de la demi-lune, dont elles couvrent une partie de la face.
Lunette, (Hydr.) est une piece que l’on ajoute à un niveau dans les grandes & longues opérations, où la vue ne suffiroit pas pour découvrir facilement les objets.
Lunette, (Architect.) est une espece de voûte qui traverse les reins d’un berceau, & sert à donner du jour, à soulager la portée, & empêcher la poussée d’une voûte en berceau. Lunette se dit aussi d’une petite vue pratiquée dans un comble ou dans une fleche de clocher, pour donner un peu de jour & d’air à la charpente. On appelle encore lunette un ais ou planche percée qui forme le siége d’un lieu d’aisance.
Lunette, (Corroyeur.) C’est un instrument de fer, dont les corroyeurs & autres ouvriers en cuir se servent pour ratisser & parer les cuirs ; elle est de figure sphérique, plate & très-tranchante par sa circonférence extérieure. Il y a au milieu une ouverture ronde assez grande, pour que l’ouvrier puisse y passer la main pour s’en servir. Voyez-en la fig. dans nos Planches du Corroyeur, où l’on a aussi représenté un ouvrier qui pare un cuir avec la lunette.
Lunette d’une boîte de montre, (Horlog.) c’est cette partie qui contient le crystal. Voyez Boite de montre & la fig. dans nos Pl. de l’Horlogerie.
Lunette, fer à lunette, (Maréchal.) est celui dont les éponges sont coupées. On se sert de cette espece de fer dans certaines occasions.
Lunettes, ronds de cuir qu’on pose sur les yeux du cheval pour les lui boucher.
Si l’on veut travailler dans un manege un cheval qui a les seimes, il faut le ferrer à lunettes ; mais si l’on veut le faire travailler à la campagne, il faut le ferrer à pantoufle. Voyez Seime.
Lunette, en terme d’Orfev. en grosserie, c’est la partie d’un soleil destinée à recevoir l’hostie. Elle est fermée de deux glaces, & entourée d’un nuage d’où sortent des rayons. Voyez Nuage & Rayons.
Lunette, en terme de Peaussier, c’est un instrument dont ces ouvriers se servent pour adoucir les peaux du côté de la chair, & en coucher le duvet du même côté.
La lunette est un outil de fer fort mince, rond, & dont le diametre est d’environ dix pouces ; elle est évidée au centre de maniere à y placer commodément la main ; mais comme cet outil est fort mince, le diametre intérieur est garni de cuir pour ne point blesser l’ouvrier qui s’en sert. Le diametre extérieur est un peu coupant, pour racler aisément la peau, & en enlever toutes les inégalités. Voyez la fig.
Lunette, (Tourneur.) partie du tour, est un trou quarré, dans lequel sont deux pieces de cuivre ou d’étain qu’on appelle collets, qui y sont retenus par une piece qu’on appelle chaperon, attachée à la poupée avec des vis. Voyez Tour a lunette & les figures.
Lunettes, (Verrerie.) c’est ainsi qu’on appelle certaines ouvertures pratiquées aux fourneaux. Voyez l’art. Verrerie.
Étymologie de « lunette »
Diminutif de lune, par assimilation de forme ; bourg. lugnôte.
- (XIIIe siècle) Diminutif dérivé de lune, avec le suffixe -ette. Les lunettes étaient en effet tout d’abord des objets en forme de lune.
- Au jeu de dames par analogie de forme, le mot est attesté en 1787.[1]
Phonétique du mot « lunette »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
lunette | lynɛt |
Fréquence d'apparition du mot « lunette » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Citations contenant le mot « lunette »
-
L'oeil du cyclone, c'est le seul endroit du cyclone qui respecte les lunettes.
Jean-Marie Gourio — Brèves de comptoir -
Si vous avez les yeux plus gros que le ventre, vous n’êtes pas près de trouver une paire de lunettes.
Pierre Dac — Arrières-pensées -
Les lunettes et les cheveux gris sont des quittances de l’amour.
Proverbe français -
Les sciences sont des lunettes pour grossir les problèmes.
Louis Scutenaire — Mes inscriptions -
Qui aime bien ses lunettes ménage sa monture.
Francis Blanche — Mon Oursin et moi -
Chacun a ses lunettes ; mais personne ne sait au juste de quelle couleur en sont les verres.
Alfred de Musset — Fantasio -
Chacun voit avec ses lunettes.
Proverbe français -
Porter des lunettes ne veut pas dire savoir lire.
Proverbe guadeloupéen -
Le plus souvent, on cherche le bonheur comme on cherche ses lunettes, quand on les a sur le nez.
André Maurois -
Nous percevons toujours ce qui est nouveau chaussé de nos lunettes du passé et notre vue s’y déforme.
Jacques Séguéla — Le Futur a de l’avenir
Traductions du mot « lunette »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | bezel |
Espagnol | gafas |
Italien | bicchieri |
Allemand | brille |
Chinois | 眼镜 |
Arabe | نظارات |
Portugais | óculos |
Russe | очки |
Japonais | 眼鏡 |
Basque | betaurrekoak |
Corse | bichjeri |
Synonymes de « lunette »
- lunettes
- longue-vue
- jumelles
- lorgnette
- télescope
- bésicles
- binocle
- binocles
- face-à-main
- jumelle
- lorgnon
- microscope
- monocle
- pince-nez
- verres
Combien de points fait le mot lunette au Scrabble ?
Nombre de points du mot lunette au scrabble : 7 points