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Docteur

Variantes Singulier Pluriel
Masculin docteur docteurs

Définitions de « docteur »

Trésor de la Langue Française informatisé

DOCTEUR, subst. masc.

I.− [Docteur n'implique pas obligatoirement une idée de titre universitaire]
A.− En gén. Celui qui est savant en une matière quelconque et qui cherche à transmettre son savoir, sa sagesse. On écrit aujourd'hui assez ordinairement sur les choses qu'on entend le moins. Il n'y a si petit écolier qui ne s'érige en docteur (Courier, Lettres M. Renouard,1810, p. 254).Rien n'est plus doux ni plus rare qu'un docteur aimable. C'est une chose divine que d'enseigner avec grâce (France, Vie littér.,t. 1, 1888, p. 340).Le docteur, celui qui enseigne ce qu'il sait, est solennellement comparé dans l'écriture au Père de famille parmi les siens qui leur partage la nourriture (Claudel, Feuilles Saints,1925, p. 595).
B.− Domaine moral, théol.
1. Celui qui est savant en matière religieuse, métaphysique, qui étudie et explique les textes sacrés, philosophiques, etc., qui peut servir de guide à autrui sur le plan moral, spirituel. Célèbre, fameux, grand, saint, savant docteur; docteurs chrétiens. L'air grave et le ton reposé d'un docteur ecclésiastique instruisant des catéchumènes (Thierry, Récits mérov.,t. 2, 1840, p. 318).L'institution des synagogues avait donné à l'interprète de la Loi, au docteur, une grande supériorité sur le prêtre (Renan, Vie Jésus,1863, p. 224).Depuis dix-neuf siècles que la science des docteurs s'applique à pénétrer les divins préceptes, ils nous sont devenus familiers par la lettre, sans que nous soyons en droit de dire qu'ils ne nous demeurent pas étrangers par l'esprit (Romains, Copains,1913, p. 222):
1. Ce que saint Jean l'Évangéliste a été pour la prédication et la mise en lumière de la divinité du Verbe, saint Augustin l'est pour l'explication et la mise en lumière de la grâce. Ce n'est pas seulement le père des pères, le docteur des docteurs, mais un cinquième évangéliste, ou du moins un sixième après saint Paul. À qui convenait-il mieux en effet qu'à saint Paul et à saint Augustin, ces deux grandes lumières de la grâce, d'en rendre le sens dans la plénitude, ... Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 129.
Rem. Docteur ne s'emploie qu'exceptionnellement à propos d'une femme dans cette catégorie (ainsi que dans toutes les autres catégories de 1). Avide et curieuse de tous les mirages de la réflexion morale et des mille explications ingénieuses à la saint Bernard et à la saint Augustin, elle [MmeSwetchine] est devenue une femme docteur en matière de sentiment et de spiritualité (Id., Nouv. lundis, t. 1, 1863-69, p. 222).
2. Spécialement
a) Docteur scolastique, etc. Maître de la scolastique médiévale. On apprend qu'elle [la philosophie de Dante] naquit à l'ombre de la chaire des docteurs scholastiques, qu'elle se donne pour leur interprète (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 13).
En partic. (gén. avec un adj. qualificatif) Docteur angélique. Saint Thomas d'Aquin. Au dessus de tous par la sainteté comme par la science, ce grand saint Thomas d'Aquin, le « docteur angélique », penseur gigantesque, en qui semble se résumer toute la science des siècles de foi, (...) et mérite d'être choisi par saint Louis pour conseiller intime (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. LII).Docteur séraphique. Saint Bonaventure (cf. angélique, ex. 5).Docteur subtil. Duns Scot (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 397). Docteur très chrétien ou Docteur évangélique. Jean Gerson. Le fameux maître Jean Gerson, curé de Saint-Jean et chancelier de Notre-Dame, qui a été surnommé le docteur évangélique, et à qui l'on a attribué l'Imitation de Jésus-Christ (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1821-24, p. 393).
b) Docteur de l'Église. Théologien, Père de l'Église faisant autorité par ses connaissances, l'orthodoxie de ses écrits, la sainteté de sa vie. Ces paroles d'un illustre docteur de l'Église. « Il y a, dit l'ecclésiaste, un temps de se taire, et un temps de parler » (Lamennais, Religion,1825, préf., p. 12):
2. Les Pères de l'Église. L'éloquence des Docteurs de l'Église a quelque chose d'imposant, de fort, de royal (...) et dont l'autorité vous confond et vous subjugue. On sent que leur mission vient d'en haut, et qu'ils enseignent par l'ordre exprès du Tout-Puissant. (...). Saint Ambroise est le Fénelon des Pères de l'église latine. Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 2, 1803, p. 109.
[En parlant d'une femme] ,,Le fait que Thérèse d'Avila (1515-1582), qui par là se trouve être la première bénéficiaire de ce titre magistral, ait été récemment proclamée « docteur de l'Église » souligne la valeur exceptionnelle et toujours actuelle de la spiritualité de cette moniale castillane du xvies.`` (P. Serouet ds Encyclop. univ.,t. 16,1973,p. 17, s.v. Thérèse d'Avila).
c) Docteur de la Loi (parfois avec une nuance péj.). Interprète officiel de la Loi judaïque, de l'Ancien Testament. Les Pharisiens parlent plus haut que jamais. Mettez-vous cent mille en cortège et demandez aux docteurs de la loi d'établir enfin la vraie paix entre les nations (Alain, Propos,1924, p. 572):
3. Que leur métier fût d'expliquer les écritures ou de vendre du drap, ces hommes avaient quelque chose de royal dans le front et les yeux. C'étaient pourtant ces mêmes Juifs, peut-être, ces docteurs de la Loi et ces marchands d'Amsterdam qui maltraitaient Uriel d'Acosta... Green, Journal,1936, p. 74.
En partic. Jésus assis au milieu des docteurs (notamment p. réf. à l'Évangile selon saint Luc, 2.46). :
4. ... ils l'avaient retrouvé dans le temple au milieu des docteurs. Assis au milieu des docteurs. Les docteurs l'écoutaient religieusement. Il enseignait, à douze ans il enseignait au milieu des docteurs. (...). Il était trop grand parmi les docteurs. (...). Il avait trop manifesté qu'il était Dieu. Les docteurs n'aiment pas ça. Il aurait dû se méfier. Ces gens-là ont de la mémoire. C'est même pour cela qu'ils sont docteurs. Péguy, Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 112.
3. Péj. Exégète qui se perd en discussions oiseuses, pédantes; moraliste prétentieux et intolérant. Quant à tous ces docteurs, à ces essaims de sages Qui vont l'un maudissant ce que l'autre a béni (...) Ce n'est qu'une confuse et perverse mêlée (Hugo, Religions et religion,1880, p. 217).Aux docteurs les discussions infinies, aux religieuses, le silence, la paix, l'effort continu vers la perfection (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 233).
C.− P. ext.
1. Personne qui a une grande expérience en matière intellectuelle, idéologique, artistique, etc., et qui peut en faire bénéficier autrui. (Quasi-)synon. chef d'école, maître à penser, etc.L'interprète du socialisme hors des milieux où il prospère, le docteur des gentils, le délégué sur qui les possédants se rueront d'abord (Barrès, Déracinés,1897, p. 97).[Le comte d'Haussonville] (...) le consultant attitré de bien des cas d'incertitude littéraire (...) le docteur écouté, sagace, aimable, un peu vétilleux, un peu alarmiste peut-être, à force d'être consciencieux (Proust, Chroniques,1922, p. 54):
5. ... vous caressez votre douleur comme un petit enfant chéri (...). J'ai passé par là et j'ai manqué en mourir. Je suis un grand docteur en mélancolie. (...). Mais je me secoue comme un homme mouillé et je m'approche de mon art qui me réchauffe. Faites comme moi, lisez, écrivez et surtout ne pensez pas à votre guenille. Flaubert, Correspondance,1858, p. 271.
P. anal. Les oiseaux aquatiques, êtres de grande expérience, la plupart réfléchis et docteurs en deux éléments (Michelet, Oiseau,1856, p. 63).
2. Péj. Personne qui se mêle abusivement de régenter autrui, d'inculquer des valeurs contestables. Chez l'Allemand, la férocité est savante et elle a, depuis près d'un demi-siècle, son docteur qui est Nietzsche (L. Daudet, Ciel de feu,1934, p. 141).Tel est le ravage que peuvent produire dans des âmes simples quelques sots de lettres, dévorés de la rage de paraître et de vaticiner. (...). Devant les âneries monstrueuses des docteurs de la complaisance, beaucoup de prisonniers se contentaient de hausser les épaules (AmbrièreGdes vac.,1946, p. 143):
6. Ordonnez à ceux qui se font vos instituteurs, et qui vous imposent leur croyance, d'en débattre devant vous les raisons. Puisqu'ils invoquent vos intérêts, connaissez comment ils les traitent. Et vous, chefs et docteurs des peuples, avant de les entraîner dans la lutte de vos opinions, discutez-en contradictoirement les preuves! Etablissons une controverse solemnelle, une recherche publique de la vérité, ... Volney, Les Ruines,1791, p. 143.
II.− [Docteur implique une idée de titre universitaire]
A.− Personne ayant obtenu le plus haut grade universitaire (généralement après soutenance d'une thèse d'État). Grade de docteur.
En partic. Docteur en droit. Je reçus le titre de docteur en droit de l'université de Pensylvanie (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 460); cf. aussi doctorat A en partic.).Docteur en droit canon. Docteurs en droit canon, qui appuyâtes les prétentions du saint siège sur un tas de sacrées décrétales que vous aviez vous-mêmes composées (France, Bergeret,1901, p. 291).Docteur en pharmacie (Encyclop. pratique de l'éduc. en France,1960, p. 222).Docteur en/de Sorbonne. Le jeune clerc eût pu tenir tête (...) en théologie scolastique à un docteur de Sorbonne (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 171).Docteur en théologie. Jansénius a failli être chargé par les chefs de l'Université, où il est devenu docteur en théologie, de réfuter « Les Quatre Livres » de Dominis (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 298).Docteur ès lettres. Soutenance de thèses : M. Bourret vient d'être reçu docteur ès-lettres avec mention honorable (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 495).Docteur ès sciences. L'oiseau n'est pas un docteur ès sciences qui puisse expliquer pour ses confrères le secret du vol. Mais, sans autres explications, l'hirondelle s'envole devant les docteurs ébahis (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 262).
P. ext. Docteur de 3eCycle. Docteur d'université, ingénieur-docteur. Diplômes d'ingénieur docteur et de docteur d'université. (...). L'accès au diplôme d'ingénieur-docteur est ouvert aux titulaires d'une licence libre ou d'un diplôme d'ingénieur créé ou reconnu par l'État. En sciences et en lettres, les doctorats d'université comportent des travaux de recherches qui peuvent être de même ampleur que ceux d'un doctorat d'État, mais les exigences sont moindres en ce qui concerne les titres que doivent posséder les postulants. Ces divers doctorats se situent en quelque sorte « en marge » des études supérieures normales (Encyclop. éduc.,1960, p. 264).Docteur honoris causa. Personnage important qui a reçu d'une Université une distinction spéciale, à titre honorifique. En 1853 il est allé à Oxford pour y être reçu docteur honoris causa. Il n'y est pas arrivé sans inquiétude, sachant les étudiants moqueurs et que parfois de grands personnages ont été accueillis par des huées (Maurois, Disraëli,1927, p. 219).
Rem. 1. Pour la spécialité méd., v. infra II B. 2. On rencontre ds la docum. doctorerie, subst. fém. aux sens vieillis de « ensemble des travaux nécessaires pour être reçu docteur (notamment en théologie); grade de docteur ». Il parcourut également tous les degrés de licence, maîtrise et doctorerie des arts (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 172); attesté aussi ds Ac. 1798-1878, Besch. 1845, Lar. 19-20e, Littré, Guérin 1892, DG, Quillet 1965.
B.− Spéc., MÉD.
1. Absol. Personne habilitée à exercer la médecine après avoir été admise à différents examens sanctionnant plusieurs années d'études médicales (universitaires et hospitalières) et après avoir soutenu une thèse de doctorat. Dans certaines écoles, on rappelait aux docteurs qui sortaient de l'école pour aller exercer la médecine, les devoirs de moralité que cette profession leur impose (Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 34).Le médecin qui l'auscultait diagnostiqua une péricardite, ou une péripneumonie; et le grand docteur spécialiste, que l'on consulta ensuite, confirma ces appréhensions (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 882):
7. Ses clients les plus riches (...) attribuaient leur guérison à la nature, pour pouvoir payer les visites du docteur à quarante sous, en le voyant venir à pied. En médecine, le cabriolet est plus nécessaire que le savoir. (...). Aussi, le docteur Poulain après dix ans de pratique, continuait-il à faire son métier de Sisyphe, sans les désespoirs qui rendirent ses premiers jours amers. Néanmoins, il caressait un rêve, (...). Le docteur Poulain espérait être appelé près d'un malade riche et influent; puis obtenir, par le crédit de ce malade qu'il guérissait infailliblement, une place de médecin en chef à un hôpital, de médecin des prisons, ... Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 164.
8. Chaque ville d'eaux pour un observateur est une Californie de comique. Chaque docteur est un type délicieux, depuis le docteur correct, à l'anglaise, en cravate blanche, jusqu'au docteur sceptique, spirituel et malin, qui raconte aux amis ses procédés et ses trucs. Entre ces deux modèles, on rencontre le docteur paternel et bon enfant, le docteur scientifique, le docteur brutal, le docteur à femmes, le docteur à longs cheveux, le docteur élégant et bien d'autres. Chaque variété de médecins trouve infailliblement sa variété de malades, sa clientèle de naïfs. Et chaque jour, entre eux, dans chaque chambre d'hôtel, recommence l'admirable farce que Molière n'a pas dite tout entière. Oh! s'ils parlaient, ces médecins, quelles notes, quels documents merveilleux ils nous pourraient donner sur l'homme! Maupassant, Contes et Nouvelles,t. 2, Malades et médecins, 1884, p. 1296.
En partic. (le docteur comme type littér., notamment comme personnage de théâtre). Il [Molière] monte le « Docteur amoureux, (...), les Trois docteurs Rivaux, le Docteur pédant, le Médecin volant » (Brasillach, Corneille,1938, p. 352).
SYNT. Bon, jeune, pauvre, petit, vieux docteur; il/elle est bon docteur; consultation, ordonnance du docteur; le docteur examine, soigne; aller chercher, appeler le docteur.
Aller chez le docteur ou fam. aller au docteur. Tu avais la migraine? (...) Alors, il va falloir te mener au docteur. − Non, je ne veux pas aller au docteur (Pagnol, Marius,1931, II, 3, p. 115).
Spéc. Docteur médecin. Le parquet y alla avec un docteur médecin. On examina le cantonnier (Pourrat, Gaspard,1925, p. 279).Docteur vétérinaire (Encyclop. éduc.,1960, p. 234).Docteur en médecine :
9. Le régime des études et des examens en vue du diplôme de docteur en médecine a été fixé par le décret du 6 mars 1934, modifié par les décrets des 31 janvier 1947, (...) et 28 juillet 1960. Les études en vue du diplôme de docteur en médecine ont une durée de six années. (...). Les enseignements conduisant au diplôme de docteur en médecine sont obligatoires. Ils comprennent : − un enseignement théorique; − un enseignement pratique; ... ibid,p. 219.
P. métaph., domaine de la vie spirituelle.Cf. médecin des âmes :
10. De mon si lamentable cœur, Certes, la blessure insensée Jamais ne guérira, Seigneur, A moins qu'elle ne soit pansée Par vous, le plus doux des docteurs. Jammes, De tout temps à jamais,Philomèle, 1935, p. 160.
2. Appellation usuelle du médecin. (Monsieur) le Docteur + nom propre; (gén. en interj.)Monsieur le Docteur ou fam. Docteur! − Oh! M. le Docteur se tuera! (...) M. le Docteur est un vrai martyr (Arland, Ordre,1929, p. 501).Couvrez-vous donc, Docteur, par ce froid vous prendriez mal. Mais le docteur se guérirait vite; hélas Madame, ce sont les médecins qui sont les plus mal soignés (Sartre, Nausée,1938, p. 65):
11. Il a ramené mon mari des portes du tombeau quand toute la Faculté l'avait condamné. (...). Aussi Cottard pour moi (...) c'est sacré! Il pourrait demander tout ce qu'il voudrait. Du reste, je ne l'appelle pas le Docteur Cottard, je l'appelle le Docteur Dieu! Et encore en disant cela je le calomnie, car ce Dieu répare dans la mesure du possible une partie des malheurs dont l'autre est responsable. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 963.
Rem. La formule Docteur + nom propre n'est usitée que ds l'accept. II B. Elle s'emploie parfois pour désigner une femme médecin. Je suis la femme de Dubreuilh, ou le Docteur Anne Dubreuilh : ça n'inspire que le respect (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 72). Certains déconseillent la tournure Madame le Docteur + nom propre. « Madame le Docteur N. » est en effet choquant; mais « Madame N., docteur en médecine » ne choquera personne (Le temps, 6 oct. 1938). Cf. Grev. 1975, § 245, rem. 3 : ,,en s'adressant à une femme médecin, c'est toujours docteur qu'on emploie``. Cf. aussi doctoresse.
Prononc. et Orth. : [dɔktœ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Mil. xiies. doctor « savant, érudit » (Alexandre [décasyllabique], éd. ds Elliott monographs, Ms Arsenal, 48); spéc. 1174-76 relig. doctur (G. De Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2906); ca 1350 désigne un grade universitaire (G. Le Muisit, Poésies, 1, 327 ds T.-L. : docteurs en decrés); v. Naz, s.v. col. 1327-1330; fin xves. docteur en médecine (Repues franches ds Villon, Œuvres complètes, éd. P. L. Jacob, Paris, 1854, p. 271); 1775 (Beaum., Let. s. la crit. du Barbier ds Brunot t. 6, p. 1358 : A merveille, docteur, dit la dame ... A ce mot de docteur, je commençai à soupçonner qu'elle parlait à son médecin); av. 1615 Docteur Medecin (Pasquier, Recherches sur la France, éd. 1665, 827); 1832 docteur médecin (Raymond); 1834 docteur (Boiste). Empr. au lat. class.doctor « celui qui enseigne », lat. chrét. « docteur de la loi; prêtre qui enseigne la religion » et « médecin » (v. Catholicisme et Théol. cath.). Fréq. abs. littér. : 7 859. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 737, b) 13 146; xxes. : a) 11 414, b) 11 205. Bbg. Arrivé (M.). Le mot docteur en fr. contemp. Fr. Monde. 1965, no33, pp. 40-42. − Georgin (R.), Vermotte (P.). Madame le Docteur. Déf. Lang. fr. 1961, no10, pp. 41-43.

Wiktionnaire

Nom commun - français

docteur \dɔk.tœʁ\ masculin (pour une femme, on peut dire : docteur, docteure, docteuse, doctoresse, doctrice)Note d’usage : L’équivalent féminin doctoresse, couramment utilisé en Suisse romande, ne s’emploie guère que dans le sens 3. Il est peu usité en France, où l’on rencontre principalement docteur. Au Québec, l’équivalent féminin docteure est répandu.

  1. Personne promue dans une université au grade le plus élevé de quelque faculté.
    • M. Pierre-Nicolas Anot, prêtre, docteur en théologie, chanoine, théologal et grand-pénitencier de Reims, est mort le 21 octobre dernier, âgé de près de 61 ans. — (L’Ami de la religion et du roi : journal ecclésiastique, politique et littéraire, n° 964,‎ 5 novembre 1823, page 397)
  2. (Par ellipse) Personne qui professe la médecine et aussi la chirurgie, après avoir acquis le grade de docteur.
  3. (Par extension) Médecin
    • […] madame d’Aiglemont sourit à l’espoir d’une prompte guérison, et n’opposa plus de résistance à la volonté de son mari, qui la violentait pour lui faire accepter les soins du jeune docteur. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • On se représente difficilement aujourd’hui le prestige dont jouissaient la médecine et les médecins dans le société matérialiste d’il y a trente ans. Le « bon docteur » remplaçait le prêtre, disait-on, et le haute influence morale et sociale appartenait aux maîtres des corps, aux dispensateurs des traitements et régimes. — (Léon Daudet, Souvenirs littéraires – Devant la douleur, Grasset, 1915, réédition Le Livre de Poche, page 99)
    • Nous sommes de beaux Jacques, allez, de gratifier de plus de trois mille francs ce mauvais docteur là. […] Qui tombe jamais malade ici ? […] Si on l’appelle c’est tout au plus pour le permis d’inhumer. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  4. (Par extension) Personne qui est habile en quelque chose que ce soit.
    • Faire le docteur.
    • Un ton de docteur.
  5. Personne donnant des enseignements sur des points de doctrine.
    • Personne ne fut empalé ; de quoi plusieurs docteurs murmurèrent, et en présagèrent la décadence de Babylone. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, IV. L’Envieux, 1748)
    • Ainsi, dire, comme les traditionnaires, que les hadiths rapportés à la fois par El-Boukhari et par Moslem sont plus certains que ceux qui ne le sont que par l’un de ces docteurs ; que les hadiths racontés par Moslem sont moins solides que ceux qui sont rapportés par El-Boukhari etc., c’est dire qu’aucun hadith n’est revêtu de la certitude requise pour devenir matière de foi. — (François Bourgade, La Clef du Coran, 1852, page 94)
    • […] il n’est que trop vrai que mille autres docteurs et religieux ont enseigné la doctrine du pouvoir de l’Église sur le temporel des rois […] — (Jean le Rond d’Alembert, La Suppression des jésuites (éd. populaire abrégée), Édouard Cornély, 1888)
    • […] les docteurs du Talmud ne donnaient-ils pas eux-mêmes l’exemple en exerçant, pour assurer leur gagne-pain, les métiers les plus humbles, tels que forgerons, ou savetier, ou fabricant d’épingles, etc. ? — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  6. Exégète ou commentateur pédant ou oiseux.
    • Ces docteurs confondent, par un grossier sophisme, un idéal qui, en tant que non changeant, peut par pure métaphore être qualifié de mort, avec les hommes, les êtres charnels […] — (Julien Benda, La Trahison des clercs : Appendice des valeurs cléricales, 1927, éd. 1946)
  7. (Technique) Cylindre gravé en creux, destiné à recevoir de l’encre, dans les usines d’impression sur tissus.
  8. (Technique) Cylindre destiné à presser la colle sur le cylindre encolleur dans les usines de fabrication de carton ondulé.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DOCTEUR. n.
Celui, celle qui est promu dans une université au grade le plus élevé de quelque faculté. Docteur en théologie. Docteur en médecine de la Faculté de Paris. Docteur ès lettres. Le grade, le diplôme de docteur. Une femme docteur. Docteur médecin, et, par ellipse, Docteur, Celui qui professe la médecine et aussi la chirurgie, après avoir acquis le grade de docteur. Dans cette acception, il a pour féminin DOCTORESSE, qui est toutefois peu employé; on se sert plutôt de Femme docteur, Femme médecin ou simplement Docteur. Il s'emploie surtout pour adresser la parole. Docteur, que pensez-vous de votre malade? Il se dit, par extension et ironiquement, de Celui qui est habile en quelque chose que ce soit. Faire le docteur. Un ton de docteur. Il signifiait d'abord Celui qui donnait des enseignements sur des points de doctrine. Les docteurs de la loi, dans l'Ancien Testament, Ceux qui enseignaient et interprétaient la loi judaïque. En ce sens, on l'applique surtout à Ceux qui se sont illustrés dans la philosophie scolastique, et il est ordinairement accompagné d'une épithète. Saint Thomas était appelé le Docteur angélique, saint Bonaventure le Docteur séraphique, Roger Bacon le docteur admirable. Les docteurs de l'Église, se dit de Ceux qui ont enseigné les vérités du christianisme, et particulièrement des Pères de l'Église qui ont le plus écrit, et dont les doctrines ont dominé, tels que saint Athanase, saint Jean Chrysostome, saint Jérôme, saint Augustin. C'est ce qu'enseignent les docteurs.

Littré (1872-1877)

DOCTEUR (do-kteur) s. m.
  • 1Celui qui enseigne, qui dogmatise. Vous devriez brûler tout ce meuble inutile, Et laisser la science aux docteurs de la ville, Molière, F. sav. II, 7. Notre docteur bientôt va lever tous ses doutes, Boileau, Sat. x. On chassa ces docteurs prêchant sans mission, Boileau, Art p. III. Soyez donc vous-même, ô mon Dieu, le docteur intérieur des fidèles qui m'écoutent, Massillon, Car. Jeûne.

    Les docteurs de l'Église, ceux qui enseignent les vérités du christianisme, et, particulièrement, les Pères de l'Église dont les doctrines ont dominé, tels que saint Athanase, saint Augustin, etc.

    Il se dit aussi des principaux maîtres de la scolastique ; et alors docteur est d'ordinaire accompagné d'une épithète. Le docteur angélique, saint Thomas. Le docteur séraphique, saint Bonaventure. Le docteur admirable, Roger Bacon. Le docteur subtil, Jean Duns ou Scot. Le docteur invincible, Ockam, chef des nominaux. Le docteur illuminé, R. Lulle.

    Les docteurs de la loi dans l'Ancien Testament, ceux qui enseignaient et interprétaient la loi judaïque. Malheur à vous, docteurs de la loi, qui vous êtes saisis de la clef de la science, et qui, n'y étant point entrés vous-mêmes, l'avez encore fermée à ceux qui y voulaient entrer, Sacy, Bible, Év. St Luc, XI, 75. C'était [Éléazar] un vénérable vieillard, âgé de quatre-vingt-dix ans, docteur de la loi, dont la vie avait toujours été pure et innocente, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VIII, p. 629, dans POUGENS.

    En mauvaise part. Va, ne présume pas que, quoi que je te jure, De tes nouveaux docteurs je suive l'imposture, Corneille, Poly. V, 2. Leur subtil conducteur [Cromwell] qui, en combattant, en dogmatisant, en mêlant mille personnages divers, et faisant le docteur et le prophète aussi bien que le soldat et le capitaine…, Bossuet, Reine d'Anglet. Les docteurs d'une science orgueilleuse promettaient la sagesse à leurs disciples, Massillon, Paraphr. Ps. XVIII.

    Dans un sens général. Faire le docteur, prendre le ton de docteur, faire l'homme capable ; se donner un air capable.

  • 2Celui qui est habile en quelque chose que ce soit. N'y ayant rien de plus injuste que de blâmer la doctrine, à cause des fautes où tombent les docteurs, Bossuet, Var. II. Ce serait multiplier étrangement les docteurs et, à force de doctrine, renverser toute l'économie et toute la conduite du monde, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 340.

    Par extension. Et les femmes docteurs ne sont point de mon goût, Molière, Femm. sav. I, 3.

    Fig. Que fit-il ? le besoin, docteur en stratagème, Lui fournit celui-ci…, La Fontaine, Fabl. X, 4.

  • 3Celui qui est promu au plus haut grade d'une faculté, après avoir écrit et soutenu une ou deux thèses, suivant la faculté. Docteur en théologie, en droit, en médecine. Docteur ès lettres, ès sciences. Le docteur ès lettres doit présenter et soutenir une thèse latine et une thèse française. Le grade de docteur. Être reçu docteur. Passer son examen de docteur. Laisse là saint Thomas s'accorder avec Scot, Et conclus avec moi qu'un docteur est un sot, Boileau, Sat. VIII. C'est ce schisme [entre les chrétiens d'Orient et ceux d'Occident] que quelques docteurs de l'université de Paris crurent éteindre tout d'un coup en donnant un mémoire à Pierre le Grand, Voltaire, Russie, II, 9.

    Docteur-médecin, médecin qui a le titre de docteur.

    Docteur-régent, se disait autrefois d'un docteur qui enseignait publiquement.

    Anciennement. Docteur in utroque jure, et, elliptiquement, docteur in utroque, docteur en droit civil et en droit canon.

    Fig. et familièrement, homme instruit à la fois dans deux branches de connaissances.

  • 4Médecin (par ellipse pour docteur en médecine). Consulter son docteur. Faire venir le docteur.
  • 5Instrument qui sert à racler ou à essuyer le cylindre gravé qu'on emploie pour l'impression sur toile.

HISTORIQUE

XIIe s. Si cum li saint escrit mustrent e li doctur, Deus rove les apostles e que lur successur E tut cil qui laburent el champ nostre Seignur, Ne seient dechacié n'osté de lur tenur, Th. le mart. 73.

XIVe s. Ne au pere ne doit l'en pas le honeur que l'en doit à un sage comme à son dotteur ou maistre, Oresme, Eth. 262.

XVe s. Manyant toute la viande, Comme docteur en medecine, Qui tient malades en commande, Villon, Rep. franch.

XVIe s. Docteur en toute lourdise [ignorant], Oudin, Curiosités. De jeune docteur argument cornu, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 128.

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Étymologie de « docteur »

(1160) Du latin doctor[1][2], dérivé de doceo (« instruire »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. et espagn. doctor ; ital. dottore ; du latin doctorem, de doctum, supin de docere, enseigner.

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Phonétique du mot « docteur »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
docteur dɔktœr

Fréquence d'apparition du mot « docteur » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « docteur »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « docteur »

  • Dieu a créé les seins pour nourrir les enfants et on y met des prothèses pour nourrir les docteurs.
    Patrick Sébastien — Carnet de notes
  • Le besoin est un docteur en stratagème.
    Jean de La Fontaine
  • Le politologue n’est pas le docteur des malpolis.
    Michèle Bernier — Le Petit Livre de Michèle Bernier
  • Quand on va vraiment mal, se passer de docteur est parfois un remède insuffisant.
    George Colman
  • Depuis quelques jours, les cas positifs à la Covid-19 sont en hausse significative. Des clusters ont été localisés. Pour le docteur Luc Duquesnel, médecin à Mayenne, il faut rester très vigilant et respecter les gestes barrières.
    France Bleu — Augmentation des cas de Covid-19 en Mayenne : le docteur Luc Duquesnel appelle à la vigilance
  • Le docteur Kafka est pour moi un maître et un confesseur.
    France Culture — Gustav Janouch : "Le docteur Kafka est pour moi un maître et un confesseur" - Ép. 4/11 - La Nuit rêvée de Valérie Zenatti
  • Selon le docteur Miasnikov, le brocoli est le légume le plus utile pour la santé. Il a expliqué que cet aliment était riche en antioxydants, vitamines, minéraux et substances anticancéreuses. 
    Ce légume est le plus utile pour la santé, affirme un docteur russe - Sputnik France
  • Mary Thorne, la nièce d'un docteur respectée, est convoitée par le beau Frank Gresham, plein de romantisme. Pourtant la famille du jeune homme n'a que faire de ses sentiments et souhaite qu'il épouse une femme fortunée, car leur domaine souffre de larges dettes.
    leparisien.fr — Programme TV du samedi 4 juillet : notre sélection - Le Parisien
  • Le décès du docteur Régis Arnaud jette un voile de tristesse à Barjols
    Var-Matin — Le décès du docteur Régis Arnaud jette un voile de tristesse à Barjols - Var-Matin
  • Jean-Pierre Foucault “agresse” Michel Cymes au téléphone : le célèbre docteur s'explique
    Public.fr — Jean-Pierre Foucault “agresse” Michel Cymes au téléphone : le célèbre docteur s'explique
Voir toutes les citations du mot « docteur » →

Traductions du mot « docteur »

Langue Traduction
Anglais doctor
Espagnol médico
Italien medico
Allemand arzt
Chinois 医生
Arabe طبيب
Portugais médico
Russe доктор
Japonais 医師
Basque medikua
Corse duttore
Source : Google Translate API

Synonymes de « docteur »

Source : synonymes de docteur sur lebonsynonyme.fr

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Docteur

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