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Commère

Variantes Singulier Pluriel
Féminin commère commères

Définitions de « commère »

Trésor de la Langue Française informatisé

COMMÈRE, subst. fém.

A.− Vx. Marraine d'un enfant par rapport au parrain ou aux parents. Si madame Bernier est la marraine, j'aurai là une commère de mon goût (É. Augier, Un Beau mariage,1859, p. 197).
B.− P. ext.
1. Vieilli et fam.
a) Femme avec qui on entretient des rapports familiers, amie, compagne :
1. On ne voit pas le nombril... Peut-être qu'elle [la femme] n'en a pas, pareille à Adam et à sa commère, aux deux du couple de l'Eden, à qui personne n'a coupé le cordon... A. Arnoux, Carnet de route du Juif errant,1931, p. 158.
[Comme appellatif amical] La Lune. − M'entends-tu? L'Ours. − Est-ce toi, commère? (Claudel, L'Ours et la lune,1919, 2, p. 594).
P. métaph. Et la vie et la mort Sont tes commères (Péguy, Quatrains,1914, p. 612).
Spéc., THÉÂTRE. Celle qui donne la réplique à un acteur comique, à un clown. Il [le maigre baladin] pérore et se tait tout soudain (...) Baise au cou sa commère énorme, et fait la roue (Verlaine, Jadis et naguère,1884, p. 207).
Animatrice dans une revue de music-hall. Il composa une revue en vers. Ma sœur fut choisie comme commère (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 103).
b) Femme hardie et énergique. Un air qui annonce une résolution indomptable. Fière commère! (Barbey d'Aurevilly, 1erMemorandum,1838, p. 213).
Souvent avec une nuance hypocoristique. Femme habile, espiègle ou rusée. Nous ferions, avec l'effronterie de notre innocence, deux petites commères passablement éveillées (Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées,1842, p. 175).
2. Lang. mod., péj. Femme curieuse, indiscrète et bavarde, généralement malveillante, à l'affût des moindres nouvelles, vraies ou fausses, et prompte à les colporter. Grosse, vieille commère; les commères du quartier. Les commères à larges faces bavardaient avec une volubilité de moulin (Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 72):
2. Et que dire de leurs épouses [des vieux]? Avec leurs lèvres serrées comme des bourses, leurs yeux de quatre-vingts ans vivants et cruels (...), leurs méchancetés articulées en un français parfait et glacial, elles menaient contre les libérateurs une sorte de grève perlée dans les omnibus, de cartel des commères dans les loges... Morand, L'Europe galante,1925, p. 251.
P. iron. [En parlant d'un homme] J'ai rencontré le supérieur, jadis − une commère, une vraie commère, molle et joufflue, des hanches énormes (Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1346).
[Emploi en appos. avec valeur d'adj.] Ce petit pays commère (Hugo, Correspondance,1866, p. 573).Elle est un peu bavarde − un peu commère et médisante, mais elle a bon cœur (J. Vallès, Jacques Vingtras,Le Bachelier, 1881, p. 383).
Rem. On rencontre dans la docum. les dér. a) Commèrement, adv. À la manière d'une commère bavarde. Je désirerais qu'il m'écrivît le plus tôt, le plus minutieusement, voire le plus commèrement possible (Verlaine, Correspondance, t. 1, 1871, p. 290). b) Comméreux, euse, adj. Qui a un comportement de commère, qui colporte des médisances. La niaise malveillance de toute cette bande comméreuse (S. de Beauvoir, L'Invitée, 1943, p. 254).
Prononc. et Orth. : [kɔmε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 « marraine » (Renart, éd. Martin, branche II, vers 474); 2. fin xiiies. appellation familière donnée à une personne (De l'Ermite qui s'enyvra ds Nouv. recueil, éd. Méon, t. 2, p. 180, vers 239); 3. xives. « personne bavarde » (Christ. de Pisan, Charles V, I, ch. 10 ds Littré). Empr. au lat. chrét. commater (composé de cum et mater « marraine » en lat. chrét.), proprement « marraine avec ». Fréq. abs. littér. : 281. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 358, b) 555; xxes. : a) 459, b) 314. Bbg. C. (L.). Des Potins de la commère au potin du potache. Vie Lang. 1960, pp. 602-605.

Wiktionnaire

Nom commun - français

commère \kɔ.mɛʁ\ féminin (pour un homme, on dit : compère)

  1. (Vieilli) Personne qui est la marraine d’un même enfant, du point de vue du parrain, du père et de mère de l’enfant.
    • SUZANNE. Mes amis, je vous présente le nouveau fermier de Gros-Bois.
      NANETTE, à André. Na !… quand je vous avais dit que vous seriez content d’la commère que je vous donn’ra,
      ANDRÉ, à Landuriau. Si je suis parrain aujourd’hui, c’est à charge de revanche, et je te le promets avant un an… Partons pour le baptême… Ma commère, voulez-vous permettre ?
      — (Saintine , « La Paysanne demoiselle » dans Le Magasin théâtral : choix de pièces nouvelles, jouées sur les théâtres de Paris, Paris, Marchant, 1834, page 19).
    • Napoléon Bayet s'y est installé tout aussitôt après la guerre ; il y a ramené sa commère, et six enfants lui sont nés : […]. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Familier) (Péjoratif) Femme bavarde, qui aime jaser, médire d’autrui. — Note : On peut même quelquefois l’appliquer aux hommes.
    • Mettons dans la même classe les dialecticiens et les sophistes, gens qui font plus de bruit que tous les chaudrons de Dodone, et dont le moins babillard pourrait tenir tête aux vingt plus bavardes commères qu'on puisse trouver sous le ciel. — (Érasme, Éloge de la folie, 1509. Traduction de Thibault de Laveaux en 1780)
    • Il est certaines situations dont bénéficient seuls les gens tarés. Ils fondent leur fortune là où des hommes mieux posés et plus influents n’auraient point osé risquer la leur. Certes, Roudier, Granoux et les autres, par leur position d’hommes riches et respectés, semblaient devoir être mille fois préférés à Pierre comme chefs actifs du parti conservateur. Mais aucun d’eux n’aurait consenti à faire de son salon un centre politique ; leurs convictions n’allaient pas jusqu’à se compromettre ouvertement ; en somme, ce n’étaient que des braillards, des commères de province, qui voulaient bien cancaner chez un voisin contre la République, du moment où le voisin endossait la responsabilité de leurs cancans. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 95-96)
    • En province,[…], toute fille qui devient amante « fait une faute » ; le terme est significatif. Les commères ne la reçoivent plus. On la fuit. — (Pierre Louÿs, Liberté pour l'amour et pour le mariage, 1900, dans Archipel, 1932)
    • […] il accueillit d’un air enjoué et d’une âme égale l’annonce câlinement faite par la Julie d’une paternité future et les sourires des voisins, les cancans des commères et jusqu’aux plaisanteries égrillardes du maire […]. — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Évariste : […]. Toi, il faut que tu saches tout, parce que tu as un esprit de commère, d’espincheur, et de bazarette. — (« Scénario de La Prière aux étoiles », 1941, dans les Œuvres complètes de Marcel Pagnol, tome 6, Club de l'Honnête Homme, 1977, page 472)
    • – La classe est encore vide, je suis seule à mon rang et derrière moi sont assises les deux plus mauvaises élèves de la classe, des commères inséparables, toujours en train de chuchoter entre elles, d’échanger des coups d’œil, de ricaner… — (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 238)
  3. (Archaïsme) Appellation familière, entre gens du peuple qui ont des relations fréquentes.
    • Avec ou sans patente — la loi l'y autorisait peut-être à l'époque, et de toute manière il y a prescription — elle tenait dans sa vaste cuisine un lot de marchandises épicières qu'elle débitait aux commères du voisinage. — (Maurice Le Lannou, Un bleu de Bretagne : souvenirs d'un fils instituteur de la 3e République, Éditions Hachette, 1979, chap. 1)
    • L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours ;
      Ma commère la carpe y faisait mille tours
      Avec le brochet son compère.
      — (Jean de La a Fontaine, Le Héron)
  4. (Désuet) (Familier) Femme qui a de la tête, une femme hardie, que rien ne rebute.
    • Une commère dont la chemise très courte cachait mal les rondeurs, m'accueillit et, me poussant dans une pièce quasiment obscure, me confia d'un air canaille: […]. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Cette gamine vicieuse et prétentieuse est la fille d'une grosse commère qui tenait, naguère, une fruiterie dans les environs du Barbès. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 198)
  5. (Théâtre) Les deux personnages principaux d’une revue. → voir compère
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  6. (Music-hall) Animatrice d’une revue.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

COMMÈRE. n. f.
La marraine d'un enfant, par rapport tant au parrain qu'au père et à la mère de l'enfant. Il se dit aussi familièrement d'une Femme de basse condition, qui veut savoir toutes les nouvelles du quartier et qui parle de tout à tort et à travers. C'est une commère, une vraie commère, une franche commère. Il se dit, par extension, de Toute autre femme, de quelque condition qu'elle soit, qui a le même défaut. On peut même quelquefois l'appliquer aux hommes. Cet homme est une vraie commère. Il s'emploie aussi comme une appellation familière, entre gens du peuple qui ont des relations fréquentes. Que dites-vous, ma commère? Fam., C'est une commère, une fine commère, une maîtresse commère, C'est une femme qui a de la tête, une femme hardie, que rien ne rebute. Il se dit aussi, en termes de Théâtre, d'Un des deux personnages principaux d'une Revue. Voyez COMPÈRE.

Littré (1872-1877)

COMMÈRE (ko-mê-r') s. f.
  • 1Celle qui a tenu un enfant sur les fonts baptismaux, avec un compère ; ce qui crée entre eux une parenté spirituelle. Il s'avisa de me prier de lui tenir un enfant, et me donna Mme Coccelli pour commère, Rousseau, Conf. V. Quelques-uns osaient douter que le pape pût déposer un roi, pour avoir épousé sa commère ou sa parente au 7e degré, Voltaire, Phil. II, 414.
  • 2 Terme d'amitié, donné surtout entre voisins et gens qui se voient très souvent. Compères et commères. Ma commère, quand je danse, Mon cotillon va-t-il bien ? Vieille chanson.
  • 3 Par extension, nom donné aux animaux qui ont de grands rapports entre eux. Que ferai-je, lui dit-elle [l'ourse], ma bonne commère [la corneille], de ce petit monstre [son petit] ? Fénelon, t. XIX, p. 43. L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours : Ma commère la carpe y faisait mille tours Avec le brochet son compère, La Fontaine, Fabl. VII, 4.
  • 4Emploi de ce terme avec quelques qualités ou défauts considérés surtout comme très habituels et de tous les instants. Une méchante commère. Une bonne commère.

    Commère dolente, personne qui se plaint toujours. Et maintenant je suis ma commére dolente, Molière, Sgan. sc. 2.

    Femme bavarde et médisante. Propos de commère.

    Par extension. Cet homme est une vraie commère.

    C'est une bonne commère, une fine commère, une maîtresse commère, c'est une femme de tête qui ne s'intimide pas facilement. On dit dans le même sens : quelle commère ! Heureux l'écot où la commère Apportait sa pinte et son verre ! Béranger, Mme Grégoire. Dans le marais entrés, notre bonne commère S'efforce de tirer son hôte au fond de l'eau, La Fontaine, Fab. IV, 11.

    PROVERBE

    Tout se fait ou tout va par compère et par commère, c'est-à-dire tout se fait par faveur et protection.

REMARQUE

Commère se dit par rapport à celui qui a tenu l'enfant sur les fonts baptismaux, et aussi par rapport au père et à la mère de l'enfant. Marraine se dit par rapport à l'enfant lui-même.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ce doit cascuns savoir que nus ne doit espouser cele qui li apartient de lignage, ne se [sa] commere, de quel enfant que ce soit, Beaumanoir, XVIII, 8.

XIVe s. Et s'il est que desconfis soies Et que tes gens mors et pris voies, Jà soit ce que li cuer t'en vueille, Garde que ton œil ne s'en meuille : Car c'est maniere de commere, Qui doit plourer l'ame sa mere, Machaut, p. 110.

XVe s. Ils les reputent folz et chetifz, et dient que ce ne sont que commeres et gens de neant, Christine de Pisan, Charles V, I, ch. 10. Quant la diablesse vit le chevalier en tel poinct, elle luy escria d'une voix forsennée : Va-t'en, que ne soyes desmembrés ; es-tu une commere ou ung portier de religion ? va ton chemin en aultre lieu querir ton adventure, Perceforest, t. VI, f° 48. Nous n'estions point advocatz ne procureurs pour plaider ne tenser comme commeres, ib. f° 88. Je ne sçay, dit la voix, se tu empireras l'huys ; car tu n'y entreras point par force ne autrement ; car je hucherai [j'appellerai], aussy fol et oultrageux que tu es, qui bien gardera l'huys contre toi. Meshuy seroient ruses de commeres, dit Passelyon, trop ai entendu, ib. t. IV, f° 109.

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Étymologie de « commère »

Saintonge, coumère ; Berry, coumère, femme en couches ; provenç. comaire ; catal. comare ; espagn. comadre ; ital. comare, comadre ; de co, et mère, parce que la marraine de l'enfant, étant considérée comme sa mère spirituelle, et chargée de le guider et de le secourir en cas de mort de la mère naturelle, était mère en même temps que celle-ci.

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(Date à préciser) Du latin ecclésiastique commater (« marraine »), de cum et de mater. Référence nécessaire
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « commère »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
commère kɔmɛr

Fréquence d'apparition du mot « commère » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « commère »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « commère »

  • La police doit être une mère et non pas une commère.
    Charles Joseph de Ligne — Mes écarts
  • Le décor représente la cuisine d'Honorine, éclairée par des cuivres et des carreaux rouges. Au milieu, Claudine est assise. C'est une belle commère de trente-cinq ans. Elle a une belle robe verte, par-dessus laquelle elle a mis un tablier. Et tout en parlant avec sa sœur elle tourne vigoureusement l'aïoli dans un mortier qu'elle serre entre ses genoux.
    M. Pagnol — Fanny
  • Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n’avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé ; il était décidé par l’université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler. il était décidé par l’université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.On avait en conséquence saisi un Biscayen convaincu d’avoir épousé sa commère, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l’un pour avoir parlé, et l’autre pour l’avoir écouté avec un air d’approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d’une extrême fraîcheur, dans lesquels on n’était jamais incommodé du soleil : huit jours après ils furent tous deux revêtus d’un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papier : la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées, et de diables qui n’avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très-pathétique, suivi d’une belle musique en faux-bourdon. Candide fut fessé en cadence, pendant qu’on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n’avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume. Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable.
    Voltaire — Candide ou l’Optimisme

Traductions du mot « commère »

Langue Traduction
Anglais gossip
Espagnol chisme
Italien pettegolezzo
Allemand klatsch
Chinois 八卦
Arabe ثرثرة
Portugais fofoca
Russe слухи
Japonais ゴシップ
Basque esamesak
Corse zingi
Source : Google Translate API

Synonymes de « commère »

Source : synonymes de commère sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot commère au Scrabble ?

Nombre de points du mot commère au scrabble : 12 points

Commère

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