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Cancer

Variantes Singulier Pluriel
Masculin cancer cancers

Définitions de « cancer »

Trésor de la Langue Française informatisé

CANCER1, subst. masc.

A.− ASTRON. Quatrième constellation du Zodiaque située dans la partie la plus septentrionale de l'écliptique :
Quand il [l'homme] lève les yeux vers les astres, là-haut, Le cancer resplendit, le scorpion flamboie, Et dans l'immensité le chien sinistre aboie. Hugo, Les Contemplations,t. 3, 1856, p. 462.
B.− GÉOGR. Tropique du Cancer. Tropique boréal. Le tropique du Cancer le partage [golfe du Mexique] en méridional et en septentrional (Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 158).
Rem. En zool., synon. de cancre1« crabe ».
Prononc. et Orth. : [kɑ ̃sε:ʀ]. Pour la prononc. de r final cf. aster. Ds Ac. 1718-1878.

CANCER2, subst. masc.

PATHOL. Tumeur maligne due à une multiplication anarchique des cellules d'un tissu organique. Le cancer du sein si fréquent chez les Israélites est à peu près inconnu chez les Japonais (Hist. de la sc.,1957, p. 1394):
1. Elle a dix-huit ans; il y en a cinq qu'elle est tourmentée par un horrible cancer qui lui ronge la tête. J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 251.
P. métaph. ou au fig. [En parlant d'une situation, des systèmes de valeurs, de l'usage d'un pouvoir, d'une influence devenus excessifs, etc.] Détérioration lente. Cependant le cancer de l'esclavage gagnait de proche en proche (Michelet, Introd. à l'Histoire universelle,1831, p. 417).Souvent le cancer du plaisir ronge les lieux et les êtres auxquels il s'attache ... (Mauriac, Journal 1,1934, p. 10):
2. La littérature moderne, en beaucoup de cas, est un cancer des mots. Sartre, Situations II,1948, p. 304.
Prononc. et Orth. : [kɑ ̃sε:ʀ]. Cf. aster. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1372 signe du cancer « signe du zodiaque » (Corbichon, Nativitez des hommes, à la suite des Propriét. des choses, éd. 1522 ds R. Hist. litt. Fr. t. 6, p. 290); 2. 1478 « tumeur maligne » (La Grande Chirurgie de Guy de Chauliac [éd. 1478] ds Fr. mod. 1965, p. 203); 1503 (Le Guidon en francoys, 219a, éd. 1534 ds Rom. Forsch. t. 32, p. 24); av. 1755 fig. (St-Sim., 411, 147 ds Littré : Le luxe est une plaie qui est devenue le cancer intérieur qui ronge tous les particuliers). Empr. au lat. cancer « écrevisse, crabe » (< gr. κ α ρ κ ι ́ ν ο ς, Epicharme, [ive-ves. av. J.-C.], 53 ds Liddel-Scott), Pline, Nat. 9, 43 ds TLL s.v., 228, 41; désigne ensuite un signe du zodiaque (Cic. Arat., fragm. 23, 2, ibid., 229, 30; cf. en gr. Eudoxe ds Hipparch., I, 2, 18 ds Liddel-Scott) et la maladie (Cels. 6, 18, 4 ds TLL s.v., 231, 10); cf. en gr. Hippocrate, Aph. 6, 38 ds Liddel-Scott) au sens fig. (en parlant de l'amour) (Pétrone, 42 ds TLL s.v., 231, 55).
STAT. − Cancer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 262. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 209, b) 230; xxes. : a) 346, b) 604.
DÉR. 1.
Cancérigène, adj.Capable de provoquer l'apparition d'un cancer. Agent, facteur cancérigène. [kɑ ̃seʀiʒ εn], [kɑ ̃seʀ ɔ-]. Lar. encyclop. : cancérigène ou cancérogène; Quillet 1965 : cancérogène. Rob. Suppl. 1970 : cancérigène. Quillet Suppl. 1971 : cancérogène, ,,ne pas dire cancérigène``. 1reattest. 1920-24 agent cancérigène [Roussy (F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd., fasc. 5, p. 32)]; de cancer2étymol. 2, suff. -gène*.
2.
Cancérose, subst. fém.,,Tout cancer disséminé`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Au fig. [Le ministre] : ... qui vous dit que ma méchanceté n'a pas quelque rapport souterrain avec ma tendance à la cancérose? (L. Daudet, Cœur brûlé,1929, p. 70). [kɑ ̃seʀo:z] 1reattest. 1929 id.; de cancer2étymol. 2, suff. -ose*.
BBG. − Bambeck (M.). Lexicalisches und Etymologisches. Z. rom. Philol. 1961, t. 77, pp. 321-335 [Cr Lecoy (F.). Romania. 1963, t. 84, p. 282]. − Duch. 1967, § 12.1. − Gohin 1903, p. 363. − Le Breton Grandmaison. Langage de l'astrologie. Vie Lang. 1972, p. 278. − Liste des termes et expr. à substituer à des mots étr. ou barbares. Déf. Lang. fr. 1970, no53, p. 34 s.v. cancérigène.Marty (O.). Du Bon usage de la lang. fr. Déf. Lang. fr. 1970, no51, pp. 27-30 s.v. cancérigène.Rog. 1965, p. 109. − Sigurs 1963/64, p. 37, 54, 387.

Wiktionnaire

Nom commun - français

cancer \kɑ̃.sɛʁ\ masculin

  1. (Médecine) Maladie causée par une tumeur maligne.
    • Cette fragilité est-elle propre aux os des cancéreux, ou tient-elle au développement des cancers multiples dans le système osseux ? — (Eugène Follin, Traité élémentaire de pathologie externe, Paris : Victor Masson & fils, 1869, vol.1, page 299)
    • A dater de ce moment, elle commença à entretenir l'idée qu'elle avait ou allait avoir un cancer du nez ; de là, un état d’hypochondrie et de mysophobie extrême. — (Archives internationale de neurologie, des maladies héréditaires, de médecine mentale et psychosomatique, 1881, vol.1, page 610)
    • Ainsi, on peut déclarer un cancer du poumon sans avoir fumé et fumer sans déclarer un cancer du poumon. — (Kamel Malek & Jean-Christophe Mino, Karine Lacombe, Santé publique: médecine légale, médecine du travail, 2000)
    • En outre, la distinction opérable / inopérable se complique, certains cancers inopérables peuvent devenir accessibles à l’exérèse si celle-ci est couplée à la radiothérapie. — (Patrice Pinell, Naissance d'un fléau: histoire de la lutte contre le cancer en France (1890-1940), Éditions Métailié, 1992, page 321)
  2. (Figuré) Ce qui est nuisible.
    • Lucas est le cancer de notre famille.
    • Le tabac et l’alcool sont les cancers des déficits de la sécurité sociale.
    • Cette fille est un cancer social.
    • La devise en anglais « Feminism is cancer » se traduit « Le féminisme est un cancer ».
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CANCER. (On prononce l'R.) n. m.
Terme générique de Médecine par lequel on désigne Toute tumeur qui dégénère en ulcère et qui ronge les tissus. Cette femme a un cancer au sein. Cancer de l'estomac, de la langue, de la vessie, etc.

Littré (1872-1877)

CANCER (kan-sèr) s. m.
  • 1 Terme d'astronomie. Nom d'une des constellations zodiacales, figurée par une écrevisse.

    Celui des signes du zodiaque qui, par suite de la révolution annuelle de la terre, semble parcouru par le soleil à peu près du 20 juin au 20 juillet. Au temps d'Hipparque, ce signe coïncidait précisément avec la constellation du Cancer ; ce qui lui en a fait donner le nom. Aujourd'hui, par suite de la précession des équinoxes, il en est fort éloigné, de sorte qu'il faut distinguer le signe de la constellation, et entendre par le signe du Cancer l'arc de trente degrés parcouru dans l'écliptique à partir du solstice d'été.

    Le tropique du Cancer, ou septentrional, tropique qui passe par le premier point du signe du Cancer, c'est-à-dire de celui qui est parcouru du 20 juin au 20 juillet.

  • 2 Terme de médecine. Tumeur qui peut se développer dans tous les tissus du corps, qui souvent s'ulcère et ronge les parties, et qui, souvent aussi, enlevée ou détruite, repullule.

    Fig. Le luxe est une plaie qui est devenu le cancer intérieur qui ronge tous les particuliers, Saint-Simon, 411, 147.

HISTORIQUE

XVIe s. Charbon, cancer, gangrene…, Paré, V, 7.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CANCER. - HIST. Ajoutez : XIIe s. [Elle] fut ferue en la mammele del malen del cancre, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 211.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CANCER, s. m. terme de Chirurgie, est une tumeur dure, inégale, raboteuse, & de couleur cendrée ou livide, environnée tout au-tour de plusieurs veines distendues & gonflées d’un sang noir & limoneux, située à quelque partie glanduleuse ; ainsi appellée, à ce que quelques-uns prétendent, parce qu’elle est à peu près de la figure d’une écrevisse, ou, à ce que disent d’autres, parce que semblable à l’écrevisse elle ne quitte pas prise quand une fois elle s’est jettée sur une partie.

Dans les commencemens elle ne cause point de douleur, & n’est d’abord que de la grosseur d’un pois-chiche : mais elle grossit en peu de tems & devient très-douloureuse.

Le cancer vient principalement à des parties glanduleuses & lâches, comme les mamelles & les émonctoires. Il est plus ordinaire aux femmes qu’aux hommes, & singulierement à celles qui sont stériles, ou qui vivent dans le célibat. La raison pourquoi il vient plûtôt aux mamelles qu’à d’autres parties, c’est que comme elles sont pleines de glandes & de vaisseaux lymphatiques & sanguins, la moindre contusion, compression ou piquûre peut faire extravaser ces liqueurs, qui, par degrés contractant de l’acrimonie, forment un cancer. C’est pourquoi les maîtres de l’art disent que le cancer est aux glandes, ce qu’est la carie aux os, & la gangrene aux parties charnues.

Le cancer cependant vient quelquefois à d’autres parties molles & spongieuses du corps, & on en a quelquefois vû aux gencives, au ventre, au cou de la matrice, à l’urethre, aux levres, au nez, aux joues, à l’abdomen, aux cuisses, & même aux épaules.

On appelle loup, un cancer aux jambes ; & celui qui vient au visage ou au nez, noli me tangere. Voyez Noli me tangere.

On divise les cancers, selon qu’ils sont plus ou moins invétérés, en cancer occulte, & cancer ouvert ou ulcéré.

Le cancer occulte est celui qui n’a point encore fait tout le progrès qu’il est capable de faire, & qui ne s’est point encore fait jour.

Le cancer ulcéré se reconnoît par ses inégalités & par quantité de petits trous, desquels sort une matiere sordide, puante, & glutineuse, pour l’ordinaire jaunâtre ; par des douleurs poignantes, qui ressemblent aux piquûres que feroient des milliers d’épingles ; par sa noirceur ; par l’enflure des veines de l’ulcere ; par la couleur noirâtre, le gonflement, & les varices.

Quelquefois les extrémités des vaisseaux sanguins sont rongées, & le sang en sort. Dans un cancer au sein, la chair est quelquefois consumée au point qu’on peut voir dans la cavité du thorax. Il occasionne une fievre lente, un sentiment de pesanteur, fort souvent des défaillances, quelquefois l’hydropisie, & la mort à la fin.

La cause immédiate du cancer paroît être un sel volatil excessivement corrosif, qui approche de la nature de l’arsenic, formé par la stagnation des humeurs, &c. On est quelquefois venu à bout de le guérir par le moyen du mercure & de la salivation. Quelques-uns croyent que le cancer ulcéré n’est autre chose qu’une infinité de petits vers qui dévorent la chair petit-à-petit. Le cancer passe avec raison, pour une des plus terribles maladies qui puisse arriver. Ordinairement on le guérit par l’extirpation, quand la tumeur est encore petite, qu’elle n’est, par exemple, que de la grosseur d’une noix, ou tout au plus d’un petit œuf : mais quand il a gagné toute la mamelle, qu’il creve & devient ulcéré, on n’y peut remédier que par l’amputation de la partie.

Le cancer ulcéré est une maladie qui n’est pas méconnoissable : ses bords tuméfiés & renversés ; la sanie, semblable à celle d’une partie gangrenée, qui découle de ses chairs baveuses ; sa puanteur, & l’horreur qu’il fait au premier aspect, en annoncent le mauvais caractere. Mais il est important pour la pratique, qu’on établisse le diagnostic du cancer occulte commençant. Il y a une infinité de gens qui vantent des secrets pour la guérison des cancers naissans, & qui sont munis de témoignages & d’attestations des cures qu’ils ont faites, parce qu’ils donnent le nom de cancer à une glande tuméfiée qu’un emplâtre résolutif auroit fait disparoître en peu de tems. Les nourrices & les femmes grosses sont sujettes à des tumeurs dures & douloureuses aux mamelles, qui se terminent ordinairement & fort heureusement par suppuration. Il survient souvent presque tout-à-coup des tumeurs dures aux mamelles des filles qui entrent dans l’âge de puberté, & elles se dissipent pour la plûpart sans aucun remede. Le cancer naissant au contraire fait toûjours des progrès, qui sont d’autant plus rapides, qu’on y applique des médicamens capables de délayer & de résoudre la congestion des humeurs qui le forment. On n’en peut faire trop tôt l’extirpation, par les raisons que nous exposerons ci-après. Il faut donc le connoître par des signes caractéristiques, afin de ne le pas confondre avec d’autres tumeurs qui demandent un traitement moins douloureux, & afin de ne pas jetter mal-à-propos les malades dans de fausses allarmes.

Le cancer des mamelles & de toute autre partie, est toûjours la suite d’un skirrhe : ainsi toute tumeur cancéreuse doit avoir été précédée d’une petite tumeur qui ne change pas la couleur de la peau, & qui reste indolente, souvent plusieurs mois, & même plusieurs années sans faire de grands progrès. Lorsque le skirrhe dégénére en cancer, la douleur commence à se faire sentir, principalement lorsqu’on comprime la tumeur. On s’apperçoit ensuite qu’elle grossit, & peu de tems après elle excite des élancemens douloureux, qui se font ressentir sur-tout dans les changemens de tems, après les exercices violens, & lorsqu’on a été agité trop vivement par les passions de l’ame. La tumeur croit, & fait ensuite des progrès qui empêchent qu’on ne se trompe sur sa nature. Les élancemens douloureux qui surviennent à une tumeur skirrheuse, sont les signes qui caractérisent le cancer. Ces douleurs ne sont point continues ; elles sont lancinantes ou pungitives ; elles ne répondent point au battement des arteres comme les douleurs pulsatives, qui sont le signe d’une inflammation sanguine : il semble que la tumeur soit de tems à autre piquée & traversée, comme si on y enfonçoit des épingles ou des aiguilles. Ces douleurs sont fort cruelles, & ne laissent souvent aucun repos, ce qui réduit les malades dans un état vraiment digne de pitié : elles sont l’effet de la présence d’une matiere corrosive, qui ronge le tissu des parties solides. Les remedes fondans & émolliens ne conviennent point à ces maladies, parce qu’en procurant la dissolution des humeurs qui forment le cancer, ils en accélerent la fonte putride, & augmentent par-là considérablement les accidens.

On voit par ces raisons, qu’on ne peut pas trop promptement extirper une tumeur cancéreuse, même occulte. Après avoir préparé la malade par des remedes généraux, (je suppose cette maladie à la mamelle), on la fait mettre en situation convenable ; elle doit être assisse sur un fauteuil, dont le dossier soit fort panché. Je fais fort volontiers cette opération, en laissant les malades dans leurs lits. On fait tenir & écarter le bras du côté malade, afin d’étendre le muscle grand pectoral. Si la tumeur est petite, on fait une incision longitudinale à la peau & à la graisse qui recouvre la tumeur ; on la saisit ensuite avec une errine, voyez Errine, & en la disséquant avec la pointe du bistouri droit qui a servi à faire l’incision de la peau, on la détache des parties qui l’environnent, & on l’emporte. J’ai fait plusieurs fois cette opération, j’ai réuni la plaie avec une suture seche, & cela m’a réussi parfaitement.

Si la tumeur est un peu considérable, qu’elle soit mobile sous la peau, & que le tissu graisseux ne soit point embarrassé par des congestions lymphatiques, on peut conserver les tégumens : mais une incision longitudinale ne suffiroit point ; il faut les inciser crucialement ou en T, selon qu’on le juge le plus convenable. On disseque les angles, & on emporte la tumeur ; on réunit ensuite les lambeaux des tégumens ; ils se recollent, & on guérit les malades en très-peu de tems.

Lorsque la peau est adhérente à la tumeur, ou que les graisses sont engorgées, si l’on n’emporte tout ce qui n’est pas dans l’état naturel, on risque de voir revenir un cancer avant la guérison parfaite de la plaie, ou peu de tems après l’avoir obtenue : on l’impute alors à la masse du sang, que l’on dit être infectée du virus cancéreux ; virus, de l’existence duquel tout le monde n’est point persuadé. Le préjugé que l’on auroit sur ce point, pourroit devenir préjudiciable aux malades qui ne se détermineroient pas à se faire faire une seconde opération, de crainte qu’il ne vînt encore un nouveau cancer. On a vû des personnes qu’on a guéries parfaitement après s’être soûmises à deux ou trois opérations consécutives. Le cancer est un vice local qui a commencé par un skirrhe, effet de l’extravasation & de l’épaississement de la lymphe : le skirrhe devient carcinomateux par la dissolution putride des sucs épanchés ; dès que les signes qui caractérisent cette dépravation se sont manifestés, on ne peut faire trop tôt l’extirpation de la tumeur, pour empêcher qu’il ne passe de cette matiere putride dans le sang, où elle causeroit une colliquation qu’aucun remede ne pourroit empêcher. Le docteur Turner assûre que deux personnes de sa connoissance perdirent la vie pour avoir goûté de la liqueur qui couloit d’un cancer à la mamelle. Malgré toutes les précautions que puisse prendre un habile Chirurgien, il peut y avoir encore quelques points skirrheux, qui échappant à ses recherches dans le tems de l’extirpation d’un cancer, feront le germe d’un nouveau, qu’il faudra ensuite extirper : alors ce n’est point une régénération du cancer ; c’est une maladie nouvelle, de même nature que la premiere, produite par un germe local qui ne succede point à celui du cancer précédent. On peut en faire l’extirpation avec succès ; ces cas exigent des attentions, & doivent déterminer à faire faire usage des délayans, des fondans, & des apéritifs tant internes qu’externes. J’ai vû faire deux & même trois fois l’opération avec succès : si la masse du sang est atteinte de colliquation, on ne doit pas craindre la production d’un nouveau cancer ; on se dispense absolument de faire une opération, qui en ôtant la maladie, n’affranchiroit pas la malade d’une mort certaine ; on se contente alors d’une cure palliative. L’expérience a prouvé l’utilité des préparations de plomb dans ces cas : on peut appliquer sur le cancer ulcéré des remedes capables d’agir par inviscation sur les sucs dépravés ; les remedes coagulans qui donneroient de la consistance aux sucs exposés à l’action de l’humeur putride, pourroient les mettre, du moins quelque tems, à l’abri de la dissolution. M. Quesnay persuadé que la malignité de l’humeur cancéreuse dépendoit d’une dépravation alkaline, a pensé que les plantes qui sont remplies d’un suc acerbe, devoient modérer la férocité de cette humeur ; il a fait l’essai du sedum vermiculare dans quelques cas avec beaucoup de succès.

Lorsque le cancer occupe toute la mamelle, & que la masse du sang n’est point en colliquation, on peut amputer cette partie : pour faire cette opération, après les préparations générales, on met la malade en situation. Le Chirurgien placé à droite, soûleve la mamelle avec sa main gauche, & la tire un peu à lui ; il tient de l’autre main un bistouri avec lequel il incise la peau à la partie inférieure de la circonférence de la tumeur. Il introduit ses doigts dans cette incision pour soûlever la tumeur & la décoller de dessus le muscle pectoral ; & avec son bistouri il coupe la peau à mesure qu’il disseque la tumeur. Il doit prendre garde de couper la peau en talud pour ne pas découvrir les houpes nerveuses, ce qui rendroit les pansemens très-douloureux ; s’il restoit quelques pelotons graisseux affectés à la circonférence de la plaie ou vers l’aisselle, il faudroit les extirper. On panse la plaie avec de la charpie brute ; je suis dans l’usage de faire une embrocation tout autour de la plaie avec l’huile d’hypericum ; je pose des compresses assez épaisses sur la charpie, & je contiens le tout avec le bandage de corps, que j’ai soin de fendre par une de ses extrémités pour en former deux chefs, dont l’un passe au-dessus, & l’autre au-dessous de la mamelle saine, afin qu’elle ne soit point comprimée. Voyez Bandage de corps. Je ne leve l’appareil que le troisieme ou quatrieme jour, lorsque la suppuration le détache, & je termine la cure comme celle des ulceres. Voyez Ulcere.

L’on a fait graver quelques figures pour l’intelligence des choses qui viennent d’être dites, & pour qu’on puisse juger des anciennes méthodes de pratiquer l’opération du cancer.

Planche XXVIII : fig. 3. cancer occulte à la mamelle droite, & qui n’en occupoit qu’une partie.

Fig. 4. La cicatrice qui reste après l’extirpation méthodique d’une pareille tumeur.

Fig. 5. Autre cancer qui occupe toute la mamelle, & dont on a fait l’extirpation avec succès.

Fig. 6. Méthode que les anciens prescrivoient pour l’opération du cancer. Lorsqu’ils avoient passé deux fils en croix sous la tumeur, ils soûlevoient la mamelle, & l’amputoient comme on voit Planche XX. fig. 1. cette méthode est absolument proscrite pour sa cruauté & ses imperfections.

Planche XX. fig.. 2. Fourchette que l’on a crû pouvoir substituer aux points d’aiguille, pour soulever les tumeurs dont le volume est considérable.

Fig. 4. Autre instrument pour les petites tumeurs.

Fig. 3. Instrument tranchant comme un rasoir pour l’amputation de la mamelle.

Fig. 5. Nouvel instrument avec lequel on embrasse la mamelle, comme on voit fig. 6. la branche moyenne est d’acier & tranchante sur sa convexité.

Ces instrumens ne peuvent servir qu’à une opération défectueuse. Les figures sont d’après M. Heister, dans ses Instituts de Chirurgie. (Y)

Cancer, (en Astronomie.) est un des douze signes du zodiaque : on le représente sur le globe sous la forme d’une écrevisse, & dans les ouvrages d’Astronomie, par deux figures placées l’une auprès de l’autre, & assez semblables à celles dont on se sert pour exprimer soixante-neuf en Arithmétique, 69. Voyez Signe, Constellation.

Ptolomée compte 13 étoiles dans le signe du cancer ; Ticho, 15 ; Bayer & Hevelius, 29 ; Flamsteed, 71 au moins.

Tropique du Cancer, (en terme d’Astronomie.) est un des petits cercles de la sphere, parallele à l’équateur, & qui passe par le commencement du signe du cancer. Ce tropique est dans l’hémisphere septentrional, & est éloigné de l’équateur de 23d . Voyez Tropique. Voyez aussi Sphere. (O)

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Étymologie de « cancer »

Provenç. et espagn. cancer ; ital. canchero ; du latin cancer, sanscrit, karkata. Cancer, en chirurgie, a été dit ainsi à cause des bosselures et des veines qui l'ont fait grossièrement comparer à un crabe.

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(1372) Du latin cancer (« crabe, chancre, cancer »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « cancer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
cancer kɑ̃sɛr

Évolution historique de l’usage du mot « cancer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « cancer »

  • Prolixe par essence, la littérature vit de la pléthore des vocables, du cancer du mot.
    Emil Michel Cioran — Syllogismes de l’amertume
  • La recherche a besoin d’argent dans deux domaines prioritaires : le cancer et les missiles antimissiles. Pour les missiles antimissiles, il y a les impôts. Pour le cancer, on fait la quête.
    Pierre Desproges — Fonds de tiroir
  • La religion est la maladie honteuse de l'humanité. La politique en est le cancer.
    Henry Millon de Montherlant — Carnets, Gallimard
  • Le cancer vient de la folie réprimée.
    Norman Mailer — Un rêve américain
  • Quand il lut quelque part que fumer pouvait provoquer le cancer, il arrêta de lire.
    A. Kirwan
  • Le cancer guérit du cigare.
    Jacques Dutronc — Pensées et répliques
  • Les impressions, c'est le cancer de l'objectivité.
    Jean-Michel Wyl — Québec Banana State
  • "On a toutes un bon motif de faire son suivi gynéco" : c'est le slogan que lance, en ce début d'été, le centre Oscar-Lambret à Lille. Il accentue pendant les prochains mois la communication autour du dépistage des cancers féminins. Encore trop de femmes n'ont aucun suivi gynécologique.
    France Bleu — Cancers : le centre Oscar Lambret lance une campagne pour inciter les femmes à se faire dépister
  • Jeûner pour mieux traiter le cancer ? Le débat n’en finit pas. Alors que certains médecins assurent que “détoxifier” son organisme peut aider à lutter contre la maladie, d’autres au contraire trouvent cet argument infondé scientifiquement et beaucoup trop risqué pour le patient, déjà très affaibli. Une nouvelle étude parue dans la revue Nature, va dans le sens des pro-jeûne puisque, d’après les chercheurs, jeûner avant le début d’une chimiothérapie pourrait améliorer l’état de malades du cancer du sein. Ces résultats sont toutefois à prendre avec des pincettes, alertent des experts, sceptiques.
    www.pourquoidocteur.fr — Cancer : le jeûne pour affamer les tumeurs, une thérapie à prendre avec des pincettes
  • La journée mondiale du cancer du rein est organisée depuis quatre ans par l’International Kidney Cancer Coalition (IKCC) qui fédère les associations de patients au niveau mondial. Cette année, elles ont mis en avant l’activité physique.
    www.paris-normandie.fr — Cancer du rein métastatique : comment bien informer et accompagner les patients
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Images d'illustration du mot « cancer »

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Traductions du mot « cancer »

Langue Traduction
Anglais cancer
Espagnol cáncer
Italien cancro
Allemand krebs
Portugais cancro
Source : Google Translate API

Synonymes de « cancer »

Source : synonymes de cancer sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot cancer au Scrabble ?

Nombre de points du mot cancer au scrabble : 10 points

Cancer

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