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Ais

Définitions de « ais »

Trésor de la Langue Française informatisé

AIS, subst. masc.

A.− Vx. Planche de bois (chêne, hêtre, sapin...) :
1. M. Hamon était un médecin de la faculté de Paris qui, à l'âge de trente-trois ans, vendit son bien et se retira à Port-Royal-des-Champs. Toujours pauvre, vêtu en paysan, couchant sur un ais au lieu de lit, ne mangeant que du pain de son qu'il dérobait sur la part des animaux, et distribuant ses repas en cachette aux indigents, sa vie fut une humilité, une mortification et une fuite continuelles. Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 185.
B.− TECHNOL. GÉN. Planche de bois appropriée à divers usages particuliers :
2. Dans notre riche et fastueuse capitale, nous n'employons, pour les funérailles, que quatre ais de sapin. On en fait, avec quelques clous, un coffre oblong où l'on renferme le corps de son parent, empaqueté dans un mauvais drap; on le transporte ensuite, sans convoi, à l'extrémité d'un faubourg, dans un fond de carrière où l'on a creusé une fosse vaste et profonde. C'est dans ce barathrum qu'on le précipite pour jamais, au milieu d'une foule de morts de tout sexe et de tout âge. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 100.
3. ... ses cheveux se dressèrent sur son front, une sueur froide inonda ses membres, et elle perdit connoissance. Elle ne revint à elle qu'au bruit des roues d'une voiture qui la conduisoit, et sous laquelle trembloient, en grondant sourdement, les ais retentissants d'un pont-levis. Ch. Nodier, Jean Sbogar,1818, pp. 198-199.
4. La nuit est tout à fait sur la terre. Vous n'entendez plus retentir sur le pavé sonore les pas du citadin qui regagne sa maison, ou la sole armée des mules qui arrivent au gîte du soir. Le bruit du vent qui pleure ou siffle entre les ais mal joints de la croisée, voilà tout ce qui vous reste des impressions ordinaires de vos sens, et au bout de quelques instants, vous imaginez que ce murmure lui-même existe en vous. Ch. Nodier, Smarra,1821, p. 31.
5. Il attendait depuis un quart d'heure; il lui semblait avoir vieilli d'un siècle. Tout à coup il entendit craquer les ais de l'escalier de bois. Quelqu'un montait. V. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 339.
6. ... Madame Le Maître, qui demeurait à Port-Royal de Paris, décida au plus tôt de faire bâtir un petit logis extérieur attenant au monastère, pour y retirer ses fils; (...) On mit grande hâte à cette construction, on revêtit les murailles humides d'ais de sapin pour les rendre habitables et le logis fut prêt en trois mois : ... Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 391.
7. La porte, sans cesse ébranlée par de nouveaux assauts, plia, les ais se disjoignirent, l'amas de planches tomba avec grand bruit; ... J.-A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques,Les Amants de Kandahar, 1876, p. 258.
8. À cette vue, le bedeau et les fabriciens se mirent à rire de l'innocent qui prenait les ais rompus d'un bateau pour la croix de Jésus-Christ. A. France, Crainquebille,Le Christ de l'océan, 1901, p. 262.
9. Le reclus (...) se couchera sur un lit, composé d'ais de bois et d'un matelas; ... J.-K. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 169.
10. M. César commençait de prendre peur. Il croyait à un complot formé contre ses biens. En hâte, il envoya chercher le charpentier, lui fit barricader l'entrée avec des ais et des planches. H. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 78.
11. Au premier carrefour on entendit tinter doucement des sonnailles, et un cheval apparut sur la neige, un cheval brun qui semblait ne rien traîner. Quand il passa, on vit, derrière sa croupe sur une luge précaire, faite d'une planche clouée sur deux ais, un paysan blanc qui nous leva son bonnet de fourrure et, détourné, nous regarda longtemps. R. Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 123.
Rem. 1. Ais est souvent suivi d'un déterm. indiquant la matière (ex. 2, 6, 9) ou l'usage qui en est fait (ex. 3, 4, 8). 2. L'ais est utilisé dans le charpentage d'un bateau, d'une maison, d'un pont, dans la construction des escaliers, portes et fenêtres, et en menuis., dans la fabrication de meubles, de coffres et de cercueils. 3. Lorsque ais s'oppose à planche, il désigne une surface moins large (ex. 10, 11). 4. Ac. 1835-1878 note pour l'emploi gén. : ,,Il commence à vieillir.`` Aucune mention ds Ac. t. 1 1932. 5. Syntagme fréq. ais mal joints.
Emploi fam. Renfermé entre quatre ais, pour dire « dans une bière » (Besch. 1845).
P. anal., poét., rare. Ais de fer :
12. La porte aux ais de fer, aux trois barres d'airain, Sur ses gonds ébranlés roule et s'ouvre soudain; Une femme, un enfant, dans la salle sonore Entrent, enveloppés d'une vapeur d'aurore. Ch.-M. Leconte de Lisle, Poèmes barbares,Le Runoïa, 1878, p. 87.
C.− Emplois spéc.
1. BOUCHERIE :
13. Ais à chaplu : Petite table sur laquelle on hache les viandes et les herbes; ... É. Molard, Le Mauvais langage corrigé,1810, p. 15.
14. Ais. Chez les bouchers, établi ou forte table pour couper ou dépecer la viande. Gattel1841.
2. IMPRIMERIE :
15. Si la garniture ne doit pas immédiatement servir, elle est placée en ordre sur un ais ou plateau de bois... É. Leclerc, Manuel de typographie,1897, p. 298.
16. Ais. Panneau de bois sur lequel on range les feuilles de papier à mesure qu'on les trempe. Ch.-L. Carabelli, [Langue de l'imprimerie] début du xxes.
17. Ais. Planche de bois sur laquelle on dessine les formes pour préparer la distribution des caractères dans les casses. Ch.-L. Carabelli, [Langue de la typographie] début du xxes.
3. MENUISERIE :
18. Bois employé par les charpentiers et les menuisiers et que le commerce débite en planches de 3 à 6 cm d'épaisseur. Ais de boutique, ais d'entrevoux, ais de bateau, ais feuillés. Chabatt. 11875.
4. RELIURE :
a) ,,Terme générique désignant toutes les pièces de bois minces servant à l'usage du relieur.`` (A. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, p. 283) :
19. Au xviiiesiècle, ils [les ais] comprenaient les ais à endosser, à presser, à rogner de devant, à rogner de derrière, à fouetter. A. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire,1896, p. 283.
20. [Plateau en bois de hêtre, de chêne ou de sapin], que les imprimeurs emploient à maintenir les rames de papier dépliées et quelquefois encore mouillées pour l'impression, ou [dont se servent les brocheurs, les cartonneurs et les relieurs pour serrer les volumes pendant leur travail et transporter en bonnes conditions ceux qu'ils ont à livrer en nombre.] Éd.1913.
b) Spéc. Pour désigner les plats d'un in-folio :
21. Il me fit asseoir, et, pendant ce temps, s'empressa de relever les deux in-folio, dont il avait considéré les ais fracassés avec plus d'émotion sans doute qu'il n'en avait ressenti en parlant à la belle juive. R. Tœpffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 150.
5. Autres emplois
a) Emplacement constitué par des planches en bois dont se servent les fondeurs en sable pour poser les châssis. (Attesté ds Ac. Compl. 1842, Littré, Lar. 20e)
b) Planches feuillées et à rainures dans lesquelles les vitriers coulent l'étain. (Attesté ds Besch. 1845, Nouv. Lar. ill.)
c) [Chez les fabricants d'étoffe de soie]Ais de corps ,,Ais de corps, partie du bois du métier servant à tenir les mailles de corps et les arcades dans la direction voulue.`` (Besch. 1845)
d) Dans la serrurerie d'ornement.,,Petit morceau de bois porté sur deux pieds, percé de trous ronds pour emboutir des demi-boucles.`` (Besch. 1845)
e) Au jeu de paume.Cloison d'ais. ,,Ais maçonné dans le mur qui est du côté du service`` (Besch. 1845); d'où coup d'ais. Coup où la balle est envoyée contre la cloison d'ais :
22. Voilà un beau coup d'ais. Ac.t. 11932.
Prononc. − 1. Forme phon. : [ε]. − Rem. Fér. 1768 : ,,prononcez ès, long, è ouvert``. Cf. aussi Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841. Littré fait remarquer que la prononc. aisse est propre au Berry. 2. Homon. : ai(e) (s, t, ent, verbe avoir); hai(e) (s, t, verbe haïr); es (t, verbe être). 3. Dér. et composés : aisseau, aisselier, aisselière.
Étymol. ET HIST. − 1. 1160 « planche » (Wace, Roman de Rou, III, éd. Andresen 5246 ds Keller, Étude descriptive sur le vocab. de Wace, 214 b : Viez fu li pont, grant fu li fais, Plances trebuchent, chient ais), vieilli, d'apr. DG; 2. 1395 technol. « plat de la reliure d'un livre » (15 mai 1395, Invent. de la mairie de Dijon, A. Côte d'Or ds Gdf. Compl. : Un livre relié en .II. ais blainches). Du lat. axis, forme du lat. class. assis « planche », prob. formée par hypercorrection, la prononc. vulg. tendant à transformer -cs- en -ss- (Vään. 1967, § 68; Ern.-Meillet 1959, s.v. assis) et attestée dep. César, Civ., 2, 9, 2 ds TLL, 1639, 79; ais, mot trop court a été évincé par planche* et demeure réduit à des emplois techn.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 84.
BBG. − Bar 1960. − Barb.-Cad. 1963. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Brun 1968. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − Comte-Pern. 1963. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 13. − Dup. 1961. − Duval 1959. − Éd. 1913. − Fér. 1768. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gramm. t. 1 1789. − Gruss 1952. − Guizot 1864. − Jossier 1881. − Laborde 1872. − Laf. 1878. − Le Clère 1960. − Lem. 1966. − Mots rares 1965. − Noter-Léc. 1912. − Plais.-Caill. 1958. − Prév. 1755. − Rougnon 1935. − Synon. 1818.

Wiktionnaire

Nom commun 1 - ancien français

ais \Prononciation ?\ masculin

  1. Hache.

Nom commun - français

ais \ɛ\ masculin

  1. (Vieilli) Planche de bois.
    • les bières / N’ont pas leurs ais hideux mieux joints que ces jambières ; — (Victor Hugo, La Légende des siècles, 1859, p. 190)
    • Une inscription en lettres noires ainsi conçue : Cofre del Cid, donna tout de suite, comme vous pouvez le croire, une énorme importance à ces quatre ais de bois pourri. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • La nature semblait reprendre haleine, et de nouveau, la rafale se déchaînait avec une épouvantable force. On sentait la maison trembler sur ses pilotis, les ais craquer, les poutres gémir. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, 1873)
    • Les coups tombaient furieusement sur le confessionnal d’où s’échappaient des nuées de poussière et qui répondait à ces offenses par le gémissement de ses vieux ais vermoulus. — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 117)
    • […] ; mais sa manière de vivre lui avait été indiquée une fois pour toutes ; en tant que coucher, une paillasse étendue sur des ais de bois ; en guise de nourriture un régime champêtre et monacal comme elle, du lait, du miel et du pain […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Franz, agenouillé, cherchait à ébranler les ais, se déchirant les mains aux ferrures, […] — (Jules Verne, Le Château des Carpathes, J. Hetzel et Compagnie, 1892, pages 156-166)
  2. (En particulier) Planche de chêne ou de sapin tirée des bateaux que l’on défait, et qui servaient à faire des cloisons légères.
  3. (Reliure) Planchette recouverte de peau ou d’étoffe, utilisée pour les plats des reliures médiévales.
    • Vers le IXe siècle, les nerfs sont généralement formés de ce septain plié en deux: c'est la couture « sur doubles nerfs » avec une particularité : les extrémités de cette ficelle pliée sont d'abord fixées, sur un des grands côtés d'un ais de bois, formant le premier plat de la couverture, en passant par deux trous, allant de l'intérieur vers l'extérieur, pour être réunies et sortir par un forage oblique sur le chant de la planchette (en sapin, orme, chêne, ou cèdre) taillée à l'herminette par le menuisier. — (Roger Devauchelle, LA RELIURE Recherches historiques, techniques et biographiques sur la reliure française, éditions filigranes, 1995, page 16)
  4. (Reliure) Terme générique désignant toutes les pièces de bois minces servant à l’usage du relieur. Ils se divisent aujourd’hui en entre-deux et en membrures. Au XVIIIe siècle, ils comprenaient les ais à endosser, à presser, à rogner de devant, à rogner de derrière, à fouetter. On les fabriquait généralement en bois de hêtre bien poli. — (Albert Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, Lexique des termes du livre, page 283, Alphonse Picard et fils, 1896)

Pronom - ancien français

ais \Prononciation ?\

  1. Variante de es.

Nom commun 2 - ancien français

ais \Prononciation ?\ masculin

  1. Ais, planche.
    • Viez fu li pont, grant fu li fais,
      Plances trebuchent, chient ais.
      — (Wace, Le Roman de Rou)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

AIS. n. m.
Planche de bois. Ais de chêne, de hêtre, de sapin. Faire des ais. Scier des ais Scieur d'ais. Cloison d'ais. Ais de bateau, Planches de chêne ou de sapin tirées des bateaux que l'on défait. Elles servent à faire des cloisons légères. Cloison d'ais de bateau. En termes de jeu de Paume, Un coup d'ais, Le coup que la balle donne de volée dans un ais qui est du côté du service. Voilà un beau coup d'ais.

Littré (1872-1877)

AIS (ê) s. m.
  • 1Planche de bois. Il se trouve derrière un long ais de menuiserie que porte un ouvrier, La Bruyère, 11. L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé, Boileau, Sat. VI. Sur l'ais qui le soutient auprès d'un Avicenne Deux des plus forts mortels l'ébranleraient à peine, Boileau, Lutrin, v. À ces mots, il saisit un vieil infortiat, Inutile ramas de gothique écriture, Dont quatre ais mal unis formaient la couverture, Boileau, ib. Ses ais [du lutrin] demi-pourris, que l'âge a relâchés, Sont à coups de maillet unis et rapprochés, Boileau, ib. III. La table où l'on servit le champêtre repas Fut d'ais non façonnés à l'aide du compas, La Fontaine, Philém. Six douves de poinçon servaient d'ais et de barre, Régnier, Satire II. On mange sur un ais dans le carrosse, Sévigné, 425. Ce fut bien pis quand l'homme de Mayence [Gutenberg] eut imaginé de serrer entre deux ais la feuille qu'un autre fit de chiffons réduits en pâte, Courier, I, 210.
  • 2Au jeu de paume, un coup d'ais, le coup que la balle donne de volée dans un ais qui est du côté du service.
  • 3Sorte de planchette à l'usage des relieurs.
  • 4Établi sur lequel le boucher débite la viande.
  • 5Outil du fondeur en sable.

HISTORIQUE

XIIIe s. Me fet crever le cuer ou ventre Li ors vens del pertuis punais ; Miex vosisse estre sor un ais D'une privée [latrines] où me geüsse, Ren. 17176. Lors veïst on celes et ceus Qui en la chambre erent adès, Hurtez as parois et as es Lor chies [têtes]…, L'escoufle. Nous entendons de certein que tous les es de vostre nef sont tous eslochez, Joinville, 283.

XVe s. Et là le [le pont] trouverent-ils fort pourvu de Flamands qui le defaisoient ce qu'ils pouvoient ; et quand ils en avoient osté un ais, ils le couvroient de fiens, Froissart, II, II, 175. Le dessus du pont estoit couvert d'aiz seullement pour la pluye, Commines, IV, 9. Il se força tant, qu'il arracha l'ais percé du retrait et le repporta à son col, Louis XI, Nouv. LXXII. Deux charges de aes ou assennes, Du Cange, aes. Jehan, qui avoit sur son espaulle ung aes, Du Cange, ib.

XVIe s. Il rompit un ais qui estoit entre la chambre de sa maistresse et celle où il couchoit, Marguerite de Navarre, Nouv. I. Je ne sçay s'il le demande [relié] en aix de bois, ou en aix de papier [carton], Despériers, Cymbal. 74. Ung infini nombre d'aisses semées de poinctes… pour la deffence d'une bresche, Carloix, V, 32.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

AIS, s. m. (Menuis. Charpen.) planche de chêne ou de sapin à l’usage de la Menuiserie : on nomme les ais entrevouts lorsqu’ils servent à couvrir les espaces des solives, & qu’ils en ont la longueur sur neuf ou dix pouces de large & un pouce d’épaisseur. Cette maniere de couvrir les entrevouts étoit fort en usage autrefois : mais on se sert à présent de lattes que l’on ourdit de plâtre dessus & dessous ; cela rend les planchers plus sourds, & empêche la poussiere de pénétrer ; ce qu’il est presqu’impossible d’éviter dans l’usage des ais de planches, qui sont sujets à se fendre ou gercer : ces entrevouts de plâtre ne servent même aujourd’hui que pour les chambres en galetas : on plafonne presque toutes celles habitées par les maîtres ; ce qui occasionne la ruine des planchers ; les Charpentiers trouvant par-là occasion d’employer du bois verd rempli de flaches & d’aubiers ; au lieu qu’on voit presque tous les planchers des bâtimens des derniers siecles subsister sans affaissement ; le bois étant apparent, ayant une portée suffisante, étant bien écarri, quarderoné sur les arrêtes & les entrevouts, garni d’ais bien dressés & corroyés, ornés de peintures & sculptures, ainsi que sont celles de la grande galerie du Luxembourg à Paris.

Ais de bois de bâteau ; ce sont des planches de chêne ou de sapin qu’on tire des débris des bâteaux déchirés, & qui servent à faire des cloisons légeres, lambrissées de plâtre des deux côtés pour empêcher le bruit & le vent, pour ménager la place & la charge dans les lieux qui ont peu de hauteur de plancher. Voyez Cloison à claire voie. (P)

Ais, outil de Fondeur en sable ; c’est une planche de bois de chêne d’environ un pouce d’épaisseur : cette planche sert aux Fondeurs pour poser les chassis dans lesquels ils font le moule. Voyez Fondeur en sable, & la fig. 17. Pl. du Fondeur en sable.

Ais, ustensile d’Imprimerie ; c’est une planche de bois de chêne de deux piés de long sur un pié & demi de large, & de huit à dix lignes d’épaisseur, unie d’un côté, & traversée de l’autre de deux barres de bois posées à deux ou trois pouces de chaque extrémité. On se sert d’ais pour tremper le papier, pour le remanier, pour le charger après l’avoir imprimé. Il y a à chaque presse deux ais ; un sur lequel est posé le papier préparé pour l’impression, & l’autre pour recevoir chaque feuille imprimée.

Les Compositeurs ont aussi des ais pour desserrer leurs formes à distribuer & mettre leurs lettres. (V. Forme.) Mais le plus souvent ils ne se servent que de demi-ais : deux de ces demi-ais sont de la grandeur d’un grand ais.

Ais, terme de Paumier ; c’est une planche maçonnée dans le mur à l’extrémité d’un tripot ou jeu de paume, qu’on appelle quarré. L’ais est placé précisément dans l’angle du jeu de paume qui touche à la gallerie, & dans la partie du tripot où est placé le serveur. Les tripots ou jeux de paume qu’on appelle des dedans, n’ont point d’ais. Quand la balle va frapper de volée dans l’ais, ce qui se connoît par le son de la planche, le joüeur qui l’a poussée gagne un quinze. Voyez Jeu de Paume.

Ais à presser ou mettre les livres en presse, outil des Relieurs ; ils doivent être de bois de poirier. Il en faut de différente grandeur, c’est-à-dire, pour in-folio, in-4°, in-8°, in-12 & in-18. Voyez Plan. I. de la Reliûre, fig. V.

Quand on ne trouve point de poirier, on prend du bois de hêtre.

Ais à endosser, ce sont de petites planches de hêtre bien polies, dont un des côtés dans la largeur est rond, l’autre est quarré. On met une de ces planches entre chacun des volumes qui sont tous tournés du même sens, lorsqu’ils sont couchés & qu’on se prépare à les mettre en presse pour y faire le dos, le coté quarré de la planche tout joignant le bout des ficelles de la couture ; ensorte que ces planches pressant un peu plus le bord des livres, servent à faire sortir le dos en rond. Il y en a pour toutes les formes de livre. Voyez Plan. I. fig. F.

Ais à fouetter ; il y a des planches toutes semblables pour fouetter, mais plus larges que les précédentes. On dit ais à fouetter. Voyez Pl. I. fig. G.

Ais à rogner, ce sont de petites planches qui servent aux Relieurs à maintenir les livres qu’ils veulent rogner dans la presse. Voyez Rogner, Fouetter,& Endosser.

Ais feuillé, en terme de Vitrerie ou Planche à la soudure, est un ais qui sert à couler l’étain pour souder.

Ais du corps, partie du bois du métier des étoffes en soie. Ce sont deux petites planches oblongues percées d’autant de trous que l’exige le nombre des mailles du corps, ou des maillons ou des aiguilles.

Elles ont quatre cens trous chacune pour les métiers de 400 cordes & 600 trous pour les métiers de 600 cordes : il y a huit trous dans la largeur pour les métiers de 400, & il y en a 10 pour les métiers de 600. Leur usage est de tenir les mailles de corps & les arcades dans la direction qu’elles doivent avoir. V. Pl. 6, n°. 7, la Pl. est un des ais du corps.

Ais en Serrurerie. C’est un outil à l’usage de la Serrurerie en ornement. Sa forme est bien simple ; ce n’est proprement qu’un morceau de bois, d’un pouce ou un pouce & demi d’épaisseur, oblong, porté sur deux piés, percé à sa surface de trous ronds & concaves, qui servent à l’ouvrier pour emboutir des demi-boules. Voyez Serrur. Pl. 15. fig. M.

Ais à coller, bout de planche d’un bois léger & uni, qui a la forme de la moitié d’un cercle dont on auroit enlevé un petit segment, ensorte que les deux arcs terminés par la corde de ce segment & par le diametre fussent égaux de part & d’autre. Ces ais sont à l’usage de ceux qui peignent en éventail ; c’est là-dessus qu’ils collent leurs papiers, ou peaux ; ces papiers ou peaux ne sont collés que sur les bords de l’ais. Voyez de ces ais Pl. de l’évantailliste. 11. 12. 13. 14.

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Étymologie de « ais »

Berry, ais, prononcé aisse ; espagn. exe ; portug. eixe ; ital. asse ; de assis, planche.

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(1160) Du moyen français ais[1]; de l'ancien français ais[1]; lui même du latin assis[1], forme vulgaire du latin axis[1].
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Phonétique du mot « ais »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ais ɛ

Fréquence d'apparition du mot « ais » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « ais »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ais »

  • Riche qui peut, aisé qui sait, sage qui veut.
    Proverbe auvergnat
  • Le dire est aisé, le faire difficile.
    Baltasar Gracian y Morales
  • Nous prenons aisément l'exagération pour la grandeur.
    Philippe Gerfaut
  • Nous oublions aisément nos fautes lorsqu’elles ne sont sues que de nous.
    François de La Rochefoucauld — Maximes
  • Qui pardonne aisément invite à l'offenser.
    Pierre Corneille — Cinna
  • Lancé en 2006, Autonews est un site de référence traitant de l’actualité automobile avec des dossiers, des essais, des reportages sur les grands salons du secteur mais également une ouverture vers les nouveaux supports de la mobilité. Autonews est le pilier de la verticale « auto » du groupe Horyzon depuis 2016.
    Autonews — Top Gear France saison 5 - Tone : « Avec Bruce et Philippe, on est plus forts »
  • Deux bras et la santé font le pauvre aisé.
    Proverbe français
  • Nous estimons trop peu ce que nous obtenons trop aisément.
    Thomas Paine — L’âge de raison
  • L'ambition prend aux petites âmes plus aisément qu'aux grandes, comme le feu prend plus aisément à la paille, aux chaumières qu'aux palais.
    Chamfort — Maximes et pensées, caractères et anecdotes
  • Il n’est trésor que de vivre à son aise.
    François Villon — Testament
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Images d'illustration du mot « ais »

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Traductions du mot « ais »

Langue Traduction
Anglais isa
Espagnol asi
Italien abbia
Allemand isa
Portugais tábuas
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Synonymes de « ais »

Source : synonymes de ais sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot ais au scrabble : 3 points

Ais

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