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Être un vieux de la vieille : définition et origine de l’expression

Savez-vous ce que signifie l’expression « être un vieux de la vieille » ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, la « vieille » dans cette locution ne désigne pas la compagne du « vieux ». 

En fait, cette formule, évoquant l’expérience, le vécu, et la fierté qui en découle, provient plutôt d’un contexte militaire, et pas n’importe lequel — comme nous allons le découvrir dans ces lignes. Sans plus attendre, plongeons dans la définition et l’origine de l’expression « être un vieux de la vieille »

Définition de l’expression « être un vieux de la vieille »

En français, un « vieux de la vieille » est une personne qui possède une grande expérience dans un domaine particulier — dans la sphère professionnelle, par exemple, ou dans la vie de manière générale. 

Cette personne se considère comme un « vétéran », souvent fier de son parcours et pouvant même s’en prévaloir. L’idée traduite par l’emploi de l’expression « être un vieux de la vieille » est que les années d’expérience ont conféré à ce « vieux » une certaine sagesse, une capacité à affronter toutes sortes d’obstacles, et à transmettre son savoir aux nouvelles générations.

Ce terme est synonyme d’autres expressions françaises qui mettent elles aussi en avant l’expérience et la connaissance, telles que « vieille moustache », « vieux briscard » ou encore « vieux routier ». 

On entend parfois, aussi, des termes d’un registre militaire comme « être de la vieille garde » ou « de l’ancienne garde », c’est-à-dire faire partie des aînés ; par opposition à « la jeune garde », « la nouvelle garde » ou « la relève », représentant les jeunes sans expérience.

Signe de son universalité, l’expression a des équivalences dans d’autres langues, comme « être de la vieille garde » (« von der alten Garde sein ») en allemand, « un de la vieille garde » (« one of the old guard ») en anglais, « c’est encore quelqu’un de la vieille garde » (« het is er nog één van de oude garde ») en néerlandais, ou « de la vieille garde » (« av gamla gardet ») en suédois.

Origine de l’expression « être un vieux de la vieille »

L’origine de cette expression nous transporte au XIXe siècle, où elle faisait initialement référence aux soldats de la garde impériale de Napoléon Ier, appelés les grognards. De fait, le terme « vieille » est une abréviation de « vieille garde ».

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Ainsi, « être un vieux de la vieille garde » était un titre honorifique, car faire partie de cette armée napoléonienne était considéré comme un grand honneur. Le terme prend d’ailleurs un sens particulier lorsqu’on pense à la fameuse bataille de Waterloo, au cours de laquelle la célèbre phrase de Cambronne retient que « la garde meurt mais ne se rend pas ». Les soldats auxquels cette citation fait référence sont précisément ceux de cette « vieille garde ».

Avec le passage du temps, l’expression s’est détachée de son contexte militaire, pour prendre une signification plus large. Le premier emploi de cette expression dans la littérature française est attribué à Balzac, dans son roman Le cousin Pons, publié en 1847. Depuis, elle est utilisée pour qualifier toute personne dont l’expérience et le vécu sont source de respect et d’admiration.

Aujourd’hui, « être un vieux de la vieille » signifie être un vétéran dans un domaine donné, que ce soit dans une profession, un art, ou même une passion — une manière de reconnaître et de célébrer l’expérience et la sagesse qui viennent avec les années.

Exemples de l’usage de l’expression « être un vieux de la vieille »

Madame Cibot parla pendant une demi-heure sans que l’agent d’affaires se permît la moindre interruption ; il avait l’air curieux d’un jeune soldat écoutant un vieux de la vieille

Honoré de Balzac, Le cousin Pons

C’est un soldat du premier empire, un vieux de la vieille, comme on dit, un dur-à-cuire, qui a fait toutes les campagnes du Ier Napoléon.

Marie-Louise Gagneur, Jean Caboche à ses amis paysans

Ce n’était pas les morts qu’éveille
Le son du nocturne tambour, 
Mais bien quelques vieux de la vieille 
Qui célébraient le grand retour.

Théophile Gautier, « Vieux de la vieille », Émaux et camées 

Si on ne nous reconnait plus, les vieux de la vieille savent que, quand on était ti-cul, c’était nous les rois de la grève.

Jonathan Painchaud, « Les vieux chums », Qu’on se lève

Conservateur par tempérament, sans même avoir besoin d’étayer de principes politiques son conservatisme, vieux de la Vieille du Protocole, homme du monde fort goûté dans la bonne société de Washington, il y fit successivement deux brillants mariages, tous deux sans enfants.

Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux

On le nomme le capitaine d’Herbigny, un vieux de la vieille qui n’a pour toute fortune que sa croix d’honneur et sa pension.

Gustave Flaubert, L’éducation sentimentale

Vous voilà plus couturé de blessures qu’un vieux de la vieille.

Romain Rolland, Deux hommes se rencontrent
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Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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