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Tonnerre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin tonnerre tonnerres

Définitions de « tonnerre »

Trésor de la Langue Française informatisé

TONNERRE, subst. masc.

A. −
1. Manifestation sonore de la foudre; bruit plus ou moins violent, perçu plus ou moins longtemps après l'éclair selon la distance qui sépare le phénomène du lieu où il est entendu, et intervenant souvent plusieurs fois au cours d'un orage. Tonnerre assourdissant, continu, éloigné, grondant, ininterrompu, lointain, roulant, sourd; bruit, grondement(s), roulement de/du tonnerre; fracas du tonnerre; le tonnerre retentit; avoir peur du tonnerre. En ce moment, un éclair sillonna la nue. Le tonnerre gronda; une grêle furieuse mêlée d'une pluie abondante fondit sur la plaine (Sandeau, Sacs, 1851, p. 60).Maintenant le tonnerre ébranlait la vallée (Rollinat, Névroses, 1883, p. 131).
[Ce phénomène est envisagé dans une durée] La journée a été orageuse; le tonnerre a grondé pendant deux heures et la foudre a éclaté non loin de la maison (Delécluze, Journal, 1825, p. 212).
Au plur., littér. Une puissance occulte envahissait son âme, Des tonnerres lointains roulaient au fond des cieux (Bouilhet, Melaenis, 1857, p. 201).
Coup de tonnerre, éclat de tonnerre (vieilli). Manifestation ponctuelle de la foudre; bruit sec, violent de la foudre s'accompagnant souvent d'un phénomène de résonance. Un coup de tonnerre éclate. La nature (...) se réveille par des torrents de pluie et des éclats de tonnerre terribles (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 523).D'épais nuages avaient obscurci le ciel; un orage se préparait. Un éclair rapide brilla, suivi d'un violent coup de tonnerre, et la pluie commença à tomber lourdement (Musset, Mouche, 1854, p. 288).
2. P. méton., vieilli. Foudre. Être frappé du tonnerre. Ce jour-là de terribles orages éclatèrent du côté de Paris; la grêle dévasta les campagnes, et le tonnerre tomba en plusieurs lieux (Barante, Hist. duc Bourg., t. 4, 1821-24, p. 234).
Objet représentant la foudre, généralement sous la forme d'une flèche ou d'un faisceau enflammé. Quand Napoléon visita la Chapelle, au monde que portait dans ses serres l'aigle d'Othon on ajouta la foudre que j'ai vue encore aujourd'hui fixée aux deux côtés du globe impérial. Le suisse dévisse ce tonnerre à la demande des curieux (Hugo, Rhin, 1842, p. 74).
Loc., littér. Le maître du tonnerre. Jupiter. Jupiter insulte à sa défaite [de Typhon] par un rire moqueur (...). Le maître du tonnerre retourne au ciel, porté sur son char (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 164).La région, le séjour du tonnerre. Le ciel. Ainsi l'aigle superbe au séjour du tonnerre S'élance (Lamart., Médit., 1820, p. 147).L'oiseau qui porte le tonnerre. L'aigle. Ou tel encore l'oiseau qui porte le tonnerre, Orgueilleux de sa force et dédaignant la terre Plane vers le soleil dans son vol assuré (Chênedollé, Journal, Append., 1833, p. 182).
Expr. fig. Toutes les fois qu'il tonne, le tonnerre ne tombe pas. Les menaces ne sont pas toujours mises à exécution. (Dict. xixeet xxes.).
MINÉR. Pierre de tonnerre. Synon. de céraunie:
... au moyen âge, les chroniqueurs nous ont conservé de naïfs dessins de ces chutes inexpliquées; plusieurs naturalistes les désignaient sous les noms de pierres de foudre, pierres de tonnerre, parce qu'on les regardait comme des matières lancées par la foudre. Flammarion, Astron. pop., 1880, p. 687.
3. THÉÂTRE. Machine qui sert à imiter le tonnerre. On dressait alors un véritable théâtre. Il y avait un magasin de décors ad hoc, une rampe, un tonnerre (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 239).
B. − P. anal.
1.
a) Bruit violent, assourdissant. Tonnerre des camions, des eaux, des orgues, des roues, d'un train; tonnerre souterrain; dans le tonnerre de qqc.; un tonnerre, des tonnerres d'applaudissements, de bravos, de cris, de rires, de vivats. Le petit commerce du quartier Saint-Roch s'en allait sous une pioche invisible, avec de brusques tonnerres de charrettes qu'on décharge (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 747).Bien des jours encore s'écouleraient avant qu'on entendît de nouveau le tonnerre lointain des grandes chutes (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 238).
Coup de tonnerre. Bruit sec, violent. Les coups de tonnerre à l'intérieur, lorsque les obus éclataient, faisaient briller les hautes fenêtres peintes (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 119).
b) P. méton. Dans l'assourdissement de ce tonnerre rebondi et secoué aux pavés de la rue [un camion chargé de charpentes de fer], on perçut les clameurs affolées du pauvre homme (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, p. 128).
En partic., littér. Canon. Les jeunes princes étaient dès longtemps investis des commandements généraux qui mettaient dans leurs mains tous les tonnerres du mont Calvaire et de Vincennes (Vigny, Mém. inéd., 1863, p. 143).
Expr. C'est un tonnerre. C'est un homme à la voix forte, puissante. (Dict. xixeet xxes.).
ARMUR. Partie du canon d'une arme à feu portative où se place la charge et où se produit l'explosion. Les soldats sortirent du cabaret, marchant avec précaution, la main au tonnerre du fusil et regardant au loin sur la route (Coppée, Vingt contes nouv., 1883, p. 14).
2. Locutions
a) Loc. adj. De tonnerre. Qui a des caractéristiques rappelant le bruit violent du tonnerre. Nous avions pourtant (...) un bruit de tonnerre sur la route d'Orléans à Paris toute pavée (E. de Guérin, Lettres, 1838, p. 192).Prédicateur à la voix de tonnerre (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 591).
b) Loc. adv. En tonnerre. Avec des caractéristiques rappelant le bruit, la violence du tonnerre. Une immense ovation roule en tonnerre, s'élève, retombe (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 440).En coup de tonnerre. Avec des caractéristiques rappelant le bruit, la violence, la brutalité d'un coup de tonnerre. [Le grand leit-motiv] monte, il monte avec fureur (...) et il éclate en coup de tonnerre (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 474).
C. − Au fig.
1. Événement violent, qui survient brutalement. Depuis le tonnerre de la révolution (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 211).Ce fut à cette minute, à deux heures moins un quart, que le tonnerre éclata en pleine Bourse: l'Autriche cédait la Vénétie à l'empereur, la guerre était finie (Zola, Argent, 1891, p. 210).
Expr. vieillie. Attirer le tonnerre. Attirer le malheur. Malheureux enfants, vous avez tous deux un nom qui attire le tonnerre (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 269).
Coup de tonnerre. Événement étonnant, imprévu; en partic., catastrophe imprévue. Le coup de tonnerre qui tombe sur l'Autriche en 1809, qui la ruine (...):la prise de Vienne par Napoléon (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 68).Le neutron était découvert. Ce fut un coup de tonnerre dans le monde scientifique (Leprince-Ringuet, Atomes et hommes, 1957, p. 29).
2. Colère, puissance de quelqu'un; manifestation, expression de colère, de puissance. Livre qui n'atteint en rien le génie propre à Mirabeau et ne cherche point à lui dérober ni à lui soutirer son tonnerre (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 2, 1834, p. 285).Et nous questionnons en vain notre âme pleine De tonnerre et de nuit! (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 245).
En partic. Colère, puissance divine. Dans leur démence avide, ils [des bandits] bravaient les tonnerres De Zeus (Banville, Exilés, 1874, p. 31).Ce monument étant une injure gratuite au Pape, on peut espérer le voir réduit en poudre, au jour de l'achèvement, par le tonnerre de Dieu! (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 125).
D. − [Loc. à valeur superl. ou jurons]
1. Loc. pop., fam.
a) Du tonnerre
α) Loc. adj. Formidable, extraordinaire; admirable. Synon. fam. terrible.C'est du tonnerre! Une fille du tonnerre. Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 59).
β) Loc. adv. Formidablement. Ça marche du tonnerre (GDEL).
b) Un tonnerre de + subst.[Avec la valeur d'un superl.; exprime l'admiration] Un tonnerre de pays où chacun pouvait prendre ses arpents de terre (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 174).
c) Loc. adv. Le tonnerre. Très bien, très vite; puissamment et violemment. La Reine: J'ai galopé comme une rafale. Pollux allait le tonnerre (Cocteau, Aigle, 1946, iii, 6, p. 398).Jouer le tonnerre (Esn.1965).
SPORTS. Marcher le tonnerre. ,,Tenir la grande forme`` (Petiot 1982).
2. [Sert de juron ou entre dans de nombreuses loc. interj. à valeur de jurons] Tonnerre de sort! Tonnerre de tonnerre! Tonnerre de Brest, de Zeus, du diable! Tonnerre et sang! Nom d'un tonnerre! Mille (millions de) tonnerres! Tonnerre! je veux me fâcher bien fort; ma malle n'est pas encore arrivée (Stendhal, Corresp., t. 1, 1804, p. 83).Sacré tonnerre de nom de nom! Eh bien, me voici dans de beaux draps! (Martin du G., Gonfle, 1928, ii, 8, p. 1213).
[Dans des formules imprécatoires] (Que) le tonnerre l'emporte, l'enlève! Que le tonnerre écrase cette vieille qui nous fait droguer pour rien! (Sue, Myst. Paris, t. 7, 1843, p. 3).
3. Tonnerre de Dieu. V. ce mot 2eSection II B 3 b α et γ.
Au tonnerre de Dieu/dieu. Très loin. Il y avait des étoiles jusqu'au tonnerre de dieu! (Giono, Baumugnes, 1929, p. 188).Je suis à Toul, tu comprends? Toul! Une ville moisie, au tonnerre de Dieu (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 154).
Prononc. et Orth.: [tɔnε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 tuneire « bruit retentissant qui accompagne la foudre » (Roland, éd. J. Bédier, 1424); 2. a) 1552 tonnoirre « grand bruit » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, p. 267); b) 1553 voix de tonnerre (Bible, R. Olivetan, Apoc., VI, t. 2, fo96 ro); 3. a) 1623 coup de tonnerre « événement fatal » (Viau, Œuvres poét., 2epart., p. 46); b) 1646 (Maynard, Poésies, p. 57: l'auguste potentat dont l'Espagne craint le tonnerre); 4. a) 1790 jurons triple million de tous les cinq cens milliards de tonnerres de Dieu, Tonnerre de Dieu (Jean Bart, no67, p. 6; no93, p. 3 ds Quem. DDL t. 19); b) 1873 (Zola, Ventre Paris, p. 725: Il fait un froid du tonnerre de Dieu). Du lat. tonitrus « tonnerre » et « bruit retentissant comme le tonnerre »; la forme régulière tonnoire est att. jusqu'en 1572 (Amyot ds Hug.), cf. aussi tonnaire ds Dupuys 1573-Nicot 1606. Fréq. abs. littér.: 1 716. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 097, b) 3 175; xxes.: a) 3 336, b) 1 799. Bbg. Göhri (K.). Die Ausdrücke für Blitz und Donner im Galloromanischen. R. de dialectol. rom. 1912, t. 4, p. 45, 140. − Quem. DDL t. 12, 16, 17, 19, 21, 32.

Wiktionnaire

Nom commun - français

tonnerre \tɔ.nɛʁ\ masculin

  1. (Météorologie) Bruit de la foudre.
    • Il est possible que les coups de tonnerre se produisent en raison du roulement du vent dans les cavités des nuages, comme c’est le cas dans nos viscères, […]. — (Épicure, Lettre à Pythoclès, traduction anonyme.)
    • Bientôt les roulements d’un tonnerre lointain, se prolongeant dans ces bois aussi vieux que le monde, en firent sortir des bruits sublimes. — (François-René de Chateaubriand, Atala, ou Les Amours de deux sauvages dans le désert)
    • Le tonnerre éclata avec une force épouvantable, un tourbillon de vent s’engouffra dans la salle en défonçant une fenêtre. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • De tradition ardennaise, la fête de l’Assomption est un jour d'orage. Ce dicton, aujourd'hui, se confirmera: le tonnerre commence de se faire entendre. — (Isabelle Rimbaud, Dans les remous de la bataille (Journal de guerre), vol.1 : 28 juillet-28 août 1914, Le Mercure de France, 15 Juillet 1916)
  2. (Vieilli) (Par métalepse) La foudre elle-même.
    • Remarquez, d’autre part, cette tendance du tonnerre à choir non sur le clocher vieux, mais sur le clocher neuf ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Je fus arraché à mes pensées par un bruit semblable à celui du plus épouvantable ouragan. Il semblait que tous les arbres allaient être déracinés, et que le tonnerre allait tomber sur nous — (François-Auguste Biard, Deux années au Brésil, 1862)
    • Les éclairs sillonnaient les nuages sombres et je vis à quelque distance tomber le tonnerre. — (Sainte Thérèse de Lisieux, Manuscrits autobiographiques, Éditions de l’Office central de Lisieux, coll. Le Livre de Vie, Lisieux-Paris, 1962, page 50)
  3. (Figuré) (Par hyperbole) Manifestation bruyante, grondement.
    • Un tonnerre d’acclamations s’ensuivit, et le prince Jean lui-même, dans son admiration pour l’adresse de Locksley, oublia pour un moment l’aversion que le yeoman lui avait inspirée. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Le curé de Melotte […] n’était plus craint. Ses foudres de carton, ses tonnerres lointains, l’évocation des bûchers infernaux, la promesse des félicités paradisiaques dans un éden, somme toute, passablement morne et fort problématique, ne faisaient plus guère frémir que quelques vieilles dévotes et les gosses de neuf à onze ans […] — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  4. (Armement) Endroit du canon d’un fusil, d’un pistolet où se met la charge et où se produit l’explosion au moment du tir.
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Littré (1872-1877)

TONNERRE (to-nê-r' ; d'après Palsgrave, p. 7, au XVIe siècle, la première syllabe se prononçait ton, comme dans le substantif ton) s. m.
  • 1Bruit plus ou moins fort et plus ou moins prolongé qui accompagne la foudre. Un jour, un jour viendra que par toute la terre Rome se fera craindre à l'égal du tonnerre, Corneille, Hor. III, 5. Je veux suivre l'Écriture de mot à mot et de parole à parole ; il ne faut point que l'homme parle, et je ne veux pas ici contrefaire la voix de Dieu, ni imiter le tonnerre, Bossuet, 3e sermon pour le premier dimanche de l'Avent, Préambule. Ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! Bossuet, Duch. d'Orl. Ma voix ferait sur eux les effets du tonnerre, Voltaire, Mahom. II, 5. [à l'Opéra] le tonnerre est une lourde charrette qu'on promène sur le cintre, et qui n'est pas le moins touchant instrument de cette agréable musique, Rousseau, Hél. II, 23. La voix du tonnerre lointain, P. Lebrun, Voy. de Grèce, III, 1.

    Fig. Voix de tonnerre, voix très forte, très éclatante. N'allez pas dès l'abord… Crier à vos lecteurs d'une voix de tonnerre : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre, Boileau, Art p. III. Il a un teint basané, une voix de tonnerre, Al. Duval, les Héritiers, SC. 17.

    Fig. C'est un tonnerre, se dit d'un homme dont la voix est assourdissante.

    Fig. Un coup de tonnerre, coup fatal. Trône, à t'abandonner je ne puis consentir ; Par un coup de tonnerre il vaut mieux en sortir, Corneille, Rodog. v, 1. M. de Pompone demanda s'il ne pourrait point avoir l'honneur de parler au roi, et savoir de sa bouche quelle faute avait attiré ce coup de tonnerre [la disgrâce], Sévigné, 22 nov. 1679.

    En un autre sens, événement étonnant. Quand je vois des gens fort heureux, je suis au désespoir : cela n'est pas d'une belle âme ; mais le moyen aussi de souffrir des coups de tonnerre de bonheur comme il y en a, dit-on, pour les inclinations ? Sévigné, à Bussy, 19 déc. 1670.

    Familièrement. Il est fait en coup de tonnerre, il est mal bâti, tout de travers, par allusion à la forme en zigzag des traits de la foudre qui éclate.

  • 2 Par extension, la foudre. Le tonnerre est tombé sur l'église. [Dans la Fable] Ce n'est plus la vapeur qui produit le tonnerre, C'est Jupiter armé pour effrayer la terre, Boileau, Art p. III. Dieu fit choix de Cyrus avant qu'il vît le jour… Le fit naître et soudain l'arma de son tonnerre, Racine, Esth. III, 4. Le tonnerre n'est qu'un grand phénomène électrique ; Franklin le force à descendre tranquillement sur la terre ; et, s'il foudroya Ajax Oïlée, ce n'est pas assurément parce que Minerve était irritée contre lui, Voltaire, Dict. phil. Tonnerre, 1. Il y a des grands seigneurs dont il ne faut approcher qu'avec d'extrêmes précautions ; le tonnerre est de ce nombre ; on sait que le professeur de mathématiques Richman fut tué à Pétersbourg, en 1753, par la foudre qu'il avait attirée dans sa Chambre, Voltaire, ib. 2. Avant les expériences de Franklin sur l'électricité, on se faisait des idées bien fausses du tonnerre, Sennebier, Ess. art d'obs. t. III, p. 7, dans POUGENS.

    Fig. Attirer le tonnerre, attirer les malheurs, et, en particulier, ceux de la guerre. Seigneur, n'attirez point le tonnerre en ces lieux ; Rangez-vous du parti du destin et des dieux, Corneille, Pomp. I, 1.

  • 3Image du tonnerre. Il sera dieu ; même je veux Qu'il ait en sa main un tonnerre, La Fontaine, Fabl. IX, 6. Les anciens peignaient Jupiter prenant le tonnerre composé de trois flèches brûlantes dans la patte de son aigle, et le lançant sur ceux à qui il en voulait ; la saine raison n'est pas d'accord avec ces idées poétiques, Voltaire, Dict. phil. Tonnerre, 1.
  • 4 Poétiquement, le séjour, la région du tonnerre, le ciel.

    Le maître du tonnerre, le dieu qui lance le tonnerre, Jupiter. C'est le pur sang du dieu qui lance le tonnerre, Racine, Iphig. v, 4. J'ai vu [à l'Opéra] le maître du tonnerre, Attentif au coup de sifflet, Pour lancer les feux sur la terre, Attendre l'ordre d'un valet, Panard, Description de l'Opéra.

    L'oiseau qui porte le tonnerre, l'aigle, oiseau de Jupiter. Regardez dans Denain l'audacieux Villars Disputant le tonnerre à l'aigle des Césars, Voltaire, Henr. VII.

  • 5 Par analogie et poétiquement, canon. Cent/tonnerres de bronze ont donné le signal, Voltaire, Fontenoi.
  • 6 Fig. Il se dit de tout ce qui renverse comme la foudre. Mélanchthon l'avait pris du beau côté, et voulait croire au commencement que, pour réveiller le monde, il ne fallait rien moins que les violences et le tonnerre de Luther, Bossuet, Var. v, 3. Et sur le couple pâle et déjà demi-mort Fait tomber à deux mains l'effroyable tonnerre [un énorme in-folio], Boileau, Lutr. v. Ah ! c'est ici seulement, au milieu de tant de scandales, qu'il fallait faire retentir la parole sainte dans toute la force de son tonnerre, Bridaine, cité par MAURY, Éloq. de la chaire, XX.
  • 7Partie renforcée du canon des armes à feu portatives, qui correspond à l'emplacement de la charge.

    Dans certains obusiers, la partie qui est autour de la chambre.

  • 8Pierre de tonnerre, sorte de pierre qu'on croyait tomber avec le tonnerre, et qu'au XVIIe siècle on appelait carreau.
  • 9Un des noms du malapterurus electricus, poisson électrique.

    PROVERBE

    Toutes les fois qu'il tonne, le tonnerre ne tombe pas, c'est-à-dire des menaces ne sont pas toujours suivies d'effet.

HISTORIQUE

XIe s. Orez [orages] i ad de tuneire e de vent, Ch. de Rol. CIX.

XIIIe s. Cel jour [il] fist moult mal temps de tonnoirre et d'ecliste, Berte, XCII. N'il ne cort mie doucement, Ains descent si hideusement, Qu'il tempeste l'air en son oire [sa marche] Plus que nul orrible tonnoire, la Rose, 6054. Et quant espar [éclair] vient en tonnoire, Si repuet l'en sovent veoir Des vapeurs les pierres cheoir, Qui ne monterent mie pierres, ib. 16304. Chascun de ces deux anemis A l'un de cels sur son col mis ; D'iluec s'en tornerent grant oire ; Lor petit pas sanble tonoirre, Rutebeuf, 322.

XVe s. Lors, comme se le tonnoire cheist du ciel…, Chastelain, Expos. sur verité mal prise.

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Étymologie de « tonnerre »

(1560) Fait tonnoire, tonnaire en moyen français, tuneire en ancien français (1080). Du latin tonitrus, avec accentuation paroxytonique (sur la syllabe pénultième) en latin populaire : \tɔ.ˈnɪ.trus\.
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Wallon, tonîr, bourg. tonnarre ; namur. tonoire ; prov. toneire, tonedre ; du lat. tonitru.

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Phonétique du mot « tonnerre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tonnerre tɔnɛr

Fréquence d'apparition du mot « tonnerre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tonnerre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tonnerre »

  • Toutes les fois qu'il tonne, le tonnerre ne tombe pas.
    Proverbe français
  • Si l'homme savait ce qu'est le tonnerre, il deviendrait cendre et poussière.
    Anonyme
  • Il n'est si grand sur terre Que n'abatte un coup de tonnerre.
    Proverbe français
  • Le ciel ne s'éclaircit pas tant que le tonnerre se fait entendre.
    Lao She — Quatre générations sous un même toit
  • Celui que frappe la foudre n’entend pas le tonnerre.
    Proverbe magyar
  • Le tonnerre est impressionnant, mais c'est l'éclair qui est important.
    Mark Twain
  • Ceux qui sont pour la liberté et contre l’agitation sont des gens qui veulent avoir la pluie, mais pas le tonnerre.
    Mark Twain
  • Quand le tonnerre gronde, chacun pose sa main sur sa tête.
    Proverbe bambara
  • Le mariage est comme le tonnerre ; les premiers coups font soupirer d'aise, puis ce sont les éclairs et les éclats.
    Proverbe malgache
  • Eglise Notre-Dame eglise notre dame tonnerre Tonnerre Yonne
    Unidivers — Samedi 15 août 2020 à 18h00 Eglise Notre-Dame Tonnerre samedi 15 août 2020
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Traductions du mot « tonnerre »

Langue Traduction
Anglais thunder
Espagnol trueno
Italien tuono
Allemand donner
Chinois
Arabe صوت الرعد
Portugais trovão
Russe гром
Japonais サンダー
Basque trumoiak
Corse tronu
Source : Google Translate API

Synonymes de « tonnerre »

Source : synonymes de tonnerre sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot tonnerre au scrabble : 8 points

Tonnerre

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