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Temple

Variantes Singulier Pluriel
Masculin temple temples

Définitions de « temple »

Trésor de la Langue Française informatisé

TEMPLE, subst. masc.

A. − Lieu, sanctuaire où l'on célèbre le culte d'une ou plusieurs divinités. Temple rustique, sacré; temples souterrains. On trouva un temple druidique. (...) les druides choisissaient pour leurs cérémonies religieuses des lieux sombres, le fond des bois « et leur vaste silence » (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 233).Le culte védique ne comportait pas de temples permanents (Philos., Relig., 1957, p. 52-12).
1. HIST. RELIG. Édifice religieux dont une partie au moins est considérée comme la demeure du dieu, abrite sa statue, parfois un trésor, et dans laquelle les prêtres lui rendent un culte hors la présence de la masse des fidèles. Temple funéraire, solaire; bâtir un temple; consacrer, dédier, élever un temple à; temple antique, égyptien, grec, inca, khmer, maya, païen, romain; autel, colonne, fronton, péristyle du temple; temple d'Apollon, de Diane, d'Isis; temple d'Angkor, de Delphes, d'Éphèse; temple de la sagesse, du soleil, de la victoire. Atra, ville d'Arabie, était consacrée au Soleil, et renfermait de riches offrandes déposées dans son temple (...). La Caabah des Arabes, avant Mahomet, était un temple consacré à la Lune (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 19):
Le temple résume l'âme grecque. Il n'est ni la maison du prêtre, comme le fut le temple égyptien, ni la maison du peuple, comme le sera la cathédrale, il est la maison de l'esprit, l'asile symbolique où vont se célébrer les noces des sens et de la volonté. Faure, Hist. art, 1909, p. 98.
P. anal. (de forme)
Vieilli. Kiosque de jardin imitant les ruines antiques, très en vogue au xviiies. Elle lui conseilla de (...) faire une grotte, sur laquelle il mettrait un petit temple en façon de belvédère (Balzac, A. Savarus, 1842, p. 28).L'influence de son séjour [de J.-J. Rousseau] est profondément sentie dans le pays (...). Au bord des eaux, des temples ronds, à colonnes de marbre, consacrés soit à Vénus génitrice, soit à Hermès consolateur (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 575).
Temple d'amour. Petite construction circulaire imitant celle du Petit Trianon (de Versailles). Or, on avait bâti, comme un temple d'amour, Près d'un bassin dans l'ombre habité par un cygne, Un théâtre en treillage où grimpait une vigne (Hugo, Contempl., t. 1, 1856, p. 136).
2. HIST. ROMAINE. Portion du ciel, partie de l'horizon ou espace délimités par les Augures à l'aide de leur bâton augural et de l'observation desquels ils tiraient leurs présages; lieu ou terrain découvert délimité par une consécration religieuse qui le séparait du terrain environnant. (Dict. xixeet xxes.). V. lituus B ex. de Michelet.
3. HIST. JUIVE. Le premier temple, le temple de Salomon, le Temple de Jérusalem ou, absol. (gén. avec majuscule), le Temple. Édifice bâti par Salomon au xes. avant J.-C. pour abriter l'arche d'alliance, et considéré comme la demeure de Yahvé. Marches, portique du Temple; construction, destruction, reconstruction du Temple; marchands, vendeurs du Temple. Jésus meurt sur la croix. Il jette un grand cri, il rend l'esprit. Ô mort terrible! Le voile du temple fut déchiré en deux, du haut en bas; la terre trembla, les pierres se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1471).La catastrophe de la prise de Jérusalem et de l'écroulement du temple en 586 et l'épreuve de l'exil aux rives du Kebar, en Babylonie (Weill, Judaïsme, 1931, p. 18).
Le deuxième/second temple, le temple d'Hérode, le Temple. Édifice qui fut rebâti par Hérode à l'époque du Christ et fut détruit par les armées de Titus en l'an 70 de notre ère. Du second Templecelui qui fut reconstruit à l'époque perse, puis restauré et agrandi par Hérode le Grand, il ne reste qu'une partie de l'enceinte extérieure, le « Mur des Lamentations » (Philos., Relig., 1957, p. 42-1).
P. méton. Période correspondant à son utilisation comme lieu de culte. V. rabbi A ex. de Roth.
4. HIST. CHRÉT.
a) CHEVALERIE. Ordre du Temple, absol., le Temple. Premier ordre religieux militaire fondé à Jérusalem au xiies. (à proximité des ruines du Temple) pour la défense du Saint-Sépulcre et la protection des pèlerins qui s'y rendaient. Grand-maître du Temple. Dès le début (...) l'ordre du Temple eut un caractère militaire. Fondé en 1118 par le Champenois Hugue [sic] de Payens [sic] qui l'installa dans le Temple de Salomon (l'actuelle mosquée el-Aqsâ), il en reçut son nom d'ordre des Templiers (Grousset, Croisades, 1939, p. 114).V. commandeur ex. 1.
Chevalier du Temple. Synon. de templier.Le chevalier du Temple se disposant à faire une sortie contre l'infidèle qui l'assiège (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 17).
b) P. méton. [Absol., avec majuscule] Maison, monastère des Templiers, dans les villes où ils résidaient; en partic., à Paris, à l'intérieur de l'enceinte de Charles V, monastère situé au Nord-Est, sur la rive droite. Boulevard, faubourg, quartier du Temple. Cette nouvelle enceinte (...) enfermait dans son cercle le quartier Saint-Paul (...) le Temple, Saint-Martin (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 62).La rue du Temple s'appelait rue de la Chevalerie-du-Temple (Proust, Sodome, 1922, p. 1105).
Le Temple, la Tour du Temple. À Paris, partie de l'ancien monastère qui, après dissolution de l'Ordre au xives., servit de prison et où l'on enferma Louis XVI et sa famille au cours de la Révolution française. Le prisonnier du Temple. On décréta non la déchéance, mais seulement la suspension de Louis XVI; la Commune l'interna au Temple avec sa famille (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 259).
Le Temple. À Paris, le quartier où s'élevait le Temple. Carreau, marché du Temple. MmeCantinet était allée au Temple acheter un lit de sangle et un coucher complet (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 278).Le Temple conservait l'argot du dix-septième siècle (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 200).
5. HIST. MOD. Au cours de la Révolution française, édifice dédié à des principes ou à des allégories civiques et laïques et dans lequel on leur rendait un culte. Temple de la Liberté, du Génie, de la déesse Raison. La Commune s'empare de Notre-Dame; une montagne s'édifie dans le chœur; une actrice personnifie la Liberté; la Convention, mise au courant, se rend à la cathédrale, baptisée « temple de la Raison » (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 377).
B. − Lieu de célébration d'un culte et où se réunissent des fidèles.
1. Vieilli ou littér. Édifice élevé pour le culte divin; église des catholiques. Toutes les reliques consacrées dans les temples des catholiques, et exposées à la vénération du peuple (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 439).Si le concert [spirituel] est donné dans le lieu saint (...) nous ne lui imposerons aucune prescription précise. Peut-être pouvons-nous regretter que le temple de Dieu soit transformé en salle d'audition, même d'audition religieuse (Potiron, Mus. église, 1945, p. 11).
2. En partic.
a) Bâtiment du culte de l'Église réformée. Temple protestant. La mosquée occupe, du point de vue religieux, une place intermédiaire entre le temple protestant, simple lieu de réunion, et l'église catholique qui est la demeure de Dieu (G.-H. Bousquet, Prat. rit. Islâm, 1949, p. 119).
b) Lieu de réunion d'une loge maçonnique. Synon. atelier.Temple de la rue Monsieur-le-Prince (A. France, Jard. Épicure, 1895, p. 118).
Rem. Dans l'usage actuel, temple n'est plus utilisé pour désigner l'église, la mosquée ou la synagogue.
C. − P. anal., vieilli ou littér. [Suivi d'un déterm.]
1. Lieu, bâtiment destiné à, habituellement utilisé pour quelque chose. Les théâtres partout sont d'infâmes repaires, Des temples de débauche (Barbier, Ïambes, 1840, p. 58).Dès le matin, tandis que le prêtre se rend à l'église, lui [le médecin] se rend à l'hôpital (...) ce temple de la souffrance (Wicart, Orateur, t. 1, 1936, p. 410).
Temple de la Fortune. Endroit où l'on s'enrichit rapidement; maison de jeu ou de spéculation financière. La foule m'annonça que j'approchais du temple de la Fortune (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 265).
Temple du goût (sous le IerEmpire), Temple de Thalie (sous la Restauration). La Maison de Molière, le Théâtre Français (d'apr. Delvau 1867, p. 289).
Temple de Thémis. Palais de Justice. (Dict. xixeet xxes.).
2. Bâtiment, endroit fréquenté habituellement par des spécialistes, des connaisseurs, des amateurs. Temple des arts. Sa maison [de Milton] (...) redevint encore une fois le temple des muses (Chateaubr., Litt. angl., t. 2, 1836, p. 29).Le salon Verdurin passait pour un temple de la musique (Proust, Sodome, 1922, p. 870).Sous la conduite de palefreniers, les chevaux en sueur rentrent du parc jusqu'au home de MM. Tattersal, temple hippique (Morand, Londres, 1933, p. 164).
Temple d'amour, du plaisir. Lieu de débauche, de prostitution. Peut-être passait-il ses soirées au Pantheon voisin, célèbre temple du plaisir (Morand, Londres, 1933, p. 184).
D. − Au fig., littér.
1. RELIG. CATH.
a) [P. réf. à Saint Paul 1, Cor. 3 et 2, Cor. 16] Habitation de Dieu sur la terre dans l'âme des fidèles. Temple de Dieu; temple de l'Esprit Saint. Puisse notre intérieur devenir un temple digne de Dieu! (Maine de Biran, Journal, 1823, p. 419).Parce que ce corps lui a été donné, afin qu'il fût le temple de l'esprit, et que lui-même, il ressuscitera dans la gloire promise par le Sauveur. Parce que cet esprit lui a été donné, afin qu'il eût le commandement sur la matière organisée (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 199).
b) Rare
α) Ensemble des chrétiens; l'Église. Libre à nous (...) de rebâtir chacun le temple de la nouvelle Jérusalem selon les besoins de notre cœur, de notre conscience (Sand, Corresp., t. 4, 1863, p. 351).
β) Ensemble de la doctrine chrétienne. (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr.).
2. Vieilli. Honneurs analogues à ceux que l'on rend à la divinité. Élever des temples. [Catherine II] ne mord pas, dès le début, à ses flatteries excessives [de Voltaire] (...). Elle ne veut pas de temple (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 224).
Temple de gloire, de mémoire. Renommée, réputation durables; immortalité du nom due à de hauts faits, à d'éminents services. De tous les chemins qui mènent au temple de mémoire, j'ai suivi le plus obscur (Courier, Lettre à M. Renouard, 1810, p. 265).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃:pḽ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Désigne le Temple de Jérusalem, demeure de Iahweh [fin xes. mot lat. templum Deu; templum Dei (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 70; 327)] ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1524: Si violat [un païen] le temple Salomon); 1remoit. xiies. spéc. le Temple considéré comme résidence divine (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, X, 4: Li Sires en suen temple); id. comme lieu sacré (ibid., LXXVIII, 1: marguillierent le tuen saint temple); 2. « édifice où se célèbre un culte divin » a) 1155 un temple d'antiquité (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 634); ca 1170 temple Baal (Rois, éd. E. R. Curtius, IV, XI, 18, p. 197); b) α) 1155 « église chrétienne » (Wace, op. cit., 10396); ca 1175 le temple e le moustier de Saint Pere (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 9101 ds T.-L.); dans la lang. mod., terme propre au style soutenu pour désigner une église cath. 1643 (Corneille, Menteur, IV, 9); β) ca 1200 « la communauté chrétienne, l'ensemble de l'Église » (Guiot de Provins, Bible, 2180 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 77); γ) xiiies. « le fidèle, habitacle, temple de Dieu [dont le Temple mosaïque − cf. 1 − était la figure] » (Sermon poitevin, 28 ds T.-L.: vos estis templum Dei [II Cor. VI, 16]: vos estes temples Dé); 3etiers xiiies. temple del saint esperit, en parlant du corps (ds M. von Orelli, Altfr. Bibelwortschatz im Berner Cod. 28, 1 Cor. VI, 19, fol. 293 b 16, p. 376); c) 1535 « lieu de culte protestant » (ds A. L. Herminjard, Corresp. Réformateurs, t. 3, p. 264 d'apr. Richard Kirchenterminologie, p. 84); d) 1793 Temple de la Raison de [...] Toulouse (Arch. Hte-Gar., L 4578/22); 1798 temple décadaire [du canton de Toulouse] (ibid., L 2224/129); 3. « l'Ordre du Temple » a) 1174-76 maistre del Temple (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 958); ca 1200 le Temple (Guiot de Provins, op. cit., 571, p. 27); 1306 un chevalier du Temple (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett,186, p. 121); b) ca 1210 « bâtiment de Jérusalem où siège l'Ordre du Temple » (Robert de Clari, Constantinople, éd. Ph. Lauer, XXXIII, p. 35: s'asanlerent [...] au Temple); 4. 1875 « lieu de réunion d'une loge de francs-maçons » (Lar. 19e). B. 1558 antiq. romaine « espace céleste délimité par le lituus de l'augure comme champ d'observation pour les auspices » (J. Du Bellay, Antiq. de Rome, Songe, 1, 10, éd. E. Droz, p. 19). C. Empl. fig. de A « lieu où se rend un culte » a) 1504 (J. Lemaire de Belges, Le Temple d'honneur et de vertu à l'honneur de feu Mgr de Bourbon ds Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p. 183 [évocation d'un temple imaginaire hanté par les vertus qui ont accueilli l'âme du défunt duc]); b) 1605 bâtir un temple éternel (à qqn) « l'immortaliser » (Malherbe, Poés., XIV ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 60, 56); 1658 placer (qqc.) au temple de Mémoire « id. » (La Fontaine, Adonis, ms. de 1658 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 6, p 227); c) 1627 temple de Cypris « sexe d'une femme » (Parnasse des Muses, 120 d'apr. R. Arveiller ds R. Ling. rom. t. 43, p. 438); d) fin xviies. temple de Vénus « lieu de prostitution » (Regnard, Ep., 4 ds Théâtre, éd. L. Moland, 1876, p. 424). Empr. au lat.templum « espace tracé par l'augure dans l'air et sur la terre, à l'intérieur duquel il recueille et interprète les présages; espace que la vue embrasse, champ de l'espace; espace inauguré, consacré; spéc.: le temple ». Dans la lang. chrét., à côté d'ecclesia et de basilica, templum désigne à partir des iiieet ives. l'édifice du culte, le sanctuaire (Tertullien, Optatus, FEW t. 13, 1, p. 180b; Blaise Lat. chrét.); terme de mystique, il désigne le corps, demeure du Saint-Esprit (Tertullien), la communauté des chrétiens, l'Église (Lactance, ibid.). Templum « Temple de Jérusalem » est relevé dans la Vulgate (III Reg., 5, 5); au fig., il désigne le corps du Christ (Jean, II, 19 et 21). Au Moy. Âge, il désigne l'Ordre fondé en 1119, à Jérusalem par Hugues de Payns et qui s'installa quelques années après, dans un édifice voisin de l'ancien Temple de Salomon: 1142, déc. Rouergue fratres Templi ds Brunel, 39, p. 44; id. a. prov. cavalleirs del Temple, ibid., v. aussi tempe2. Fréq. abs. littér.: 4 574. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 815, b) 8 676; xxes.: a) 5 378, b) 4 045. Bbg. Archit. 1972, p. 138. − Quem. DDL t. 14. − Richard (W.) 1959, pp. 83-85. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 209. − Vitu (A.). Le Jargon du xves. Ét. philol. Genève, 1977, pp. 517-519.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

temple \tɑ̃pl\ féminin

  1. Outil de charron.
  2. Instrument pour tenir l’étoffe tendue sur le métier.
    • Pour diriger la largeur de la toile, l’ouvrier se sert d’un instrument appelé temple, qui est une petite règle de bois ayant des dents ou hoches en forme de crémaillère. — (Dict. des arts et mét, Tisserand.)
    • Les temples ou templus. — (Tarif des douanes, 1869 page 140)
  3. (Pêche) Perches horizontales qui servent à construire les bordigues.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)

Nom commun 1 - français

temple \tɑ̃pl\ masculin

  1. Édifice public consacré au culte de la divinité.
    • Il y a quelques années, florissait, orgueil de nos boulevards, certain vaste et lumineux café, situé presque en face d’un de nos théâtres de genre, dont le fronton rappelle celui d’un temple païen. — (Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, Les Demoiselles de Bienfilâtre, dans les Contes cruels, 1883, éd. J. Corti, 1954, vol. 1, p. 3)
    • Le temple ne fut dédié à son patron, saint Nicolas qu'en 1544 ; les anciennes croix de consécration sont conservées dans l'église et placées au-dessus des stations du chemin de Croix. — (Gustave Fraipont; Les Vosges, 1895)
    • Les Aztèques éventraient couramment, qu'on raconte, dans leurs temples du soleil, quatre-vingt mille croyants par semaine, les offrant ainsi au Dieu des nuages, afin qu'il leur envoie la pluie. — (Louis-Ferdinand Céline [Louis Ferdinand Destouches], Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932)
    • Wan-nien-sseu est un très vieux temple bouddhique, qui s'élève à quelques lis à peine des murailles de la ville, la courbe élégante de ses toits vernissés. — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, p.209)
  2. (Spécialement) Lieu où les protestants s’assemblent pour l’exercice de leur religion.
    • Les protestans avaient, au dix-septième siècle, un temple à Sanvic; […]. Lors de la révocation de l’édit de Nantes, la jeunesse catholique du Havre se porta en foule à Sanvic, et détruisit, en peu d’instans, cet édifice religieux dont on chercherait vainement aujourd’hui la place. — (Joseph Morlent, Le Havre ancien et moderne et ses environs, chap. 22, tome 2, Le Havre : chez Chapelle & Paris : chez Pillet ainé, 1825, page 3)
  3. (En particulier) Édifice que Salomon bâtit à Jérusalem.
    • Je n’imagine pas que l’on puisse faire sauter la mosquée du Rocher, comme certains juifs radicaux le pensèrent après la guerre de 1973, pour reconstruire le Temple à sa place. — (Ghaleb Bencheikh & ‎Philippe Haddad, L’islam et le judaïsme en dialogue: Salam Shalom, Éditions de l’Atelier, 2002, page 86)
    1. (Par métonymie) Les autorités religieuses juives de l’époque.
      • Le Temple condamne les présomptueux comme toi. A Jérusalem, tu serais déjà mort lapidé ! — (Eric-Emmanuel Schmitt, L’Évangile selon Pilate, Albin Michel, 2000. Prologue)
  4. Lieu où demeuraient les templiers.
    • Il logeait au temple à Paris.
    • Louis XVI et la famille royale furent enfermés au temple.
    • Le faubourg du temple.
  5. Lieu où les franc-maçons se réunissent.
  6. (Héraldique)
    1. Meuble représentant un temple antique dans les armoiries. Il est généralement représenté avec un perron, un toit et plusieurs colonnes dont le nombre pourra faire l’objet d’une mention dans le blasonnement.
      • D’azur au temple d’argent accompagné en chef de deux croisettes recroisetées au pied fiché d’or et en pointe d’un pont à cinq arches du même, qui est de la commune de Sassey-sur-Meuse → voir illustration « armoiries avec un temple réformé »
    2. (Rare) Meuble représentant un temple protestant ou réformé dans les armoiries. Il est généralement représenté sans clocher contrairement aux églises. À rapprocher de chapelle et église.
      • D’hermine au temple du lieu de gueules, ouvert et ajouré de sable (temple réformé), qui est de la commune d’Estréelles du Pas-de-Calais → voir illustration « armoiries avec un temple réformé »
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TEMPLE. n. m.
Édifice public consacré au culte de la divinité. Les temples du vrai Dieu. Les temples du Dieu vivant. Les temples des faux dieux. Le temple de Delphes, d'Éphèse. Le temple de Jupiter, de Janus. Dédier, consacrer un temple. Profaner un temple. En termes poétiques, Son nom est écrit dans le temple de la Gloire, au temple de Mémoire, Il est assuré d'une renommée immortelle. En termes religieux, Les vrais chrétiens sont des temples vivants, les temples du Saint-Esprit, Dieu, le Saint-Esprit est en eux.

TEMPLE se dit absolument et par excellence du Temple que Salomon bâtit à Jérusalem par ordre de Dieu. Le parvis du temple. Le portique, le pinacle du temple. La destruction du temple. Il se dit aussi absolument des Lieux où demeuraient, en certaines villes, les chevaliers nommés Chevaliers du Temple ou Templiers. Il logeait au Temple à Paris. Louis XVI et la famille royale furent enfermés au Temple. Le faubourg du Temple. Il se dit particulièrement des Lieux où les protestants s'assemblent pour l'exercice de leur religion. Il se dit quelquefois des Églises catholiques, mais seulement en termes poétiques et dans le style soutenu.

Littré (1872-1877)

TEMPLE (tan-pl') s. m.
  • 1Chez les Romains, lieu découvert d'où la vue pouvait s'étendre, et consacré par les augures. Le sénat ne pouvait s'assembler légalement que dans un lieu consacré par les augures, auquel on donnait pour cette raison le nom de temple, Bouchaud, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. v, p. 123.
  • 2Édifice public consacré à la divinité chez les peuples qui ont un culte. Tous les monstres d'Égypte ont leur temple dans Rome, Corneille, Poly. IV, 6. Le Capitole bâti par Tarquin le Superbe, et le temple qu'il éleva à Jupiter dans cette forteresse, Bossuet, Hist. III, 6. Ils [les Scythes] revinrent dans la Palestine, où quelques-uns d'entre eux pillèrent, à Ascalon, le temple de Vénus le plus ancien qui eût été consacré à cette déesse, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 100, dans POUGENS. Entre les temples célèbres bâtis par le peuple d'Ionie, le plus mémorable, quoiqu'il ne soit pas le plus ancien, est le fameux temple de Diane construit à Éphèse, Rollin, ib. t. XI, 1re part. p. 19. Les peuples qui n'ont point de temples ont peu d'attachement pour leur religion, Montesquieu, Esp. XXV, 3. Comme la divinité est le refuge des malheureux, et qu'il n'y a pas de gens plus malheureux que les criminels, on a été naturellement porté à penser que les temples étaient un asile pour eux, Montesquieu, ib. Les Tyriens avaient un temple dans lequel Hérodote entra, et qu'il dit avoir deux mille trois cents ans d'antiquité, Voltaire, Déf. mil. Bolingbr. 9. Point de temple, point de palais bien entendu sans une belle vue et sans une grande place, Voltaire, Phil. Hérode, monuments. Vos yeux se tournent depuis longtemps vers ce fameux temple de Minerve, un des plus beaux ornements d'Athènes ; il est connu sous le nom de Parthénon, Barthélemy, Anach. ch. 12. Les temples des Grecs et des Romains n'étaient que le sanctuaire proprement dit ; les sacrifices étaient offerts sous les péristyles, à la vue d'un peuple immense qui ne pénétrait point dans l'enceinte sacrée, Mongez, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. v, p. 133. Il paraît que l'intérieur des temples destinés à la célébration des mystères admettait certains prestiges de lumière et d'obscurité, faits pour ébranler l'imagination des assistants, Quatremère de Quincy, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. III, p. 266. C'est une belle idée qu'avaient les anciens de placer les temples au sommet des lieux élevés, Staël, Corinne, VIII, 4.

    Fig. Il [Épicure] fut le premier qui prononça courageusement ce qu'il en pensait [des dieux du paganisme], et qui osa publiquement ébranler, autant qu'il lui fut possible, les fondements de tous les temples de la Grèce, en déclamant contre la vanité du culte qui s'y exerçait, La Mothe le Vayer, Vertu des païens, II, Épicure.

  • 3Absolument et par excellence, le temple que Salomon bâtit à Jérusalem par ordre de Dieu, et qui fut rebâti par Hérode. J'ai dessein de bâtir un temple au nom du Seigneur mon Dieu, selon que le Seigneur l'a ordonné à David mon père, Sacy, Bible, Rois, III, v, 5. Cette prédiction de la ruine du temple réprouvé, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 9. Hérode, ce politique raffiné, qui, pour avoir rebâti le temple avec une magnificence presque semblable à celle de Salomon…, Bossuet, Médit. sur l'Év. La dern. sem. du Sauv. 35e jour. Il [David] ordonna aux lévites de venir au temple le matin et le soir, pour y bénir Dieu et pour y chanter ses louanges, Bossuet, Polit. VIII, v. 5. Oui, je viens dans son temple adorer l'Éternel, Racine, Athal. I, 1.

    Le second temple, le temple rebâti par Hérode.

  • 4Dans le style soutenu, église consacrée au culte catholique. Soit, mais il est saison que nous allions au temple, Corneille, le Ment. IV, 9. Marinette : Pour vous chercher j'ai fait dix mille pas, Et vous promets, ma foi… - Eraste : Quoi ? - Marinette : Que vous n'êtes pas Au temple, au cours, chez vous, ni dans la grande place, Molière, le Dép. I, 2. Tu le vois, tous les jours [Louis XIV], devant toi prosterné, Humilier ce front, de splendeur couronné, Et, confondant l'orgueil par d'augustes exemples, Baiser avec respect le pavé de tes temples, Racine, Esth. Prologue. Les chrétiens n'eurent des temples que vers le commencement du règne de Dioclétien ; l'Église était alors très nombreuse, Voltaire, Dict. phil. Autels.

    Fig. Dans le style de la chaire, les fidèles sont les temples vivants, les temples du Saint-Esprit. En faire [d'un grand peuple] le temple de Dieu, le réconcilier à Dieu…, Pascal, Pens. XVIII, 16, édit. HAVET. Il nous consacre comme temples de Dieu, il nous consacre comme enfants de Dieu, Bourdaloue, Serm. 17e dim. après la Pent. Dominic. t. IV, p. 78. Elle [cette passion] déshonore le corps du chrétien ; elle profane le temple de Dieu en nous, Massillon, Carême, Enf. prod.

    Le nouveau temple, l'Église chrétienne. La gloire de ce nouveau temple sera bien plus grande que la gloire du premier [les Juifs], Pascal, Pens. XXV, 171.

    Fig. Le temple, l'ensemble des idées chrétiennes. Malebranche est un aigle enfermé dans le temple, D. Stern, Esquisses mor. p. 157.

  • 5Se dit, chez les protestants, de l'édifice où se font les cérémonies du culte. M. le cardinal de Bouillon fut hier bénir l'église d'Orsay, qui n'était maintenant qu'un temple, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 116.
  • 6Anciennement, résidences des chevaliers du Temple (on met une majuscule). Le faubourg du Temple à Paris. Je n'ose presque vous parler de votre déménagement de la rue du Parc-Royal pour aller demeurer au Temple ; j'en suis affligée pour vous et pour moi : je hais le Temple autant que j'aime la déesse [Mme de Coulanges] qui veut présentement y être adorée, Sévigné, à Coulanges, 1er déc. 1690. Après sa banqueroute, réfugié au Temple, lieu de franchise alors pour les débiteurs insolvables, Marmontel, Mém. VI.

    Chevalerie du Temple, ordre des templiers.

  • 7Le Temple, dans le langage de la franc-maçonnerie, le lieu où se réunissent les francs-maçons.
  • 8 Fig. et poétiquement, temple de Mémoire, ou, simplement, temple, souvenir qui reste des grandes œuvres ou des grandes actions (on met une majuscule à Mémoire). Celle à qui dans mes vers, sous le nom de Nérée, J'allais bâtir un temple éternel en durée, Malherbe, VI, 25. J'irais plus haut peut-être au temple de Mémoire, Si, dans un genre seul, j'avais usé mes jours, La Fontaine, Poésies mêlées, LXIX.

    Être inscrit au temple de Mémoire, avoir immortalisé son nom.

HISTORIQUE

XIe s. Il viola le temple Salomon, Ch. de Rol. CXVII.

XIIe s. Cist temples [est], cum li huem, senz honor, Machab. I, 2. Puis entrad li poples de la terre el temple Baal, e destruisirent les altels…, Rois, p. 288.

XIIIe s. L'en avoit ordenné que le Temple [les chevaliers du Temple] feroit l'avant-garde, et le comte d'Artois auroit la seconde bataille après le Temple, Joinville, 224.

XIVe s. Ainssin fasoit Girars : es bons prenoit exemple, à Dieu s'estudioit de son cuer [cœur] faire temple, Girart de Ross. v. 2995.

XVe s. Pour les laiz [laïques] et ceuls du temple [ecclésiastiques], R. Desch. Poésies mss. f° 46.

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Étymologie de « temple »

(Nom 1) Du latin templum.
(Nom 3) Variante de tempe.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. temple ; espagn templo ; ital. tempio ; du lat. templum, qui est le même que τέμενος, de τέμνειν, couper : proprement, lieu coupé par deux lignes d'orientation que les augures traçaient pour leurs observations.

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Phonétique du mot « temple »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
temple tɑ̃pl

Fréquence d'apparition du mot « temple » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « temple »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « temple »

  • Votre vie quotidienne est votre temple et votre religion.
    Khalil Gibran
  • Là ou Dieu a un temple, le diable aura une chapelle.
    Robert Burton
  • Le logis, c'est le temple de la famille.
    Le Corbusier — Les Plans Le Corbusier de Paris
  • La statue émerge du temple dans la mesure presque exacte où l'homme sort de la foule, et du même pas que lui.
    Élie Faure — L'Esprit des formes, Pauvert
  • Le théâtre est un temple du contact d'homme à homme, une dramaturgie de la rencontre.
    Jean-Pierre Thibaudat
  • Le corps est le temple de l'esprit.
    Saint Paul
  • La meilleure définition que l'on puisse donner d'un séminariste, c'est celle de future putain du temple.
    Moses Isegawa — Chroniques abyssiniennes
  • Nous poussons la porte cette semaine de bâtisses inscrites aux Monuments historiques. Aujourd’hui, le temple protestant de la rue des Arts à Roubaix. Inscrit en 2011, il fête ses 150 ans en 2021 et porte un projet de restauration.
    La Voix du Nord — Quatre choses à savoir sur le temple protestant de la rue des Arts à Roubaix
  • L'école est la vraie concurrence du temple.
    Ernest Renan — L'Avenir de la science
  • N'habite pas là où l'on manque de temple, d'école, d'astrologue ou de médecin.
    Proverbe indien
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Traductions du mot « temple »

Langue Traduction
Anglais temple
Espagnol templo
Italien tempio
Allemand tempel
Chinois 寺庙
Arabe معبد
Portugais têmpora
Russe храм
Japonais 寺院
Basque tenplu
Corse tempiu
Source : Google Translate API

Synonymes de « temple »

Source : synonymes de temple sur lebonsynonyme.fr

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Temple

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