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Sinécure

Variantes Singulier Pluriel
Féminin sinécure sinécures

Définitions de « sinécure »

Trésor de la Langue Française informatisé

SINÉCURE, subst. fém.

A. − HIST. Titre, dignité qui n'engage pas à une fonction pastorale particulière; p. méton., revenu correspondant à ce titre, accordé à un clerc. Synon. bénéfice* simple ou à simple tonsure.Il n'y avait pas de sort plus heureux que celui d'un riche prieur ou d'un abbé commendataire; (...) mais à moins d'un grand changement dans l'administration ecclésiastique, l'espèce des abbés est perdue sans retour; il n'y a plus de sinécures (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p. 368).
B. −
1. Charge ou emploi n'obligeant à aucune fonction, ou nécessitant très peu de travail; situation de tout repos. Synon. fam. filon, fromage.Une bonne sinécure; accepter une sinécure; demander à qqn pour qqn une sinécure. Un professeur (...) doté d'une sinécure de 30,000 fr de rente (Fourier,Nouv. monde industr., 1830, p. 47).D'écœurants petits snobs (...) oisifs, ou lotis de quelque sinécure dans quelque ministère, − ce qui est tout comme (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p. 742).V. gabegie ex. 2.
Rare, en appos. à valeur adj. Il ne faut plus maintenant qu'ajouter à ma fortune par quelque place sinécure (Chateaubr.,Corresp., t. 2, 1815, p. 382).
Loc. verb., au fig. C'est une vraie, une véritable sinécure. C'est une situation, un emploi de tout repos. Saint-Ernest devait tenir la caisse, Malvina le registre d'abonnements, ce qui se trouva être une véritable sinécure (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 50).
2. Expr. fam. Ce n'est (n'était, ne fut, ne sera...) pas une sinécure. Il ne faut pas croire que c'est facile, c'est pénible. Synon. ce n'est pas de tout repos*, ce n'est pas une mince, une petite affaire*, ce n'est pas une mince besogne*, ce n'est pas rien*.Malgré l'opinion générale, le mariage n'est pas une sinécure (Balzac,Physiol. mariage, 1826, p. 111).L'après-midi, il coupait les livres qu'il achetait; et ce n'était pas une sinécure, car, en trois mois, il avait (...) pris successivement des inscriptions à la Médecine, au Droit, aux Sciences politiques, et acquis tous les livres nécessaires à chacune de ces études (Martin du G.,Devenir, 1909, p. 57).
Suivi de de ou que de + inf. (littér.).Pomme d'api (...) la questionnait sur toutes choses, et, comme les enfants ne doivent rien connaître, ce n'était pas une sinécure que de faire entendre raison à cette poupée (Boylesve,Leçon d'amour, 1902, p. 89).
Prononc. et Orth.: [sineky:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1715 les Bénéfices qu'ils appellent [en Angleterre] sine cura ([G. L. Lesage], Remarques sur l'Angleterre, faites par un voyageur, dans les années 1710 et 1711, 78 ds Höfler Anglic.); 1784 canonicats politiques appelés en Angleterre sinecure (Courrier de l'Europe, 20 janv. ds Proschwitz Beaumarchais, p. 298); 1795 des sinecures [en Angleterre] ([J. H. Meister], Souvenirs de mes voyages en Angleterre, II, 19, ibid.); 1803 (Boiste); 1826 ne pas être une sinécure « être pénible » (Balzac, loc. cit.); 1919 pop. par contresens « chose pénible, difficile » (M. Cohen ds Esnault, Notes compl. Poilu, 1956). Empr. à l'angl.sinecure désignant à l'orig. un bénéfice ecclésiastique sans charge d'âmes réelle (1662 Sine-Cura, 1672 Sine-cure ds NED) puis, p. ext., toute fonction ou situation assurant un revenu sans tâche ou responsabilité réelle (1676, ibid.), du lat. sine cura dans l'expr. beneficium sine cura « bénéfice sans soin, sans charge ». Fréq. abs. littér.: 66.
DÉR.
Sinécuriste, subst. masc.,vx [Corresp. à supra B] Personne qui est bénéficiaire d'une ou de plusieurs sinécures. Un riche sinécuriste enrichi des faveurs de la cour, fait des accumulations qui sont prises sur les impôts (Say,Écon. pol., 1832, p. 116).En empl. adj. Tôt ou tard la banque de France (...) portera le dernier coup à la propriété désœuvrée, et montrera l'inutilité des talents sinécuristes en les mettant à leurs pièces (Proudhon,Créat. ordre, 1843, p. 349). [sinekyʀist]. 1reattest. 1829 (Vidocq, Mém., t. 3, p. 43); de sinécure, suff. -iste*. Cf. aussi l'angl. sinecurist (1817 ds NED).
BBG.Baldensperger (F.). Notes lexicol. Fr. mod. 1938, t. 6, p. 256 (s.v. sinécuriste). − Bonn. 1920, p. 133 (et s.v. sinécuriste). − Dub. Pol. 1962, p. 419 (s.v. sinécuriste). − Gebhardt (K.). Qq. dat. nouvelles... Fr. mod. 1973, t. 41, p. 297 (s.v. sinécuriste). − Letessier (F.). Sinécure... Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 277-278. − Quem. DDL t. 9 (s.v. sinécuriste).

Wiktionnaire

Nom commun - français

sinécure \si.ne.kyʁ\ féminin

  1. Place ou titre qui produit des émoluments et qui n’oblige à aucun travail.
    • Rien de plus difficile à déloger d’une sinécure, que des fainéants sans valeur personnelle. — (André Gide, Retouches à mon « Retour de l’U.R.S.S. », 1937)
    • J’ai de traitement, de mes sinécures, de l’Académie et de mon libraire, environ trente mille francs par an, fortune énorme pour un garçon. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • C’est une fonction peu laborieuse en temps de paix, puisqu’il ne reste alors de la milice que les cadres et les états-majors, conservés comme une source de sinécures pour l’aristocratie. — (Anonyme, Angleterre. - Administration locale, Revue des Deux Mondes, 1829, tome 1)
    • […] d’écœurants petits snobs, riches pour la plupart, en tout cas oisifs, ou lotis de quelque sinécure dans quelque ministère — ce qui est tout comme. — (Romain Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, II, 1908, page 742)
    • Arsène ne tarda pas à s’apercevoir que son poste de secrétaire ressemblait furieusement à une sinécure. En deux mois, il n’eut que quatre lettres insignifiantes à recopier et ne fut appelé qu’une fois dans le bureau de son patron, ce qui ne lui permit qu’une fois de contempler officiellement le coffre-fort. — (Maurice Leblanc, Le coffre-fort de Mme Imbert dans Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur, 1906 (lire sur wikisource)
  2. (Par extension) Emploi fortement rémunéré pour très peu de travail.
  3. (Figuré) Chose ou expérience facile. Note d’usage : utilisé dans une forme négative pour indiquer que c’est très compliqué.
    • La grossesse n’avait pas été une sinécure et, maintenant qu’Agnès entamait les dernières semaines, c’était pire que tout. — (Camilla Läckberg, trad. Lena Grumbach et Catherine Marcus, Le Tailleur de pierre, Actes Sud, 2009 (1re éd. 2005), page 227)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SINÉCURE. n. f.
Place ou titre qui produit des émoluments et qui n'oblige à aucun travail.

Littré (1872-1877)

SINÉCURE (si-né-ku-r') s. f.
  • Place rétribuée qui n'oblige à aucun travail, à aucune fonction. Sir John Bickerstaff ne fut pas au parlement que le voilà qui tempête contre la corruption, les sinécures…, Courier, Pamphl. des pamphl. Malheureusement je n'ai pas l'amour des sinécures…, Béranger, Préf. 1833.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « sinécure »

Mot anglais qui vient du latin sine, sans, et cura, soin, travail.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin sine (« sans, absence ») et cura (« soin, souci, attention »). Historiquement provient de l’expression « Beneficium sine cura » : Bénéfice sans soin, s’appliquait à un émolument versé à un clerc sans qu’il n’ait de paroissien à sa charge (par exemple pour pouvoir réaliser des recherches théologiques).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « sinécure »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sinécure sɛ̃ekyr

Fréquence d'apparition du mot « sinécure » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sinécure »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sinécure »

  • Rafe et Danny sont deux amis d’enfance passionnés par l’aviation. En 1940, ils décident de s’engager dans l’US Air Force, ce qui n’est pas tout à fait une sinécure. Rafe souffre en effet de dyslexie, et ce n’est qu’en séduisant Evelyn, une infirmière, qu’il passe le test. Affectés à la base aérienne de Pearl Harbor, les deux pilotes sont séparés lorsque Rafe accepte de se porter volontaire à la Royal Air Force en pleine Bataille d’Angleterre. On est début décembre 1941, à la veille de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor…
    Soirmag — Romance sur fond d’attaque japonaise - Soirmag
  • Lorsqu’une personne affronte des difficultés qui ne pourront être surmontées qu’avec de gros efforts, on dit parfois que «ce n’est pas une sinécure».
    CNEWS — Pourquoi dit-on «ce n’est pas une sinécure» ? | CNEWS

Traductions du mot « sinécure »

Langue Traduction
Anglais sinecure
Espagnol sinecura
Italien sinecura
Allemand sinekure
Chinois 罪恶
Arabe sinecure
Portugais sinecura
Russe синекура
Japonais シネキュア
Basque sinecureen
Corse sinecure
Source : Google Translate API

Antonymes de « sinécure »

Combien de points fait le mot sinécure au Scrabble ?

Nombre de points du mot sinécure au scrabble : 9 points

Sinécure

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