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Preux

Définitions de « preux »

Trésor de la Langue Française informatisé

PREUX, subst. masc. et adj.

I. − Subst. masc.
A. − [Dans la lang. de la chevalerie] Héros faisant preuve de qualités chevaleresques, en particulier de bravoure. Les anciens preux; les preux des anciens temps; les douze preux d'Arthur; Charlemagne et ses preux; race de preux. La fleur des chevaliers, Roland de France, [le] preux, qui défendit l'orphelin et mourut pour sa patrie (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.379).Le duc Louis (...) offrait un (...) parfait modèle du preux chrétien (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p.39):
1. Vers le XIVesiècle, on s'avisa de dresser une liste, qu'on arrêta au chiffre de neuf, des preux [it. ds le texte] les plus renommés de tous les temps: trois furent empruntés à l'antiquité biblique (Josué, David, Judas Macchabée), trois à l'antiquité profane (Hector, Alexandre, César), trois au moyen âge légendaire ou historique (Artus, Charlemagne, Godefroi de Bouillon). Nouv. Lar. ill.1904.
B. − P. ext., littér. Brave (v. ce mot II A). Napoléon et ses preux. On dit que, de nos jours, viennent, versant des larmes, Prier au champ fatal où ces preux sont tombés [les émigrés de Quiberon], Les vierges, les soldats fiers de leurs jeunes armes (Hugo, Odes et ball., 1828, p.68).Le 9 août, il [Wiszniowiecki] expirait, pleuré par toute l'armée qui l'admirait comme le champion de la république et le modèle des preux (Mérimée, Cosaques d'autrefois, 1865, p.195).
P. iron. [Pour désigner un homme qui croit avoir, à qui on attribue une grande valeur] Ce grand preux de pédanterie [Scaliger], et vous les beaux esprits du salon de Madame de Lambert (...), vous êtes exactement d'accord et à l'unisson sur un point essentiel (Sainte-Beuve, Virgile, 1857, p.297).Colette (...) venait dire bonsoir à son héros, son preux, son homme de génie (A. Daudet, Rois en exil, 1879, pp.304-305):
2. Soit dit sans offenser ce preux de haute race [M. de Charlus], (...) il est tout simplement prodigieux quand il commente son catéchisme satanique avec une verve un tantinet charentonesque... Proust, Prisonn., 1922, p.328.
II. − Adj. [Dans la lang. de la chevalerie] Pourvu des qualités chevaleresques; en partic., plein de bravoure. Le preux Charlemagne; preux et hardi. Parmi les nobles chevaliers de la cour de France, le preux Dunois s'empresse le premier à demander à Jeanne d'Arc de l'épouser (Staël, Allemagne, t.2, 1810, p.361).Lohengrin, le preux chevalier, fils de Parsifal (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p.141):
3. Dans (...) la Chanson de Roland, on a remarqué la pauvreté de la psychologie, qui revient à peu près toute à dire que Roland est preux et qu'Olivier est sage... Benda, Fr. byz., 1945, p.167.
REM.
Preuse, subst. fém.Les neuf preuses. ,,Nom donné dans le Moyen Âge à neuf femmes guerrières, Tammaris, reine d'Égypte, Deifemme, Lampredo, Hippolyte, reine des Amazones, Sémiramis, Pentésilée, Tancqua, Deisille et Ménélippe`` (Littré). N'avez-vous pas vu à Pierrefonds la cheminée des neuf preuses que Viollet-le-Duc a restituée (...)? Penthésilée (...) y figure avec une héroïque élégance (A. France, Vie littér., 1890, p.355).
Prononc. et Orth.: [pʀø]. Homon. preu. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 «bon, vaillant» adj. (Roland, éd. J. Bédier, 1093: Rollant est proz e Oliver est sage); id. subst. (ibid., 1209: Il [Carles] fist que proz qu'il nus laisad as porz); cf. Moignet, p.159; ca 1382 [les] neuf preux (Jean Cuvelier, Chron. de B. Du Guesclin, éd. E. Charrière, 18506: Ou nombre des IX. preux Deveroit estre mis [Bertran]). De l'adj. lat. vulg. prode «utile, profitable» (v. prou), avec spécialisation de sens dans la lang. de la chevalerie. Fréq. abs. littér.: 130. Bbg. Boysen (A. L.). Über den Begriff preu im Frz. Münster, 1941, 95 p._ Brucker (Ch.). Sage et son réseau lex. en anc. fr. Lille-Paris, 1976, p.154, 169, 212, 233; pp.928-954. _ Rossi (M.). Sur le Huon de Bordeaux de Tressan. In: [Mél. Lanly (A.)]. Nancy, 1980, p.322. _ Spitzer (L.). Joinville étymologiste. Mod. Lang. Notes. 1947, t.62, pp.505-514. _ Venckeleer (Th.). Rollant li Proz. Lille-Paris, 1975, pp.356-391.

Wiktionnaire

Adjectif - français

preux \pʁø\

  1. (Littéraire) (Désuet) Brave, hardi, vaillant, valeureux.
    • Ses preux compagnons le suivirent jusque dans la mort.
    • C’était un preux et hardi chevalier.

Nom commun - français

preux \pʁø\ masculin (pour une femme, on dit : preuse)

  1. (Histoire, Moyen Âge) Chevalier.
    • En ordre de bataille il a formé ses preux. — (Felix Eugene Belly , Napoléon, ses exploits et sa mort, Éd. Ladvocat, Paris 1830)
    • Le prince combattait au premier rang ; l’un de ses preux fut fait prisonnier à ses côtés. — (Louis-Antoine-François de Marchangy, La Gaule poétique, Éd. Hivert, Paris 1835)
    • Comme bon nombre de nobles à l’époque de la Restauration, il avait ravivé dans son âme les idées chevaleresques, et, suppléant par la force de l’imagination à celle du sang, il croyait consciencieusement sentir celui des anciens preux couler, sans mélange, dans ses veines. — (George Sand, Jeanne, 1844)
  2. (Par extension) (Littéraire) (Désuet) Valeureux chevalier.
    • Ce glaive, ce cor, ce casque et ce bouclier étaient donc très probablement ceux du chevalier au cygne, et ce chevalier, sans aucun doute, était un de ces anciens preux qui avaient pris part aux croisades. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
    • Pourquoi restaurer les histoires vermoulues et poudreuses du moyen-âge, lorsque la chevalerie s’en est allée pour toujours, accompagnée des concerts de ses ménestrels, des enchantements de ses fées et de la gloire de ses preux ? — (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PREUX. adj. m.
Qui est brave, vaillant. Il n'est guère usité que dans le style élevé. C'est un preux chevalier. C'était un preux et hardi chevalier. Il s'emploie aussi comme nom. Les neuf preux. Les anciens preux.

Littré (1872-1877)

PREUX (preû) adj. m.
  • Vaillant, brave. On ne peut se faire un plus beau et un plus juste panégyrique, mon cousin, que celui que vous faites de votre preux et de votre généreux ami feu le duc de Saint-Aignan, Sévigné, 17 juin 1687. Moi, répondit notre preux chevalier [le lièvre qui fait le brave], je ne reculerais pas, quand toute la gent chienne viendrait m'attaquer, Fénelon, t. XIX, p. 53.

    S. m. Un ancien preux. Les neuf preux. Dites surtout aux fils des nouveaux preux Que j'ai chanté la gloire et l'espérance…, Béranger, Bonne vieille. Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux Descendaient la montagne et se parlaient entre eux, Vigny, le Cor.

    Les neuf preuses, nom donné dans le moyen âge à neuf femmes guerrières, Tammaris, reine d'Égypte, Deifemme, Lampredo, Hippolyte, reine des Amazones, Sémiramis, Pentésilée, Tancqua, Deisille et Ménélippe.

HISTORIQUE

XIe s. Rolans est proz et Oliviers est sage, Ch. de Rol. LXXXV.

XIIe s. Et un suen escuier n'i volt il oublier, Rogier de Brai, un brun, un prode bachelier, Th. le mart. 48. Mielz valt fiz à vilain qui est prouz et senez, Que ne fait gentilz hun failliz et debutez, ib. 63. Li marenier [les matelots] orent paor ; Li plus sage po i saveient, Et li plus pros po i veeient, Wace, Vierge Marie, p. 5. E Judas oï le renon des Romains, que il estoient preuz des armes, Machab. I, 8. Lors li manda Jonathas mile prodes homes, ib. I, 11. Dit Alaïs, la preus et la senée, R. de Cambrai, CLXXIV. Prou furent, et vous fustes pros, Et jo vous tien à vaillans tos, Brut, v. 12898. Quar ice [cela] non est proz à conseillar, Gerard de Ross. p. 324.

XIIIe s. Chars de vielle chievre n'est preus au cors de l'home, Alebrand, f. 46. Cil poisson ne sont preu à user, Alebrand, f° 62. La prode fame l'esgarda, Grant joie en fist, si l'otria [l'octroya], Marie de France, Fable 33. Amur n'est pruz se n'est egals, Marie de France, Equitan. … la dameisele Qui tant est pruz et sage e bele, Marie de France, Frêne. … Fruiz n'est prous qui ne maüre [mûrit], Poésies mss. avant 1300, t. I, p. 455, dans LACURNE, au mot fruit. Li dus de Venise, qui avoit non Henri Dendole, et estoit moult preus et moult saiges, Villehardouin, X. Et en li demanda pourquoy il n'avoit dit aussi preudhomme : pource, fist-il, que il a grant difference entre preu homme et preudomme, Joinville, 275.

XIVe s. Trestouz les romanciers qui ont lonc temps musez En ce qu'ont reconté les faiz des proudes hommes, Girart. de Ross. Prol. Dist li dus [le duc] : preu neveu, n'otreions ta requeste ; Qu'elle n'est droituriere, suffisant ne honeste, ib. v. 2945. Homme, en quelque estat qu'il soit, ne peut avoir meilleur tresor que de preude femme et saige, Ménagier, I, 4. Je croy que, quand deux bonnes preudes gens sont mariés, toutes autres amours sont reculées, ib. I, 6. Li rois de Chypre, qui est et proub et sage, Bonifazio Degli Uberti, Dittamondo, IV, 21. Ah Dieux ! dient François, Bertran est tous ravis, Ne se sait reposer ne de jour ne de nuis ; Au nombre des neuf preuz deveroit estre mis, Guesclin. 18503. Lequel Bonvallet, qui a esté continuellement preux et haitiez environ six semaines depuis ladite mellée, Du Cange, probus.

XVIe s. Ô vous nymphes, muses, sybilles preuses, Marot, J. V, 312.

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Étymologie de « preux »

(Environ 1100)[1] Existait sous la forme proz en ancien français. Vient du bas latin prode (« utile, profitable ») [1].
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Provenç. pros ; ital. pro, proda. Mot très difficile. En français le nominatif est pros, le régime est prou, preu, et quelquefois prode ; le pluriel nominatif est pros et prou ; le régime pluriel est pros, et aussi prodes ; au féminin, le nominatif est preus, pruz et aussi prode. Le provençal dit au masculin et féminin proz, sans distinction de cas. D'après la règle de l'ancien français, ces formes supposeraient un adjectif latin qui serait le même pour le masculin et le féminin, par exemple prodis ; mais prodis n'existe pas dans la latinité. Diez hésite entre une dérivation de la préposition pro, pour, et l'adjectif probus, Raynouard se déclare pour probus. Le fait est que le bas-latin rend constamment preux par probus, et prouesse par probitas ; sens qui, étant étrangers à la latinité, peuvent avoir été attribués à ces mots à cause d'un vague sentiment d'une communauté entre preux et probus. Dans cet état de choses, il n'est pas impossible que probus, qui avait un adverbe probiter, se soit changé en probis, et de là en prodis ; on a des exemples de cette mutation : la préposition od pour ob, représentant de apud, et en italien bue brado, jeune bœuf non dressé, au lieu de bue bravo. Mais jusqu'à présent cela ne dépasse pas la valeur d'une conjecture. Malgré quelques coïncidences de sens, ce qui empêche de tirer preux, prode, de prudens, prudentem, c'est que le régime serait dans l'ancienne langue proent.

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Phonétique du mot « preux »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
preux prø

Fréquence d'apparition du mot « preux » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « preux »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Synonymes de « preux »

Source : synonymes de preux sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « preux »

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