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Orange

Variantes Singulier Pluriel
Féminin orange oranges

Définitions de « orange »

Trésor de la Langue Française informatisé

ORANGE, subst. et adj.

I. − Subst. fém.
A. − Vx. Fleur d'orange. Fleur d'oranger. La mariée, que l'on reconnaissait à sa rougeur, plus encore qu'à son élégant battant-l'oeil en malines, surmonté d'un bouquet de myrte et de fleurs d'orange (Jouy, Hermite, t.2, 1812, p.288).V. alchimie ex. 6, anis ex. 6.
B. −
1. Fruit comestible du genre citrus, à pulpe très juteuse, divisée en cloisons et en loges, au jus jaune et parfois rouge, à l'écorce d'un jaune tirant sur le rouge. Dans les cours des maisons, on improvisait des cabanes décorées de fleurs en papier, de citrons, de cédrats et d'oranges de Jaffa (Tharaud, An prochain, 1924, p.265).D'abord, un homme a découvert que la terre était ronde, ronde comme une orange (Salacrou, Terre ronde, 1938, iii, 1, p.230).
SYNT. Écorce, pépin, pulpe, quartier, zeste d'orange; caisse d'oranges; éplucher, peler une orange; oranges confites; confiture, jus, marmelade d'orange(s); orange givrée.
GASTR., loc. À l'orange. Crème pâtissière à l'orange; fondant, glace à l'orange. Si Gaston regrette quelque chose de moi, ce sont sûrement mes écrevisses à l'américaine, le canard à l'orange et les entremets. Je suis gourmande, de là les dix kilos de trop (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.320).
Orange amère. Synon. de bigarade.Parmi les différentes variétés d'oranges, il faut citer la bigarade ou orange amère (Lar. comm.1930).Les fruits en saumure se préparent en Provence et en Corse: (...) citrons, cédrats, oranges amères et chinois (Brunerie, Industr. alim., 1949, p.97).
Orange de (la) Chine. Synon. de chinois, kumquat.La chanteuse portait des deux mains, un grand bassin de porcelaine, plein jusqu'au bord, d'oranges de la Chine, confites (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.311).
Orange sanguine*.
Loc. fig., fam. Glisser sur une pelure d'orange. ,,Échouer par le fait d'un minime accident`` (Ac. 1935). On glisse toujours sur une pelure d'orange, au moment où l'on s'y attend le moins (Vogüé, Morts, 1899, p.156).
Proverbe. Quand on a pressé l'orange, on jette l'écorce*.
2. Arg., vieilli. Orange (à cochons, de Limousin). ,,Pomme de terre`` (Esn. 1966). ,,Coup de poing`` (Esn. 1966).
II. − Adj. et subst. masc.
A. − Adj. invar. D'une couleur semblable à celle de l'orange. Se colorer en orange. Venez à votre tour, grenadiers à cheval (...) Leur bras droit est orné d'aiguillettes orange (Pommier, Poés., 1832, p.317).C'était un énorme bastion ténébreux, aux arêtes de donjon féodal, qui se dessinait avec une incroyable netteté sur le ciel orange (Benoît, Atlant., 1919, p.107).Le soleil, se rapprochant de l'horizon, couvrait la terre d'une lumière orange et faisait imaginer de chaudes contrées méridionales (Lacretelle, Silbermann, 1922, p.164).
− Domaine de la circulation.V. feu1II A 2.Si à un carrefour, il y a à la fois un signal routier réglementant la priorité et des feux tricolores, ce sont les feux qui l'emportent. On ne doit respecter le panneau que lorsque (...) le feu orange clignote (Vélo Cyclo Guide, Ministère des transp., s. d. [1978], p.59).
Couleur orange. Le diable allumait un feu sinistre dans ses yeux couleur orange (Balzac, Cous. Pons., 1847, p.106).
Emploi appos. ou comme 2eélément de mot composé. Entre la grille mobile des cils, elle apercevait un coin de la maison, long bâtiment jaune orange (Daniel-Rops, Mort, 1934, p.72):
. Braque ne peint que pour la délectation de l'oeil, convaincu que peu à peu, par la mystérieuse vertu de tels rapports de rose fané et de vert usé, excités par un jaune-orange (...) l'âme du spectacteur goûtera une émotion réelle. Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.159.
B. − Subst. masc. Teinte orange. Peindre en orange. Depuis un temps immémorial, les marchandes d'oranges exposent leurs fruits sur du papier bleu: c'est que le bleu est la couleur diamétralement opposée à l'orange, et par conséquent la plus propre à faire ressortir cette teinte (Mérimée, Mél. hist. et littér., 1855, p.352).À gauche un frottis de pourpre s'infiltrant dans de l'orange où nul objet ne se précise, un violet un peu plus foncé suggérant un toit (Arts et litt., 1935, p.84-8).
REM.
Orangiste, subst.,,Spécialiste de la culture des oranges`` (Fén. 1970).
Prononc. et Orth.: [ɔ ʀ ɑ ̃:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 [ms. du xiiies.] agn. pume orenge désigne l'orange amère ou bigarade (A. Neckam, Comment. sur le Cantique des cantiques, ms. Brit. Mus. ms. Royal 4 D XI, fo83 rocol. a d'apr. R. Loewe ds Arch. ling. t.6, 1954, p.124); 1314 pomme d'orenge (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 1824); ca 1393 p.ell. orenge (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p.279, 12); b) 1515 orange «fruit de l'oranger» (M. Du Redouer, S'ensuyt le Nouveau monde et navigations [trad. de l'ital., lui-même trad. du port.], fo36 rods Arv., p.370); 2. 1553 adj. «de couleur d'orange» (doc. ds A. Joubert, Hist. de la baronnie de Craon, p.486). L'a. fr. pome (d') orenge serait un calque de l'a. ital. melarancio, -a (dep. le xives., Boccace d'apr. DEI) comp. de mela «pomme» et de arancio «oranger» et «orange», ce dernier étant empr., avec déglutination, à l'ar. nārang(a), lui-même empr. au persan narang; le o- du fr. mod. s'explique prob. par l'infl. du nom de la ville d'Orange, a. fr. Orenge (Bl.-W.2-5; v. aussi FEW t.19, p.139b), tandis que le -a- s'explique par celle de l'ital. arancia, orange étant d'abord att. dans une trad. de l'ital. (supra 1515; Arv., p.370). Au Moy. Âge, le mot désignait l'orange amère, transmise par les Perses aux Arabes, qui l'importèrent en Sicile d'où elle passa au reste de l'Europe méditerranéenne. L'orange douce, apportée de Chine par les Portugais au xvies., a évincé, en héritant de son nom, la variété amère. V. FEW, loc. cit. Fréq. abs. littér.: 716. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 772, b) 936; xxes.: a) 1194, b) 1165.
DÉR.
Orangette, subst. fém.,,Orange que l'on cueille avant qu'elle ait la grosseur d'une noix pour la confire au vinaigre (...) ou la mettre en confiture`` (Ac. Gastr. 1962). On recueille les oranges vertes (orangettes) de la grosseur d'un pois jusqu'à celle d'une cerise (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t.2, 1821, p.507).[ɔ ʀ ɑ ̃ ʒ εt]. 1reattest. 1821 ibid.; de orange, suff. -ette (-et*).
BBG.Quem. DDL t.12.

Wiktionnaire

Nom commun 1 - ancien français

orange \Prononciation ?\ féminin

  1. (Botanique) Orange.
    • Pomme roonde, moienne, bele, citrine, la quele croist en la riviere de Janes (Gênes), et est appellée en franchois pomme d'orenge. — (Henri de Mondeville)
  2. Oranger.
    • Pour six pommes d'orange, trois sols.

Adjectif - français

orange \o.ʁɑ̃ʒ\ masculin et féminin identiques, considéré comme invariable par les grammairiens et les dictionnaires classiques, mais également utilisé avec un s au pluriel

  1. Qui est d’une couleur entre le jaune et le rouge.
    • Son peigne d’ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l’aide d’une fourchette dans de la confiture d’abricots. — (Boris Vian, L’écume des jours, Le Livre de poche, 1996, page 21)
    • Son maître a alors photoshopé une image de son chat jaune, ajoutant les détails orange et noirs, pour le faire ressembler au célèbre Pokémon. — (journal CNEWS, 4 septembre 2020, page 4)
    • Et “l’affaire des assiettes oranges” ne fut pas une errance de la mode mais la révélation de l’ampleur d’une ambition : on irait jusqu’à inventer des couleurs. — (François-Olivier Rousseau, Andrée Putman, 1989, page 14)
    • Il faudrait rédiger un guide d’identification des espèces pour aider les responsables des pouvoirs publics à reconnaître les différents spécimens et aider les commerçants à faire des déclarations cohérentes, ne serait-ce que pour éviter par exemple la confusion entre la mère loche et la loche à taches oranges. — (Ressources marines et commercialisation, Bulletin de la CPS n° 6, avril 2000, page 29)
    • Oh eh oh, une maison carrée blanche avec des volets oranges avec des rideaux qui cachent juste la moitié de chaque fenêtre avec des fleurs devant avec une pelouse avec du gravier dans l’allée avec une barrière mauve. — (Antoine Gallien, Verdure, Éditions du Seuil 1967, page 71)
  2. (Canada) (Politique) (À cause de la couleur du logo du parti) Qui se rapporte au Nouveau parti démocratique du Canada.
    • Avec cette logique en tête, les libéraux font valoir en coulisse qu’une victoire dans Trinity-Spadina —présentée pour l’occasion comme un bastion orange— viendra prouver que ce sont les libéraux et non les néodémocrates qui incarnent cette alternative. — (Le Devoir, 30 juin 2014)

Nom commun 2 - ancien français

orange \Prononciation ?\ féminin

  1. (Ornithologie) Sorte d’oiseau.
    • Cannespetieres, oranges, flammans, etc. — (François Rabelais)
    • Un espagnol sans un jesuite est une perdrix sans orange. — (Sat. Mén. page 237)

Nom commun 2 - français

orange \o.ʁɑ̃ʒ\ masculin invariable[3]

  1. Couleur tertiaire composée à partir du rouge et du jaune.
    • Mais dans le même temps qu'elle admirait les robes, Francie éprouvait un étrange malaise. Ses yeux voyaient bien les couleurs, le cerise, l’orange, le bleu vif, le rouge et le jaune, mais elle avait l’impression qu'une chose sournoise se cachait derrière les costumes : […]. — (Betty Smith, Le lys de Brooklyn, traduit par Maurice Beerblock, 1947, Éditions Belfond, 2014, chapitre 4)
    • Des bleus laiteux, des vestes crème, orange éteint, des robes beiges. — (Philippe Delerm, La bulle de Tiepolo, Gallimard, 2005, collection Folio, page 49.)
  2. (Par ellipse) (Code routier) Feu orange.
    • Point rassurant tout de même, la quasi totalité des conducteurs français savent qu'il ne faut pas passer à l'orange et que la ceinture de sécurité est obligatoire à l'arrière.— ( Le Dauphiné libéré, 25 mai 2016.)

Nom commun 1 - français

orange \o.ʁɑ̃ʒ\ féminin

  1. (Botanique) Fruit de l’oranger, agrume de couleur orangée et de forme sphérique, composé d’une écorce orange avec une chair juteuse et divisé en loges par des cloisons.
    • C’est ainsi que vers la fin de l’hiver, comme chaque année, garçons et filles, durant un mois, furent occupés à la cueillette des oranges dans le domaine du pacha. — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • […] non seulement une visite, mais un cadeau !
      – Voulez-vous que je l’épluche ! offre Rose, sans malice.
      La mère Mélie refuse avec effarement.
      Éplucher mon orange ! mais alors je ne l’aurais plus ! non ! non ! Je veux la garder ! Je ne la mangerai pas, jamais ! je veux la voir tout le temps.
      Elle en a une suffocation.
      – Je ne vais pourtant pas manger une orange de visite !
      — (Léon Frapié, « La Bonne Visite », dans Les Contes de la maternelle, éditions Self, 1945, pages 38-39)
    • Le chercheur Paul Rozin a proposé à un groupe d’étudiants de boire du jus d’orange frais sorti d’une bouteille, puis le même jus dans lequel avait baigné un cafard. Personne n’a voulu goûter au deuxième.— (Bruno Parmentier, Manger tous et bien, 2012)
  2. (Désuet) Oranger.
    • Fleur d’orange, fleur d’oranger.
    • De l’eau de fleur d’orange.
    • Un bouquet de fleurs d’orange.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ORANGE. n. f.
Fruit de l'oranger, juteux, à pépins, de forme ronde, de couleur jaune doré, d'odeur agréable. Orange douce, amère, sanguine. Orange d'Algérie, de Valence. Orange confite. Du jus d'orange. Du zeste d'orange. Pelure, écorce d'orange. Un quartier d'orange. Sirop d'écorce d'orange amère. Fig. et fam., Glisser sur une pelure d'orange, Échouer par le fait d'un minime accident. Prov. et fam., Quand on a pressé l'orange, on jette l'écorce, Il arrive souvent qu'après avoir tiré de quelqu'un tous les services qu'il pouvait rendre, on le dédaigne et on l'éloigne. Couleur orange, ou simplement Orange, Couleur approchant de celle de l'orange. Du taffetas orange. Un ruban orange.

ORANGE s'est dit anciennement pour Oranger; de là cette expression encore usitée aujourd'hui, Fleur d'orange. De l'eau de fleur d'orange. Un bouquet de fleurs d'orange.

Littré (1872-1877)

ORANGE (o-ran-j') s. f.
  • 1Fruit à pepins, d'un jaune doré, et qui a beaucoup de jus ; ou, suivant la définition des botanistes, baie pluriloculaire à épicarpe glanduleux aromatique (le zeste, la peau), à mésocarpe sec et spongieux (le parenchyme), à endocarpe (pulpe ou chair) tapissé par des cellules pulpeuses qui naissent de la paroi des loges et s'étendent jusqu'aux graines. J'ai fait apporter ici quelques bassins d'oranges de la Chine, de citrons doux et de confitures, Molière, l'Avare, III, 12.
  • 2Couleur d'orange, ou couleur orange, couleur qui approche de celle de l'orange. Un ruban couleur d'orange.

    On dit aussi elliptiquement : un ruban, des rubans orange.

    S. m. L'orange, la couleur d'orange. L'orange de votre robe est plus beau que celui de la mienne.

  • 3Orange s'est dit anciennement pour oranger ; de là la locution fleur d'orange, qui est restée dans la langue, et que l'on tend aujourd'hui, à tort, à remplacer par fleur d'oranger. Tapissé tout exprès De bouquets de jasmin, de grenade et d'orange, Corneille, Ment. I, 5. On se dit bonjour, on retourne cueillir des fleurs d'orange, Sévigné, 562. Je vous apprends que nous sommes ici tout entourées de fleurs d'orange et de jasmins, Sévigné, 564. Tête bleu, j'oubliais le meilleur, de l'eau de fleur d'orange ; peut-on aller en bonne fortune sans eau de fleur d'orange ? Baron, Homm. à bon. fort. IV, 11.
  • 4Orange amère, un des noms sous lesquels on désigne la bigarade. Écorce d'orange amère.
  • 5Orange musquée, orange rouge, orange d'hiver, orange tulipée, variétés de poire.

    Fausse orange, variété de citrouille.

    Terme populaire. Orange à cochons, la pomme de terre.

  • 6Orange de mer, espèce d'alcyon.

HISTORIQUE

XIVe s. Pomme roonde, moienne, bele, citrine, la quele croist en la riviere de Janes (Gênes), et est appellée en franchois pomme d'orenge, H. de Mondeville, f° 83, verso.

XVe s. Pour six pommes d'orange, trois sols, Bibl. des chartes, 5e série, t. I, p. 224.

XVIe s. Cannespetieres, oranges [oiseau], flammans, etc. Rabelais, Garg. I, 37. Un espagnol sans un jesuite est une perdrix sans orange, Sat. Mén. p. 237. Les cercles, les oranges [pièce d'artifice], les grenades, les pelotes, les pots et carreaux à feu, Paré, IX, Préf. On peut donner sallades d'oranges, citrons, limons, Paré, XXVIII, 66. De rozes de Damas, tire-on de fort bonne et odorante eau : aussi des fleurs d'orange, de l'eau naffe, De Serres, 890.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ORANGE, (Diete, Médecine, &c.) c’est le fruit de l’oranger : voyez l’article Oranger. Les meilleures oranges, ou, pour parler avec les Poëtes, les pommes d’or du jardin des Hespérides, nous sont apportées des pays chauds, des îles d’Hières en Provence, de Nice, de la Cioutat, d’Italie, d’Espagne, de Portugal, de l’Amérique même, & de la Chine. On distingue deux especes générales de ce beau fruit : l’orange douce, & l’orange amere. Le suc, l’écorce, le sirop, l’essence, la teinture, la conserve, & l’eau distillée des fleurs, sont d’usage en Médecine.

Le suc d’orange humecte, rafraîchit, convient dans toutes sortes de fievres, sur-tout dans les fievres ardentes & putrides, dans toutes les maladies inflammatoires & bilieuses ; c’est un vrai spécifique dans le scorbut alkalin & muriatique. Les autres préparations d’orange comme l’écorce, la teinture, la conserve, la fleur confite, &c. sont recommandables à toutes sortes d’âges aux personnes d’un tempérament flegmatique, dans les maladies des visceres lâches, dans celles qui naissent d’un suc visqueux ou de l’inertie des fibres musculaires.

L’écorce d’orange contient beaucoup d’huile essentielle & grossiere, mêlée avec un sel essentiel, tartareux & austere. L’écorce d’orange aigre est préférable à l’écorce d’orange douce. On donne l’huile essentielle de cette écorce distillée avec du sucre, ou sous la forme d’eleosaccharum. On tire aussi de cette même écorce seche ou fraîche, une teinture avec l’esprit-de-vin tartarisé que l’on recommande pour diviser les humeurs épaisses, exciter les regles, & fortifier l’estomac. On confit avec le sucre ces mêmes écorces, & c’est une confiture des plus délicates.

Le suc exprimé d’orange, délayé dans de l’eau & adouci avec le sucre, fait une boisson que l’on appelle communément orangeade. Elle est très-agréable en santé, propre dans les grandes chaleurs, & très utile dans la fievre & le scorbut.

La fleur d’orange contient un sel essentiel ammoniacal, un peu austere, uni à beaucoup d’huile aromatique, soit subtile soit grossiere. Cette fleur à cause de son odeur agréable est fort en usage, soit dans les parfums, soit dans les assaisonnemens. C’est presque cette seule odeur qui a pris le dessus parmi nous, sur celle de l’ambre & du musc.

On tire des fleurs d’orange, par la distillation, une eau pénétrante, suave, & utile par sa douce & agréable amertume. Elle calme pour le moment les mouvemens spasmodiques de l’hystérisme ; si elle sent l’empyreume, elle perd cette odeur par la gelée & en prend une très-agréable. On fait encore avec ces fleurs des conserves différentes, soit solides soit molles, & des especes de tablettes qu’on peut mêler dans les médicamens, pour corriger leur goût desagréable.

On distille une eau des feuilles vertes d’orange qui est très-amere, & que quelques médecins recommandent aux personnes flegmatiques, & qui sont attaquées du scorbut acide.

L’huile essentielle de fleur d’orange est très-précieuse ; celle que l’on vend ordinairement n’est guere autre chose que de l’huile de ben ou d’amandes ameres, à qui l’on a fait prendre l’odeur de la fleur d’orange.

La gourmandise n’a pas manqué d’adopter toutes les préparations agréables qu’on tire de l’orange. Les Confiseurs, les Distillateurs, les maîtres-d’hôtel des gens riches, les couvens même de religieuses, se sont emparés du soin de les faire, pour ne laisser à la Pharmacie que les préparations des drogues rebutantes à l’odeur & au goût. (D. J.)

Orange, (Géog.) ancienne ville de France, capitale d’une province de même nom, qui est éteinte, de sorte que la ville est unie au Dauphiné, avec un évêché suffragant d’Arles ; elle a une espece d’université & plusieurs restes d’antiquité.

Elle a eu long-tems ses princes particuliers de la maison de Nassau ; mais étant passée à Fréderic, roi de Prusse, après la mort du prince Guillaume qui fut couronné roi d’Angleterre en 1689, son fils Fréderic-Guillaume la céda en 1713 à Louis XIV. avec tous ses droits sur la principauté : ce qui fut confirmé par le traité d’Utrecht.

Il s’y est tenu plusieurs conciles. Le plus fameux est celui de 527. Elle est dans une grande plaine, arrosée de petites rivieres, celle d’Argent & d’Eigues, à 5 lieues N. d’Avignon, 22 N. E. de Montpellier, 20 N. O. d’Aix, 41 S. de Lyon, 141 de Paris. Long. 22d. 25′. 53″. lat. 44. 9. 17.

Orange nommée en latin arausio Cavarum, & par Pline colonia Secundanorum, est très-ancienne, car, au rapport de Ptolomée, c’étoit l’une des quatre villes des peuples Cavares. Elle a toûjours reconnu Arles pour sa métropole ecclésiastique. Elle a essuyé les mêmes révolutions que les autres villes qui en sont voisines, puisqu’après la chûte de l’empire romain en occident, elle tomba sous la domination des Bourguignons & des Goths, d’où elle vint au pouvoir des Francs Mérovingiens & Carlovingiens. Enfin elle obéit depuis le neuvieme siecle au roi de Bourgogne & d’Arles, dont le dernier fut Rodolphe le Lâche, qui mourut l’an 1032, & après lui ce royaume fut soumis aux empereurs allemands.

Elle a éprouvé sous Charles IX. par les mains de Serbellon, général des troupes du pape, toutes les cruautés des saccagemens les plus horribles ; voyez ce qu’en rapporte Varillas, tom. I. p. 202. de Thou, l. XXXI. Beze, Hist. ecclésiastiq. l. XII. & vous frémirez d’horreur.

Il faut parler à-présent de l’arc de triomphe d’Orange, parce que de tous les monumens élevés par les Romains dans les Gaules, c’est un des plus dignes de l’attention des curieux, quoiqu’il soit impossible d’en donner une explication qui s’accorde bien avec l’Histoire. Nous n’avons point même de bon dessein de ce monument.

On en connoît trois dont l’un est très-peu exact & fort imparfait, c’est celui que Joseph de la Pise en a donné dans son histoire d’Orange ; l’autre que nous avons dans le voyage de Spon, est encore plus imparfait, car ce n’en est qu’une très-légere esquisse ; le troisieme est beaucoup meilleur & plus exact. On le trouve, dans la collection de dom Bernard de Montfaucon, gravé d’après celui qui avoit été fait sur les lieux par le sieur Mignard, parent du célebre peintre de ce nom ; mais ce n’est qu’une partie du monument, car il n’en représente que la façade méridionale.

Ce monument, qui étoit autrefois renfermé dans l’ancienne enceinte d’Orange, se trouve aujourd’hui à cinq cens pas des murs de la ville, sur le grand chemin qui conduit à Saint-Paul-trois-Châteaux. Il forme trois arcs ou passages dont celui du milieu est le plus grand, & les deux des côtés sont égaux entre eux. L’édifice est d’ordre corinthien, & bâti de gros quartiers de pierre de taille. On y voit des colonnes très élevées, dont les chapiteaux sont d’un bon goût. La sculpture des archivoltes, des piédroits & des voûtes, est aussi très bien travaillée ; il a dix toises d’élévation, & soixante piés dans sa longueur. Il forme quatre faces, sur chacune desquelles sont sculptées diverses figures en bas-reliefs ; mais on n’y voit nulle part aucune inscription qui puisse nous en apprendre la dédicace.

Sur la façade septentrionale qui est la plus ancienne & la plus riche, on voit au-dessus des deux petits arcs des monceaux d’armes des anciens, tels que des épées, des boucliers dont quelques-uns sont de forme ovale, & les autres de forme hexagone, & sur plusieurs desquels on voit gravés en lettres capitales quelques noms romains ; des enseignes militaires, les unes surmontées d’un dragon, & les autres d’un pourceau ou sanglier. Au-dessus de ces mêmes arcs, après les frises & les corniches, sont représentés des navires brisés, des ancres, des proues, des mâts, des cordages, des rames, des tridents, des bannieres ou ornemens de vaisseaux, connus sous le nom d’aplustra ou aplustria. Plus haut encore on voit au-dessus d’un de ces petits arcs, sculptés dans un quarré ou tableau, un aspergile, un préféricule ou vase de sacrifice, une patere, & enfin un lituus ou bâton augural. Au-dessus de l’autre petit arc paroît la figure d’un homme à cheval, armé de toutes pieces, sculptée de même dans un grand quarré. Entre ces deux tableaux est représentée une bataille, où sont très-bien marquées des figures de combattans à cheval, dont les uns combattent avec l’épée, & les autres avec la lance, de soldats morts ou mourans étendus sur le champ de bataille, des chevaux échappés ou abattus.

La façade méridionale est à-peu-près chargée des mêmes figures & ornemens qui sont placés dans les mêmes endroits ; mais toute cette partie est aujourd’hui extrèmement dégradée.

Sur la façade orientale sont représentés des captifs, les mains attachées derriere le dos, placés deux à deux entre les colonnes & surmontés de trophées ; au-dessus desquels est la figure d’un pourceau, ou d’un sanglier avec le labarum des Romains, élevé sur une haste & garni de franges autour. Sur la frise sont sculptés divers gladiateurs qui combattent ; au-dessus de cette frise est un buste dont la tête est rayonnante, environnée d’étoiles ; & de plus accompagnée d’une corne d’abondance de chaque côté. Les deux extrémités du timpan sous lequel est ce buste, soutiennent chacune une sirène.

La façade occidentale n’est chargée que de semblables figures de captifs & de trophées.

Quant à l’intérieur de ce monument, qui est surmonté d’une haute tour, ce qui l’a fait vulgairement appeller dans le pays la tour de l’arc, il est composé jusqu’au sommet de voûtes de pierre de taille les unes sur les autres, ornées de sculpture d’un travail admirable ; on voit dans toutes des roses, & plusieurs autres fleurs en compartiment. Les murs sont ornés de colonnes. Tel est cet édifice, sur l’explication duquel on n’a formé que des conjectures ; mais il faut voir dans le Recueil des Belles-Lettres le mémoire de M. Menard, tome XXVI. dont j’ai tiré cette description, qui est la seule exacte qu’on ait encore donnée de ce monument de l’antiquité. Tous les savans ont tâché de l’entendre, & croient y être parvenus. Les uns ont rapporté l’arc de triomphe dont nous parlons à C. Marius & à Lutatius Catulus, consuls romains ; mais il regne une élégance dans la sculpture de cet édifice, qui n’étoit pas encore connue sous le siecle de C. Marius.

Gronovius (Jaq.) Vadiatus, Isaac Pontanus, Jean Fréderic Guib & M. de Mandajors, rapportent ce monument à Cn. Domitius Ænobarbus & à Q. Fabius Maximus ; mais ce sentiment peche contre la Chronologie & les notions géographiques.

M. le baron de la Bastie l’attribue à l’empereur Auguste, Journ. de Trévoux, Août 1730 ; mais il n’est point dit dans l’Histoire que ce prince ait fondé la colonie d’Orange ; & l’on ne voit rien dans les figures & les ornemens de cet arc qui caractérise Auguste d’une maniere particuliere.

Le marquis Maffée croit que l’arc & les antiquités d’Orange ressentent la maniere du tems d’Adrien ; mais en tout cas on ne connoît dans la vie de cet empereur aucune bataille navale ni par lui, ni par ses généraux, à laquelle on puisse rapporter ces figures de sirènes, de tridents, de navires.

M. Menard a fait enfin revivre l’ancienne opinion de ceux qui ont pensé que l’arc d’Orange avoit été érigé en l’honneur de Jules-César ; mais cette opinion ne concilie point toutes les figures & tous les ornemens, elle ne s’y rapporte qu’en partie. Les noms de Marius, de Jugurtha & de Sacrovir, n’ont point de relation à Jules-César ; & si l’on suppose que cet arc fût élevé sous sa dictature, il faut en même tems ajouter que ce fut à la gloire de la nation romaine en général qu’on l’érigea.

Les lecteurs curieux de s’instruire de l’histoire & des antiquités d’Orange, peuvent consulter les trois ouvrages suivans : Tableau de l’histoire des princes & principauté d’Orange, par Joseph de la Pise : Description des antiquités d’Orange, par Charles Escoffier ; cette description a paru en 1700 : Histoire nouvelle de la ville & principauté d’Orange, par le pere Bonaventure, de Sisteron, capucin ; Paris, 1741.

Cette ville, abondante autrefois en monumens antiques, n’a jamais été féconde en hommes de lettres ; mais du-moins il ne faut pas oublier de dire à sa gloire qu’elle a été la patrie de la mere de Cicéron. (D. J.)

Orange, le cap d’, (Géog.) cap de l’Amérique méridionale dans la mer du nerd, assez près de Cayenne, & environ à cinq lieues de Comaribo. Les vaisseaux qui vont d’Europe à Cayenne, sont obligés d’aller reconnoître ce cap pour redresser leur route, sans quoi ils courent risque de s’en écarter. (D. J.)

Orange, le fort d’, (Géog.) fort que les Hollandois ont élevé dans l’Amérique septentrionale, au pays qu’ils ont nommé les nouveaux-Pays-Bas. Les Anglois qui possedent aujourd’hui ce pays-là, l’ont nommé la nouvelle-Yorck, & le sort s’appelle Albanie. Il est avant dans les terres sur le bord occidental de l’Ile-Longue. (D. J.)

Orange, en termes de Blason, se dit de toute piece ronde qui est jaune ou tannée.

Orange, couleur d’, est une couleur ou teinture qui tient le milieu entre le rouge & le jaune. Voyez Couleur & Teinture.

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Étymologie de « orange »

Espagn. naranja ; port. laranja ; ital. arancia, arancio ; milanais, naranz ; vénitien, naranza ; bas-grec νεράντζιον ; grec moderne νεράντι ; de l'arabe nāranj ; persan, narenj ; sanscrit, nâgaranga, qui viendrait, d'après Wilson, de nāga, éléphant, et rañdj, être malade, à cause que les éléphants mangent des oranges à se rendre malades ; ceci est sans fondement. Le mot paraît oriental, mais non sanscrit. Le français a essayé d'assimiler ce mot à or, à cause de la couleur.

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(XIIIe siècle)[1] De l’italien arancia[1] apparenté à l’espagnol naranja, de l’arabe نارنج, naranj (« bigarade, orange amère »), emprunté au persan نارنگ, nârang, du sanskrit नारङ्ग, nāraṅga, « oranger ». Le \o\ initial s’explique par la ville d’Orange[1], le fruit provenant du sud du pays (voir la citation de Mondeville ci-dessous qui fait venir le fruit de Gênes) ou par assimilation à or[2], à cause de la couleur → voir aurantius et auratus en latin.
L’ancien français pomme (d’)orange est le calque de l’italien melarancia (« orange »), pomme en ancien français signifiait « fruit », ce qui explique la forme du mot dans plusieurs langues (pomeranč en tchèque, pomarańcza en polonais).
Le mot désignait[1] la bigarade ou orange amère. Au XVIe siècle, les Portugais ont apporté de Chine l’orange douce, notre orange actuelle, de là la construction de « pomme/fruit de Chine » dans certaines langues → voir Apfelsine en allemand, sinaasappel en néerlandais.
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Phonétique du mot « orange »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
orange ɔrɑ̃ʒ

Fréquence d'apparition du mot « orange » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « orange »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « orange »

  • Comment ils font les chasseurs pour savoir si c’est un canard à l’orange ?
    Paroles d’enfant
  • On ne compare pas des pommes avec des oranges.
    Proverbe québécois
  • Une orange dans la rue : où elle est pourrie, où il y a des vers.
    Proverbe brésilien
  • La moitié d'une orange goûte aussi sucrée qu'une orange entière.
    Johann Wolfgang von Goethe
  • Une seule orange pourrit tout un panier.
    Moses Isegawa — Chroniques abyssiniennes
  • Les femmes sont comme les oranges, les plus belles sont rarement les meilleures.
    Adolphe Ricard
  • La présence d'une brique de jus d'orange dans le frigo ne signifie pas forcément qu'il reste du jus d'orange. Ou alors, avec une jolie couleur verte.
    Fabien Rohrhust
  • Qui regarde l'orange amère a l'eau à la bouche, qui la goûte, fait la grimace.
    Proverbe turc
  • Demander des oranges aux pommiers est une maladie commune.
    Gustave Flaubert — Louise Colet - 24 Avril 1852
  • La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas
    Paul Eluard — L’amour - la poésie
Voir toutes les citations du mot « orange » →

Traductions du mot « orange »

Langue Traduction
Anglais orange
Espagnol naranja
Italien arancia
Allemand orange
Chinois 橙子
Arabe البرتقالي
Portugais laranja
Russe апельсин
Japonais オレンジ
Basque laranja
Corse aranciu
Source : Google Translate API

Synonymes de « orange »

Source : synonymes de orange sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot orange au Scrabble ?

Nombre de points du mot orange au scrabble : 7 points

Orange

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