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Couenne

Variantes Singulier Pluriel
Féminin couenne couennes

Définitions de « couenne »

Trésor de la Langue Française informatisé

COUENNE, subst. fém.

A.− Peau de porc ou de pourceau raclée, utilisée dans la préparation de certains plats. Une couenne épaisse; frotter avec une couenne. L'apparence d'une couenne de lard, ce qui dénotait de la gélatine (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 55).Une soupe aux herbes avec une couenne de lard et un gros os de bœuf (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 66):
1. Elle promena sur les ronds de poêle fumants une couenne de lard avant d'y étendre à dos de cuiller la galette de sarrasin grise. G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 50.
P. anal., pop. ou arg. [P. réf. à une peau de porc non grattée] Couenne de lard. Brosse.
Rem. Attesté ds Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.] et France 1907, noté comme ,,désuet`` par Bruant 1901, mais apparaît ds Esn. 1966 avec l'explication : ,,Sans doute brosse de peintre en soie de porc`` et l'ex. ,,barbe en couenne de lard, rase, courte et rude``.
P. ext. Peau de certains animaux autres que le porc (cétacés et pachydermes) dont le tissu renferme une grande quantité de graisse (d'apr. Bouillet 1859). La couenne des marsouins.
B.− P. anal., pop. ou arg.
1. Peau humaine.
a) Pop. Peau de l'homme, surtout peau épaisse comme celle du porc. Tout rasés, pas d'cheveux; on a envie d'faire des peaux d'tambour avec leur couenne (Benjamin, Gaspard,1915, p. 84):
2. Elle regarda Quenu; il avait à la nuque une peau rude, une couenne rougeâtre, et son menton rasé était d'une rugosité de bois noueux. Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 796.
MÉD. Taches brunes, saillantes, dures, couvertes de poils raides à la surface de la peau (d'apr. Bouillet 1859).
b) Arg. Peau en général. Il n'osait pas risquer sa couenne dans cette course de dingue (Le Breton, Rififi,1953, p. 162).
Locutions
Gratter la couenne à qqn. Flatter, complimenter; synon. passer la main dans le dos (d'apr. France 1907);battre, exercer des sévices sur. Viens un peu là que j'te gratte la couenne! (Éd. 1967); raser (qqn). Tiens v'là dix ronds, va te faire gratter la couenne (Bruant1901, p. 385).On dit aussi dans ce sens : racler, ratisser la couenne à qqn.
Sucer la couenne. Embrasser (d'apr. Bruant 1901, p. 187). Licher (lécher), téter la couenne ou la couetche (cette forme est donnée par Dussort, Preuves exist., ms. dép. par G. Esnault en 1938, 1927, p. 85).
Traîner sa couenne. Se promener en faisant la fête (d'apr. Carabelli, [Lang. pop.]).
Vieille couenne. Synon. vieille peau.Une vieille couenne qui veut me racoler (Fombeure, Soldat,1935, p. 173).
c) P. méton. et au fig., pop., terme d'injure. Personne maladroite, imbécile; lourdaud. Synon. gros lard, con.Fous le camp (...) grosse couenne! (Le Breton, Rififi,1953, p. 158):
3. Et puis, je passe toute l'après-midi à me dire (...) : « Vieille couenne, va, vieille couenne. » Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 49.
[En constr. d'attribut ou d'appos. avec valeur d'adj.] Était-ce couenne, l'antiquité de tous ces braves gens-là! (Flaub., Corresp.,1852, p. 297).Ce que je dois avoir l'air couenne! (Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 96).
2. Emplois région.
a) (Suisse). ,,Croûte de fromage`` (Pierreh. 1926).
b) (Canada). Surface gazonnée du sol que l'on arrache par plaques. Lever des couennes (synon. lever des lisières de gazon). Renchausser un solage avec des couennes (Bél.1957).
Rem. On rencontre ds la docum. le dérivé couennerie, subst. fém. (sans doute par euphémisme pour connerie; cf. supra B 1 c). Bêtise. Allons bon, je dis des couenneries (Giono, Baumugnes, 1929, p. 64).
Prononc. et Orth. : [kwan] ou [kwεn]. 1retranscr. ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Nod. 1844, Littré, DG, Dub., Pt Rob., Pt Lar. 1968, Warn. 1968 et Lar. Lang. fr. 2etranscr. ds Land. 1834, Besch. 1845, Fél. 1851. Quelques dict. admettent les 2 prononc. : Gattel 1841, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930. La 1reprononc. est celle préconisée ds Fouché Prononc. 1959, p. 28 et 63 et ds Nyrop Phonét. 1951, § 207 qui ajoutent pour la même prononc. les mots coennerie, rouennerie, solennel, solennité. Ds Kamm. 1964, p. 98 et 107, ainsi que déjà ds Mart. Comment prononce 1913, p. 64 on signale que la prononc. [kwan] s'altère en [kwεn] sous l'infl. de l'orthographe. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. ca 1210 cöane « peau (de crocodile) » (G. Le Clerc, Bestiaire, 1677 ds T.-L.); en partic. 1271 couane « peau de porc, de la truie » (E. Boileau, Métiers, 213 ds T.-L.); ca 1223 coenne « peau (d'une femme) » (G. de Coinci, II, Mir., éd. F. Koenig, 24, 33), considéré comme péj. par Fur. 1690; 2. a) 1803 méd. (Boiste); b) 1824 id. « altération inflammatoire de la peau » (Nysten). B. Adj. 1808 arg. (Hautel). Du lat. pop. *cutinna altération (prob. p. infl. du suff. gaul. -inna) de *cutina, dér. du lat. class. cutis « peau ». Fréq. abs. littér. : 41.
DÉR. 1.
Couenner, verbe trans.,région. [En parlant d'une terre] Durcir en séchant. Lorsque les tourbes en rantelets sont durcies, ou comme on dit couennées, on les met en meules ou en lanternes (Lesquereux, Expl. des tourb.,p. 52 ds Pierreh. Suppl. 1926).P. anal., emploi pronom. Éternellement penchée sur le foyer le centenaire propriétaire de cet établissement se conserve comme un jambon et s'enfume et se couenne et se boucane comme sa pipe centenaire et le noir de sa bouche et le trou noir de son œil (Cendrars, Du Monde entier,Ville-de-Frisco, 1957, p. 137).1reattest. 1924 [éd. 1957] id.; de couenne, dés. -er.
2.
Couenneux, euse, adj.a) Qui présente un aspect semblable à celui de la couenne* (cf. ce mot A). Des mains couenneuses. Le vieillard amoureux du doute [Renan] me serrant contre sa joue couenneuse (L. Daudet, Fant. et viv.,1914, p. 9).b) ,,Caractérisé par l'existence ou la formation d'exsudats desséchés ayant l'apparence d'une croûte`` (Méd. Biol. t. 1 1970) (cf. couenne B 1 a).[Les médecins] disaient que l'hydropisie de Monsieur était une hydropisie couenneuse, une infiltration, c'est leur mot, que la peau et la chair étaient comme du lard (Hugo, Choses vues,1885, p. 218).Angine couenneuse. Maladie caractérisée par la formation d'une fausse membrane ou de dépôts fibrineux dans la gorge, ou tapissant une plèvre, un péricarde ou une amygdale (d'apr. Ac. 1878 et Lar. Méd. 1970). Toujours ces affreuses angines, qui d'abord ne paraissent rien et qui se compliquent d'abcès et tendent à devenir couenneuses (Sand, Corresp.,1812-76, p. 370). [kwɑnø], plur. rarement [kwεnø], fém. [-ø:z]. DG transcrit [kwanø] alors qu'il transcrit [kwεn]. Passy 1914 ne donne pas la possibilité avec [ε] alors qu'il le fait pour couenne. On rencontre [kwεnø] ds Land. 1834, Fél. 1851, Littré. Ds Ac. depuis 1762. 1resattest. 1611 coeneux « sale, boueux » (Cotgr.), attest. isolée; 1743 méd. sang couenneux (Trév.); 1833 angine couenneuse (Journ. de méd. et de chir. pratique, IV, 265 ds Quem. Fichier); de couenne, suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 22. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 104.

Wiktionnaire

Adjectif - français

couenne \Prononciation ?\ masculin et féminin identiques

  1. Stupide.
    • Je crois qu’il me trouve un peu couenne, — parce que ses blagues ne m’amusent pas. — (Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)

Nom commun - français

couenne \kwan\ ou \kwɛn\ féminin

  1. Peau du cochon, surtout lorsqu’elle a été raclée.
    • On se sert d'une couenne de lard dans l’esquinancie, elle sert à faire plusieurs onguents, … — (L’agronome ou dictionnaire portatif du cultivateur, Rouen, 1787)
    • Quand il montait de la charcuterie, le soir, il tirait de sa poitrine des bouts de saucisse, des tranches de pâté de foie, des paquets de couennes. — (Émile Zola, Le Ventre de Paris, Georges Charpentier, Paris, 1873)
  2. Peau des marsouins.
  3. (Québec) (Populaire) Peau d’une personne.
    • Personne n’a la couenne assez dure pour ne pas ressentir les attaques vicieuses et les violences sans nom qui lui sont destinées.
      Safia Nolin a fait le bon choix en disant non, elle a choisi de sauver sa peau.
      — (Marie-Ève Doyon, Safia Nolin a choisi de sauver sa peau, Le Journal de Québec, 11 mai 2021)
  4. (Médecine) Peau épaisse et grisâtre qui se forme sur le sang tiré des veines ; de certaines altérations locales de la peau, de la fausse membrane qui se forme à la gorge dans certaines angines.
  5. (Alpinisme) Voie d'escalade classique déjà équipée, ne dépassant pas une longueur de corde, par opposition à une grande voie.
    • Des sites de couenne remarquables et du potentiel en grande voies équipée ou TA. — (Auzias & co, Sports et Loisirs : Corse 2012, 2012)
  6. (Populaire) Personne maladroite ; imbécile.
    • L’huissier lui apportait un cierge allumé et l’invitait à l’accompagner. Il fit alors contre fortune bon cœur et tout en se répétant : ce que je dois avoir l’air couenne ! — (Joris-Karl Huysmans, En route, 1895)
    • Vous allez peut-être penser que je suis une couenne de me donner tant de mal, mais voilà la façon dont j’envisage le tout : [...]. — (Peter Cheyney, Les femmes s’en balancent, traduction de Michelle et Boris Vian, Gallimard, 1949, page 78)
  7. (Suisse) Croûte d’un fromage à pâte dure.
  8. (Canada) Couverture.
    • J’ai acheté une nouvelle couenne pour mon lit.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

COUENNE. n. f.
Peau du cochon, surtout lorsqu'elle a été raclée. Couenne de lard. Frotter avec de la couenne. Il se dit aussi de la Peau des marsouins. Il se dit, en termes de Médecine, de la Peau épaisse et grisâtre qui se forme sur le sang tiré des veines ; de Certaines altérations locales de la peau, de la Fausse membrane qui se forme à la gorge dans certaines angines.

Littré (1872-1877)

COUENNE (koua-n') s. f.
  • 1La peau du cochon raclée. Couenne de lard.

    La peau des marsouins.

  • 2 Terme de médecine. Nom donné quelquefois à certaines taches congénitales ou altérations locales de la peau.

    Couenne inflammatoire, couenne pleurétique, concrétion d'un blanc jaunâtre, formée à la surface du sang provenant d'une saignée qu'on laisse se cailler dans un vase. La couenne se montre dans les maladies inflammatoires en général, et surtout dans les phlegmasies de la plèvre ou du poumon.

HISTORIQUE

XIIIe s. Rasis, Constantin, Avicenne I ont lessié la couenne, la Rose, 16164.

XIVe s. Oindre l'escorce ou couane du porc, Ménagier, II, 5. Comme un laboureur des champs a plus dure coane que le fils d'un roy, ib. III, 2. Quand les sangliers ont boutée et renversée la terre et la couenne de l'erbe pour querre les vers de la terre qu'ils mengent, Modus, f° XXXI, verso.

XVIe s. On en voit naistre d'aucuns ayans en quelque endroit du corps la figure et la substance d'une coinne de lard, Paré, XXII, 3. Coenne de lard, Paré, ib. Cornue, cuenne, recipient, aludel, materas, Paré, III, 638.

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Étymologie de « couenne »

Du latin cutis (« peau ») via une forme populaire *cŭtĭna.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Normand, quouane, gazon, sens qui se trouve à peu près dans un des exemples de l'historique ; picard, quouane, bête, poltron ; wallon, coiène ; génev. couanne de lard, grande saleté, force, vigueur, avoir la couanne d'oser ; provenç codena ; ital. cotenna, codenna ; napol. cotena. Origine difficile à déterminer, qui paraît pourtant bien être le latin cutis, peau. La difficulté est de trouver un suffixe enna ou ena ; si le mot venait de cutaneus, il serait en français couaine ; et, si l'on supposait que couaine se serait changé en couenne, il faudrait admettre que ce mot vient du français dans les autres langues romanes ; ce dont on n'a aucune preuve. Grandgagnage dit qu'en wallon on trouve cote di laine, peau de mouton, et que dans une ordonnance de 1735 on lit : Ordonnons que les laines d'agneaux et autres qui ne tiennent pas à la cotte… Cote paraît bien venir de cutis ; mais le suffixe n'est pas expliqué.

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Phonétique du mot « couenne »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
couenne kwan

Fréquence d'apparition du mot « couenne » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « couenne »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « couenne »

  • C’est juste une couenne de lard. Oui, vous savez, ce bout de cuir du cochon qu’on ôte quand on coupe des lardons ou bien qu’on délaisse sur le bord de l’assiette après la tuerie de choucroute garnie ou de la potée.
    Libération.fr — La couenne du lard à fleur de pot - Culture / Next
  • Ma madeleine de Proust avec un parfum de couenne de porc fumé.
    Marc Dugain — Heureux comme Dieu en France

Traductions du mot « couenne »

Langue Traduction
Anglais rind
Espagnol corteza
Italien scorza
Allemand rinde
Chinois 果皮
Arabe قشرة
Portugais casca
Russe кожура
Japonais 外皮
Basque azala
Corse scorcia
Source : Google Translate API

Synonymes de « couenne »

Source : synonymes de couenne sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot couenne au Scrabble ?

Nombre de points du mot couenne au scrabble : 9 points

Couenne

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