« Auteure » ou « autrice » : quel est le féminin d'auteur ?
Sommaire
La féminisation des métiers en français a longtemps posé problème. Elle est devenue l’objet d’un combat féministe destiné à lutter contre l’invisibilisation des femmes dans la langue française. Dans sa séance du jeudi 28 février 2019, l’Académie française a adopté à une large majorité un rapport qui juge « épineux » le choix de la forme féminine du mot « auteur » : faut-il écrire « auteure », « autrice » ou bien préférer tout simplement « écrivaine » ? On vous explique tout dans cet article.
Origine du débat sur la féminisation de « auteur »
Selon l’historienne Éliane Viennot, la forme « auteure » aurait été créée dans les années 1970-80 pour pallier l’absence de féminin à auteur. Le mot « auteure » se serait ensuite fait connaître en France dans les années 2000, grâce à une série d’articles de la journaliste française Anne Sinclair. La journaliste a notamment signé un article intitulé « Pourquoi la France doit créer le féminin d’auteur », dans Le Monde du 11 janvier 2001. Dans cet article, elle écrit : « Il est temps que la langue française reconnaisse le sexe des auteurs. »
Un débat a alors lieu dans les journaux et dans les émissions de radio et de télévision. Il est alimenté par la publication d’un rapport de la Commission générale de terminologie et de néologie, remis en janvier 2002, qui recommande l’utilisation du féminin pour désigner « une personne qui écrit ».
En 2006, le Conseil supérieur de la langue française (Conseil supérieur de la langue française) publie un avis favorable à l’adoption du mot féminin « auteure ». Enfin, en 2012, l’Académie française propose à son tour l’adoption du mot « auteure ». Cette proposition est reprise par le Conseil supérieur de la langue française, qui met en place un groupe chargé d’étudier le problème.
Le rapport du 28 février 2019 de l’Académie française entérine la féminisation des noms de métier et de fonction.
Quel est le féminin du mot « auteur » : « auteure » ou « autrice » ?
Selon l’Académie française, plusieurs formes du féminin du mot « auteur » coexistent dans l’histoire de la langue française, même si « auteure » avec un « e » semble la plus répandue :
Il existe ou il a existé des formes concurrentes, telles que « authoresse » ou « autoresse », « autrice » (assez faiblement usité) et plus souvent aujourd’hui « auteure »
Académie française
La forme « auteure » est un néologisme, c’est-à-dire un mot créé de toute pièce, dont l’origine est à chercher au Canada. Ce néologisme est dérivé de « auteur » auquel on ajoute le suffixe -eure. Selon notre dictionnaire, la définition de « auteure » aujourd’hui est tout simplement « une femme qui écrit ».
On note toutefois que la forme « autrice » est grammaticalement plus satisfaisante car les mots finissant en -teur ont généralement leur féminin en -trice. Il est ainsi de nombreux métiers : directeur/directrice, acteur/actrice, compositeur/compositrice, créateur/créatrice, lecteur/lectrice, réalisateur/réalisatrice, animateur/animatrice etc.
Inscrivez vous au Parcours Orthographe
Recevez chaque lundi une règle d'orthographe qui fait l'objet de nombreuses erreurs en français.
De plus, cette forme serait privilégiée par le monde universitaire. La musicalité du mot joue également en faveur de « autrice », alors que la prononciation de « auteure » ne présente pas de différence avec son masculin. Enfin, cette forme serait inspirée de l’italien autore qui devient autrice au féminin. Les lecteurs d’Elena Ferrante apprécieront !
Il faut cependant attendre le XVIIIe siècle pour trouver dans un dictionnaire le mot « autrice ». Jean-François Féraud, dans son Dictionaire critique de la langue française (1787 – 1788) le présente alors comme un barbarisme :
*AUTRICE, s. f. Ce mot se trouve dans une pièce du Mercûre du mois de Juin 1726. C’est un barbarisme.
Toutefois, la préférence de l’Académie française pour « auteure » est confirmée par l’analyse du nombre d’occurrences de « auteure » et « autrice » dans les textes publiés. Si la forme « autrice » est de plus en plus populaire ces dernières années, « auteure » reste la forme la plus utilisée :

Phénomène intéressant : les journalistes du journal Le Monde préfèrent depuis 2020 l’usage de « autrice » :

Autres variantes du féminin de « auteur »
On trouve d’autres variantes du féminin du mot « auteur », plus rares :
- Auteuse : rarement employé. Le terme avait été proposé par Restif de la Bretonne.
- Auteuresse est un néologisme très rare, employé notamment par Robert de Montesquiou (1855 – 1921).
- Femme auteur est employé notamment par Véra Nabokov (1921 – 1999).
- Autoresse et authoresse sont des anglicismes.
Vous savez désormais que vous pouvez écrire « auteure » ou « autrice ». Certains préfèrent « écrivaine », ce n’est finalement qu’une question de préférence. L’essentiel est de comprendre que désormais la féminisation des noms de métier et de fonction est la norme. Pour prolonger votre lecture, découvrez la bonne orthographe entre « gent féminine » et « gente féminine ».
Je suis d'accord avec le commentaire d'Hélène, autrice et écrivaine ne désignent pas la même situation, pensons à l'écrivain(e) public(que) qui n'est pas un(e) auteur/autrice. Désolée pour les parenthèses, mais je suis totalement réfractaire à l'écriture inclusive.
J'avoue que le féminin "autrice" me gêne encore un peu, il m'a même bien piqué les oreilles au début, mais j'ai décidé de l'adopter après réflexion et un tour sur mon vieux "Gaffiot" qui m'a conforté dans ce raisonnement et où il y a bien des mots finissant en -tor pour le masculin qui se terminent en -trix pour le féminin et qu'on ne trouve plus dans notre bon français. C'était donc logique pour les Anciens, donc acceptable pour nous, beaucoup de noms de "métiers" se féminisaient en -trix, donc autrice se justifie sans problème.
Par contre, je suis bien d'accord avec le féminin "professeure", et même "docteure" bien que "doctrice" aurait pu être correct, et plus facile à utiliser que "doctoresse", que je trouve lourd, mais là, ce n'est que mon avis.
Je conclurai qu'il me semble normal aujourd'hui de créer des noms féminins cohérents avec les origines et aussi l'évolution de la langue française et qu'on n'a pas besoin d'être une superféministe pour trouver normal de (re)créer des mots féminins qui ont disparu au cours de l'Histoire aidés par une gens masculine qui méprisaient ce qu'ils appelaient le "beau sexe" pour se dédouaner.
J'espère avoir été claire dans mon commentaire.
Cordialement.