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Tous les chemins mènent à Rome : définition et origine de l’expression

Vous avez prévu de partir à Rome pour vos prochaines vacances ? Cette destination comporte au moins un avantage : tous les chemins y mènent ! C’est, en tout cas, ce que nous sommes amenés à croire, tant l’expression « tous les chemins mènent à Rome » est ancrée dans le langage courant.

Comme pour la plupart de ces proverbes que l’on emploie sans y penser, l’origine de cette formule est généralement méconnue. Pourtant, ce n’est pas par hasard que nous retenons la capitale italienne comme point de convergence de toutes les routes : pour le comprendre, revenons sur la définition et l’origine de l’expression « tous les chemins mènent à Rome ».

Définition de l’expression « tous les chemins mènent à Rome » 

« Tous les chemins mènent à Rome » signifie qu’il existe, d’une manière générale, plusieurs façons d’arriver à une même destination (au sens propre), et plus globalement à un même but (au sens figuré).

C’est une formule que l’on emploie souvent face à une personne entêtée, qui s’obstine dans une voie stérile (celle qui lui semble la plus évidente), alors qu’il existe de nombreux autres chemins, parfois détournés, pour atteindre le but qu’elle s’était fixé. En clair, si vous avez le sentiment qu’un objectif est inaccessible, n’oubliez pas que tous les chemins mènent à Rome !

Signe indubitable des influences latines sur la culture et la langue française, la ville de Rome est présente dans d’autres expressions francophones : outre « tous les chemins mènent à Rome », on entend aussi la formule « il faut vivre à Rome comme à Rome », ou encore le proverbe « Rome ne s’est pas faite en un jour »

Origine de l’expression « tous les chemins mènent à Rome » 

À l’origine, l’expression « tous les chemins mènent à Rome » revêt un sens littéral : dans l’Antiquité, au temps de l’Empire romain, tous les chemins menaient véritablement à la capitale ! Les routes formaient alors un réseau en étoile autour de Rome. 

Carte des voies romaines
Les voies romaines dans l’Empire romain vers 117 après J.-C.

Ces « voies romaines », au nombre de vingt-neuf, reliaient l’ensemble des provinces et des pays sous contrôle impérial. À Rome, le Milliaire d’or, construit par Auguste, indiquait d’ailleurs le nom des grandes villes conquises, ainsi que la distance qui les séparait de ce monument, considéré comme le point zéro de l’Empire. 

Ce vaste réseau routier n’était pas si éloigné de nos autoroutes modernes. Suffisamment larges pour que deux chars puissent s’y croiser, ses voies comprenaient des auberges à intervalles réguliers, où l’on pouvait se reposer ou se nourrir. 

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Si l’explication remonte à l’Antiquité, l’expression consacrée « tous les chemins mènent à Rome » est attribuée au théologien et poète Alain de Lille, qui écrit au XIIe siècle : « mille viae ducunt homines per saecula Romam qui Dominum toto quaerere corde volunt », soit en français « mille routes conduisent depuis des siècles à Rome les hommes qui désirent rechercher le Seigneur de tout leur cœur. » 

Rome est alors entendue dans un sens religieux (s’agissant de la « capitale » de l’Église catholique), avec l’idée que tous les chemins conduisent à Dieu, au sens propre comme au figuré. Défaite de son sous-texte sacré, l’expression s’est popularisée dans le langage courant, pour traduire la notion, plus générale, selon laquelle plusieurs moyens peuvent aboutir à une même fin.

Exemples de l’usage de l’expression « tous les chemins mènent à Rome » 

Ce qui s’étendait au-delà de cette porte vitrée, c’était la société à la mesure de leurs idées, la grande ville conçue selon leurs critères. De même que tous les chemins mènent à Rome, ils pensaient que mille voies invisibles partant d’autant de beaux garçons disséminés comme des étoiles dans un ciel nocturne menaient à ce club.

Yukio Mishima, Les Amours interdites

Le pas que nous faisons vers l’absolu révèle clairement cette confusion des notions, ce rapprochement et cette identification des contraires. Tous les chemins mènent à Rome. Sans doute la joie est-elle la manifestation d’une certitude, d’un accomplissement mais nous savons tous que la vie est mort. La tristesse est, peut-être, l’expression de mon incertitude, de mes échecs.

Eugène Ionesco, Non

Il n’y a qu’une seule voie pour se rendre en Californie, c’est la voie de la mer. Mais il n’y a pas de bateau, et la navigation est difficile dans des parages toujours périlleux. Il est vrai qu’un voilier pourrait s’y rendre en trois semaines. Suter n’en écoute pas davantage. Il se rend au bord de l’eau. Un trois-mâts-barque est embossé dans la rivière. C’est le Columbia qui se rend aux îles Sandwich. Tous les chemins mènent à Rome, aurait dit le père Haberposch.

Blaise Cendrars, L’Or

Tous les chemins mènent à Rome, dit-on, et c’est ici même qu’ils aboutissent. Toutes les amorces au Sud jusqu’à la mer, toutes les voies comme une émission de son sol même que par tous les interstices.

Paul Claudel, Poèmes de guerre
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Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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