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Faire faux bond : définition et origine de l’expression

« Faire faux bond » n’est pas seulement un virelangue particulièrement piégeux quand on s’amuse à le répéter plusieurs fois, c’est aussi et surtout une expression courante en français, que l’on emploie lorsqu’une promesse n’est pas tenue

De ce fait, il est très impoli de faire faux bond à quelqu’un, et c’est toujours un sentiment désagréable lorsque quelqu’un nous fait faux bond.

Mais d’où vient ce « bond », et pourquoi le décrit-on comme « faux » ? Comment est née cette locution, et quelles ont été ses différentes significations au fil des siècles ? Réponses dans cet article sur la définition, l’origine et l’usage de l’expression « faire faux bond ».

Définition de l’expression « faire faux bond » 

« Faire faux bond » signifie se désister, ne pas honorer un engagement, une promesse ou un rendez-vous. Aussi, on ne fait jamais faux bond seul, on fait toujours faux bond à quelqu’un : l’expression fait référence à un interlocuteur, qui se trouve déçu ou coupé dans son élan, en conséquence de ce désistement.

Même s’il peut arriver de « faire faux bond » pour des raisons indépendantes de sa volonté, cet acte nous rend généralement coupable d’impolitesse : on est alors considéré, au moins temporairement, comme quelqu’un d’irrespectueux et peu fiable. Le « faux bond » est souvent lourd de conséquences : il peut être vécu comme une trahison, ou tout du moins engendrer des tensions ou des incompréhensions entre les deux parties concernées.

En français, on trouve d’autres expressions au sens similaire : faire défaut, planter, ou la plus imagée « poser un lapin ». Pour l’anecdote, on s’amusera d’ailleurs des équivalences de cette formule dans les langues étrangères : en Espagne, on « sort une grenouille » ; au Portugal, on « donne un gâteau » ; et en Argentine, on « fait la poire ».

Origine de l’expression « faire faux bond » 

L’expression « faire faux bond » remonte au XVIe siècle, dans le sport populaire du jeu de paume, qui se pratiquait à la main ou à la raquette. Comme son lointain descendant, le tennis, ce jeu consistait à faire rebondir une balle à des emplacements stratégiques du terrain, afin de marquer des points. 

De la même manière que l’on parle aujourd’hui de « coup franc » dans le vocabulaire footballistique, un lancer raté au jeu de paume était qualifié de « peu franc », ou de « faux (re)bond ». Le terme évoque donc, dans son sens premier, la déception de voir la balle chuter au mauvais endroit, ou d’une manière contraire à ce que l’on espérait. C’est ce sens qui conduit à l’expression moderne : comme la balle, la personne qui fait « faux bond » se comporte d’une façon inattendue, sinon décevante.

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Toutefois, la locution « faire faux bond » a également connu d’autres significations. Au XVIe siècle, on l’employait notamment comme synonyme de « faire faillite », par analogie entre le « bond » et le « bon de paiement ». Au même moment, « jouer un faux bond » pouvait être entendu comme « trahir » ou « nuire ». On l’utilisait d’ailleurs pour désigner l’adultère.

Exemples de l’usage de l’expression « faire faux bond »  

Octavie (mais je devrais peut-être dire ici Simone, ou Simonne) ne manquait pas d’humour, ce qui rachetait en partie son mauvais caractère. « Fais ce que je te dis et ne fais pas ce que je fais », disait-elle à des moments choisis. Par exemple lorsque, en robe du soir et prête à sortir, elle déclarait d’une voix mourante, au téléphone « Chère amie, je suis absolument navrée, pardonnez-moi de vous faire faux bond, mais j’ai une migraine affreuse.

Constance Delaunay, Octavie dans tous ses états

Ne pas reconnaître les autres, passe encore mais ne pas se reconnaître soi-même, que c’est gênant. Laissez-moi donc me retirer du jeu, par crainte de vous faire faux bond. Aujourd’hui je vous parlerais volontiers ; demain je risque de ne trouver rien à vous dire.

André Gide, Ainsi soit-il ou Les jeux sont faits

Je m’étais rendue au théâtre contre mon gré. Dans un mot qu’elle avait joint à son invitation, Laura m’avait dit qu’elle me retrouverait à la sortie et m’avait suppliée de ne pas lui faire faux bond. J’aurais certes pu me décommander mais, comme il arrive souvent, la corvée m’avait paru plus facile à remplir qu’à éviter. Nous nous étions effectivement retrouvées à la sortie.

Catherine Carone, Marie pleine de grâces

Il fallait juste qu’elle passe chez elle avant. Ses parents l’attendaient pour dîner. Sa mère avait préparé de la choucroute au poisson, son plat préféré. Elle ne pouvait pas leur faire faux bond. Elle repartirait après, par la fenêtre de sa chambre, pour ne pas avoir à leur dire qu’elle sortait.

Franz-Olivier Giesbert, L’abatteur
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Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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