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Sophisme

Variantes Singulier Pluriel
Masculin sophisme sophismes

Définitions de « sophisme »

Trésor de la Langue Française informatisé

SOPHISME, subst. masc.

A. − LOGIQUE
1. Argument, raisonnement qui, partant de prémisses vraies, ou considérées comme telles, et obéissant aux règles de la logique, aboutit à une conclusion inadmissible. Sophisme de la flèche de Zénon. Le problème de la liberté est (...) né d'un malentendu: il a été pour les modernes ce que furent, pour les anciens, les sophismes de l'école d'Elée, et comme ces sophismes eux-mêmes, il a son origine dans l'illusion par laquelle on confond succession et simultanéité, durée et étendue, qualité et quantité (Bergson,Essai donn. imm., 1889, p. 183).Il faut (...) se garder des explications simplistes, unilatérales, et du sophisme: post hoc, ergo propter hoc (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 760).J'entends bien ne pas renouveler (...) les vieux sophismes hérités des Mégariques (le « tas de blé », le « chauve ») (Marrou,Connaiss. hist., 1954, p. 87).
2. Argument, raisonnement ayant l'apparence de la validité, de la vérité, mais en réalité faux et non concluant, avancé généralement avec mauvaise foi, pour tromper ou faire illusion. Probe autant qu'une fleur née au fond d'une forêt est délicate, elle ne connaissait ni les maximes du monde, ni ses raisonnements captieux, ni ses sophismes (Balzac,E. Grandet, 1834, pp. 110-111).Les premiers troubles de la jeunesse la trouvèrent démunie, sans défense contre le mal, sans protection contre les sophismes et les piperies du monde (Psichari,Voy. centur., 1914, p. 5).
Rem. Le sens log. n'est pas toujours nettement distingué; la distinction paraît cependant nécessaire, dans la mesure où le sens log. n'implique pas la volonté de faire croire une proposition fausse, mais le désir de montrer les limites des règles logiques en créant un illogisme ou une antinomie.
B. − Au fig. ou p. métaph., littér. Erreur, illusion. Les sophismes de l'imagination. Elle s'attache à démêler le sophisme du cœur, à lui dénoter la part d'amour-propre dans ses larmes (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 2, 1842, p. 491).Les sophismes du haschisch sont nombreux et admirables, tendant généralement à l'optimisme, et l'un des principaux, le plus efficace, est celui qui transforme le désir en réalité (Baudel.,Paradis artif., 1860, p. 378).
Prononc. et Orth.: [sɔfism̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1175 soufisme (Benoît de Ste-Maure, Chronique des ducs de Normandie, 27855 ds T.-L.); ca 1174-76 sofisme (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, Saint Thomas, éd. E. Walberg, 4134). Empr. au lat.sophisma, empr. au gr. σ ο ́ φ ι σ μ α « habileté, adresse », « invention ingénieuse », « argument ou raisonnement captieux ». Fréq. abs. littér.: 429. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 906, b) 436; xxes.: a) 664, b) 416.

Wiktionnaire

Nom commun - français

sophisme \sɔ.fism\ masculin

  1. (Rhétorique) Raisonnement qui n’est logique ou vrai qu’en apparence, mais qui est délibérément conçu pour tromper ou faire illusion.
    • […] le sophisme du progrès et l'illusion de croire à l'avenir de l'homme ! — (Pierre-Henri Simon, Pour un garçon de 20 ans, 1967)
    • Dans ce point de vue, on apercevra que les raisonnements que l’on vient d’exposer ne sont que des sophismes frivoles, ou un badinage de l’esprit, fort déplacé dans l’examen d’une matière si importante. — (François Quesnay, Observations sur le Droit naturel des hommes réunis en société, 1765)
    • Le sophisme que je combats dans cet écrit est d’autant plus dangereux, appliqué aux travaux publics, qu’il sert à justifier les entreprises et les prodigalités les plus folles. Quand un chemin de fer ou un pont ont une utilité réelle, il suffit d’invoquer cette utilité. Mais si on ne le peut, que fait-on ? On a recours à cette mystification : « Il faut procurer de l’ouvrage aux ouvriers. » — (Frédéric Bastiat, Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, 1850)
    • Ce caractère de nécessité historique donne au mouvement antipatriotique actuel une force qu'on chercherait vainement à dissimuler au moyen de sophismes. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, p.153)
    • Ces docteurs confondent, par un grossier sophisme, un idéal qui, en tant que non changeant, peut par pure métaphore être qualifié de mort, avec les hommes, les êtres charnels qui embrassent cet idéal, lesquels, en cet embrassement, peuvent être si peu morts qu’ils se battront avec acharnement pour le défendre.— (Julien Benda, La trahison des clercs : Appendice des valeurs cléricales, 1927, éd. 1946)
    • J'avais dénoué cent fois ce sophisme, en montrant que le ressort des guerres n'était pas tant l'intérêt que l'honneur ; chose bien aisée à comprendre pour des hommes qui présen­tement risquaient tout, avec une faible chance de gagner, et de gagner fort peu. — (Alain, Souvenirs de guerre, page 215, Hartmann, 1937)
  2. (Courant) Tout raisonnement logique ou vrai qu’en apparence, qu'il soit exprimé avec bonne foi (paralogisme) ou dans le but de tromper (vrai sophisme).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SOPHISME. n. m.
Argument captieux, qui pèche ou dans le fond ou dans la forme. Prenez garde à cet argument, c'est un sophisme. Ce livre est tout plein de sophismes. Découvrir, développer, réfuter un sophisme.

Littré (1872-1877)

SOPHISME (so-fi-sm') s. m.
  • Faux raisonnement qui a quelque apparence de vérité. On entend par sophismes certains raisonnements éblouissants, dont on sent bien la fausseté ; mais on est embarrassé à la découvrir, Dumarsais, Œuv. t. V, p. 340. On est désolé de voir les sophismes qu'employa la cruauté, Montesquieu, Esp. XII, 18. L'amitié, le devoir y peuvent enchaîner [à la vie] un infortuné ; des prétextes et des sophismes ne l'y retiendront point, Rousseau, Hél. III, 21. Tout le monde connaît son sophisme [de Buridan] de l'âne placé entre deux bottes égales de foin, Diderot, Opin. des anc. phil. scolastiques. Le sophisme est la fausse monnaie de l'éloquence, Marmontel, Œuv. t. V, p. 321.

    Par extension. Sophismes d'amour-propre, d'intérêt, de passions, faux raisonnements que suggèrent l'amour-propre, l'intérêt, les passions.

    Fig. Les sophismes du cœur, illusions, égarements du cœur.

HISTORIQUE

XIIe s. Li reis jure les oilz, ja cil moz n'i sera ; Car sofisme, ço dist, e grant engin i a, Th. le mart. 108.

XIIIe s. Il n'entendent pas à cel dire Le sofisme qu'il lor fesoit ; Li bons chevaliers nel disoit Se por oïr non qu'il diroient, Lai de l'ombre. Et je si le questionnai, De gramaire li demandai, De soffime et de question Ne me sot respondre un boton, Ren. 21127.

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Étymologie de « sophisme »

Provenç. sofisme ; espagn. sofisma ; ital. sofismo ; du lat. sophisma, en grec σόφισμα, proprement sage pensée, plus tard sophisme. Σόφισμα a même racine que σοφὸς, sage, le même que le vieux latin sapus, d'où sapere (voy. SAVOIR).

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin sophisma, lui-même emprunté au grec ancien σόφισμα, sóphisma (« habileté ; invention ingénieuse ; raisonnement captieux »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « sophisme »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sophisme sɔfism

Fréquence d'apparition du mot « sophisme » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sophisme »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sophisme »

  • Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes.
    Lautréamont — Paris
  • Rendu là, devant un tel sophisme, de calibre olympique, est-ce que ça vaut même encore la peine de débattre? À ceux qui s’inquiètent des dérives populistes de Christian Rioux au Devoir, je vous suggère de regarder un peu du côté de Mme Nicolas...
    Le Journal de Québec — Pandémie et laïcité, l’art de faire dans la mauvaise foi... | JDQ
  • Sacrifice et patriotisme, Gloire et honneurs fumisteries, Ces mots ne sont que des sophismes, Qui envoient les hommes à la boucherie.
    Pierre Perret — Amour, liberté, Vérité
  • Je n’ai pas dit que tu étais stupide. J’ai dis que ce très commun « ça existe ailleurs cassés-toi » est stupide. J’ai qualifié l’argument (qui n’en est pas un, c’est un sophisme, et un mauvais sophisme en plus) de stupide, pas la personne.
    iGeneration — App Store : Eddy Cue avait envisagé augmenter la commission à 40 % durant un an | iGeneration
  • Avec un peu de recul et sans entrer dans les détails techniques, sous couvert de motifs recevables, cette réforme est un sophisme. Le diagnostic est bon, le traitement une monumentale erreur.
    Contrepoints — Retraites : le grand sophisme | Contrepoints
  • L’auteur dénonce ce qu’il croit être un sophisme ad hominem, consistant à s’en prendre aux gens qui soutiennent un argument plutôt qu’à l’argument en tant que tel. Selon lui, les experts en santé publique et autres défenseurs du masque se contenteraient d’accuser ses détracteurs de conspirationnisme au lieu d’utiliser des arguments rationnels. Or, critiquer un argument pour en conclure que ceux qui le soutiennent adhèrent à un courant de pensée inquiétant, ce n’est pas un ad hominem.
    Le Devoir — Pour une philosophie au service du bien commun | Le Devoir
  • Postulat, axiome ou sophisme, cette formule fameuse d’Hérodote connaît aujourd’hui un regain d’intérêt face aux nombreux foyers de crises régionales et mondiales. La phrase a fait florès dans les recueils de citations, parfois accompagnée d’une suite moins connue : « car à la guerre, ce sont les pères qui enterrent leur fils tandis qu’en temps de paix ce sont les fils qui enterrent leur père ». Autrement dit, il n’y aurait que les fous pour prendre goût aux affrontements armés.
    La Croix — Trump, un Crésus d’Amérique
  • Refuser la liberté d'objection, au nom de la liberté est une pitrerie ou un sophisme ridicule.
    Bernard Pivot — Le Métier de lire

Traductions du mot « sophisme »

Langue Traduction
Anglais sophism
Espagnol sofismo
Italien sofisma
Allemand sophismus
Chinois 诡辩
Arabe مغالطة
Portugais sofisma
Russe софизм
Japonais 洗練
Basque sofisma
Corse sofisimu
Source : Google Translate API

Synonymes de « sophisme »

Source : synonymes de sophisme sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot sophisme au scrabble : 15 points

Sophisme

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