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Votre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin votre vos

Définitions de « votre »

Trésor de la Langue Française informatisé

VOTRE, VOS, adj. poss.

Adjectif possessif de la deuxième personne du pluriel, des deux genres, de forme atone, correspondant au pronom personnel vous, exprimant l'appartenance, la dépendance, la possession ou, plus généralement, remplaçant tout syntagme nominal de la forme de vous [Indique qu'il y a plusieurs « possesseurs » dont les personnes auxquelles le locuteur (sing. ou plur.) s'adresse (sauf dans le vouvoiement où le locuteur ne s'adresse qu'à une personne par politesse ou par déférence) par opposition à ton, ta, tes (indiquant qu'il n'y a qu'un « possesseur »); lorsqu'il y a un seul élément (être ou chose) possédé, il prend la forme votre ; lorsqu'il y a plusieurs éléments possédés, il prend la forme vos]
I. − Valeurs de vous
A. − [Pluralité de « possesseurs »]
1. [Pour exprimer l'appartenance, la dépendance, la possession de fait ou de droit, la référence à vous, aux interlocuteurs]
a) [Les « possesseurs » sont des pers.] Qui est à vous, qui vous appartient, qui se rapporte à vous. Votre maison, vos affaires, vos poches, vos valises. Vous épouserez de riches fermiers; vous serez très occupées par vos bestiaux et vos poules et vous nous oublierez tous (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 124).
[À valeur distributive, chaque « possesseur » n'ayant qu'une chose possédée, le plur. marquant l'idée coll. et d'uniformité] À vos places! − Nous allons à Saint-Mihiel.Vous avez vos billets? (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 191).
[Détermine un subst. qui désigne une partie du corps ou un vêtement] Isabelle: Faites vos révérences, mes enfants. L'Inspecteur: Par deux, et fermez vos bouches (Giraudoux, Intermezzo, 1933, i, 6, p. 66).Les deux tiers du bataillon avaient avancé. « Ôtez vos tuniques » (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 231).
[Détermine un subst. abstr.] Mesdemoiselles, (...) je lève mon verre à la gloire de vos vaillantes et radieuses jeunesses (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 241).
Expr. et loc. verb. Mettez-vous à votre aise; ne perdez pas votre temps. Vous pourrez vous y allonger sur une banquette, vous serez toujours à l'abri. Ce serait, je crois, le plus sage étant donné le temps qu'il fait, mais enfin ça, c'est votre affaire. Voyez ce que vous préférez (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 107).Mes enfants. Voyons! (...) Comptez bien. Prenez votre temps (Gide, Si le grain, 1924, p. 402).
b) Littér., poét. [Le locuteur s'adresse à des choses personnifiées] Dures grenades entr'ouvertes Cédant à l'excès de vos grains, Je crois voir des fronts souverains Éclatés de leurs découvertes! (Valéry, Charmes, 1922, p. 146):
Et je reviens à vous, apaisante splendeur, Bénissant votre voix et votre bonne odeur, Saluant vos coteaux, vos plaines nourricières, Les mousses des sentiers et la douce poussière Que votre haleine fait voleter sous le ciel. Noailles, Cœur innombr., 1901, p. 58.
2. [Pour exprimer des rapports de parenté, des relations de vie soc.] Votre père, vos ancêtres, vos enfants; votre patron, vos voisins, vos amis. Je préférerais, assis dans un coin de ce vaste auditoire, applaudir chacun des discours. Votre président a voulu que je prisse la parole (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 267).Notre père (...) déclare:Mes enfants, je suis obligé de vous mettre au collège. Votre mère et moi, nous pensons qu'un précepteur, si dévoué soit-il, ne peut plus vous suffire (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 270).
RELIG. [En parlant de Dieu] Votre Dieu, votre Père des/dans les cieux. La sainteté consiste justement à suivre l'Évangile au pied de la lettre. Si tu avais le malheur de protester que tu n'étais pas une sainte, je te citais le précepte: « Soyez parfaits comme votre père céleste est parfait » (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 113).
3. [Pour marquer l'appartenance à un groupe, à une collectivité, à un pays] Votre pays, votre patrie, votre sang, votre quartier. On ne voit dans vos rues et dans vos lieux publics que des gens qui, le nez dans des feuilles fraîchement noircies, semblent avec délices absorber tous les crimes possibles (Valéry, Variété IV, 1938, p. 182).Je ne crois pas qu'à aucune époque un Français ait pu venir en Écosse sans être saisi par une particulière émotion. À peine foule-t-il la terre de ce vieux et noble pays qu'il discerne, entre votre peuple et le nôtre, de multiples affinités naturelles dont l'origine remonte au fond des âges (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 609).
4. [Pour exprimer que les « possesseurs » sont les agents ou les patients d'une action, les sièges d'un état, les pers. auxquelles une chose est référée] Votre voyage, votre départ, votre retour. Que je bénisse aujourd'hui ce malheureux petit mort, à quoi ça pourrait bien vous servir? Il a été l'instrument innocent de votre perte et c'est votre péché à tous (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1490).Mon garçon (...). Je suis lasse de vos révoltes et, plus particulièrement, des tiennes (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 267).
[À valeur réciproque, avec idée d'échange] Autrefois, depuis cette chambre, je pouvais suivre vos conversations (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 39).
B. − [Représentant une seule pers. à laquelle le locuteur s'adresse à la 2epers. du plur. dans le vouvoiement de politesse]
1. [Pour exprimer l'appartenance, la dépendance, la possession, la référence à l'interlocuteur] Qui est à vous, qui vous appartient, qui se rapporte à vous.
Rem. Le vouvoiement s'emploie pour s'adresser avec politesse ou déférence à qqn, dans la vie soc., prof., admin. ou dans certaines familles traditionalistes, entre parents et enfants ou entre époux.
[Avec des subst. concr.] Votre appartement, votre argent, votre chambre, votre chapeau, vos clefs, votre lit, vos livres, votre maison, vos papiers, vos poches, votre robe, vos terres. Tu me disais: « Prêtez-moi votre mouchoir... » (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 50).
[Devant des noms de parties du corps] Vos doigts, votre dos, votre front, vos lèvres, vos oreilles, vos pieds, votre tête, vos yeux; dans votre main, dans vos yeux, entre vos mains, sous vos yeux. Anna Schackleton! je revois votre calme visage, votre front pur, votre bouche un peu sévère, vos souriants regards qui versèrent tant de bonté sur mon enfance (Gide, Si le grain, 1924, p. 363).
En partic. [Dans des tournures du type fermer les yeux, perdre la mémoire, qui réfèrent à des parties du corps ou des facultés de l'âme, l'art. déf. remplace votre, vos; mais l'adj. poss. est empl. parfois pour insister sur le lien de possession ou, avec une valeur descriptive, pour souligner un geste, une attitude] Ma chère sœur, dit-il en tirant de ses bures profondes une petite médaille, tenez, vous la passerez ce soir à votre cou (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 146).
Expr. et loc. fig. À vos yeux; de votre bouche; tenez votre langue. Isabelle: Votre père? Votre grand-père? Que viennent-ils me demander? Le Contrôleur: Vous ne le devinez pas... Votre main, Mademoiselle Isabelle, ils ont l'honneur de vous demander votre main (...) Je demande votre main et non une réponse (Giraudoux, Intermezzo, 1933, iii, 3, p. 173).
[Avec des subst. abstr.] Votre confiance, des gens de votre espèce, votre idée, votre intention, votre intérêt, vos lumières, vos méthodes, votre opinion, votre responsabilité. Il m'est difficile de tenir aujourd'hui vos scrupules pour légitimes, et néanmoins ce désaccord me pèse... Je dirais volontiers que votre finesse s'exerce ici sur des riens, si je ne connaissais assez votre prudence et votre fermeté (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 116).Vous faites ce que vous pouvez, car vous ne dépendez pas des circonstances, Et vous êtes raisonnable et vous savez soumettre votre désir, votre raison aussi, Aux indications (Claudel, Échange, 1954, iii, p. 790).
RELIG. [Dans une prière adressée à Dieu, au Christ ou à la Vierge] Les femmes, troublées, surveillaient d'un regard soupçonneux, tout en remuant les lèvres: « ... le fruit de vos entrailles est béni... » (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 152).Jésus, Lui, s'est aussitôt retrempé dans la prière, et Il s'est écrié, avec un grand élan d'amour: Père, me voici! Père, je crois en Vous! Père, je m'abandonne! Que Votre Volonté soit faite, et non la mienne! (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1259).
[En parlant des moments de l'existence de qqn] Votre enfance, vos vieux jours; à votre âge, à votre époque, de votre temps. Vous alliez quitter cette armée, Monsieur, abandonner la carrière qui avait séduit votre jeunesse et rempli votre vie (Valéry, Variété IV, 1938, p. 69).
Expr., loc. adv. et verb. À votre aise, à votre avis, à vos côtés, à votre droite, à votre gré, à votre guise, à vos ordres, à votre place, à votre tour; dans votre cas; de votre côté, en votre absence, sous vos ordres. Vous, profitez de la trêve pour refaire vos forces et pour cueillir la beauté du monde! (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1539).Pour votre gouverne (fam.). V. gouverne B.Sauf votre respect (pop.). V. respect B 1 loc.
À votre santé! à votre bonne santé! (fam.). [Formule employée en levant son verre rempli pour trinquer avec qqn et boire en son honneur, en prononçant des vœux favorables à sa santé] Ces messieurs sont déjà à table murmura M. Léonard, qui se tenait derrière le commissaire, une bouteille à la main. (...) À votre santé...À la vôtre, M. Léonard (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 142).P. iron., fam. À votre santé! à votre bonne santé! (fam.). À vos risques et périls, tant pis pour vous. Oui! il va coucher chez moi!...Eh bien! à vous toute la chance! À votre bonne santé, cher Monsieur! Vous avez un beau phénomène! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 392).
[Après le verbe boire, à votre + subst. désigne des souhaits favorables à l'interlocuteur] Le patron et sa femme vinrent vers lui: « Nous buvons à votre chance. Que la Vierge vous protège! » (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 529).
2. [Pour exprimer des relations de parenté, de vie familiale ou soc., prof., admin.]
[Relations de parenté] Votre enfant, votre époux, vos parents; (en parlant d'un défunt) votre pauvre mère/père. N'êtes-vous pas content de voir vos frères et sœurs? (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 144).
[Avec l'appellation, par déférence] Monsieur votre père, Madame votre mère, Monsieur votre fils. Pour moi, il n'est pas douteux que Mademoiselle votre fille n'ait déjà donné les signes évidents de la vocation religieuse (Bernanos, Joie, 1929, p. 631).
RELIG. [Dans une prière] Vous avez oublié que Dieu est votre Père avant d'être votre Juge; et vous faites à votre Père cette injure de méconnaître Sa miséricorde! (Martin du G., op. cit., p. 1262).
[Relations de vie soc. ou prof.] Votre ami(e), votre camarade, votre collaborateur, votre confrère, votre maître, vos professeurs, votre patron, votre voisin. Votre absence avait mis tout le monde contre vous. Vos partisans ont cru que vous les abandonniez (Giraudoux, Siegfried, 1928, iii, 1, p. 112).Il faudrait que vous fondiez, plus tard, une clinique pour vos malades (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 857).
3. [Pour marquer l'appartenance à un groupe, à une collectivité, à un pays] Votre patrie, votre pays, votre ville. À mesure qu'il vieillissait, il était tourmenté du désir de revenir s'installer au pays. Il n'y connaissait plus personne, il y trouverait sans doute encore moins de parenté d'esprit que dans cette ville étrangère; mais ce n'en est pas moins le pays: vous ne demandez pas à ceux de votre sang de penser comme vous; il existe entre eux et vous mille secrets liens (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1494).
4. [Pour exprimer que le « possesseur » est l'agent ou le patient d'une action, le siège d'un état, la pers. à laquelle une chose est référée]
[L'agent ou le patient d'une action, avec un subst. déverbal ou d'action] Votre action, vos conseils, votre décision, votre jugement, vos ordres, votre travail, votre voyage. Pensez-y encore deux jours avant de me donner votre réponse (Pagnol, Fanny, 1932, ii, 6, p. 137).Si je juge en conscience qu'il peut travailler avec nous, je vous le dirai (...) et vous lui donnerez vos instructions demain matin (Sartre, Mains sales, 1948, 1ertabl., 3, p. 29).
[Le siège d'un état] Votre affection, votre désir, votre guérison. Ô maître souverain, en qui réside toute vérité et toute beauté! Dans ma jeunesse (...) mes regards manquaient de force pour contempler votre splendeur (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 276).Est-ce que ça serait un effet de votre bonté de me donner ma consultation maintenant? (Romains, Knock, 1923, ii, 1, p. 8).
[La pers. à laquelle une chose est référée] Qu'il s'agisse de la propagande, ou des causeries populaires, ou de nos petites réunions à nous, vos procédés seront les miens, vos heures seront les miennes (Romains, Knock, 1923, 2, p. 9).Adieu. Votre train siffle (Giraudoux, Siegfried, 1928, iv, 3, p. 172).
[La pers. à laquelle est rapportée à tort ou à raison la cause du mal] C'est (ce n'est pas) (de) votre faute; par votre fait. Comme j'ai pesté contre vous quand vous me cachiez la course, dans la loge, à Madrid! Et tantôt, quand j'ai cru mourir d'insolation par votre faute! (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 419).
[La pers. qui est l'orig. d'un don, d'un envoi] Je vous ai déjà remerciées de vos excellents fruits: Mmede Chateaubriand et moi nous mangeons tous les jours vos marrons en parlant de vous (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 40).
5. [Pour exprimer ce que l'on s'est approprié par le travail, par l'étude] Faites vos devoirs. Mon petit maître, si vous appreniez bien vos leçons (...), vous n'auriez point à vous plaindre de lui (A. France, Vie fleur, 1922, p. 319).La gratitude que partage toute la population de Saint-Maurice pour vos vingt-cinq années d'apostolat silencieux (Romains, Knock, 1923, iii, 8, p. 19).
6. [Pour exprimer des rapports d'habitude, de convenance, d'obligation] Quel est votre café, si on voulait vous faire dire quelque chose? Comment, mon café?Oui, votre café habituel.Je n'ai pas de café habituel, dit Alban, offensé (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 394).
[Avec faire; pour désigner un comportement affecté] Et l'on sent la princesse jalouse de la courtisane qui fait travailler des peintres. « Ne faites pas vos yeux jaunes, dit Hébert (...) » (Goncourt, Journal, 1865, p. 190).
[Pour désigner un mal dont l'interlocuteur souffre] On vous guérira là, voyez-vous, en vous guérissant votre toux (Goncourt, Journal, 1860, p. 857).Vous avez la fièvre. Ne décidez rien, que votre fièvre ne soit tombée (Montherl., Malatesta, 1946, i, 8, p. 458).
7. [Pour exprimer que l'interlocuteur est l'aut. d'un message, d'une œuvre, d'une production] Votre livre, votre roman, votre lettre, votre télégramme. Vous avez, vous, mon cher maître, une comparaison si juste dans votre chapitre sur l'Âme Littéraire quand vous assimilez la plaie ouverte sur certaines imaginations par certaines lectures au phénomène bien connu qui se produit sur les corps empoisonnés de diabète (Bourget, Disciple, 1889, p. 148).Le patron s'approcha tout de suite, et c'est Jeanne qui le déclara, cette fois: « Il était bien réussi, votre miroton » (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 235).
C. − [Par syllepse de la pers.]
1. [À la place de la 1repers. du sing., de je, par déférence, politesse ou soumission à un supérieur] Au fond, ce qu'elle veut, la charmante comtesse, c'est une incitation de ma part à éditer ces volumes pour le gros public, avec une préface de votre serviteur (Goncourt, Journal, 1894, p. 607).Votre gouverneur vous salue et se réjouit de vous voir assemblés comme de coutume en ces lieux (Camus, État de siège, 1948, 1repart., p. 204).
2. [À valeur indéf., soit de vérité gén., soit dans une description d'un récit, l'aut. prenant à témoin le lecteur potentiel] On ne fait pas les livres qu'on veut. Le hasard vous donne l'idée première; puis à votre insu, votre caractère, votre tempérament, vos humeurs, ce qu'il y a en vous de plus indépendant de vous-même, couvent cette idée, l'enfantent, la réalisent (Goncourt, Journal, 1861, p. 882).[Les gazelles] se laissent encore caresser, elles enfoncent plus tendrement encore leur museau dans votre paume... Mais à peine les lâchez-vous, vous découvrez qu'après un semblant de galop heureux, elles sont ramenées contre le treillage (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 250).
3. [S'emploie à la 2epers. avec vous, ou le plus souvent à la 3epers. du sing., par déférence, précédant un titre honorifique décerné à certains hauts dignitaires civils ou eccl.] Votre Altesse, Votre Altesse royale, Votre Altesse sérénissime, Votre Éminence, Votre Grandeur, Votre Majesté, Votre Seigneurie. Le Pape: Laissons cela, je ne me sens pas à mon aise dans ce moment. Perugia: Votre Sainteté est souffrante? (Montherl., Malatesta, 1946, iii, 6, p. 509).Monsieur le Secrétaire d'État, Le général Spears m'a fait connaître que le Gouvernement britannique, passant outre aux observations que j'ai soumises à Votre Excellence dans ma lettre du 3 février, a décidé d'autoriser le navire Providence à faire route librement de Beyrouth à Marseille (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 374).
Rare, au plur. [En s'adressant à plusieurs dignitaires du même rang] Je voudrais vous interroger, mesdemoiselles les reines. Je voudrais connaître quels sentiments animaient vos gracieuses Majestés durant cette longue journée où, ravies de plaisir et demi-mortes de froid, vous suscitiez l'enthousiasme populaire (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 240).Un domestique, entrant: Le Conseiller Siegfried attend vos Excellences, en bas, dans l'antichambre (Giraudoux, Siegfried, 1928, ii, 4, p. 100).
D. − [Avec des valeurs affectives (le plus souvent dans le vouvoiement)]
1. [Devant un prénom; pour exprimer la sympathie, l'affection] C'est-il Dieu possible que vous voilà, madame Nozière? Vous n'avez pas changé. Comme votre petit Pierre a grandi! Il ne se ressemble plus (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 240).
[À la fin d'une lettre, pour marquer l'affection, le dévouement au destinataire, dans la formule de conclusion précédant la signature] Votre affectionné, votre tout dévoué. Je termine en vous embrassant de tout cœur. Votre frère qui vous aime. À vous, Yves Kermadec (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 167).Comme je suis bien remis de mon épaule, je pourrai vous aider à la moisson. Votre fils qui pense bien à vous: Ernest Haudouin (Aymé, Jument, 1933, p. 189).
2. Péj. [Pour marquer une distance, l'objet possédé étant référé au seul interlocuteur]
[Avec des subst. de l'animé] Ce dissentiment sur le chapitre moustaches donnait lieu à des répliques acerbes entre les époux. « Vous voulez que votre fils ait l'air d'un esthète. » Alban devenait « votre fils », le fils de Mmede Bricoule seule (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 388).La prétendue « raison » de vos philosophes athées n'a jamais remporté sur la religion que de bien trompeuses, de bien éphémères victoires (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1380).
[Avec des subst. de l'inanimé] (...) À quoi bon se tourner les sangs. Laissez donc faire la justice.Ah! oui, parlons-en de votre justice! Me voilà-t-il pas seule ici maintenant pour répondre de tout (Bernanos, Crime, 1935, p. 815).Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent (Anouilh, Antig., 1946, p. 193).
3. [Pour exprimer l'intérêt personnel de l'interlocuteur à l'égard de la pers. ou de la chose dont il est question]
a) [Avec des subst. de l'animé] Votre héros, votre homme, votre monsieur. Elles sont gentilles, vos institutrices! Mais elles s'occupent de moi plus que je ne m'occupe d'elles (Colette, Cl. école, 1900, p. 197).Mon opinion diffère de la vôtre en ce que je crois avoir affaire, non à un spectre, mais à votre assassin du château (Giraudoux, Intermezzo, 1933, ii, 2, p. 103).
b) [Avec des subst. de l'inanimé] Je me souviens de ce dernier été, à Estoril, où j'entendais au téléphone sa voix amie: « J'ai trouvé votre rondo! » (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 175).
II. − Fonctionnement synt.
A. − [Accord selon la valeur coll. ou distributive]
1. [Choix entre le sing. votre ou le plur. vos]
a) [Si chacun des « possesseurs » ne possède qu'un être ou un objet on emploie votre si on veut insister sur l'individualité des « possesseurs »] Messieurs, déposez votre canne au vestiaire; donnez-moi votre chapeau (G. Mauger, Gramm. prat. du fr. d'auj.,1968, p. 135).
b) [On emploie vos si on veut insister sur la pluralité des éléments possédés par le groupe] Allez-vous-en tous! Allez rejoindre vos régiments! (Céline, Voyage, 1932, p. 30).
c) [Même si un seul élément est possédé, le plur. vos prévaut si la phrase indique une idée de réciprocité, d'échange, de jonction ou de compar.] Telles sont les directives auxquelles je vous prie de vous conformer dans vos échanges de vues sur la matière avec les départements britanniques (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 442).
2. [Choix entre votre/vos et son/sa/ses] [Après on] V. notre I C 2.[Après chacun] V. chacun I A 3 a.
B. − [Place de votre/vos; toujours proclitique, antéposé au subst. qu'il détermine, il ne prend jamais la fonction d'attribut à la différence de la forme tonique vôtre] V. supra I ex.
C. − Renforcement
1. [Avec une valeur réfl., votre/vos peut être renforcé]
a) [par à vous/à vous deux/à vous tous (plur.), à vous (plur. de politesse)] Je sais qu'il est un peu à vous, votre parrain à tous deux (Claudel, Père humil., 1920, i, 3, p. 503).Dans votre vie à vous, rien n'arrive (Claudel, Échange, 1954, i, p. 746).
b) [par propre, personnel] Ne croyez pas trop aux légendes de la haine et n'écoutez pas non plus vos ressentiments personnels (Bloy, Journal, 1892, p. 46).Comme rien ne réfléchissait votre visage, dans l'intérieur du collège, vos propres traits cessaient bientôt de vous être familiers (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 170).
Expr. et loc. De votre propre aveu, de votre propre bouche, de vos propres mains; par vos propres moyens. Il vous a invités, comme c'était son droit, à constater le fragrant délit, à le constater de visu, autrement dit; de vos propres yeux, par vous-mêmes! (Courteline, Gend. sans pitié, 1899, 1, p. 151).
2. [Devant un adj. au compar.; sert à former un superl.] Vos meilleurs amis. Si vous me demandez comment vous vous y prendrez pour résister à ces messieurs, sans bateaux, sans munitions, dont j'ai dû me pourvoir à vos dépens, Privé de vos meilleures troupes que je me suis permis de vous emprunter, sans argent, Je vous réponds que vous ferez comme vous pourrez (Claudel, Soulier, 1944, 2epart., 7, p. 1071).
D. −
1. [Votre/vos est normalement répété devant des subst. coordonnés ou juxtaposés] Vous vouliez satisfaire à la fois votre âme et votre chair, votre conscience et votre penchant, votre amour, comme vous dites, et votre ambition (Claudel, Soulier, 1repart., 2ejournée, 1944, 9, p. 1032).
2. [Votre/vos n'est pas répété]
a) [Devant des subst. de sens voisin] Vos faits et gestes, à vos risques et périls, en votre âme et conscience. Et vous vous ennuierez de vos biens, famille, patrie, votre nom et de votre bonheur même! (Claudel, Soulier, 1repart., 1rejournée, 1944, 3, p. 952).
b) [Dans un groupe nom. où le subst. présente des affinités et forme pour ainsi dire une formule lexicalisée] Vos amis et connaissances. Êtes-vous passé, dans tous vos tours et détours, par la rue Xaintrailles, à Paris? (Valéry, Variété IV, 1938, p. 186).
c) [Dans l'énoncé de qualités, notamment dans la lang. admin.] Vos nom et adresse. L'huissier: (...) La Brige! La Brige s'avance à la barre. Le président: Vos nom, prénoms et domicile (Courteline, Article 330, 1900, p. 258).
Rem. Dans ce cas, l'accord se fait au plur. pour l'ensemble des subst. sing.
Prononc. et Orth.: [vɔtʀ ̭], plur. [vo]. Ac. 1694, 1718: vostre; dep. 1740: votre. Étymol. et Hist. Déterm. poss. atone fonctionnant comme un art.; désigne la/les pers. indiquées par vous. I. Sens subjectif « qui est à vous, vous appartient » A. représente plusieurs pers. 1. désignées comme les agents ou les patients d'une action (rapport d'action) 937-952 plur. cas régime fém. (Jonas, éd. G. de Poerck, 208: faites vost alsmosnes); fin xes. cas régime masc. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 84: « Que m'en darez eˑl vos tradrai? Vostres talenz ademplirai »); 2. rapport de parenté, de communauté, de société fin xes. id. (Passion, 263: Audez, fillies Jerusalem [...] per vos et per vostres filz Plorez assaz); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 3411: Vengez voz filz, voz freres e voz heirs); ca 1100 sing. cas régime masc. (ibid., 229: Cum aucidrai eu vostre rei?); 3. rapport d'appartenance, de possession ca 1100 plur. cas régime fém. (ibid., 72: Branches d'olives en voz mains porterez); ca 1100 id. masc. (ibid., 1131: Kar a voz oilz veez les Sarrasins). B. Représente une seule pers. (plur. de politesse) 1. rapport d'appartenance, de possession a) ca 1050 sing. fém. cas suj. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 482: Cum est mudede vostra bela figure!); fin xiies. nord-est id. cas régime forme réduite de vo terre (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 352); b) ca 1100 cas régime masc. sing. (Roland, 1051: Cumpaign Rollant, kar sunez vostre corn); c) ca 1100 id. plur. (ibid., 237: Od voz caables avez fruiset ses murs); 2. rapport d'action ca 1100 sing. masc. cas régime et suj. (ibid., 330: Ademplir voeill vostre comandement; 616: Ben seit vostre comant!); a) ca 1215 cas suj. forme réduite (Aymeri de Narbonne, éd. L. Demaison, 1428: Bien li sera voz messages contés); b) ca 1100 fém. cas régime sing. (Roland, 3539: pur venger vostre hunte); ca 1100 id. plur. (ibid., 1232: De voz manaces, culvert, jo n'ai essoign); 3. a) rapport de vie soc., coll. ca 1100 cas suj. masc. sing. (ibid., 640: vostre emperere [cf. ca 1135 id. forme réduite (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 484: Se voz Dex a nul pooir)]); ca 1100 id. plur. (Roland, 3514: Ja vostre Deu ne vos erent guarant); ca 1100 cas régime masc. plur. (ibid., 133: bien purrez voz soldeiers luer); b) rapport de parenté α) ca 1100 masc. sing. cas suj. (ibid., 3499: Canabeus vostre frere est ocis [cf. 1225-29 pic. vos maris id. (Gerbert de Montreuil, Violette, éd. D. L. Buffum, 1291)]); ca 1100 masc. plur. cas régime (Roland, 1706: a trestuz vos parenz); ca 1135 id. cas suj. (Couronnement de Louis, réd. AB, 576: toz voz freres); β) ca 1100 fém. sing. cas régime (Roland, 637: a vostre femme); ca 1274 pic. id. cas suj. forme réduite (Adenet le Roi, Berte, éd. A. Henry, 1342: vo marrastre). II. Sens objectif « de votre personne, qu'inspire votre personne » ca 1100 pur vostre amur « pour l'amour de vous » (Roland, 2139). Le poss. vostre, atone et tonique (v. vôtre), est issu du lat. vŏster, forme arch. du class. vester (Plaute, Térence) peut-être anal. de noster (Ern. Morphol.,157; M. Niedermann, Phonét. hist. lat., § 29). Parad.-type de l'a. fr.: masc. sing., cas suj., cas régime [formes atones, formes toniques]: vostre (< voster; vostru); masc. plur., cas suj. [atone, tonique] vostre (< vostri); fém. sing., cas suj., cas régime [id.] vostre (< vostra); masc. et fém. plur., cas régime tonique vostres (< vostros; vostras), [atone] voz. Pour l'orig. de cette dernière forme et pour le parad. qui s'est constitué à partir d'elle (masc. sing. cas sujet vos, régime vo; plur. cas sujet vo, régime vos; fém. sing. vo, plur. vos), en usage notamment en pic. et dans les dial. du nord-est, cf. notre et Gossen, § 68. Le lat. vester (voster), adj. poss. corresp. au pron. pers. vos de la 2epers. du plur., signifie « qui est à vous » (sens subjectif) et « de vous, que vous inspirez » (sens objectif): odium vestrum (Tite Live, 30, 44, 7); empl. subst.: voster « votre maître » (Plaute, St., 664), « votre comportement » (Térence, Eun., 1066); vester « votre bien, votre argent » (Tite Live, 6, 15, 10), masc. plur. vestri « les vôtres, vos amis » (Cicéron, Nat., 3, 35). Dès les ve-vies., on relève vester corresp. au pron. pers. de la 2epers. du sing. tu, même lorsque ce pron. est exprimé: ves., Claudien Mamert, Ep., 1 ds Blaise Lat. chrét.: te dominum meum [...], scriptis vestris. Sur l'usage du vouvoiement en a. fr., v. vous. Fréq. abs. littér. Votre: 60 609. Vos: 25 160. Fréq. rel. littér. Votre: xixes.: a) 112 778, b) 112 941; xxes.: a) 72 680, b) 57 297. Vos: xixes.: a) 54 174, b) 42 058; xxes.: a) 28 752, b) 20 944. Bbg. Gardner (R.), Greene (M.A.). A Brief description of Middle Fr. syntax. Chapel Hill, 1958, p. 67-68. − Quem. DDL t. 38, 40. − Wunderli (P.). Les Struct. du possessif en m. fr. In: Ét. de synt. du m. fr. Paris, 1978, p. 131.

Wiktionnaire

Adjectif possessif - français

votre \vɔtʁ\

  1. Deuxième personne du pluriel au singulier. Qui est à vous. Plusieurs possesseurs et un seul objet ou un possesseur, à qui on s'adresse poliment, et un seul objet.
    • Avez-vous pris votre agenda ?
  2. Employé par déférence et précédant un titre honorifique donné à des hauts dignitaires civils ou religieux.
    • Votre Altesse, Votre Majesté.

Pronom personnel - ancien français

vos \Prononciation ?\

  1. Vous (sujet).
    • Sire, vos n’en avez talent — (Tristan, Béroul, vers 1200)
  2. Vous (emphatique, après une préposition).
    • Et per vostre filz plorez assaz qui obs vos es. — (La Passion du Christ, anonyme, vers 980)
      Vous pleurez beaucoup pour votre fils, qui est avec vous.
  3. Vous (objet direct).
    • Et respondi li ostes : « Bien vos ai escouté. » — (La Chanson des quatre fils Aymon, fin XIIe siècle, édition de Castets de 1909)
  4. Vous (objet indirect).
    • Primes didrai vos dels honors — (La Vie de saint Léger, anonyme, vers 980)
      D’abord, je vous parle des honneurs

Forme de nom commun - français

vos \vɛʁ.so\

  1. Abréviation de versos.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VOTRE. pron. possessif des deux genres
qui répond au pronom personnel Vous; il s'emploie avec l'article défini. Quand vous aurez entendu nos raisons, nous écouterons les vôtres. Ma maison est la vôtre.

VÔTRE s'emploie comme nom masculin et signifie Ce qui est à vous, ce qui vous appartient. Le vôtre et le nôtre, chacun le sien. Vous en serez du vôtre. Il signifie aussi Ce qui vient de vous. Vous y avez mis un peu du vôtre.

VÔTRES, au pluriel, s'emploie aussi substantivement et désigne Ceux qui sont de votre famille, vos parents. Vous et les vôtres. Vous avez d'abord le devoir de prendre soin des vôtres, d'aider les vôtres. Il désigne aussi Ceux qui sont de votre compagnie, de votre parti, de votre pays. Je ne puis me rendre à votre invitation, je ne serai pas des vôtres. Voilà un des vôtres. Les vôtres se sont bien battus, ont résisté courageusement. Fam., Vous faites des vôtres se dit à quelqu'un qui fait des folies, de bons tours ou même des actions répréhensibles. Il est alors féminin.

VÔTRE, sans article, s'emploie quelquefois comme adjectif. Ces effets sont vôtres. On dit plutôt aujourd'hui : Ces effets sont à vous. Fam., Je suis tout vôtre, Je vous suis tout dévoué.

Littré (1872-1877)

VOTRE (vo-tr'), au pluriel VOS (vô ; l's se lie : vô-z amis) adj. poss.
  • 1Il répond au pronom personnel vous, se met toujours devant le substantif, et se dit en parlant à une personne ou à plusieurs. Philinte : Dans vos brusques chagrins je ne vous puis comprendre ; Et, quoique amis enfin, je suis tout des premiers… - Alceste : Moi, votre ami ? rayez cela de vos papiers, Molière, Mis. I, 1. Quoiqu'il soit votre fils et même votre ouvrage, Il est votre empereur, Racine, Brit. IV, 2. Votre Oreste au berceau va-t-il finir sa vie ? Racine, Iphig. I, 1. D'ordinaire ces messieurs-là [les lutins] sont brusques ; ils ouvrent vos rideaux, tirent votre couverture, vous donnent quelques soufflets, et on ne sait ce qu'ils deviennent, Fontenelle, Lett. gal. 12. Adieu, Tithon et l'Aurore ; avez-vous gagné vos soixante-neuf ans au métier de Tithon ? Voltaire, Lett. Moncrif, 27 mars 1757. Ce mot de Mme de Sévigné à sa fille : J'ai mal à votre poitrine ; expression de génie, si l'on peut appeler ainsi ce que le cœur a inventé, Marmontel, Œuv. t. VII, p. 474.
  • 2Il se dit quelquefois non pas de ce que vous possédez, mais de ce dont vous parlez, de ce qui tient à vous d'une façon quelconque. Que voulez-vous dire avec votre bon visage ? Monsieur l'a fort mauvais, Molière, Mal. imag. II, 3. Astarbé vous défend de découvrir au roi quel est votre étranger, Fénelon, Tél. III. Et parbleu ! vous rêvez ; Pour connaître vos gens, mettez mieux vos lunettes, Regnard, Bal, sc. 13. Vous voulez rire avec vos quatre millions, Voltaire, Mél. hist. Quelques niaiseries, X. Votre Malebranche, lui dit un jour l'Ingénu, me paraît avoir écrit la moitié de son livre avec sa raison, et l'autre avec son imagination et ses préjugés, Voltaire, l'Ingénu, 10. Le marquis : Je vous ai parlé du chevalier de Villars. - Délie : Eh bien ? - Le marquis : Eh bien, c'est votre inconnu, Genlis, Théât. d'éduc. Zélie, III, 2. Relisez votre Molière, Picard, Capitaine Belronde, III, 3.
  • 3Avec un nom de personne, il se dit souvent par dédain ou par colère. Voici votre Achorée, Corneille, Pomp. v, 2. Revenez à moi, me dit-elle, et je me moquerai de votre Monsieur [le frère do Louis XIII], qui est le dernier des hommes, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 365, dans POUGENS. Voici votre Mathan : je vous laisse avec lui, Racine, Ath. II, 4.
  • 4Votre, vos, placé devant les adverbes comparatifs fait le superlatif. Votre plus grande dépense. Vos moins chers volumes.

REMARQUE

Au XVIIe siècle, on répétait volontiers votre devant un second adjectif, quand il y en avait deux : Renoncer à ce qui devrait être votre souveraine et votre unique consolation, Bourdaloue, Domin. 5° dimanche après Pâques, Prière, t. II, p. 199. On dirait aujourd'hui : Votre souveraine et unique consolation.

HISTORIQUE

XIe s. Je jetai voz choses de la nef pur poür [peur] de mort, Lois de Guill. 38. Branche d'olive en vos mains porterez, Ch. de Rol. v. Dunt bien purrez voz soldeiers luer, ib. IX. Vostre curages est mult pesmes e fiers, ib. XVIII.

XIIe s. [Je] Proi vous, dame, par vo très grant valors, Que vous amez [aimiez] vostre loial ami, Couci, VII. Mais quant vostre oil [vos yeux] me veulent regarder, Et je remir le vostre biau cors gent, ib. x. Et vos [votre] douz front qui plus est clair que glace, ib. X.

XIIIe s. Seigneur, j'ai bien veues vos lettres, et bien sai tout certainement que vostre seigneur sont li plus haut home qui soient, Villehardouin, XI. Fille, ce dist li rois, ressemblez [à] vostre mere, Berte, IV. Mere, ce dist Aliste, Diex oie vo priere, ib. XI. Bien est vos traïsons veüe et esprouvée, ib. XVI. Sire, que la vostre ame soit de Dieu couronnée, ib. XLVI. Quant pour vostre marastre vo pere avez perdu, ib. LI. Vo marastre vous a et ferue et laidite, ib. LIX.

XVe s. Ilz se recommandent à vous comme vostres chevaliers, Perceforest, t. VI, f° 105.

XVIe s. Et votre amour [l'amour que je vous porte] m'excuse, Qui troubla tant mes douloureux esprits, Marot, I, 352.

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Étymologie de « votre »

Du latin populaire *voster (il existait également une forme voster en latin archaïque, mais on ne la trouve plus en latin classique), altération du latin classique vester « votre, vôtre », par influence de vos « vous » et par analogie avec noster « notre, nôtre ».
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Phonétique du mot « votre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
votre vɔtr

Fréquence d'apparition du mot « votre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « votre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « votre »

  • Aux vertus qu’on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets ?
    Beaumarchais — Le Barbier de Séville
  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • Puis il demanda à Odin de se couvrir l’œil gauche et de faire la même chose. Combien ? Deux. Très bien. Maintenant couvrez votre œil droit. Obscurité. Merde. Cet œil était irrécupérable. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, dit Odin. Merci, docteur.
    Mark Schorr — L’œil était dans la bombe
  • Masques ! O Masques !Masque noir masque rouge, vous masques blanc-et-noirMasques aux quatre points où souffle l’EspritJe vous salue dans le silence !Et pas toi le dernier, Ancêtre à tête de lion. Vous gardez ce lieu forclos à tout rire de femme, à tout sourire qui se fane, Vous distillez cet air d’éternité où je respire l’air de mes Pères.Masques aux visages sans masque, dépouillés de toute fossette comme de toute rideQui avez composé ce portrait, ce visage mien penché sur l’autel de papier blanc A votre image, écoutez-moi !Voici que meurt l’Afrique des empires – c’est l’agonie d’une princesse pitoyable Et aussi l’Europe à qui nous sommes liés par le nombril. […]
    Léopold Sédar Senghor — « Masques »
  • Skeffington manifesta un certain étonnement. « Ma parole, dit-il, vous êtes en train de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Je ne m’attendais pas à un tel concert d’optimisme de votre part. Si je ne vous savais pas si prudents et expérimentés, je vous accuserais presque de prendre vos désirs pour des réalités. »
    Edwin O’Connor — La dernière fanfare
  • Je vous dois des remerciements, Monsieur, pour votre pâté de perdrix, mais Mme Denis et les dames qui passent l’hiver avec nous, vous en doivent bien davantage, car elles s’en sont crevées, et il ne m’est pas permis d’en manger. Je suis réduit en tout genre à n’être que témoin du plaisir de mon prochain.
    Voltaire — Correspondance
  • De surcroît, pour ranimer votre courage, elle vous donne toutes les raisons de croire que l’aile de l’abbaye que vous habitez est sans aucun doute hantée et vous informe qu’il n’y aura pas un seul domestique à portée de voix. Sur ces paroles rassurantes, elle s’en va après avoir tiré sa révérence. Vous écoutez décroître le bruit de ses pas tant que le dernier écho résonne à vos oreilles et quand, le cœur défaillant, vous essayez de fermer votre porte, vous vous apercevez, plus inquiète que jamais, qu’elle n’a pas de verrou.
    Jane Austen — L’Abbaye de Northanger
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Traductions du mot « votre »

Langue Traduction
Anglais your
Espagnol tu
Italien vostro
Allemand ihre
Chinois 您的
Arabe الخاص بك
Portugais seu
Russe твой
Japonais 君の
Basque zure
Corse u vostru
Source : Google Translate API

Synonymes de « votre »

Source : synonymes de votre sur lebonsynonyme.fr

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