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Veau

Variantes Singulier Pluriel
Masculin veau veaux

Définitions de « veau »

Trésor de la Langue Française informatisé

VEAU, subst. masc.

A. −
1. ZOOL. Petit de la vache (mâle ou femelle) avant son sevrage à un an. Le veau beugle, meugle, tète sa mère; veau mort-né. Quatre veaux broutaient l'herbe bien verte sous l'abri des arbres (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Abandonné, 1884, p. 470).V. bœuf ex. 1.
Rem. Après un an le veau femelle s'appelle génisse et le mâle, bouvillon ou taurillon.
ÉLEV. Veau de boucherie, d'élevage; veau fermier; veau (élevé) sous la mère; veau de rivière (v. ce mot II A 1). Veau de lait. Veau élevé principalement au lait de vache. La petite fille, une main au cou d'un veau de lait attaché au râtelier, ignorant s'il tétait encore ou non, lui offrait de l'autre une poignée d'herbe (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 173).
2. Expr. et loc.
a) P. compar., fam.
Pleurer* comme un veau. Var. brailler (pop.), chialer comme un veau (fam.).
Être étendu comme un veau. Être vautré. Synon. être avachi.Il est étendu comme un veau sur son lit, et pleure comme une Madeleine (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 113).
Saigner comme un veau. Saigner abondamment (comme un veau à l'abattoir). L'embêtant, c'est que je saigne comme un veau (Malraux, Conquér., 1928, p. 141).
b) Loc. nom., fam.
Yeux de veau. Gros yeux globuleux et inexpressifs. Les paupières de Lucien battirent trois fois sur ses bons yeux de veau (H. Bazin, Huile sur feu, 1954, p. 200).
Tête, air, figure... de veau. [Pour qualifier un visage épais aux traits inexpressifs] C'est une tête de veau sur un corps de porc (Balzac, Goriot, 1835, p. 198).P. méton. « Pourquoi, le savez-vous, m'a-t-elle amené sa tête de veau? » Elle parlait du mari, qui a de très grandes prétentions physiques (Goncourt, Journal, 1878, p. 1261).
En interj. [Terme d'injure] Le Cocher: Paquet!... Outil!... Tête de veau! La Brige, qui, en effet est chauve: J'ai la tête d'un veau, mais vous en avez l'âme (Courteline, Client sér., Mauv. cocher, 1893, p. 217).
c) Loc. verb. fig. Prendre la vache* et le veau.
d) P. allus. littér. ou biblique
Adieu, veau, vache*, cochon, couvée.
Tuer le veau gras. [P. réf. à la parabole de l'enfant prodigue (Luc, 15)] Faire un festin en l'honneur d'une personne qui revient après une longue absence, ou simplement à l'occasion d'une réunion familiale ou amicale. Il s'était dit qu'il tuerait le veau gras le jour de mon retour: en effet, son déjeuner fut splendide (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 148).
Le veau d'or. [P. réf. à la statue érigée par les Hébreux au pied du Mont Sinaï et qu'ils vénéraient comme une idole (Exode, 32)] Puissance de l'argent, des richesses. L'oncle Charles révisa ces catéchismes d'avarice et d'usure. On n'avait jamais vu cela, un banquier contre le veau d'or (Giraudoux, Bella, 1926, p. 28).
Adorer, sacrifier, rendre un culte au veau d'or. S'abaisser devant un personnage puissant ou riche; céder aux puissances de l'argent. Tout en convoitant les millions, il ne s'était pas abaissé à les courtiser; s'il avait, lui aussi, sacrifié au veau d'or, il l'avait fait sans incliner le front ni ployer le genou (Sandeau, Sacs, 1851, p. 38).
3. P. méton.
a) BOUCH., ART CULIN. Viande de cet animal, pouvant être accommodée de nombreuses manières. Manger du veau. Côte, côtelette, épaule, escalope, jarret, longe, noix, ris, rouelle, tendron de veau; veau rôti; veau marengo; blanquette, paupiettes, sauté de veau. Grandcassis: Qu'est-ce que vous avez?... Le Traiteur, avec volubilité: Tête de veau, foie de veau, poitrine de veau, oreilles de veau, mou de veau, pieds de veau, queue de veau... Bouchencœur: Mais c'est un veau complet! (Labiche, Noces Bouchencœur, 1857, I, 2, p. 138).Il fallait à Beethoven son rôti de veau tous les mardis, faute de quoi il se mettait dans une colère noire (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 364).V. bœuf ex. 7.
Bouillon de veau, eau de veau. Eau dans laquelle on a fait bouillir une pièce de veau et à laquelle on attribuait naguère des vertus curatives. Tant qu'il y aura de la fièvre, on ne donnera que des bouillons de veau ou de poulet (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 411).
Tête* de veau.
b) MAROQ., PEAUSS., TANN. Peau d'un jeune bovin (veau ou génisse) tannée et corroyée et dont la surface est lisse et brillante. Veau granité, marbré, poli, teinté, velours; peau de veau tannée au chrome. On me vit arriver, à sept heures du matin, avec ma très-petite valise en veau fauve sous mon bras (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 7).Il marchait si difficilement qu'il gardait des souliers en veau d'Orléans par toutes les saisons (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 33).
RELIURE. Synon. vélin.Volume relié en veau (fauve, jaune, plein). Aujourd'hui une reliure pleine en maroquin, en chagrin ou en veau est une reliure de luxe, c'est un travail de maroquinerie (Civilis. écr., 1939, p. 12-3).
B. − P. anal.
1. ZOOL. Veau (marin). Mammifère marin des régions tempérées dont la tête évoque celle d'un veau. Synon. phoque.V. ce mot A 1 rem. et ex. de Verne.
PEAUSS. Peau de phoque tannée utilisée dans la fabrication de vêtements, chapeaux ou chaussures. Deux casaques, l'une de peau de cygne, l'autre de peau de veau marin, enveloppoient leur corps (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 418).
2. CHARPENT. Résidu ou partie ventrue qui se détache d'une pièce de bois lorsqu'on la cintre. Pour l'exécution des baies cintrées, les cintres se composent de pièces rendues courbes à l'extérieur par une levée qui s'appelle un veau (E. Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 30).
3. GLACIOL. ,,Fragment de glace flottant sur une masse d'eau à la suite d'un vêlage, d'un banc de glace ou d'un iceberg`` (Villen. 1974).
C. − P. anal., fam., péj.
1. Personne paresseuse, sans énergie et souvent stupide. Un grand veau. Pourquoi fallait-il précisément ce gros veau plein de sale bière et d'alcool pour que ce miracle s'accomplît? (Sartre, Nausée, 1938, p. 221).
Empl. adj. Paresseux, nonchalant. Sur ce, bonsoir. Dieu, que je suis veau! Je te laisse [à Flaubert] le titre de vache, que tu t'attribues dans tes jours de lassitude (Sand, Corresp., t. 5, 1867, p. 183).
En interj. [Terme d'injure] Synon. vache, cochon, salaud.Il se mit à brûler tout ce qu'il avait adoré, tout ce qu'il nous avait fait adorer, reniant ses amis, ses maîtres, ses dieux, bredouillant, ânonnant des imprécations nébuleuses: « Tous des veaux! Tous des cochons! Vous aimez ça, vous? Ça vous juge! Quelle misère! » (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 100).
2. Cheval de course qui réalise de mauvaises performances. Synon. canasson, tocard.On admettait bien d'entendre un homme parler de son cheval comme d'un « veau », d'une « rosse » (...); mais, s'il arrivait jamais qu'il prononçât « ma bête », il se disqualifiait jusqu'à la fin de ses jours (La Varende, Centaure de Dieu, 1938, p. 51).
3. Moyen de transport lourd, peu performant; en partic., automobile poussive, aux reprises lentes. Tiens, la nouvelle M. Peuh! un veau! Elle ne monte même pas à 200! (H. Kubnick, Les Forçats du week-end, 1967ds Gilb. 1980).
REM.
Viauper, verbe intrans.,arg., vx. Crier, pleurer comme un veau. Le refrain recommença, plus ralenti et plus larmoyant, tous se lâchèrent, tous viaupèrent dans leurs assiettes, se déboutonnant le ventre, crevant d'attendrissement (Zola, Assommoir, 1877, p. 590).V. cocarder ex. de Zola.
Prononc. et Orth.: [vo]. Homon. val (sous la forme plur. vaux), valoir (prés. de l'ind. 1, 2, 3 pers.), vos. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 vedel « petit de la vache jusqu'à un an » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XLIX, 10); 1remoit. xiies. veel « id. » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, XXI, 12); fin xiies. veau (Conon de BÉthune d'apr. Lar. Lang. fr. cette attest. n'a pu être vérifiée); mil. xves. (Evangile des quenouilles, éd. M. Jeay, 1841, p. 128); d'où a) ca 1170 veel d'or « idole en or, représentant un veau, adorée par les Hébreux, alors que Moïse était sur le mont Sinaï » (Rois, éd. E. Curtius, III, XII, 29, p. 142); 1485 veau d'or (Myst. Vieux Testament, XXIX, 25482, éd. J. de Rothschild, t. 3, p. 355); 1690 id. « symbole de richesse » (Fur.); b) ca 1225 cras veel « veau engraissé pour être mangé » occire le cras veel « faire un régal pour fêter le retour de quelqu'un » (Gautier de Coinci, Mir. de N.D., éd. V. F. Kœnig, I Mir 10, 1616); 1640 faire tuer le veau gras « id. » (Oudin Curiositez); c) 1396 viaul de lait « veau qui tête encore sa mère » (10 mars, Invent. de meubles de la mairie de Dijon, A. Côte-d'Or ds Gdf. Compl.); 1660 veau de lait (Oudin Esp.-Fr.); d) fin xves. hurler comme ung veau (Le « Mystère de la Passion » de Troyes, éd. J. Cl. Bibolet, t. 1, 3905); 1531 rire comme un veau (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, III, 27); 1606 pleurer comme un veau (La Rencontre merveilleuse de Piedaigrete avec maistre Guillaume, 6 (s.l.) ds Quem. DDL t. 19); e) 1532 veaul de disme « gros lourdeau » (Rabelais, op. cit., IX bis, 92); 1872 veau de dîme « veau très gras, qui était choisi de préférence pour payer la dîme aux églises » (Littré); 2. a) 1205-50 parchemin de veel « parchemin fait avec la peau tannée et corroyée du veau ou de la génisse » (Renart, éd. E. Martin, XXIII, 1141); b) 1462 peau de veau (Villon, Testament, éd. L. Thuasne, 698); 1537 en veau (B. Des Périers, Cymbalum mundi, Dialogue Premier ds Œuvres françoises, éd. L. Lacour, t. 1, p. 318); 3. 1480-90 « viande de cet animal utilisée pour l'alimentation » un beau pasté de veau (Guillaume Coquillart, Monologue des Perrucques, 69 ds Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 321); cf. 1585 un grand plat garny de bœuf, mouton, veau, et Lard (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, XXII ds Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 162); 4. 1480 fig. et fam. « personne niaise, paresseuse ou encore indolente et veule » ung sot ou ung veau! (Guillaume Coquillart, Nouveaulx Droitz, 154, p. 136); cf. 1485 A! que tu es veau (Myst. Vieux Testament, XLIII, 46332, t. 6, p. 89); 1654 étendu comme un veau (Scarron, Virgile travesti, éd. V. Fournel, III, p. 143); 5. 1538 zool. veau de mer (Est.); 1562 veau marin (Du Pinet, trad. Hist. du monde de C. Pline Second, Lyon, Cl. Serreton, livre IX, chap. 13, t. I, p. 346; livre XI, chap. 37, t. I, p. 446); 6. a) 1551 « partie d'un champ labouré que le soc de la charrue n'a point atteint » les mottes ou veaus et lieus non labourés (Cotereau, Colum., II, 4 ds Gdf. Compl.); d'où 1842 « partie d'un champ où le blé n'a pas poussé » (Ac. Compl.); actuellement région. (FEW t. 14, p. 546a); b) 1701 « chute, déchet de bois qu'on enlève » (Fur.); 7. a) 1901 arg. « cheval qui court très mal » (arg. de Saint Cyr et des turfistes d'apr. Esn. 1966); b) 1919 « hydravion, c'est-à-dire lourd et massif appareil » (E. Vedel, Quatre ans de guerre sous marine, Paris, Plon Nourrit, p. 302); d'où 1935 « voiture qui manque de reprise; moteur poussif » (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi! p. 223). Du lat. class. *vĭtellus « petit veau » moins usuel que vĭtŭlus « veau ». Fréq. abs. littér.: 808. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 822, b) 1 397; xxes.: a) 1 703, b) 961. Bbg. Quem. DDL t. 5, 9, 17, 19, 38.

Wiktionnaire

Nom commun - français

veau \vo\ masculin (pour la femelle, on dit : velle) (non standard)

  1. Petit de la vache.
    • Une bousculade plus violente se produisit ; les petits veaux et les génisses rejetés de droite et de gauche par la poussée des grands bestiaux s’égratignèrent aux ronces flottantes des haies. — (Louis Pergaud, Un satyre, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Veau gras. — Un veau qui est encore sous sa mère.
  2. (Par métonymie) Chair du veau ; viande qu’on a mise en quartiers à la boucherie et qu’on y débite.
    • J'y ai dîné, et même assez mesquinement, car nous étions quatre inattendus, et la côtelette de veau jouait un principal rôle dans ce festin, comme sur nos tables d'hôte depuis quelques jours. — (Saintine, Les métamorphoses de la femme, Paris : Charlieu, 1857, p.202)
    • Demandez à votre boucher de découper le veau en morceaux, sinon commencez par cette étape. — (Valérie Duclos, Mes recettes de vacances, Paris : First-Grûnd, 2011, éd. 2012, page 18)
  3. (Par métonymie) (Travail du cuir) Cuir de veau.
    • Des livres reliés en veau.
    • Reliure de veau fauve, de veau marbré.
  4. (Figuré) (Péjoratif) Personne nonchalante et stupide.
    • Le domestique, un nouveau domestique, exécutait son service en dépit du bon sens et, finalement, me jeta quelques gouttes de sauce sur le bras. « — Quel veau ! » m'écriai-je impatienté. — (Alphonse Allais, Utilité des auteurs classiques)
    • Je dis pas que, moi, je serais allé jusqu'à fricoter avec les Boches. Même si les Français étaient des veaux, j'aurais pas pu m'empêcher d'être de leur côté. On a sa fierté. — (Tony Cartano, Schmutz, Grasset, 1987)
  5. (Géographie) Masse de glace qui se détache d'un iceberg.
  6. (Figuré) (Péjoratif) Vieille voiture qui fonctionne mal.
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Littré (1872-1877)

VEAU (vô ; au XVIe siècle, d'après Bèze, on prononce veo, un e fermé s'entend avec o et ne fait qu'un son, on ne doit pas prononcer viau comme les Parisiens) s. m.
  • 1Nom du petit de la vache, pendant la première année. Et qui m'empêchera de mettre en notre étable Une vache et son veau ? La Fontaine, Fabl. VII, 10. Le premier hiver est le temps le plus dangereux de la vie des veaux et, par conséquent, celui où ils demandent le plus de soins, Genlis, Maison rust. t. I, p. 227, dans POUGENS.

    Veau de lait, veau qui tète encore sa mère, dit, au XVIIe siècle, veau mongane (de l'ital. mongana, veau qui tète).

    Veau broutier, veau qui a commencé à manger du foin, de l'herbe.

    Veau de dîme, veau très gras, qui était choisi de préférence pour payer la dîme aux églises.

    Veaux de rivière, veaux engraissés aux environs de Rouen, dans des prairies qui bordent la Seine. Une longe de veau de rivière longue comme cela, blanche, délicate, et qui, sous les dents, est une vraie pâte d'amande, Molière, Bourg. gent. IV, 1. Vous êtes-vous souvenu d'aller à ce messager de Rouen savoir si ce quartier de veau de rivière, ce muid de cidre, ces pots de noix confites et ces deux témoins sont arrivés ? Dancourt, Femme d'intr. I, 3.

    Veau gras, veau engraissé pour la boucherie. Amenez aussi le veau gras, et le tuez ; mangeons et faisons bonne chère, Sacy, Bible, Évangile St Luc, XV, 23.

    Fig. Tuer le veau gras, faire un régal pour fêter le retour de quelqu'un, par allusion au veau gras tué dans l'Évangile pour le retour de l'enfant prodigue. Il s'était dit qu'il tuerait le veau gras le jour de mon retour ; en effet son déjeuner fut splendide, Reybaud, Jér. Patur. I, 16. Les étudiants [après avoir pris l'inscription de juillet]… n'ont rien de mieux à faire qu'à revenir dans leurs familles, où ils savent que le veau gras les attend, Ch. de Bernard, un Homme sérieux, v.

    Fig. et familièrement. Faire le pied de veau à quelqu'un, lui aller faire des révérences, des soumissions, lui témoigner une complaisance servile. Si vous aviez appris à prendre le temps comme il vient, et à ne pas négliger les pieds de veau de Provence, Sévigné, 17 janv. 1680.

    S'étendre comme un veau, faire le veau, se dit d'un homme qui se tient d'une manière nonchalante. Tu t'amuses ainsi qu'un veau, Comme un blondin qui fait le beau, à dormir jusqu'à près d'onze heures, Scarron, Virg. VII. Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis, Fait le veau sur son âne, et pense être bien sage, La Fontaine, Fabl. III, 1.

    Avoir la fièvre de veau, trembler quand on est soûl, avoir un petit frisson après le repas.

    Pleurer comme un veau, pleurer en poussant des sanglots. Je serai donc mangé des soles, Cria-t-il pleurant comme un veau, Et je finirai dedans l'eau, Scarron, Virg. I. Son pauvre mari [de la duchesse du Maine] pleurait comme un veau des reproches qu'il avait sans cesse à essuyer de ses emportements contre lui, Saint-Simon, 518, 126.

  • 2Veau mis en quartiers à la boucherie et qu'on y débite. Une longe de veau. Jarret de veau. Pied de veau. Côtelettes de veau.
  • 3La chair du veau. Manger du veau. On me donnait un perdreau ; j'eusse voulu du veau, une tourterelle, Sévigné, 569.

    Eau de veau, eau dans laquelle on a fait bouillir, sans sel, un morceau de veau, et qu'on prend pour se rafraîchir.

  • 4Veau d'or, idole que les Israélites se firent faire au pied du mont Sinaï, et à laquelle ils rendirent un culte, en imitation de celui du bœuf Apis en Égypte.

    Fig. Le veau d'or, le culte des richesses. Adorer le veau d'or. Quand le peuple hébreu dans vos fêtes Vous voit adorer son veau d'or, Béranger, Vertu de Lis.

    Plier les genoux devant le veau d'or, faire bassement sa cour à un homme riche ou puissant, faire des bassesses pour devenir riche ou puissant.

    Fig. Veau d'or, homme qui n'a pas d'autre mérite que d'être riche

  • 5Idole faite à l'imitation du veau d'or des Israélites. Il fit [Jéroboam] deux veaux d'or, et dit au peuple : N'allez plus à l'avenir à Jérusalem ; Israël, voici vos dieux qui vous ont tiré d'Égypte, Sacy, Bible, Rois, III, XII, 28. Les Druzes du mont Liban rendent un culte secret à des simulacres de bœufs ou de veaux, couverts de caractères dont la valeur n'est connue parmi eux-mêmes que des initiés, Silvestre de Sacy, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. III, p. 77.
  • 6Cuir de veau. Des souliers de veau. Et s'il lui plaît encor qu'on me relie en veau, Régnier, Sat. XI. Il semble à trois gredins dans leur petit cerveau, Que, pour être imprimés et reliés en veau, Les voilà, dans l'État, d'importantes personnes, Molière, Femm. sav. IV, 3. Presque toutes les reliures en veau des XVe et XVIe siècles étaient fauves… on est toujours revenu au veau fauve, Lesné, la Reliure, p. 118 et 119.

    Fig. Il se fait relier en veau, il fait des livres, il est auteur.

    Fig. Un vieux bouquin relié en veau, un vieillard qui fait le jeune homme (mot qui fut appliqué au duc de Richelieu, sous Louis XV).

  • 7 Fig. et familièrement. Nigaud, niais. Ce malheur est venu de quelques jeunes veaux Qui mettent à l'encan l'honneur…, Régnier, Sat. IV.
  • 8 Fig. et familièrement. Brides à veaux, voy. BRIDES.
  • 9Veau marin, un des noms donnés au phoque commun de Buffon, dit aussi phoque veau marin.
  • 10Coquille univalve (genre cône).

    Veau panaché, le cône vitulin.

    Veau lisse, nom donné au cône vulpin, côtes de Guinée, dit aussi renard, et qui est le cône renard de certains auteurs.

  • 11 Terme de construction. Levée qu'on fait dans une pièce de bois, pour la cintrer suivant une courbe déterminée.
  • 12Place où le blé manque dans un champ.

    PROVERBE

    Il a pris la vache et le veau, voy. VACHE.

HISTORIQUE

XIIe s. Ne receverai de la tue maison [de ta maison] vedels ne de tes fuls [troupeaux] bues [bœufs], Liber psalm. p. 66.

XIIIe s. Un tor et une vache ensemble Qui a avec lui son veel, Ren. 5761.

XVe s. Et Dieu sçait s'elle parlera Gravement en termes nouveaulx, Afin d'estonner povres veaulx, Coquillart, Droits nouv.

XVIe s. Il ne m'a point dit s'il le veut en veau, ou couvert de veloux, Despériers, Cymbal. 74. Nos veaux de philosophes [sots], Despériers, ib. 95. Sacs de peau de veau pour la poudre et les boulets, D'Aubigné, Hist. III, 87. Les veaux à laict, et les bouveaux et genisses, De Serres, 281. Veau mal cuit et poulets crus Font les cimetieres bossus, H. Estienne, Précell. 173. Il estoit fils d'une Marrane, Comme tu es au demourant, Aussi vedel et ignorant, Marot, II, 197. Et n'estoient que gros veaux de disme, Rabelais, II, 10. Au dessus de sa teste comme en une nue y avoit une nymphe qui avoit un escriteau portant ces mots : gardez-vous de faire le veau, Sat. Mén. Tapisserie des Estats. Celui qui, pour estre estimé un gros lourdaut, est par nous appellé veau de disme, Pasquier, Rech. VIII, p. 701, dans LACURNE. Si cest escrimeur n'a autres armes que celles-là pour me combattre, croyez qu'il le faut envoyer en la place aux veaux, Pasquier, Lett. t. II, p. 703.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VEAU.

PROVERBE

Ajoutez :

Changement d'herbe réjouit les veaux, se dit pour exprimer que les changements plaisent d'ordinaire aux jeunes gens.

On voit à la boucherie plus de veaux que de bœufs, c'est-à-dire il meurt plus de jeunes que de vieux.

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Étymologie de « veau »

Du latin vitellus, diminutif de vitulus (« veau »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Bourguign. véaa ; Berry, viau, faire le viau, se dit d'une personne qui, par sa propre faute, manque de réussir dans quelque affaire ; picard, viau, vieu ; wallon, vai, via ; provenç. vedel, vedelh ; catal. vedell ; ital. vitello ; du lat. vitellus, dimin. de vitulus, qui tient au grec ἱταλὸς, veau, d'où l'Italie paraît avoir tiré son nom chez les Grecs à cause de son abondance en bêtes à cornes. C'est le sanscrit vatsa, veau et année ; d'où l'on a conjecturé que le mot signifiait proprement bête d'un an.

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Phonétique du mot « veau »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
veau vo

Fréquence d'apparition du mot « veau » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « veau »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « veau »

  • On peut aimer le caviar et avoir envie d'une blanquette de veau.
    Guy Bedos — Télérama - 1992
  • Le veau ne perd pas sa mère même dans l'obscurité.
    Proverbe africain
  • Le lion et le veau devraient se coucher côte à côte mais le veau ne dormirait pas beaucoup.
    Woody Allen
  • Celui qui n'a ni vache, ni veau, dort bien.
    Proverbe indien
  • La dette est une corde qui sépare le veau de sa mère.
    Massa Makan Diabaté — Le Boucher de Kouta
  • Vous cherchez des idées pour accompagner votre rôti de veau ? Découvrez vite nos propositions gourmandes pour le sublimer.
    Femme Actuelle — Quel accompagnement pour le rôti de veau ? : Femme Actuelle Le MAG
  • Nous en avons assez de manger de la vache enragée avec comme seule perspective l’espoir de goûter au veau d’or.
    Anonyme — Paroles de Mai 68
  • Qui a porté un veau peut porter un boeuf.
    Pétrone — Satiricon
  • C’est parce que nos paysans ne reculent pas devant la besogne que notre race nationale donne maintenant des veaux de qualité.
    Anonyme
  • Le veau d'or ? Il vaudra moins cher demain que le veau naturel.
    Paul Valéry — Mon faust
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Traductions du mot « veau »

Langue Traduction
Anglais veal
Espagnol ternera
Italien vitello
Allemand kalbfleisch
Chinois 小牛肉
Arabe لحم العجل
Portugais vitela
Russe телятина
Japonais 子牛の肉
Basque txekor
Corse vitella
Source : Google Translate API

Synonymes de « veau »

Source : synonymes de veau sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot veau au Scrabble ?

Nombre de points du mot veau au scrabble : 7 points

Veau

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