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Rétention

Variantes Singulier Pluriel
Féminin rétention rétentions

Définitions de « rétention »

Trésor de la Langue Française informatisé

RÉTENTION, subst. fém.

A. − Action de garder par devers soi ce qu'on devrait mettre en circulation, ce qu'on devrait diffuser. Rétention d'information. En certains cas le crédit a eu pour effet (...) de permettre l'acquisition anticipée ou la rétention de marchandises dans la crainte ou l'espoir d'une hausse future (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 10, col. 1).La rétention des fruits du progrès par la grande entreprise, combattue par le syndicat, l'opinion, la loi, ne l'est plus guère quand elle est le péché des nations (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 19).
DR. Droit de rétention. Droit qu'a un créancier de garder un bien appartenant à un débiteur, jusqu'à acquittement de la dette. (Dict. xxes.).
B. − PHILOS., PSYCHOL. Mémorisation des perceptions, des sensations. Après la perception vient la rétention ou la puissance de retenir les perceptions actuelles, les idées, de les contempler lorsqu'elles sont présentes, ou de les rappeler lorsqu'elles sont évanouies (Cousin, Hist. philos. mod., t. 3, 1847, p. 97).
[P. oppos. à protension] ,,Tension en arrière, retour de l'esprit vers le passé immédiat`` (Foulq.-St-Jean 1962). Or chaque moment présent a par essence un horizon d'anticipation (ou comme dit Husserl, de protention), et un horizon de mémoire ou mieux, au sens le plus large du mot, de rétention. « Le présent devient sans cesse un autre présent », cela signifie: « chaque futur anticipé devient présent » et « le présent devient passé retenu (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 143).V. protension ex.
C. −
1. MÉD. Accumulation et maintien dans l'organisme de produits qui devraient être éliminés. Rétention d'urine; rétention placentaire; rétention d'eau dans les tissus. Le sang, s'étant porté sur la vessie, occasionna une rétention qu'on essaya de soulager au moyen de la sonde (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 481).La rétention dont il [J.-J. Rousseau] souffrait déterminait toujours de nouveaux troubles que les médecins d'alors ne pouvaient expliquer (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p. 260).
2. PÉDOL. ,,Phénomène par lequel un sol retient en son sein une certaine quantité d'eau`` (Lar. agric. 1981).
REM. 1.
Rétentionnaire, adj. et subst.Celui, celle qui exerce un droit de rétention. (Dict. xixeet xxes.). Synon. rétenteur.
2.
Rétentionnel, -elle, adj.,philos., psychol. Relatif à la rétention. Les impressions kinesthésiques sont unifiées, elles aussi [comme les impressions visuelles], par des actes rétentionnels et protentionnels (Sartre, Imaginaire, 1940, p. 103).
3.
Rétentionniste, subst.,méd. ,,Patient affecté de rétention d'urine`` (GDEL).
Prononc. et Orth.: [ʀetɑ ̃sjɔ ̃]. Ac. 1694, 1718: retension; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1291 « action de réserver ses droits » (Trésor des Chartes de Rethel, I, 415, 15 ds Runk, p. 102); 1690 droit de retention (Fur.); 2. 1314 « empêchement de l'évacuation d'un liquide ou d'un solide habituellement évacué par le corps » (Chirurgie Henri de Mondeville, 527 ds T.-L.); 3. ca 1590 « mémoire » (Montaigne, Essais, II, X, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 408); 4. av. 1632 « dissimulation, fait de garder une information » (A. Hardy, Félismène, Théâtre, éd. Stengel, III, 175-176 ds IGLF); 5. 1645 arithm. [retenue* étymol. G] (Pascal, La Machine arithmétique, Œuvres complètes, éd. J. Mesnard, t. 1, p. 337); 6. 1690 « prise en considération (d'une cause) » (Fur.). Empr. au lat.retentio « action de retenir, de maintenir, empêchement d'écoulement », dér. de retinere (retenir*). Fréq. abs. littér.: 42.

Wiktionnaire

Nom commun - français

rétention \ʁe.tɑ̃.sjɔ̃\ féminin

  1. Action de retenir.
    • La Garonne devenant divagante multiplie, à loisir, les « gaules » ou « gaures », c'est-à-dire ses bras, et les « îles », résultant de l’atterrissement des graviers vite envahis par la végétation spontanée et bientôt exhaussées par la rétention du limon. — (Une histoire de la Garonne, sous la direction de Janine Garrisson-Estebe et de Marc Ferro, collection Des fleuves & des hommes, Paris : chez Ramsay, 1982, p. 408)
    • La mesure de la teneur en humidité d'un sol et la force de rétention de l'eau par celui-ci revêtent une grande importance pour l'aménagement des bassins versants et l'hydrologie. — (H. Tschinkel, Mesure de la tension de l'eau dans le sol, Revue internationale des forts et des industries forestières, 1974, archives de la FAO)
    • Le 5 avril, des ossements humains et des effets personnels avaient été repêchés dans le bassin de rétention des eaux pluviales qui jouxte l'aire de repos de Crantenoy. — (Alain Thiesse, Des ossements humains mais pas de crâne, Vosges Matin, 13 mai 2016)
  2. Réservation.
    • Clause de rétention sur des revenus. — La rétention des fruits.
  3. (Justice) Action qui a pour but de retenir, de conserver.
    • Arrêt de rétention: décision par laquelle une cause est retenue, conservée au rôle et en son rang, pour y être jugée sans aucun délai ni remise.
    • Droit de rétention, faculté accordée à certains créanciers de retenir la chose qui se trouve entre leurs mains, jusqu’au paiement de ce qui leur est dû.
    • Le droit de rétention est donc une sûreté réelle, puisque la chose retenue se trouve affectée à la garantie du créancier. — (Ahmed Lourdjane, Le droit civil algérien: Volume 1, 1985)
  4. (Médecine) Accumulation d’un liquide destiné à être évacué par les conduits excréteurs ou dans le réservoir qui les accumule naturellement.
    • Rétention d’urine
    • Rétention, Maladie dans laquelle la vessie ne peut se débarrasser de l’urine qu’elle contient.
    • La rétention d'urine est l'impossibilité d'émettre naturellement par l'urètre partie ou totalité de l'urine contenue dans la vessie. — (Félix Guyon, Lecons cliniques sur les maladies des voies urinaires: Volume 1, 1903)
  5. (Psychologie) Fait d’être tourné vers le passé.
    • Le mélancolique, dit-on, est tourné vers le passé, absorbé par lui, sans ouverture à l’avenir. Incapable de protension, il est tout en rétention, indéfiniment retenu dans un passé non dépassé. Le maniaque, au contraire, est tout en protension, incapable de rétention. — (Henri Maldiney, Penser l'homme et la folie, Jérôme Millon, coll. « Krisis », Grenoble, 2007 (1re éd. 1991), page 92)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RÉTENTION. n. f.
Action de retenir. Clause de rétention sur des revenus. La rétention des fruits. En termes de Médecine, Rétention d'urine ou simplement Rétention, Maladie dans laquelle la vessie ne peut se débarrasser de l'urine qu'elle contient. En termes de Procédure, La rétention d'une cause, L'action des juges qui retiennent une cause, en décidant que la connaissance leur en appartient. On dit dans le même sens : Un arrêt de rétention. La rétention d'une cause se dit aussi de la Décision par laquelle une cause est retenue, conservée au rôle et en son rang, pour y être jugée sans aucun délai ni remise. Droit de rétention, Faculté accordée à certains créanciers de retenir la chose qui se trouve entre leurs mains, jusqu'au paiement de ce qui leur est dû.

Littré (1872-1877)

RÉTENTION (ré tan-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Action de retenir. La rétention ou l'empreinte de ces idées dans la mémoire, Descartes, De l'homme.

    Terme de jurisprudence. Droit de rétention, faculté, accordée à certains créanciers, de retenir la chose qui est entre leurs mains, jusqu'à parfait payement de ce qui leur est dû.

  • 2Action de retenir un chiffre pour le joindre aux chiffres qui doivent venir après. Tu sais, comme en opérant par la plume [dans les calculs], on est à tout moment obligé de retenir ou d'emprunter les nombres nécessaires, et combien d'erreurs se glissent dans ces rétentions et emprunts, à moins d'une très longue habitude, Pascal, Mach. arithm.
  • 3Réservation, réserve. Rétention d'une pension sur un bénéfice.
  • 4 Terme de palais. La rétention d'une cause, l'action des juges qui, décidant que la connaissance d'une cause leur appartient, la retiennent.

    On dit dans le même sens : un arrêt de rétention.

    La rétention d'une cause se dit aussi de la décision par laquelle une cause est retenue, conservée au rôle et en son rang.

  • 5 Terme de médecine. Accumulation d'une substance solide ou liquide dans les conduits destinés à son excrétion, ou dans le réservoir qui est naturellement destiné à la contenir, mais où elle ne devrait séjourner que momentanément. Le repos, les passions de l'esprit, les excrétions et rétentions, École de Salerne, Préface, dans POUGENS.

    Rétention d'urine, ou, simplement, rétention, accumulation de l'urine dans la vessie. Un vice de conformation dans la vessie me fit éprouver durant mes premières années une rétention presque continuelle, Rousseau, Confess. VIII.

HISTORIQUE

XVIe s. Le locataire peut user de retention de ses louages pour reparations necessaires, Loysel, 480. Y apposant des retentions, courvées et autres conditions, selon la portée de son domaine, De Serres, 57. Des soies seront aussi emploiées en habits, mais avec retention [retenue], de peur d'abuser de matiere tant precieuse, De Serres, 884. Il perdit connoissance et raison, avec retention des excremens, Paré, VIII, 23. De la suppression ou retention d'urine, Paré, XV, 51. Il ne m'en souvient [de ce que j'ai su] ; et, si je suis homme de quelque leçon, je suis homme de nulle retention, Montaigne, II, 98.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

RÉTENTION, s. f. (Jurisprud.) est l’action d’un juge qui retient à lui la connoissance d’une cause, instance ou procès. Voyez ci-devant Retenir. (A)

Rétention, s. f. (Méd.) ce terme est employé dans la théorie de la médecine, en opposition à celui d’excrétion (particulierement en traitant des choses non-naturelles), pour désigner l’espece d’action dans l’œconomie animale, par laquelle les matieres alibiles & toutes les humeurs qui sont utiles doivent être retenues dans les vaisseaux qui leur sont propres, de la maniere la plus convenable pour servir à leur destination ; tout comme les matieres excrémentitielles, les humeurs inutiles ou nuisibles par leur quantité & par leurs qualités, doivent être expulsées par les moyens établis à cet effet, & ne peuvent être retenues que contre nature.

Ainsi dans le premier cas, la rétention est nécessaire pour fournir son aliment à la vie ; dans le second cas la rétention est vicieuse, & le contraire doit avoir lieu, pour que l’équilibre entre les solides & les fluides, & l’ordre dans l’exercice des fonctions, n’en soient pas troublés ; ensorte que si la rétention péche par exces ou par défaut dans les fonctions qui l exigent ou qui l’excluent, quelle qu’en puisse être la cause, cet effet devient un principe de lésion plus ou moins important, de l’état de santé ; les anciens regardoient comme un vice de la force rétentrice ou de la force expultrice la rétention des matieres qui doivent être évacuées, ou l’excrétion de celles qui doivent être retenues. Voyez Equilibre.

La rétention étant bien reglée, contribue donc beaucoup à entretenir la vie saine ; & les dérangemens à cet égard, qui consistent en ce que les matieres ou humeurs qui doivent être retenues, sont évacuées, comme dans les lienteries, les affections cœliaques, les diarrhées, les hémorrhagies, &c. & les matieres ou humeurs qui doivent être expulsées, sont retenues comme dans les cas de défaut de déjection, de secrétion, de coction & de crise, sont les causes les plus ordinaires de l’altération de la santé, des désordres dans l’œconomie animale qui la détruisent & abregent la durée naturelle de la vie. Voyez Secrétions, Excrétion, Déjection, Non naturelle (Chose), Santé, Semence, Lait, Sang & Maladie, Coction, Crise, Pléthore, Hémorrhagie, Saignée, Evacuation, Evacuant, Purgation, &c.

Rétention d’urine, (Chirurgie.) maladie dans laquelle la vessie ne se débarrasse point de l’urine qu’elle contient.

Cette maladie cause en peu de tems beaucoup d’accidens très-fâcheux. Il paroit au-dessus des os pubis une tumeur douloureuse ; on sent aussi en portant le doigt dans le fondement une tumeur ronde. La pression que la vessie fait par la distension sur les parties qui l’environnent, y produit en peu de tems l’inflammation ; le malade sent une douleur insupportable dans toute la région hypogastrique ; il a des envies continuelles d’uriner, il s’agite, il se tourmente, & tous ses efforts deviennent inutiles : bientôt il ne peut respirer qu’avec difficulté, il a des nausées ; la fievre survient ; ses yeux & son visage s’enflamment, & s’il n’est secouru promptement, il se forme quelquefois en peu de tems au périné des dépôts urineux, purulens & gangréneux.

La rétention d’urine qui produit tout ce désordre vient de plusieurs causes plus ou moins difficiles à détruire : on peut les ranger sous quatre classes, savoir certaines maladies de la vessie, des corps étrangers retenus dans sa cavité, plusieurs choses qui lui sont extérieures, & quelques vices de l’uretre.

Les maladies de la vessie qui peuvent occasionner la rétention d’urine, sont l’inflammation de son cou & la paralysie de son corps.

L’inflammation du cou de la vessie retrécit son ouverture au point que les efforts du malade ne sont pas suffisans pour vaincre la résistance que le sphincter oppose à l’issue de l’urine. Si l’inflammation n’est pas considérable ; on peut introduire la sonde dans la vessie. Voyez Cathéterisme & Algalie. Si l’inflammation ne permet pas l’introduction de la sonde, on a promptement recours à la saignée ; je n’ai souvent réussi à sonder des malades qu’après leur avoir fait deux saignées du bras à une heure de distance l’une de l’autre ; on emploie aussi avec succès les boissons adoucissantes, les bains, les lavemens émolliens, enfin tout ce qui est capable de calmer l’inflammation. Voyez Inflammation. Si tous ces moyens ne permettent pas l’introduction de la sonde, il faut en venir à une opération qui vuide la vessie ; car l’urine retenue entretient souvent l’inflammation, & dès que l’urine est évacuée, les parties qui avoisinent la vessie n’étant plus comprimées, l’inflammation cesse, & on peut ordinairement sonder le malade quelque tems après.

La ponction se peut faire au périné ou au-dessus de l’os pubis. Pour la faire au périné on place le malade comme pour lui faire l’opération de la taille. Voyez Liens. Un aide trousse les bourses, & le chirurgien tenant à la main un trocar un peu plus long qu’à l’ordinaire, le plonge dans la vessie, entre l’os pubis & l’anus, dans le lieu où l’on fait l’opération au grand appareil. Il seroit plus avantageux pour les malades qu’on fît cette ponction plus latéralement pour ne blesser ni l’uretre ni le cou de la vessie. M. de la Peyronie l’a pratiquée dans ce lieu avec succès. La méthode de donner ce coup de trocar dans la vessie se trouve déterminée à l’article de la lithotomie, à la méthode de M. Foubert. Voyez Taille.

La ponction au-dessus de l’os pubis a été proposée par Tolet, chirurgien de Paris, & lithotomiste du roi ; feu M. Mery, aussi chirurgien de Paris, en chef de l’hôtel-dieu, & anatomiste de l’académie royale des Sciences, l’a pratiquée le premier. Dans la rétention d’urine la vessie forme une tumeur au-dessus de l’os pubis ; on plonge le trocar de haut en bas dans la vessie en piquant un peu au-dessous de la partie la plus éminente de cette tumeur. J’ai fait deux fois cette opération avec succès à deux vieillards, l’un de 65 & l’autre de 73 ans.

M. Flurant, maître en chirurgie à Lyon, vient de proposer une autre méthode de faire la ponction à la vessie, c’est de la percer par l’intestin rectum, avec un trocar courbe ; il a fait cette opération avec succès.

La paralysie qui survient à la vessie peut avoir différentes causes, savoir la commotion de la moëlle de l’épine, après quelque coup ou chûte ; la luxation d’une ou plusieurs vertebres des lombes, ou de quelque affection du cerveau ; elle vient aussi de la débilité de fibres charnues, à la suite des extensions violentes causées par une rétention volontaire d’urine, & de la perte du ressort de ces fibres par la vieillesse.

La rétention d’urine est un symptome de la paralysie du corps de la vessie, parce que les fibres motrices qui forment le corps de la vessie ne peuvent agir sur l’urine qui distend passivement cet organe. Dans ce cas il faut sonder le malade ; l’introduction de la sonde n’est pas difficile, s’il n’y a point de complication par quelque maladie de l’uretre, & on laisse dans la vessie une algalie tournée en S pour donner issue à l’urine à mesure qu’elle distille des ureteres, afin que les fibres de la vessie puissent reprendre leur ton naturel, ce que l’on peut favoriser par des injections corroborantes.

Il y a une remarque fort importante à faire sur la rétention d’urine par la paralysie de la vessie, c’est l’écoulement involontaire de l’urine qui sort par regorgement lorsque la vessie est poussée au dernier degré d’extension possible. Il ne faut pas que cet écoulement de l’urine en impose, la rétention n’en existe pas moins, & si l’on n’a recours à la sonde, on voit survenir des abscès urino-gangréneux, comme nous l’avons dit dans la description des symptômes & de leurs progrès.

Les corps étrangers qui sont dans la vessie, & qui forment la seconde classe des causes de la rétention d’urine, sont la pierre, le pus, le sang, & les fungus ou excroissances charnues.

La pierre empêche la sortie de l’urine en s’appliquant à l’orifice interne de la vessie ; l’introduction de la sonde suffit pour la ranger. Quelquefois la pierre est petite & l’urine la pousse enfin dans l’uretre, où elle n’est pas moins un obstacle à l’issue de ce fluide, alors il faut tâcher de procurer la sortie de ce corps étranger en injectant de l’huile dans l’uretre, en essayant de le faire couler le long du canal, & par autres moyens dont il a été parlé au mot Lithotomie à l’article des Pierres dans l’uretre. Voyez Lithotomie. Le pus, le sang, & les matieres glaireuses qui causent la rétention d’urine ne s’opposent point à l’intromission de la sonde, par laquelle on fait des injections capables de délayer & de dissoudre ces matieres ; l’administration des remedes intérieurs qui remplissent les mêmes vues doit concourir avec ces moyens extérieurs.

Lorsqu’il y a dans la vessie des excroissances charnues qui bouchent l’orifice interne de cet organe, ou qui empêchent son corps de se contracter pour chasser l’urine, il faut faire une incision au periné, & placer une canule dans la vessie. Voyez Boutonniere. Les injections avec l’eau d’orge, ou autre décoction convenable, détachent quelquefois ces fungus, & en débarrassent la vessie lorsqu’ils suppurent. Il y a certains fungus à base étroite, qu’on pourroit lier par la méthode dont il est parlé à l’article du polype, à l’occasion du polype de la matrice. Voyez Polype utérin.

La troisieme classe des causes de la rétention d’urine comprend les choses extérieures à la vessie, telles sont la grossesse, les corps étrangers ou les excrémens endurcis & arrêtés dans le rectum, l’inflammation de la matrice ou sa chûte, le gonflement des hémorrhoïdes, un dépôt autour de l’anus, & quelques tumeurs auprès du cou de la vessie.

Dans la rétention d’urine, dans le cas de grossesse ou de la chûte de matrice, on sonde le malade avec la précaution que nous avons fait observer à l’article Catheterisme. Les lavemens émolliens & les laxatifs doux procureront la sortie des matieres retenues dans le rectum. L’inflammation de la matrice, du rectum, & le gonflement des hémorrhoïdes se traitent par les remedes qui conviennent à ces cas. S’il s’est formé un dépôt autour de l’anus, on l’ouvre le plutôt qu’il est possible ; si une tumeur placée près le cou de la vessie presse & comprime cette partie, & qu’il ne soit pas possible de sonder le malade, on fait la ponction au-dessus de l’os pubis, comme nous l’avons dit au commencement de cet article. On donne en même tems tous ses soins à la guérison de la tumeur du periné. Ce traitement n’opere souvent qu’après plusieurs jours, le rétablissement du cours des urines par la voie naturelle, ce qui met dans la nécessité de laisser la canule dans la vessie au-dessus de l’os pubis ; cette pratique est sujette à un inconvénient ; la vessie s’affaisse par la sortie de l’urine, & si elle est susceptible de quelque contraction, ce qui est toujours, hors le cas de paralysie, elle se resserre au-dessous de la canule ; dès que l’extrémité de la canule n’est plus dans la vessie, les urines ne sont plus conduites directement, elles s’épanchent dans le tissu cellulaire, & ne sortent qu’après avoir imbibé ce tissu où elles forment quelquefois des abscès. J’ai vû un exemple de cet accident. M. Foubert m’a montré un instrument avec lequel on peut faire la ponction au-dessus de l’os pubis sans craindre que la vessie abandonne la canule. C’est une canule courbe, dont l’intérieur est garni d’un ressort en spirale qui ne s’oppose point à la sortie de l’urine, & par lequel on pousse une pointe de trocar, au moyen de laquelle on pénetre dans la vessie. La ponction faite, la pointe du trocar se retire dans la canule ; cette pointe a une surface canelée pour le passage des urines. La courbure de cette canule soutient la vessie, & empêche qu’elle ne s’affaisse au-dessous de ladite canule : l’intérieur de la canule & du ressort qui y est renfermé contient une languette de chamois, qui sert de philtre à l’urine.

Les vices de l’uretre font la quatrieme classe des causes de la rétention d’urine ; nous avons parlé de ces vices en parlant des carnosités. Voyez Carnosité.

Si le cas de la rétention d’urine est pressant, on peut faire la ponction au-dessus du pubis ou par le rectum & y laisser la canule jusqu’à ce qu’on ait mis le canal de l’uretre en suppuration dans le cas de carnosité. Mais si le vice de l’uretre vient de brides & de cicatrices qui ne sont point des maladies par leur essence, mais au-contraire des signes de guérison parfaite, les bougies suppuratives ne procureront aucun effet. Les caustiques qu’on pourroit employer causent par l’irritation qu’ils excitent, des gonflemens & des irritations considérables ; dans ce cas il faut faire une opération au périné. La ponction ne suffit pas, il faut une incision ; on peut dans ce cas se conformer, comme dans la taille, à la méthode de M. Foubert. Voyez Taille.

Dans le cas du gonflement des prostates, il faut mieux faire la boutonniere, afin de procurer plus facilement la suppuration de cette glande ; mais le vice de l’uretre empêchant qu’on ne se conduise sur la sonde comme nous l’avons dit en parlant de cette opération ; le chirurgien, au défaut de ce guide, fait une incision aux tégumens, fend l’uretre, & après s’être bien représenté la structure & la position des parties, il porte dans la vessie un trocar dont la canule est fendue : à la faveur de cette fente il fait une incision suffisante avec un bistouri pour y placer une canule, comme il a été dit à l’opération de la boutonniere ; on a pratiqué cette méthode avec succès : le reste du traitement est semblable à celui de la boutonniere. Voyez Boutonniere. Toute cette matiere est fort bien traitée par M. de la Faye, dans ses remarques sur les opérations de Dionis. (Y)

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Étymologie de « rétention »

Provenç. retentio ; espagn. retencion ; ital. ritenzione ; du lat. retentionem, de retentum, supin de retinere, retenir.

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Du latin retentio (« action de retenir, de maintenir »), dérivé de retinere (« retenir, arrêter »).
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Phonétique du mot « rétention »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
rétention retɑ̃sjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « rétention » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « rétention »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « rétention »

  • Sur scène, je suis un artisan qui travaille un geste, une langue. Mes rôles au cinéma sont davantage dans l’économie de moyens, la rétention.
    Fabrice Luchini — Sutdio ciné live, septembre 2014
  • Le plus souvent à l’improviste, l’ex-magistrate et femme politique et son équipe d’une cinquantaine de contrôleurs ont visité en six ans plus de 900 prisons, locaux de garde à vue, établissements hébergeant des patients atteints de troubles mentaux, centres de rétention administrative ou encore centres éducatifs fermés. Leur but ? Y faire respecter les droits des personnes enfermées.
    L'Humanité — Droits. Adeline Hazan : « Prison, rétention, hôpital… L’enfermement s’est banalisé » | L'Humanité
  • La rétention de l'information est une forme de constipation du savoir.
    Théophraste Renaudot
  • Ce mercredi, au tribunal administratif, cinq avocats lillois, soutenus par leur barreau, ont demandé la fermeture du centre de rétention de Lesquin après trois cas positifs de Covid-19.
    La Voix du Nord — Des avocats demandent la fermeture du centre de rétention de Lesquin par précaution sanitaire
  • L’enfermement à durée indéterminée en centres de rétention crée un climat explosif. Joel Saget/AFP
    lecourrierdelatlas — Des personnes en centres de rétention malgré la fermeture des frontières
  • Suite aux requêtes de cinq avocats devant le tribunal administratif sur le centre de rétention de Lesquin, Ugo Bernalicis, député (FI) de la 2e circonscription, a fait usage de son droit de parlementaire pour le visiter. On l’a suivi.
    La Voix du Nord — Visite surprise dans la foulée d’un parlementaire au centre de rétention de Lesquin
  • Il arrive de temps en temps que la perspective d’un éloignement du territoire pousse des étrangers en situation irrégulière à prolonger leur séjour dans l’Hexagone en sortant du centre de rétention administrative (CRA) où ils sont placés. Une façon, même s’ils ne sont pas détenus mais tout de même privés de leur liberté d’aller et venir, d’échapper à l’enfermement, à l’angoisse, à la promiscuité dans un lieu très éloigné d’un centre de vacances. Le site de Metz-Queuleu, qui regroupe les « retenus » pour la région, a récemment connu deux vagues d’« évasions » rapprochées.
    Faits-divers - Justice | Deux évasions en 48 heures au centre de rétention
  • La rétention étant légalement réservée aux seules situations où l’administration dispose de « perspectives raisonnables » pour expulser, cette pratique est bien souvent abusive. L’enfermement en rétention est ainsi détourné de son objet légal dans une logique punitive participant à la criminalisation des personnes étrangères.
    Club de Mediapart — Enfermer en rétention sans expulsion possible : une privation de liberté abusive | Le Club de Mediapart
  • Sur scène, je suis un artisan qui travaille un geste, une langue. Mes rôles au cinéma sont davantage dans l’économie de moyens, la rétention.
    De Fabrice Luchini / Sutdio ciné live, septembre 2014
  • La rétention de l'information est une forme de constipation du savoir.
    De Théophraste Renaudot
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Images d'illustration du mot « rétention »

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Traductions du mot « rétention »

Langue Traduction
Anglais retention
Espagnol retencion
Italien ritenzione
Allemand retention
Chinois 保留
Arabe احتفاظ
Portugais retenção
Russe удержание
Japonais 保持
Basque atxikipena
Corse retenzione
Source : Google Translate API

Synonymes de « rétention »

Source : synonymes de rétention sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « rétention »

Combien de points fait le mot rétention au Scrabble ?

Nombre de points du mot rétention au scrabble : 8 points

Rétention

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