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Il

Variantes Singulier Pluriel
Masculin il ils
Féminin elle elles

Définitions de « il »

Trésor de la Langue Française informatisé

IL2, pron. pers., 3epers., neutre sing., forme atone

Pronom personnel de la troisième personne du singulier, neutre, de forme atone, toujours sujet, introducteur d'un verbe ou d'une locution verbale à la forme impersonnelle.
A. − [En tournure impers., sans qu'il y ait de « séquence » de « sujet réel »]
1. [Avec des verbes exprimant un phénomène naturel] Il pleut; il fait beau, chaud, froid, sec, sombre. Alors il était nuit et Jésus marchait seul (Vigny, Destinées,1863, p. 164).Il neigea ce jour-là. Dans les îles de la Manche, un hiver où il gèle à glace est mémorable, et la neige fait événement (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 55).
Rem. 1. Pop. Ça remplaçant il (ça pleut). Cf. cela I B 3. 2. Les verbes météor. peuvent, p. anal. (infra B), être suivis d'une séquence suj. réel, notamment dans des loc. verbales au fig. Il pleut des balles, des cordes, des hallebardes.
2. Littér. ou figé. [En concurrence avec ce, c', cela, ça, dans des loc. figées] S'il en est ainsi; il en est de même de; ainsi soit-il. Il n'empêche, il n'importe (cf. Grev. 1975, § 472). Eh! qu'importe, Seigneur, la parole à ma lyre? Je l'entends, il suffit; tu réponds c'est assez! (Lamart., Harm.,1830, p. 292).Vous avez été (...) laissé pour mort sur la route? − Il est vrai. − Vous avez été relevé par une patrouille (...)? − C'est encore vrai (Vidocq, Vrais myst. Paris, t. 7, 1844, p. 96).Que M. Émile Zola ait eu jadis, je ne dis pas un grand talent, mais un gros talent, il se peut (A. France, Vie littér.,1888, p. 23).S'il vous plaît... dessine-moi un mouton! (Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 413) :
1. ... ceux-ci (...) y époussetaient alors, en se jouant, du bout de leurs sorties-de-bal, les têtes espiègles et mutines. C'était une attention qui, pour être délicate, n'en n'était pas moins sensible. Le lendemain, il n'y paraissait plus. Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 9.
En partic. [Dans des loc. impers. avec être ou un verbe d'état suivi d'un adj. ou d'un subst.; dans ces emplois, il correspond au ce, c', cela, ça de la lang. fam.] Il est l'heure/c'est l'heure; il est midi/c'est midi. Cf. aussi être13esection II C.Ah! dans trois mois j'aurai cinquante ans, est-il bien possible! (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 12).
3. [Après ainsi que ou comme qui tiennent lieu de séquence (de suj. réel) ou après une compar.] Ainsi qu'il ressort de; ainsi qu'il était convenu; ainsi qu'il a été mentionné précédemment; comme il se doit. Comme il arrivait quelquefois, elle avait les traits d'une femme que j'avais connue dans la vie (Proust, Swann,1913, p. 5).Le peuple applaudira (...) avec moins de haine que de contentement poli, ainsi qu'il convient aux époques intelligentes et douces (Abellio, Pacifiques,1946, p. 11) :
2. Qui tiendra l'emploi de la scrofulaire?... Parfois c'est une plante de la même famille, une proche parente, comme il advient pour la balsamine. Gide, Retour Tchad,1928, p. 868.
B. − [En tournure impers. comportant une séquence (un suj. réel); selon les verbes, la séquence est un groupe nominal, un inf., une prop. conjonctionnelle]
1. [Avec des verbes essentiellement impers., avec des verbes intrans. ou trans. indir.]
a) [Avec séquence nom.] Il fait du vent, de l'orage, un temps merveilleux; il me vient une idée. On ne voit que des morts et des mourans (...); il meurt les deux tiers des malades (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 142).L'époque la plus éloignée dont il me souvienne, c'est celle où je quittai la jaquette (Michelet, Mémorial,1822, p. 182).Il soufflait un vent chaud chargé de pluie (Alain, Propos,1926, p. 670) :
3. Il tombait une de ces pluies fines qu'on avale à pleins poumons, qui vous descendent jusqu'au ventre. Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1031.
b) [Avec séquence inf.] Il s'agit de, il convient de, il vous appartient de, il lui répugne de, il me tarde de, il m'en coûte de + inf.; il vaut mieux + inf. Il vaut mieux obéir à un de nos compatriotes riche et éclairé, qu'à une multitude ignorante, qui nous accablera de tous les maux (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 79).Il vous sied bien de sourire quand je parle; si je n'avais pas vendu du guingan à Anvers, vous seriez maintenant à l'hôpital (Musset, Il ne faut jurer,1840, p. 97).Il me faut déclarer tout net que je ne me suis jamais senti plus jeune et même jamais si jeune (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 12) :
4. le père jésuite : Seigneur, je vous remercie de m'avoir ainsi attaché! Et parfois il m'est arrivé de trouver vos commandements pénibles et ma volonté en présence de votre règle perplexe, rétive. Claudel, Soulier,1929, 1rejournée, 1, p. 652.
c) [Avec une séquence propositionnelle] Il va de soi que, il va sans dire que, il arrive que, il est apparu que, il en découle que, il demeure que; il lui passe par l'esprit que, il me revient à l'esprit que. Les préfaces doctrinales de Leconte de Lisle, d'où il appert que l'esthétique parnassienne repose sur l'hellénisme de Ménard (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 3).J'éclate tellement dans ma création. Que pour ne pas me voir vraiment il faudrait que ces pauvres gens fussent aveugles (Péguy, Porche Myst.,1911, p. 172) :
5. Il résulte de notre entretien que le gouvernement des États-Unis envisage maintenant de prendre une position nouvelle à l'égard du Comité national français. De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 332.
2. [Avec des verbes pronom.]
a) [Avec séquence nom.] Il se passe quelque chose d'extraordinaire chez Clodius (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 194) :
6. C'était l'heure (...) où il se fait dans les églises un léger bruit de prières à la seule lueur des cierges... Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 187.
b) [Avec séquence inf. ou propositionnelle] Il s'ajoute que, il s'avère que, il se conçoit que, il se confirma que, il s'ensuit que, il se révèle que, il se trouve que, il se vérifie que. Il s'en faut de beaucoup que la totalité de notre vie intérieure se laisse exprimer par le langage (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 235) :
7. C'est ainsi qu'un passant s'arrête sur un pont de Paris, et contemple; ce n'est point une promesse du beau temps qu'il contemple; il se peut qu'un beau ciel annonce la pluie ou l'orage. Alain, Propos,1929, p. 835.
3. [Avec des verbes trans. au passif, en partic. dans la lang. jur. et admin.]
a) [Avec séquence nom.] :
8. La résolution doit être demandée en justice, et il peut être accordé au défendeur un délai selon les circonstances. Code civil,1804, art. 1184, p. 213.
b) [Avec séquence inf.] Tu sais bien qu'il est défendu d'entrer dans le cabinet de ton père (Mauriac, Mal Aimés,1945, I, 1, p. 155).Comme dans un miroir, il nous est commandé d'apprendre à regarder (Claudel, Jet de pierre,1949, p. 1305) :
9. Il doit être permis, en effet, aux philosophes comme aux physiciens, de faire des théories générales... Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. I.
c) [Avec séquence propositionnelle] J'insistai auprès de lui pour qu'il fût stipulé que notre distingué confrère ne continuerait pas parmi nous sa vaillante campagne pour la réhabilitation de Dreyfus (Clemenceau, Iniquité,1899, p. iv) :
10. Il s'agit du général Giraud, dont il est désormais reconnu par tous, lui compris, que ses fonctions militaires sont incompatibles avec l'exercice du pouvoir... De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 150.
4. Rare. [Avec des verbes trans.]
a) [L'obj. dir. est un pron. pers.] Il ne la gênait pas du tout de me laisser entendre qu'elle ne pouvait pas voir le Docteur à Paris (Boylesve, Souvenir du jardin détruit,p. 89 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 633) :
11. Là-bas, au-delà de la mer, au-delà de ce désert qui en sont le vestibule, il t'attend un pays ruisselant de lait et de miel. Claudel, t. 23, Emmaüs,p. 173 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 626).
b) [L'obj. dir. est un pron. indéf.] Il ne signifie rien de dire que la sexualité a envahi le roman (Mauriac, Mém. intérieurs,1959, p. 351 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 638) :
12. Il n'arrange rien que l'Italie ait des difficultés économiques. J. Grandmougin,Ex. oral, France-Inter, 15 déc. 1971ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 638).
c) [L'obj. dir. forme avec le verbe une loc. verb.] Voyons, ne crève-t-il pas les yeux que c'est le grand duc qui est à plaindre et à aimer! (Benoit, Koenigsmark,p. 116 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 641) :
13. Il lui effleura l'esprit que le serment d'absolue discrétion qu'il avait échangé avec le petit monsieur ne comportait pas d'exception en faveur du professeur. Romains, Une Femme singulière,p. 160 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 641).
5. [Avec des verbes attributifs]
a) [Avec séquence inf.] Il paraît aventuré, indiqué, justifié, permis de; il semble risqué de; il est bon, mauvais, utile de. Il est de bon goût chez les Pallicares de se serrer la taille outre mesure (About, Grèce,1854, p. 43).
b) [Avec séquence propositionnelle] Il demeure acquis, démontré, entendu que; il reste établi que; il semble prouvé, reconnu que; il est remarquable à quel point, combien, comme. Il est probable que je ne retrouverai ce repos avant-naître, que dans les entrailles de notre mère commune après-mourir (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 5) :
14. On me remit vivement une chemise, parce qu'il n'est pas décent qu'un Rezeau, même si jeune, reste nu devant des domestiques. H. Bazin, Vipère,1948, p. 11.
c) Il est, il y a
Il est signifiant « il y a » dans le style recherché, littéraire (cf. aussi être13esection II B). Il n'est donc point de mère à ces petits enfants, De mère au frais sourire, aux regards triomphants? (Rimbaud, Poésies,1871, p. 35).Il est des lieux où souffle l'Esprit. Il est des lieux qui tirent l'âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère (Barrès, Colline insp.,1913, p. 71) :
15. Il est certaines rencontres qui ne m'apportent pas seulement des raisons de vivre que je puis évaluer, approuver, mais qui vraiment opèrent comme au cœur du vouloir une conversion qui a la portée d'un véritable engendrement spirituel. Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 123.
Il y a, gallicisme servant à exprimer l'existence, la présence de quelqu'un ou de quelque chose, ou à exprimer une durée passée, un laps de temps écoulé (cf. avoir1IV). Il y a huit jours de cela; c'était il y a huit jours. Où allez-vous donc de si bonne heure? − Il y a fête de congrégation, ce matin, à Saint-Louis de Gonzague (Estaunié, Empreinte,1896, p. 2).Je m'enfonce dans mon opinion qu'il n'y a rien à faire, et me méfie de plus en plus des deux petites rides sur les coins de sa bouche (Gide, Journal,1905, p. 164).V. cela ex. 12.
Rem. 1. Omission de il. a) Littér. (dans certains tours recherchés de la lang. écrite). Peu me chaut; peu s'en faut que; point n'est besoin de; n'importe. M'est avis qu'il est l'heure De renaître moqueur (Laforgue, Imit. Lune, 1886, p. 239). Qu'importe? Je n'avais pas besoin de femme. Je n'ai point possédé de femme corruptible (Claudel, Annonce, 1912, p. 16). b) Fam. Faut pas t'en faire; n'empêche; y a. Faut le coucher, Monsieur, rien autre chose, il dormira, et d'main n'y paraîtra plus (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Masque, 1889, p. 1162). Ils ne purent se revoir sans rire : − Nous sommes donc « morts » tous les deux? − Paraît (D'Esparbès, Demi-soldes, 1899, p. 72). 2. Pour les mécanismes syntaxiques, cf. il1C. 3. Pléonasme de il dans l'interr., renforçant un suj. neutre, et ajout d'un t épenthétique, euphonique entre deux voyelles. Eh bien! ça va-t-il ce matin? (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 133). 4. La forme pop. est y ou i. Ça va-t-y? V'là Andoche... C'est-i' jà l'angélu? (Martin du G., Gonfle, 1928, I, 1, p. 1171).
Prononc. et Orth. : [il]. V. il1. Étymol. et Hist. et Stat. V. il1. Bbg. Baarslag (A.F.). Le Suj. neutre il, ce, cela. R. des lang. vivantes. 1964, t. 30, pp. 3-14. - Cressot (M.). Répét. nécessaire du pron. on suj. et du pron. il suj. impers. Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 249-251. - Henry (A.). À propos du il y a temp. du fr. R. Ling. rom. 1967, t. 31, pp. 105-123; C'était il y a des lunes. Paris, 1968, passim; Il y a prép.? In : [Mél. Grevisse (M.)]. Gembloux, 1966, pp. 207-213. - Hériau (M.). Le Verbe impers. en fr. mod. Lille-Paris, 1980, pp. 10-14, 37-115, 1055-1122. - Jeanjean (C.). Ét. de la constr. il y a ds la synt. du fr. Rech. sur le fr. parlé. 2. Aix-en-Provence, 1979, pp. 121-160. - Pieltain (P.). La Constr. impers. en fr. mod. Mél. Delbouille (M.) t. 1, 1964, pp. 469-487.

Wiktionnaire

Pronom personnel - français

il \il\ masculin singulier

  1. Pronom de la troisième personne du singulier masculin (utilisé exclusivement en tant que sujet). Désigne une personne, un animal ou une chose dont le genre est masculin.
    • C’est une grande force, cet homme-là !… Il est courageux… — (Maxime Gorki, La Mère, 1907, traduit par Serge Persky)
    • Il est le plus intelligent.
    • Qu’est-ce qu’il veut ?
    • Le journal ? Il est sur le bureau.
  2. Sujet explétif d’un verbe sans actant.
    • Il neige.
    • Il fait beau.
    • Il faut marcher plus vite pour arriver au sommet.
  3. Sujet explétif introduisant un nouveau sujet réel d’existence ou d’apparition. Note : Le verbe reste alors au singulier, bien que le véritable sujet soit au pluriel.
    • Il y a un chat.
    • Il vient beaucoup de monde.
    • Il est venu deux personnes.
    • Il est survenu de fâcheux événements.
  4. Sujet explétif introduisant un sujet réel montré par de ou par que.
    • Il est honteux de mentir.
    • Il est douteux qu’elle vienne.
  5. Cela. — Note : Uniquement dans l’expression il est vrai, intercalée dans une phrase.
    • Je devais partir, il est vrai, mais j’en ai été empêché.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

IL. (fém. ELLE, pl. : ILS.) Pronom personnel masculin
. Il désigne la Personne ou la chose dont il est question dans le discours et ne s'emploie que comme sujet d'un verbe. Votre frère va venir, il est prêt. J'ai lu cet ouvrage, il est bien écrit. Ces gens-là sont pressés, ils courent. Il se met ordinairement avant le verbe, sauf 1ø dans les interrogations et dans certaines phrases exclamatives. Que fait-il? Où sont-ils? Dort-il? Boit-il? Est-il barbare? Avec le t euphonique : Qu'a-t-il dit? Viendra-t-il? Aime-t-il le jeu? 2ø Dans certaines phrases affirmatives, telles que : Alors, dit-il, nous résolûmes d'agir. Quoi? s'écria-t-il. Dût-il s'en fâcher. Toujours est-il certain que j'étais excusable. Il aura la place, encore faut-il qu'il travaille. Il est aussi de sens neutre, par suite invariable et s'emploie : 1ø dans les verbes impersonnels, Il pleut, il vente, il neige, il fait beau; 2ø dans les expressions Il y a, il y avait, il y eut, il faut; 3ø devant les verbes dont le sujet, nom, infinitif ou proposition, est mis après le verbe. Il vient beaucoup de monde. Il est honteux de mentir. Il est douteux qu'il vienne. Le verbe reste au singulier, bien que le véritable sujet soit au pluriel. Il est venu deux personnes. Il est survenu de fâcheux événements.

IL, neutre, a le sens de Cela dans l'expression Il est vrai, intercalée dans une phrase. Je devais partir, il est vrai, mais j'en ai été empêché.

Littré (1872-1877)

IL (il, au pluriel et au singulier ; dans plusieurs provinces, le pluriel se prononce î ; au pluriel l's se lie : il-z ont. Voici les règles de la prononciation au XVIIe siècle d'après CHIFFLET, Gramm. p. 209 : L'l ne sonne point devant les consonnes : il dit, prononcez i dit ; ni aux interrogations, quoi qui suive : que dit-il ? prononcez que dit-i ? Parle-t-il à vous ? dites : parle-t-il à vous ? mais hors de l'interrogation il sonne l'l devant les voyelles : il a, il aime ; au pluriel, il ne sonne que l's : ils ont, dites : iz ont. On voit en quoi ces règles anciennes diffèrent de la prononciation actuelle. Cette ancienne prononciation, qui supprimait plus les consonnes que nous ne faisons, s'est conservée en grande partie dans la conversation : quelle heure est-i ? quel temps fait-i ?)
  • 1Pronom masculin qui désigne la troisième personne. Votre père va venir, il est prêt. J'ai lu cet ouvrage, il est bien écrit. Ces gens-là sont pressés, ils courent.

    Il se met ordinairement avant le verbe, dans les phrases affirmatives, sans qu'il y ait rien entre deux, si ce n'est des particules et des pronoms. Il lui parle. Il ne veut pas.

    Il se met après le verbe dans les interrogations et dans certaines phrases exclamatives. Que fait-il ? Est-il insensé !

    Avec le t euphonique : A-t-il ? parle-t-il ? va-t-il ?

    Il se met également après le verbe dans certaines phrases affirmatives. Quoi ! dit-il, s'écria-t-il, répondit-il. Vous avez, paraît-il, réussi dans vos projets. Aussi est-il vrai. Toujours est-il certain que je l'avais dit. Son cœur, pour se livrer, à peine devant moi S'est-il donné le temps d'en recevoir la loi, Molière, Femmes sav. IV, 1.

  • 2Quand une phrase interrogative contient le nom masculin qui est le sujet du verbe, on n'en met pas moins le pronom il après le verbe. Ce fruit est-il bon ? Votre père est-il venu ?

    Dans certaines inversions dubitatives, le même pléonasme est obligatoire. Ce projet dût-il échouer, nous serons loués pour l'avoir conçu.

  • 3Dans certaines phrases le verbe est précédé du pronom il et suivi du sujet ; ces phrases sont surtout du style soutenu, et impliquent une certaine passion qui fait qu'on prononce le pronom avant le nom auquel il se rapporte. Il me fuit, l'ingrat. Seront-ils plus heureux ceux qui…
  • 4Il se met avec les verbes impersonnels, ou employés impersonnellement. Il faut que… Ne faut-il pas que… ? Faudra-t-il donc que… ? Il doit s'y attacher de l'intérêt. Quel intérêt ne doit il pas s'y attacher ? Il fait beau temps. Il fut un temps où…

    Il pleut à verse. Il m'en doit bien souvenir, ma foi ! Molière, Préc. rid. 12. À déboucher la porte il irait trop du vôtre, Molière, Remerc. au roi. Il est aujourd'hui le six de mars, Sévigné, 6 mars 1671. Et ces fleurs qui là-bas entre elles se demandent S'il est fête au village…, Boileau, Épît. X.

    Dans ces constructions, il ne laisse pas de gouverner le verbe au singulier, bien que ce verbe soit suivi d'un nom au pluriel (l'ancienne langue mettait le pluriel en ces circonstances : Il sont six heures). Il est six heures. Il est arrivé deux mille hommes. Il est survenu des circonstances fâcheuses. Nous n'avons qu'un honneur, il est tant de maîtresses ! Corneille, Cid, III, 6. Je veux qu'on dise un jour aux siècles effrayés : Il fut des Juifs, il fut une insolente race, Racine, Esth. II, 1. Il s'avance sur le théâtre d'autres hommes, La Bruyère, VIII.

    Un il de ce genre a été sous-entendu par la Fontaine : De tous côtés lui vient des donneurs de recette, Fabl. VIII, 3.

  • 5Il se rapportant au mot rien. Ayant appris dès le collège qu'on ne saurait rien imaginer de si étrange et si peu croyable, qu'il n'ait été dit par quelqu'un des philosophes, Descartes, Méth. II, 4.

    Il se rapportant à ce que. Si ce que je dis ne sert à vous éclairer, il servira au peuple, Pascal, dans COUSIN. Ce qu'on appelle une oraison funèbre, n'est aujourd'hui bien reçu du plus grand nombre des auditeurs, qu'à mesure qu'il s'éloigne davantage du discours chrétien, La Bruyère, XV. Il y a une éloquence qui consiste à rendre aisément et convenablement ce que l'on pense, de quelque nature qu'il soit, Vauvenargues, De l'éloge. Il se rapportant à tout ce que… Tout ce qu'il fait doit se trouver à la place et dans l'ordre où la règle, c'est-à-dire la loi de Dieu, veut qu'il se trouve, Massillon, Profess. relig. Serm. 3.

    Il se rapportant à tout. Une raison première et universelle, qui a tout conçu avant qu'il fût…, Bossuet, Connaiss. V, 2.

    Il se rapportant à cela, ceci. Tout cela ne convient qu'à nous. - Il ne convient pas à vous-même, Repartit le vieillard…, La Fontaine, Fabl. XI, 8. Ceci n'est pas humble ; mais il faut qu'il passe, Sévigné, 10 août 1680.

  • 6Il pour cela. Iris, je vous louerais ; il n'est que trop aisé, La Fontaine, Fabl. X, 1. Il est trop véritable, Molière, l'Ét. II, 7. C'est qu'il sent le bâton du côté que voilà, Molière, le Dép. V, 4. Le premier effet de l'amour est d'inspirer un grand respect ; l'on a de la vénération pour ce que l'on aime ; il est bien juste : on ne reconnaît rien au monde de grand comme cela, Pascal, Passions de l'amour. De vous dire que tout cela se passe sans larmes, il n'est pas possible, Sévigné, 19 nov. 1688.

    Cet emploi, qui tombe en désuétude, est conservé dans : il est vrai. Vous avez dû partir, il est vrai, mais…

  • 7Il surabondant. Et qui, jeune, n'a pas grande dévotion, Il faut que pour le monde à le feindre il s'exerce, Régnier, Sat. XII. Qui se contraint au monde, il ne vit qu'en torture, Régnier, ib. X. Un [cierge] d'eux voyant la terre en brique au feu durcie Vaincre l'effort des ans, il eut la même envie, La Fontaine, Fabl. IX, 12. La source de tout le mal est que tous ceux qui n'ont pas craint de tenter au siècle passé la réformation par le schisme, ne trouvant point de plus fort rempart contre leurs nouveautés que la sainte autorité de l'Église, ils ont été obligés de la renverser, Bossuet, R. d'Angl. Ceux qui commençaient à le goûter, n'osant avaler le morceau qu'ils ont à la bouche, ils le jettent à terre, La Bruyère, V. Un noble, s'il vit chez lui dans sa province, il vit libre, La Bruyère, VIII. Les Romains se destinant à la guerre et la regardant comme le seul art, ils mirent tout leur esprit et toutes leurs pensées à le perfectionner, Montesquieu, Rom. 2.

    Ce pléonasme était reçu des écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle ; aujourd'hui il l'est beaucoup moins. Toutefois ces exemples font voir dans quel cas un il surabondant peut être placé, non sans grâce ou sans clarté.

  • 8Ils se dit quelquefois d'une façon indéterminée pour indiquer les gens qu'on a dans l'esprit. L'autorité, l'autorité, ils n'ont que ce mot, Diderot, Père de famille, II, 6. Voilà comme ils sont tous ; c'est ainsi qu'ils nous aiment ; s'ils étaient nos ennemis, que feraient-ils de plus ? Diderot, ib.
  • 9Ce qu'il y a, ce dont il s'agit. Or sus, mon fils, savez-vous ce qu'il y a ? c'est qu'il faut songer, s'il vous plaît, à vous défaire de votre amour, Molière, l'Av. IV, 3.
  • 10Il n'est que de, la seule chose qui importe, qui soit utile, nécessaire. Ma foi, il n'est que de jouer d'adresse en ce monde, Molière, Mal. im. Interm. I, 6.
  • 11Il n'est pas que vous n'ayez vu, certainement vous avez vu. Mais peut-être il n'est pas que vous n'ayez bien vu Ce jeune astre d'amour, de tant d'attraits pourvu, Molière, Éc. des fem. I, 6.
  • 12Il suivi du relatif qui ou quiconque, signifiant celui qui ; tournure usitée au XVIIe siècle, qui est tombée en désuétude, mais qui pourrait être reprise. Il passe pour tyran quiconque s'y fait maître, Corneille, Cinna, II, 1. Pour la première fois il me dupe qui veut ; Mais, pour une seconde, il m'attrape qui peut, Corneille, Mél. V, 5. Chacun fait ici-bas la figure qu'il peut, Ma tante ; et bel esprit, il ne l'est pas qui veut, Molière, Femm. sav. III, 2. Il est bien heureux qui peut avoir dix mille écus chez soi, Molière, l'Av. I, 5.
  • 13 Terme de chasse. Il bat l'eau, terme pour avertir les chasseurs et les chiens lorsque la bête entre dans l'eau.

    Il va là, chiens, terme pour parler aux chiens, lorsqu'ils chassent à la discrétion et à la prudence du piqueur.

    Il perce, l'animal va en avant.

REMARQUE

Ce pronom se répète quand il y a deux propositions de suite où l'on passe de l'affirmation à la négation, et de la négation à l'affirmation : Je lis rapidement ce livre, il n'est pas malaisé à comprendre, et il est court.

HISTORIQUE

IXe s. In o quid [pourvu que] il mi altresi fazet [il m'en fasse autant], Serment.

Xe s. Si cum il semper solt haveir [il a coutume d'avoir], Frag. de Val. p. 468. Si astreient [seraient] li Judei perdut, si cum il ore sunt, ib. p. 468. Poscite li que cest fructum que mostret nos habemus, que el nos conservet, ib. p. 469.

XIe s. Assez est mielz qu'il i perdent les chiefs [têtes], Ch. de Rol. III. Ne vous ne il n'i porterez les piez, ib. XVIII.

XIIe s. Et s'il i va tels hom qui sagement leur die, Sax. X. S'en va Grandoine, il et si compeignon, Roncis. p. 71. Il n'i fist joie, ne chevelus ne chauz, ib. 149. Conviendra il qu'à la fin congié prenne, Couci, XXII. Et s'il ne fust de remanoir viltance, ib. XXIV.

XIIIe s. Bele Isabeaus, pucele bien aprise, Aima Gerart, et il lui, en tel guise Qu'onc de folour par lui ne fu requise, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 5. Il semble à sa maniere qu'elle doive desver, Berte, XVII. Et li rois il meïsmes les prent à redresser, ib. CXXIX. Il atendirent jusqu'au quart jour et il revindrent au palais, Villehardouin, XII. Mès ge sai bien qu'il en sunt maintes Qui ne vuelent pas estre ençaintes, la Rose, 4567.

XVe s. Que voulez-vous ? il faut songer [prendre de la peine] Qui veut vivre, et soutenir peine, Pathel. Les Allemaignes, qui est chose si grande et si puissante qu'il est presque incroyable, Commines, IV, 1. Tous les seigneurs d'Allemaigne y [à la guerre] estoient à leurs despens, comme il est de coustume quant il touche le fait de l'empire, Commines, IV, 3. Vous savez qu'ilz sont six jours ouvriers en la sepmaine, Les évangiles des quenouilles, p. 10.

XVIe s. Or advint il qu'au sortir de son enfance…, Amyot, Cimon, 2. Il se presenta sur l'eschaffault des joueurs devant le peuple un de ses serviteurs habillé en forme de Bacchus, Amyot, Nicias, 5. Il semble que ce soient les habillemens qui eschauffent l'homme, et toutefois ce ne sont ils pas qui l'eschauffent ne qui luy donnent la chaleur, Amyot, Du vice et de la vertu, 1. Ce sont ils qui cherchent d'esblouir les yeux des simples ignorans, et cependant descouvrent leur bestise, Calvin, Inst. 61. Iceux ne pouvant penser que ce fust il, disoyent que c'estoit son ange, Calvin, ib. 107. Cela est estimé pour niant, combien qu'il ne soit point de petit poids au jugement de Dieu, Calvin, ib. 290. Il se veoit en plusieurs lieux la forme de leurs licts, Montaigne, I, 238. De vray il est parfois que j'ay grand'pitié de toy, La Boétie, 116. On ne le croira pas du premier coup, toutes fois il est vray, ce sont tousjours quatre ou cinq qui maintiennent le tyran, La Boétie, 62. Ha, ha ! il n'a pas paire de chausses qui veult, Rabelais, Garg. I, 9.

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Étymologie de « il »

Du latin vulgaire illī.
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Wallon, i devant une consonne, il devant une voyelle (i se dit pour il et ils) ; Berry, i, il, î, ils ; provenç. il, ils ; catal. ell ; espag. él ; ital. il ; du latin ille, celui-là. La forme archaïque de ille est ollus, qu'on a supposé être un diminutif d'un radical an ou on, rattaché au sanscrit ana, celui-là, qu'on retrouve dans anya, autre, et dans alius. On remarquera que, dans l'ancienne langue, il est toujours nominatif ; on y dit donc : tu et il, et non toi et lui. Le pluriel y est il sans s, comme le singulier ; le singulier vient de ille, le pluriel vient de illi. Au XIVe siècle on a dit il, ils, pour le féminin el, elles : Les choses semblent estre involontaires quand ilz sont faites par violence ou quant il sont faittes par ignorance, Oresme, Eth. 47. (voy. ELLE).

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Phonétique du mot « il »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
il il

Fréquence d'apparition du mot « il » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « il »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « il »

  • Dieu, s'il existe, il exagère.
    Georges Brassens — Dieu s’il existe
  • Quand il tonne, il faut écouter tonner.
    Proverbe français
  • Il est vertueux, celui qui rougit quand il a tort.
    Proverbe français
  • Imitez le temps. Il détruit tout avec lenteur. Il mine, il use, il déracine, il détache et il n'arrache pas.
    Joseph Joubert — Pensées
  • Il faut gratter les gens où il leur démange.
    Proverbe français
  • Aurélien Rousseau. L'activité épidémique augmente, et le risque est beaucoup plus élevé qu'il y a quelques semaines. Même si on très loin des niveaux que l'on a connus, au cœur de la crise. Tous les chiffres sont bas, le nombre de personnes qui arrivent tous les jours dans les services hospitaliers, le taux de positivité est bas, le taux d'incidence a un peu augmenté mais il augmente aussi parce qu'on fait beaucoup de tests. Les indicateurs sont bas mais les courbes repartent à la hausse.
    leparisien.fr — Coronavirus en Ile-de-France : «Le risque est beaucoup plus élevé qu’il y a quelques semaines» - Le Parisien
  • Il faut espérer puisqu'il faut vivre.
    Proverbe italien
  • Il faut battre le fer quand il est chaud.
    Plaute
  • Le Premier ministre s'en est pris à l'anonymat sur Internet, qui permet selon lui au pire de se déverser. Mais Jean Castex se trompe : il n'y a pas d'anonymat en ligne. La loi offre tous les outils adéquats pour remonter jusqu'à l'identité des internautes, si nécessaire. Encore faut-il donner les moyens à la justice de le faire rapidement.
    Numerama — Il est temps d'arrêter de nous bassiner avec l'anonymat en ligne
  • « Il a juste parlé avec une fille. Il est vraiment mort pour rien… », lâche un proche du jeune homme. Trois jours après le décès de Christopher Aurier, 26 ans, tué par balles, dans la nuit de dimanche à lundi devant un établissement de nuit de la zone industrielle de Thibaud à Toulouse, l’enquête du service régional de la police judiciaire a rapidement progressé. Elle a connu un véritable coup de théâtre mardi 14 juillet lorsqu’un homme de 33 ans a franchi les portes du commissariat avec ses affaires pour expliquer qu’il était celui que la police recherchait activement depuis la veille.
    ladepeche.fr — Christopher Aurier, tué par balles à Toulouse : "Il est mort pour rien" - ladepeche.fr
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Traductions du mot « il »

Langue Traduction
Anglais he
Espagnol él
Italien egli
Allemand er
Chinois
Arabe هو
Portugais ele
Russe он
Japonais
Basque he
Corse ellu
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Synonymes de « il »

Source : synonymes de il sur lebonsynonyme.fr

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Il

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