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Entendu

Définitions de « entendu »

Trésor de la Langue Française informatisé

ENTENDU, UE, part. passé et adj.

I.− Part. passé de entendre*.
Rem. Fréquemment, au sens de entendre II B, en constr. d'appos. avec valeur proche de l'adj. Tout se rapporte à cette grande distinction fondamentale du « sujet » et de l'« objet », entendus comme il faut; savoir le « moi » qui veut et agit, et le terme quelconque de cette action (Maine de Biran, Journal, 1821, p. 333). Entendue dans son sens étymologique, elle [la philologie] ne comprendrait que la grammaire, l'exégèse et la critique des textes (Renan, Avenir sc., 1890, p. 128).
II.− Emploi adj.
A.− [Correspond à entendre II]
1. Vx. [En parlant d'une pers., de ses qualités] Qui manifeste de la compétence dans un domaine donné.
a) Emploi abs. Oui, si la pernicieuse donzelle ne valait point tant seulement la corde pour la pendre, elle n'en était pas moins une magicienne fort entendue (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 363).Tu as grandi sur cette propriété (...) et, sans t'en douter, tu es averti sur bien des choses (...) Tu seras assisté par Condé qui est un homme fort entendu (Chardonne, Varais,1929, p. 173).Seulement, il ne fallait pas descendre bien au fond de ces manières gaies et brillantes pour se heurter à des principes arrêtés et à une faculté parfaitement entendue de se refuser aux choses (Lacretelle, Amour nupt.,1929, p. 158):
1. Puis, comme un acheteur entendu, se recueillant pour délibérer en lui-même et choisir avec discernement, il maniait les étoffes, essayait sur lui les bijoux, soupesait la vaisselle de prix, et quand son choix était fixé, il reprenait d'un ton haut et avantageux : « Ceci est bien; mettez ceci à part; je me propose de prendre tout cela ». Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2, 1840, p. 351.
Emploi subst., péj. Faire l'entendu, son entendu. Jouer au connaisseur, faire l'important. Cette singulière petite femme qui aimait à se vanter à tout propos et à faire l'entendue sur toutes choses (Sand, Péché de M. Antoine,1847, p. 118).Seulement, voilà; l'orgueil, l'éternel orgueil, le besoin de briller et d'étonner le monde par des mérites que l'on n'a pas!... Faire le malin et l'entendu (Courteline, Boubouroche,1893, I, 1, p. 15).
b) [Avec compl. subst. prép. à ou en, inf. prép. à] Jeune homme, j'ai bien connu monsieur votre Père. C'était un homme entendu en affaires (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1830-35, p. 228).Cet homme si mêlé et si entendu aux controverses (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 316).C'est pour redevenir un grand propriétaire toscan qu'il avait (...) recherché la main de miss Bell, qu'il savait très habile à gagner de l'argent et très entendue à tenir une maison (France, Lys rouge,1894, p. 254).
2. Usuel. [En parlant d'un trait du comportement] Qui manifeste que l'on comprend quelque chose qui souvent n'a pas été exprimé ou qui n'a pas besoin de l'être. Clin d'œil entendu; regards discrets et entendus; un air malin et entendu; prendre son air entendu. (Quasi-)synon. complice.Mais son époux disait parfois : « Ma femme, c'est une gaillarde! » avec un certain air entendu qui éveillait des suppositions (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Serre, 1883, p. 674).À ce moment, MmePauque eut un sourire encore plus fin et plus entendu que celui de tout à l'heure (Green, Malfaiteur,1955, p. 123).
B.− [Correspond à entendre II] Sens passif
1. Domaine moral
Bien entendu. Compris comme il faut. J'avais plusieurs motifs (...) pour changer de nom (...), des raisons diverses et qui toutes ne tenaient pas seulement à des considérations de prudence littéraire et de modestie bien entendue (Fromentin, Dominique,1863, p. 33).Comme si les hommes étaient poussés, en tout ce qu'ils font, par la règle de l'intérêt bien entendu (Alain, Propos,1930, p. 919).
Mal entendu. Mal compris, pratiqué mal à propos. Prosélytisme mal entendu; pudeur, vertu mal entendue; principes, scrupules mal entendus. La perversité n'était qu'un égoïsme mal entendu; la sainteté, l'amour de soi parfaitement compris (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 278):
2. Je suis fâché que l'entêtement et le zèle mal entendu d'un agent subalterne aient créé cette circonstance qui m'a valu quatre mois de peines et de privations journalières. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 627.
2. Domaine concr.,vx. Bien ou mal agencé, ordonné avec ou sans goût. Habillage, toilette bien entendu(e); appartement bien entendu, fête bien entendue. Le duc d'Orléans, prince spirituel et digne d'avoir des amis, partageait avec eux des repas aussi fins que bien entendus (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 277).Tout l'intérieur [d'un château] est entendu avec goût (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 180).
C.− [Correspond à entendre II A 2 b]
1. Sens actif, rare. [En parlant d'un milieu hum.] Où l'on s'accorde bien. Ainsi, jamais famille ne fut plus unie, mieux entendue ni plus cohérente que cette sainte et noble famille (Balzac, Béatrix,1839-45, p. 33).
2. Sens passif, usuel. Qui a été l'objet d'une entente, sanctionné par un accord. Mais j'avais toujours cru que cette augmentation était une chose acquise, entendue (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 44):
3. Ce n'est pas une affaire en l'air. J'en ai parlé depuis deux jours. C'est même une affaire entendue. Il manque seulement un papier que je vais aller chercher, dès demain, moi-même, au Havre, chez le notaire, ... Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 195.
Cause entendue (p. ext. du sens jur. cf. entendre I B 1 a). Affaire réglée, sur laquelle il n'y a pas à revenir. Si je pouvais me mépriser sans arrière-pensée, la cause à jamais serait entendue (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 162).Il se mit à rire, avec bonhomie; puis, estimant sans doute la cause entendue, il tira son étui à cigarettes (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 527).
SYNT. Il est (bien) entendu que, il demeure entendu que, étant bien entendu que, restant (bien) entendu que.
3. Locutions
[Dans un dialogue] C'est entendu. Synon. c'est convenu.− Alors c'est entendu pour samedi... ça ne va plus faire que trois jours (Ramuz, Derborence,1934, p. 17).
P. ell. Entendu. Synon. fam. d'accord.− J'ai à te parler, mon petit. Je ne te tiens pas quitte. − Entendu, papa (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 3, p. 202).
Loc. conj. Bien entendu que (vieilli). Bien entendu qu'il ne faudrait lui faire aucun mal... un ou deux jours de prison (Scribe, Bertrand,1833, I, 9, p. 143).
Loc. adv. (gén. détaché par une virgule de la prop. où il figure). Bien entendu. Synon. évidemment, naturellement.Les mots qu'ils se disent, elle et son père, Augustin ne les retrouvera jamais, bien entendu (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 23).Qu'est-ce que tu as répondu? − Non, bien entendu (Malraux, Espoir,1937, p. 695).
Rem. C'est entendu, bien entendu peuvent avoir une valeur concessive. Bien entendu, c'est beau aussi, mais c'est autre chose (Proust, Temps retr., 1922, p. 807). J'ai mes défauts, c'est entendu. Mais je crois que personne ne m'a jamais accusé d'être vaniteux (Montherl., Malatesta, 1946, IV, 4, p. 514).
Loc. adv. pop.
De bien entendu. D'accord et de bien entendu, ce n'est pas des choses à faire (Bernanos, Imposture,1927, p. 468).
Comme de bien entendu. Jmonte donc, jpaye ma place comme de bien entendu (Queneau, Exerc. style[Vulgaire], 1947, p. 77).Cette expression est le leitmotiv d'une chanson chantée par les gens du milieu dans le film Circonstances atténuantes (1939).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃tɑ ̃dy]. Ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér. : 11 879. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 12 981, b) 14 940; xxes. : a) 17 472, b) 20 931. Bbg. Quem. 2es. t. 2 1971. − Rigal (E.). Les Participes osé, avisé, entendu ds les loc. R. Lang. rom. 1884, t. 19, pp. 257-259.

Wiktionnaire

Nom commun - français

entendu \ɑ̃.tɑ̃.dy\ masculin (pour une femme, on dit : entendue)

  1. (Ironique) Personne qui se croit capable, qui est suffisant, qui joue l’important.
    • Faire l’entendu. Il fait l’entendu.

Interjection - français

entendu \ɑ̃.tɑ̃.dy\

  1. D’accord, OK, promis.

Adjectif - français

entendu \ɑ̃.tɑ̃.dy\ masculin

  1. (Vieilli) Qui s’entend bien à une chose.
    • Des gens entendus dans la culture des orangers ont exposé, […], que les pots de terre sont préférables aux caisses. — (L’agronome ou dictionnaire portatif du cultivateur, Rouen, 1787)
    • Nous sommes persuadé, d’ailleurs, que l’avocat du marquis saura tirer tout le parti désirable d’un fait qui montre à quel point Bonaventura du Breil était un commerçant entendu en affaire, faisant de la colonisation sérieuse et possesseur de concessions authentiques. — (Léon Millot, Chronique, Port-Breton, dans La Justice, no 1247, 15 juin 1883, 5e colonne en haut)
    • La mère Grillon, une brave femme, entendue au commerce, appelait le jeune homme et sa compagne : « ses deux tourtereaux », et semblait tout attendrie par cet amour avantageux pour sa maison. — (Guy de Maupassant, La femme de Paul, dans La maison Tellier, 1891, réédition Le Livre de Poche, page 220)
  2. Bien compris, complice.
    • Une remarque entendue.
    • Et les cinq hommes se regardèrent avec un sourire entendu. — (Georges Simenon, Le fou de Bergerac, Fayard, 1932, réédition Le Livre de Poche, page 17)
    • Radom et Pelat, d'un seul mouvement, lui emboîtèrent le pas, gardant le silence et se regardant de côté, d'un air entendu. — (Daniel Boulanger, Le chemin des caracoles, Laffont, 1966, réédition Le Livre de Poche, page 69)
    • Quelques filles se promènent ouvertement la main dans la main avec un garçon, disparaissent des cours, quelquefois elles reviennent avec le fameux air distant et entendu, elles sont mariées. — (Annie Ernaux, La femme gelée, 1981, réédition Quarto Gallimard, page 392)
  3. Conçu ; organisé ; concerté ; réfléchi.
    • Jamais décorateurs de théâtre n’ont imaginé une toile plus pittoresque et mieux entendue ; quand on est accoutumé aux plates perspectives des plaines, les effets surprenants que l’on rencontre à chaque pas dans les montagnes vous semblent impossibles et fabuleux. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, 1840, Charpentier, 1859)
    • Même si certains médias et organismes de recherche font, à intervalles réguliers, semblant de le découvrir pour attiser la curiosité du public, l’affaire est entendue depuis longtemps : de l’eau a coulé jadis sur Mars en abondance. — (Pierre Barthélémy, Mars pourrait avoir abrité un grand océan circumpolaire, il y a trois milliards d’années, Le Monde. Mis en ligne le 22 janvier 2022)
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Littré (1872-1877)

ENTENDU (an-tan-du, due) part. passé d'entendre
  • 1Qui a été perçu par l'oreille. Le tonnerre entendu de loin. Des menaces à peine entendues de celui à qui elles s'adressaient.
  • 2Qui a été écouté. L'accusé entendu dans ses moyens de défense.

    Terme de palais. La cause est entendue, c'est-à-dire les débats sont clos.

  • 3Dont le sens a été saisi. Cette phrase diversement entendue par les traducteurs. Le monstre furieux de se voir entendu Venge aussitôt sur lui tant de sang répandu, Corneille, Œdipe, I, 4.

    C'est entendu, c'est-à-dire c'est convenu, arrêté. Teresina : N'oublie pas de laisser la petite porte ouverte en t'en allant. - Tenorio : C'est entendu, Picard, Alcade, II, 13.

    Bien entendu, loc. adv. Assurément, sans doute. Y consentez-vous ? bien entendu.

    Bien entendu que, loc. conj. Toutefois, pourtant. Voilà la règle, bien entendu qu'il y a des exceptions. Causons comme si nous n'avions rien à démêler ; bien entendu, ajouta-t-elle, que nous ne nous en aimerons pas davantage et que nous reprendrons nos démêlés au retour, Mme de Caylus, Souvenirs, dans POUGENS.

  • 4Qui a l'intelligence d'une chose. Un homme entendu aux affaires. Qu'on ne croie pas qu'il fût peu entendu dans ces affaires, Bossuet, Var. 5. Les hommes les plus entendus à la guerre, Bossuet, Hist. III, 6. Des hommes fins ou entendus, La Bruyère, XI. Fort entendu au métier de la guerre, Fléchier, Hist. de Théod. II, 16.

    Substantivement. Faire l'entendu, agir en personne qui s'entend aux choses, et, le plus souvent, en un sens défavorable, faire l'important, le capable. Au reste, il fait l'entendu comme s'il était sorti de la côte de saint Louis, Scarron, Rom. com. I, 5. Vous voyez que je fais un peu l'entendue, Sévigné, 111. Quoique je fasse l'entendue, je ne suis pas si habile, Sévigné, 239.

    On dit dans le même sens trancher de l'entendu. …J'en sais comme lui qui parlent d'Allemagne, Et, si l'on veut les croire, ont vu chaque campagne, Sur chaque occasion tranchent des entendus, Content quelque défaite…, Corneille, Ment. III, 3.

  • 5Bien entendu, disposé avec intelligence, avec art. Une draperie bien entendue. La décoration en est bien entendue, Th. Corneille, l'Inconnu, v, 4. Dieu qui avait fait un ouvrage si bien entendu et si capable de satisfaire tout ce qui entend…, Bossuet, Connaiss. IV, 8. Ce fut à frais communs qu'ils donnèrent les repas les mieux entendus et les plus délicats qu'on eût encore vus, Hamilton, Gramm. 11. Les jardins étaient bien entendus et ornés de belles statues, Voltaire, Cand. 25. Il les vint prendre lui-même, pour les inviter à un repas propre et bien entendu, Voltaire, Zadig, 20.

    Dans le sens contraire, tout était mal entendu, disposé sans goût, sans intelligence.

    Bien entendu, mal entendu, se dit aussi des choses morales. Si vous n'eussiez fait que conquérir la Grèce, les îles voisines et peut-être encore quelque petite partie de l'Asie Mineure, et vous en composer un État, il n'y avait rien de mieux entendu ni de plus raisonnable, Fontenelle, Dial. des morts, Alexandre et Phriné. À l'égard des personnes qu'un zèle sincère, quoique mal entendu, pourra indisposer contre moi, j'en respecterai la cause sans en craindre et sans en approuver l'effet, D'Alembert, Ab. de la crit. Œuv. t. IV, p. 285, dans POUGENS. Loin d'être une mauvaise mère, elle a une tendresse très bien entendue pour les enfants, Genlis, Adèle et Théod t. I, lett. 21, p. 154, dans POUGENS.

REMARQUE

Entendu toutes les parties, ou bien les parties entendues. Le participe est indéclinable dans le premier cas, déclinable dans le second, d'après la règle moderne qui veut qu'ainsi placé, le participe soit indéclinable, par exemple : excepté, inclus, etc.

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Phonétique du mot « entendu »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
entendu ɑ̃tɑ̃dy

Fréquence d'apparition du mot « entendu » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « entendu »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « entendu »

  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • […] ce petit ouvrage permet à tout un chacun de composer à volonté cent mille milliards de sonnets, tous réguliers bien entendu. C’est somme toute une sorte de machine à fabriquer des poèmes, mais en nombre limité ; il est vrai que ce nombre, quoique limité, fournit de la lecture pour près de deux cents millions d’années (en lisant vingt-quatre heures sur vingt-quatre).
    Raymond Queneau — Cent mille milliards de poèmes
  • Tu es sur le point de commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si une nuit d’hiver un voyageur. Détends-­toi. Recueille-­toi. Chasse toute autre pensée de ton esprit. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. Il vaut mieux fermer la porte ; là-­bas la télévision est toujours allumée. Dis-­le tout de suite aux autres : « Non, non, je ne veux pas regarder la télévision. » Lève la voix, sinon ils ne t’entendront pas  : « Je suis en train de lire ! Je ne veux pas être dérangé. » Il se peut qu’ils ne t’aient pas entendu avec tout ce bazar ; dis-­le à haute voix, crie  : « Je vais commencer le nouveau roman d’Italo Calvino ! » Ou si tu ne veux pas, ne le dis pas ; espérons qu’ils te laissent tranquille.
    Italo Calvino — Si une nuit d’hiver un voyageur
  • […] L’œuvre littéraire de Zola est immense. Vous venez d’entendre le président de la Société des gens de lettres en définir le caractère avec une admirable précision. Vous avez entendu le ministre de l’Instruction publique en développer éloquemment le sens intellectuel et moral. Permettez qu’à mon tour je la considère un moment devant vous.Messieurs, lorsqu’on la voyait s’élever pierre par pierre, cette œuvre, on en mesurait la grandeur avec surprise. On admirait, on s’étonnait, on louait, on blâmait. Louanges et blâmes étaient poussés avec une égale véhémence. On fit parfois au puissant écrivain (je le sais par moi-même) des reproches sincères, et pourtant injustes. Les invectives et les apologies s’entremêlaient. Et l’œuvre allait grandissant.Aujourd’hui qu’on en découvre dans son entier la forme colossale, on reconnaît aussi l’esprit dont elle est pleine. C’est un esprit de bonté. Zola était bon. Il avait la grandeur et la simplicité des grandes âmes. Il était profondément moral. Il a peint le vice d’une main rude et vertueuse. Son pessimisme apparent, une sombre humeur répandue sur plus d’une de ses pages cachent mal un optimisme réel, une foi obstinée au progrès de l’intelligence et de la justice. […]
    Anatole France — Éloge funèbre d’Émile Zola
  • Je crois que vous l'avez un jour entendu de ma bouche, mais, cependant, je vous le redirai. Ma mère m'ayant suivi à Milan, y trouva que l'Église n'y jeûnait pas le samedi; elle se troublait et ne savait pas ce qu'elle devait faire; je me souciais alors fort peu de ces choses; mais, à cause de ma mère, je consultai là-dessus Ambroise, cet homme de très-heureuse mémoire; il me répondit qu'il ne pouvait rien conseiller de meilleur que ce qu'il pratiquait lui-même, et que s'il savait quelque chose de mieux il l'observerait. Je croyais que, sans nous donner aucune raison, il nous avertissait seulement, de sa seule autorité, de ne pas jeûner le samedi, mais, reprenant la parole, il me dit : « Quand je suis à Rome, je jeûne le samedi; quand je suis ici, je ne jeûne pas ce jour-là. Faites de même; suivez l'usage de l'Église où vous vous trouvez, si vous ne voulez pas scandaliser ni être scandalisé. » Lorsque j'eus rapporté à ma mère cette réponse, elle s'y rendit sans difficulté. Depuis ce temps, j'ai souvent repassé cette règle de conduite, et je m'y suis toujours attaché comme si je l'avais reçue d'un oracle du ciel. 
    Lettres de Saint Augustin traduites en français par M. Poujoulat — Paris
  • Dès qu'il la voit partie, il contrefait son ton,Et d'une voix papelardeIl demande qu'on ouvre en disant : « Foin du loup ! »Et croyant entrer tout d'un coup.Le biquet soupçonneux par la fente regarde :« Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point, »S'écria-t-il d'abord. (Patte blanche est un pointChez les loups, comme on sait, rarement en usage.)Celui-ci, fort surpris d'entendre ce langage,Comme il était venu s'en retourna chez soi.Où serait le biquet s'il eût ajouté foiAu mot du guet, que de fortuneNotre loup avait entendu ?Deux sûretés valent mieux qu'une,Et le trop en cela ne fut jamais perdu.
    Jean de la Fontaine — Fables
  • ll savait fort bien que Cardinaud avait fait bâtir une maison et avait signé des traites pour plusieurs années. Il était même venu à la pendaison de crémaillère. J'ai pensé que vous pourriez me prêter trois mille francs que, bien entendu, je vous rendrai en très peu de temps.
    Georges Simenon — Le Fils Cardinaud
  • Je peux la loger chez moi dans toutes les conditions de confort et de moralité nécessaires ! et elle n'aura bien entendu aucuns frais pendant tout son séjour à Paris.
    Roger Vailland — Lettres à sa famille
  • Alexandra fronça les sourcils, dit simplement quoi, d’une voix sourde, étranglée.- C’est amusant, non ? C’est un adage que j’ai entendu récemment dans un petit spectacle dans prétention.- Salaud ! avait-elle murmuré tout bas- Que dis-tu ?-Rien. Le diable se cache dans les détails.- Figure-toi que Clémenceau aurait inventé la formule.
    Marc Durin-Valois — Le diable est dans les détails
  • Mais, moi, remué dans mes plus sombres idées par ce que j'avais entendu, je ne me tins pas au logis, et m'en revins seul à la même allée du jardin.
    Sainte-Beuve — Volupté
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Traductions du mot « entendu »

Langue Traduction
Anglais heard
Espagnol escuchó
Italien sentito
Allemand gehört
Chinois 听到
Arabe سمع
Portugais ouviu
Russe слышал
Japonais 聞こえた
Basque entzun
Corse intesu
Source : Google Translate API

Antonymes de « entendu »

Combien de points fait le mot entendu au Scrabble ?

Nombre de points du mot entendu au scrabble : 8 points

Entendu

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