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Affamé

Définitions de « affamé »

Trésor de la Langue Française informatisé

AFFAMÉ, ÉE, part passé, adj. et subst.

A.− Part. passé de affamer*.
B.− Emploi adj.
1. Qui souffre de la faim, par absence ou privation de nourriture (cf. affamer A 1) :
1. ... « La France est couverte de soldats et même d'étrangers; Paris est bloqué et affamé, les campagnes pillées et épuisées, les églises même saccagées; ... » P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 3, 1824, p. 181.
2. S'il n'avait pas fumé depuis longtemps, il me parut vraisemblable qu'il n'avait pas mangé depuis quarante-huit heures au moins. Il dévorait comme un loup affamé. P. Mérimée, Carmen,1847, p. 8.
3. La grue est un oiseau constamment affamé, d'intelligence courte et de pied allongé. F. Jammes, Les Géorgiques chrétiennes,1912, p. 46.
Proverbe. Ventre affamé n'a pas d'oreilles. Celui qui a faim n'écoute guère ce qu'on lui dit :
4. Vous êtes aises comme des rats en paille; vous avez le dos au feu et le ventre à table; on vous prêche et vous n'écoutez pas; je le crois bien, ventre affamé n'a point d'oreilles; mais aussi rira bien qui rira le dernier. R. de Gourmont, Esthétique de la langue française,1899, p. 281.
Var. Ventre affamé n'a point de morale (P.-J. Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?, 1840, p. 188).
2. P. ext.
a) Vx. Écriture affamée (« déliée »), habit affamé (« où l'on a trop économisé l'étoffe ») : cf. affamer A 2.
b) Emplois techn.
CONSTR. ,,Se dit d'un bloc de pierre, de marbre ou de bois, qui, après l'ébauchage, n'a plus assez de matière pour qu'on puisse donner au travail fini les dimensions prévues.`` (Chabat t. 1 1875).
GÉOL., AGRONOMIE
Sol affamé. Qui ne retient pas l'eau, peu productif.
Terre affamée. ,,Qui a perdu ses substances fertilisantes, en particulier qui a été épuisée par des plantes adventices.`` (Plais.-Caill. 1958) :
5. Le terrain maigre est « ganit », ce qui signifie affamé, tandis que le gras se contente de peu. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 2, 1928, p. 4.
3. Au fig. et littér.
a) Affamé de + subst. ou verbe à l'inf.Passionnément avide de, animé du vif désir de.
[Suivi d'un subst., inanimé abstr.] Affamé d'amour, de justice, de vérité :
6. Pourquoi mon âme n'est-elle pas affamée de justice et de vérité comme mon corps de nourriture et mes sens divers des excitations accoutumées? Maine de Biran, Journal,1820, p. 277.
7. ... je lui ouvris mon cœur, gros d'affection; j'essayai de la toucher par l'éloquence d'une plaidoirie affamée d'amour, et dont les accents eussent remué les entrailles d'une marâtre. H. de Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 20.
Rem. Syntagmes littér. : affamé d'argent (A. Thibaudet, Réflexions sur la littérature, 1936, p. 74); affamé de douleur (J. Michelet, Introduction à l'histoire universelle, 1831, p. 419); affamé de vengeance (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 712).
[Suivi d'un subst. désignant une pers., ou d'un pron. (pers., indéf.)] Affamé de soi, l'un de l'autre, etc. :
8. Dès la première rencontre, il [Prada] voulut Benedetta. Celle-ci, il ne pouvait l'avoir comme maîtresse, elle n'était qu'à épouser; et il n'hésita pas un instant... brusquement affamé de cette pure virginité... É. Zola, Rome,1896, p. 39.
9. Délivrez-le et délivrez-moi pour la vie éternelle que vous avez promise à tous ceux qui seraient affamés de vous. L. Bloy, Journal,1905, p. 273.
[Suivi d'un verbe inf.] Passionnément désireux d'accomplir ou de voir s'accomplir une action :
10. ... j'écrirai cette histoire-là quelque jour, car je suis affamé de me conter à moi-même − tout ce que je fais c'est pour me faire plaisir −. G. Flaubert, Souvenirs, notes et pensées intimes,1841, p. 103.
11. Au premier regard, elle comprit que je revenais à elle épuisé, affamé de la voir et le cœur intact. E. Fromentin, Dominique,1863, p. 203.
Rem. Syntagme littér. : affamé de mourir (E. About, Le Roi des montagnes, 1857, p. 246).
b) Absol., gén. péj. Avide, cupide, insatiable.
[Appliqué à une pers.] :
12. À force de s'aimer cependant, de se le dire, de toujours fouiller d'une main prodigue dans les trésors de leur nature, ils étaient devenus d'une cupidité insatiable, et comme la vie humaine n'a pas de boissons pour toutes les soifs ni de mets rassasiants pour tous les appétits, altérés, affamés, ils se contemplaient avec douleur. G. Flaubert, La Première éducation sentimentale,1845, pp. 166-167.
13. J'avais frappé à toutes les bourses royalistes; aucune ne s'ouvrit : on me conseilla de m'adresser à M. Laffitte et M. Laffitte m'avança dix mille francs que je jetai dans la gueule des créanciers les plus affamés. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, pp. 102-103.
[Appliqué à un inanimé abstr.] Amour affamé, passion affamée :
14. Maintenant la vie était là, tout près de moi, et le temps n'était plus; et ce temps disparu mangeait ma vie. La passion affamée engloutissait mes heures, mes jours. J'aimais. O.-V. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, pp. 63-64.
C.− Emploi subst., fam. ou littér.
1. Celui, celle qui souffre de la faim :
15. Ils sont de force à dire à un affamé : mangez donc! et n'oublient que de lui donner du pain. H.-F. Amiel, Journal intime,17 avr. 1866, p. 249.
16. ... et voici que je n'en puis plus et que je suis comme un affamé qui ne peut retenir ses larmes à la vue de la nourriture! P. Claudel, Partage de midi,1reversion, 1906, II, p. 1026.
2. Au fig.
a) Affamé de :
17. ... il faut de la pâture aux affamés de temps; quand on a dévoré cinquante ou soixante ans, on se couche en pleine fringale. J. Romains, La Vie unanime,1908, p. 244.
Rem. Syntagmes : affamés de vertu (E. Psichari, Le Voyage du centurion, 1914, p. 187); affamé d'infini (M. Barrès, Mes cahiers, t. 6, 1907-1908, p. 64).
b) Absol. Celui, celle qui éprouve des désirs ardents. Péj. Personne que la cupidité rend avide :
18. ... je ne vois pas pourquoi les prophètes seraient dispensés de donner leur chair pour nourriture à l'affamée immense et sombre, la nature. V. Hugo, La Légende des siècles,t. 6, 1883, p. 185.
19. ... je la saisis dans mes deux bras et je me mis à l'embrasser, mais à l'embrasser, comme un affamé, comme un homme qui attend ça depuis longtemps. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Patronne, 1884, p. 699.
20. Il éprouvait, à devoir se jeter dans cette mêlée, à être confondu avec la bande d'affamés, de cupides et d'ambitieux qui se ruaient à l'assaut des honneurs, une espèce d'écœurement et de honte, comme s'il avait souillé sa soutane. A. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 493.
3. Arg. des voleurs. L'affamée. La bouche :
21. Affamée (l') : La bouche. Allusion à la faim ou à la femme hystérique affamée de baisers (Argot des voleurs) N[ouveau]. Ch. Virmaitre, Dict. d'argot fin du siècle,1894, p. 4.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 818. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 877, b) 1 476; xxes. : a) 1 759, b) 880.

Wiktionnaire

Nom commun - français

affamé \a.fa.me\ masculin (pour une femme, on dit : affamée)

  1. Personne affamée.
    • C’est un affamé.
    • On remarqua beaucoup, à Plassans, une série d’attaques dirigées par le fils contre les personnes que le père recevait chaque soir dans le fameux salon jaune. La richesse des Roudier et des Granoux exaspérait Aristide au point de lui faire perdre toute prudence. Poussé par ses aigreurs jalouses d’affamé, il s’était fait de la bourgeoisie une ennemie irréconciliable, lorsque l’arrivée d’Eugène et la façon dont il se comporta à Plassans vinrent le consterner. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, page 98)

Adjectif - français

affamé \a.fa.me\ masculin

  1. Qui souffre de la faim, par absence ou privation de nourriture, avoir très faim.
    • […] il ne reste plus un habitant, plus une tête de bétail, plus un boisseau de grain. L’intendance ne réussit plus à pourvoir aux besoins de tous les ventres affamés dont elle a la charge. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 96)
    • L’accablement particulier qui l’oppressait ne provenait pas tant d’une anxiété patriotique que de la faim ; évidemment, il se sentait très affamé. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 326 de l’édition de 1921)
    • Un matin, Géronimus affamé décida de partir à la chasse dans une contrée giboyeuse que lui avait indiquée son lézard Lazare. — (Jean Cayrol, Histoire d’un désert, 1972)
    • Au mot « héritage », presque tout le monde pitait mieux qu’une bande de poissons affamés. — (Andrea Camilleri, L'âge du doute, Une enquête du commissaire Montalbano, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, Éditions Fleuve Noir, 2013, chapitre 3)
  2. (Sens figuré) Qui a de l’avidité pour quelque chose, qui souhaite quelque chose avec ardeur.
    • Être affamé de gloire, affamé d’honneurs, affamé de nouvelles.
    • Et il raconta sa vie de chaque jour, poétiquement, de façon à faire vibrer dans le cœur de ces bourgeois privés d’herbe et affamés de promenades aux champs cet amour bête de la nature qui les hante toute l’année derrière le comptoir de leur boutique. — (Guy de Maupassant, Une partie de campagne, dans La maison Tellier, 1891, collection Le Livre de Poche, page 194)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

AFFAMER. v. tr.
Réduire à la faim par la suppression des vivres. Affamer une ville, une place, une province, tout un pays. Vous ne faites que l'affamer en lui donnant si peu à manger. Le participe passé

AFFAMÉ, ÉE, s'emploie aussi comme adjectif. Prov. et fig., Ventre affamé n'a point d'oreilles, Un homme qui a faim n'écoute guère ce qu'on lui dit, les représentations qu'on lui fait. Il s'emploie même comme nom. C'est un affamé.

AFFAMÉ, adjectif, signifie au figuré Qui a de l'avidité pour quelque chose, qui souhaite quelque chose avec ardeur. Être affamé de gloire, affamé d'honneurs, affamé de nouvelles.

Littré (1872-1877)

AFFAMÉ (a-fa-mé, mée) part. passé.
  • 1Pressé par la faim. Ventre affamé. Parasite affamé. Une garnison affamée par l'ennemi … dans la disette, une muse affamée Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée, Boileau, A. P. IV.
  • 2 Substantivement. Il mange comme un affamé. Il ne leur épargne aucune de ces malpropretés dégoûtantes, capables d'ôter l'appétit aux plus affamés, La Bruyère, 11.
  • 3 Fig. Avide. Ce cœur nourri de sang et de guerre affamé, Racine, Mithr. II, 3. Si de sang et de mort le ciel est affamé, Racine, Iphig. V, 2. C'était du grand Henri la redoutable armée… lasse du repos et de sang affamée, Voltaire, Henr. VI. Ton courage affamé de péril et de gloire, Court d'exploits en exploits, de victoire en victoire, Boileau, Sat. VIII. … je ne puis souffrir ces auteurs renommés, Qui, dégoûtés de gloire et d'argent affamés, Boileau, A. P. IV. Où sera le juge assez hardi, assez affamé de faire un coupable…, Pellisson, II, 134. Un bel air dont je suis affamée, Sévigné, 445. Je suis affamée de jeûne et de silence, Sévigné, 447. J'y vois des gens affamés de richesses, des gens affamés d'honneur…, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 48. Tous leurs désirs sont satisfaits, et leur plénitude les élève au-dessus de tout ce que les hommes vides et affamés cherchent sur la terre, Fénelon, Tél. XI.

    PROVERBE

    Ventre affamé n'a point d'oreilles, c'est-à-dire quand on a faim on n'écoute rien.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « affamé »

De affamer.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « affamé »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
affamé afame

Fréquence d'apparition du mot « affamé » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « affamé »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « affamé »

  • LE MILAN ET LE ROSSIGNOLAprès que le Milan, manifeste voleur,Eut répandu l'alarme en tout le voisinageEt fait crier sur lui les enfants du village,Un Rossignol tomba dans ses mains, par malheur.Le héraut du printemps lui demande la vie :« Aussi bien que manger en qui n'a que le son ?Écoutez plutôt ma chanson ;Je vous raconterai Térée et son envie.— Qui, Térée ? est-ce un mets propre pour les Milans ?— Non pas, c'était un Roi dont les feux violentsMe firent ressentir leur ardeur criminelle :Je m'en vais vous en dire une chanson si belleQu'elle vous ravira : mon chant plaît à chacun. »Le Milan alors lui réplique :« Vraiment, nous voici bien : lorsque je suis à jeun,Tu me viens parler de musique.— J'en parle bien aux Rois. — Quand un roi te prendra,Tu peux lui conter ces merveilles.Pour un Milan, il s'en rira :Ventre affamé n'a point d'oreilles.
    Jean de La Fontaine — Fables
  • Sur le fond de sa déclaration à l'Assemblée nationale, Édouard Philippe entre dans le concret mais j'ai trois reproches. Quand on veut mobiliser une opinion publique confinée, il faut tracer un chemin d'espoir. Français confiné n'a pas d'oreilles, ai-je envie de dire pour détourner une expression connue (Ventre affamé n'a pas d'oreilles, NDLR).
    Interview de Roger Karoutchi — www.lepoint.fr
  • C'est dans ce bienheureux centre où si le ventre affamé qui n'a point d'oreilles pouvait parler, il dirait bien, n'en déplaise aux puissances de la terre, que messieurs les chartiers savourent des plaisirs dont les rois et les princes ne sont pas capables.
    Théophile de Viau — Libertins du XVIIᵉ siècle
  • L'esclandre eut le mérite de faire arriver la patronne. Je sens qu'on a faim, ici, dit-elle. Ventre affamé n'a point d'oreilles mais a du coffre.
    Dominique Noguez — Les Martagons
  • Comme pour illustrer l’adage “Ventre affamé n’a point d’oreilles”, l’insécurité alimentaire, en plus de fragiliser les populations, est également un facteur de déstabilisation plus globale.
    www.huffingtonpost.fr — 9-10-2020

Traductions du mot « affamé »

Langue Traduction
Anglais hungry
Espagnol hambriento
Italien affamato
Allemand hungrig
Chinois 饥饿的
Arabe جائع
Portugais com fome
Russe голодный
Japonais お腹がすいた
Basque gosea
Corse a fame
Source : Google Translate API

Antonymes de « affamé »

Combien de points fait le mot affamé au Scrabble ?

Nombre de points du mot affamé au scrabble : 13 points

Affamé

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