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Antithèse – Figure de style [définition et exemples]

Définition de l’antithèse

L’antithèse est une figure de style qui établit une relation d’opposition entre deux éléments, pensées ou expressions, rapprochés au sein d’un même énoncé. 

Très répandue en littérature et en art poétique, l’antithèse crée un effet de contraste en mettant en valeur la différence de sens entre les termes opposés dits « antithétiques ». 

Par exemple, dans un poème de Louise Labé, l’opposition sémantique souligne les sensations contradictoires que peut susciter la passion amoureuse.

Je vis, je meurs, je me brûle et me noie.
J’ai chaud extrême en endurant froidure.
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Louise Labé

Afin de gagner en efficacité, cette figure d’opposition se double parfois d’un parallélisme, mis en évidence par la forme symétrique des éléments. Le rythme de la phrase donne ainsi plus de puissance aux vérités générales. 

Par exemple, les derniers vers de la tragédie historique de Jean Racine, Bérénice, traduisent le dilemme tragique auquel les personnages sont confrontés :

Je l’aime, je le fuis ; Titus m’aime, il me quitte

Jean Racine, Bérénice

De nombreux titres d’œuvres reposent sur l’antithèse. La coordination des termes utilisés donne un effet de symétrie. Exemples : 

  • Le Rouge et le Noir (Stendhal)
  • L’Être et le Néant (Sartre)
  • Guerre et Paix (Tolstoï)
  • La Belle et la Bête (Leprince de Beaumont)

Antithèse et oxymore : quelle différence ?

Il ne faut pas confondre l’antithèse avec une autre figure de l’opposition : l’oxymore.

À la différence de l’antithèse, l’oxymore juxtapose deux termes contradictoires au sein d’un même groupe de mots, comme dans cet extrait du Cid, où Don Rodrigue s’adresse à Don Fernand : 

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Cette obscure clarté qui tombe des étoiles

Pierre Corneille, Le Cid

En apportant une précision à un terme par une propriété contradictoire, l’oxymore rend compte de l’impensable. Honoré de Balzac, dans Le colonel Chabert, évoque « une sublime horreur ».

En résumé, l’antithèse réunit les mots de sens contraire au sein d’une même proposition alors que l’oxymore consiste à les accoler dans un même syntagme.

Origine et étymologie de l’antithèse

Apparu au XVIe siècle, le terme antithèse vient du grec ancien Ἀντίθεσις (antithésis) signifiant « opposition ». Composé du préfixe ἀντὶ (anti) pour « contre » et de thêsis pour « pose, position ». 

Le terme antithèse est utilisé en philosophie par opposition à la thèse. L’antithèse suit la thèse et précède la synthèse. 

Retrouvez toutes les informations sur le mot « antithèse » dans notre dictionnaire.

Exemples d’antithèses

Tour d'horizon des textes les plus célèbres comportant des antithèses :

Je n’ai jamais vu un enfant sans penser qu’il deviendrait vieillard, ni un berceau sans songer à une tombe.

Gustave Flaubert, Pensées.

 Un ver de terre amoureux d’une étoile.

Victor Hugo, Ruy Blass

[...] une lutte entre l'Océan et le Granit, deux créatures également puissantes : l'une par son inertie, l'autre par sa mobilité.

Balzac, Séraphîta

J’aime la liberté, et languis en service,
Je n’aime point la cour, et me faut courtiser,
Je n’aime la feintise, et me faut déguiser,
J’aime simplicité, et n’apprends que malice ;
Je n’adore les biens, et sers à l’avarice,
Je n’aime les honneurs, et me les faut priser,
Je veux garder ma foi, et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que vice !
Je cherche le repos, et trouver ne le puis,
J’embrasse le plaisir, et n’éprouve qu’ennuis,
Je n’aime à discourir, en raison je me fonde :
J’ai le corps maladif, et me faut voyager,
Je suis né pour la Muse, on me fait ménager ;
Ne suis-je pas, Morel, le plus chétif du monde ?

Joachim Du Bellay, J’aime la liberté, et languis en service

Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.

Pierre Corneille, Le Cid.

Cet homme dont j'admire le génie et dont j'abhorre le despotisme

François René de Chateaubriand

Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine, Les Animaux de la peste

Non, j’ai pu vivre dans la servitude, mais j’ai toujours été libre.

 Montesquieu, Lettres persanes, 161

Fermons la télé, ouvrons les yeux.

 D. Devillers, Le nouveau Magazine Littéraire, 2018

Paris est tout petit, c'est là sa vraie grandeur.

Jacques Prévert, Paris est tout petit

Le ciel est noir, l’océan est blanc. En bas écume, en haut ténèbres. Un horizon de fumée, un zénith plafonné de crêpe […] Une noirceur émiettée en blancheurs…

Victor Hugo, L’Homme qui rit.

Le grain de sable dans le désert, le flocon d’écume dans l’océan, sont des manifestations vertigineuses ; la toute-puissance ne prend pas la peine de cacher son atome, elle fait la faiblesse force, elle emplit de son tout le néant, et c’est avec l’infiniment petit que l’infiniment grand vous écrase. C’est avec des gouttes que l’océan vous broie.

Victor Hugo, Les travailleurs de la mer.

Vous voulez en savoir plus ? Consultez notre guide des figures de style en français.

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