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L'enfer est pavé de bonnes intentions : définition et origine de l'expression

Il est de science commune que l’expression « c’est l’intention qui compte » est devenue le cri de ralliement de tous les hommes de bonne volonté dont le sauve-conduit est la fameuse « bonne intention ». 

A tous ceux-là, il nous prend parfois l’envie de rétorquer que « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Il ne s’agit plus désormais de vouer véritablement à la géhenne de feu son prochain, mais de lui faire passer un message. Lequel ? Nous vous l’expliquons dans cet article et nous vous détaillons l’origine historique (et catholique) de cette expression.

Définition de l’expression « l’enfer est pavé de bonnes intentions » 

La locution-phrase « L’enfer est pavé de bonnes intentions » a deux significations :  que la volonté d’agir ou le désir de faire bien ne suffisent pas tant que des actes ne suivent pas et que l’on peut former un grand nombre de bonnes résolutions sans pour autant les mener à leur fin. 

Elle peut aussi vouloir dire que la volonté de bien faire peut parfois conduire à des résultats pires que ceux que l’on espérait et que les meilleures dispositions du monde peuvent aboutir à des bilans catastrophiques (car l’on a pas assez réfléchi aux conséquences de ses actes, elle concerne les spécialistes du « je ne l’ai pas fait exprès »). 

L’utilisation de la métaphore du chemin de l’enfer (avec le verbe « paver ») vient de la version complète de l’expression qui est la suivante : « Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions ». L’expression a connu des variantes, même si c’est sous cette forme qu’elle est le plus utilisée aujourd’hui dans le langage courant.

Origine de l’expression « l’enfer est pavé de bonnes intentions »

Le proverbe « L’enfer est pavé de bonnes intentions » est attribué à Bernard de Clairvaux (moine du XIIe siècle, Docteur de l’Eglise et réformateur de la vie religieuse catholique) par saint François de Sales (théologien et prélat catholique savoyard). On en trouve la première occurrence dans son abondante correspondance avec Jeanne de Chantal, au cours de l’année 1604. En faisant référence à « notre saint Bernard), François de Sales dit à Jeanne de Chantal que « l’enfer est plein de bonnes volontés ou désirs ».

Pour ce qui est de son interprétation théologique, François de Sales explique plus loin dans sa lettre : 

Il y a deux sortes de bonnes volontés. L’une dit: je voudrais bien faire, mais il me fâche et ne le ferai pas; l’autre dit : [Je] veux bien faire, mais je n’ai pas tant de pouvoir que de vouloir, c’est cela qui m’arrête. La première remplit l’enfer, la seconde le Paradis. La première volonté ne fait que commencer à vouloir et désirer, mais elle n’achève pas de vouloir; ses désirs n’ont pas assez de courage, ce ne sont que des avortons de volonté, c’est pourquoi elle remplit l’enfer. Mais la seconde produit des désirs entiers et bien formés.

On trouve, dans L’Ecclésiaste, un aphorisme similaire : « La voie des pécheurs est pavée de pierres, mais à son extrémité est le gouffre du shéol (séjour des morts dans la Bible, ndlr) » (21 : 10). L’expression, à l’origine entendue dans le contexte d’une morale catholique du bien et du mal, s’est aujourd’hui popularisée au point de devenir une façon de juger des actes (ou de l’absence d’actes en l’occurrence) de son voisin beau parleur.

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Pour aller plus loin : Une explication de l’origine de cet aphorisme veut que la métaphore du « chemin pavé » nous vienne de l’Angleterre où l’expression s’est répandue dans les siècles qui suivirent pour revenir dans la langue française ainsi modifiée. Il était néanmoins courant qu’en français on utilise l’expression « paver la voie à quelque chose » (remontant au XVIe siècle) afin de signifier « préparer la voie ».

Exemples d’usage de l’expression « l’enfer est pavé de bonnes intentions »

Jamais il ne faut se défier des sentiments mauvais en amour, ils sont très salutaires, les femmes ne succombent que sous le coup d’une vertu. L’enfer est pavé de bonnes intentions n’est pas un paradoxe de prédicateur.

Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, 1832

Le bien autant que le mal est un obstacle à la libération. « L’enfer est pavé de bonnes intentions. » C’est au nom du bien que les hommes se font du mal. Le bien est un des piliers de l’égoïsme, de l’incompréhension et de la souffrance.

Arnaud Desjardins, Les Chemins de la sagesse, 1999

Pas plus que tant d’autres rois que mentionne l’histoire, doués de plus de sens et de cœur que lui, et qui depuis longtemps ont pavé l’enfer de leurs bonnes intentions.

Lord Byron, La vision du jugement, XXXVII, 1874
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Violaine Epitalon

Violaine Epitalon

Violaine Epitalon est journaliste, titulaire d'un Master en lettres classiques et en littérature comparée et spécialisée en linguistique, philosophie antique et anecdotes abracadabrantesques.

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