Faire chou blanc : définition et origine de l'expression
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Voici une expression qu’on n’aime pas utiliser, puisqu’elle désigne l’échec ! Savez-vous d’où vient l’expression « faire chou blanc » ? Pourquoi donc parlons-nous d’un chou ici ? Et pourquoi cette couleur ? Dans cet article, on vous donne la définition de « faire chou blanc » et son origine.
Définition de l’expression « faire chou blanc »
L’expression « faire chou blanc » est utilisée pour dire que quelqu’un échoue, qu’une personne subit un échec, n’a pas de réussite.
Synonymes de faire chou blanc :
- rater son coup
- échouer
- être en échec
- subir un échec
- rater
- perdre
À noter qu’on trouve parfois cette expression sous forme d’interjection, sans le verbe « faire » : « Chou blanc ! ». Cette expression s’écrit toujours au singulier, il n’y a qu’un seul « chou blanc ». On n’écrit donc jamais « faire choux blancs ».
Origine de l’expression « faire chou blanc »
Au XIVe siècle, le jeu de quille était très populaire. Ce jeu consiste à abattre le plus grand nombre de quilles disposées sur le sol avec un projectile. Aujourd’hui, on l’appelle généralement par sa dénomination anglophone bowling.
C’est de ce jeu que viendrait l’expression « faire chou blanc ». En effet, lorsqu’un joueur ne parvenait à abattre aucune quille, alors on disait qu’il faisait « coup blanc ». Or, dans le Berry, où on parle Berrichon, le mot « coup » se prononçait « chou ». De fil en aiguille, l’expression « faire chou blanc » est née de cette prononciation un peu particulière !
Cette hypothèse est confirmée en 1878 dans Le Courrier de Vaugelas, en réponse à une question d’un lecteur :
Si on analyse les occurrences de l’expression chou blanc dans les textes publiés, il semble que cette expression apparaît à la fin du XVIIIe siècle pour prendre véritablement son essor à partir de la seconde moitié du XIXe siècle :
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Exemples d’usage de l’expression « faire chou blanc »
« Dis-moi ton vœu, Neal. » J’ai hésité. Puis j’ai essayé d’inventer quelque chose, mais j’étais si heureux que j’ai fait chou blanc.
Charles D’Ambrosio, Le cap
Or donc, voulut savoir Dupin, l’on a vingt fois soumis la maison du filou à l’inquisition ? Oui, admit Didot, mais l’on fit chou blanc à tous coups
Georges Perec, La disparition
L’agent commençait à se faire un mouron terrible du temps perdu, de l’argent gaspillé, une mission tournant au chou blanc absolu tout ça n’était pas très réjouissant.
Maxime Delamare, Des marrons pour les petits réseaux
Ils se sont mis frénétiquement à me chercher sur Internet. Comme j’ai pris soin d’adopter un pseudonyme, ils ont fait chou blanc. Cet échec a encore exacerbé leur désir de savoir.
Gilles Sebhan, La dette
Elle dit : « Je pourrais m’en tirer avec un tout petit mensonge, mais je préfère toujours à un mensonge une vérité déguisée. Je vous avouerai donc que j’espère de tout mon coeur, comme probablement je n’ai rien espéré dans ma vie, qu’à Saintes du moins, vous allez faire chou blanc. »
Sébastien Japrisot, Un long dimanche de fiançailles
(CNRTL) 1507-08 « espace blanc du centre d'une cible » d'où « but » (Eloy d'Amerval, Le Livre de la Deablerie, éd. Charles-Fréd. Ward dans IGLF : Je vueil que tu frappes au blanc)
=> de BUT en BLANC <=> Droit au but, et par ext, sans détour, sans ambages (possiblement à l'origine but en blanc du 1er coup, sans avoir besoin de recommencer); comparer avec l'expression de "1245 but a but, droit "« sans restriction » (Cnrtl online)
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ÉCHOUER (Cnrtl) 3. 1660 « ne pas réussir une action entreprise » (De Retz, éd. A. Régnier, t. 10, lexique)
BLANC (centre de la cible dont on peut ÉCHOUER le but => ECHOUE-BLANC, L'ECHOUE-BLANC, L'EST CHOU BLANC, "FAIT CHOU BLANC" (cf. Faire fanny, faire faillite pour être en faillite, etc.) Expression sans aucun doute réactivée au XIXè à travers l’influence d'un terme de la marine ECHOUX (Endroit d'une côte où les bateaux peuvent s'échouer. Il sera établi dans chaque port et échoux du royaume, où Sa Majesté le jugera convenable, un commissaire aux ventes et livraisons de poisson, Projet de pétition, 1820, dans DELAHAIS, Notice hist. sur l'écorage, Dieppe, 1873, p. 45. source : Littré). Une expression "ECHOUX-BANC" (échouer sur le banc) a pu être rapprochée "d'échouer sur le blanc" (1529 géogr. et mar. « amas de matières (sable, vase ou rocher), formant une couche plus ou moins horizontale caché sous l'eau » Cnrtl)
Tout cela demande réflexion, mais mérite qu'on s'attarde sur cette piste. Salutations.