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Tuile

Variantes Singulier Pluriel
Féminin tuile tuiles

Définitions de « tuile »

Trésor de la Langue Française informatisé

TUILE, subst. fém.

A. − CONSTR. Pièce d'argile moulé, généralement mélangée à du sable, cuite au four, peu épaisse, de forme variable, employée pour couvrir les toits des bâtiments, des maisons. Tuile grise, jaune, noire, rose, rouge; tuile courbe, ronde; tuile cornière, (à) gouttière; maison, toit couvert(e) de tuiles; toit en/de tuiles; un cent de tuiles. Un cercle de pièces osseuses, minces, dures, oblongues, qui empiètent les unes sur les autres comme des tuiles (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 388).Sous son vieux toit bas à tuiles noircies, la maison logeait tout le monde (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 15).
Tuile (à) canal, tuile creuse ou tuile romaine. Tuile en forme de demi-cylindre. La tuile à canal, la tuile à l'arc rouge des monuments romains. Elle offrait à la pluie comme un écoulement naturel sur des lits également encaissés et inclinés, par la multitude de ses conduits rectilignes (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 137).Tuile à crochet, tuile plate. Tuile de forme rectangulaire, munie d'un talon ou crochet qui permet de la fixer aux lattes de la toiture (d'apr. Bourde, Trav. publ., 1928, p. 136). Tuile émaillée, vernissée. Tuile de terre cuite émaillée ou vernie de diverses couleurs. Les ondes se teignaient agréablement des reflets azurés du revêtement, formé par de grandes tuiles émaillées d'un bleu admirable (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 149).Ses toits polychromes de tuiles vernissées, lui donne l'aspect [à l'église] de quelque gigantesque pâtisserie artistique (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 272).Tuile à emboîtement ou tuile mécanique. ,,Tuile fabriquée à l'aide de machines et comportant des dispositifs en relief permettant de les emboîter les unes sur les autres`` (Barb.-Cad. 1963). Tuile faîtière. ,,Tuile se plaçant au faîte des toitures pour le raccordement des deux versants`` (Barb.-Cad. 1963). Tuile gironnée*.
Au sing. coll. Préférer la tuile à l'ardoise. Au fond de bien des loges de portiers, sous la tuile de plus d'une mansarde, de pauvres créatures rêvent (...) perles et diamants, robes lamées d'or et cordelières somptueuses (Balzac, Fille Ève, 1839, p. 124).Le couvreur achète la tuile ou l'ardoise; c'est dire que le carrier et le briquetier ont aussi une créance sur le paysan (Alain, Propos, 1934, p. 1203).
P. compar.
[P. réf. aux diverses teintes de la tuile, en partic. à la couleur rouge orangée de la tuile neuve] Ce petit homme exotique dont le visage est coloré comme une tuile (About, Grèce, 1854, p. 428).Leurs mains sont rêches et rousses comme les tuiles des toits (Genevoix, Boîte à pêche, 1926, p. 191).
De tuile, loc. adj. Teint de tuile. [Le bouvreuil] était beau, avec sa tête de velours noir, son dos cendré, son gilet couleur de tuile éclairée par le soleil couchant (Jammes, Mém., 1921, p. 166).Dressé tout seul, rural et gris de tuile, dans la poussière du soleil (...) on voyait enfin le clocher (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 31).
Fam., vieilli. Tomber comme une tuile. Tomber brusquement, soudainement. Après un automne doux et brillant, l'hiver tomba comme une tuile (About, Nez notaire, 1862, p. 136).
Loc., vx. Près des tuiles, sous les/la tuile(s). Au plus haut étage de la maison, sous les toits. Habiter, loger, vivre sous les tuiles. Mon logement sous les tuiles, ma mansarde philosophique me fait toujours un peu l'effet d'un grenier quand j'y rentre après la moindre absence (Amiel, Journal, 1866, p. 235).
Expr., vx. Cet homme ne trouverait pas du feu/de feu sur une tuile. ,,On ne voudrait pas lui donner, lui prêter la moindre chose, lui accorder le moindre secours`` (Ac. 1798, 1835). Je ne voudrais pas lui donner du feu sur une tuile. ,,Je ne voudrais pas lui donner, lui prêter la moindre chose`` (Ac. Compl. 1842).
B. − Au fig., fam.
1. Événement fâcheux et imprévu. Craindre, flairer, pressentir une tuile; quelle tuile! J'ai reçu depuis mon retour dans mes lares de jolies tuiles sur la tête: 1 la mort déplorable et inattendue de mon neveu (...); 2 la maladie de ma mère (Flaub., Corresp., 1865, p. 176).Elle se tenait plus d'inquiétude. « Vois-tu Auguste, qu'il aille nous faire une méningite? Ce serait bien encore notre veine!... Il nous manquait plus que ça comme tuile!... Alors vraiment ça serait le bouquet! (...) » (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 103).
Arg. des vendeurs, vx. Mauvaise cliente qui dérange le vendeur sans se résoudre à acheter. Je n'ai pas de chance, il y a des jours de guignon, ma parole!... Je viens encore de faire un Rouen, cette tuile ne m'a rien acheté. Et il désignait du menton une dame qui s'en allait, en jetant des regards dégoûtés sur toutes les étoffes (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 483).
2. Vx. Événement surprenant, heureux. Synon. aubaine.Hein! Voilà une jolie tuile, cinq cent mille francs! (...) L'héritage est à vous (Zola, E. Rougon, 1876, p. 226).On nomme tuile, par exemple, un gros lot qui tombe du ciel ou un oncle d'Amérique qui arrive au moment où l'on y pense le moins (France1907).
C. − P. anal.
1. Région. (Ouest). [P. réf. au fait que cet ustensile était à l'orig. en terre cuite] Plaque de fer ou de fonte, de forme arrondie, où l'on fait cuire des galettes, des crêpes, etc. La mère-grand (...) casse les œufs dans la tuile noire. Fanchon regarde avec intérêt l'omelette au lard qui se dore et chante à la flamme (A. France, Nos enfants, 1887, p. 2).
2. Spécialement
a) ALIMENTATION
LAIT. Tuile de Flandre. Fromage rectangulaire. Parmi les (...) fromages plus ou moins maigres et affinés livrés à la grande consommation, nous citerons: (...) [les] larrons, maroilles ou marolles, tuiles de Flandre (Pouriau, Laiterie, 1895, p. 690).
PÂTISS. Petit four, à base de farine, de beurre, de blanc d'œufs battus en neige, de sucre en poudre, moulé en forme de tuile sur un rouleau à pâtisserie. Tuiles aux amandes. (Ds Mont. 1967).
b) CONSTR. Plaque de même forme que la tuile, mais d'une autre matière et destinée au même usage. Tuile d'ardoise, de bronze, de cuivre, de pierre, de tôle, de verre, de zinc. Aux autres tombes ils préféraient la mienne (...) je m'asseyais parfois au milieu d'eux à l'abri des tuiles de marbre (A. France, Puits ste Claire, 1895, p. 37).
c) TECHNOL. Synon. de tuilage (dér. s.v. tuiler).Passer la tuile sur le drap (Rob. 1985).
3. JEUX, arg. des joueurs. Carte légèrement cintrée par un tricheur, de manière à faire couper où il le désire. La carte large [des tricheurs du XVIIes.] est remplacée aujourd'hui par une carte légèrement bombée et qu'on appelle en argot de joueurs la tuile, ou le pont (Hogier-Grison, Monde où l'on triche, 1resérie, 1886, p. 7).
Prononc. et Orth.: [tɥil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1170 tiule « plaquette en terre cuite employée pour couvrir les toits » (Quatre Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 80); 1332 tuille (Travaux exécutés au Château de Breteuil ds Havard 1890); 1762 sens coll. « une couverture de tuiles » (J.-J. Rousseau, Émile ou De l'éducation, p. 687); b) 1721 tuile de pierre (Trév.); 2. a) 1706 tuile à galette « plaque en terre cuite, sur laquelle on fait cuire une galette » (Inv. de Raoul de Regnier, vicomte d'Artois ds Havard 1890); b) 1887 « plaque de fer ou de fonte destinée à la cuisine » (France, loc. cit.); 3. 1723 « chez les tondeurs de draps, planchette servant à nettoyer les étoffes » (Savary); 4. 1877, 20 févr. terme de jeu de cartes (Le Figaro ds Hogier-Grison, op. cit., p. 172); 5. 1895 « petit gâteau » (ici p. anal.)(Pouriau, Laiterie, p. 365) . B. 1782 « accident tout à fait imprévu » (Mmede Genlis, Les Veillées du Château, t. 2, p. 244 ds Littré). Du lat. tegula « tuile » d'où « toit », dér. de tegere « couvrir ». La forme tuile est due à la métathèse du i de tiule. Fréq. abs. littér.: 707. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 563, b) 1 032; xxes.: a) 1 145, b) 1 284.
DÉR. 1.
Tuileau, subst. masc.,technol. Fragment, débris de tuile cassée; morceau de tuile plate servant à la décoration. Faire un âtre avec des tuileaux. Battre des tuileaux pour en faire du ciment (Ac. 1798-1878). Sceller des gonds avec des tuileaux (Ac. 1835, 1878). J'amassais un tuileau pour la caler [la statue] quand, patatras! la voilà qui tombe à la renverse (Mérimée, Vénus Ille, 1841, p. 247). [tɥilo]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. 1322 thieulleau (texte de Charte ds Runk., p. 51), 1377, 10 févr. tuilliaux (texte ds Fagniez t. 2, p. 108), 1579 tuilleaux (Larivey, Les Esprits, II, 3 ds Gdf. Compl.); de tuile, suff. -eau*.
2.
Tuilé, -ée, adj.a) Constr. Recouvert de tuiles. Au-devant [de la loge] régnait une façon de hangar, tuilé en verts balais (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 147).b) α) Disposé, imbriqué comme des tuiles sur un toit. Un monstre japonais aux yeux saillants, au dos couvert d'écailles finement tuilées (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 16). β) Incurvé comme une tuile creuse. Puis c'est le passage du « réglé », sorte de niveau pour s'assurer que le profil de la semelle est bombé pour les skis de descente, « tuilé » ou plat pour ceux de slalom (L'Express, 25 févr. 1983, p. 97, col. 2). γ) Empl. subst. fém., conchyliol. Synon. de bénitier.Plusieurs petits poissons, les énormes tuilées, restent immobiles sur les récifs, à l'abri sous leurs épaisses voûtes (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 247). δ) Jeux. Cartes tuilées. Paquet de cartes disposées au dessus du jeu après l'avoir légèrement cintré de manière à faire couper où on le souhaite. (Dict. xxes.). ε) Œnol. Vin tuilé. Vin qui a pris une teinte orangée sous l'effet du vieillissement et de l'oxydation. Premier verre, un vin tuilé (signe de vieillissement), un vin qui a un bon nez mais vite dissipé, un vin plaisant un peu court en bouche (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 89, col. 2).c) Technol. Drap tuilé. Drap apprêté à la tuile (supra C 2 c). (Dict. xixeet xxes.). [tɥile]. 1resattest. a) ca 1188 « de couleur de brique » crupe tuilee (Chanson d'Aspremont, éd. L. Brandin, 1586), 1305 en parlant d'une étoffe (Arch. K 37apièce 2 ds Gdf.), b) α) 1752 zool. « dont les cavités sont en forme d'une tuile creuse (d'une coquille) » (Trév.), β) 1794 id. « qui est garni d'écailles en forme de tuile » (Valm. t. 14, p. 293), c) 1832 « poli, lustré (d'une étoffe de laine) » (Raymond), d) 1876 jeux carte tuilée (Lar. 19e); de tuile, suff. *.
3.
Tuilette, subst. fém.a) Constr. ,,Petite tuile`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). b) Verrerie. Petite plaque de terre utilisée pour diminuer l'ouverture du four pendant la fusion du cristal. Sa fabrication [du cristal] (...) s'effectue dans des pots de verrerie de forme ronde (...). Ce pot est couvert, terminé par un col ou gueule fermé pendant la fusion par une plaque en terre ou tuilette (Cl. Duval, Verre, 1966, p. 82). [tɥilεt]. 1resattest. a) entre 1180 et 1190 tuiletes « petite tuile » (Roman de Renart, 18384, éd. M. Roques), b) 1765 « petite plaque de terre obturant le pot de fusion, en cristallerie » (Encyclop. t. 17, p. 108b); de tuile, suff. -ette (-et*).
BBG. − Archit. 1972, p. 44 (s.v. tuileau), 117. − Hasselrot (B.). Qq. nouv. dimin. véritables. In: [Mél. Gossen (C. Th.)]. Bern; Liège, 1976, t. 1, p. 323 (s.v. tuilette). − Quem. DDL t. 16.

Wiktionnaire

Nom commun - français

tuile \tɥil\ féminin

  1. (Construction) Carreau de peu d’épaisseur, fait de terre grasse pétrie, séchée et cuite au four, tantôt plat, tantôt courbé en demi-cylindre, et dont on se sert pour couvrir les maisons, les bâtiments.
    • Le toit de tuiles brunes et couvert de mousse s’affaissait en plusieurs endroits de manière à faire croire qu’il allait céder sous le poids de la neige. — (Honoré de Balzac, Un épisode sous la Terreur, 1831)
    • Les maisons étaient couvertes de toits en tuiles creuses à l’italienne avec des cannelures ; ces tuiles étaient aussi d’un rouge éclatant, couleur étrange pour des yeux accoutumés aux tons de bistre et de suie des toitures parisiennes. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • Les tuiles, soulevées, roulent sur le toit, tombent sur le sol détrempé ; dans la nuit, les pauvres arbres, sous l’effort du vent plus colère, gémissent et craquent. — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Pour plus d’étanchéité et de résistance au vent, l’embarrure des tuiles plates était faite au mortier de façon très soignée. — (Jean-Louis Boithias & Corinne Mondin, La Maison rurale en Basse-Normandie, éditions Créer, 2001, page 41)
    • Afin de couvrir les sépultures, ils se sont servi de tuiles, parfois entières, souvent fragmentaires. C’est un geste naturel dans un atelier de potiers où elles sont si abondantes et réutilisées pour mille usages […] — (H. Duday, ‎Fanette Laubenheimer & ‎Anne-Marie Tillier, Sallèles d’Aude : nouveau-nés et nourrissons gallo-romains, Presses universitaires de Franche-Comté, 1995, page 97)
  2. (Par extension) Morceaux de marbre, de pierre ou de bronze, qui ont la même forme et servent aux mêmes usages que les tuiles de terre cuite.
    • Ce temple est couvert de tuiles de marbre.
  3. (Par extension) Élément de matière réfractaire ou fusible à haute température d’un bouclier thermique.
    1. (Fusion nucléaire) Plaque élémentaire protégeant les composants exposés au plasma thermonucléaire des flux de particules et des rayonnements.
  4. (Par extension) Gâteau sec en forme de tuile ronde, moulé à l’aide d’un rouleau à pâtisserie.
    • En fait de gloutof [sic pour kouglof], il y a, ébouriffant une débauche de papier de soie bleu nuit, un magnifique cake alsacien revisité par l’inspiration, des tartelettes au whisky si fines qu’on craint de les briser et des tuiles aux amandes bien caramélisées sur les bords. J’en bave instantanément. — (Muriel Barbery, L’élégance du hérisson, 2006, collection Folio, page 340)
  5. (Populaire) Accident, imprévu, que l’on ne peut éviter.
    • Il m’est arrivé une tuile.
    • Le jeune homme flaira une tuile. De son mieux il réprima un geste de contrariété. — (Georges Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 1893)
    • À ce moment, mon ordonnance entra et me tendit une enveloppe jaune portant le cachet du régiment et la mention : « Ordre de Service ».
      — La tuile, annonça Conan.
      — (Roger Vercel, Capitaine Conan, Albin Michel, 1934, réédition Le Livre de Poche, page 37)
    • Visite d’Elmer James. Je lui fais part de mes ennuis. « Bah, chaque nouvelle tuile est un pas en avant lorsqu’on ne se laisse pas abattre », dit-il joyeusement. — (Hugues Panassié, Cinq mois à New-York, Éditions Corrêa, 1947, page 156)
    • Ça, c’était avant la nouvelle tuile qui vient de tomber sur Airbus : l’Agence européenne de sécurité aérienne a interdit de vol les 713 hélicoptères Super Puma déjà vendus par Airbus, à la suite d’un accident suspect en Norvège. — (Le Canard enchaîné, 8 juin 2016)
  6. (Jeux) Pièce de jeu plate et rigide, qui recouvre ou forme une partie de la surface de jeu.
    • Le mah-jong est un jeu traditionnel de dominos (et d'argent !) qui se joue à quatre avec des pièces sur lesquelles sont gravés des caractères. Le jeu se compose de 144 tuiles spéciales réparties en 6 catégories : […]. — (Petit Futé Chine du Sud 2012-2013)
    • Les tuiles peuvent être carrées, rectangulaires, hexagonales, ou de forme irrégulière.
  7. (Québec) Carreau collé formant le carrelage.
    • J’ai cassé une tuile du plancher.
  8. (Informatique) (Néologisme) Rectangle cliquable d’interface graphique[1].
  9. (Argot) (Vieilli) Million (d’argent), brique.
    • Pourtant, entre la chaîne, les pendants d’oreilles et la bagouze, y en avait pour vingt-cinq tuiles, catalogué, dernière enchère de son baronnet, à Londres... — (Albert Simonin, Une balle dans le canon, Série noire, Gallimard, 1958, page 131)
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Littré (1872-1877)

TUILE (tui-l') s. f.
  • 1Pièce de terre cuite, qui sert à couvrir les bâtiments. D'autres [animaux] ont des écailles qui se couvrent les unes les autres comme les tuiles d'un toit, Fénelon, Exist. 19. Il va vous proposer de jouer sur les tuiles, entre deux gouttières, Dancourt, Désol. des joueuses, sc. 12. On connaît la bonté de la tuile, lorsque, frappée en l'air, elle sonne bien, Genlis, Maison rust. t. I, p. 34, dans POUGENS. Il y a des pays où l'on fait des tuiles plombées et vernissées qui durent plusieurs siècles, Genlis, ib. t. I, p. 35. C'était peut-être du haut de cette terrasse qu'une pauvre femme lança la tuile qui mit fin à la gloire et aux aventures de Pyrrhus, Chateaubriand, Itin. part. I.

    Être logé près des tuiles, sous les tuiles, sous la tuile, être logé au plus haut étage de la maison. Ils [les jésuites] le logèrent [ce recteur] sous les tuiles au plus haut étage, Saint-Simon, 527, 262. [Des femmes] iront interroger, sous les tuiles, quelque vieille à qui elles persuaderont elles-mêmes que le présent, l'avenir et le passé sont ouverts à ses yeux, Diderot, Opin. des anc. philos. (Pythagorisme).

    Fig. et familièrement. Accident tout à fait imprévu, comparé à une tuile tombant d'un toit. Quelle tuile ! Ah ! mon Dieu, c'est une tuile qui me tombe sur la tête, Genlis, Veillées du château t. II, p. 244, dans POUGENS.

    Fig. Cet homme ne trouverait pas du feu, de feu sur une tuile, on ne voudrait pas lui donner, lui prêter la moindre chose, lui accorder le moindre secours.

    Tuile flamande, tuile creuse qui, vue de profil ou posée de champ, offre dans son rebord la figure d'une S.

    Tuile de Guienne, tuile creuse dont le profil est un demi-canal.

    Tuiles gironnées, celles qui sont plus étroites en haut qu'en bas.

    Tuile romaine, tuile très épaisse, ayant des cannelures qui permettent d'emboîter les tuiles les unes sur les autres.

    Battre la tuile, chez les capucins, avertir, en frappant sur une tuile, que des frères d'un autre couvent sont arrivés.

  • 2 Par extension, morceau de marbre, de pierre ou de bronze servant au même usage que la tuile. Temple couvert de tuiles de marbre.
  • 3Planche de bois sur laquelle coulent les tenailles qui étirent le fil de fer.

    Chez les drapiers, planche de sapin qu'on applique sur le drap, pour achever de lui coucher le poil.

  • 4Nom donné dans l'Quest à une poêle très plate où l'on fait les crêpes.

HISTORIQUE

XIIe s. La terre mole dunt l'um fait la tuile, Rois, p. 162. [Ils] Ont trovée la sale overte, Qui de tuiles estoit coverte, la Charrette, 981.

XIIIe s. Et trestuit [les palais] sont covert en son [au sommet] De tuiles paintes et de plon, Partonop. v. 839.

XIVe s. Couverture de thiule, Caffiaux, Compt. de Valenciennes.

XVe s. Tieulle, sable, chaux, carreau, Ordonn. janvier 1498.

XVIe s. Tuiles vieux, ou, à leur defaut, des nouveaux, De Serres, 767.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

TUILE, s. f. (Art méchaniq.) matiere à bâtiment ; c’est une sorte de pierre mince, artificielle & laminée, dont on se sert pour couvrir les toîts des maisons ; ou pour parler plus proprement, c’est une sorte de terre glaise, pétrie & moulée dans une juste épaisseur, séchée & cuite dans un four, comme la brique, destinée à couvrir les maisons. Voyez Brique, Couverture.

Ce mot est françois, & dérive du latin tegula, qui signifie la même chose.

M. Leybourn dit que les tuiles se font d’une terre qui vaut mieux que celle de la brique, & qui approche davantage de la terre des Potiers.

Suivant l’ordonnance dix-sept d’Edouard IV. la terre à tuiles doit être béchée, ou tirée avant le premier de Novembre, taillée, moulée & retournée avant le premier Février ; & on ne peut en faire des tuiles, ou leur donner la derniere façon, avant le premier de Mars. Il faut aussi l’épurer & en ôter les pierres, la marne & la chaux. Pour ce qui est de la maniere de cuire les tuiles, voyez l’article Brique.

A l’égard de l’usage qu’on fait des tuiles après la cuisson, quelques-uns les mettent sécher en sortant du four, sans les couvrir de mortier, ni d’autre chose. D’autres les mettent dans une espece de mortier, fait de torchis & de fiente de cheval. Il y a des endroits où on les met dans la mousse, comme dans le comté de Kent.

Il y a des tuiles de différentes façons, suivant les différentes manieres de bâtir. Savoir, les tuiles plates ou à crochet, faîtieres, cornieres, de gouttieres, courbes ou flamandes, lucarnieres, astragales, traversieres & hollandoises.

Les tuiles plates ou à crochet, sont celles dont on se sert ordinairement pour couvrir les maisons, & qui pendant qu’elles étoient encore molles, ont été jettées dans un moule. Elles sont de figure oblongue, & suivant l’ordonnance dix-sept d’Edouard IV. chap. iv. elles doivent avoir dix pouces & demi de long, six pouces & un quart de large, un demi-pouce & un demi-quart d’épais. Mais ces dimensions ne s’observent point à la rigueur dans toutes les tuileries.

Les tuiles faîtieres, de toît ou courbes, servent à couvrir les faîtages des maisons ; leur forme est circulaire, & large comme un demi-cylindre. Pline les appelle laterculi, & suivant l’ordonnance elles doivent avoir treize pouces de long, & leur épaisseur doit être la même que celle des tuiles pleines ou unies.

Les tuiles cornieres ou gironnées se mettent sur les angles, arrêtes ou encoignures des toîts. A l’égard de leur formation, on les façonne d’abord pendant qu’elles sont molles, comme les tuiles plates ; mais on leur donne une figure quadrangulaire, dont les deux côtés sont des lignes droites, & les deux extrémités des arcs circulaires, l’une des extrémités étant un peu concave, & l’autre un peu convexe ; de sorte que si l’on en ôtoit un angle, elles deviendroient triangulaires. Mais avant de les faire cuire, on les plie sur un moule en large, comme les tuiles faîtieres. On leur fait un trou à l’extrémité étroite, pour y passer le clou en les attachant, & on les pose de façon que leur extrémité étroite se trouve attachée par le haut. Suivant l’ordonnance elles doivent avoir dix pouces & demi de long, avec une largeur & une épaisseur proportionnée.

Les tuiles de gouttieres ou creuses se mettent dans les gouttieres ou descentes des toîts. On les fait comme les tuiles angulaires, si ce n’est que les angles de l’extrémité large se retournent en forme de deux aîles. On ne leur fait point de trou, mais on les pose l’extrémité large en-haut, sans les attacher avec des clous. Elles se font sur le même moule que les tuiles angulaires, & elles ont les mêmes dimensions de leur côté convexe : chacune de leurs aîles ont quatre pouces de larges, sur huit pouces de long.

Les tuiles courbes ou de Flandres, servent à couvrir les angars, appentis & toutes sortes de bâtimens plats. Elles ont la forme d’un parallélograme oblong, comme les tuiles plates. Mais elles sont pliées par leur largeur en avant & en arriere, en forme d’une S, & l’une de ses deux arches a pour le moins trois fois l’épaisseur de l’autre. Cette arche épaisse se pose toujours par-dessus, & l’arche mince d’une autre tuile couvre la carne de l’arche épaisse de la premiere. Elles ne sont point percées pour des clous, mais elles sont pendues aux lattes par un bouton de leur propre terre. Elles ont pour l’ordinaire quatorze pouces & demi de long, & dix pouces & demi de large.

Quand elles sont cuites, elles ne peuvent avoir moins de treize pouces & demi de long, sur neuf & demi de large, & un demi-pouce d’épais.

Les tuiles lucarnieres consistent dans une tuile plate, & une piece triangulaire d’une même tuile, dressée en rectangle sur un côté de la tuile plate, & contournée en arche d’un autre côté qui se termine en pointe. Ces tuiles sont de deux sortes ; dans l’une la piece triangulaire se leve du côté droit, & dans l’autre du côté gauche de la tuile plate. Ces deux sortes ont chacune deux especes, quelques-unes ayant une tuile plate en entier, & d’autres n’ayant qu’une demi-tuile plate. Mais dans toutes ces especes la tuile plate a deux trous pour des clous, du côté où est le large bout de la piece triangulaire.

On les met dans les gouttieres, entre le toît & les côtés des lucarnes, la partie plate étant posée sur le toît, & la partie triangulaire étant dressée perpendiculairement aux côtés de la lucarne. Elles sont excellentes pour garantir les chambres de l’humidité, & cependant l’usage n’en est peut-être connu que dans le comté de Sussex. Les dimensions de la partie plate sont les mêmes que celles de la tuile plate ; la partie triangulaire est de la même longueur ; une de ses extrémités a six pouces de large, & l’autre n’a point de largeur, étant terminée en pointe.

Les tuiles astragales ressemblent à tous égards, aux tuiles plates, si ce n’est que leurs parties inférieures sont en forme d’astragale, c’est-à-dire en demi-cercle, avec un quarré de chaque côté.

Les tuiles traversieres sont des especes de tuiles irrégulieres, dont on a rompu les trous, ou l’un des bas angles. On les pose par le bout rompu, en-haut, sur les solives auxquelles on ne sauroit pendre des tuiles.

Les tuiles hollandoises ou flamandes sont anciennes ou modernes ; les premieres servoient à garnir ou paver les âtres, estrades & coins des cheminées : elles étoient peintes, & représentoient des figures antiques, & le plus souvent des soldats. Quelques-unes étoient en compartimens, & quelquefois avec des devises moresques ; mais leurs desseins & leurs couleurs n’approchent point de la beauté des modernes.

En Angleterre les âtres sont élevés d’un, deux ou trois piés, sur-tout dans les cuisines ; & la plupart des cheminées des chambres n’ont point de manteau ou chambranle : ces sortes de tuiles s’appellent à Paris des carreaux de faïance.

Celles-ci se maçonnent communément dans les jambages des cheminées, au-lieu d’y mettre des pierres angulaires. Elles sont bien vernies, quelques-unes sont toutes blanches ; mais celles qui sont peintes sont infiniment mieux dessinées & colorées que les anciennes. L’une & l’autre espece semblent être faites de la même argille que notre poterie de terre blanche & vernie. Quelques-unes des anciennes ont quatre pouces & un quart en quarré, & plus de trois quarts d’un pouce d’épais ; quelques-unes des modernes ont six pouces & demi en quarré, & trois quarts d’un pouce d’épais.

Tuile, terme de Tondeur, les Tondeurs de draps appellent ainsi une sorte de petite planche ordinairement de bois de sapin, d’environ deux piés & demi de long, & large de quatre pouces, sur un côté de laquelle est étendue & appliquée une espece de mastic, composé de résine, de grès & de limaille de fer passée au sas. (D. J.)

Tuile, en terme d’Orfevre en grosserie, c’est une espece de lingotiere composée de deux plaques de fer, montées sur un chassis de même, environnées d’un lien d’une seule piece, dans lequel on les presse plus ou moins avec des coins, selon que l’on a plus de matiere à y jetter. Cette machine paroît d’abord plus commode qu’une lingotiere, parce qu’elle rend la matiere, d’une forme qui approche plus de celle qu’on veut lui donner ; mais elle la rend venteuse. Voyez les Pl. & les fig.

Tuile dont les Facteurs d’orgue se servent pour poser la soudure & la poix-résine avec lesquelles ils soudent les tuyaux d’étain & de plomb, est une de ces tuiles communes dont on couvre les maisons. On étend les fers à souder en les frottant plusieurs fois sur la soudure qui est sur la tuile, lorsqu’ils sont chauds & non ardens. Voyez Soudure & Fers a souder.

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France Terme

Plaque élémentaire protégeant les composants exposés au plasma thermonucléaire des flux de particules et des rayonnements.

FranceTerme, Délégation générale à la langue française et aux langues de France

Étymologie de « tuile »

Norm. tieule ; picard, teule ; saintong. teulle ; du lat. tegula, de tegere, couvrir.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(1333) Du latin tegula (« tuile »), de tegere, « couvrir ». (Vers 1290) tieulle (Vers 1170) tiule.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « tuile »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tuile tµil

Fréquence d'apparition du mot « tuile » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tuile »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tuile »

  • Pour un débiteur sans le sou, toutes les ardoises sont des tuiles.
    André Billy
  • L’égoïste démolit un palais pour prendre une tuile.
    Proverbe ladino
  • Une tuile, une élégante ardoise.
    Jules Renard — Journal 1887-1892
  • Après une année 2019 plutôt stable en termes de ventes, 2020 s’annonce pleine d’interrogations pour les fabricants de tuiles, qui continuent d’innover pour s’adapter aux évolutions du bâtiment.
    Petits éléments de couverture : la toiture devient multifonctions
  • Le sexe des femmes, il est certain qu'on l'a déjà comparé à tout, mais peut-être pas, ou pas assez, à une tuile.
    Maurice Chapelan — Main courante
  • Dans tous les maux qui nous arrivent, nous regardons plus à l'intention qu'à l'effet. Une tuile qui tombe d'un toit peut nous blesser davantage mais ne nous navre pas tant qu'une pierre lancée à dessein par une main malveillante.
    Jean-Jacques Rousseau — Les Rêveries du promeneur solitaire
  • Un incendie s'est déclaré, tôt dans la nuit de ce samedi 25 juillet sur un site industriel de Longueil-Sainte-Marie, dans l'Oise. Près de 600 000 tuiles ont été détruites dans les flammes.
    France 3 Hauts-de-France — Important incendie chez un fabricant de tuile de l'Oise, 50 pompiers mobilisés
  • L’inquiétude est grande à Paris. Car perdre son attaquant, en grande forme sur les récents matchs amicaux, serait un vrai gros coup dur pour le club francilien. Une tuile dont il n’avait vraiment pas besoin à l’heure d’attaquer de front, dans moins de trois semaines, le mont Europe.
    Le Telegramme — Football. Kylian Mbappé, la tuile… [Vidéo] - Football - Le Télégramme
  • Le comble de la prudence : Marcher sur les mains, de peur de recevoir une tuile sur la tête.
    Alphonse Allais — Le Tintamarre - 28 Octobre 1877
  • Ce prix final se découpe ainsi : 41800 € pour les tuiles solaires, 13800 € pour les batteries et 21400 € pour la pose et la dépose de l’ancienne toiture. La simple réfection d’un toit coûte en moyenne 31150€ sur de l’installation classique.
    NeozOne — Tuiles solaires Tesla : une famille californienne fait un premier bilan après 90 jours d'utilisation - NeozOne
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Images d'illustration du mot « tuile »

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Traductions du mot « tuile »

Langue Traduction
Anglais tile
Espagnol loseta
Italien piastrella
Allemand fliese
Chinois
Arabe بلاط
Portugais telha
Russe плитка
Japonais タイル
Basque baldosa
Corse tile
Source : Google Translate API

Synonymes de « tuile »

Source : synonymes de tuile sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « tuile »

Combien de points fait le mot tuile au Scrabble ?

Nombre de points du mot tuile au scrabble : 5 points

Tuile

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