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Serpent

Variantes Singulier Pluriel
Masculin serpent serpents

Définitions de « serpent »

Trésor de la Langue Française informatisé

SERPENT, subst. masc.

I.
A. − ZOOLOGIE
1.
a) Reptile du sous-ordre des Ophidiens comportant de nombreuses espèces, au corps cylindrique et très allongé, caractérisé par l'atrophie ou la disparition complète des membres. Combat d'un lézard et d'un serpent d'un mètre de long, noir lamé de blanc, très mince et agile, mais si occupé par la lutte que nous pouvons l'observer de très près (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 687).V. anneau ex. 10, basilic2ex. 1 et darder I B 1 ex. de France et de Toulet:
1. Va! je n'ai plus besoin de ta race naïve, Cher Serpent... Je m'enlace, être vertigineux! Cesse de me prêter ce mélange de nœuds Ni ta fidélité qui me fuit et devine... Valéry, J. Parque, 1917, p. 97.
SYNT. Grand, gros, énorme, immense serpent; peau, mue du serpent; crochets, dent, langue du serpent; le serpent siffle, darde sa langue; venin du serpent; morsure, piqûre de serpent; avoir peur des serpents; anneaux, mouvements, ondulations, orbes du serpent; serpent qui glisse, se faufile, ondule, rampe, s'enroule, s'enlace; charmeur de serpents (v. charmeur I A p. anal.); serpents ovipares, ovovivipares; serpents venimeux, non venimeux; serpents constricteurs; serpents terrestres, arboricoles; serpents aquatiques, semi-aquatiques; serpents marins.
[Suivi d'un déterminatif indiquant l'espèce (dans la lang. cour.)]
Serpent boa. V. boa ex. 3.
Serpent à collier ou serpent d'eau. Couleuvre aquatique appelée aussi couleuvre d'eau. Parmi les serpens de notre pays, il n'y a que la vipère seule qui soit vénimeuse et dangereuse, tous les autres ne le sont pas; la couleuvre, le serpent à collier, qui est une espèce de couleuvre, l'orvet ne peuvent pas même mordre (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 514).
Serpent corail. V. corail B 2.Serpent devin. V. devin B.
Serpent fouet. Serpent très mince, de la famille des Colubridés, appelé aussi couleuvre verte et jaune, commun dans le midi de la France et en Europe méditerranéenne (d'apr. Zool. 1972).
En compos. Serpent-loup. ,,Petite couleuvre terrestre d'Asie méridionale (...) de 30 à 60 cm, à tête plate armée de 2 grandes dents pleines, qui se nourrit surtout de petits lézards`` (Animaux 1981).
Serpent à lunettes. V. lunette C 5 β.
Serpent marin. Serpent aquatique vivant près des côtes du Pacifique occidental et de l'océan Indien (d'apr. Animaux 1981).
Serpent-minute. Serpent fouisseur, venimeux, de très petite taille. Ces scorpions jaunes, noirs ou blancs qui se cachent dans les pantoufles, les chiques qui pondent entre les doigts de pied, le serpent-minute qui ne vous laisse pas faire votre testament (Morand, Paris-Tombouctou, 1929, p. 31).
Serpent python. V. python B.Serpent à sonnettes. V. sonnette.
Serpent volant. Serpent grimpeur d'Asie méridionale de la famille des Colubridés. Les véritables grimpeurs, dont le type est le Serpent volant (...) ne sont pas particulièrement minces, mais ont des plaques ventrales et sous-caudales très fortement encochées et carénées latéralement (Zool., t. 4, 1974, p. 167 [Encyclop. de la Pléiade]).
[Dans des compar., des loc. ou des expr.; p. allus. aux traits physiques du serpent ou aux caractéristiques morales qui lui sont traditionnellement attribuées]
Se dresser, se glisser, ramper, se tordre comme un serpent; des yeux de serpent; des ondulations, des mouvements de serpent; une souplesse de serpent; souple comme un serpent. L'œil de loin suit leur foule [des caravanes], Qui sur l'ardente houle Ondule et se déroule Comme un serpent marbré (Hugo, Orient., 1829, p. 21).La superbe femme était sur la prairie (...). Elle remuait un peu, plus onduleuse qu'un serpent (Jouve, Scène capit., 1935, p. 196).
La prudence du serpent. La femme, au moment où elle est dans l'incertitude de savoir si elle prendra un amant ou restera fidèle à son mari, devient l'être le plus spirituel et le plus perspicace du monde. Elle a la ruse du renard, la prudence du serpent, l'intelligence des singes, la force des lions (Balzac, Physiol. mariage, 1826, p. 116).[P. allus. à la parole du Christ recommandant à ses disciples d'être ,,prudents comme les serpents et simples comme les colombes`` (Matth. X, 16)] La simplicité de la colombe doit être tempérée par la prudence du serpent, et la prudence consiste essentiellement à ne tomber dans aucun piège et à choisir le bon chemin (Amiel, Journal, 1866, p. 281).
Littér. Nourrir, réchauffer un serpent dans son sein. Protéger, favoriser une personne qui se manifeste ingrate et rend le mal pour le bien. Bernadotte a été le serpent nourri dans notre sein; à peine il nous avait quittés, qu'il était dans le système de nos ennemis, et que nous avions à le surveiller et à le craindre (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 977).Si tout cela n'est qu'hypocrisie, si je dois voir en vous un serpent que j'aurai réchauffé dans mon sein, vous seriez une infâme, une horrible créature! (Balzac, Pierrette, 1840, p. 102).
Un serpent caché sous les fleurs (ou plus rarement, sous l'herbe traduit de Virgile: Latet anguis in herba). Danger caché sous des apparences trompeuses, séduisantes. Le mal, comme un serpent caché sous les fleurs, se serait glissé dans la république mellifère par cela même qui devait en faire la gloire (Proudhon, Propriété, 1840, p. 320).Je trouvais chez les dames Laroque un serpent sous l'herbe. C'était Mademoiselle Alphonsine Dusuel qui jadis me piquait les mollets en m'appelant « trésor » (France, Pt Pierre, 1918, p. 144).V. fleur B 5 b ex. de Sand.
[P. allus. à la mue du serpent, pour évoquer une transformation, une métamorphose de l'être humain ou son caractère versatile] Si on pouvait dépouiller sa vieille peau comme les serpents, renouveler son moi, rajeunir! (Flaub., Corresp., 1874, p. 127).L'insaisissable Lemaître énumère humblement, pour sa plus grande gloire, toutes les peaux de serpent (...) qu'il a semées avant que d'être un royaliste de Maurras (Barrès, Cahiers, t. 6, 1908, p. 303).
b) P. méton. Peau de cet animal, traitée et utilisée pour la fabrication de certains articles. Bracelet de montre, sac à main en serpent. La direction et le portier de l'hôtel avaient conservé à Mistress Key leur gratitude, et vu revenir avec joie ses valises de serpent (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 98).
2. P. anal. [Désignant des animaux non ophidiens, reptiles ou poissons, évoquant le serpent par leur forme]
a) Serpent de verre. Synon. de orvet.V. ce mot ex. de Gautier.
b) Serpent d'eau, serpent marin, serpent(-)de(-)mer. [Nom donné à certains poissons anguiformes tels que l'anguille, le congre, la murène] On donne ce nom [de serpent marin] à deux espèces du genre des murènes de Linnaeus (...) la première espèce, la murène-serpent taché est un poisson dont l'ensemble, les habitudes et les mouvements ont beaucoup de rapport avec ceux des véritables reptiles (...) la seconde espèce, que l'on nomme plus souvent que toutes les autres espèces de poissons serpent marin, serpent-de-mer, est la muraena-serpens de Linnaeus (Baudr.Pêches1827).J'aperçus une bête qui se tordait traversée par les dents de fer. C'était un congre (...). Le serpent de mer, le corps percé de cinq plaies, glissa, rampa, frôlant mes pieds (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Soir, 1889, p. 1132).
Serpent marin, serpent de mer. Monstre marin fabuleux. On se rappelle le bruit que fit en 1837 la découverte du grand serpent de mer vu par le navire le Havre à la hauteur des Açores. Tous les journaux s'en sont occupés; et, après s'en être montrée stupéfaite, la presse, faisant volte-face, a présenté ensuite le grand serpent marin comme un être imaginaire (Collin1863).
Au fig. Serpent de mer. Thème rebattu et peu crédible ou information généralement peu fondée, souvent à caractère sensationnel, reprise par la presse durant les périodes creuses. On a trop souvent annoncé l'arrivée de ce serpent de mer de la sociologie, la fin du couple, des noces, de la famille, pour qu'on y croie facilement (Le Nouvel Observateur, 2 févr. 1976, p. 32, col. 2).
En compar. Comme le serpent de mer, Paris, port-de-mer, est encore un de ces sujets qui passent en première page, les jours creux, au mois d'août, quand les journaux n'ont rien à monter en vedette (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 302).
B. − [Représentation figurative ou symbolique]
1. ALCHIM. Symbole du mercure. Le mercure des philosophes, appelé aussi le lion vert, le serpent (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 127).Le serpent, dépourvu d'ailes, demeure l'hiéroglyphe du mercure commun, pur et mondé, extrait du corps de la magnésie ou matière première (Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 224).
2. HÉRALD. Figure d'armoiries représentant un serpent. Pusay-d'azur, à trois serpents d'argent, couronnés d'or (Grandm.1852).
3. [Dans les relig. et les mythol., comme animal sacré doué d'un caractère symbolique ambivalent]Le serpent de vie que les Hindous appellent kundalini et dont toutes les religions ont fait le symbole de la connaissance, celle qui apporte le bien et le mal parce qu'elle augmente le pouvoir de l'homme (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 213).Symbole de vie et de mort, principe spirituel et puissance des ténèbres, avaleur et avalé, le serpent est dans la Genèse (3, 1-15) à la fois ce qui détruit l'harmonie paradisiaque en induisant Ève en tentation et l'initiateur au savoir, nouvelle forme d'harmonie. De la même façon la pensée grecque, comme la pensée égyptienne, distingue dans le serpent l'artisan d'un retour du monde au chaos et l'être vivifiant, le fécondateur de l'esprit (Az.-Oliv.Litt.1978).
a) Dans les relig. ou les mythol. antiques
Attribut de certaines divinités (Isis, Cybèle, Athéna, les Furies, les Gorgones, etc.). Tous les monuments qui me sont connus mettent dans les mains de cette déesse [Athénée] un serpent, qui était le symbole de la vie. Mais cette image n'eût pas été agréable (Chénier, Bucoliques, 1794, p. 297).Dans la mythologie, la divinité Méduse avait une tête horrible dont les cheveux étaient remplacés par des serpents sifflants (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 461).
En partic. Attribut des dieux guérisseurs, notamment d'Esculape, dieu de la médecine dont l'emblème est le caducée. La boutique du pharmacien avec ses bocaux et les serpents d'Esculape (France, Riquet, 1904, p. 84).[L'Esculape dans l'iconographie grecque] est reconnaissable à ses attributs: le bâton et le serpent. Le bâton est celui du médecin en tournée, bâton noueux autour duquel s'enroule le serpent, animal divinateur (Lavedan1964).V. caducée ex. 1.
Le serpent qui se mord la queue. L'Ouroboros égyptien, symbole de la vie, de la continuité, de l'éternité. Nous comprenons pourquoi aux yeux des alchimistes, l'œuvre mystérieuse n'avait ni commencement ni fin, et pourquoi ils la symbolisaient par le serpent annulaire, qui se mord la queue: emblême de la nature toujours une, sous le fond mobile des apparences (Berthelot, Orig. alchim., 1885, p. 284).Ce n'est pas sans raison que le serpent est le symbole de la puissance oblique, littéralement diabolique, qui déforme nos beaux projets. En revanche, le serpent qui se mord la queue, imitant le cercle des rondes, représente la victoire de l'esprit, et l'éternel régnant sur la bête (Alain, Propos, 1933, p. 1182).
[Avec une valeur nég.] Ce qui apparaît comme sans solution possible; situation sans issue. En compar. La méfiance est un cercle vicieux, pareil au symbole égyptien du serpent qui se mord la queue. Elle se dévore elle-même (Amiel, Journal, 1866, p. 62).
Serpent à plumes. Divinité des mythologies amérindiennes, représentée sous la forme d'un serpent ailé, notamment le Quetzalcoatl des Toltèques puis des Aztèques. Dans les mythologies amérindiennes, souligne Alexander (Alec 125 sq), depuis le Mexique jusqu'au Pérou, le mythe de l'Oiseau-Serpent coïncide avec les plus anciennes religions de culture du maïs (...). Le serpent à plumes est tout d'abord le nuage de pluie et, de façon privilégiée, le cumulus aux reflets argentés du milieu de l'été (Symboles1969).
b) Dans les relig. juive et chrét.
Le serpent d'airain (Nombres XXI, 8-9). Serpent d'airain érigé dans le désert par Moïse, sur l'ordre de Dieu, et dont la vue guérissait les Israélites mordus par les serpents brûlants. C'est [Jésus] le Serpent d'airain du Livre des Nombres (Num. XXI, 8, 9) à quoi il a plu au Sauveur Lui-même de se comparer (Joann. III, 14), ce serpent dont la vue curative suffit à réparer la morsure de cet autre reptile enflammé qui attaque notre pied dans le sable (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 62).
Symbole du principe du mal, le démon, Satan. Le serpent de l'Éden, du Paradis; le serpent d'Ève; le serpent infernal. Au sens mystique, le diable est le serpent de la Genèse; il règne sur la terre. L'iniquité le presse sur la terre; il ne pourra donc faire pénitence; son iniquité descendra (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 366):
2. Le serpent a offert la connaissance à Adam et à Ève. Les sirènes ont offert la connaissance à Ulysse. Ces histoires enseignent que l'âme se perd en cherchant la connaissance dans le plaisir. Pourquoi? Le plaisir peut-être est innocent, à condition qu'on n'y cherche pas la connaissance. Il n'est permis de la chercher que dans la souffrance. Weill, Judaïsme, 1931, p. 88.
C. − P. anal. ou au fig.
1. Personne rusée, malfaisante, médisante. Un vrai serpent, ce Fauchery; un envieux, un homme capable de s'acharner après une femme et de détruire son bonheur (Zola, Nana, 1880, p. 1188).Et ce vil serpent, Fourcroy, qui enseignait alors la chimie au Jardin des Plantes! Il diffamait déjà son collègue Lavoisier (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 344).
Loc. (Avoir une) langue de serpent. V. langue B 2.
P. méton. Personne très médisante. (Dict. xixeet xxes.).
Rem. ,,On dit plutôt aujourd'hui: c'est une langue de vipère`` (Ac. 1935).
2. Littér. Sentiment mauvais ou douloureux s'exerçant d'une manière insidieuse et obsédante. Tout mortel dans son cœur cache, même à ses yeux, L'ambition, serpent insidieux, Arbre impur, que déguise une brillante écorce (Chénier, Odes, 1794, p. 239).La douleur est un serpent qui se glisse à travers toutes les barrières et qui nous retrouve toujours (Constant, Journaux, 1804, p. 87).[Dans des périphrases] Les serpents de l'Envie, de la Calomnie (Ac. 1835-1935). L'abominable serpent de jalousie se déroulait et se tordait en son cœur (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1070).
II. − P. anal.
A. −
1. Ce qui se déroule, se développe à la manière d'un serpent. Des serpents de flamme, de fumée. On montait, on montait, par des chemins en zigzags, toute la famille à la file et à pied, formant serpent (Loti, Rom. enf., 1890, p. 189).Des laminoirs sortaient des barres de fer rouge qui s'allongeaient et se tordaient sur le sol, comme des serpents de feu (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 209).
2. Objet qui évoque un serpent par sa forme ou qui est fabriqué en forme de serpent. Dans son salon, il avait une jardinière dont le pied était fait par un serpent en bois verni qui montait en s'enroulant vers un nid d'oiseau (Goncourt, Journal, 1853, p. 92).Et [elle] s'occupait à se passer au poignet, un serpent de diamants, en bracelet (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 48).
Arg., vx. Ceinture de cuir où un soldat mettait son argent. Depuis six mois qu'il [ce caporal] tient l'ordinaire il a un serpent qui lui coupe les flancs, lui qui n'avait pas le sou auparavant (Vidal, Delmart, Caserne, 1833, p. 172).
B. − Empl. techn.
1. AÉRON. ,,Long cordage fixé à la nacelle d'un ballon et qui sert d'amortisseur pour les descentes un peu brusques`` (Lar. 20e). Les stabilisateurs funiculaires continus employés (...) [dans les ballons maritimes] sont formés d'un gros câble souple ou serpent (Marchis, Nav. aér., 1904, p. 559).
2. ASTRON. Constellation équatoriale répartie en deux aires distinctes séparées par une zone du Serpentaire (d'apr. Muller 1980).
3. BIJOUT. Œil-de-serpent*.
4. BOT. Langue(-)de(-)serpent. Ophioglosse (v. ce mot s.v. ophio- et serpentaire1). Bois de serpent. V. serpentine B 1.
5. CHIM. ANC. ,,Petit cylindre de sulfocyanure de mercure, de la grosseur d'un crayon, qui, allumé à une extrémité, reproduit les enroulements et les flexuosités d'un ophidien qui se tord`` (Lar. encyclop.). Elle désigna la poudre blanche: c'est du serpent de Pharaon. N'aie pas peur, cela ne tue qu'en brûlant (Druon, Roi de fer, 1955, p. 257).
6. ÉCON. [P. réf. à la forme de la courbe graphique, représentant l'évolution du cours des différentes monnaies concernées] Serpent monétaire* européen (abrév. S.M.E.), ou p. ell., serpent. Système déterminant la marge de fluctuation des taux de changes à l'intérieur d'un groupe de plusieurs monnaies européennes liées entre elles par des parités définies. Être, entrer dans le serpent; sortir du serpent. Le 22 avril 1972 a commencé à fonctionner le « serpent » européen (...). Les monnaies qui font partie du « serpent » sont liées par des parités fixes dont elles peuvent s'écarter au maximum de 1,125 % dans chaque sens (...). La Banque de France était tenue jusqu'à maintenant de maintenir la valeur du franc vis-à-vis des monnaies européennes faisant également partie du fameux « serpent » communautaire (Le Monde, 22 janv. 1974ds Gilb. 1980).
7. MUS. Instrument à vent, en bois recouvert de cuir, au tuyau ondulé dans sa forme primitive, utilisé couramment jusqu'au xixes. dans la musique d'église et la musique militaire et aujourd'hui à peu près délaissé. L'origine de l'ophicléide est le serpent, qui accompagnait autrefois le plain-chant dans les églises, et qu'on trouve encore dans les campagnes (Lavignac, Mus. et musiciens, 1895, p. 147).Il se présentait en tambour-major devant trois rangs de tambours et la musique, composée de soixante amateurs jouant du flageolet, du serpent ou du bugle (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 262).
P. méton. Celui qui joue de cet instrument. Le poëte et le musicien se rendirent à l'école normale, où les attendait le serpent de la cathédrale qui initiait les futurs maîtres d'école à l'art du plain-chant (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 200).
8. SPORTS (ski). ,,Méthode d'accélération réservée surtout aux slaloms et qui consiste à opérer une série de petits virages enchaînés que le skieur exécute en pleine décontraction`` (Gautrat Ski 1969).
C. − [Par jeu de mots] Arg. Sergent (anciennement, sergent chef de salle à l'École polytechnique; sergent de ville). En dehors de ces établissements, tout chôme jusqu'aux décrotteurs indépendants, dont l'un qui cirait mes bottines s'est vu, ce dernier Sunday, véhémentement réprimandé par un « serpent » qui passait (Verlaine, Corresp., t. 1, 1872, p. 57).
REM. 1.
Homme-serpent. -V. homme- I C.
2.
Serpentelet, subst. masc.,hapax. Petit serpent. Le pli de sa bouche se tordait sous la moustache comme un serpentelet (Giono, Baumugnes, 1929, p. 48).
3.
Serpenté, -ée, adj.,rare, littér. a) Disposé en forme de serpent. (Dict. xixeet xxes.). b) Orné, entouré de quelque chose qui se déploie à la manière d'un serpent. Un garagiste en compagnie de sa maîtresse, serpentée de renard argenté (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 46).
4.
Serpental, -ale, -aux, adj.,hapax. Qui est sinueux, ondulant. Sur les vagues jaunes et dorées du désert, où les caravanes de chameaux décrivent au loin leurs lignes serpentales (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 259).
5.
Serpenteux, -euse, adj.,rare. Qui ondule à la manière d'un serpent, qui décrit une ligne sinueuse. Tandis que par derrière de longues et serpenteuses vagues, semblables aux monstres fantastiques de la fable (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 525).L'ancien chemin carrossable, serpenteux à cause de la pente (Richepin, Cadet, 1890, p. 44).
Prononc. et Orth.: [sε ʀpɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « reptile à corps cylindrique, très allongé, dépourvu de membres » (Roland, éd. J. Bédier, 2543); b) 1606 serpent d'eau (Nicot); 1611 serpent cornu (Cotgr.); 1671 serpent à deux têtes (Pomey); 1680 serpent à sonnette (Rich.); 1765 serpent à lunettes (Encyclop. [la vedette est orthographiée: serpent à lunette]); 1791 serpent de verre (Valm.); 1854 serpent diamant (Abbé Falcimagne, trad. Mgr R. Salvado, Mém. historiques sur l'Australie, p. 381 ds Quem. DDL t. 13); 2. a) déb. xiies. uns marins serpenz (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 909); 1855 serpent de mer « gigantesque monstre à l'existence hypothétique » (Nerval, Nouv. et fantais., p. 279); 1939 fig. « sujet rebattu, cliché » (Giraudoux, Pleins pouvoirs, p. 93); b) 1501 « le Diable, Lucifer » (Livre de conduite du regisseur ... pour le mystère de la Passion joué à Mons, éd. G. Cohen, 10); 1585 serpent d'airain (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p. 334); c) 1926 serpent à plumes « dieu de la mythologie aztèque » (D. H. Lawrence, Le Serpent à plumes); 3. 1174-77 pute serpant « personne perfide et méchante » (Renart, éd. M. Roques, br. VIIa, 6071, t. 3, p. 17); 4. a) av. 1606 « ce qui ondule comme un serpent » (Desportes, Angélique, I ds Littré); b) 1636 « instrument de musique » (Mersenne, Harmonie universelle, p. 278); c) 1904 aéron. (Marchis, loc. cit.); 5. 1973 serpent européen (Le Point, 8 oct. ds Gilb. 1980); 1975 serpent monétaire européen (ibid., 19 mai ds Rob. 1985). Du lat. serpentem, acc. de serpens « serpent ». Fréq. abs. littér.: 1 961. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 448, b) 3 643, xxes.: a) 2 085, b) 2 190. Bbg. Brücker (F.). Die Blasinstrumente in der altfranzösischen Literatur. Giessen, 1926, p. 54, 55. − Quem. DDL t. 9, 12 (s.v. serpent à chapeau), 16.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

serpent \Prononciation ?\ masculin

  1. Serpent.
  2. (Héraldique) Serpent.
    • Le rouge escu au noir serpent — (Meraugis de Portlesguez, édition de Michelant, page 83, 1225-35)

Nom commun - français

serpent \sɛʁ.pɑ̃\ masculin

  1. (Zoologie) Reptile apode, bien que tout reptile apode ne soit pas un serpent.
    • Certains des serpents se dressent pour l’attaquer, mais il les ravage de son talon pilonneur, impitoyable et précis. Bientôt, l’écheveau de reptiles n’a plus que des soubresauts agoniques. — (Frédéric Dard, San Antonio : Meurs pas, on a du monde, Éditions du Fleuve Noir, 1980)
    • La vipère, qui se révéla être un serpent ratier du Texas, suivit à la trace les gouttes de lait répandues à même les rochers encore chauds. — (Jean-Pierre Alaux, Une dernière nuit avec Jimmy, Calmann-Lévy, 2010, page 239)
    • «  Tu mourras. » À ces mots, plein de juste courroux,
      Il vous prend sa cognée, il vous tranche la Bête,
      Il fait trois Serpents de deux coups,
      Un tronçon, la queue, et la tête.
      — (Jean de La Fontaine, Le Villageois et le Serpent, 1668)
  2. (Figuré) (Par extension) Symbole du mal et de la Chute; symbole de la tentation mensongère et néfaste.
    • Dans le récit de la Genèse, le serpent est le tentateur.
    • Les serpents de l’envie, de la calomnie.
    • Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? — (Jean Racine, Andromaque)
    • Le serpent est un animal rusé. Ses mensonges détournent de la vérité et nous disent ce que nous aimons entendre. Il nous donne de fausses « bonnes nouvelles » : « Ne lui dis pas cela! Cela lui fera de la peine et le mettra en colère, Mieux vaut faire comme si de rien n’était! Tu ne le changeras quand même pas. Cela ne vaut pas la peine d’en faire toute une discussion. Fais-en à ta tête et tais-toi. Il ne le remarquera peut-être même pas! » Le serpent est le maître de ces mensonges… pour ne pas blesser, et de ces évitements… pour ne pas entrer en conflit. Il est sournois et joue sur nos points faibles. — (Robert Henckes, Au rendez-vous de Cana, éditions Fidélité, Namur, 1999, page 154)
  3. Peau de cet animal.
    • C’était presque le manège d’une fille du trottoir. Mais elle portait un tailleur vert tendre de la rue de la Paix, des bas d’une soie admirable, des chaussures en serpent qui étaient des merveilles. — (Georges Simenon, Le Relais d’Alsace, Fayard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 39)
  4. (Musique) Instrument de musique à vent, de forme serpentine, employé dans les églises pour soutenir les voix.
    • Jouer du serpent.
    • Devant le lutrin, trois hommes debout chantaient d’une voix pleine. Ils prolongeaient indéfiniment les syllabes du latin sonore, éternisant les Amen avec des a-a indéfinis que le serpent soutenait de sa note monotone poussée sans fin, mugie par l’instrument de cuivre à large gueule. — (Guy de Maupassant, La maison Tellier, 1891)
    • Le serpent, sombre instrument réfugié dans quelques églises de campagne, se tord sans qu’il y ait vraiment de quoi, et n’a même pas à la queue quelques sonnettes pour égayer sa voix grave. — (Conférence sur les instruments de musique, Le Cri catalan (Perpignan) du 15 juillet 1911, page 1)
  5. (Vieilli) Celui qui joue de cet instrument.
  6. (Argot polytechnicien) (Désuet) Sergent de police.
    • En dehors de ces établissements, tout chôme jusqu’aux décrotteurs indépendants, dont l’un qui cirait mes bottines s’est vu, ce dernier Sunday, véhémentement réprimandé par un « serpent » qui passait — (Paul Verlaine, Correspondance, tome 1, 1872, page 57)
  7. (Héraldique) Meuble représentant l’animal du même nom dans les armoiries. Il est utilisé quand il n’y a pas d’identification possible de l’espèce. Il peut être représenté de différentes façons, seul ou enserrant d’autres meubles (fût de colonne ou de flèche, miroir…). S’il dévore un animal ou être humain, il est appelé guivre. À rapprocher de bisse et couleuvre.
    • De gueules à la croix pattée d’argent posée en chef, au serpent de même en pointe étendu en fasce et contourné, la tête dirigée vers le chef, qui est d’Orschwihr du Haut-Rhin → voir illustration « armoiries avec un serpent »
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SERPENT. n. m.
Reptile au corps très allongé, dépourvu de membres et dont certaines espèces sont venimeuses. La peau d'un serpent. La dépouille d'un serpent. La morsure, la piqûre d'un serpent. Le venin du serpent. Les sifflements d'un serpent. Marcher sur un serpent. Écraser un serpent. Notre-Seigneur a dit : Soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes. Serpent à sonnettes, Serpent très venimeux ainsi nommé à cause du bruit qu'il fait en remuant les anneaux cornés et mobiles qui terminent sa queue. Fig., C'est un serpent que j'ai réchauffé dans mon sein, C'est un ingrat qui s'est servi du bien que je lui ai fait pour me faire du mal. Fig., Le serpent est caché sous les fleurs se dit en parlant de Choses dangereuses, dont les apparences sont séduisantes. Fig., Les serpents de l'Envie, de la Calomnie L'envie, la calomnie. Fig. et fam., C'est une langue de serpent se dit d'une Personne fort médisante. On dit plutôt aujourd'hui : C'est une langue de vipère. En termes de Joaillerie, Œil-de-serpent Voyez ce mot à son rang alphabétique. En termes de Botanique, Langue-de-serpent. Voyez LANGUE. Bois de serpent. Voyez SERPENTINE.

SERPENT désigne, dans la langue de l'Écriture, le Démon tentateur. Il est aussi le nom d'un Instrument à vent, en forme de gros serpent recourbé, employé dans les églises pour soutenir les voix. Jouer du serpent. Il se disait aussi de Celui qui jouait de ce instrument.

Littré (1872-1877)

SERPENT (sèr-pan) s. m.
  • 1Nom donné à une classe de reptiles sans membres ou à membres rudimentaires, qui rampent sur la terre. Le serpent était le plus fin de tous les animaux, Sacy, Bible, Genèse, III, 1. Le Seigneur viendra avec sa grande épée pénétrante et invincible, pour punir Léviathan, ce serpent immense, Léviathan, ce serpent à divers plis et replis, Sacy, ib. Isaïe, XXVII, 1. On conte qu'un serpent voisin d'un horloger… Entra dans sa boutique, et, cherchant à manger, N'y rencontra pour tout potage Qu'une lime d'acier qu'il se mit à ronger, La Fontaine, Fabl. V, 16. Que le ciel vous donne la force des lions et la prudence des serpents ! Molière, Bourg. gent. IV, 6. Le serpent venimeux rampa dans les forêts, Boileau, Épît. III. Il n'est point de serpent ni de monstre odieux Qui par l'art imité ne puisse plaire aux yeux, Boileau, Art p. III. Il se peut que Dieu ait permis que la salive de l'homme tue les serpents ; mais il peut avoir permis aussi que mon chirurgien [qui disait les tuer en les frappant légèrement d'une baguette mouillée de sa salive] ait assommé des serpents à grands coups de pierre et de bâton, Voltaire, Dict. phil. Serpent. Les Égyptiens désignaient le temps, le siècle et sans doute toute espèce de révolution par l'emblème d'un serpent qui, en se mordant la queue, formait un cercle, Bailly, Hist. astr. anc. p. 515. Ni les vastes serpents ne traînent sur tes plantes En longs cercles hideux leurs écailles sonnantes, Chénier, Hymne à la France. Des serpents oiseleurs sifflent suspendus aux dômes des bois, en s'y balançant comme des lianes, Chateaubriand, Atala, Prologue. Voyez-vous ce serpent longtemps caché sous l'herbe ? P. Lebrun, Poés. t. I, 2.

    Serpent à sonnettes, serpent très venimeux, ainsi nommé à cause du bruit qu'il fait en remuant les anneaux mobiles et cornés qui terminent sa queue.

    Fig. Que si on rapproche de ceci son caractère [du duc du Maine], on sentira quel serpent à sonnettes c'était dans le plus intérieur du roi, Saint-Simon, 363, 36.

    Serpent d'eau, couleuvre à collier.

    Serpent de verre, nom donné à l'orvet, anguis fragilis, parce que, pris, ses muscles se roidissent au point qu'il se brise, abandonnant une partie de lui-même pour se sauver ; la queue brisée se reproduit en quelques mois.

  • 2Dans la mythologie, les serpents étaient un attribut des Furies. Filles d'enfer… Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? Racine, Andr. V, 5.

    Fig. et poétiquement. Les serpents de l'envie, de la calomnie, l'envie, la calomnie. Le serpent de l'envie a sifflé dans son cœur, Piron, Métrom. III, 4.

  • 3 En termes d'armoirie, serpent sert à désigner le duché de Milan. L'ours, l'aigle et le serpent ont cédé à la salamandre.
  • 4Le serpent d'airain, figure de serpent que Moïse éleva dans le désert, et dont la vue guérissait les Israélites qui avaient été mordus par des reptiles.
  • 5 Fig. Il se dit de personnes que l'on compare pour leur malice ou perfidie à un serpent. Je fus appelé dans une seule maison où un petit serpent de fille se donna le plaisir de me montrer beaucoup de musique dont je ne pus lire une note, Rousseau, Confess. IV.

    C'est une langue de serpent, se dit d'une personne fort médisante. Langue de serpent, fertile en impostures, Vous osez sur Célie attacher vos morsures, Molière, l'Ét. III, 4.

    Réchauffer, retirer un serpent dans son sein, faire du bien à un ingrat. Petit serpent que j'ai réchauffé dans mon sein, Molière, Éc. des fem. V, 4. Vous-même, de vos soins craignez la récompense, Et que dans votre sein ce serpent élevé Ne vous punisse un jour de l'avoir conservé, Racine, Andr. I, 2. Savez-vous quel serpent inhumain Iphigénie avait retiré dans son sein ? Racine, Iphig. V, 4.

  • 6Il se dit des choses méchantes ou tortueuses comme le serpent. [La chicane] Tantôt, les yeux en feu, c'est un lion superbe ; Tantôt, humble serpent, il se glisse sous l'herbe, Boileau, Lutr. V. C'est trop flatter la tienne [ta haine], et de ma propre main Caresser le serpent qui déchire mon sein, Voltaire, Oreste, II, 5.

    Le serpent est caché sous les fleurs, se dit en parlant de choses dangereuses dont les apparences sont séduisantes. De quelque belle apparence que l'iniquité se couvrît, M. le Tellier savait connaître, même sous les fleurs, la marche tortueuse de ce serpent, Bossuet, le Tellier. Combien de fois arrêta-t-il une flatterie qui, comme un serpent tortueux, allait se glisser dans son âme [du jeune Dauphin], Fléchier, Duc de Mont.

  • 7 Terme de l'Écriture. Le serpent, le démon tentateur. Enfin le vieux serpent tâchera de t'aigrir Contre les moindres maux que tu voudras souffrir ; Il fera mille efforts pour brouiller ta conduite ; Mais avec l'oraison tu le mettras en fuite, Corneille, Imit. III, 12. Qu'est-il nécessaire de vous raconter plus au long l'histoire de nos malheurs ? vous savez assez que le premier homme, séduit par les infidèles conseils de ce serpent frauduleux, voulut faire une funeste épreuve de sa liberté, Bossuet, 1er sermon, Pâques, 1.
  • 8Instrument à vent dont on se sert dans les chœurs de musique d'église pour soutenir la voix, et qui est fait en forme de gros serpent ; aujourd'hui l'on en abandonne l'usage. Au frémissement des serpents et des basses, cette hymne [Te Deum] faisait résonner les vitraux, Chateaubriand, Génie, III, I, 2. Cet instrument fut inventé en 1590 par un chanoine d'Auxerre, nommé Edme Guillaume ; la construction en est vicieuse de tous points ; beaucoup de ses intonations sont fausses, et, à côté de notes trop fortes, on en rencontre qui sont très faibles ; l'expulsion du serpent des églises sera un pas de fait vers le bon goût en musique, Fétis, la Musique, II, 16.

    Celui qui joue du serpent. Il y a dans cette église un bon serpent.

  • 9En joaillerie, œil-de-serpent, voy. ŒIL, n° 32.
  • 10Langue de serpent, plante, voy. LANGUE.
  • 11Bois de serpent, voy. SERPENTINE 3.
  • 12Serpent de mer, poisson de la Méditerranée.
  • 13 Terme de marine. Espèce de pirogue de la côte de Malabar.
  • 14Constellation boréale.
  • 15 Terme d'alchimie. Se dit du mercure.

    Serpent de Pharaon, jouet fabriqué avec du sulfocyanure de mercure, qui, se décomposant par la combustion avec boursouflement, prend une apparence vermiculaire.

HISTORIQUE

XIe s. Serpens e guivres, dragon e aversier, Ch. de Rol. CLXXXI.

XIIIe s. La serpent au vilain proia…, Marie de France, Fabl. t. II, p. 267. Folie est combatre sanz armes et dormir près del sarpent, Latini, Trésor, p. 391. Le vieil serpent, de viellesse anuiez, Pour joenne cuir eschange sa viel pel, Bibl. des ch. 4e série, t. V, p. 317. Et dit ainsi que qui vouloit tuer premier le serpent, il li devoit esquacher [écraser] le chief, Joinville, 219.

XIVe s. Deux broches garnies de langues de serpent, De Laborde, Émaux, p. 497.

XVe s. Haa, dame, distil, encore est-ce dedans mon marché jusques à la fontaine ; et, se je ne craignois deffence du serpent [défense équivoque, plutôt apparente que réelle], encore fis-je autre chose, Perceforest, t. IV, f° 113.

XVIe s. La grand serpente au pole arctique emprainte, Marot, IV, 65. L'herbe dite langue de serpent, Paré, XVI, 35. Un bois… Où couloit en serpent une eau luisante et claire, Desportes, Angélique, I. Quand elle sceut sa mort [du duc d'Orléans fils de François Ier], elle sceut en mesme temps celle de son mary, qui luy aida à celer et cacher tellement le regret qu'elle portoit de son prince, que plusieurs qui n'en sçavoient le serpent desous l'herbe, attribuoient du tout ce grand dueil pour le mary, Brantôme, Capit. franç. t. I, p. 349, dans LACURNE. Il faut tirer le serpent du buisson par la main d'autruy, Cotgrave

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

SERPENT, s. m. serpens, (Hist. nat.) animal qui n’a point de piés, & qui rampe. Voyez Reptile. On divise les serpens en deux classes ; la premiere contient ceux dont la morsure n’est pas venimeuse, & que l’on nomme couleuvres ; ils sont des œufs qu’ils déposent dans des endroits chauds, & il en sort au bout d’un certain tems de petits serpens, voyez Couleuvre, & la fig. 3. de la Pl. XVI. ou on a représenté un petit serpent dans son œuf. Les serpens de la seconde classe sont appellés viperes ; leur morsure est très-dangereuse ordinairement, même elle cause la mort, si on n’y apporte un prompt remede ; ils font leurs petits tout vivans. Voyez Vipere. Il y a peu d’endroits où il n’y ait des serpens, ils aiment le chaud, & ils sont en plus grand nombre dans les pays méridionaux que dans les septentrionaux ; ils varient beaucoup pour la grandeur & la couleur. Dapper, hist. de l’Amérique, fait mention d’un serpent que l’on trouve au Brésil, & qui a vingt-quatre piés de longueur ; & Chrétien Mentzelius dit qu’il y en a dans les Indes orientales qui dévorent & qui avaleut un buffle tout entier. Les auteurs qui ont écrit sur les serpens se sont contredits les uns les autres dans la plûpart de leurs descriptions, de façon qu’il est très-difficile de déterminer les différentes especes de ces animaux.

Serpent amphisbene, on a donné ce nom aux serpens dont la queue est aussi grosse que la tête ; on prétend qu’ils marchent en avant & en arriere comme les écrevisses, c’est pourquoi on les appelle aussi doubles-marcheurs.

Serpent des îles Antilles, dans le nombre des îles Antilles, les seules îles de la Martinique & de Sainte-Alousie nourrissent dans leurs forêts & sur leurs montagnes une multitude de serpens venimeux dont la morsure est mortelle. Ce reptile tient de la nature des vivipares ; la femelle produisant à-la-fois jusqu’à soixante & quatre-vingt petits ; on rencontre des serpens de huit à dix piés de longueur sur quatre pouces de diametre & même plus, couverts sur le dos d’une peau écaillée de couleur grise ou noire marquetée, quelquefois verdâtre ou d’un jaune-brun ; le dessous du ventre est toujours plus pâle & presque blanc, couvert d’écailles plus grandes que celles du dos ; leur tête, qui est de forme triangulaire, un peu arrondie sur les angles, paroît comme écrasée, ils ont les yeux petits, vifs, la gueule demesurément fendue & garnie de petites dents ; sur les côtes de la mâchoire supérieure sont deux longs crocs un peu courbes, fort pointus, creux à leur naissance, mobiles dans l’alvéole, & percés d’un petit trou latéral au-dessus de la gencive, qui, dans cette partie, paroît gonflée, renfermant une vessicule remplie d’un venin du plus funeste à ceux qui ont le malheur d’en éprouver les effets, principalement si la piquure rencontre une veine ou une artere, on ne doit point alors espérer de remede. Les serpens s’élancent avec une extrème rapidité, ils piquent de leurs crocs les parties qu’ils touchent, & y seringuent leur venin au moyen du petit trou latéral dont on a parlé. Le parti le plus convenable dans ces occasions est de se faire une forte ligature à sept ou huit doigts au-dessus de l’endroit piqué, & de prendre promptement un bon coup d’eau-de-vie, ou, à son défaut, d’avaler de l’urine toute chaude ; si on a tué l’animal, il est à-propos d’en écraser la tête & de l’appliquer sur le mal, ayant grande attention de ne pas rester en place, mais de courir très vîte, chercher du secours avant que l’enflure & l’assoupissement dont on est pris ayent fait des progrès. Quoique dans un pays chaud, on fait toujours du feu auprès du malade, on le couvre bien, & on l’agite un peu pour l’empêcher de dormir au-moins pendant vingt-quatre heures ; la soif qui le tourmente ne doit point être étanchée par de l’eau fraîche qui seroit pernicieuse ; il ne faut pas non plus qu’il prenne de nourriture, mais on lui fait avaler une forte dose de thériaque délayée dans de l’eau-de-vie, & on opere sur la blessure en y faisant des scarifications, & y appliquant les ventouses à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’on juge qu’il ne reste plus de venin ; alors on met sur la plaie un cataplasme composé d’ail pilé dans un mortier de bois, avec une sorte d’herbe appellée mal-nommée, quelques autres plantes connues dans le pays & un peu de poudre de tête serpent. Avant d’appliquer ces drogues, on en exprime le suc pour le faire boire au malade, lequel, au bout de trois ou quatre jours, doit être hors de danger.

Les negres piayes, médecins ou sorciers, font usage de la succion au-lieu de ventouses, ayant soin de se rincer la bouche à chaque fois avec de l’eau-de-vie ; ils appliquent ensuite sur la blessure plusieurs simples & drogues, dont ils se réservent la connoissance ; c’est un secret qu’on n’a jamais pu tirer d’eux.

Comme l’espece de serpent, dont on vient de parler, n’est autre chose qu’une très-grosse vipere, on pourroit sans doute avec succès faire usage du remede que M. de Jussieu a employé si heureusement sur un homme qui, en herborissant, fut piqué au bras par un de ces animaux. Ce remede consiste à faire prendre au malade dix à douze gouttes d’eau-de-luce dans du vin, le bien couvrir ensuite, & répéter ce traitement de demi-heure en demi-heure, jusqu’à ce que les sueurs abondantes ayant emporté la cause du mal.

La chair du serpent étant rôtie sur le gril & accommodée comme celle de l’anguille est très-bonne au goût, mais il n’en faut pas faire un long usage, l’expérience ayant appris qu’elle subtilisoit trop le sang.

Les serpens changent de peau tous les ans ; ils se nourrissent de rats sauvages, de volailles, de grenouilles & d’insectes ; ils s’endorment aussi-tôt qu’ils sont repus, jusqu’à ce que ce qu’ils ont avalé se soit entierement corrompu & consommé, car ces animaux n’ont pas une autre façon de digérer.

Serpent tête de chien. Cette espece se trouve communément dans l’île de la Dominique ; sa longueur est d’environ huit à neuf piés, & sa grosseur est plus forte que le bras, il a la tête ramassée, ayant quelque rapport à celle d’un chien ; sa gueule est fendue, bien garnie de dents, sans crocs ni venin. La peau de ce serpent est couverte de petites écailles grises & comme argentées sur les flancs ; le dos étant varié de grandes marques noires bordées de jaune, & le dessous du ventre, dont les écailles sont presque aussi larges que l’ongle & fort minces, tire sur la couleur de nâcre de perle. La graisse des tête-de-chiens est estimée un souverain remede contre les rhumatismes ; on prétend qu’étant appliquée un peu chaude, elle appaise les douleurs de la goutte ; la façon la plus ordinaire de s’en servir est de la mêler avec partie égale d’eau-de-vie ou de tafia.

Serpent aveugle. Voyez Orvet.

Serpent cornu, ceraste. Ce serpent a sur la mâchoire supérieure une corne dure & pointue, d’où lui vient le nom de serpent cornu. Seba donne la description & la figure de plusieurs especes de ces serpens.

Serpent esculape. Ce serpent est très-commun en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Pologne, en Asie, en Afrique & en Amérique. Ruisch dit que la face supérieure de ce serpent est d’un verd tirant sur la couleur de poireau, à l’exception du dos qui a une couleur noirâtre : la face inférieure est d’un blanc verdâtre. Seba donne la description de sept especes de serpens esculapes.

Serpent a lunette, ou serpent couronné. (Pl. XVI. fig. 4.) Il est ainsi nommé parce qu’il a sur la tête une tache dont la figure ressemble beaucoup à celle d’une paire de lunettes à mettre sur le nez. On trouve ce serpent dans l’Amérique méridionale, au Pérou, à Siam, aux grandes Indes, &c. Seba donne la description & la figure de plusieurs especes de serpens à lunettes, qui different les uns des autres par la grandeur & la couleur.

Serpent a sonnettes, boicininga, vipera caudisona. (Pl. XVI. fig. 2.) On a donné le nom de serpent à sonnettes à ce reptile, parce qu’il a l’extrémité de la queue composée de plusieurs anneaux larges & mobiles, qui en frottant les uns contre les autres, font un bruit semblable à une sorte de cliquetis, ou au son d’une sonnette fêlée. La morsure de ce serpent passe pour très-venimeuse. Seba donne la description & la figure de plusieurs especes de serpens à sonnettes qui different par la grandeur & par les couleurs. On en trouve en Amérique, dans les Indes orientales & dans les Indes occidentales. Il est fait mention, dans les transactions philosophiques, d’un serpent à sonnettes qui avoit près de cinq pieds & demi de longueur : c’est le plus grand de tous ceux dont les auteurs ont parlé.

Serpent marin, poisson de mer auquel on a donné ce nom, parce qu’il a beaucoup de ressemblance avec le serpent. Il devient long de trois ou quatre coudées ; il a le corps plus rond que celui de l’anguille ; la tête ressemble à celle du congre ; la mâchoire supérieure est plus longue que l’inférieure, & elles sont garnies de dents toutes les deux comme celles de la murene ; il y a aussi des dents au palais, mais en petit nombre. La couleur de ce poisson est jaune en entier, à l’exception du ventre & du bec qui sont cendrés. Il a deux petites nageoires auprès des ouies ; les yeux ont une couleur jaune. Rondelet, hist. nat. des poissons, premiere partie, liv. XIV. chap. vj.

Le même auteur fait mention, au chap vij. du livre déja cité, d’une autre espece de serpent marin rouge, dont les côtés sont traversés par des lignes qui s’étendent depuis le dos jusqu’au ventre. Ce poisson a sur le dos une nageoire & une autre sur le ventre, qui s’étendent toutes les deux jusqu’à la queue ; elles sont composées de deux petits poils très-minces & tous séparés les uns des autres. Il y a un trait sur les côtés du corps depuis la tête jusqu’à la queue qui est terminée par une nageoire. Voyez Poisson.

Serpent volant. Seba donne la description de deux especes de serpens volans ; comme il ne parle pas de leurs ailes, c’est sans doute des especes d’acontias qui se tiennent sur les arbres, & qui s’élancent sur ceux qui passent dessous avec une impétuosité si grande, qu’on croiroit qu’ils volent. Voyez Acontias. Cependant Vesputius assure avoir vu des serpens qui avoient des ailes, & Artus dit qu’il y a à la Côte d’or des serpens ailés qui volent assez bien pour prendre des oiseaux en l’air. Voyez Dragon.

Serpent, rampement du, (Physiq.) j’ai déja parlé, au mot Rampement, de ce mouvement progressif des serpens ; mais je ne puis m’empêcher d’ajouter encore deux lignes sur la justesse & l’exactitude presque géométrique qui se rencontre dans les mouvemens sinueux que les serpens font en rampant. Les écailles annullaires qui les assistent dans cette action, sont d’une structure très-singuliere. Sur le ventre, elles sont situées en travers, & dans un ordre contraire à celles du dos & du reste du corps : non-seulement depuis la tête jusqu’à la queue, chaque écaille supérieure déborde sur l’inférieure, mais les bords sortent en dehors ; ensorte que chaque écaille étant tirée en arriere, ou dressée en quelque maniere par son muscle, le bord extérieur s’éloigne un peu du corps, & sert comme de pié pour appuyer le corps sur la terre, pour l’avancer, & pour faciliter son mouvement serpentin.

Il est aisé de découvrir cette structure dans la dépouille, ou sur le ventre d’un serpent, quel qu’il soit. Mais ce n’est pas tout, il y a encore ici une autre méchanique admirable, c’est que chaque écaille a son muscle particulier, dont une extrémité est attachée au milieu de l’écaille suivante. Le docteur Tyson a découvert cette méchanique dans le serpent à sonnettes ; & selon les apparences, elle existe de même dans les autres serpens, ou du moins dans les gros serpens des Indes orientales & occidentales. (D. J.)

Serpens, pierres de, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs aux coquilles fossiles pétrifiées, connues sous le nom de cornes d’ammon.

Serpens, langues de, (Hist. nat.) nom que l’on donne quelquefois aux dents de poissons pétrifiées. Voyez Glossopetres.

Serpent-fétiche, (Hist. mod. superstition.) les negres d’Afrique prennent pour objet de leur culte le premier objet, soit animé, soit inanimé, qu’ils rencontrent en sortant de chez eux pour exécuter quelque entreprise ; tantôt c’est un chien, un chat, un insecte, un reptile ; tantôt c’est une pierre, ou un arbre, &c. Lorsque les negres ont fait choix d’une divinité qu’ils nomment fétiche, ils lui font une offrande, & font vœu de continuer à lui rendre un culte, s’il les favorise dans le projet qu’ils méditent ; lorsqu’ils réussissent, ils attribuent leur succès à la divinité dont ils font choix ; si au contraire l’entreprise manque, le fétiche est oublié ; de cette maniere ces peuples font & défont leurs divinités à volonté. Ces superstitions si grossieres, n’empêchent point ces negres d’avoir des idées assez justes d’un être suprême, qu’ils regardent comme le souverain du ciel & de la terre ; ils lui attribuent la justice, la bonté, l’omniscience ; c’est un esprit qui réside dans les cieux & qui gouverne l’univers ; malgré cela leurs hommages sont réservés pour les fétiches dont nous avons parlé.

C’est sur-tout un serpent qui est la divinité la plus révérée des negres de la côte de Juidah ; ils l’invoquent dans les tems de sécheresse, dans les calamités publiques, dans la guerre, &c. On lui offre alors de l’argent, des pieces d’étoffes de soie, des marchandises précieuses, des bestiaux vivans & des mêts délicieux ; toutes ces offrandes tournent au profit des prêtres. Le serpent qui est l’objet de ce culte est très-familier ; sa peau est de la plus grande beauté par la variété de ses couleurs. Il n’est point venimeux, mais est d’une espece qui fait la guerre aux autres & qui les détruit efficacement ; il est même facile de les distinguer par leur forme & leurs couleurs. Le respect que l’on a pour le grand serpent-fétiche, s’étend à tous les serpens de son espece. Un capitaine anglois fut massacré impitoyablement, parce que les matelots de son équipage avoient eu le malheur de tuer un de ces serpens qui étoit venu se loger dans leur magasin. Comme les cochons se nourrissoient de serpens, on a pris le parti d’en détruire l’espece, de peur qu’ils ne continuassent à manger les divinités favorites de la nation. Le grand serpent-fétiche, que les negres croient immortel, a un temple magnifique, des prêtres auxquels la crédulité des souverains a fait accorder des terres & des revenus considérables : de plus tous les ans on consacre à ce dieu un certain nombre de vierges choisies destinées à ses plaisirs, ou plutôt à ceux de ses ministres. Ces imposteurs sont parvenus à persuader au peuple qu’il est un tems dans l’année pendant lequel les serpens saisissent toutes les jeunes filles qui leur plaisent, & les jettent dans une espece de délire qui suit leurs embrassemens ; les parens de ces filles, pour les faire guérir de cette frénésie, les mettent dans des hôpitaux sous la direction des prêtres, qui travaillent à leur cure, & qui se font payer un prix considérable à titre de pension ; de cette maniere ils savent se faire payer même des plaisirs qu’ils se procurent. Ces pensions & les présens qui les accompagnent, sont un produit immense, que les prêtres sont pourtant obligés de partager avec le souverain. Les filles qui ont été guéries dans ces sortes d’hôpitaux, sont obligées de garder un secret inviolable sur les choses qu’elles y ont vues ; la moindre indiscrétion seroit punie de mort. Cependant on nous dit que les prêtres imposteurs parviennent à fasciner tellement ces victimes de leur brutalité, que quelques-unes croyent réellement avoir été honorées des embrassemens du grand serpent-fétiche. Bosman raconte que la fille d’un roi fut obligée de subir les mêmes épreuves que les autres. Rien ne seroit plus dangereux que de révoquer en doute la probité des prêtres & la certitude des amours de leurs dieux. Ces prêtres se nomment féticheres, ils ont un chef ou souverain pontife qui n’est pas moins révéré que le roi, & dont le pouvoir balance souvent celui du monarque. Son autorité est fondée sur l’opinion du vulgaire, qui croit que ce pontife converse familierement avec le dieu, & est l’interprete de ses volontés. Les féticheres ont une infinité de moyens pour s’engraisser de la substance des peuples qui gémissent sous leurs cruelles extorsions ; ils font le commerce, ont un grand nombre d’esclaves pour cultiver leurs terres ; & la noblesse, qui s’apperçoit souvent de leur manege, est accablée de leur crédit, & gémit en silence des impostures de ces misérables.

Le grand serpent-fétiche a aussi des prêtresses, appellées betas, qui se consacrent à son service ; les anciennes en choisissent tous les ans un certain nombre parmi les belles filles du pays. Pour cet effet, armées de bâtons, elles vont courir dans les villes, elles saisissent toutes les jeune, filles qu’elles rencontrent dans les rues ; & secondées des prêtres, elles assomment quiconque voudroit leur opposer de la résistance. Les jeunes captives sont conduites au séjour des prêtresses, qui leur impriment la marque du grand serpent. On leur apprend à chanter des hymnes en son honneur, à former des danses autour de lui, enfin à faire valoir leurs charmes, dont elles partagent les revenus avec les vieilles prêtresses qui les instruisent. Cela n’empêche point que l’on n’ait pour elles la plus profonde vénération.

Serpent, en terme d’Astronomie, est une constellation de l’hémisphere boréal, qu’on appelle plus particulierement serpent ophiuchus.

Les étoiles de la constellation du serpent, sont au nombre de 17 dans le catalogue de Ptolomée, de 19 dans celui de Ticho, & de 59 dans celui de Flamsteed. Chambers. (O)

Serpent d’airain, (Hist. jud.) figure d’airain qui représentoit un saraph, ou serpent volant, & que Moïse fit mettre au-dessus d’une pique, assurant que tous ceux qui le regarderoient seroient guéris de la morsure des serpens aîlés qui désolerent les Israélites dans le desert, comme il est rapporté dans le livre des Nombres, chap. xxj. v. 9.

Jesus-Christ, dans S. Jean, ch. iij. v. 4. nous avertit que ce serpent ainsi élevé, étoit une figure de sa passion & de son crucifiement : sicut Moyses exaltavit serpentem in deserto, ita exaltari oportet Filium hominis. Ce serpent d’airain fut conservé parmi les Israélites jusqu’au regne d’Ezéchias, qui ayant appris qu’on lui rendoit un culte superstitieux, le fit mettre en pieces, & lui donna par dérision le nom de nohestan. Voyez Nohestan.

Marsham s’est imaginé que le serpent d’airain étoit une espece de talisman, c’est-à-dire de ces pieces de métal qui sont fondues & gravées sous certaines constellations, d’où elles tirent une vertu extraordinaire pour guérir certaines maladies. Les uns attribuent ces effets au démon, d’autres à la nature du métal, d’autres aux influences des constellations. Marsham pense donc que ce serpent d’airain élevé par Moïse, guérissoit les hébreux mordus des serpens, de la même maniere que les talismans guérissent certaines maladies, par la proportion qui se rencontre entre les métaux dont ils sont composés, ou les influences des astres sous lesquels ils sont formés, & la maladie dont on dit qu’ils guérissent ; mais c’est attaquer un miracle par des suppositions chimériques, puisque rien n’est plus incertain que ces prétendues qualités qu’on attribue aux talismans. Voyez Talisman.

Buxtorf le fils au contraire dans son histoire du serpent d’airain, croit que cette figure devoit naturellement augmenter le mal des blessés au-lieu de le guérir, en leur retraçant l’image des monstres qui les avoient li cruellement déchirés, & que Dieu fit éclater doublement sa puissance en guérissant par un moyen qui devoit produire un effet contraire. Mais il est aussi inutile de grossir ce miracle qu’il est téméraire de le réduire à un effet purement naturel.

On prétend montrer à Milan, dans l’église de S. Ambroise, un serpent d’airain qu’on dit être le même que celui de Moïse. L’Ecriture raconte trop positivement la destruction de ce dernier par Ezéchias, pour qu’on ajoute foi à la tradition populaire des Milanois. Calmet, Dict. de la Bible, tome III. page 542 & 543.

Serpent, dans l’Ecriture, se prend aussi pour le démon. Le serpent invisible qui tenta Eve par l’organe du serpent sensible, étoit le démon, comme l’Ecriture & tous les commentateurs le remarquent. Quelques-uns expliquent aussi du démon ce que dit Job du serpent tortueux, chap. xxvj. v. 13. S. Jean, dans l’Apocalypse, ch. xij. v. 9 & 14. marque clairement que le serpent ancien est le démon & satan : draco ille magnus, serpens antiquus, qui vocatur diabolus & satanas, & seducit universum orbem. Les Juifs appellent aussi le démon l’ancien serpent.

Serpent, (Mythol.) cet animal est un symbole ordinaire du soleil. Dans quelques monumens il se mord la queue, faisant un cercle de son corps, pour marquer le cours ordinaire de cet astre. Dans les figures de Mithras, il environne quelquefois Mithras à plusieurs tours, pour figurer le cours annuel du soleil sur l’écliptique, qui se fait en ligne spirale.

Le serpent étoit aussi le symbole de la Médecine, & des dieux qui y président, comme d’Apollon, d’Esculape. Mais Pausanias nous dit que quoique les serpens en général soient consacrés à ce dernier dieu, cette prérogative appartient sur-tout à une espece particuliere dont la couleur tire sur le jaune ; ceux-là ne font point de mal aux hommes, & l’Epidaurie est le pays où il s’en trouve davantage. Le serpent d’Epidaure qui fut transporté à Rome pour Esculape, étoit de cette espece. C’étoit peut-être aussi de ces sortes de serpens dont les bacchantes entortilloient leurs tyrses, ou les paniers mystiques des orgyes, & qui ne laissoient pas d’inspirer tant de crainte aux spectateurs.

Les Egyptiens ne se contentoient pas de mêler le serpent avec leurs divinités ; les dieux-mêmes étoient souvent représentés chez eux, n’ayant que leur tête propre avec le corps & la queue du serpent. Tel étoit pour l’ordinaire Sérapis, qu’on reconnoît dans les monumens, à sa tête couronnée du boisseau, mais dont tout le corps n’est qu’un serpent à plusieurs tours. Apis se voit aussi avec une tête de taureau, ayant le corps & la queue de serpent retroussée à l’extrémité.

Les génies ont été quelquefois représentés sous la figure d’un serpent. Deux serpens attelés tiroient le char de Triptolème, lorsque Cérès l’envoya parcourir le monde pour apprendre aux hommes à semer le blé. Quelques poëtes ont imaginé que les serpens étoient nés du sang des Titans, & d’autres en attribuent l’origine au sang de Python ou de Typhon. (D. J.)

Serpent, (Luther.) instrument de musique à vent que l’on embouche par le moyen d’un bocal. Cet instrument est du genre des cornets, & leur sert à tous de basse. Il forme l’unisson du basson de hautbois ou de huit piés. Voyez la table du rapport de l’étendue des instrumens de Musique. Cet instrument, ainsi nommé à cause de sa figure ployée comme les serpens reptiles, est composé de deux pieces de bois de noyer ou autre propre à cela, que l’on creuse après avoir tracé le contour BCDEFG en demi-cylindre concave, lesquelles on colle ensuite l’une dessus l’autre, & qu’on réduit ensuite par-dehors avec des rapes à bois à environ une ligne ou ligne & demie au plus d’épaisseur ; puis on le couvre d’un cuir mince ou de chagrin pour le conserver. Avant de mettre le cuir, on met sous les plis, dans la partie concave, du nerf de bœuf battu pour le renforcer en cet endroit, & l’empêcher de rompre lorsqu’on le prend par la partie B C. Voyez la fig. Pl. de Luth. Cet instrument a six trous notés, 1 2 3 4 5 6, par le moyen desquels & du vent que l’on inspire par le bocal AB, on lui donne l’étendue d’une dix-septieme.

Le bocal AB s’emboîte dans une frette de cuivre ou d’argent, selon que le col du bocal est de l’un ou l’autre métal. Ce col est recourbé, comme on voi dans la figure, pour présenter plus facilement le bocal (lequel on emboîte dans le col) à la bouche de celui qui joue de cet instrument. Le bocal est une petite cuvette ou hémisphere concave, laquelle est ordinairement d’ivoire ; au milieu de cette cuvette, qui peut avoir pouce de diametre, est un petit trou qui communique par le collet a fig. suiv. dans le col de métal du serpent dans lequel il entre.

Pour jouer de cet instrument, il faut le prendre des deux mains, en sorte que les trois doigts, index, medius & annulaire de la main gauche bouchent les trous 1 2 3, le pouce de cette main étant placé à l’opposite des trous, pour pouvoir avec les autres doigts tenir l’instrument en état. Les trois mêmes doigts de la main droite servent à boucher les trous 4 5 6, vis-à-vis desquels le pouce de cette main est placé pour la même raison.

Après avoir posé les doigts sur les trous, on présente le bocal à la bouche, & on l’applique sur les levres, en sorte que l’air que l’on inspire dans le serpent ne puisse trouver aucun passage entre les bords du bocal & les levres, mais qu’il soit contraint de passer dans le corps de l’instrument ; pour cela on mouille avec la langue les bords du bocal, qui s’applique mieux par ce moyen sur les levres pour faire les tons graves sur cet instrument, particulierement ceux qui se font tous les trous bouchés. Il faut bien ménager le vent, & souffler également ; pour les autres tons où il y a quelques trous de débouchés, ils sont plus faciles à faire : il s’en trouve cependant quelques-uns qui ont le même doigté, lesquels par conséquent ne different que par les différens degrés de vîtesse du vent qui anime l’instrument ; tels sont la plûpart des dièses, des tons naturels, que l’on peut faire cependant en ne débouchant que la moitié du trou supérieur, ou en croisant les doigts, c’est-à-dire en débouchant le trou de la note supérieure, & en bouchant celui de l’inférieure de la note dont on veut faire le diéses. Voyez la tablature suivante, où les notes de musique font voir quelle partie & quelle étendue forme le serpent. Voyez aussi la table du rapport de l’étendue des instrumens. Les zéros noirs & blancs qui sont au-dessous des notes, lesquelles correspondent aux trous du serpent, font voir quels trous il faut tenir ouverts ou fermés pour faire les tons des notes qui sont au-dessus.

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Étymologie de « serpent »

Génev. une sarpent ; bressan, la sarpan ; wallon, sierpain ; Berry, sarpent, sarpente ; provenç. sarpent, et aussi serp, ser, cer ; catal. serpent ; espagn. serpiente ; ital. serpente ; du lat. serpentem, de serpere, ramper, grec, ἔρπειν, sanscr. sarpâmi. Le prov. serp vient non de serpentem, mais de serpens, accent sur ser. Serpent est quelquefois féminin dans l'anc. langue et dans les patois.

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(Date à préciser) Du latin serpens, participe présent du verbe serpo (« ramper, se traîner par terre »).
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Phonétique du mot « serpent »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
serpent sɛrpɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « serpent » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « serpent »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « serpent »

  • Le serpent change de peau, non de nature.
    Proverbe persan
  • Serpent qui change de peau est toujours serpent.
    Proverbe martiniquais
  • Le serpent change de peau, mais garde sa nature.
    Proverbe français
  • Il était un pauvre serpent qui collectionnait toutes ses peaux. C'était l'homme.
    Jean Giraudoux — Sodome et Gomorrhe, I, 3, Lia , Grasset
  • Une armée de fourmis peut triompher d’un serpent venimeux.
    Proverbe chinois
  • Le premier animal domestique d'Adam après l'expulsion du Paradis fut le serpent.
    Franz Kafka — Préparatifs de Noce à la campagne
  • Quand on accouche d'un serpent, on le noue autour de sa taille.
    Massa Makan Diabaté — Kala Jata
  • Même le petit serpent a du venin.
    Ankh-Sheshonq
  • Il n’y a rien de si éloquent que la queue d’un serpent à sonnettes.
    Proverbe indien
  • L'autre jour, au fond d'un vallon, Un serpent piqua Jean Fréron. Que pensez-vous qu'il arriva ? Ce fut le serpent qui creva.
    François Marie Arouet, dit Voltaire — Poésies mêlées, Épigramme imitée de l'Anthologie
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Images d'illustration du mot « serpent »

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Traductions du mot « serpent »

Langue Traduction
Anglais snake
Espagnol serpiente
Italien serpente
Allemand schlange
Chinois
Arabe ثعبان
Portugais serpente
Russe змея
Japonais ヘビ
Basque suge
Corse serpente
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Synonymes de « serpent »

Source : synonymes de serpent sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot serpent au scrabble : 9 points

Serpent

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