La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « élu »

Élu

Définitions de « élu »

Trésor de la Langue Française informatisé

ÉLU, UE, part. passé, adj. et subst.

I.− Part. passé de élire*.
II.− Emploi adj.
A.− [Correspond à élire A] Qui est (a été, sera) l'objet d'un choix par voie de suffrages. Assemblée, chambre élue; candidat, délégué, membre élu. Des républiques de citoyens égaux sous des chefs élus (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 169).Une administration supérieure, élue, responsable et révocable (Alain, Propos,1929, p. 862).
B.− [Correspond à élire B]
1. [Choix à caractère relig.] Qui est l'objet d'une prédestination, d'un choix voulu et opéré par Dieu ou le Destin. Mais avaient-ils de cette enfant élue la souplesse, la spontanéité et toute la sève vivifiante? (Barrès, Renan,1888, p. 135).C'est la réponse suprême que la vigne élue réservait à son implanteur (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 139):
1. Le malheur avait mis le doigt sur lui [Gwynplaine], le bonheur aussi. Deux destinées extrêmes composaient son sort étrange. Il y avait sur lui un anathème et une bénédiction. Il était le maudit élu. Hugo, L'Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 67.
Le peuple élu, la race élue. Les Juifs, le peuple d'Israël. Et lourd de passé plein d'histoire, tout chargé des douleurs et des joies d'Israël, le vieux texte raconte les temps du muzraïm, le long exil d'Égypte, les affictions des ancêtres et les faveurs dont l'Éternel a comblé son peuple élu (Tharaud, Ombre de la Croix,1917, p. 180).
P. anal. (Peuple, race) qui semble se distinguer des autres par sa supériorité. Les femmes étaient menées avec plus de rudesse que leurs complices, comme ayant attenté plus gravement qu'eux, qui n'avaient pas l'honneur de compter parmi la race élue, à « l'honneur allemand » (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 205).
2. [Choix sans caractère relig.]
a) Qui est l'objet d'un choix dicté par une préférence de la raison ou du cœur.
[Le déterminé désigne un individu ou une collectivité] Personne élue. Ce [les Laurens] m'est une famille élue, et je rêve avec eux mes joies (Gide, Journal,1893, p. 37).Il [Larseneur] y [dans le livret de son drame] multipliait, par amour de son maître élu, les inversions et les germanismes (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 109).
[Le déterminé désigne une chose] L'art a toujours été le langage élu des révélations religieuses comme des confessions particulières (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 238).
DR. Domicile élu. Domicile désigné par quelqu'un et où peuvent lui être signifiés tous les actes de justice (cf. Code instr. crim., 1808, p. 788).
b) En partic.
Vx et rare. D'un caractère exquis et raffiné. Il [Amyot] voulait avant tout, en effet, un style exact, net, châtié, élu enfin, c'est-à-dire choisi et élégant dans son naturel (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 4, 1851-62, p. 465).
Lang. soutenue. Qui, par une sorte de prédestination, témoigne de son accord parfait avec une chose, une idée, une intention :
2. ... j'ai vu trop de monde (...) pour ne pas goûter le désir d'une intimité très rare et très fine. Nous [Gide et Valéry] causerons admirablement, certain soir élu, où nous nous promènerons dans notre rêve. Gide, Corresp.[avec Valéry], 1891, p. 137.
III.− Emploi subst.
A.− [Correspond à élire A]
1. Vx (cf. élection A 1) au masc. Juge du tribunal de l'élection chargé d'imposer les tailles. Charge d'élu (cf. aide1, ex. 16)
2. Usuel. Personne qui a reçu un mandat, un titre par voie de suffrages. L'élu d'un parti, du peuple, d'un quartier. Je suis l'élu de la nation. Vous êtes les délégués obscurs d'un département (France, Lys rouge,1894, p. 42).L'élu influent a le choix entre un fauteuil de conseil d'administration et une cellule (Bloch, Dest. du S.,1931, p. 119):
3. Il faut noter que certaines constitutions organisent le contrôle de l'élu par l'électeur en permettant la révocation individuelle des élus par la majorité de leurs électeurs... Vedel, Manuel élémentaire de dr. constit.,1949, p. 140.
Au plur. avec art. déf. L'ensemble des individus vainqueurs d'une élection par voie de suffrages. Les élus de la nation. La patience toute nouvelle avec laquelle ce peuple accepte et subit les plus lourdes charges à lui imposées par ses élus (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Voyage en France par un Français, 1896, p. 32).
B.− [Correspond à élire B]
1. [Choix à caractère relig.]
a) Être humain à qui Dieu dispense spécialement sa grâce en vue, parfois, de l'aider à remplir une mission sur terre. L'élu du Seigneur. Restons pauvres plutôt, et songeons que Jésus Parmi les indigents a choisi ses élus! (Dumas père, Alchimiste,1839, I, 1, p. 211).Se conduire en élu de Dieu sur la terre (Maritain, Human., intégr.,1936, p. 25).Pour que tu daignes bénir et sanctifier cet élu, − nous te supplions, écoute-nous! (Billy, Introïbo,1939, p. 135).
b) Être humain à qui ses mérites valent d'entrer au Paradis. Anton. Le réprouvé, le damné.Là, après avoir accueilli l'élu, saint Pierre rebute le vilain et l'invite en termes désobligeants à déguerpir (Faral, Vie temps St Louis,1942, p. 123).
Au plur. L'ensemble des êtres humains qui, après leur mort, en vertu du Jugement particulier, entourent Dieu au Paradis et chantent ses louanges. Apothéose, félicité, règne des élus. Les voix des élus s'unirent à celles des anges pour glorifier l'Invisible (France, Révolte anges,1914, p. 402).Et si chacun contenait en soi à la fois l'Élu et le Réprouvé, l'enfer et le paradis, comment démêler cet embrouillement? (Arnoux, Juif Errant,1931, p. 183).
c) P. anal.
α) Celui, celle qui semble appelé(e) par les circonstances, par le destin, à jouir d'une supériorité sur le reste des hommes. Entre autres avantages qu'il confère à ses élus, l'humanisme apprend à ne pas confondre le baroque avec le sublime, comme le fait généralement le romantisme (L. Daudet, Ét. et mil. littér.,1927, p. 29).J'ai vu qu'en descendant sur son élue, l'inspiration fait le bruit d'un oiseau et d'une abeille (Colette, Pays et portr.,1954, p. 225).
[Dans une intention iron.] Au plur. Petit clan de gens qui, se reconnaissant les arbitres du goût, de l'élégance, s'arrogent le droit de juger et de critiquer. Il [le comte de Montesquiou] partage l'humanité en deux camps, les élus et les exclus, deux termes à quoi il faut d'abord songer lorsque l'on cherche à définir le snobisme (Mauriac, Du côté Proust,1947, p. 210).
β) Spéc. Haut dignitaire dans certaines branches de la franc-maçonnerie. Le rite des élus Coëns (Naudon, Fr.-maçonn.,1963, p. 109).
2. [Choix sans caractère relig.] Être humain qui est l'objet, de la part de quelqu'un, d'une préférence dictée par l'amour, l'affection, l'amitié. Heureux élu, l'élu(e) de mon cœur. Il [Emmanuel] avait, pour son Élue, cette idôlatrie, que le défaut d'espoir rend si douce et si mystérieuse dans ses pieuses manifestations (Balzac, Rech. absolu,1834, p. 241).Entre les bras de l'élu, la pure jeune fille se change allégrement en une claire jeune femme (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 289).
Prononc. et Orth. : [ely]. Ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér. : 1 411. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 013, b) 1 500; xxes. : a) 2 254, b) 2 122.

Wiktionnaire

Nom commun - français

élu \e.ly\ masculin (pour une femme, on dit : élue)

  1. Personne qui a été élue.
    • La nouvelle ligne coûte cher au parti communiste français. Aux élections législatives de 1928, s’il perd treize sièges (quatorze élus au lieu de vingt-trois), il gagne 180 000 voix. Quatre ans plus tard, aux élections de 1932, il perd encore des sièges (seulement dix élus) et cette fois, il perd aussi 250 000 voix. — (Jacques Delpierrié de Bayac, Histoire du Front populaire, Fayard, 1972, page 22)
    • Si certains se targuèrent alors de rendre la chose plus « transparente » donc soi-disant plus saine, cela revenait tout de même à leur permettre de faire du renseignement législatif voire d’influencer nos élus. — (Séverine Tessier, Lutter contre la corruption : À la conquête d’un nouveau pouvoir citoyen, Éditions François Bourin, 2015)
    • Elle est composée d’un nombre égal respectivement de représentants de l’État, d’élus des collectivités locales et de représentants des personnels. — (Article L413-14 du Code français des communes)
  2. (Religion) Un de ceux qui sont choisis par Dieu pour jouir de la félicité éternelle.
    • Enfer ! — Enfer et paradis ! — cris de désespoir ! cris de joie ! — blasphèmes des réprouvés ! concerts des élus ! — (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
    • En effet, si tous les qualificatifs désignant les élus dans la doctrine jésuite sont également présents dans la doctrine janséniste, tous les qualificatifs par lesquels les jansénistes caractérisent les élus ne se trouvent pas dans la doctrine jésuite. — (Pierre Force, Le problème herméneutique chez Pascal, J. Vrin, 1989, page 188)

Adjectif - français

élu \e.ly\

  1. Qui a été élu.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ÉLIRE. (Il se conjugue comme LIRE.) v. tr.
Nommer à une dignité, à une fonction, à une place par la voie des suffrages. Élire à la pluralité des voix. Élire le plus digne. Élire un député. On dit aussi Élire au sort. Il signifie, d'une façon générale, Choisir entre plusieurs personnes ou plusieurs choses. Il signifie aussi, dans le langage théologique, Prédestiner à la vie éternelle. Ceux que Dieu a élus jouiront de la béatitude éternelle. En termes de Jurisprudence, Élire domicile, Assigner un lieu où tous les actes de justice puissent être signifiés. Il a élu domicile chez son avoué. Domicile élu.

Littré (1872-1877)

ÉLU (é-lu, lue) part. passé d'élire
  • 1Nommé par suffrages. Un magistrat élu pour tant d'années.

    Domicile élu, voy. DOMICILE.

    Substantivement. Le nouvel élu. Les élus du peuple.

  • 2 S. m. Terme mystique. Les élus, ceux que la grâce prédestine au bonheur céleste. Mais ces secrets pour vous sont fâcheux à comprendre, Ce n'est qu'à ses élus que Dieu les fait entendre, Corneille, Poly. V, 2. Si les lois de l'État s'opposent à son salut éternel [d'Henriette d'Angleterre], Dieu ébranlera tout l'État pour l'affranchir de ces lois ; il met les âmes à ce prix ; il remue le ciel et la terre pour enfanter ses élus, Bossuet, Duch. d'Orl. Ce grand Dieu avait ses élus dans la race d'Ésaü, Bossuet, Hist. II, 3. La miséricorde de Dieu ne voulait que se former un élu, Massillon, Profess. rel. Serm. 1. C'est moi qui marque leur séjour, Aux réprouvés de ma colère, Comme aux élus de mon amour, Hugo, Odes, I, 10. (Moïse) Sous les traits d'un enfant délaissé sur les flots, C'est l'élu du Sina, c'est le roi des fléaux, Hugo, ib. IV, 34.

    Par extension et dans le langage général. Un élu de cette vie, un homme prédestiné au bonheur sur la terre. Qui vit auprès d'Émilie, Ou bien auprès de Richelieu, Est un élu de cette vie, Voltaire, Poés. mél. LXXXVIII.

  • 3Nom qu'on donnait, dans les premiers siècles de l'Église, aux catéchumènes bien instruits, qui étaient élus, c'est-à-dire choisis pour le baptême.

    Titre donné dans le manichéisme aux dépositaires de tous les secrets de la secte.

  • 4Nom des juges du tribunal de l'élection, parce que, dans l'origine de cette institution, on les choisissait par élection pour imposer les tailles.

    On désignait la femme de l'élu sous le nom d'élue. Vous irez visiter pour votre bienvenue Madame la baillive et madame l'élue, Molière, Tart. II, 3.

HISTORIQUE

XIIe s. Les pensées des elis quant eles voient com nules sont toutes les trespassans choses…, Job, 493. De ses barons esliz [d'élite], Ronc. p. 9. Li cuens [comte] Rolant fu chevaliers esliz, ib. p. 57. [Les messagers] Qui bon chevalier sont, prudhome et esleü, Sax. XXVIII.

XIIIe s. Et ot li elleus de Biauvais la disme des clers de par l'apostole, Chr. de Rains, p. 90. Ô [avec] les ellus ellus seraz, O les pervers pervers seraz, Psaumes en vers, dans Liber psalm. p. 272.

XVe s. Six cens hommes esleus [d'élite], Commines, VI, 4.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « élu »

Élire avait, dans l'ancienne langue, deux participes, l'un plus ancien eslit (d'où élite), formé du participe latin electus, l'autre esleü, formé directement par la conjugaison romane du verbe élire.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « élu »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
élu ely

Fréquence d'apparition du mot « élu » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « élu »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Traductions du mot « élu »

Langue Traduction
Anglais elected
Espagnol elegido
Italien eletto
Allemand gewählt
Chinois elected
Arabe انتخب
Portugais eleito
Russe избран
Japonais 選出された
Basque hautatua
Corse elettu
Source : Google Translate API

Antonymes de « élu »

Combien de points fait le mot élu au Scrabble ?

Nombre de points du mot élu au scrabble : 2 points

Élu

Retour au sommaire ➦