La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « communier »

Communier

Variantes Singulier Pluriel
Masculin communier communiers

Définitions de « communier »

Trésor de la Langue Française informatisé

COMMUNIER1, verbe.

A.− Emploi intrans.
1. Être en union spirituelle ou affective avec d'autres personnes, partager une condition, un sentiment. Nous avons passé de bonnes heures, dans l'allée droite de son jardin, à renouer, à communier, à nous comprendre d'un mot (E. et J. de Goncourt, Journal,1857, p. 388):
1. Dédier! c'est un blanc geste qui dit : « Ceci est à Vous, œuvre de mes doigts, mangez et buvez, nous communions. » Valéry, Correspondance[avec Gide], 1891, p. 138.
Communier avec (qqn).Par la charité, le croyant communie avec tous les hommes, protestants, païens, tous autres (Barrès, Mes Cahiers,t. 11, 1914-18, p. 152).
Communier à.Je désire communier à l'ardeur de ce peuple qui se bat (P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 249).
Communier dans (un même acte d'union).Je me sauvais sur le balcon. Désiré venait me rejoindre. Nous passions là des heures à communier dans la tristesse (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 219).
2. P. anal. Être en union avec le monde physique :
2. Quand la lune se levait au ciel, je communiais avec les lointaines cités, les déserts, les mers, les villages qui au même moment baignaient dans sa lumière. Je n'étais plus une conscience vacante, un regard abstrait, mais l'odeur houleuse des blés noirs, l'odeur intime des bruyères... S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 126.
B.− En partic., LITURG. (S')unir au Christ dans l'Eucharistie.
1. Emploi intrans. Recevoir l'hostie consacrée. « Voilà Pâques bientôt : J'espère que vous donnerez l'exemple en communiant avec ferveur » (Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 41):
3. Pourvu que je puisse communier, qu'est-ce que me fait tout le reste? S'incorporer le Christ, c'est s'incorporer au Christ, communier avec le Christ, c'est communier avec tous les chrétiens. Claudel, Correspondance[avec Gide], 1899-1926, p. 196.
2. Emploi trans., rare. Distribuer à quelqu'un l'hostie consacrée. Le Sauveur communia les apôtres sous les espèces du pain et du vin (A. Lenoir, Archit. monastique, t. 1, 1852, p. 351).Le chanoine communia la malade (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 326).
Emploi pronom. Le prêtre se communie. Se donne à lui-même, au moment de la communion, l'hostie qu'il a consacrée au cours de l'office même. Attesté ds Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Quillet 1965.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. communiant. Qui fait communier. Le pouvoir « communiant » de la fidélité (Teilhard de Chardin, Le Milieu divin, 1955, p. 174). b) Le part. passé adj. communié. Qui a fait sa première communion. Pauvres petits bougres, tous communiés, tous certifiés, tous portant le même petit ballot de science creuse (Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans, 1934, p. 86).
Prononc. et Orth. : [kɔmynje], (je) communie [kɔmyni]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1remoitié xes. « donner le sacrement de l'Eucharistie » (St Léger, éd. J. Linskill, 83); fin xiie-début xiiies. soi commeniier « recevoir ce sacrement » (Jourdain de Blaye, éd. P. F. Dembowski, 811); 1531 les communians « ceux qui communient » (Inv. du trésor de la Cathédrale d'Auxerre, 49 ds Delb. Notes); 1690 p. ext. (Fur. : On appelle communier en esprit, quand on élève son cœur à Dieu, pendant que le prêtre communie à la Messe, afin de participer au mérite de sa communion 1849 p. anal. (Lamartine, Les Confidences, p. 301 : Nous ne pouvons pas plus communier ensemble que la démocratie et l'aristocratie). Empr. au lat. chrét. communicare « avoir part, partager », d'où « être en communion avec l'ensemble des fidèles » et spéc. « avoir part avec l'ensemble des fidèles au corps et au sang du Christ »; -ier par traitement semi-savant de la finale, à la différence de communiquer*. Fréq. abs. littér. : 515. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 273, b) 436; xxes. : a) 1 208, b) 994.

COMMUNIER2, subst. masc.

A.− Vieux
1. Bourgeois d'une commune :
1. ... les communiers s'alliaient à qui ils pouvaient, parfois à de véritables brigands féodaux. Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 59.
2. Membre d'une milice communale :
2. En l'absence de la chevalerie, tout entière au siège de Tyr, la bourgeoisie hiérosolymite courut aux portes et fit si bonne contenance que les envahisseurs se retirèrent. La chronique de l'Eracles se montre à juste titre fière de l'attitude de ces roturiers, dignes de nos communiers de Bouvines. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 126.
B.− DR. Propriétaire en commun :
3. Et l'on croit remédier au mal, [de la famille] en découronnant l'homme, en émancipant la femme; en faisant des époux des associés, des concubins, des communiers, des actionnaires d'une entreprise de progéniture. Proudhon, La Pornocratie,1865, p. 257.
Prononc. : [kɔmynje]. Étymol. et Hist. I. 1304 subst. comoner « personne qui est en communauté de biens avec une autre » (Year books of the reign of Edward the first, XXXII-XXXIII, p. 233 ds Gdf. Compl.); 1467 communier (Usem. de la for. de Brecelien, Cart. de Red., Eclairc., CCCLXXVII ds Gdf. Compl.), qualifié comme terme d',,anc. législ.`` par Ac. Compl. 1842; repris au xixes. 1865 (Proudhon, loc. cit.). II. [1398 subst. communyer « membre d'une commune (ici, prob. « syndic ») » (E. Deschamps, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 5, 71)]; 1411 communier (Doc. comm. par M. Daussy ds Jouanc.), v. aussi Pat. Suisse rom.; considéré comme ancien dep. Lar. 19e; n'est plus employé que dans un cont. historique. I dér. de commun* « qui appartient à plusieurs », suff. -ier*. II empr. au lat. médiév. communarius « celui qui dans une communauté exerce une charge publique » (1221 ds Du Cange s.v.; v. aussi Nierm., s.v. communiarius), communiarius « membre d'une commune » (1313 ds Latham; v. aussi Nierm.). Fréq. abs. littér. : 5.

Wiktionnaire

Nom commun - français

communier \kɔ.my.nje\ masculin (pour une femme, on dit : communière)

  1. (Désuet) (Suisse) Membre d'une commune.
    • Par son rapport en date du 20 mai 1875, le Préfet du district de Neuchâtel a informé le Conseil d’État que contrairement aux art. 49 et 54 de la Loi sur les communes et municipalités, et au mépris d'une défense formelle qu'il avait fait signifier, les communiers de Combes, réunis en assemblée générale le 15 mai dernier, ont décidé de se répartir une partie du produit de quatre agrégations communales, et se sont alloué, en outre, un franc de jeton de présence par communier. — (« Assemblée du Grand Conseil, tenue au château de Neuchâtel le 29 novembre 1875 à 10 heures du matin », dans le Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil de la République et Canton de Neuchâtel, vol. 35, Chaux-de-Fonds : imprimerie du National suisse, 1875, page 213)
    • Enfin, le Code réglemente aussi la «réception des communiers» : devient communier toute personne qui possède le dtatut d'habitant ou dont la famille est établie à Genève depuis cent ans au moins. — (Frédéric Joye, Projets pour une révolution: Jean-Bénédict Humbert (1749-1819), Société d'Histoire et d'Archéologie de Genève, 2000, annexe page 117)
    • Un comité se constitue ; quelques jeunes filles lui sont confiées ; il demande une pension de 146 fr. par année pour les communières , et de 150 fr. pour les non communières ; l’asile s’ouvrit en 1856 dans un logement situé au rez-de-chaussée de la première maison du faubourg à droite , sous la direction de Mlle Garin , de Fiez ; […]. — (Wilhelm Grisel, « La Commune de Buttes », dans le Musée neuchâtelois, Société d'histoire et d'archéologie du canton de Neuchâtel,, 1901, page 283)
  2. (Désuet) Propriétaire en commun avec d'autres.
    • Cependant, il faut convenir qu'il y a des Articles qui sont principalement en faveur des communiers. Tels sont l'Article XIV. qui dit, que l'homme de Mainmorte ne peut disposer de ses biens, en quelle part qu'ils soient assis, par ordonnance de dernière volonté , ni par donation à cause de mort, qu'au profit de ses communiers; & l'Article XVI. qui portant que les gens de Mainmorte ne peuvent se succéder les uns aux autres, que tandis qu'ils sont demeurans en commun, suppose que les communiers doivent succéder les uns aux autres. — (François Ignace Dunod de Charnage, Traité de la mainmorte et des retraits, Paris : chez la Veuve Dupuis, 1760, page 134)
  3. Membre d’une milice communale.
    • Marie de Bayenghem a pour mère une Zannequin, descendante du généreux poissonnier de Furnes, taillé en pièces à la tête de ses communiers par la chevalerie française, sous les murs de Cassel : ces familles tapissant de leurs écus les murs des églises sont parfois issues de gueux révoltés. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 49)

Verbe - français

communier \kɔ.my.nje\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Religion) Recevoir le sacrement de l’Eucharistie.
    • Dans des quantités de communes dont les maires sont des radicaux ou des radicaux-socialistes, les électeurs, bien qu’il leur advienne de patronner, quand bon leur semble, les opinions les plus extrêmes, tiennent à faire leurs Pâques et à communier deux fois par an. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  2. (Religion) (Transitif) Administrer la communion.
    • C’est son curé qui l’a communié.
  3. (Littéralement) Vivre quelque chose en commun avec autrui ; être en communion avec quelque chose ou quelqu’un.
    • Il fallait voir, le jeudi 10 décembre 1896, tous ces pauvres petits bonhommes et toutes ces pauvres petites bonnes femmes, esthètes infortunés des deux sexes qui, l’œil noyé, tendaient le cou et ouvraient à demi la bouche pour communier en l’honneur d’Ubu. — (Anatole Claveau, Les snobs, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e éd., p.34)
    • Cette pratique du chabrot était une manière de communier dans un savoir pastoral. Ceux qui faisaient chabrot étaient corréziens à cent cinquante pour cent et ceux qui rechignaient à le faire, des étrangers. — (Jean-Paul Malaval, L'Auberge des diligences, Presses de la Cité, 2009, chap. 5)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

COMMUNIER. v. intr.
Recevoir le sacrement de l'Eucharistie. Communier dévotement. Dans l'Église catholique, les prêtres seuls communient sous les deux espèces. Communier à Pâques. Communier à sa paroisse. Communier à telle messe. Communier de la main de l'évêque, de la main de son curé. Il est aussi transitif et signifie Administrer la communion. C'est son curé qui l'a communié.

Littré (1872-1877)

COMMUNIER (ko-mu-ni-é)
  • 1 V. n. Recevoir la communion, le sacrement de l'eucharistie. Il a communié à Pâques. Il s'est donné à communier comme mortel en la cène, Pascal, J. C. 34. Quoi qu'elle ne pût assez communier pour son désir, elle ne cessait de se plaindre humblement et modestement des communions fréquentes qu'on lui ordonnait, Bossuet, Marie-Thér.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 2 V. a. Administrer le sacrement de l'eucharistie. L'Église communiait les petits enfants, Bossuet, Trad. Il faut que le prêtre avertisse les mourants soupçonnés de jansénisme qu'ils seront damnés, et les communie à leurs risques et périls, Voltaire, Louis XV, 36. Lorsque, sur le point de les communier, il leur déclara…, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 368.

HISTORIQUE

XIIe s. E de part l'arcevesque [il] lur aveit denuncié Qu'il les asoleit tuz, clers e lais, del pechié, Qu'as escumeniez orent comunié, Th. le mart. 121.

XIIIe s. Soit chascuns confès et commeniés, Villehardouin, CLX. Delez le flun habiterai Por toi, que g'i atenderai ; Iluec serai communiée ; Por après serai deviée [morte], Rutebeuf, II, 139.

XVIe s. Ils vinrent mettre en pieces une assemblée des Refformez, communiquans à la cene au village de la Tardiere, D'Aubigné, Hist. III, 346.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. COMMUNIER.
2 V. a. Ajoutez :

Fig. Ton zèle autant de fois saura mystiquement D'une invisible main communier ton âme, Corneille, Imit. IV, 1296.

4Se communier, v. réfl. Administrer à soi-même le sacrement de l'eucharistie. Qu'il n'est pas permis au prêtre qui célèbre de se communier soi-même, Hist. du concile de Trente, traduct. de le Courayer, Amst. 1736, t. I, p. 625.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « communier »

Provenç. communiar, cumeniar, cumengar, cumenegar ; espagn. comulgar ; portug. commungar ; ital. communicare ; du latin communicare, communiquer (voy. ce mot), faire participant. Communier est la dérivation ancienne et légitime de communicare (la consonne se perdant en des cas pareils) ; communiquer a été refait ensuite sur le latin.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin communicare.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « communier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
communier kɔmynje

Fréquence d'apparition du mot « communier » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « communier »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « communier »

  • Au niveau des écoles privées, c’est surtout le manque d’enseignants qui frappe l’œil du visiteur. Dans la commune urbaine, ce sont seulement trois écoles privées qui ont pu démarrer les cours ce lundi. Les autres ont été frappées par un manque notable d’enseignants. Ces derniers, très en colère pour avoir été laissés pour compte pendant ces derniers mois, auraient carrément refusé de rallier leurs écoles et communier avec leurs élèves avides de savoir.
    Guinée Matin - Les Nouvelles de la Guinée profonde — Réouverture des classes à Mamou : pas de cours au Lycée Cabral et dans certaines écoles privées - Guinée Matin - Les Nouvelles de la Guinée profondeGuinée Matin – Les Nouvelles de la Guinée profonde
  • Pour rejoindre ses fidèles malgré la pandémie, la paroisse Saint-Jean-Baptiste, qui est la seule paroisse francophone de Regina, publie des vidéos de ses messes sur les réseaux sociaux. Née du besoin de communier malgré l’interdiction des grands rassemblements dans les lieux de cultes, cette idée fait ses preuves et pourrait perdurer au-delà de la phase de confinement.
    Radio-Canada.ca — Communier sur la «toile» pour resserrer les liens entre croyants | Coronavirus | Radio-Canada.ca
  • Je n’ai jamais vu personne communier comme elle l’a fait. Pour mon cœur de prêtre, cela reste un moment très émouvant.
    Aleteia : un regard chrétien sur l’actualité, la spiritualité et le lifestyle — Le jour où Anne-Gabrielle Caron a fait sa première communion

Traductions du mot « communier »

Langue Traduction
Anglais communion
Espagnol comunión
Italien comunione
Allemand gemeinschaft
Chinois 交流
Arabe شركة
Portugais comunhão
Russe общение
Japonais 聖体拝領
Basque komunio
Corse cumunione
Source : Google Translate API

Synonymes de « communier »

Source : synonymes de communier sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot communier au Scrabble ?

Nombre de points du mot communier au scrabble : 15 points

Communier

Retour au sommaire ➦