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Bœuf

Variantes Singulier Pluriel
Masculin bœuf bœufs

Définitions de « bœuf »

Trésor de la Langue Française informatisé

BŒUF, subst. masc.

A.− ZOOLOGIE
1. [Le mot désigne un genre] Mammifère ruminant de la famille des bovidés (bœuf, vache, taureau, buffle, yack, bison, etc.) :
1. − Oui, je dois vous prévenir maintenant que l'on mange ainsi qu'au cloître, ici. Le boucher tue, un jour, un bœuf, soyons plus exact, une vache; un autre jour, un mouton, un autre jour, un veau; la plus grosse part de ces animaux est naturellement réservée au monastère... Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 49.
2. Ce sont les espèces bovines qui aident principalement les hommes pour leurs transports au Tibet, en Chine, en Indochine, en Malaisie, en Birmanie, au Siam, dans l'Inde continentale, à Ceylan : yaks, bœufs, bœufs à bosse, zébus, ou buffles. Le bovidé est le serviteur lent et lourd, mais facile à discipliner. J. Brunhes, La Géogr. hum.,1942, p. 170.
2. [Le mot désigne une espèce] Bœufs marins sortaient des mugissemens comme d' un troupeau de bœufs marins, (Quinet, Allemagne et Italie,1836, p. 210);bœufs bossus de Tamatave le beuglement des bœufs bossus de Tamatave(Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,L'illusion suprême,1886, p. 38);bœuf sauvage Toutes étaient riches en bœufs sauvages donc intéressantes, au point de vue chasse. (Maran, Batouala,1921, p. 116);bœuf musqué mammouth, bœuf musqué, renne : climat froid. (Ch. Combaluzier, Introd. à la géol.,1961, p. 102).
HIST. ANC. Bœuf Apis. Taureau sacré de l'ancienne Égypte. Poèmes que chantaient les enfants de Memphis autour du bœuf Apis (Barrès, Mes cahiers,t. 14, 1922, p. 37).Pique-bœuf. Échassier blanc qui se nourrit des parasites du bœuf (cf. Gide, Voyage au Congo, 1927, p. 807).Cet animal est encore appelé garde-bœuf (cf. Michelet, L'Oiseau, 1856, p. 316).
B.− AGRIC. et ALIM. Bovidé mâle, castré, pour les travaux des champs ou pour la nourriture de l'homme.
P. allus. littér. (La Fontaine, Fables, I, 3). [En parlant d'une pers. qui se « gonfle d'orgueil »] Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf.
Au fig. J'ai une tête pareille à la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf (Renard, Journal,1902, p. 762).
Rare. Couleur sang de bœuf. Un tricot couleur sang de bœuf (E. et J. de Goncourt, Journal,1891, p. 7).
Nerf de bœuf. Ligament cervical du bœuf qui est desséché et qui sert à fabriquer des cravaches, des arcs, etc. (cf. Flaubert, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 17).
ARCHIT. Œil-de-bœuf. Petite fenêtre ronde ou ovale pratiquée dans certaines parties d'un bâtiment :
3. Le dimanche matin, Frédéric et Antoine se levaient de bonne heure et s'embusquaient, chacun derrière un œil-de-bœuf, pour voir la femme de l'agent en corset rose et les bras nus, ouvrir ses persiennes de l'autre côté de la rue. Aymé, La Jument verte,1933, p. 183.
Rem. Désigne également a) Une pendule murale, souvent décorée, de forme ovale; cf. le cadran d'un œil-de-bœuf couronnant le chambranle supérieur de la porte accrocha son regard au passage (Courteline, Le Train de 8 h. 47, 1888, 2epart., 7, p. 178). b) [Avec majuscule] L'antichambre du roi dans laquelle se réunissaient les courtisans (cf. Chamfort, Maximes et pensées, 1794, p. 78).
1. AGRIC. Le prix des bœufs; engraisser des bœufs; le toucheur de bœufs (Lamartine, Cours familier de litt., 40eentretien, 1859, p. 288):
4. La femme parle aux bœufs du geste et de la voix; Les animaux, courbés sur leur jarret qui plie, Pèsent de tout leur front sur le joug qui les lie, Comme un cœur généreux leurs flancs battent d'ardeur; Ils font bondir le sol jusqu'en sa profondeur. L'homme presse ses pas, la femme suit à peine; Tous au bout du sillon arrivent hors d'haleine, Ils s'arrêtent; le bœuf rumine, et les enfants Chassent avec la main les mouches de leurs flancs. Lamartine, Jocelyn,1836, p. 744.
5. D'une touche légère de son aiguillon posé sur le mufle de Rossigneau, il fit tourner sur place la première paire de bœufs. − A-t-on vu! grommelait-il. Pas un compliment pour des bêtes comme les miennes! Est-ce qu'ils en ont seulement, des bœufs, les Picards! Les six bœufs se mirent en marche, à une allure de procession, et il ajouta : − Ils sont jolis, leurs bœufs de Picardie! Ça serait bon, tout au plus, pour des crèches de Noël! R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 275.
6. Le joug est une autre ruse. Par la forme du bœuf, on peut dire que l'art de persuader approche ici de la perfection. Sur l'arme même, sur la corne, repose cette pièce de bois qui lie le bœuf à son frère bœuf; et il n'y a pas d'espérance que jamais le bœuf connaisse, explore, comprenne cette pièce de bois qui le tient, ... Alain, Propos,1927, p. 741.
Spéc. Char, charrette à bœufs. Char à quatre roues muni d'un avant-train, et qui sert généralement au transport des lourdes charges (cf. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 1, 1821-24, p. 65 et T. Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 251).
BOT. Arrête-bœuf. Mauvaise herbe (dont ne veulent pas même les bœufs) qui contrarie la poussée des légumineuses (cf. Quelques aspects de l'équipement agric. en France, 2, 1951, p. 17).
Techn., MAR. et PÊCHE. Bateau-bœuf, chalut-bœuf. ,,Le chalut-bœuf est un filet tiré par deux bateaux opérant comme une paire de bœufs traînant une charrue`` (A. Boyer, Les Pêches mar., 1967, p. 54).
2. P. ext., ALIM. Chair du bœuf, de la vache ou du taureau.
a) BOUCH. Morceau de bœuf (côte, jarret, entrecôte, collier, poitrine de bœuf). Filet de bœuf (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1892, p. 236); os de bœuf (cf. A. France, Les Dieux ont soif, 1912, p. 66); bifteck de bœuf (cf. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 26).
Spéc. Bœuf gras. Bœuf très gras que les bouchers promènent, selon une coutume médiévale, en grande pompe à travers les rues de la ville durant les jours de carnaval. L'expression « bœuf viellé » se disait également parce que ce bœuf était promené au son d'une vielle (cf. l'antique cortège du bœuf gras dans Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 64).
b) CUIS. Plat cuisiné. Pot-au-feu de bœuf, bœuf grillé, rôti de bœuf, langue de bœuf, potage à la queue de bœuf :
7. Quand on eut mangé le bœuf bouilli, on servit des quartiers de veau, des oies en daube, des fricassées de lapin et de poulet : de quoi nourrir un village pendant des semaines. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 189.
SYNT. Un superbe morceau de corn'd-beef, bœuf à mi-sel (cf. Brillat-Savarin, Physiol. du goût, 1825, p. 82); bœuf à la mode (cf. Renard, Journal, 1893, p. 150); bœuf à la gelée (Proust, Du côté de chez Swann, 1913, p. 445); bœuf en daube (cf. Sartre, La Nausée, 1938, p. 136).
Absol. Le bœuf. Morceau généralement bouilli. Trouver le bœuf excellent Celui-ci déclarait le bœuf excellent (Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 546);après la soupe vint le bœuf (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Une Soirée, 1887, p. 584).
C.− Au fig. et fam.
1. [En parlant d'une pers. de forte corpulence, ou douée d'une grande force de travail; ou au contraire lente d'esprit] :
8. Un gros paysan, plus lourd qu'un bœuf, fit plier les ressorts et s'engouffra à son tour dans l'intérieur du coffre jaune. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Bête à Maît' Belhomme, 1885, p. 195.
a) [Le mot bœuf étant pris comme terme de compar.] Suer comme un bœuf (Zola, Une Page d'amour, 1878, p. 955); frapper comme un bœuf (Huysmans, À rebours, 1884, p. 201); créature forte comme un bœuf (cf. P. Bourget, Le Disciple, 1889, p. 211); souffler comme un bœuf (cf. Montherlant, Le Démon du bien, 1937, p. 1368).
b) [Le mot bœuf est utilisé comme symbole]
[symbole de la force] C'est un bœuf! il nous tuera (Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 87).
[symbole du travail acharné] L'homme-bœuf (Barbusse, Le Feu,1916, p. 13).
[symbole de la lenteur d'esprit] Ce bœuf, ce roi des sots (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 63).
c) [Le mot bœuf désigne directement une pers.] Le bœuf. Celui sur lequel repose tout le travail; celui qui reçoit tous les dommages, ou encore celui qui est la victime de quelque mauvaise farce (cf. Champfleury, Les souffrances du professeur Delteil, 1853, p. 13 et A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 140).
[Dans la lang. des cordonniers et des tailleurs] Jeune apprenti en passe de devenir ouvrier et à qui l'on fait exécuter la besogne la plus ennuyeuse (cf. A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1867 et L. Larchey, Dict. hist. d'arg., Nouv. Suppl., 1889, p. 29).
2. Expr. proverbiales ou pop. Avoir un bœuf sur la langue. Ne pas parler, avoir été payé pour ne rien dire (cf. Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, Les Érinnyes, 1886, p. 175; Aymé, La Jument verte, 1933, p. 207).Mettre la charrue avant les bœufs. Commencer par où l'on aurait dû terminer (cf. Huysmans, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 37; Green, Journal, 1941, p. 82).Qui vole un œuf, vole un bœuf. Être peu à peu entraîné sur le chemin du vol. On commence par voler un œuf. Ensuite on vole un bœuf. Et puis on assassine sa mère (Renard, Poil de Carotte,1894, p. 261).Donner un œuf pour avoir un bœuf. Rendre un petit service de façon à en obtenir un plus grand.
3. Jurons pop. Corne de bœuf Corne de bœuf! (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 285).Nez de bœuf Nez de bœuf! (Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 69).
4. Pop., emploi en position d'appos. avec valeur d'adj.
a) Considérable, surprenant. Un succès bœuf, un culot bœuf :
9. ... je mettrais en relief le côté aristocratique de votre oncle qui en somme fait un effet bœuf et, la première rigolade passée, frappe par un très grand style. Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 777.
b) En partic. Qui produit un effet de beauté. C'est rien bœuf! (G. Fustier, Suppl. au dict. de la lang. verte d'A. Delvau,1883, p. 499).
Rem. On trouve dans la docum. la forme composée boolâtre, adj. [En parlant d'une peuplade ou d'une tribu] Qui pratique le culte des bovins. ,,Certains [les Foulbés] sont même « boolâtres » est-ce un souvenir de l'ancienne Égypte?`` (Morand, Paris-Tombouctou, 1929, p. 60).
Prononc. : [bœf], plur. [bø]. Le bœuf gras se dit [bøgʀ ɑ] (cf. Barbeau-Rodhe 1930; v. également Fouché Prononc. 1959, p. 478; Grammont Prononc. 1958 admet l'hésitation; Mart. Comment prononce 1913, p. 91, rapporte le fait à ,,la règle d'autrefois``, dont il donne des ex. : un œu(f) dur, un œu(f) rouge, ... [la parenthèse indique que le f n'est pas prononcé]). Enq. : /bøf, bø/.
Étymol. ET HIST. I.− Subst. 1. a) début xiies. buef « taureau châtré » (Lois de Guill., 6 dans Gdf. Compl.); mil. xves. beuf (Villon, 90, 22 dans IGLF Litt.); 1534 bœuf (Rabelais, Gargantua 6, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 26); b) fin xiies. « viande de bœuf » (Renart, éd. Méon, 10209 dans T.-L.); spéc. 1651 art culin. bœuf à la mode (Cuisinier fr., p. 50 d'apr. Rouvier dans Fr. mod., t. 23, p. 307); c) loc. proverbiale 1579 mettre la charrue devant les bœufs (H. Estienne, La Précellence du lang. fr., 136 dans IGLF Litt.); 2. fig. et fam. a) 1547 « personne acharnée au travail » spéc. dans l'expr. travailler comme un bœuf (Noël du Fail, Propos rustiques, p. 68, ibid.); b) 1661 « personne stupide et hébétée » (Molière, Éc. des maris, éd. du Seuil, II, 2, 1962, p. 148). II.− Adj. 1861 fig. arg., Éc. de Saint-Cyr (Larch. : C'est bœuf [...] est un des nombreux synonymes de C'est chic). Du lat. bos, bovis « bœuf mâle (opposé à vache) » dep. Plaute (ds TLL s.v., 2136, 21); appliqué à l'homme p. iron. (Plaute, ibid., 2141, 22).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 438. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 705, b) 5 334; xxes. : a) 4 240, b) 2 650.
BBG. − Bernelle (A.). Suivons le bœuf ... à Mycènes. Vie Lang. 1965, pp. 309-310. − Brüch 1913, p. 161. − Duch. Beauté 1960, pp. 7-8; p. 142. − Gall. 1955, p. 441, 469. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 36. − Grimaud (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111. − Kemna 1901, p. 85. − Pohl (J.). Contribution à l'ét. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 298. − Rog. 1965, p. 38, 128, 182. − Sain. Lang. par. 1920, p. 124, 190, 195, 407. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 172-173; t. 2 1972 [1925], passim.Schroeder (W.). Die Bedingte Diphthongierung betonter Vokale im Südfranzösischen Alpengebiet. Volkstum und Kultur. 1932, t. 5, p. 186. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, p. 410.

Bœuf, subst. masc.,synon. mod. arg., jazz fr.Les débuts sont toujours un peu difficiles quand on arrive de province : on va dans des boîtes, on « fait des bœufs » (Jazz Magazine,déc. 1977, no260, p. 39).

Wiktionnaire

Adjectif - français

bœuf \bœf\ invariable masculin

  1. (Familier) Important, impressionnant, énorme.
    • Un succès bœuf.
    • Un effet bœuf.
    • Figure-toi que j’ai une veine bœuf… une vraie chance de […] Jurassieux. — (Eugène Chavette, La Chambre du crime, 1875)

Nom commun - français

bœuf \bœf\ masculin (pour la femelle, on dit : vache)

  1. (Élevage) Taureau castré.
    • Pourquoi ce bœuf impassible, et qui ne rumine même pas, semble-t-il attendre, pour ne pas brouiller l’herbe française avec l’herbe allemande ? — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Le même après-midi, à l’heure où l’on dételait les bœufs de la charrue, douze femmes sortirent de la maison du fiancé. — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Il avait bu son thé à trois cent mille yuans la livre, […]. Pourtant il l’avait entendu affirmer que chaque tasse valait dans les deux mille huit cents yuans. Soit deux bœufs ou un motoculteur pour les gens des Balou. — (Yan Lianke, Les Chroniques de Zhalie, traduit du chinois par Sylvie Gentil, Arles : Éditions Philippe Picquier, 2015)
    • J’ai deux grands bœufs dans mon étable,
      Deux grands bœufs blancs marqués de roux,
      La charrue est en bois d’érable,
      L’aiguillon en branche de houx.
      — (Pierre Dupont, Les Bœufs, Librairie Nizet, 1991)
  2. (Élevage) (Par métonymie) Animal de la race bovine.
  3. (Par métonymie) Viande de bœuf, de vache ou génisse destinée à l’alimentation humaine.
    • Mon petit, j’ai deux rougets… Et puis, tu sais, du bœuf en daube… Tu m’en diras des nouvelles, té. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930)
  4. (Littéraire) Taureau.
    • Ils aperçurent une troupe de bœufs sauvages.
    • Le bœuf Apis.
  5. (Musique) Séance musicale improvisée à laquelle peuvent se joindre différents musiciens, descarga, jam. Note : Ce sens est issu des pratiques qui avaient cours au « Bœuf sur le toit », cabaret de Paris dans les années 1920, où les musiciens se réunissaient à la bonne franquette pour improviser ensemble.
  6. (Argot) (Vieilli) Roi d’un jeu de cartes[1].
  7. Être le bœuf : (Argot) (Vieilli) Payer pour les autres, avoir tous les désagréments d’une affaire[1].
  8. (Argot) (Vieilli) Second ouvrier cordonnier, ouvrier tailleur qui fait les grosses pièces[1].
  9. (Argot) (Vieilli) Petit bœuf : Ouvrier qui commence une pièce, qui l’ébauche[1].
  10. (Argot) (Vieilli) Dans le jargon des typographes, mauvaise humeur, emportement, colère. Synonyme de chèvre[1].
  11. Prendre un bœuf, gober son bœuf, avoir son bœuf : Se mettre en colère, être en colère[1].
    • – […] Finissez de me regarder de travers, ou je me mets en bœuf… Allons, maniez-vous de me montrer le chemin. — (Marcel Aymé, Maison basse, Gallimard, Paris, 1935)
  12. Faire un bœuf : Toujours dans le jargon des typographes, remplacer momentanément à la besogne un compagnon[1].
  13. (Québec) (Populaire) Agent de police. Note d’usage : Surtout au pluriel ; le singulier se prononce \bø\ aussi.
    • Sacrement, v’là les bœufs !
  14. (Figuré) (Familier) Homme très corpulent.
    • C’est un bœuf.
    • Quel gros bœuf !
  15. (Familier) Homme stupide, sans finesse.
    • Tu n’es qu’un gros bœuf.
  16. (Familier) (\bø\) Véhicule lent, sans reprises.
    • Oh, la, la ! Cette camionnette, c’un vrai bœuf !
  17. (Cartes à jouer) (Canada) Jeu de cartes.
    • Quand les sujets ordinaires de conversation furent épuisés l’on joua aux cartes : au « quatre-sept » et au « bœuf ». — (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916)
  18. (Héraldique) Meuble représentant l’animal du même nom dans les armoiries. Il est généralement présenté passant avec la queue pendante ou entre les pattes contrairement au taureau qui a la queue au-dessus du dos. À rapprocher de bison, buffle, taureau et vache.
    • D’azur au bœuf d’or ; au chef d’argent chargé de trois cors de chasse de ­gueules, liés d’azur, qui est d’Ivry-en-Montagne → voir illustration « armoiries avec un bœuf »
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Littré (1872-1877)

BŒUF (beuf ; l'f se prononce, excepté dans bœuf gras et bœuf salé, dites : beu gras, beu salé ; cependant quelques-uns prononcent bœuf salé ; au pluriel l'f ne se prononce jamais : les bœufs, dites : les beû ; l's se lie : des bœufs et des vaches, dites : des beû-z et des vaches ; au XVIIe siècle, d'après Chifflet, l'f ne sonnait jamais, même au singulier, devant les consonnes, et devant les voyelles il était indifférent de la prononcer ou non) s. m.
  • 1Taureau châtré, servant surtout au labour des champs et à la nourriture de l'homme. bœuf de labour. bœuf de boucherie. Quatre bœufs attelés, d'un pas tranquille et lent, Promenaient dans Paris le monarque indolent, Boileau, Lutr. II.

    bœuf gras, bœuf que les bouchers promènent au carnaval.

    bœuf violé, viélé ou villé, se disait autrefois du bœuf gras, parce qu'on le promenait au son d'une viole ou vielle.

    Fig. et familièrement. C'est un bœuf, se dit d'un homme d'épaisse stature, ou d'un lourdaud. Je tombe d'accord que c'est un bœuf, Hamilton, Gramm. 7. C'était [Courson] dehors et dedans un gros bœuf fort brutal, fort insolent, Saint-Simon, 470, 209. C'était [M. de Chaulnes] sous l'épaisseur, la pesanteur, la physionomie d'un bœuf, l'esprit le plus délié, le plus délicat, le plus souple, Saint-Simon, 21, 241. Son Moustapha n'était qu'un gros bœuf appelé sultan, Voltaire, Lett. à Cath. 71.

    C'est un bœuf pour le travail, se dit d'un homme qu'un travail long et pénible ne fatigue ni ne rebute.

  • 2La chair de bœuf. Une langue, un filet de bœuf.

    Un bœuf, dans le langage des restaurateurs, est un morceau de bœuf. Servez-moi un bœuf au choux.

    Un bœuf à la mode, un morceau de bœuf cuit dans un bain d'eau, de bouillon, d'eau-de-vie, avec des carottes et un bouquet d'herbes odoriférantes.

    Fig. et familièrement. C'est la pièce de bœuf, se dit de ce qui est le fond ou la matière principale et solide, comme le bœuf dans les repas ordinaires.

  • 3Œil-de-bœuf, petite fenêtre ronde ou ovale, pratiquée ordinairement à la couverture d'un bâtiment.

    Au plur. Des œils-de-bœuf.

  • 4Pied de bœuf, sorte de jeu d'enfants.
  • 5En histoire naturelle, bœuf désigne un genre d'animaux ruminants.
  • 6bœuf musqué, animal que les zoologistes ont retiré du genre bœuf, qui ressemble plus au mouton qu'au bœuf et qui vit en Amérique.

    bœuf de mer, nom vulgaire de l'hippopotame, du lamantin et de plusieurs phoques.

    bœuf des marais, nom vulgaire du butor.

PROVERBE

Mettre la charrue devant les bœufs, commencer par où l'on devrait finir, mettre devant ce qui devrait être derrière.

Je ne lui ai dit œuf ni bœuf, c'est-à-dire je ne lui ai pas dit de grosses paroles.

Donner un œuf pour avoir un bœuf, faire un petit cadeau, une petite avance pour en retirer un gros profit.

Dieu donne le bœuf, et non pas la corde, signifie que Dieu donne des grâces, mais qu'il faut que nous nous aidions.

HISTORIQUE

XIe s. Cil ki aveir [bétail] escut [retire] u chivals u buefs, Lois de Guill. 6.

XIIe s. Oil de boef l'ai oï nomer, Rou, 10837. Ne la meüssent li buef d'une charrue, Ronc. p. 105. Sur un char fist um metre l'arche Deu e covrir ; Li buef en chancelerent, l'arche voleit chaïr, Th. le mart. 75.

XIIIe s. Et fist corre ses homes par le païs entor, si gaaingnierent assés bues et vaches et bugles, et mout grant plenté d'autres bestes, Villehardouin, CLXIV. Là prenés garde à vous parer ; S'en saurés plus que buef d'arer, la Rose, 13294. Et por ce dist ci Rustebues : Qui à bues bée [qui s'efforce d'avoir des bœufs], si a bues, Rutebeuf, II, 188. Bien pert s'alleluie [il perd son alleluia] qui à dos de buef la chante, Proverbe dans LEROUX DE LINCY. Ce seroit certes grans eschars [faute] ; Devant le buef iroit li chars, ib.

XIVe s. Donques disons nous bien que ne beuf ne cheval ne autre beste n'est beneuré, Oresme, Eth. 21. Et aussi le lyon ne se esjoït pas en oïr la voiz du beuf, mais pour le beuf mangier, Oresme, ib. 93.

XVe s. Moult avoit face bouffie, yeulx comme bœuf boutans dehors, col court, parolle legiere, Chastelain, Chron. des D. de Bourg. II, ch. VII. On a beau mener le bœuf à l'eau s'il n'a soif, Proverbe dans LEROUX DE LINCY.

XVIe s. On lie les bœufs par les cornes et les hommes par les paroles, Loysel, 357. Les grands bœufs ne font pas les grandes arées [labourages], Proverbe dans LEROUX DE LINCY. La belle qui estoit de l'age d'un vieil beuf [1 C ou 17 ans], c'est à dire desirable et fraische, Moyen de parvenir dans LEROUX DE LINCY.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BŒUF. Ajoutez :
7Chez les tailleurs, l'ouvrier tailleur en général.

Petit bœuf, l'ouvrier qui n'est pas encore capable d'achever une pièce seul.

8 Populairement. Être le bœuf d'une affaire, supporter les mauvaises conséquences de quelque chose.
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Étymologie de « bœuf »

(Date à préciser) De l’ancien français buef, du latin bŏvem, accusatif de bos (« bœuf »).
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Berry, boeu ; picard, bu, boeu ; mâconnais, beu ; wallon, boûf ; provenç. bov, buou ; catal. bov ; anc. espagn. boy ; espagn. mod. buey ; portug. boi ; ital. bove ; du latin bos, bovis; bas-breton, , vache.

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Phonétique du mot « bœuf »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
bœuf

Évolution historique de l’usage du mot « bœuf »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « bœuf »

  • Des Hommes et des bœufs au Plessier Huleu, un élevage de bœufs Angus et Wagyu dans l'Aisne
    France Bleu — Les rillettes de bœuf Angus
  • Commander de la viande de vache ou de bœuf directement chez l’éleveur, c’est possible grâce à Côme Deffontaines, installé à Couesmes. Et avec les confinements de 2020, cette initiative rencontre un franc succès !
    France Bleu — De la bonne viande bœuf à emporter en Touraine
  • Assaisonnez les filets de bœuf avec le poivre mignonnette. Faites chauffer un trait d'huile dans une poêle avec un peu de beurre. Déposez les filets de bœuf et faites-les caraméliser en arrosant de beurre régulièrement. Quand ils sont presque cuits, réservez-les sur une assiette. Gardez la poêle au chaud sur feu doux.
    Femme Actuelle — "Tous en cuisine" : la recette du filet de boeuf au poivre et salade d'épinards de Cyril Lignac : Femme Actuelle Le MAG
  • J'ai deux grands bœufs dans mon étable, Deux grands bœufs blancs, marqués de roux ; […] J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux La voir mourir que voir mourir mes bœufs.
    Pierre Dupont — Chansons
  • Enfants, voici des bœufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers.
    Victor Hugo — Odes et Ballades, la Légende de la nonne
  • Ils décident alors d’inséminer certaines de leurs Holsteins avec de la semence de bœuf Angus, l’étalon d’or de la production bovine au pays.
    Radio-Canada.ca — Snow Beef : un bœuf d’exception produit dans une ferme laitière | Radio-Canada.ca
  • Laissez faire aux bœufs de devant.
    Noël Du Fail seigneur de La Hérissaye — Propos rustiques
  • Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne ensemble.
    Ancien Testament, Deutéronome XXII, 10
  • Va-t’en, chétif insecte, excrément de la terre !C’est en ces mots que le lionParlait un jour au moucheron.L’autre lui déclara la guerre :Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de roiMe fasse peur ni me soucie ?Un bœuf est plus puissant que toi ;Je le mène à ma fantaisie.À peine il achevait ces motsQue lui-même il sonna la charge,Fut le trompette et le héros.Dans l’abord il se met au large ;Puis prend son temps, fond sur le couDu lion, qu’il rend presque fou.Le quadrupède écume, et son œil étincelle ;Il rugit. On se cache, on tremble à l’environ ;Et cette alarme universelleEst l’ouvrage d’un moucheron.Un avorton de mouche en cent lieux le harcelle ;Tantôt pique l’échine, et tantôt le museau,Tantôt entre au fond du naseau.La rage alors se trouve à son faîte montée.L’invisible ennemi triomphe, et rit de voirQu’il n’est griffe ni dent en la bête irritéeQui de la mettre en sang ne fasse son devoir.Le malheureux lion se déchire lui-même,Fait résonner sa queue à l’entour de ses flancs,Bat l’air, qui n’en peut mais ; et sa fureur extrêmeLe fatigue, l’abat : le voilà sur les dents.L’insecte, du combat, se retire avec gloire :Comme il sonna la charge, il sonne la victoire,Va partout l’annoncer, et rencontre en cheminL’embuscade d’une araignée ;Il y rencontre aussi sa fin.Quelle chose par là nous peut être enseignée ?J’en vois deux, dont l’une est qu’entre nos ennemisLes plus à craindre sont souvent les plus petits ;L’autre qu’aux grands périls tel a pu se soustraire,Qui périt pour la moindre affaire.
    Jean de La Fontaine — Fables
  • Qu’ils viennent à mon secours, eux seuls peuvent me délivrer, ils le savent bien. Un signe venu d’eux, un seul petit signe de soutien, d’acquiescement suffirait pour faire pencher en ma faveur. Je tourne vers eux des regards implorants. Dans leurs yeux attentifs, dans leur silence des images, des mots défilent. Roquet aboyant aux chausses, les chiens aboient la caravane passe, le pou dans la crinière du lion, la grenouille et le bœuf.
    Nathalie Sarraute — « Disent les imbéciles » 

Traductions du mot « bœuf »

Langue Traduction
Anglais beef
Espagnol carne de vaca
Italien manzo
Allemand rindfleisch
Chinois 牛肉
Arabe لحم بقر
Portugais carne
Russe говядина
Japonais 牛肉
Basque okela
Corse vacca
Source : Google Translate API

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Nombre de points du mot bœuf au scrabble : 8 points

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