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Le bon usage de « dédié à » et « dédié » en français

Apparu depuis le début des années 2000, l’usage abusif du participe passé « dédié à » et de « dédié » en tant qu'adjectif s’est progressivement répandu avec une très forte accélération ces dernières années. On le retrouve fréquemment à la radio, dans la presse écrite, ou sur les sites internet des administrations, des entreprises, des associations, etc…

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Augmentation de l'usage de « dédié » et « dédié à » dans la presse et les livres publiés depuis 1900. Source : Gallicagram

Dans cet article, on revient sur le bon usage du verbe dédier en français. Bonne lecture !

Quand utiliser « dédié » et « dédié à » en français ?

Définition de « dédié » : comme le rappelle l'Académie française, le sens de « dédié » datant du XIIe siècle est avant tout celui de « consacrer au culte divin » (Un temple dédié à Apollon). Par extension, aujourd'hui, « dédier » désigne l'action de remercier ou de rendre hommage à quelqu’un au travers d’une œuvre généralement littéraire, cinématographique ou architecturale.

Exemples :

  • Le Pape a dédié cette église à Saint-Mathieu.
  • Ce livre est dédié à mon ami.
  • Il a dédié ses efforts au bonheur de sa famille.

Ainsi, si l’expression « dédié à » n’est pas en elle-même incorrecte, il faut faire attention de ne pas la confondre avec « destiné à » ou « dédicacer » (adresser, offrir avec une dédicace).

Cependant, l'Académie ajoute un dernier sens figuré à « dédier », qui serait synonyme de « consacrer » (Il a dédié sa vie à la peinture). C'est là que ça se complique… Il faut garder à l'esprit que « dédier » a un sens beaucoup plus restreint que celui de « consacrer ».

Le premier sens de consacrer est en effet identique à celui de « dédier » : dédier, vouer à Dieu ou à une divinité. Mais consacrer signifie aussi « destiner à » : vouer, destiner ; employer totalement. Attention donc de ne pas utiliser « dédier » dans le sens de vouer ou destiner en pensant qu'il est totalement synonyme de consacrer !

Le blog de grammaire Forator, dans un billet consacré à ce sujet, donne plusieurs exemples de mauvais usage :

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Le clan Aramov disposait d’une flotte de soixante avions-cargos dédiée au transport des narcotiques, des armes, des produits de contrefaçon, des mercenaires et des immigrants illégaux.

Antoine Pinchot traduisant Robert Muchamore, Cherub, Mission 14 : L’ange gardien ; éditions Casterman, 2013 ; édition originale grand format, p. 11.

[Ethan et Natalka] se dirigèrent vers les boutiques dédiées aux plus jeunes habitants de Bichkek.

Ibid, p.97

Enfin, le 3e plan autisme, présenté par Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion, prévoit la création de 30 unités d’enseignement dédiées à l’autisme à la rentrée 2014.

Communiqué de presse du ministère de l’Éducation nationale, avril 2013

L'adjectif dédié existe-t-il ?

On constate de plus en plus l'usage de « dédié » en qualité d'adjectif, influencé par l'adjectif anglais dedicated. Or, l'adjectif « dédié » n'existe pas en français !

Les nombreux exemples trouvés ça et là de l'emploi de « dédié » sans complément sont erronés : site internet dédié, application dédiée, espace dédié, impôts et de taxe dédiés, produit dédié, du matériel dédié etc. Il faudrait plutôt dire créé/conçu dans ce but.

Voici quelques exemples de mauvais usage donnés par le blog Forator :

Si l’enfant est en colère, on peut lui proposer de frapper sur un coussin dédiéle coussin de colère. Mais cette technique peut avoir des résultats mitigés si elle n’est pas utilisée correctement.

Isabelle Filliozat, “il me CHERCHE !” : Comprendre ce qui se passe dans son cerveau entre 6 et 11 ans ; éditions Jean-Claude Lattès, 2014, p. 70

"Le [sic] sept épreuves de Noël" est un conte participatif en ligne conçu par Disney, auquel chacun pourra proposer un nouveau chapitre via l’application dédiée sur Facebook. Le début est [sic] la fin du conte sont écrits par l’auteure jeunesse Geneviève Brisac.

Livres Hebdo, Disney et Geneviève Brisac proposent un conte participatif

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Sujets :  bon usage

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Commentaires

Titus

Bonjour. Tout à fait d'accord avec Langley, les barbarismes sont nombreux par la simplification qu'ils proposent et par leur ignorance de la subtilité de notre langue.
Heureusement que nous avons vos éclaircissements.
Il y a une faute de frappe au début de l'article lorsque vous évoquez le bon(NNE) usage.
Bonne journée
Titus

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La langue française Premium

Bonjour Titus,
Merci pour votre commentaire. J'ai corrigé la coquille.

À bientôt,
Nicolas

Répondre
Malika

Article très intéressant.Merci pour cette clarification.

Répondre
La langue française Premium

Merci Malika pour votre commentaire. Nous sommes toujours heureux de pouvoir clarifier une difficulté de la langue française.

À bientôt,
Nicolas

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Langley

Excellent article. Mais l'adjectif aura sans doute la vie dure en l'absence d'équivalent aussi pratique.

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