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Scolastique

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin scolastique scolastiques

Définitions de « scolastique »

Trésor de la Langue Française informatisé

SCOLASTIQUE, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. − Vx ou littér. Pratiqué, usité dans les écoles; scolaire. Je blâmerai et j'approuverai tour-à-tour ces exercices publics, ces distributions de prix solennelles, qui terminent avec tant d'éclat l'année scolastique (Jouy,Hermite, t. 1, 1811, p. 79).Les problèmes à tiroir, les exercices scolastiques sur les mélanges, les robinets ou les coursiers n'ont guère plus de valeur éducative que la lecture d'un livre de recettes (Gds cour. pensée math., 1948, p. 339).
B. −
1. Relatif, propre à l'enseignement des écoles de théologie et des universités du Moyen Âge, basé sur une méthode essentiellement déductive (infra II A). Philosophie, théologie, logique scolastique; méthode, argumentation, vocabulaire scolastique; bibliothèque, ouvrage scolastique. Chez le général Héricourt, il négligea de s'assimiler la réfutation des erreurs propagées au temps de Marcile Ficin dans les universités scolastiques (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 489).Cette rage de la dispute, ce bruit des querelles scolastiques, qui devait ensuite égarer tant d'esprits et compromettre jusqu'en son fondement l'enseignement de l'université, est déjà jugé avec sévérité, au XIIIesiècle, par de bons et sages témoins (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p. 99).
2. Péj. Qui concerne, qui rappelle la scolastique du Moyen Âge dans ce qu'elle a de plus dogmatique, dans l'abus de la dialectique et de l'abstraction. Ainsi, quand les radicaux, pour arrêter ou pour ralentir le mouvement d'émancipation du prolétariat, parleront du maintien nécessaire de ce qu'ils appellent, en jargon scolastique, la propriété individuelle, ils seront pris entre la colère de la démocratie ouvrière (...) et le dédain de la science (Jaurès,Ét. soc., 1901, p. 161).Cette vie factice, figée, ralentie, scolastique qui, pour la plupart des gens n'est qu'un pis-aller, c'est elle précisément qu'un schizophrène désire (Sartre,Imaginaire, 1940, p. 189).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Les philosophes français de profession me sont antipathiques à cause de cela. Je les sens toujours dans l'abstrait, dans le faux, dans le scolastique, quand ce n'est dans le déclamatoire (Amiel,Journal, 1866, p. 230).
3. Dans le domaine artist.Académique, qui s'appuie sur des règles figées. Leur charmante maigreur [des nus peints par Degas], leur élasticité animale peut plaire, mais elle est très éloignée de la beauté proportionnelle comme l'a conçue la peinture scolastique (Mauclair,Maîtres impressionn., 1923, p. 118).Quintes et octaves consécutives. On appelle ainsi la succession (...) d'octaves justes dans deux accords voisins. Dans la musique scolastique ces successions sont défendues (Rougnon1935, p. 146).
II. − Substantif
A. −
1. Subst. fém. Théologie, philosophie, logique enseignées au Moyen Âge dans les universités et les écoles, qui avaient pour caractère essentiel de tenter d'accorder la raison et la révélation en s'appuyant sur les méthodes d'argumentation aristotélicienne. Synon. vieilli l'École.À peine les sociétés chrétiennes commencent-elles à s'organiser au Moyen Âge qu'apparaît la scolastique, premier effort méthodique de la libre réflexion, première source de dissidences (Durkheim,Divis. trav., 1893, p. 137):
De la dialectique des Grecs, unie aux idées chrétiennes, naquit la scolastique du Moyen Âge, qui, pour traduire les idées justes et précises du christianisme dans les langues fausses ou transpositives des païens, donna au langage des Romains une construction naturelle ou analogue contraire à son génie. Bonald,Législ. primit., t. 1, 1802, p. 18.
P. méton. Cette discipline enseignée dans une université. La Faculté de Théologie avait trois sections: la Scolastique, la Canonique et la Mystique (Balzac,Proscrits, 1831, p. 19).Avant que les légistes entrassent aux affaires, la théologie, la scolastique y donnaient accès (Michelet,Introd. Hist. univ., 1831, p. 449).
2. Péj. Philosophie, comportement philosophique, idéologique, abstrait ou dogmatique. Le système mythologique du Roman de la Rose, de plus en plus raffiné par une scolastique barbare et subtile, s'associait à la théologie, et de cet accouplement bizarre naissaient mille monstres indéfinissables (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p. 201).Un exemple typique de la substitution des dogmes aux faits, substitution caractéristique de la scolastique stalinienne (R. Aron,L'Opium des intellectuels, 1955, p. 281).
B. − Subst. masc.
1. Philosophe ou théologien adepte de la scolastique au Moyen Âge. L'existence de formes-schémas, de supports généraux implique immédiatement l'existence de classes. Les anciens et les scolastiques en ont été si frappés que la « classe » l'a emporté dans leur esprit, sur la forme (Ruyer,Esq. philos. struct., 1930, p. 34).Pour les scolastiques de l'ancienne école, l'instinct est une sorte de sous-intelligence homogène et fixée, marquant un des stades ontologiques et logiques par où, dans l'univers, l'être « se dégrade », s'irise, depuis l'esprit pur jusqu'à la pure matérialité (Teilhard de Ch.,Phénom. hum., 1955, p. 183).
Empl. adj. On faisait remarquer que certains théologiens scolastiques avaient admis que le mariage était, dès la chute d'Adam, véritable sacrement conférant la grâce (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 602).
2. Péj. Homme à l'esprit scolastique, dogmatique. Quand donc cesserons-nous d'être de lourds scolastiques et d'exiger sur Dieu, sur l'âme, sur la morale, des petits bouts de phrases à la façon de la géométrie (Renan,Avenir sc., 1890, p. 55).
Empl. adj. D'ailleurs il n'y a rien de plus étrange que cette exclamation sur l'idéal adressée à Martin Luther; car on se le représente comme un gros moine savant et scolastique (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p. 140).Si Descartes est arrivé jusqu'à concevoir le monde comme un composé de mouvement et d'étendue, c'est par horreur pour l'obscurité des petits êtres scolastiques (Taine,Nouv. Essais crit. et hist., 1865, p. 112).
3. Séminariste étudiant dans un scolasticat (v. infra dér.). En mai 1903, nous avons été expulsés de Varennes-sur-Allier, qui est notre maison provinciale du Centre. Un grand nombre de novices et de scolastiques durent rentrer dans leurs familles (Barrès,Pays Lev., t. 1, 1923, p. 45).
REM. 1.
Scolasticisme, subst. masc.,péj. Caractère de ce qui tend à une attitude d'esprit formelle, abstraite, dogmatique. Si [l'action des autres sciences] cessait de s'exercer, il serait à craindre que les mathématiques évoluent vers un scolasticisme stérile (Gds cour. pensée math., 1948, p. 518).
2.
Scolasticité, subst. fém.,hapax, péj. Ce qui apparaît comme scolaire, formel. La science allemande (...) peut se permettre des airs d'école et s'entourer d'un parfum de scolasticité, qui chez nous passeraient pour scandaleux (Renan,Avenir sc., 1890, p. 115).
3.
-scolastique, élém. de compos. entrant dans la constr. d'adj. où il représente l'adj. scolastique (supra I B 2).a)
Juridico-scolastique. -Qui influence une idée, une pensée d'une manière juridique, légaliste et scolastique, dogmatique. Tout l'arsenal d'une dialectique juridico-scolastique périmée à l'heure même où elle se croit en pleine prospérité (L. Febvre,Ét. sur l'esprit pol. de la Réforme, [1927] ds Combats, 1953, p. 79).
b)
Néo-scolastique. -Qui concerne une nouvelle pensée scolastique. Des écrivains comme Paul Claudel, des peintres comme Maurice Denis, des musiciens comme Vincent D'Indy, des esthéticiens de l'école de philosophie néo-scolastique ou néo-thomiste comme Maritain ne sont pas loin de penser ainsi (Arts et litt., 1935, p. 64-10).
4.
Scolastiquement, adv.[Corresp. à scolastique I B 2] D'une manière scolastique, formelle. Notre éducation n'est point absurde en ceci. Elle l'est en ce qu'elle ne pénètre point cette éducation romaine du sentiment de la France; elle appuie pesamment, scolastiquement sur Rome qui est le chemin, elle cache la France qui est le but (Michelet,Peuple, 1846, p. 331).Mais tu verras des généraux imiter scolastiquement telle manœuvre de Napoléon et arriver au résultat diamétralement opposé (Proust,Guermantes 1, 1920, p. 113).
Prononc. et Orth.: [skɔlastik]. Ac. 1694-1740: scholastique; 1762-1798: scolastique; 1835-1878: scolastique, scholastique; 1935: scolastique. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xiiies. histoire scolastique (= l'Historia scolastica de Pierre Comestor, manuel d'histoire biblique) (Vie des saints, ms. B.N. 20030 [20330], f o285c ds Gdf. Compl.); 2. 1404 scolastique adj. « propre aux écoles; scolaire, universitaire » (N. De Baye, Journal, éd. A. Tuetey, t. 1, p. 112: sermons et faiz scolastiques). B. 1. Adj. a) 1541 « relatif à l'enseignement philosophique et théologique pratiqué au Moyen Âge » (Calvin, Instit. de la relig. chrét., éd. J.-D. Benoît, t. 2, p. 28: les docteurs Scolastiques); 1580 (Montaigne, Essais, II, 12, éd. Villey-Saulnier, p. 539: le Dieu de la science scholastique, c'est Aristote); 1585 theologien scholastique (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 323); 1601 theologie scholastique (P. Charron, De la sagesse, éd. 1797, l. 1, p. 99); 1690 philosophie scholastique (Fur.); b) 1580 péj. (Montaigne, op. cit., II, 10, p. 419: caquet scholastique); 2. subst. masc. a) 1541 les Scolastiques « philosophes et théologiens scolastiques du Moyen Âge » (Calvin, op. cit., p. 29); b) 1846 péj. « homme à l'esprit scolastique » (Michelet, Peuple, p. 209); c) 1873 « membre d'une des cinq classes de la société de Jésus » (Lar. 19e, t. 9, p. 958c, s.v. Jésuite); 3. subst. fém. a) 1671 scholastique « enseignement philosophique et théologique propre au Moyen Âge » (P. Nicole, Essais de morale, éd. 1701, t. 3, p. 434); b) 1875 p. ext. (Lar. 19e, citant Renan, s. réf.: la scolastique juive). Empr. au lat. class. et b. lat.scholasticus adj. « d'école », subst. « rhéteur; lettré, savant; avocat; étudiant, écolier », lat. médiév. « chef d'une école ecclésiastique », empr. au gr. σ χ ο λ α σ τ ι κ ο ́ ς adj. « qui a du loisir; qui consacre son loisir à l'étude; qui concerne les gens d'étude; qui concerne l'étude ou l'école, propre à l'école », subst. « homme d'étude; péj.: pédant; avocat », dér. de σ χ ο λ α ́ ζ ω « avoir du loisir; consacrer son loisir à; se consacrer à l'étude; donner un enseignement », lui-même dér. de σ χ ο λ η ́ (école*). Fréq. abs. littér.: 415. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 617, b) 468; xxes.: a) 883, b) 455.
DÉR.
Scolasticat, subst. masc.Institut religieux où les futurs prêtres font leurs études; p. méton., études que l'on y fait, durée de ces études. (Dict. xxes.). [skɔlastika]. Encyclop. éduc., 1960, p. 86: scolastiquat. 1resattest. a) 1894 « état de scolastique » (Sachs-Villatte, Fr.-deutsches Supplement-Lexikon ds Quem. DDL t. 5), b) 1904 « maison où les jeunes religieux vont achever leurs études; ces études elles-mêmes; la durée de ces études » (Nouv. Lar. ill.); de scolastique, suff. -at*; cf. angl. scholasticate « maison d'études pour les membres de la troisième classe, dans la Compagnie de Jésus » (1875 ds NED).

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

scolastique \skɔ.las.tik\ masculin et féminin identiques

  1. Celui, celle qui enseigne la théologie ou la philosophie suivant la méthode scolastique (adjectif sens 2).
    • Les professeurs portaient le nom de scolastiques ou d’écolâtres, dénomination qui devait servir à caractériser les méthodes et les doctrines qu’ils professaient. — (Louis Rougier, Histoire d’une faillite philosophique : la Scolastique, 1966)

Nom commun 1 - français

scolastique \skɔ.las.tik\ féminin

  1. (Philosophie) Théologie ou philosophie scolastique (adjectif sens 2).
    • Il ne serait pas plus raisonnable de l’en rendre responsable, que d’imputer aux catégories d’Aristote tous les vices de la scolastique. — (Jean-Jacques Ampère, La Chine et les travaux d’Abel Rémusat, Revue des Deux Mondes, 1832, tome 8)
    • L’enseignement philosophique du séminaire était la scolastique en latin, non la scolastique du XIIIe siècle, barbare et enfantine, mais ce qu’on peut appeler la scolastique cartésienne, c’est-à-dire ce cartésianisme mitigé qui fut adopté en général pour l’enseignement ecclésiastique, au XVIIIe siècle, et fixé dans les trois volumes connus sous le nom de Philosophie de Lyon. — (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, réédition Folio, page 141)
  2. (Par analogie) (Péjoratif) Doctrine oiseuse.
    • Nos pères ont excellé dans cette scolastique, qui comprend la partie lumineuse des discussions politiques. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. IV, La grève prolétarienne, 1908, page 199)
    • Le triumvirat déclenche contre lui de nouvelles polémiques, bientôt frénétiques, dans lesquelles l’argumentation fait place à une scolastique forgée pour les besoins de la cause et oppose sans fin le léninisme au trotskisme, comme la vérité révélée à l’hérésie, le mal au bien, le salut à la perdition. — (Victor Serge, Portrait de Staline, 1940)
    • Mais cette scolastique de l’espionnage, et la méthode si raisonnable des recoupements, enivrent ceux qui y participent, et encore plus ceux qui les ont inventées. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 207)

Adjectif - français

scolastique \skɔ.las.tik\ masculin et féminin identiques

  1. (Rare) Qui appartient à l’école.
  2. (En particulier) Ce qui s’enseignait suivant la méthode des écoles de théologie et de philosophie au Moyen Âge.
  3. (Figuré) (Péjoratif) Académique ; formel.
    • Grâce à l’argumentation toute scolastique de son interlocuteur, le comte venait de s’enferrer lui-même. — (Julie de Querangal, Philippe de Morvelle, Revue des Deux Mondes, T. 2, 4, 1833)
    • Proudhon espère que le duel sera prochain […] Il y a dans toute son âme un bouillonnement qui la détermine et qui donne à sa pensée un sens caché, fort éloigné du sens scolastique. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. VI, La moralité de la violence, 1908, page 302)
    • Mlle Préfère, indignée, pressa son cœur à deux mains sous sa pèlerine, et je m’attendis à voir s’évanouir son âme scolastique. — (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; réédition Le Livre de Poche, 1967, page 155)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SCOLASTIQUE. adj. des deux genres
. Qui appartient à l'école. Il ne se dit guère que de Ce qui s'enseignait suivant la méthode des écoles de théologie et de philosophie au moyen âge. Philosophie scolastique. Il s'emploie aussi comme nom féminin, et alors il désigne soit la Théologie, soit la Philosophie scolastique. La scolastique s'enseignait avec éclat dans les chaires de philosophie de l'Université de Paris. Il s'emploie aussi comme nom masculin, et alors il désigne Celui qui enseigne la théologie suivant la méthode scolastique ou Celui qui professe la philosophie scolastique. Ce théologien est un scolastique. Ce philosophe suit les doctrines des scolastiques.

Littré (1872-1877)

SCOLASTIQUE (sko-la-sti-k') adj.
  • 1Qui a rapport aux classes, aux écoles. L'esprit d'ordre et d'économie ne distinguait pas moins que le goût du travail notre police scolastique, Marmontel, Mém. I. Souvent encore avec délices, De nos scolastiques essais Nous nous rappellions les esquisses, Delille, Convers. Prolog.
  • 2Qui s'enseigne suivant la méthode ordinaire de l'école. S'il [Aristote] donna des règles du raisonnement qu'on trouve aujourd'hui trop scolastiques, Voltaire, Phil. Hist. établ. christ. 3.

    Les théologiens scolastiques, les théologiens de l'école. J'oserai avec respect avertir les théologiens scolastiques…, Bossuet, Instr. sur les ét. d'orais. III, 8.

  • 3 Particulièrement. Qui a rapport aux écoles du moyen âge. La philosophie scolastique ne fit que lui apprendre qu'on pouvait philosopher, et lui en inspirer l'envie, Fontenelle, Poupart. Cette université [de Paris] avait le malheur de n'être fameuse que par sa théologie scolastique et par ses disputes, Voltaire, Mœurs, 125. La philosophie qu'on appelle scolastique, a régné depuis le commencement du XIe ou XIIe siècle jusqu'à la renaissance des lettres, Diderot, Opin. des anc. philos. (scolastiques).
  • 4 S. f. La scolastique, la philosophie qu'on enseignait dans les écoles du moyen âge et qui s'est prolongée dans certains établissements jusqu'à la révolution de 1789. C'était [Fabroni] un bourgeois de Pistoie, venu à Rome avec de l'esprit, de la scolastique, du feu, Saint-Simon, 345, 29. La scolastique est moins une philosophie particulière, qu'une méthode d'argumentation syllogistique, sèche et serrée, sous laquelle on a réduit l'aristotélisme fourré de cent questions puériles, Diderot, Opin. des anc. philos. (scolastiques). L'aristotélisme s'étendit peu à peu, et ce fut la philosophie régnante pendant le XIIIe et le XIVe siècles entiers ; elle prit alors le nom de scolastique, Diderot, Opin. des anc. philos. (Jésus-Christ). Le mot de scolastique est depuis longtemps, parmi la populace philosophique, un épouvantail, comme celui d'aristocratie en a été un dans les premières années de la révolution, Villiers, Kant, p. 132.

    Il se dit aussi de la théologie telle qu'on l'enseignait dans les écoles du moyen âge et dans celles qui ont succédé ; c'était une alliance de la philosophie scolastique et de la théologie. Il semblait qu'une explication qui, dès sa préface, promettait tant de précision, tant d'évidence, une scolastique si rigoureuse, si éloignée de toute équivoque et de toute ambiguïté…, Bossuet, Préf. sur l'instr. pastor. de Cambrai, I.

  • 5 S. m. Celui qui traite de la théologie ou de la philosophie scolastique. J'ai reconnu que vous n'êtes pas bon scolastique, Pascal, Prov. V. Les scolastiques demeurent d'accord que la plus parfaite contemplation de la nature divine est celle où on la regarde selon les notions les moins resserrées, comme celle d'être, de vérité, de bonté, de perfection, Bossuet, Ét. d'orais. II, 16. Ce que les scolastiques appelaient qualités occultes, n'étaient ce pas des causes ? Fontenelle, Newton. Les scolastiques ont un axiome, qu'il ne faut pas qu'un philosophe ait recours à Dieu ; ils appellent ce recours l'asile de l'ignorance, Anal. de Bayle, t. III, p. 171. Mille scolastiques sont venus, comme le Docteur irréfragable, le Docteur subtil… qui tous ont été bien sûrs de connaître l'âme très clairement, mais qui n'ont pas laissé d'en parler comme s'ils avaient voulu que personne n'y entendît rien, Voltaire, Dict. phil. Locke. Les scolastiques et les cartésiens n'ont connu ni l'origine, ni la génération de nos connaissances ; c'est que le principe des idées innées et la notion vague de l'entendement d'où ils sont partis, n'ont aucune liaison avec cette découverte, Condillac, Art de pens. II, 6.

    Les nouveaux scolastiques, ceux qui, au XVIIe siècle, reprenaient la théologie scolastique. Faites état que jamais les Pères, les papes, les conciles ni l'Écriture ni aucun livre de piété, même dans ces derniers temps, n'ont parlé de cette sorte ; mais que, pour des casuistes et des nouveaux scolastiques, il vous en apportera un bon nombre, Pascal, Prov. IV.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SCOLASTIQUE. Ajoutez :
6 Écrivains (scholastici) attachés à la bibliothèque Vaticane à Rome, et qui ont soin de revoir sur les manuscrits les livres qu'on veut réimprimer, Bibl. critique, Bâle, 1709, t. I, p. 267.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « scolastique »

Provenç. escolastic ; espagn. escolastico ; ital. scolastico ; du lat. scholasticus, de schola (voy. ÉCOLE). Scholastique se disait pour écolâtre.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(1625) Du latin scholasticus (« écolier, relatif à l’école »), du grec ancien σχολαστικός, scholastikos (« relatif à l’école »), dérivé de σχολή, scholè (« école »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « scolastique »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
scolastique skɔlastik

Fréquence d'apparition du mot « scolastique » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « scolastique »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « scolastique »

  • À partir du XIème siècle se forment au Moyen Âge plusieurs écoles de pensées : aristotélisme, averroïsme, thomisme, platonisme et scolastique. Mais qui donc philosophe, et où ? Quelle est la place de la philosophie dans l’échelle des savoirs ? Quels sont les sujets sur lesquels on philosophe ?
    France Culture — L’Université des philosophes - Ép. 1/4 - Lumière sur le Moyen Âge
  • L'humanité est-elle capable d'estimer les choses à leur juste valeur ? Ordre divin ou grands marchands, qui peut fixer le prix des marchandises ? Tels sont les chemins qu'emprunte la pensée scolastique italienne, du Moyen-Âge à la Renaissance...
    France Culture — Le Moyen Âge fixe les prix - Ép. 3/4 - L'économie à tout prix
  • Un curé de Vessey est devenu évêque. En 1588, le frère de Georges Péricard, évêque d’Avranches, François Péricard, scolastique et curé de Vessey, fut élevé sur le siège épiscopal d’Avranches. À l’esprit religieux, il unit le courage guerrier. Ligueur résolu, il soutint en personne, avec son frère Odoard, le rude siège d’Avranches par le Duc de Mont-Pensier, qui fit crouler sous ses boulets la salle synodale attenant à l’évêché. Deux grands événements, la Ligue et la Révolte des Nu-Pieds, joints à son mérite personnel, firent de sa prélature une des plus grandes de l’épiscopat d’Avranches.
    Unidivers — Visite libre de l’église Saint-Vincent de Vessey Eglise de Vessey Pontorson samedi 19 septembre 2020
  • Ceux qui poussent à ces changements tiennent la nature humaine pour une notion scolastique dépassée. Pourtant la nature était souvent invoquée par les philosophes des Lumières. Voltaire, Rousseau, Kant croyaient au droit naturel. Seul homme des Lumières à le récuser: le marquis de Sade… Les philosophes des Lumières ont combattu l’Église au nom de la nature: le célibat de prêtres et des religieuses était, disaient-ils, contre-nature ; de même les châtiments infligés aux enfants dans les collèges auxquels ils préféraient une éducation sans contrainte à la manière d’Émile.
    Le Figaro.fr — «Les défenseurs du projet de loi bioéthique ont trahi l’héritage des Lumières»
  • Mais dès lors que l’on rejette le réalisme des universaux, on tombe de Charybde en Scylla. On ne peut plus résoudre le problème fondamental de la Scolastique, celui de l’accord de la raison et de la foi; ou, si on tente de le résoudre […], on sombre dans l’hérésie et l’on encourt les condamnations de l’Église.
    Louis Rougier — Histoire d’une faillite philosophique : la Scolastique

Traductions du mot « scolastique »

Langue Traduction
Anglais scholastic
Espagnol escolar
Italien scolastico
Allemand schulisch
Chinois 经院
Arabe دراسي
Portugais escolar
Russe схоластический
Japonais 学者
Basque scholastic
Corse scolastica
Source : Google Translate API

Synonymes de « scolastique »

Source : synonymes de scolastique sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot scolastique au Scrabble ?

Nombre de points du mot scolastique au scrabble : 22 points

Scolastique

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