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Pensée
[pɑ̃se]
Définitions de « pensée »
Pensée - Nom commun
- Pensée — définition française (sens 1, nom commun)
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Opération de l'intellect par laquelle un individu élabore des concepts et des idées.
Toute pensée est une sensation contrariée.
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(Par extension) Capacité de réflexion et d'analyse critique de l'esprit humain.
Ce n'est rien d'ordonner des actes, si préalablement on n'est pas maître des pensées ; pour gouverner le monde des corps, il faut dominer celui des esprits.
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(Par extension) Projet ou intention réfléchie visant à atteindre un objectif spécifique.
Fils d’une humble famille du Rethélois, ce paysan devait atteindre aux plus hautes fonctions, représenter la pensée de la France et de la « chrestienté », et, devant le monde, être leur porte-parole.
- (Littéraire) Recueil non structuré de réflexions personnelles.
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Plante ornementale appartenant à la famille des violacées, caractérisée par ses fleurs veloutées aux teintes roses, jaunes ou violettes.
– Vois comme cette pensée ressemble au roi Henri VIII d’Angleterre, avec sa barbe ronde, disait-elle. Au fond, je n’aime pas beaucoup ces figures de reîtres qu'ont les pensées jaunes et violettes...
- Couleur violet pourpre inspirée d'une variété de cette fleur.
Expressions liées
- Accréditer, diffuser une pensée
- Aller au bout de sa pensée
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Arrière-pensée
Et tout reste à faire, — à penser — pour re-demander inlassablement, et sans arrière-pensée militante, « que faire ? », pour suspendre durablement toute réponse naïvement constructive, et pour faire ce qu’il faut : ici, tout de suite, moi-même qui, dénué de l’épaisseur d’une subjectivité transcendantale ou législatrice, ne suis que d’être requis par l’urgence de l’occasion, et sais que plus jamais désormais — après Auschwitz, après Heidegger — la connaissance des valeurs ou de la loi, l’assignation d'une fin ne fonderont l’agir qui m’incombe. — (Le Messager européen, numéros 1 à 2, 1987, page 111)
- Avoir bien autre chose à penser (avoir à penser à bien d'autres choses.)
- Avoir la pensée de + inf
- Avoir trop de choses à penser
- Avoir une pensée émue pour quelqu'un
- Aérer ses pensées
- Bannir, rayer de sa pensée
- Basses pensées (pensées contraires à la morale, à la chasteté désirs érotiques.)
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Bien penser (avoir en matière de politique ou de religion, des opinions conformes ou non à celles du moment.)
Darina finit par raconter que le soir des bombardements, elle participait à une soirée pyjama avec ses copines. Pour une fois, le fait de ne pas être avec ses parents l'a fait paniquer. "Quand je suis à la maison, je n'ai pas peur. Je sais qu'à la cave, je serai à l'abri, mais quand j'entends la sirène et que je suis à l'extérieur, j'ai très peur." Darina aimerait bien penser à autre chose. "Il n'y a pas de classe en ce moment. Les écoles sont fermées. On aura des cours en ligne d'ici la fin de semaine", explique la fillette, qui ne semble pas trop y croire.
— Franceinfo, Guerre en Ukraine : après le bombardement de la base militaire de Yavoriv, les habitants de la région rattrapés par la guerre - Bourriche de pensées
- C'est comme l'oeuf de colomb il fallait y penser
- Comprendre, partager la pensée de quelqu'un
- Confier sa pensée à quelqu'un
- Conquérir quelqu'un à sa pensée
- Construire, orienter une pensée
- Dans la pensée de quelqu'un (selon sa manière d'envisager les choses.)
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Dans la pensée que (en croyant, en imaginant que.)
La vue du billet lui déplut, dans la pensée que c'était encore quelque demande de secours
— Maurice Barrès, Crépuscule des dieux - Dans une pensée de + subst (dans un esprit, une intention, une volonté, un but de..., avec une idée de..., d'un point de vue...)
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De pensée
Si j'étais resté chaste, mon ami, si je l'étais resté de fait et aussi de pensée
— Charles-Augustin Sainte-Beuve, Volupté - Dire ce qu'on pense (donner son opinion.)
- Dire sa pensée à quelqu'un (donner son opinion, dire ce que l'on ressent sur un point particulier.)
- Dire tout haut ce que les autres pensent tout bas
- Dire toute sa pensée (dire franchement ce qu'on pense sans ménagement.)
- Dire à quelqu'un sa façon de penser (donner franchement son opinion être sans nuance, sans détour dans son expression.)
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Donner à penser (faire réfléchir.)
Ce système [que l'odorat et le goût ne forment qu'un seul sens] peut être rigoureusement défendu; cependant, comme je n'ai point la prétention de faire secte, je ne le hasarde que pour donner à penser à mes lecteurs
— Brillat-Savarin, Physiologie du goût - Démarche, évolution d'une pensée
- Détourner sa pensée de quelque chose
- En pensée, par la pensée (par l'imagination, par le souvenir.)
- Entrer dans la pensée de quelqu'un (envisager les choses de son point de vue, comprendre les motifs qui le font agir.)
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Faire penser à
Leur persistance en l'absence d'infection urinaire doit faire penser à la présence d'une tumeur polypoïde.
— Pleinevie.fr, Cancer de la vessie : les signes qui doivent alerter - Pleine vie - Faire quelque chose sans y penser (le faire sans en être conscient, sans s'en rendre compte.)
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Façon de penser (manière de voir, de juger.)
De l'un à l'autre les mots passaient, et chacun amplifiait, déformait, disait sa façon de penser et ses remarques
— Peisson, Parti Liverpool - Figure de pensée
- Fouiller dans sa pensée
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Grande pensée (cause à laquelle on consacre son existence.)
L'argent fut donc, et avec raison, la grande pensée de mon père, et moi je n'y ai jamais pensé qu'avec dégoût
— Stendhal, L'Armance -
Homme de pensée (celui qui met en oeuvre son goût pour la réflexion et pour les choses de l'esprit, la culture en particulier, celui dont la tâche principale est le travail de la réflexion.)
Mon père, homme de pensée, de culture, de tradition, était imprégné du sentiment de la dignité de la France
— Charles de Gaulle, Mémoires de guerre - Il n'en pense pas un mot de ce qu'il dit (ce n'est pas sa conviction, son opinion il n'est pas sincère.)
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La pensée humaine (mouvement général des idées, des philosophies, des sciences au cours des périodes historiques.)
Ces trusts qui ont porté l'industrie américaine à cet état de perfection et de concentration, qui est le grand fait des cinquante dernières années de la pensée humaine
— Louis Aragon, Les Beaux Quartiers - La pensée ne l'encombre pas (il n'est pas très intelligent il est sot.)
- Le fil des pensées
- Le je pense (trad. de cogito.)
- Le rayonnement d'une pensée
- Le tumulte des pensées
- Les grandes pensées viennent du coeur
- Les pensées foisonnent
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Liberté de pensée
Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.
— Sören Kierkegaard - Libre pensée
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Loin de moi la pensée de
Tout le monde le disait ; loin de moi la pensée de soutenir que ce que dit tout le monde doive être vrai.
— Charles Dickens - Machine à penser (appareil analogue aux machines à calculer et qui tire les conséquences logiques des données qui lui sont fournies préalablement.)
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Maître à penser
Plus tard, le grand scolarque stoïcien Antipater de Tarse (vers 150-129) avait été le maître à penser de toute une lignée de stoïciens célèbres, qui s'étaient répandus jusqu'à Rome [...].
— Après Jésus. L'invention du christianisme, sous la dir. de Roselyne Dupont-Roc et Antoine Guggenheim - Meilleures pensées
- Mettre de l'ordre dans ses pensées
- Monument, grand nom de la pensée
- N'y pensez plus (oubliez cela.)
- Ne jamais penser à rien (n'avoir aucune idée, aucun projet.)
- Ne pas avoir la pensée à ce qu'on fait
- Ne penser qu'à ça (ne penser qu'à l'amour.)
- Ne penser à rien (avoir l'esprit complètement libre.)
- Ne plus penser à rien (ne plus pouvoir se concentrer sur quoi que ce soit.)
- Ne rien dire mais n'en penser pas moins (avoir, bien qu'on ne l'exprime pas, une opinion bien établie et souvent défavorable sur un sujet.)
- Noires pensées
- Objet des pensées de quelqu'un (personne qui est l'objet d'un amour romanesque.)
- Parler contre sa pensée
- Pendant que j'y pense ah mais tiens j'y pense
- Penser dans une langue (former ses idées en utilisant les signes, les structures d'une langue particulière.)
- Penser du bien de quelqu'un ou de quelque chose (avoir de lui ou de cela une bonne opinion.)
- Penser par soi-même (avoir une opinion personnelle.)
- Penser tout haut
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Penser à autre chose (ne pas suivre une conversation être distrait.)
Le tricot permet à une femme de penser à autre chose pendant que son mari parle.
— Anonyme, Dictionnaire de l’Amour - Penser à ce qu'on dit (faire attention à ce qu'on dit, peser ses propos.)
- Penser à ce qu'on fait (le faire en s'appliquant, avec toute son attention.)
- Penser à quelqu'un pour un poste (considérer qu'une personne correspond au profil d'un emploi lui réserver cet emploi.)
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Penser à tout (ne rien laisser au hasard.)
L’ingression de la chipie fut, d’ailleurs, une belle chose qui le récompensait déjà de sa vertu. Elle parut glisser, s’appuyant au mur, comme ne pouvant plus porter son fardeau, en même temps qu’elle ouvrait une large écluse de ces gloussements singultueux qui donneraient à penser à tout l’univers que les forces d’une pauvre mère sont décidément épuisées, qu’il n’y a plus moyen du tout de soutenir une croix si pesante et que si le secours d’en haut se fait plus longtemps attendre, elle va succomber dans quelques instants.
— Léon Bloy, La Femme pauvre - Penser à une carrière (envisager une carrière, un métier déterminé.)
- Penses-tu pensez-vous
- Pensez pensez-donc
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Pensez que
Si vous pensez que cela soit utile, je le prendrai [un ouvrage] à la Bibliothèque Royale
— Gobineau, Correspondance avec Tocqueville -
Pensez-vous
... Ah! oui, de jolis parents j'ai là! Ils ne me reverront jamais. −Jamais? s'écria-t-il, ne dis pas de bêtises, Mouchette (...). On ne laisse pas les filles courir à travers champs, comme un perdreau de la Saint-Jean. Le premier garde venu te rapportera dans sa gibecière. −Pensez-vous? dit-elle. J'ai de l'argent. Qu'est-ce qui m'empêche de prendre demain le train de Paris, par exemple? Ma tante Eglé habite Montrouge −une belle maison, avec une épicerie. Je travaillerai. Je serai très heureuse...
— Bernanos, Soleil Satan - Pensée abstraite, spéculative
- Pensée autistique, égocentrique
- Pensée de derrière la tête
- Pensée de valéry, de gide
- Pensée des champs
- Pensée notionnelle, symbolique
- Pensées déshonnêtes (pensées contraires à la morale, à la chasteté désirs érotiques.)
- Pensées vilaines et impures (pensées contraires à la morale, à la chasteté désirs érotiques.)
- Première pensée d'un ouvrage (première conception.)
- Progrès de la pensée
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Quand je pense que
Et quand je pense que mon père l'a décoré et fait comte et que le lendemain ce vilain n'a pas eu honte de porter la main sur lui
— Jarry, Ubu - Rester gravé dans la pensée
- Ruban pensée
- S'entretenir avec ses pensées
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Sans penser à mal (avoir de mauvaises intentions.)
Cette fille farouche et pure qui, sans penser à mal, offrait de l'argent à un homme
— Guèvremont, Survenant - Se faire une place dans les pensées de quelqu'un
- Se placer, se transporter quelque part par la pensée
- Sombres pensées
- Souscrire à une pensée
- Tirer quelqu'un de ses pensées
- Tourner toutes ses pensées vers quelqu'un
- Toutes mes pensées vous appartiennent
-
Transmission de pensée
Des centaines de scientifiques y ont joué leur propre rôle dans une sorte de « Loft Story » stalinien avec pour focale la physique quantique plutôt que l’apparence physique. On y bossait sur la théorie des cordes et l’énergie de l’orgone, mais aussi la transmission de pensée et la téléportation, comme à la grande époque des sciences soviétiques décomplexées (1938 à 1968). Dans le même temps, des intrigues amoureuses et vaudevillesques plus ou moins tragiques se jouaient avec le personnel au service des intellos.
— Coup de génie artistique ou escroquerie? L'ovni DAU débarque à Paris (et on n'a pas bien compris de quoi il s'agit) - Travail, ouvrage de pensée
- Tu n'y penses pas vous n'y pensez pas
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Tu penses
Ta femme à toi ça l'a retournée d'te voir partir? −Tu penses...
— Benjamin, Gaspard - Un flot de pensées
- Une pensée amicale, charitable
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À ce que je pense (selon mon opinion, à mon avis.)
M. Dubois me témoignait une bienveillance d'autant plus précieuse qu'elle venait d'un vieillard qui n'aimait pas les jeunes gens. Je la gagnai, à ce que je pense, en l'écoutant avec attention
— Anatole France, Vie fleur - À quoi penses-tu à quoi pensez-vous
- Émettre, soutenir une pensée
- Être le confident des pensées de quelqu'un
- Être lent à penser
- Être prisonnier de pensées
- Être tout à ses pensées
Étymologie de « pensée »
Participe passé de penser, issu du bas latin pensare (peser). L'ancien français avait aussi le substantif féminin pense ; wallon, pinse ; provençal, pensa, pessa.Usage du mot « pensée »
Évolution historique de l’usage du mot « pensée » depuis 1800
Fréquence d'apparition du mot « pensée » dans le journal Le Monde depuis 1945
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Antonymes de « pensée »
Citations contenant le mot « pensée »
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Les heures passèrent. Dehors, il pleuvait une complainte d’adieux. Elle se farda, utilisa des étoffes, se déguisa. Durant toute la nuit, une ingéniosité diabolique peupla la chambre de femmes venues de toutes contrées, insinuantes, expertes ou naïves, tourmentées, buveuses de saccades. Vers le matin, les femmes disparurent et deux hommes s’effrénaient devant le grand miroir au flamboiement des bûches.L’épuisement passé, il se leva, toucha distraitement les seins d’Adrienne.– Ils te plaisent ? Lui demanda-t-elle avec une maternité étrange. Tu vois, ils commencent à tomber. Je suis devenue une vieille femme. (Songeant à la jeune rivale, elle écrasa, abaissa les seins.) Encore mieux ainsi. (Elle rit.) Je suis vieille. Il faut aller de plus en plus souvent chez le dentiste. Et tout le reste ! Les articulations qui craquent, les cheveux qui se dessèchent, la peau si glorieuse à quatre heures du matin, l’haleine. Je suis fâchée de te faire de la peine. Mon pauvre chéri qui boude.Elle rit. Mais Solal n’écoutait pas et songeait à Aude. Pourquoi, lorsqu’elle était entrée avec son père, avait-il accentué le balancement maudit et avait-il feint de ne pas la reconnaître ? Il n’était même pas fou, il était lucide à ce moment-là. Quel démon plus fort que lui l’avait possédé à ce moment ? Et il ne la verrait plus. Ô son regard, le soir des grandes fiançailles, le geste gauche et le sourire timide avec lesquels elle s’était dévoilée. Quel démon l’avait poussé à hausser les épaules, à faire ce sourire peureux ? Et maintenant, elle gardait l’image dégoûtante de ces deux balanceurs d’Orient qui crevaient de peur devant la fille d’Europe.Il effaça cette pensée, ne voulu pas savoir ce qu’il allait faire et ouvrit le tiroir. Mais elle fut plus prompte que lui, s’élança, saisit sa main, et le revolver qu’il tenait. La balle effleura le front qui saigna. Il s’abattit.La femme nue prit sur ses genoux l’homme nu. Elle baisa les deux plaies, le calma, le berça tout en songeant que la nuit, depuis si longtemps prévue par elle, était arrivée, nuit pareille aux nuits des hivers passés et des hivers qui viendraient lorsqu’elle ne serait plus.Elle regardait le beau corps blessé et il lui semblait tenir sur ses genoux un grand fils évanoui, irresponsable, frappé par les hommes, condamné, trop vivant, irrémédiablement vaincu. Elle pensait à sa propre vie manquée. Elle n’avait pas su se faire aimer. Elle n’avait jamais rien su. Peut-être la faute de son père et l’effroi qu’elle avait de lui dans son enfance ? Cette paralysie, cette passivité. Les autres, celles qui savaient se faire aimer, étaient superficielles. Elle aurait pu aussi, mais elle avait préféré la servitude. Servante, depuis le soir où l’adolescent était entré dans sa chambre jusqu’à cette dernière nuit. Et maintenant impossible de recommencer. C’était l’autre, Aude, qui l’aurait. Si l’autre ne l’empêchait pas de vaincre, tout était bien. Il deviendrait Solal et un grand homme. Mais personne ne viendrait confier à sa tombe les victoires de l’aimé. Tout de même, elle aurait su avant les autres. Avant les autres, elle avait deviné l’attente et l’espoir de cet homme si simple, si bon en réalité, si pur et qui cachait sa naïveté sous des rires et des étrangetés. Et si elle se trompait, s’il devait n’être qu’un homme comme les autres hommes, du moins elle garderait son illusion jusqu’à la fin et personne non plus ne viendrait la détromper
Albert Cohen — Solal – Éditions Gallimard 1930 -
Chaque génération nouvelle, chaque homme nouveau doit redécouvrir laborieusement l'activité de pensée. Longtemps, pour ce faire, on put recourir à la tradition. Or nous vivons, à l'âge moderne, l'usure de la tradition, la crise de la culture.
Hannah Arendt — La crise de la culture -
Sa pensée tâtonna un instant dans l’obscurité, il retira ses lunettes, en essuya les verres, se passa la main sur les yeux, et ne revit la lumière que quand il se retrouva en présence d’une idée toute différente, à savoir qu’il faudrait tâcher d’envoyer le mois prochain six ou sept mille francs à Odette au lieu de cinq, à cause de la surprise et de la joie que cela lui causerait.
Marcel Proust — Du côté de chez Swann -
Vous avez vu votre parlement imbécile, né de l’immoral trafic de places et d’honneurs, décider qu’il n’y avait rien à faire, dans la grande déroute des idées, que de poursuivre la pensée, et de mettre au pilori le livre qui dénonçait le crime des incapables contre la patrie.
Georges Clémenceau — Vers la réparation -
Avant tout, il y a eu rencontre.Isabelle Leblanc et moi, assis chez Isabelle, dans la cuisine, autour d’une bouteille de champagne, parce que cela faisait trop longtemps que l’on ne s’était pas parlés. Pas vus. Pas regardés.Il y avait donc, avant tout, une fille un peu écoeurée, assise en face d’un type un peu perdu. Entre les deux (juste à côté de la bouteille maintenant à moitié vide), la soif des idées. C’est-à-dire le désir de se sortir, de s’extraire d’un monde qui cherchait trop à nous faire croire que l’intelligence était une perte de temps, la pensée un luxe, les idées une fausse route.Il y avait donc deux personnes, l’une en face de l’autre, qui avaient elles aussi une soif insatiable de l’infini, cette soif que les chiens de Lautréamont portent au fond de leurs gosiers.Puis il y a eut des comédiens et des concepteurs, des amis, des gens que nous aimions, qui nous bouleversaient, assis autour d’une table. Une question fut posée : « Nous voici arrivés à notre trentaine. De quoi avons-nous peur ? » Réfléchir autour de cette question, tenter, chacun son tour, d’élaborer un discours, une pensée pour nommer ce qui se trame au fond de notre âme, nous a permis de mettre le doigt sur certaines choses essentielles. Invariablement, nous avons parlé de l’amour, de la joie, de la peine, de la douleur, de la mort. Aussi, nous avons réalisé que, si nous avions peur d’aimer, nous n’avions pas peur de mourir, car la peur, en ce qui concerne la mort, tournait autour de nos parents, en ce sens que nous n’avions pas tant peur de notre propre mort que de la mort de ceux qui nous ont conduits à la vie, et dans la vie ; cela ne concernait pas uniquement nos parents naturel, mais aussi nos parents dans la création.
Wajdi Mouawad — Littoral – Éditions Actes Sud 1999 -
Pour vous, Monsieur, rien n’est encore perdu et nous vous adjurons de mettre un fond à votre tonneau des Danaïdes où, depuis plus d’un demi-siècle, vous ne cessez de jeter le meilleur de vous-même et de votre pensée dans des flots d’encre, car on a souvent comparé à ce tonneau percé que les malheureuses Danaïdes, pour un crime d’ailleurs intolérable à imaginer (sur cinquante, quarante-neuf d’entre elles avaient égorgé leurs maris le soir de leurs noces), furent condamnées à remplir éternellement ; on a comparé, dis-je, leur vain travail à celui du journaliste, et quoique vous ne soyez capable d’aucun meurtre, vous aussi vous subirez ce châtiment de travailler longtemps pour rien, votre travail au jour le jour n’étant assuré d’aucune durée. Vos amis vous demandent de rétablir cette situation.
Émile Henriot — Réponse au discours de réception de Robert Kempf -
Du reste, quand le sommeil l'emmenait si loin hors du monde habité par le souvenir et la pensée, à travers un éther où il était seul, plus que seul, n'ayant même pas ce compagnon où l'on s'aperçoit soi-même, il était hors du temps et de ses mesures.
Proust — À la recherche du temps perdu -
Je veux parler de ce que freudisme et marxisme ont en commun. Le reste, ils l'envoient à la poubelle. Il faut que la pensée qui leur est étrangère soit écartée, dévaluée, et caetera, ordure, quoi! en face de leur monde sacré !
André Malraux — Hôtes de passage
Traductions du mot « pensée »
Langue | Traduction |
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Anglais | thought |
Espagnol | pensamiento |
Italien | pensiero |
Allemand | gedanke |
Chinois | 想法 |
Arabe | معتقد |
Portugais | pensamento |
Russe | мысль |
Japonais | 考え |
Basque | pentsatu |
Corse | pinsatu |