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Nombre de romans "réalistes magiques" sont décevants tant pour le réalisme que pour la magie, mais Le Dieu manchot de Saramago crée avec succès un monde imaginaire dans lequel les rêves les plus fous ressemblent à la réalité du quotidien, tandis que des événements historiques font penser à un conte de fées ou un cauchemar.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
J'aimais étudier. Je ne tenais pas tellement à vivre. Peut-être, après une enfance très heureuse, redoutais-je l'épreuve de la vie. Je craignais comme la peste de m'engager dans l'une ou l'autre des voies que m'offrait l'existence. (p.122)
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Je n'ai jamais cessé d'être un privilégié, peut-être plutôt timoré. Je suis le chroniqueur extérieur des drames de mon époque, le témoin à peine engagé d'un monde en train de changer. (p.210) Je n'aime pas l'argent, mais je n'ai pas détesté en avoir. Je sais : on peut sourire. Je me moque aussi des honneurs. Je ne les ai pas refusés. (p.227) Je cultivais l'ironie, l'indifférence, la légèreté. Mais ma fragilité m'accablait... La plupart du temps, j'étais allègre... Plus j'étais heureux, plus je me sentais menacé par la beauté du monde et par l'histoire cuelle des hommes...Le malaise dont je parlais tout à l'heure ... me semblait venir du fond des âges et d'un espace sans bornes. (p.254-255)
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
Connaître, c'est connaitre par les causes. Comprendre, c'est remonter aux origine. Dans la forêt, dans la savane, sur la mer, dans les sables du désert, le commencement des commencements, le début de toutes choses est le mythe majeur des hommes.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
La ferme africaine est le plus célèbre des romans de Karen Blixen, à la fois mémoires de la période où elle a vécu dans une plantation de café au Kenya et portrait du début du déclin de l'impérialisme européen. (...) Voici un roman qui traite de la disparition de l'impérialisme et de déplacement, de sauvagerie, de beauté et de lutte humaine. Célébré comme l'une des plus grandes élégies pastorales du modernisme, c'est par-dessus tout un livre sur l'Afrique.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
A coté des horreurs qui n'avaient jamais cessé de s’enchaîner les unes aux autres et en attendant les désastres qui ne pouvaient manquer de survenir, il y avait aussi des roses, des instants filés de soie à toutes les heures de la journée, de vieilles personnes irascibles qui laissaient derrière elles un souvenir de tendresse, des enfants à aimer, de jolies choses à lire, à voir, à écouter de très bonnes choses à manger et à boire, des coccinelles pleines de gaieté sous leur damier rouge et noir, des dauphins qui étaient nos amis, de la neige sur les montagnes, des îles dans une mer très bleue. J'étais plutôt porté au rire et à dire oui qu'aux larmes et à dire non. Plutôt à la louange et à l’émerveillement qu'à la dérision ou à l'imprécation. J'étais une exception. Quelle chance ! Il y a toujours avantage à être un peu invraisemblable.
Jean d'Ormesson — C'était bien -
La pire erreur à commettre serait de se laisser aller à un rejet en bloc de tout ce qui est islamique, et du même coup arabe, et du même coup de couleur. Dans la situation actuelle, l'impératif capital, tant du point de vue éthique que du point de vue politique, est de rejeter tout racisme et touts intolérance dans le camp de l'ennemi. Les Noirs ne sont pas des ennemis. Les Arabes ne sont pas des ennemis. Et l'islam n'est pas l'ennemi. Il faut le dire haut et fort : l'islam n'est pas l'ennemi. L'ennemi, le seul ennemi, est la violence, l'intolérance, le racisme. ... Il serait à la fois suicidaire et honteux de rejeter les Noirs, les Arabes, les musulmans. ... Il y faut plus de courage, et aussi plus d'intelligence, que dans l'exclusions brutale et inepte de ceux qui n'ont pas notre couleur de peau ou qui ne partagent pas nos croyances. ... La lutte est entre ceux qui refusent la violence et le racisme et ceux qui veulent les imposer. In "Le Figaro, 18 octobre 1995
Jean d'Ormesson — Dieu, les affaires et nous. Chroniques d'un demi siècle -
Les rêves des hommes sont pleins de grandeur - et ils sont dérisoires. A commencer par les miens. Les plaisirs nous enchantent - et ils sont l'ombre d'une ombre. Le seul sort du bonheur est de se changer en souvenir. La meilleure attitude à l'égard de ce monde et de son histoire, et d'abord et avant tout des réussites sociales et des grandeurs d'établissement si ardemment poursuivies, est de les tenir à distance. Sortir de la poussière et retourner à la poussière ne mérite en aucun cas un excès de révérence. La vie est un songe et le mieux est d'en rire. Je ne cesse de me moquer de moi-même et des autres. J'ai toujours essayé de m'amuser de la brièveté de la vie.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Je ne crois pas à grand-chose. Je me dis souvent, avec une ombre de regret, avec un peu d'inquiétude, que je ne crois presque à rien. Je ne crois ni aux honneurs, ni aux grandeurs d'établissement, ni aux distinctions sociales, ni au sérieux de l'existence, ni aux institutions, ni à l'Etat, ni à l'économie politique, ni à la vertu, ni à la vérité, ni à la justice des hommes, ni à nos fameuses valeurs. Je m'en arrange. Mais je n'y crois pas. Les mots ont remplacé pour moi la patrie et la religion. C'est vrai: j'ai beaucoup aimé les mots. Ils sont la forme, la couleur et la musique du monde. Ils m'ont tenu lieu de patrie, ils m'ont tenu lieu de religion.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Bien qu'il l'ait promis à son éditeur dès 1836, ce n'est qu'au début des années 1860 que Théophile Gautier rend le manuscrit de ce roman (Le capitaine Fracasse) dont la publication en feuilleton dans la Revue nationale et étrangère connaît un immense succès : ces deux décennies d'attente et de mûrissement ont sans doute modifié le projet initial, transformant le récit de cape et d'épée qu'aurait pu écrire l'auteur à vingt-cinq ans en une parodie où l'action se double d'à-côtés descriptifs qui en font toute la saveur.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
Deux hommes, à trois cents ans de distance, auront révolutionné votre savoir, rabaissé l’orgueil des hommes, changé ce que vous appelez mon cours : Nicolas Copernic et Charles Darwin. (le cours de l'Histoire)
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Paru trois ans après le chef-d'oeuve de Defoe, Robinson Crusoé, Moll Flanders est considéré comme un précurseur important du roman moderne. Ecrit à la première personne, le livre est une autobiographie de Moll Flanders, qui mène une vie mouvementée. Defoe peint un portrait inoubliable des dessous de la vie en Angleterre.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
L'Empire n'avait jamais connu la paix. Il avait fallu l'édifier, et puis il avait fallu le défendre. Du fond de son histoire montait la rumeur des haches et le sifflement des javelots et les cris des mourants, le soir, après la bataille. Les forêts du nord et de l'est, les hautes montages du sud n'avaient pas suffi à le protéger des attaques et des invasions.
Jean d'Ormesson — La gloire de l'Empire -
- Qui est Marie? me dit A. - C'est une femme, lui dis-je. - Une femme? - Oui, lui dis-je. Enfin, un être humain. Un homme. - Un homme? - La Terre est peuplée d'hommes. Et les hommes règnent sur la création. Ils sont la mesure de toute chose. Ils ont une idée de l'infini. Ils sont à l'image de l'absolu. Les hommes assurent souvent qu'il n'y a rien au-dessus des hommes. Il y a même des philosophes qui ont pensé et écrit qu'il n'y aurait pas d'univers s'il n'y avait pas d'homme. Ils soutiennent que c'est l'homme qui est la cause de l'univers et non pas l'univers qui est la cause de l'homme. L'homme a inventé la science, la morale, la peinture, la sculpture, la Bourse, l'Etat, le socialisme, le théâtre, la musique, le calembour et le golf. N'avez-vous jamais, sur Urql, entendu parler de ce centre de toutes choses, de ce chef-d'oeuvre qu'est l'homme?
Jean d'Ormesson — La Douane de mer -
On me dira que j'étais, que je suis, que j'ai toujours été partial. Je dirai que personne ne peut jamais juger personne et que le coeur des êtres humains est plus insaisissable que la mer ou le feu. P. 44
Jean d'Ormesson — Tous les hommes en sont fous -
Que vois-tu ? Je vois des maisons des champs et des arbres. Eh bien tout ça est à moi. Maintenant ferme les yeux, que vois-tu ? Rien. Eh bien tout ça est à toi.
Jean d'Ormesson — Au plaisir de Dieu -
Il me semble parfois que les choses se sont faites presque toutes seules et que je n’y suis pour rien. Je n’ai pas choisi de naître. Je ne suis pas arrivé n’importe quand. On ne m’a pas déposé n’importe où. Je n’ai pas débarqué hier devant Troie, entre Achille et Ulysse. Ni avant-hier pour la guerre du feu. Ni demain ou après-demain parmi des robots distingués et de plus en plus savants. Non. Je me suis retrouvé sans le vouloir entre deux guerres mondiales, au temps de Staline et d’Hitler, dans un corps qui, bon gré, mal gré, a été le mien pour toujours, c’est-à-dire pour un éclair.
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Personne ne craignait la mort moins que lui qui n'attendait rien du ciel, ni du monde, ni des hommes.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
J'ai toujours été étonné. Je n'en suis pas encore revenu, je n'en reviens toujours pas, je n'en reviendrai jamais. Dès l'enfance, d'être là. Une espèce d'étranger dans un monde d'emblée étrange. J'étais étonné d'être bavarois, d'être roumain, d'être carioca - c'est-à-dire brésilien de Rio.Et puis j'ai été étonné d'être normalien. Etonné d'être en fin de compte quelque chose, même au rabais, comme une espèce de philosophe. Etonné d'avoir pénétré dans le Saint des saints et d'être devenu un écrivain. Je me mettais assez bas dans un monde mis très haut. Dès mes plus jeunes années, j'étais porté à l'admiration. (p.178)
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Vous savez quoi? Tout change. Le climat, à ce qu'on dit. Ou la taille des gens. Les régimes, les frontières, les monnaies, les vêtements, les idées et les moeurs. Une rumeur court : le livre se meurt. Voilà près de trois mille ans que les livres nous font vivre. Il paraît que c'est fini. Il va y avoir autre chose. Des machines. Ou peut-être rien du tout. Et le roman ? Il paraît que le roman est déjà mort. Ah! bien sûr, il y a encore de beaux restes. Des réussites. Des succès. Des...comment dites-vous?... des best-sellers. Pouah ! Les romans aussi, c'est fini. Nous les avons trop aimés.
Jean d'Ormesson -
L'argent est la plus funeste des inventions de génie. (p. 203)
Jean d'Ormesson — La Douane de mer -
Si quelque chose a marqué mon enfance, c'est l'amour. Un amour calme, sans tempêtes, sans fureur. Mais un amour fort. L'amour durable des parents entre eux. L'amour exigeant des parents pour leurs enfants. L'amour, mêlé de respect, des enfants pour leurs parents. (p.27)
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Un jour où je signais " Au Plaisir de Dieu" dans une fête du livre ou à l'occasion d'une séance de dédicaces, il m'est arrivé une minuscule aventure qui m'avait amusé, et même intéressé. "Au Plaisir de Dieu" à la main, une dame déjà âgée s'était avancée vers moi pour me dire des choses aimables : - J'ai beaucoup aimé votre livre. Un détail m'a pourtant étonnée. J'ai bien connu votre oncle Wladimir. Je n'ai pas trouvé trace de son nom dans vos pages. -Madame, lui avais-je répondu, mon livre est plein de souvenirs et d'événements vécus. Mais il est aussi et surtout un roman. Il suit la réalité de très loin et beaucoup de ses thèmes sont inventés. - Inventés! m'avait-elle dit, l'air consterné. Inventés ! Et moi qui croyais que vous aviez tant de talent. (p.202)
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Il y a une trentaine d'années, Fritz Zorn, un jeune Suisse emporté par le cancer à l'age de trente-deux ans, ouvre par ces mots terribles une autobiographie romanesque et posthume dont le titre était "Mars" : "Je suis jeune et riche et cultivé; et je suis malheureux, névrosé et seul. Je déscends d'une des meilleures familles de la rive droite du lac de Zurich, qu'on appelle aussi la Rive dorée. Ma famille est passablement dégénérée: c'est pourquoi j'ai sans doute une lourde hérédité et je suis abîmé par mon milieu." (p.113)
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
... Nous ne sommes presque rien d'autre, entre le hasard et la nécessité, que le fruit des circonstances où nous nous débattons et qui nous constituent.
Jean d'Ormesson — Au plaisir de Dieu -
Le train de ma vie À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos Parents. On croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos Parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage. Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l’amour de notre vie. Beaucoup démissionneront (même éventuellement l’amour de notre vie), et laisseront un vide plus ou moins grand. D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’au-revoir et d’adieux. Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes. On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’être un des passagers de mon train. Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous. Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train.
Jean d'Ormesson -
Billet d'humour de Jean d'Ormesson Que vous soyez fier comme un coq, fort comme un bœuf, têtu comme un âne, malin comme un singe ou simplement un chaud lapin, vous êtes tous, un jour ou l'autre, devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche. Vous arrivez à votre premier rendez-vous fier comme un paon et frais comme un gardon et là , ... pas un chat ! Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin. Il y a anguille sous roche et pourtant le bouc émissaire qui vous a obtenu ce rancard, la tête de linotte avec qui vous êtes copain comme cochon, vous l'a certifié : cette poule a du chien, une vraie panthère C'est sûr, vous serez un crapaud mort d'amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un chien. Vous êtes prêt à gueuler comme un putois quand finalement la fine mouche arrive. Bon, vous vous dites que dix minutes de retard, il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf que la fameuse souris, malgré son cou de cygne et sa crinière de lion est en fait aussi plate qu'une limande, myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque et rit comme une baleine. Une vraie peau de vache, quoi ! Et vous, vous êtes fait comme un rat. Vous roulez des yeux de merlan frit, vous êtes rouge comme une écrevisse, mais vous restez muet comme une carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous sautez du coq à l'âne et finissez par noyer le poisson. Vous avez le cafard, l'envie vous prend de pleurer comme un veau (ou de verser des larmes de crocodile, c'est selon). Vous finissez par prendre le taureau par les cornes et vous inventer une fièvre de cheval qui vous permet de filer comme un lièvre. C'est pas que vous êtes une poule mouillée, vous ne voulez pas être le dindon de la farce. Vous avez beau être doux comme un agneau sous vos airs d'ours mal léché, faut pas vous prendre pour un pigeon car vous pourriez devenir le loup dans la bergerie. Et puis, ça aurait servi à quoi de se regarder comme des chiens de faïence. Après tout, revenons à nos moutons : vous avez maintenant une faim de loup, l'envie de dormir comme un loir et surtout vous avez d'autres chats à fouetter.
Jean d'Ormesson -
Ne t'occupe pas trop de la vie littéraire. Lis des livres, et écris-en. Lis surtout ce qui te plait. Un bon livre est un livre qui plait. Et si tu as mauvais gout en lisant ou en écrivant, c'est que tu n'es pas fait pour la littérature. Tu as le droit de te moquer de la littérature. Et des littérateurs, le devoir. "Conseils à un jeune écrivain" (pp. 58-59)
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
Rien n'est plus difficile que de contraindre les mots à traduire les événements, les idées, les passions, les sentiments. Toute expression est trahison. Nous avons trop souvent vu Saint Louis travesti en brigand, Jeanne d'Arc en hystérique et Staline en père des peuples, la tolérance en violence et la violence en liberté, pour ne pas nous méfier des pouvoirs trompeurs du langage et de l'écriture.
Jean d'Ormesson — Au plaisir de Dieu -
Il meurt en pleine gloire à quatre-vingt-quatre ans. S'il avait vécu plus vieux encore ou s'il était né plus tard, il aurait été adulé en 1789 - et guillotiné en 1793. Mais avisé comme il l'était, il n'aurait pas, lui, le philosophe des Lumières, raté sa fuite à Varennes. Je l'aurais rencontré, toujours vif et subtil, aux côtés de Talleyrand, en Louisiane ou à Londres.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Le matin, à peine réveillé, je guettais à travers les volets la lumière du soleil sur le point de se lever et je me jetais hors de mon lit pour profiter d'un jour qui ressemblerait à la veille et qui ressemblerait au lendemain. L'été, j'entendais de ma fenêtre le bruit déchirant du râteau manié par l'aide-jardinier sur les graviers de la cour. Sur le palier, au seuil du billard, il y avait un gong venu je ne sais d'où sur lequel ceux qui passaient frappaient d'un air distrait pour annoncer les repas régis par des règles sévères et auxquels aucun d'entre nous n'aurait pris le risque de se présenter en retard ou en tenue négligée. Rien ne m'amusait ni ne me faisait peur autant que le téléphone, composé d'une manivelle et d'un cornet de bois, qui permettait à mon grand-père d'obtenir une demoiselle qu'on entendait très mal et qui ne comprenait jamais rien. Deux fois par mois, M. Machavoine, horloger de son état, venait remonter en silence les horloges du château. Il se glissait dans le billard, dans le petit salon, dans le grand salon, dans la bibliothèque, dans la salle à manger, dans la salle à manger des enfants, dans l'office, dans l'immense cuisine, dans la vingtaine de chambres – aucune n'avait de salle de bains – qui restaient ouvertes toute l'année. Il vérifiait si les pendules, si les horloges, si les cartels donnaient bien l'heure exacte, et il les remontait. Il m'arrivait de le suivre de pièce en pièce dans un état de conscience extrêmement diminué et avec une fascination qui m'étonnait moi-même. Ses gestes de chirurgien, de contrôleur et de mécanicien me jetaient dans une torpeur bienheureuse dont je ne me réveillais qu'à son départ. Dans le soir qui tombait, nous nous promenions à bicyclette autour des étangs mélancoliques ou le long des layons des forêts de la Haute-Sarthe, entre les chevreuils et les sangliers, libres et sauvages comme nous. À mon retour, quand je rentrais de promenade, que je pénétrais dans le vestibule encombré de trophées de chasse et de râteliers chargés de fusils et que je m'apprêtais à gravir quatre à quatre l'escalier de pierre vers les deux salons bourrés de portraits de famille et de fauteuils en tapisserie, l'odeur de bois brûlé, de vieux cuir, de renfermé me prenait à la gorge. Je m'ennuyais beaucoup. J'étais très heureux – et je ne m'en doutais pas. Chez nous ! Chez nous ! Tout cela avait pris longtemps des allures d'éternité. Et tout cela était fini.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Dans tous les grands malheurs se glisse un peu de bonheur – et d’autant plus intense. Le bonheur, au contraire….., le bonheur s’use jusqu’à se détruire. Il faut attendre qu’il disparaisse pour comprendre qu’il était là. J’espère qu’on écrira un jour une histoire des sentiments, et d’abord du bonheur.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Le 26 juin, un peu avant midi, il m'est arrivé quelque chose que je n'oublierai plus : je suis mort. La vie est injuste. La mort aussi. J'ai eu de la chance. Tout s'est passé assez vite. Le coeur a lâché. J'aurais pu me blesser. Pas du tout. Je suis tombé d'un seul coup, sans la moindre égratignure, dans les bras de Marie, devant la Douane de Mer d'où la vue est si belle sur le palais des Doges et sur le haut campanile de San Giorgio Maggiore. J'avais essayé plus d'une fois de donner à l'un de mes livres le titre de La Douane de mer. On ne fait pas toujours ce qu'on veut. La Douane de mer s'est refusée à entrer dans ma vie. Elle est entrée dans ma mort.
Jean d'Ormesson — La Douane de mer -
Tant qu’il y aura des livres, des gens pour en écrire et des gens pour en lire, tout ne sera pas perdu dans ce monde qu’en dépit de ses tristesses et de ses horreurs nous avons tant aimé.
Jean d'Ormesson — Odeur du temps -
La littérature est faite pour ça : elle n'a jamais cessé de transformer des rêves en réalité, elle pourra bien, pour une fois, transformer un peu de notre vie réelle en fiction et en rêves.
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
Les Trois Mousquetaires sont l'oeuvre la plus fameuse des deux cent cinquante livres forgés par la plume de cet écrivain prolifique et de ses soixante-treize assistants. Dumas a travaillé avec le professeur d'histoire Auguste Maquet à qui l'on prête les prémices, voire le premier brouillon des Trois Mousquetaires. (...) La qualité durable des textes de Dumas réside dans la vitalité de ses personnages et dans sa maîtrise du roman-feuilleton, plein d'accroches et de suspense. Les Trois Mousquetaires sont le roman d'aventures par excellence.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants. »
Jean d'Ormesson -
Beaucoup de définitions ont été données du bourgeois. Il est réservé et il a des réserves. Il ne s'engage jamais tout entier. Il a plus d'intérêts que d'idéal. Il aime le confort et il est conformiste. Il est prudent, sûr de lui, parfois chafouin, affolé de culture, près de ses sous. Il se réclame d'un passé d'ailleurs plutôt récent, d'un art souvent moderne pour essayer de donner le change, de la tradition, de la beauté. Il tente toujours de passer pour audacieux, mais il craint l'avenir, les artistes et l'amour. Il est plus familier des banques et des assurance que de l'agriculture et de la pêche en haute mer. Tout tient en seul mot : l'argent.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Vivre est une occupation de tous les instants. Une expérience du plus vif intérêt. Une aventure unique. Le plus réussi des romans. Souvent un emmerdement. Trop souvent une souffrance. Parfois, pourquoi pas ? une chance et une grâce. Toujours une surprise et un étonnement à qui il arrive de se changer en stupeur.
Jean d'Ormesson — Un hosanna sans fin -
L'argent tombe sur le monde, comme une vérole sur le pauvre peuple, bien après la pensée, bien après l'émotion, le cri, le rire, la parole, et après l'écriture. Maintenant qu'il est là, et bien là, il est difficile de s'en passer. Sa suppression entraînerait des souffrances plus grandes que ses excès. Qu'on le veuille ou non, il est devenu une espèce de malédiction âprement recherchée. Poussons le bouchon un peu loin : il est la forme prise par le mal pour se faire adorer. L'argent, écrit Cioran, a ruiné le monde. Pendant des milliards d'années, il n'y a pas de mal dans l'univers. Le mal naît avec la pensée. Il prospère avec l'argent.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit