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La concordance des temps en français

En français, le choix d’un temps verbal ne dépend pas uniquement du sens que l’on veut exprimer. Les temps d’une même phrase doivent être cohérents entre eux : c’est ce qu’on appelle la concordance des temps.

Qu’est-ce que la concordance des temps ?

La concordance des temps est l’ensemble des règles qui régissent le choix du temps des verbes dans une phrase en fonction de la proposition principale et de la proposition subordonnée.

Elle repose sur trois éléments :

  • le temps du verbe de la principale (présent, passé, futur, conditionnel) ;
  • le rapport temporel entre les deux actions ;
  • le temps du verbe de la subordonnée, qui s’ajuste à celui de la principale.

L’action exprimée dans la subordonnée peut être :

  • antérieure (elle a lieu avant celle de la principale) ;
  • simultanée (elle a lieu en même temps) ;
  • postérieure (elle a lieu après).

Exemple :

Je remarque que la porte est ouverte.

Le verbe de la principale est au présent (remarque). La subordonnée exprime une action simultanée : le verbe est donc aussi au présent (est).

Il fit un pas de côté lorsque le bus s’approchait de lui.

Dans cet exemple, le verbe de la proposition principale est au passé simple (fit) pour exprimer une action courte et soudaine, quand le verbe de la proposition subordonnée est à l’imparfait (s’approchait) pour exprimer une action simultanée, en cours, qui dure.

Exemples de concordance des temps selon l’antériorité, la simultanéité et la postériorité

La concordance des temps repose sur la relation chronologique entre l’action de la proposition principale et celle de la proposition subordonnée. Selon que cette action est antérieure, simultanée ou postérieure, le choix du temps verbal dans la subordonnée varie.

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a) L’antériorité

On parle d’antériorité lorsque l’action exprimée dans la subordonnée a lieu avant celle de la principale.

Lorsque le verbe de la principale est au présent, l’antériorité s’exprime le plus souvent par le passé composé dans la subordonnée :

Je pense qu’elle a compris le problème.

Le fait de « comprendre » est déjà accompli au moment où l’on pense, d’où l’usage du passé composé.

Lorsque le verbe de la principale est au passé, l’antériorité s’exprime généralement par le plus-que-parfait :

Je pensais qu’elle avait compris le problème.

Le plus-que-parfait permet de marquer clairement que l’action est antérieure à un repère déjà situé dans le passé.

b) La simultanéité

La simultanéité correspond à des actions qui se déroulent au même moment.

Lorsque le verbe de la principale est au présent, la subordonnée est en général aussi au présent :

Je remarque que le train arrive en gare.

Les deux actions ont lieu en même temps.

Lorsque le verbe de la principale est au passé, la simultanéité s’exprime le plus souvent à l’imparfait dans la subordonnée :

Je remarquais que le train arrivait en gare.

L’imparfait est le temps de référence pour exprimer une action en cours ou habituelle dans le passé. Il est utilisé même si la principale est au passé composé ou au passé simple :

J’ai remarqué que le train arrivait en gare.
Je remarquai que le train arrivait en gare.

Le choix de l’imparfait permet de maintenir l’idée de simultanéité, indépendamment du temps précis de la principale.

c) La postériorité

La postériorité désigne une action qui se produit après celle de la principale.

Lorsque le verbe de la principale est au présent, la subordonnée se met généralement au futur simple :

Elle annonce qu’elle partira la semaine prochaine.

L’action de partir est postérieure au moment où l’on annonce.

Lorsque le verbe de la principale est au passé, la postériorité s’exprime par le conditionnel présent :

Elle annonçait qu’elle partirait la semaine suivante.

Tableau récapitulatif de la concordance des temps

Relation temporelle Temps de la principale Temps de la subordonnée Exemple
Antériorité Présent Passé composé Je pense qu’il a terminé son travail.
Présent Plus-que-parfait Je pense qu’il avait déjà terminé quand je suis arrivé.
Passé composé Plus-que-parfait J’ai pensé qu’il avait terminé son travail.
Imparfait Plus-que-parfait Je pensais qu’il avait terminé son travail.
Passé simple (litt.) Plus-que-parfait Je pensai qu’il avait terminé son travail.
Passé simple (litt.) Passé antérieur (litt.) Je sus qu’il eut terminé son discours.
Simultanéité Présent Présent Je vois que les enfants jouent dehors.
Présent Imparfait Je vois qu’il travaillait déjà depuis longtemps.
Imparfait Imparfait Je voyais que les enfants jouaient dehors.
Passé composé Imparfait J’ai vu que les enfants jouaient dehors.
Passé simple (litt.) Imparfait Je vis que les enfants jouaient dehors.
Passé simple (litt.) Présent de narration Je vis qu’il entre, regarde, puis sort.
Postériorité Présent Futur simple Elle affirme qu’elle partira demain.
Présent Futur antérieur Il annonce qu’il aura terminé avant midi.
Passé composé Conditionnel présent Elle a affirmé qu’elle partirait le lendemain.
Imparfait Conditionnel présent Elle affirmait qu’elle partirait le lendemain.
Passé simple (litt.) Conditionnel présent Elle affirma qu’elle partirait le lendemain.
Passé Conditionnel passé Il pensait qu’il aurait terminé avant la nuit.

d) La concordance des temps au subjonctif

Le subjonctif est un mode principalement utilisé dans les propositions subordonnées. Son emploi dépend donc directement du verbe de la proposition principale.

En français contemporain, la concordance des temps au subjonctif est simplifiée. Dans l’usage courant, seuls deux temps sont réellement employés :

  • le subjonctif présent ;
  • le subjonctif passé.

Les autres temps du subjonctif (imparfait et plus-que-parfait) sont devenus rares et sont réservés à un registre littéraire ou très soutenu.

Subjonctif présent : simultanéité et postériorité

Le subjonctif présent est utilisé pour exprimer une action simultanée ou postérieure à celle de la principale, même lorsque la principale est au passé.

Exemples :

  • Je souhaite qu’il comprenne la situation.
  • Je souhaitais qu’il comprenne la situation.

Dans une concordance strictement classique, on attendrait un subjonctif imparfait dans le second exemple (Je souhaitais qu’il comprît la situation). Cependant, cet usage n’est plus courant aujourd’hui.

Subjonctif passé : antériorité

Le subjonctif passé est utilisé lorsque l’action de la subordonnée est antérieure à celle de la principale.

Exemples :

  • Je regrette qu’elle soit partie si tôt.
  • Je regrettais qu’elle soit partie si tôt.

Le subjonctif passé reste pleinement productif en français moderne et constitue le principal marqueur de l’antériorité au subjonctif.

Tableau récapitulatif de la concordance des temps au subjonctif

Relation temporelle Temps de la principale Temps du subjonctif Usage Exemple
Simultanéité Présent Subjonctif présent Courant Je souhaite qu’il réussisse.
Simultanéité Passé Subjonctif présent Courant Je souhaitais qu’il réussisse.
Simultanéité Passé Subjonctif imparfait Littéraire Je souhaitais qu’il réussît.
Postériorité Présent Subjonctif présent Courant J’attends qu’elle revienne.
Postériorité Passé Subjonctif présent Courant J’attendais qu’elle revienne.
Postériorité Passé Subjonctif imparfait Littéraire J’attendais qu’elle revînt.
Antériorité Présent Subjonctif passé Courant Je regrette qu’il ait menti.
Antériorité Passé Subjonctif passé Courant Je regrettais qu’il ait menti.
Antériorité Passé Subjonctif plus-que-parfait Littéraire Je regrettais qu’il eût menti.

e) La concordance des temps pour une hypothèse et une condition

La concordance des temps intervient également dans les phrases exprimant l’hypothèse ou la condition. En français, ces constructions reposent sur des propositions subordonnées introduites par si, qui obéissent à des règles strictes de concordance.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le conditionnel n’est jamais employé après si. Il apparaît uniquement dans la proposition principale. C’est l’erreur classique dans le Petit Gibus : « Si j’aurais su, j’aurais pas venu ! »

Hypothèse réelle ou possible

Lorsque l’hypothèse est considérée comme réalisable ou probable, on utilise le présent de l’indicatif dans la subordonnée introduite par si :

si + présent → présent / futur / impératif

Exemples :

  • Si tu as besoin d’aide, je viens.
  • Si nous finissons tôt, nous partirons ensemble.
  • Si tu veux, appelle-moi.

Hypothèse irréelle ou peu probable dans le présent

Lorsque l’hypothèse porte sur une situation peu probable, on emploie l’imparfait dans la subordonnée.

si + imparfait → conditionnel présent

Exemple :

  • Si j’avais plus de temps, je voyagerais davantage.

L’imparfait ne renvoie pas ici à un passé réel, mais sert à marquer l’irréalité ou la distance par rapport au présent.

Hypothèse irréalisable dans le passé

Lorsque l’hypothèse concerne un fait passé qui ne peut plus être modifié, la concordance des temps est la suivante :

si + plus-que-parfait → conditionnel passé

Exemple :

  • Si elle avait révisé, elle aurait réussi l’examen.

Cette construction permet d’exprimer un regret, un reproche ou une conséquence qui n’a pas eu lieu.

Tableau récapitulatif

Type d’hypothèse Degré de réalité Temps dans la subordonnée (si) Temps dans la principale Exemple
Hypothèse réelle / possible Réalisable, ouverte Présent de l’indicatif Présent Si tu viens, je t’attends.
Futur simple Si tu viens, je t’appellerai.
Impératif Si tu viens, préviens-moi.
Hypothèse irréelle du présent Peu probable ou contraire au réel Imparfait Conditionnel présent Si j’avais le choix, je partirais.
Hypothèse irréalisable du passé Impossible à réaliser Plus-que-parfait Conditionnel passé Si nous avions su, nous aurions agi autrement.
Hypothèse mixte Cause passée, conséquence présente Plus-que-parfait Conditionnel présent Si elle avait écouté, elle saurait quoi faire aujourd’hui.

Exceptions à la concordance des temps

La concordance des temps n’est pas toujours obligatoire. Dans certains cas, la subordonnée conserve son temps « logique », même si la principale est au passé.

a) Vérités générales et faits intemporels

Lorsqu’une subordonnée exprime une vérité considérée comme universelle, le présent est maintenu.

Exemples :

  • Il a expliqué que l’eau bout à 100 °C.
  • Le professeur rappelait que la Terre tourne autour du Soleil.

b) Point de vue du locuteur au moment de la parole

Lorsque le locuteur réaffirme une information par rapport au moment où il parle, la subordonnée peut rester au présent ou au futur. Dans ces cas, le locuteur ne se contente pas de rapporter des propos : il en confirme la validité.

Exemples :

  • Nous pensions que vous êtes prêt pour cet examen.
  • Il m’a assuré que la réunion aura lieu demain.

Français Avec Marcel

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Nicolas Le Roux

Nicolas Le Roux

Nicolas est le fondateur du site. Diplômé de Sciences Po Paris en 2014, il est passionné par les langues et la littérature. Il a rédigé plusieurs centaines d'articles sur les difficultés de l'orthographe française depuis 2015. Il rédige également des guides de grammaire, des articles sur les expressions francophones ainsi que des critiques littéraires.

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