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Tocsin

Variantes Singulier Pluriel
Masculin tocsin tocsins

Définitions de « tocsin »

Trésor de la Langue Française informatisé

TOCSIN, subst. masc.

A. −
1. Sonnerie de cloche à coups répétés et prolongés pour donner l'alarme en cas d'alerte, de catastrophe naturelle, d'incendie, de mobilisation générale, etc. Le glas, le son du tocsin; le tocsin ameute, sonne; entendre le tocsin. Cette ville d'Angers, une véritable ville de cloches et de sonneries, bourdonnait à plus d'une lieue. Le tocsin se répandait tout le long de la Loire sur les deux rives (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 240).Le tocsin est aujourd'hui remplacé par un mugissement de sirène (Davau-Cohen1972).
Sonner le tocsin, loc. verb. [Le suj. désigne une cloche] Faire entendre cette sonnerie, ce signal. Des cloches qui sonnent le tocsin de la patrie en danger (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 159).[Le suj. désigne une pers.] Donner l'alarme de cette façon. On prétend qu'on a sonné le tocsin, arboré le bonnet rouge sur l'une des tours et essayé de mettre le feu à l'église (M. de Guérin, Corresp., 1832, p. 49).
P. métaph. La vessie joue un certain rôle chez ces messieurs et c'est elle qui, parfois, bien avant l'estomac ou les jointures, sonne le tocsin d'alarme (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 227).
2. P. méton. Cloche destinée à sonner le tocsin. Le tocsin est bien placé dans cette tour (Ac.). Avant minuit, le 9 août, les quarante-huit tocsins des sections de Paris commencèrent à se faire entendre, et toute la nuit ce son monotone, lugubre et rapide, ne cessa pas un instant (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 386).
3. P. anal. Alarme sonore assurée par des coups de feu, une sirène, etc. J'ai couru à ma fenêtre: une grande lueur inégale et rouge éclairait tragiquement les hauts arbres; ces coups de feu étaient un tocsin d'incendie (Gide, Journal, 1914, p. 403).Comme les villes menacées d'Espagne jadis s'ébranlaient sous les cloches de toutes leurs églises, le prolétariat de Barcelone répondait aux salves par le tocsin haletant des sirènes d'usine (Malraux, Espoir, 1937, p. 448).
B. − Au fig.
1. Vieilli
a) Actes, écrits, paroles qui excitent à la révolte, au soulèvement. La propriété, c'est le vol! Voici le tocsin de 93! Voici le branle-bas des révolutions!... (Proudhon, Propriété, 1840, p. 132).
b) Sonner le tocsin, loc. verb. Dénoncer un danger; alerter, ameuter contre quelque chose ou quelqu'un. [Chateaubriand] sonnait le tocsin contre tout ce qui s'est fait ou tenté alors de bon et de raisonnable (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 417).Le numéro de L'Éclair (22 juin) où Henri Massis croit devoir sonner le tocsin au sujet des Caves (Gide, Journal, 1914, p. 436).
2. Littér. Battement pathologique, tintement qui se manifeste de façon intolérable. Il s'étonnait, malgré tout, de souffrir si peu. N'eût été ce tocsin qui, de seconde en seconde, lui martelait le cerveau (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 581).Des détonations se succédaient dans sa tête, des tocsins à le mettre en miettes (Morand, Homme pressé, 1941, p. 303).
REM. 1.
Tocsinner, verbe trans.,rare. Faire savoir en sonnant le tocsin. Je suis celui qui vaticine ce que les tours tocsinnent (Verhaeren, Villes tentac., 1895, p. 73).
2.
Mot-tocsin, subst. masc.,hapax. Il faut écrire pour rendre compte des voix secrètes, hennissements, jurons, proclamations. Ne rien en perdre. Isaac Babel enregistrait la Russie blessée comme il aurait écouté la mer dans un coquillage. (...) Comme Maïakovski, il connaissait la force des mots-tocsins qui restituent la turbulence du monde dans sa forme la plus essentielle (Le Nouvel Observateur, 17 juill. 1972, p. 39, col. 1).
Prononc. et Orth.: [tɔksε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1379 touquesain (Lettre de rémission ds Du Cange t. 8, p. 138c); 1543 faire sonner le tocquesainct (Reg. BB 22, fo188, A. Angers ds Gdf. Compl.); 2. 1611 toquesing « cloche destinée à sonner le tocsin » (Cotgr.); 3. 1688 fig. sonner le tocsin « exciter, enflammer les passions » (Bossuet, Var. déf. 1erdisc., 14 ds Littré). Empr. à l'a. prov.tocasenh (déb. xives., Hist. Nîmes, III, preuves, p. 33a; Forestié, Hugues de Cardaillac, p. 71 ds Levy) comp. du verbe tocar « frapper, sonner » et de senh « cloche », du lat. signum, empl. en lat. chrét. pour désigner la cloche. Fréq. abs. littér.: 233. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 274, b) 611; xxes.: a) 374, b) 204. Bbg. Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 300 (s.v. tocsiner). − Seguin (J.-P.). Lexicogr. et conformisme en 1798. La Licorne 1978, no2, p. 101.

Wiktionnaire

Nom commun - français

tocsin \tɔk.sɛ̃\ masculin

  1. Tintement d’une cloche à coups pressés et redoublés pour donner l’alarme, pour avertir du feu, etc.
    • Le tocsin sonnait aux églises; les bourgeois sortaient armés, et se battaient bravement contre les Savoyards. — (Julie de Querangal, Philippe de Morvelle, Revue des Deux Mondes, T. 2, 4, 1833)
    • Le dernier article que j'écrivis pour la France, le 2 août, était intitulé Le Tocsin. C'est par ce son d'alarme que nous avions appris, la veille, vers cinq heures, la mobilisation générale. — (Remy de Gourmont, Pendant l'Orage, Mercure de France, 1915, page 23)
    • Il y en avait de grêles, d’argentines, de fêlées, mais toutes sonnaient le tocsin à pleines volées. [...]
      - La guerre est déclarée, dis-je.
      — (Pierre Mac Orlan, Les Poissons morts, Payot & Cie, Paris, 1917)
    • À Saint-Jacques-du-Haut-Pas, à cinquante mètres dans le ciel, le tocsin sonna. Ton glas, jeunesse ! — (Jean Guéhenno, Journal d’un homme de 40 ans, Grasset, 1934, réédition Le Livre de Poche, page 138)
    • (Figuré) En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. — (Nicolas de Chamfort, Maximes et pensées)
  2. (Par extension) Cloche destinée à sonner le tocsin.
    • Le tocsin est bien placé dans cette tour.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TOCSIN. n. m.
Tintement d'une cloche à coups pressés et redoublés pour donner l'alarme, pour avertir du feu, etc. Dès que l'ennemi parut, on sonna le tocsin. Sitôt qu'on sonna le tocsin, les habitants accoururent pour éteindre le feu. Les factieux sonnèrent le tocsin pour ameuter le peuple. Dans quelques villes, Cloche du tocsin ou simplement Tocsin, Cloche destinée à sonner le tocsin. Le tocsin est bien placé dans cette tour.

Littré (1872-1877)

TOCSIN (tok-sin) s. m.
  • 1Bruit d'une cloche qu'on tinte à coups pressés et redoublés, pour donner l'alarme. J'entends sonner le tocsin. Le bruit du tocsin. Je ne conçois pas comment on n'a point sonné le tocsin contre eux [les commis des fermes] dans tous les villages, et comment on ne les a pas exterminés, Voltaire, Lett. Mme de St-Julien, 14 déc. 1775.

    Fig. Cet arrêt [prononcé par la nation soulevée contre les juges d'Arras] est leur seul châtiment ; c'est un tocsin général qui éveille la justice endormie, Voltaire, Pol. et lég. Méprise d'Arras. En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin, Chamfort, Maximes et pensées, VIII.

    Fig. Sonner le tocsin, donner l'alarme.

    Fig. Sonner le tocsin, signifie aussi exciter un soulèvement, exciter, enflammer les passions. Le même Jurieu, qui a condamné les guerres civiles comme contraires à l'esprit du christianisme, sonne maintenant le tocsin, et n'oublie rien pour montrer que ces guerres sont légitimes, Bossuet, Var. déf. 1er disc. 14. Vous verrez aussitôt le peuple féminin S'élever à grands cris et sonner le tocsin, La Chaussée, Préj. à la mode, IV, 14.

    Sonner le tocsin contre, sur quelqu'un, exciter contre lui le public. Ces titres ne coûtent rien aux réformés, pourvu qu'on ait sonné le tocsin contre Rome, Bossuet, Var. 44. Autant que les anabaptistes méritaient qu'on sonnât le tocsin sur eux de tous les coins de l'Europe…, Voltaire, Mœurs, 133. Les sermons, ou plutôt les tocsins qu'on sonne à Versailles contre nous en présence du roi, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 11 janv. 1758. Voilà les cuistres de l'université qui viennent de sonner un nouveau tocsin, D'Alembert, ib. 26 déc. 1771.

  • 2Dans quelques villes, la cloche du tocsin, ou, simplement, le tocsin, la cloche destinée à sonner le tocsin. Le tocsin est placé dans cette tour.

HISTORIQUE

XIVe s. Bientost en oyrent nouvelles par le touquesaint de ladite ville, qui est accoutumé de sonner par la guette d'icelle ville, quant nos annemis y survainent, Du Cange, touquassen.

XVIe s. Ils avoient sonné le toxsainct, Carloix, III, 12. Les ungs vindrent aux clochers pour battre le tocsainct, Carloix, VIII, 12. On dit sonner le tocsin… mais il vaut mieux escrire toquesin ; et encore, si en adjoutant un g, on escrit toquesing, on approchera plus près de l'étymologie ; car c'est un mot gascon, composé de toquer, au lieu de ce que nous disons toucher ou frapper, et de sing qui signifie cloche, et principalement une grosse cloche, comme voulentiers en effroy on sonne la plus grosse, H. Estienne, Précellence, p. 186.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TOCSIN. Ajoutez :
3 Fig. Satire à couplets. Il [Law] entendit alors résonner dans l'air les notes menaçantes de ce tocsin : Français, la bravoure vous manque… Pendre Law avec le Régent Et vous emparer de la Banque, C'est l'affaire d'un moment, H. Babou, Journ. offic. 7 avr. 1875, p. 2518, 1re col.
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Étymologie de « tocsin »

De toc et de *sin, seing (→ voir blanc-seing et contreseing), venant du latin signum (« signal ») → voir sino « cloche » en portugais.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Toquer, et le lat. signum, pris, au moyen âge, dans le sens de cloche.

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Phonétique du mot « tocsin »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tocsin tɔksɛ̃

Fréquence d'apparition du mot « tocsin » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tocsin »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tocsin »

  • En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin.
    Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort — Maximes et pensées
  • Quand l’appel urgent du tocsin, réveille les cœurs interdits
    Radio Notre Dame — « Tocsin », l’ôde de Marie-Noëlle Tranchant à Notre-Dame de Paris – Radio Notre Dame
  • C’est un acteur indispensable au bon fonctionnement de toute démocratie qui se respecte. L’anglais l’appelle «whistleblower», «celui qui souffle dans son sifflet», en référence à l’agent de police. Le néerlandais préfère le mot «klokkenluider», «sonneur de cloche», évocation du tocsin qui, il n’y a pas si longtemps encore, prévenait les villageois d’un danger ou d’une catastrophe. Le français, quant à lui, parle plus prosaïquement de «lanceur d’alerte». Dans un monde qui semble s’appliquer à ne pas vouloir tirer de leçons de son histoire, l’expression a le...
    Quand sonne le tocsin. Par Vincent Zanetti
  • En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin.
    Chamfort — Maximes et pensées, caractères et anecdotes
  • Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits.
    Olympe de Gouges
  • La tradition instaurée l’an dernier au sein du centre de secours d’Orthez est à nouveau respectée ce vendredi matin. Le lieutenant Jean-Michel Laborde, adjoint du chef de centre, a gravi la grande échelle pour gagner le sommet de l’hôtel de ville. Peu après 11 heures, le pompier professionnel a ainsi sonné le tocsin. "C’est un joli symbole car c’est le tocsin qui appelait autrefois les pompiers", explique le capitaine Bernard Leugé.
    SudOuest.fr — VIDEO : pour sa dernière mission à Orthez, un pompier sonne le tocsin de la mairie
  • Anton Voyl n’arrivait pas à dormir. Il alluma. Son Jaz marquait minuit vingt. Il poussa un profond soupir, s’assit dans son lit, s’appuyant sur son polochon. Il prit un roman, il l’ouvrit, il lut; mais il n’y saisissait qu’un imbroglio confus, il butait à tout instant sur un mot dont il ignorait la signification.Il abandonna son roman sur son lit. Il alla à son lavabo; il mouilla un gant qu’il passa sur son front, sur son cou.Son pouls battait trop fort. Il avait chaud. Il ouvrit son vasistas, scruta la nuit. Il faisait doux. Un bruit indistinct montait du faubourg. Un carillon, plus lourd qu’un glas, plus sourd qu’un tocsin, plus profond qu’un bourdon, non loin, sonna trois coups. Du canal Saint-Martin, un clapotis plaintif signalait un chaland qui passait.Sur l’abattant du vasistas, un animal au thorax indigo, à l’aiguillon safran, ni un cafard, ni un charançon, mais plutôt un artison, s’avançait, traînant un brin d’alfa. Il s’approcha, voulant l’aplatir d’un coup vif, mais l’animal prit son vol, disparaissant dans la nuit avant qu’il ait pu l’assaillir.
    Georges Perec — La Disparition

Traductions du mot « tocsin »

Langue Traduction
Anglais tocsin
Espagnol campana de alarma
Italien campana d'allarme
Allemand tocsin
Chinois 托辛
Arabe ناقوس الخطر
Portugais tocsin
Russe набат
Japonais tocsin
Basque tocsin
Corse tocsin
Source : Google Translate API

Combien de points fait le mot tocsin au Scrabble ?

Nombre de points du mot tocsin au scrabble : 8 points

Tocsin

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