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Survivre

Définitions de « survivre »

Trésor de la Langue Française informatisé

SURVIVRE, verbe

I. − Empl. trans. indir. Survivre à
A. − [Le suj. désigne un animé]
1. Qqn survit à qqn.Vivre au delà de la mort de quelqu'un. Survivre à son époux, à tous ses amis. Il y a aujourd'hui vingt ans que mon frère est mort, aujourd'hui vingt longues années que je lui ai survécu (Goncourt, Journal, 1890, p. 1192).
[Le compl. désigne la génération ou l'époque à laquelle appartenait la pers. dont il est question] Quand on a rencontré comme moi Washington et Bonaparte, que reste-t-il à regarder derrière la charrue du Cincinnatus américain et la tombe de Sainte-Hélène? Pourquoi ai-je survécu au siècle et aux hommes à qui j'appartenais par la date de ma vie? (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 680).Je viens de voir l'image du vieil homme de lettres qui a survécu à la génération dont il fut le brillant amuseur, du vieux poète sans amis, sans famille, sans enfants (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 74).
2. Qqn survit à qqc.[Le compl. désigne une cause considérée comme pouvant entraîner ou réclamer la mort] Rester en vie dans des circonstances où d'autres périssent après des événements rendant la vie insupportable. Synon. réchapper de.Survivre à ses blessures, au déshonneur, à l'humiliation. Je me brûlerai la cervelle plutôt que de survivre à cette honte (Maupass., Une Vie, 1883, p. 219).Votre camarade, si même il a survécu à la chute, n'a pas survécu à la nuit (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 161).
B. − [Le suj. désigne un inanimé]
1. Qqc. survit à qqn.Continuer d'exister après la disparition de la personne qui est à l'origine de la chose dont il est question. Cependant Jocelyn, épisode de poésie intime, va paraître dans peu de jours (...). Je veux que cela me survive un demi-siècle (Lamart., Corresp., 1836, p. 177).
2. Qqc. survit à qqc.
a) Continuer d'exister après la cessation des circonstances qui ont produit la chose dont il est question. Ainsi l'anxiété survit au cauchemar, présence invisible, inexplicable (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 150).
b) Continuer d'exister en dépit de causes de disparition. Le cœur ainsi blessé connoît toutes les délicatesses des sentiments; sa tendresse s'accroît dans les larmes et survit aux désirs satisfaits (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 150).En fait le principe de l'existence de juridictions administratives distinctes des tribunaux judiciaires est solidement établi depuis plus d'un siècle et demi et a survécu à tous les bouleversements constitutionnels (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 564).
II. − Empl. intrans.
A. − [Le suj. désigne un animé]
1.
a) Lang. jur. Être en vie après la mort de quelqu'un. Si la clause n'établit le forfait qu'à l'égard des héritiers de l'époux, celui-ci, dans le cas où il survit, a droit au partage légal par moitié (Code civil, 1804, art. 523, p. 281).
b) Rester en vie dans des circonstances où d'autres périssent. Le 9 thermidor arrive (...): on a soif de plaisir; les soirées de l'hôtel Thélusson, du pavillon d'Hanovre, les bals de Richelieu, de Frascati, rassemblent tous ceux qui survivent, et dont le premier besoin paraît être de danser sur des ruines (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 22):
1. Avec le concours de bon nombre d'officiels et d'une masse de délateurs (...), 60 000 personnes [en France] avaient été exécutées, plus de 200 000 déportées dont à peine 50 000 survivraient. De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 107.
2.
a) Rester en vie au delà d'un terme où la mort est probable. Le blessé n'a survécu que quelques heures. Moi aussi, j'avais les fièvres, je les avais rapportées du Tonkin. Mais j'ai survécu; je ne me serais pas cru si robuste (Arland, Ordre, 1929, p. 497).
b) [Le suj. désigne un être ou un organisme vivant] Continuer de vivre, ne pas mourir. Les animaux vivent sans elles [les carotides], au moins pendant un certain temps. J'ai conservé en cet état, et durant plusieurs jours, des chiens (...): deux cependant n'ont pu survivre que six heures (Bichat, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 261).
P. anal. Mener une existence précaire, comme réduite aux seules fonctions biologiques. Synon. végéter.Je ne vais pas très bien. Je me sens même très fatigué. Je m'abandonne. Rien ne me dit. Je suis d'une indifférence crevée. L'impression croissante de survivre est insupportable. Il me semble que je ne suis qu'à la surface (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1914, p. 439).
c) [Le suj. désigne une espèce, une collectivité] Se maintenir en vie en luttant contre un environnement naturel difficile. Lorsque surviennent de telles calamités [la sécheresse, les épidémies], il faut pour survivre avoir recours aux méthodes plus humbles utilisées par les primitifs pour se procurer leur nourriture (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 34).Dans des conditions de vie imposées, la tribu [des Iks] perd peu à peu les liens avec la nature qui donnaient sens à sa vie, et à sa mort. Elle survit, au niveau le plus bas (Le Monde, 21 sept. 1989, p. 35, col. 1).
Au fig. Résister au déclin. Des nouvelles de France, lettres, revues, toutes disant la même volonté de survivre, de remonter l'horrible pente qui part de 1918 pour aboutir à 1940 (Green, Journal, 1941, p. 59).
3. P. anal. ou au fig.
a) [Dans certaines croyances relig.] Continuer d'avoir une existence personnelle après la mort. Les Pharaons veulent vivre coûte que coûte, de gré ou de force (et non survivre), vivre comme ils vivaient sur terre (Cocteau, Maalesh, 1949, p. 94).
b) Continuer d'exister dans la mémoire collective d'une communauté, après sa mort. Je trouve encore très fort aujourd'hui que les Goncourt aient eu l'idée de survivre grâce à une Académie comme il n'y en a pas deux (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 97).
B. − [Le suj. désigne un inanimé]
1. Durer au delà du terme normal, au delà des circonstances qui ont fait naître. Synon. subsister.Tant que survit une rougeur On l'entend [une voix] soupirer encore: Elle s'éteint et s'évapore Avec la dernière lueur (M. de Guérin, Poés., 1839, p. 55).Il n'y avait plus en elle pour son mari que de la cendre d'affection. Pourtant les appellations caressantes, comme cela arrive souvent, avaient survécu (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 889).
Survivre dans.Dans l'amour ainsi, survivent, se réfugient des sentiments anciens venus de l'enfance, et dont la fraîcheur vous saisit tout à coup (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 270).
2.
a) Se perpétuer dans le temps. Elle seule [la beauté] survit, immuable, éternelle. La mort peut disperser les univers tremblants, Mais la beauté flamboie, et tout renaît en elle, Et les mondes encor roulent sous ses pieds blancs (Leconte de Lisle, Poèmes ant., 1852, p. 7).
b) Se maintenir à travers les époques, sous une forme affaiblie ou marginale. Royauté et aristocratie sont deux choses qui survivent; elles ne vivent pas: l'idée démocratique creuse (...): quand la galerie souterraine sera finie, la fougasse chargée, l'étincelle mise à la poudre, les remparts voleront en l'air, et les peuples entreront par les brèches des murs écroulés (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 250).Au reste, l'administration des notables n'a, malheureusement, pas totalement disparu. Elle survit en quelques endroits (Guéhenno, Journal « Révol. », 1937, p. 73).
III. − Empl. pronom.
A. − [Le suj. est un subst. de l'animé]
1.
a) Prolonger son existence au delà d'un terme où la vie est considérée comme achevée. Ce modèle des époux et des pères, persuadé que la mort alloit saisir sa proie, vouloit encore se survivre pour veiller sur sa femme et sur son fils (Fiévée, Dot Suzette, 1798, p. 35).
Se survivre à soi-même.Nous voyons beaucoup de gens qui se survivent à eux-mêmes et se trouvent au milieu de la nouvelle France comme des hommes fossiles, débris d'un vieux monde impossible à reconstruire (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1842, p. 43).[Les vieillards] se contentent de sortir, de manger, de lire les journaux, ils se survivent à eux-mêmes (Proust, Fugit., 1922, p. 635).
b) Continuer à vivre en ayant perdu ses raisons de vivre, ses capacités créatrices. Si, jusque-là, la peur de la lente déchéance l'avait dévoré, ce n'était qu'un doute; et, maintenant, il avait une brusque certitude, il se survivait, son talent était mort, jamais plus il n'enfanterait des œuvres vivantes (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 316).À présent, je vais faire comme Anny, je vais me survivre. Manger, dormir. Dormir, manger. Exister lentement, doucement (Sartre, Nausée, 1938, p. 198).
Se survivre à soi-même.Comme les hommes de talent finissent de bonne heure! Les uns meurent jeunes, comme Byron; les autres se survivent à eux-mêmes et ont la douleur de se sentir éteints avant de finir (J.-J. Ampère, Corresp., 1825, p. 331).
2. Au fig. Se survivre en/dans qqn.Perpétuer la mémoire de son nom, ses idées par l'intermédiaire de quelqu'un. Je me survivrai en vous, mes disciples fidèles. Mes vérités sont de l'ordre de celles qui ne périssent pas (Renan, Drames philos., Eau jouvence, 1881, iv, 1, p. 486):
2. Qu'est-ce donc se continuer? sinon se prolonger, se survivre dans les siens, aux mêmes lieux, par les mêmes moyens, pour les mêmes buts? Où mieux assurer cette survie que sur le bien paternel? Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 128.
B. − [Le suj. est un subst. de l'inanimé]
1. Prolonger son existence au delà du terme où normalement le processus s'achève. Le sort des grandes offensives se règle très vite. Dans les trois ou quatre jours, ou elles réussissent, ou elles ratent (...). Celle-ci dure depuis le 21. Elle a largement dépassé la semaine. Donc elle se survit. Ce sont les derniers remous (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 102).
2. Continuer d'exister sous une forme affaiblie ou marginale. Michel-Ange mort, que fait cette misérable architecture qui se survivait à elle-même à l'état de spectre et d'ombre? (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 220).Le judaïsme vit, malgré tant de crises qui semblaient devoir, selon les prévisions humaines, avoir raison de lui. Il se survit, disent détracteurs ou sceptiques. Il s'est montré, en tout cas, capable de multiples renaissances (Weill, Judaïsme, 1931, p. 195).
Prononc. et Orth.: [syʀvi:vʀ ̥], (il) survit [-vi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « vivre plus tard que » (Roland, éd. J. Bédier, 2616: Ço est l'amiraill, le viel d'antiquitet, Tut survesquiest e Virgilie e Omer); 1160-74 sorvivre (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1967), rarement empl. trans. dep. le xviiies., v. Ac. 1718; 1290 part. prés. subst. sourvivant (Cart. de Cysoing, p. 254 ds Gdf. Compl.); 2. 1580 fig. survivre à « subsister après la perte de » (Montaigne, Essais, II, 8, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 400); 3. 1694 (Ac.: Survivre à soy-mesme [...] Perdre avant la mort l'usage des facultez de la vie); 1718 se survivre (Ac.). Dér. de vivre* verbe; préf. sur-*. Cf. le lat. supervivere « survivre », dér. de vivere (vivre*), préf. super- marquant la supériorité. Fréq. abs. littér.: 1 473. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 236, b) 1 822,; xxes.: a) 1 773, b) 2 305.

Wiktionnaire

Verbe - français

survivre \syʁ.vivʁ\ transitif indirect 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se survivre)

  1. Ne pas mourir lors d’un évènement qui aurait pu être mortel.
    • Trois furent trachéotomisées, et ne purent jamais être décanulées ; deux d'entre elles ont survécu des années, mais l'une est morte huit mois plus tard dans des conditions que je n'ai pu préciser. — (Lyon chirurgical, vol. 42, Société de Chirurgie de Lyon, 1947, page 121)
    • Cependant, la croissance de L. pneumophila a été récemment décrite par nécrotrophie sur des bactéries, des amibes ou des biofilms tués par la chaleur, suggérant que L. pneumophila pourrait survivre et se répliquer extracellulairement en présence de bactéries mortes présentes par exemple au sein des biofilms ou dans les systèmes d'eau chauffée. — (Maëlle Molmeret, « Réplication intracellulaire de Legionella », dans Legionella, coordonné par Sophie Jarraud et Jean Freney, Éditions Tec & Doc, 2011, 2e éd. : 2012, p. 98)
  2. Demeurer en vie après une autre personne.
    • « Polonius, disait une inconsolée, tu es meilleur que je ne suis : tu ne m’aurais pas survécu, je te survis. » — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 28.)
    • Il épousa ensuite sa demi-nièce, plus jeune que lui de vingt-trois ans, Klara Pôlzl avec qui il eut six enfants dont deux seulement survécurent, Adolf et sa sœur Paula. — (Philippe Sers, Totalitarisme et avant-gardes: au seuil de la transcendance, Les Belles Lettres, 2001, page 71)
  3. (Par extension) (Figuré) Vivre encore après la perte de ce qui était important dans sa vie.
    • Survivre à son honneur, à sa réputation, à sa fortune, à ses espérances.
    • Survivre à la ruine de sa patrie, etc.
    • Survivre à soi-même, se survivre : Perdre avant la mort l’usage des facultés naturelles, comme la mémoire, l’ouïe, la vue, la raison ; se dit particulièrement de ceux qui tombent en enfance.
  4. (Archaïsme) Demeurer en vie après quelqu’un[1]. (Emploi transitif valide jusqu’au XVIIe siècle)
  5. (Intransitif) (Figuré) Perdurer.
    • À Panama tout est pittoresque et imprévu et les traditions espagnoles ont survécu malgré le contact américain. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Les généraux renégats sont les représentants d’une classe qui, pour survivre en tant que telle, a renoncé à la nation chilienne et est sciemment devenue l’alliée de l’impérialisme nord-américain. — (Armando Uribe, Le Livre noir de l’intervention américaine au Chili, traduction de Karine Berriot & Françoise Campo, Seuil, 1974)
    • En outre, fortement enracinée dans le folklore romain, la fête des Lupercales survécut à l’implantation du christianisme et fut assimilée par l’Église à la fête de la purification de la Vierge ou Chandeleur. — (Mireille Demaules, Picous ou l’enigme d’un nom dans la Folie de Berne, dans Par les mots et les textes : mélanges [] offerts à Claude Thomasset, Presses Paris Sorbonne, 2005, page 201)
    • Pas simple en effet, face à l’invasion, ces dernières années, d'une armada de jeunes pousses à la lippe humide, de survivre télévisuellement quand, soi-même, on a fondé une grosse partie de son talent sur son capital érotique. — (Thierry Ardisson, Tout le monde en a parlé, Éditions Flammarion, 2012)
  6. (Pronominal) Laisser après soi quelque chose ou quelqu’un qui perpétue le souvenir du nom qu’on portait, des qualités, des talents qu’on possédait.
    • Se survivre dans ses enfants, dans ses ouvrages.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SURVIVRE. (Il se conjugue comme VIVRE.) v. intr.
Demeurer en vie après une autre personne. C'est l'ordre de la nature que les enfants survivent à leurs parents. Il survécut à ses enfants. Quelle tristesse de survivre à ceux qu'on a le plus aimés! Fig., Survivre à son honneur, à sa réputation, à sa fortune, à ses espérances, Vivre encore après la perte de son honneur, de sa réputation, de sa fortune, etc. On dit de même : Survivre à la ruine de sa patrie, etc. Survivre à soi-même, se survivre à soi-même, Perdre avant la mort l'usage des facultés naturelles, comme la mémoire, l'ouïe, la vue, la raison; il se dit particulièrement de Ceux qui tombent en enfance. Se survivre dans ses enfants, dans ses ouvrages, Laisser après soi des enfants, des ouvrages qui perpétuent le souvenir du nom qu'on portait, des qualités, des talents qu'on possédait.

Littré (1872-1877)

SURVIVRE (sur-vi-vr') v. n.

Il se conjugue comme vivre.

  • 1Demeurer en vie après quelque personne ou quelque chose. Et, si la vérité se peut dire sans crime, C'est avecque plaisir qu'on survit à sa mort [d'un mauvais roi], Malherbe, II, 1. Heureux l'homme qu'un doux hymen unira avec elle ! il n'aura à craindre que de la perdre et de lui survivre, Fénelon, Tél. XXII. Charles IX ne survécut pas longtemps à ces horreurs [Saint-Barthélemy], Voltaire, Hist. parl. XXVIII. Mme de Maintenon survécut quatre ans au roi, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 275, dans POUGENS.

    Activement (cas auquel il a pour complément un nom de personne). Il a survécu tous ses enfants, Vaugelas, Q. C. 430. Je plains bien moins les morts que ceux qui les survivent, Mairet, Soliman, v, 11. On ne peut avoir, en servant ces sortes de malades [les pestiférés] que la malheureuse consolation de les voir mourir, ou la triste espérance de les survivre de quelques jours, Fléchier, Duch. de Mont. La Vauguyon ne la survécut [sa femme] que d'un mois, Saint-Simon, 14, 164.

  • 2 Fig. Vivre après la perte de quelque chose de précieux. Il n'est point permis de dire : survivre sa gloire, survivre sa réputation ; il faut dire toujours : survivre à sa gloire, à sa réputation, Acad. Observ. sur Vaugel. p. 182, dans POUGENS. La Providence a voulu que la reine survécût à ses grandeurs, afin qu'elle pût survivre aux attachements de la terre, Bossuet, Reine d'Anglet. Que craint-on d'un enfant [Astyanax] qui survit à sa perte ? Racine, Andr. III, 4. Quelques auteurs, au rapport de Suétone… disent qu'à son retour de Grèce… il [Térence] perdit cent trente-huit pièces qu'il avait traduites de Ménandre, et qu'il ne put survivre à un tel accident, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. I, p. 224. Est-il une mort plus cruelle que de survivre à l'honneur ? Rousseau, Hél. I, 68.
  • 3 Fig. En parlant des choses, subsister après. Mais que ma cruauté survive à ma colère ? Que, malgré la pitié dont je me sens saisir, Dans le sang d'un enfant je me baigne à loisir ? Non, seigneur, Racine, Andr. I, 2. Il est si rare que l'amitié survive ou succède à l'amour, Duclos, Œuvr. t. VIII, p. 183.

    Activement. Quoi ! ta rage, dit-il, n'est donc pas assouvie, Et tes déloyautés ont survécu ta vie ! Rotrou, Antig. III, 2.

  • 4Se survivre, v. réfl. Vivre après sa mort.

    Se survivre dans ses enfants, dans ses ouvrages, laisser après soi des enfants, des ouvrages qui perpétuent le souvenir du nom qu'on portait.

    Conserver son autorité après sa mort. [Louis XIV] voulant se survivre à lui-même, semblait avoir prétendu régner encore après sa mort, Montesquieu, Lett. pers. 92.

  • 5Se survivre à lui-même, survivre à soi-même, perdre avant la mort l'usage des facultés naturelles. Il y avait longtemps qu'il avait le chagrin de se survivre à lui-même, Grimm, Corresp. t. I, p. 447.

    Fig. Tomber dans l'oubli. Le fameux cardinal Portocarrero mourut en ce temps-ci, après s'être longtemps survécu, Saint-Simon, 249, 59.

REMARQUE

Dans le XVIIe et le XVIIIe siècles on disait encore au parfait défini : je survéquis ; aujourd'hui on ne dit plus que je survécus. Sa femme [d'Attalus, roi de Pergame] le survéquit, Malherbe, le XXXIIIe livre de T.-Live, ch. 21. Pas un ne survéquit d'un combat si funeste, Mairet, Mort d'Asdr. v, 2. L'amour qui nous unissait survéquit à l'espérance, Rousseau, Hél. III, 18.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Tut survesquiet e Virgile Omer, Ch. de Rol. CLXXXV.

XIIIe s. Et il la prendroit à feme, et seroit roine d'Angleterre, si elle sourvivoit le roi son pere, Chron. de Rains, p. 12. Et aussi ont li aucun laissié aucune fois à lor femes, ou les femes à barons [maris], par tele condition que cil qui sorvivroit ne se remariast pas, Beaumanoir, XII, 55.

XVIe s. Impatient de survivre à cette perte, il se tua, Montaigne, II, 35. Combien survivent à leur propre reputation ? Montaigne, III, 25. Quand de deux freres jumeaux l'un meurt et l'autre survit, le survivant s'appelle Vopiscus, Amyot, Cor. 15. Le meilleur est qu'un chef d'ost pour sa gloire, Ayant vaincu, survive sa victoire, Amyot, Pélop. et Marcell. comp. 5. C'est vergogne à un roi de survivre vaincu, Garnier, les Juives, 4.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SURVIVRE. Ajoutez :
6 V. a. Survivre quelqu'un, lui survivre. S'il fût mort, vous ne l'eussiez pas voulu survivre, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. Ayant survécu longtemps Métrodorus, Malherbe, ib.
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Étymologie de « survivre »

Wallon, surviké ; provenç. sobreviure ; catal. sobreviurir ; espagn. sobrevivir ; portug. sobreviver ; ital. sopravvivere ; du lat. supervivere, de super, sur, et vivere, vivre.

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(1080) Du latin supervivere ou dérivé de vivre, avec le préfixe sur-.
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Phonétique du mot « survivre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
survivre syrvivr

Fréquence d'apparition du mot « survivre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « survivre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « survivre »

  • Ecrire, c'est surtout essayer de survivre.
    J.M.G. Le Clézio — Télérama - 13 décembre 2000
  • Si les Anglais peuvent survivre à leur cuisine, ils peuvent survivre à tout.
    George Bernard Shaw
  • On ne peut survivre sans s’inventer.
    Mario Claudio — Evene.fr - Octobre 2006
  • L’essentiel en enfer est de survivre.
    Michel Audiard
  • De nos jours, on peut survivre à tout, sauf à la mort.
    Oscar Wilde
  • Quand l'homme ne travaille pas pour vivre et passer, il travaille pour survivre.
    Miguel de Unamuno
  • Ecrire, ce n'est pas vivre. C'est peut-être survivre.
    Blaise Cendrars
  • Vivre c'est survivre à un enfant mort.
    Jean Genet
  • Qui parle de vaincre ? Ce qui compte c'est de survivre.
    Rainer Maria Rilke
  • Il faut toujours un peu de talent pour survivre.
    François Latraverse — La Vérence
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Traductions du mot « survivre »

Langue Traduction
Anglais to survive
Espagnol para sobrevivir
Italien sopravvivere
Allemand überleben
Chinois 生存
Arabe من أجل البقاء
Portugais para sobreviver
Russe выживать
Japonais 生き残るために
Basque bizirauteko
Corse per sopravvive
Source : Google Translate API

Synonymes de « survivre »

Source : synonymes de survivre sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot survivre au Scrabble ?

Nombre de points du mot survivre au scrabble : 14 points

Survivre

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