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Roidir

Définitions de « roidir »

Trésor de la Langue Française informatisé

RAIDIR, ROIDIR, verbe

I. − Empl. trans.
A. −
1. Rendre raide, priver de souplesse. Synon. ankyloser, contracter, figer.Être raidi de courbatures; le froid avait raidi ses membres. Elle le frictionnait sans relâche, avec une foi entêtée, sans même sentir la crampe qui peu à peu raidissait son bras (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1101).Une vache pissait en voussant le dos, en raidissant la queue, dans une posture qui déclenchait le rire (Montherl., Bestiaires,1926, p. 488).
Part. passé adj. Son front pâle, ses membres glacés et roidis, déchirent l'âme de Mathilde (Cottin, Mathilde,t. 4, 1805, p. 256).La tête en arrière, par-dessus le dossier du trône, − blême, raidie, les lèvres ouvertes, − et ses cheveux dénoués pendaient jusqu'à terre (Flaub., Salammbô,t. 2, 1863, p. 165).
Qqn raidit qqc.Tendre énergiquement (un objet souple, un cordage). Raidir un câble; raidir un fil de fer avec un raidisseur:
À peine fûmes-nous à bord que des rafales isolées tombèrent de la montagne; l'une d'elles fut si violente et soudaine que le bateau raidissant sa chaîne cassa ses bosses... Charcot, Mer Groënland,1929, p. 142.
MAR. ,,Reprendre le mou d'une manœuvre dormante ou remplissant la même fonction`` (Merrien 1958). Raidir les haubans, les amarres. Au passif. Pas une écoute qui ne fût consciencieusement raidie! (Verne, Tour monde,1873, p. 117).
2. Empl. pronom. Devenir raide.
a) Qqn se raidit.Le lieutenant cria de chercher un médecin, seulement comme le hussard se roidissait et rouvrait les yeux, il reconnut que ce brave venait de rendre son âme (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 202).
b) Qqc. se raidit.La crise se déroule alors d'une façon toujours identique et l'on peut décrire: − une phase de contraction généralisée durant environ une demi-minute; les membres se raidissent, les mâchoires se contracturent (Quillet Méd.1965, p. 334).
B. − Au fig.
1. Rendre plus intransigeant, durcir. L'état du marché de la main-d'œuvre raidit ou assouplit la résistance patronale et agit inversement sur la détermination des salariés (Reynaud, Syndic. en Fr.,1963, p. 141).
Empl. pronom. César se sentait haï, et se roidissait d'autant plus (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 278).Les autres, obstinés dans leur foi « pétainiste », se raidirent dans une attitude si intolérante à l'égard de tout et de tous qu'ils se retrouvèrent finalement solitaires (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 136).
2.
a) Rendre plus assuré, plus fort, dans une attitude de résistance. Synon. affermir, durcir.Raidir son âme contre l'adversité. Le trac surmonté raidissait mon attitude, me rendait cassant et dur comme le verre (Arnoux, Chiffre,1926, p. 142).
b) Empl. pronom. Tenir ferme, montrer de la fermeté, du courage. La vie me taille, Heurtebise! Elle fait un chef-d'œuvre. Il faut que je supporte ses coups sans les comprendre. Il faut que je me raidisse. Il faut que j'accepte, que je me tienne tranquille, que je l'aide, que je collabore (Cocteau, Orphée,1927, p. 139).
Se raidir contre.Se raidir contre l'adversité, contre les difficultés. Sa voix se casse, il [mon père] est rouge, ses yeux sont humides, je ne l'avais jamais vu ainsi. Je me raidis contre mon émotion (Aymé, Vaurien,1931, p. 234).
II. − Empl. intrans. Devenir raide.
A. − [Corresp. à raide A 1] Le linge mouillé raidit par la gelée (Ac.).
B. − [Corresp. à raide A 4] [La pente] raidit, hérissée à présent de vignes, rugueuse et grise d'échalas (Ramuz, A. Pache,1911, p. 21).
Prononc. et Orth.: [ʀ εdi:ʀ], [ʀe-], vieilli [ʀwɑ-]. Ac. 1694-1835: raidir; dep. 1878: rai-, roi- (id. ds Littré, Lar. Lang. fr.); Rob. 1985: raide: ,,La var. ancienne roidir est très littéraire dans l'usage moderne``. V. raide. Étymol. et Hist. 1. Ca 1225 part. passé redi « devenu raide » (Pean Gatineau, St Martin, 5343 ds T.-L.); ca 1380 « devenir raide, rigide » (Jean Lefevre, Trad. La Vieille, 152, ibid.); 2. xives. trans. « faire se raidir, faire se tendre » (Testament de Jean de Meun, ms. Bibl. Nat. fr. 12483 [anc. 1132 Suppl. fr.] ds Nouv. Rec. Fabliaux, éd. A. Jubinal, t. 2, p. 175, notes); 3. 1538 pronom. (Est., p. 386, s.v. intendo: se ad firmitatem intendere, se roidir). Dér. de raide*; dés. -ir. Fréq. abs. littér.: 321.
DÉR.
Raidisseur, -euse, adj. et subst. masc.a) Adj. Qui sert à raidir. L'isolation de la coque et la couverture du toit étant réalisées de façon à se trouver à la hauteur des éléments de rive, la coque semble avoir l'épaisseur des éléments raidisseurs de rive (Joedicke, Struct. en voiles et coques,1962, p. 244).b) Subst. masc., technol. Pièce ou appareil servant à raidir un coffrage, une charpente, à tendre un câble, un fil de fer. Ils avaient fait venir un serrurier pour les tuteurs, un quincaillier pour les raidisseurs (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 40).Un tube en tôle de 3 mm d'épaisseur muni de raidisseurs (Romanovsky, Mer, source én.,1950, p. 51). [ʀ εdisœ:ʀ], [ʀe-], fém. [-ø:z]. V. raide. 1reattest. 1873 subst. masc. (Tolhausen, Dict. technol. fr.-all.-angl., p. 754 ds Quem. DDL t. 12); de raidir, suff. -eur2*.
BBG. − Notes de lexicogr. critique. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1986, t. 24, n o1, p. 228.

Wiktionnaire

Verbe - français

roidir \ʁwa.diʁ\ transitif ou pronominal 2e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se roidir)

  1. (Vieilli) Raidir.
    • La pierre, trop lourde pour les bras décharnés qui la soutiennent et qu’on sent près de craquer, retombe malgré les efforts du spectre et d’autres petits fantômes qui roidissent simultanément leurs bras d’ombre ; plusieurs sont déjà pris sous la pierre un instant déplacée. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • « Attention ! » cria Norman, en roidissant l’écoute de manière à présenter l’embarcation debout au vent sous l’action de la barre. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • En approchant de la maison de son père, Marthe tâcha de se remettre ; elle essuya son visage et se roidit de toutes ses forces contre son émotion. — (Hector Malot, La Belle Madame Donis, 1873)
    • Au quartier, à l’hôpital, il rencontra les mêmes faces fermées et dures, semblables à celle de son ordonnance, roidie, sortie de l’humanité. — (Isabelle Eberhardt, Le Major,1903)
    • Au moyen de palans je « roidis » les étais et j’amarre le beaupré aussi solidement qu’il est possible sur le pont maintenant rasé à l’avant. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Elle les recevait debout derrière les hommes, aussi grande qu’eux, et plus droite, parce qu’elle se roidissait pour retenir son courage qu’elle sentait la quitter. — (Roger Vercel, En dérive, Albin Michel, 1931, page 42)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ROIDIR. v. tr.
Voyez RAIDIR.

Littré (1872-1877)

ROIDIR (roi-dir ou rè-dir. La prononciation rè-dir est aujourd'hui la plus usitée de beaucoup) v. a.
  • 1Tendre ou étendre avec force. Roidissez le bras.

    Terme de charpenterie. Raidir un étai, l'amener à une pression propre à soutenir un mur.

  • 2Rendre roide, incapable de mouvement. Lorsque la vieillesse me courbera le dos et me raidira les jarrets, Marmontel, Mém. II. Leurs habits mouillés [dans la retraite de Moscou] se gèlent sur eux ; cette enveloppe de glace saisit leurs corps et raidit tous leurs membres, Ségur, Hist. de Nap. IX, 11.
  • 3 Fig. Rendre ferme, roide. Ce fut [l'intérêt de Mme de Maintenon et d'Harcourt] ce qui les roidit à soutenir Mme des Ursins, Saint-Simon, 122, 99. Il [Colomb] avait, comme tous ceux qui forment des projets extraordinaires, cet enthousiasme qui les roidit contre les jugements de l'ignorance, Raynal, Hist. phil. VI, 3.
  • 4 V. n. Devenir roide. Le linge mouillé roidit par la gelée.

    Fig. Gauche, mal à l'aise, souffrant dès 89 sous les risées de la Constituante, il [Robespierre] avait raidi de haine, et s'était comme dressé sous l'applaudissement du peuple, Michelet, Hist. Révol. IX, 4.

  • 5Se roidir, v. réfl. Devenir roide. Le linge mouillé se roidit par la gelée. Ses bras se roidissent, la pâleur de la mort couvre son front, Genlis, Ad. et Th. t. II, p. 50, dans POUGENS.

    Se tenir roide. Faisons comme les enfants et les ivrognes, qui ne se cassent jamais ni jambes ni bras quand ils tombent, parce qu'ils ne se roidissent pas pour ne pas tomber, Rousseau, Corresp. du Peyrou, t. III, p. 337, dans POUGENS. Pour m'arrêter je me roidis ; Mais le tourbillon me dit : passe, Béranger, Juif errant.

    Se dit d'un cheval qui, par fantaisie, refuse d'avancer.

  • 6 Fig. Tenir ferme, ne vouloir point se relâcher. L'âme doit se roidir plus elle est menacée, Corneille, Méd. I, 5. Il faut avouer que la religion a quelque chose d'étonnant ; c'est parce que vous y êtes né, dira-t-on ; tant s'en faut, je me roidis contre par cette raison-là même, de peur que cette prévention ne me suborne, Pascal, Pensées, Religion, 18, édit. FAUGÈRE. Mais, ma chère bonne, il y a des extrémités où l'on romprait tout, si l'on voulait se raidir contre la nécessité, Sévigné, 15 nov. 1684. Je viens… vous faire admirer un homme qui ne se détourna jamais de ses devoirs ; qui, pour maintenir la raison, se roidit contre la coutume, Fléchier, Duc de Montaus. S'il survient un grand événement, il [le diplomate] se roidit ou il se relâche selon qu'il lui est utile ou préjudiciable, La Bruyère, X. Il faut… que nous nous roidissions sans relâche contre nous-mêmes, Massillon, Carême, Tiéd. 2. Le roi s'était roidi à n'excepter aucun de ceux qui entraient dans le service, de passer une année dans une de ses deux compagnies de mousquetaires, Saint-Simon, I, 12. Le cardinal Mazarin, qui ne se raidissait pas contre les difficultés comme Richelieu, Voltaire, Hist. parl. LV.

    Avec ellipse du pronom personnel. Quelle est votre pensée, et quel bourru transport Contre vos propres vœux vous fait roidir si fort ? Molière, le Dép. III, 9.

HISTORIQUE

XIIe s. [Il] Roidist la jambe, si s'afiche as estrez [étriers], Ronc. p. 57.

XIIIe s. [Les femmes] Sanglent estroit leur testes d'un las ou d'un chapel, Pour leur frons defroncier et pour redir la pel, Contenance des femmes.

XIVe s. Le mettez [le lièvre] harler sur le greil, id est roidir sur bon feu de charbon, Ménagier, II, 5.

XVe s. Les aucuns sont mortz et roydiz ; D'eulx n'est-il plus rien maintenant, Villon, Grand testam.

XVIe s. Ce n'est pas assez de luy roidir l'ame, il luy fault aussi roidir les muscles, Montaigne, I, 165. Cettuy cy se peine, se roidit et se tend, pour…, Montaigne, II, 105. Ils accomodent bien la reigle de justice, la faisant ployer à leur profit, et la roidissant à la ruine d'autrui, Lanoue, 240. Elle le vit, froid et terni, roidir entre ses bras, Yver, p. 593.

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Étymologie de « roidir »

Roide ; Berry, redzir.

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→ voir raidir
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Phonétique du mot « roidir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
roidir rwadir

Fréquence d'apparition du mot « roidir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « roidir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Traductions du mot « roidir »

Langue Traduction
Anglais stiffen
Espagnol endurecer
Italien irrigidirsi
Allemand versteifen
Chinois 变硬
Arabe تصلب
Portugais endurecer
Russe напрягаться
Japonais 硬直する
Basque zurrundu
Corse irrigidite
Source : Google Translate API

Synonymes de « roidir »

Source : synonymes de roidir sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « roidir »

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Nombre de points du mot roidir au scrabble : 7 points

Roidir

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