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Plainte

Définitions de « plainte »

Trésor de la Langue Française informatisé

PLAINTE, subst. fém.

A. − Expression de la douleur d'un être humain.
1. Expression de la peine, de la douleur par des cris, des gémissements. Exhaler une plainte; plainte déchirante, sourde, étouffée:
1. ... on empilait les hommes ramassés par les ambulances volantes de premiers secours, pansés à la hâte. C'était un déchargement affreux de pauvres gens les uns d'une pâleur verdâtre, les autres violacés de congestion; beaucoup étaient évanouis, d'autres poussaient des plaintes aiguës... Zola,Débâcle, 1892, p.326.
P. anal. [S'agissant d'un animal] De plus en plus éperonné par le froid, le nourrisson hurle sans trêve, et de sa niche le chien lui répond maintenant par une plainte modulée, qui s'achève en une gamme ascendante d'abois aigus, insupportables (Bernanos,Mouchette,1937, p.1313):
2. [La chatte dont on a noyé les petits] pleurait à la manière terrible des mères privées de leur fruit, sans arrêt, sur le même ton, respirant à peine entre chaque cri, exhalant une plainte après l'autre plainte pareille. Colette,Mais. Cl., 1922, p.241.
2. Vieilli, littér. Expression souvent écrite de la douleur qu'inspire l'amour ou la mort d'un être cher, d'un héros. Plaintes funèbres:
3. −Comment faut-il prier vers le soir des batailles? −Le soir il faut pleurer ainsi qu'aux funérailles; Car les chevaux d'Assur ne mordront plus leur mors; Car les lions du Nil ont perdu leur crinière; Car le turban de Misr est souillé de poussière. Femmes, chantez la plainte et l'éloge des morts. Quinet,Napoléon, 1836, p.207.
P. anal. [S'agissant d'animaux] Sous le bois, un silence, mais un silence murmurant de toutes les petites et caressantes voix de la vie et de l'amour, que domine, comme une dièse profonde, la plainte amoureuse du ramier (Goncourt,Journal, 1858, p.496).V. chardonneret ex.
3. P. anal. Bruit prolongé et doux; son peu modulé, émis par un inanimé et rappelant un gémissement. Plainte du ruisseau, de la fontaine; plainte mélodieuse, monotone. J'ai entendu quelque chose, comme un gémissement (...). Sans doute la plainte du vent qui pleure dans les corridors (Dumas père, Reine Margot, 1847, iv, 8, p.157).L'Océan qui palpite en sa plainte infinie, Pour saluer Hélios murmure un chant plus doux (Leconte de Lisle,Poèmes ant., 1852, p.210).
4. Au fig. On ne peut attendre que les Alliés récompensent, en leur octroyant les territoires d'où s'élève depuis des siècles la plainte de leurs frères opprimés, les peuples qui, suivant la politique de moindre effort, n'auront pas mis leur épée au service des Alliés (Proust,Temps retr., 1922, p.784).La croissance du socialisme (...) articulait en une voix bien sonore l'immense plainte anonyme des pauvres (Maritain,Human. intégr., 1936, p.245).
B. − Expression de mécontentement par des paroles, des écrits. Synon. doléances, protestation, récrimination.Plaintes amères; se répandre en plaintes; plaintes continuelles. Dès qu'elle entrait dans l'antichambre, c'était aussitôt parmi nous, comme une sorte de plainte irritée qui, vite, se changeait en récriminations insultantes et s'achevait en grognements (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.304):
4. La Perrine vint. Elle commença par des plaintes. Son petit bien lui aurait permis de tenir une vache, mais cette vache, elle ne l'avait pas. Elle avait toujours été si honnête! «Deux fois j'ai trouvé de l'argent sur le chemin et je l'ai fait crier à la porte de l'église.» À présent comment ferait-elle pour vivre? Pourrat,Gaspard, 1931, p.193.
Vieilli. Faire ses plaintes; porter des/ses plaintes; rendre plainte. Exposer ses doléances, ses griefs à une personne compétente, à la personne intéressée. Un de ses domestiques fit l'insolent (...). Madame de Vaudreuil qui le sut, en porta ses plaintes à son mari. Elle exigea que ce domestique fût renvoyé (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane, 1802, p.91).MlleBobinet (...) me porta plainte à propos d'une cheminée qui fumait et d'un plomb du quatrième qui l'incommodait au passage. Je pris note de ses réclamations (Jouy,Hermite, t.3, 1813, p.281).V. débouter ex.
DR. Acte par lequel une personne, qui s'en prétend victime, porte une infraction (à la loi pénale) à la connaissance de la Justice afin de mettre en mouvement l'action publique. Porter plainte; déposer une plainte; plainte en escroquerie; retirer sa plainte. V. affirmer ex. 38:
5. ... le ministère public décide s'il y a lieu ou non de donner suite à une affaire dont il connaît ou à une plainte qui lui est transmise. Mais (...) la victime peut mettre indirectement en mouvement l'action publique soit par citation directe devant les tribunaux (...) soit par plainte avec constitution de partie civile devant le juge d'instruction qui est obligé d'ouvrir une information. Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.47.
Plainte contre X*. Le maire de Montauban (Tarn-et-Garonne) a déposé, le 26 novembre, une plainte contre X... après la pollution du Tarn qui prive la ville d'eau potable (Le Monde, 28-29 nov. 1971, p.17, col. 6).
P. plaisant. Passant d'un concombre à un autre, choisissant d'abord les plus gras, et finissant par les moins rebondis, nous dévastâmes lestement une couche, objet des sollicitudes du jardinier (...). Le jardinier porta plainte, et nous fûmes punis (Sand,Hist. vie, t.2, 1855, p.360).
REM.
Plaignotterie, subst. fém.,fam. Petite plainte exprimée pour un motif banal ou futile. Ambitieuse pour lui seul: elle [sa mère] se sacrifiait (...) Pas de tendresse, point de gâteries, ni surtout de plaignotteries!... (Rolland,Âme ench., t.2, 1925, p.260).
Prononc. et Orth.: [plε ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol et Hist.1. Fin xies. plonte «expression de la douleur» (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 823); 1606 «complainte» (Nicot); 1743 «genre littéraire» (Trév.); 2. ca 1150 «expression du mécontentement» (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 43, p.28); 1668 faire ses plaintes à qqn (Molière, Georges Dandin, I, 3); 3. 1160-74 «exposé en justice de ses griefs» (Wace, Rou, éd. H. Andresen, III, 841); 1176 faire plainte «id.» (Chrétien de Troyes, Cliges, 6675 ds T.-L.). Dér. de plaindre*. Fréq. abs. littér.: 2768. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4230, b) 3302; xxes.: a) 5152, b) 3297.

Wiktionnaire

Nom commun - français

plainte \plɛ̃t\ féminin

  1. Gémissement ; lamentation.
    • Durant la même nuit, Feempje qui n'avait jamais de cauchemar s'était débattu, en grognant et en poussant des plaintes, contre il n'aurait pu dire quelles terrifiantes figures. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 55)
    • Les plaintes d’un malade, d’un homme qui souffre.
    • La plainte le soulage.
    • La douleur ne lui arracha pas une seule plainte.
    • Le ciel a entendu ses plaintes.
  2. Ce qu’on dit, ce qu’on écrit pour faire connaître le sujet qu’on a de se plaindre de quelqu’un.
    • Il fait de grandes plaintes de vous, contre vous.
    • Il s’est répandu en plaintes à ce sujet.
    • Il m’a adressé les plaintes les plus graves contre vous.
    • Ses plaintes sont bien fondées, sont mal fondées, sont exagérées.
    • On n’a pas écouté ses plaintes.
    • On a fermé l’oreille à ses plaintes.
    • On a étouffé ses plaintes.
    • Je ne lui ai donné aucun sujet de plainte.
  3. Exposé qu’on fait en justice du sujet qu’on a de se plaindre.
    • Le nombre de plaintes pour violences sexuelles déposées à Paris a augmenté de 30 % par rapport à 2021, d’après la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau. — (journal 20 minutes, édition Paris-IDF, 16 septembre 2022, page 2)
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Littré (1872-1877)

PLAINTE (plin-t') s. f.
  • 1Paroles et cris par lesquels on exhale sa peine. De quelque désespoir qu'une âme soit atteinte, La douleur est toujours moins forte que la plainte, La Fontaine, Matrone. Pour moi, je comprends qu'il y a quelque sorte de plaisir dans la plainte, plus grand qu'on ne pense, Sévigné, 389. Alors, triste messager d'un événement si funeste [la mort d'un jeune enfant de Louis XIV], je fus aussi le témoin, en voyant le roi et la reine, d'un côté, de la douleur la plus pénétrante, et, de l'autre, des plaintes les plus lamentables, Bossuet, Mar.-Thér. Qui pourrait exprimer ses justes douleurs ? qui pourrait raconter ses plaintes ? Bossuet, Reine d'Anglet. La plainte surfait toujours un peu les afflictions, Diderot, Claude et Nér. I, 31.
  • 2Plainte amoureuse, les doléances de l'amour. ou même de la simple amitié. Chantez, petits oiseaux ; nul danger, nulle crainte N'interrompe jamais votre amoureuse plainte, Segrais, Églog. IV. L'éloignement de cette favorite [Mme de Jalez auprès de la duchesse de Lesdiguières] a surpris tout le monde ; on laisse entendre qu'elle était jalouse, difficile, curieuse, épilogueuse, faisant des plaintes amoureuses et des reproches dont les cœurs secs sont embarrassés, Sévigné, 11 mai 1683.
  • 3Ce qu'on dit, ce qu'on écrit pour témoigner son mécontentement, son regret. C'est l'unique sujet qu'il m'a donné de plainte, Corneille, Sertor. III, 2. Je n'entends résonner que des plaintes frivoles, La Fontaine, Fabl. X, 13. Tandis qu'on vous verra d'une voix suppliante Semer ici la plainte et non pas l'épouvante, Racine, Brit. I, 4. Elle fit des plaintes amères à Jupiter, Fénelon, Tél. IX. La reconnaissance parle si bas, et la plainte déclame si haut, qu'on n'entend plus que la dernière, Marmontel, Cont. mor. Misant. corr.

    Faire ses plaintes à quelqu'un, lui exposer les griefs qu'on a. Il me faut de ce pas aller faire mes plaintes au père et à la mère, Molière, G. Dand. I, 3. C'est un mauvais parti que d'avoir toujours des ennemis dont on fait ses plaintes à la cour, Sévigné, 611.

  • 4Ancien terme de littérature. Pièce de poésie sur la mort d'une personne vivement regrettée, ou sur un accident quelconque, sorte d'élégie.
  • 5Exposé d'un grief en justice. Porter plainte. Rendre plainte en justice. M. le Prince [Condé] fit sa plainte, et demanda qu'il fût informé de l'assassinat qu'on avait voulu commettre contre sa personne, Retz, Mém. livre III, t. II, p. 104, dans POUGENS. Non sans faire un notable dommage Dont je formai ma plainte au juge du village, Racine, Plaid. I, 7.

HISTORIQUE

XIe s. E ne face hom pleinte al rei…, Lois de Guill. 41.

XIIIe s. Grains et marriz, [il] fist tant par sa maistrise [adresse], Que à sa dame en un destour A fait sa plainte et sa clamour, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 6. Maistres Pierres de Chapes et Quenes de Bethune… alerent aux cinc nés [navires], et proierent à plaintes et à pleurs à ceus qui dedens estoient, que…, Villehardouin, CXLVII. Or peüst oïr la crie e la plante e le plorer mult grant de celz qe estoient cheü à la terre ennavrés à mort, Marc Pol, p. 745.

XVIe s. Si me vient dire en plaincte bien dolente…, Marot, I, 339. Il n'en est aucun [plaisir] exempt de quelque meslange de mal… nostre extreme volupté a quelque air de gemissement et de plainte, Montaigne, III, 85.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PLAINTE, (Gram.) voyez Plaindre.

Plainte, s. f. (Jurisprud.) est une déclaration que l’on fait devant le juge ou devant le commissaire dans les lieux où il y en a de préposés à cet effet, par laquelle on défere à la justice quelque injure, dommage, ou autre excès, que l’on a souffert de la part d’un tiers.

Chez les Romains on distinguoit les délits privés, des crimes publics : pour ces premiers, la plainte ou accusation n’étoit recevable que de la part de ceux qui y avoient intérêt, au lieu que l’accusation pour les crimes publics étoit ouverte cuilibet è populo.

Parmi nous il y a dans tout crime ou délit deux sortes de personnes qui peuvent rendre plainte, savoir celui qui a été offensé, & le ministere public.

Tout procès criminel commence par une plainte, ou par une dénonciation.

La plainte contient bien la dénonciation du délit ou quasi délit dont on se plaint ; mais elle differe de la simple dénonciation, en ce que celle-ci peut être faite par un tiers qui n’a point d’intérêt personnel à la réparation du délit ou quasi délit ; au lieu que la plainte ne peut être rendue que par celui qui a été offensé en sa personne, en son honneur, ou en ses biens.

Lorsqu’un homme a été homicidé, sa veuve, ses enfans, ou autre plus proche parent, peuvent rendre plainte.

Le monastere peut aussi rendre plainte pour les excès commis en la personne d’un de ses religieux.

On peut rendre plainte par un simple acte, sans présenter requête & sans se porter partie civile ; mais on peut aussi rendre plainte par requête, & en ce cas, la plainte n’a de date que du jour que le juge, ou en son absence, le plus ancien praticien du lieu, l’a répondue.

Les plaintes peuvent aussi être écrites par le greffier en présence du juge ; mais il est défendu aux huissiers, sergens & archers, de les recevoir, à peine de nullité ; & aux juges de les leur adresser, à peine d’interdiction.

Les commissaires au châtelet doivent remettre au greffe dans les 24 heures les plaintes qu’ils ont reçues avec les informations & procédures par eux faites, & en faire faire mention par le greffier au-bas de leur expédition, & si c’est avant ou après midi, à peine de 100 livres d’amende, dont moitié pour le roi, l’autre pour la partie qui s’en plaindra.

Tous les feuillets des plaintes doivent être signés par le juge & par le plaignant, s’il sait ou peut signer, ou par son procureur fondé de procuration spéciale ; & il doit être fait mention expresse sur la minute & sur la grosse de sa signature & de son refus : la même chose doit être observée par les commissaires au châtelet.

Les plaignans ne sont point réputés parties civiles, à-moins qu’ils ne le déclarent formellement ou par la plainte, ou par un acte subséquent qui se pourra faire en tout état de cause, dont ils pourront se départir dans les 24 heures, & non après : & en cas de désistement, ils ne sont point tenus des frais faits depuis qu’il a été signifié, sans préjudice néanmoins des dommages & intérêts des parties.

Dans le cours de la procédure, & lorsque les informations ont été decrétées, le plaignant est regardé comme l’accusateur, & celui contre qui la plainte est rendue, demeure accusé.

Les accusateurs ou plaignans qui se trouvent mal fondés, sont condamnés aux dépens, dommages, & intérêts des accusés, & à plus grande peine, s’il y échet. La même chose a lieu pour les plaignans qui ne se seroient point portés parties, ou qui s’étant rendus parties, se seroient desistés, si leurs plaintes sont jugées calomnieuses.

Quand le plaignant ne se porte point partie civile, & qu’il s’agit d’un délit ou quasi délit, à la réparation duquel le public est intéressé, le procès doit être poursuivi à la diligence du ministere public.

Lorsqu’il y a plainte respective, le juge après les interrogatoires doit commencer par juger lequel des deux plaignans demeurera accusé ou accusateur ; & après avoir examiné les charges & informations, il doit déclarer accusé celui contre lequel les charges sont les plus fortes, & déclarer l’autre l’accusateur.

L’accusateur ne peut par sa plainte conclure qu’à la réparation civile du crime ou délit, il ne peut conclure à aucune peine corporelle ; mais il peut requérir la jonction du ministere public.

Quand on a pris la voie civile, ou que l’on a transigé sur le criminel, on ne peut plus rendre plainte, à moins qu’elle ne soit faite au nom de quelque autre partie intéressée à la réparation du délit. Voyez le titre 3. de l’ordonnance criminelle ; Bornier le style criminel ; Imbert ; & les mots Accusation, Accusé, Crime, Criminel, Dénonciation, & ci-après Procédure criminelle. (A)

Plainte, ou Querelle d’inofficiosité, quærela inofficiosi testamenti : c’est l’action que l’on intente pour attaquer un testament, par lequel on est prétérit ou exhérédé.

Cujas a prétendu que cette plainte fut introduite par la loi glicia ; mais Hotman & autres auteurs, ne sont pas de ce sentiment.

Quoi qu’il en soit, elle fut établie comme un remede extraordinaire, auquel on ne pouvoit avoir recours que quand le testament étoit d’ailleurs en bonne forme ; on attaquoit la capacité du testateur, comme s’il n’avoit pas été sanæ mentis.

On permit donc aux enfans injustement exhérédés par leur pere ou prétérits par la mere, de se plaindre du testament.

Toutes sortes de testamens étoient sujets à la plainte d’inofficiosité, soit que l’héritier institué fût un enfant ou un étranger. On excepta seulement le testament du soldat fait in procinctu ; ce qui fut ensuite étendu à celui qui disposoit de son pécule quasi castrense.

Cette plainte n’étoit accordée qu’aux enfans du premier degré, ou aux petits enfans qui venoient par représentation.

Les bâtards pouvoient l’intenter contre le testament de leur mere, mais non pas contre celui du pere, à moins qu’ils n’eussent été légitimés, soit par mariage subséquent, soit par lettres du prince.

On accorda aussi l’action d’inofficiosité aux enfans posthumes, prétérits, ou exhérédés.

Elle fut pareillement accordée aux enfans de l’un & de l’autre sexe, soit qu’ils fussent remariés ou non ; bien entendu qu’ils ne pouvoient l’intenter que dans le cas où il n’y avoit point d’enfans, ou lorsque les enfans étoient justement exhérédés.

A l’égard des freres, la plainte d’inofficiosité n’avoit lieu que quand leur frere ou sœur consanguins ou germains, avoient institué une personne infâme.

Pour prévenir cette plainte, il falloit suivant l’ancien droit, que la légitime eût été laissée entiere ; mais il n’importoit pas à quel titre. Justinien changea cette jurisprudence, en ordonnant que ceux auxquels il auroit été laissé moins que leur légitime, ne pourroient attaquer le testament pour cause d’inofficiosité, sauf à demander un supplément de légitime.

La plainte d’inofficiosité ne pouvoit être intentée avant l’adition de l’héritier ; il falloit anciennement former son action dans les deux ans, à compter de l’adition. Depuis on fixa ce délai à cinq années, & il ne couroit point contre les mineurs.

Cette action ne passoit pas aux héritiers étrangers, à-moins qu’elle n’eût été intentée ou préparée ; mais pour la transmettre aux enfans, il suffisoit que les choses fussent entieres.

L’effet de cette plainte étoit de faire annuller le testament, & de faire adjuger la succession au plaignant, à l’exclusion de l’héritier institué ; les legs même étoient révoqués. Mais si la prétérition qui se trouvoit dans le testament de la mere avoit été faite par ignorance, l’institution seule étoit annullée ; les legs subsistoient.

Il arrivoit quelquefois que le testament étoit annullé pour une partie, & subsistoit pour l’autre ; savoir, quand de deux enfans exhérédés, un seul intentoit l’action, ou que l’un des deux seulement réussissoit en sa demande.

Quand les juges étoient partagés sur la question, on devoit décider pour la validité du testament.

On ne pouvoit intenter la plainte d’inofficiosité lorsqu’on avoit quelque autre action, ou qu’on avoit répudié celle-ci ; il en étoit de même, lorsqu’on approuvoit le testament sciemment, ou lorsqu’on avoit laissé écouler le délai de cinq années depuis l’institution. Elle n’avoit pas lieu non plus, comme on l’a dit, contre le testament du soldat, ni lorsqu’il avoit été quelque chose à ceux qui avoient droit de légitime, soit à titre d’institution, legs, fidei-commis, ou autrement. Dans le cas de la substitution pupillaire faite par le pere, la mere, ni le fils, ne pouvoient attaquer le testament. Le fils prétérit déclaré ingrat, n’avoit plus l’action d’inofficiosité ; enfin, l’action étoit éteinte par la mort de la personne prétérite ou exhérédée, à-moins qu’elle n’eût laissé des enfans, ou préparé l’action.

Tel étoit l’ancien droit sur cette matiere.

Mais, suivant la novelle 115, & la disposition des institutes, auxquels l’ordonnance des testamens, articles 50 & 53, se trouve conforme ; la prétérition étant maintenant regardée comme une exhérédation, & le testament étant nul quant à l’institution & aux substitutions & fidei-commis universels dans le cas de la prétérition ou du défaut d’institution, la plainte d’inofficiosité ne doit plus avoir lieu, puisque ce n’étoit qu’un remede extraordinaire quand on n’avoit point d’autre voie pour attaquer le testament. Voyez au digeste & au code les titres de inoffic. testam. la novelle 115 ; l’ordonnance des testamens ; le traité de Furgoles, tome III. ch. viij. sect. 4. (A)

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Étymologie de « plainte »

De plaindre.
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Plaint. À côté de plainte, l'ancienne langue avait plaint, masculin ; provenç. planch ; catal. plant ; espagn. planto ; portug. pranto ; ital. pianto ; du lat. planctus.

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Phonétique du mot « plainte »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
plainte plɛ̃t

Fréquence d'apparition du mot « plainte » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « plainte »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « plainte »

  • La première plainte de Dorothée Pacaud concerne un courrier envoyé à la mairie de Saint-Brevin et signé d’un faux nom qui contenait des propos injurieux envers Yannick Morez et elle-même. La seconde plainte vise le site d’extrême droite Riposte laïque décrivant Dorothée Pacaud comme une élue « pro-migrants » et une « femme dangereuse pour Saint-Brevin ». Initialement publié en février, il avait été republié le jour de l’annonce de la démission de Yannick Morez.
    www.20minutes.fr — Saint-Brevin : La nouvelle maire va encore déposer plainte contre les « intimidations » de l'extrême droite
  • L’association Action Droits des Musulmans (ADM) a porté plainte contre X vendredi pour « discrimination » après le recensement à Toulouse, par des policiers, des élèves absents pour la fête de l’Aïd el-Fitr, a appris lundi l’AFP auprès de ses avocats.
    leparisien.fr — Comptage des élèves absents pour la fête de l’Aïd : une association dépose plainte pour « discrimination » - Le Parisien
  • Une première plainte vise la CGT, dont des membres étaient présents parmi les manifestants, ainsi que 25 associations dont des militants ont pris part aux heurts. Parmi elles, l’Union démocratique bretonne, ou encore le Nouveau Parti anticapitaliste.
    Éric Zemmour annonce porter plainte contre l’État et la CGT après l’attaque d’une séance de dédicaces
  • Une autre plainte devrait être déposée contre l’État, « au travers du préfet du Finistère ». Après les débordements, l’ancien journaliste avait attaqué le préfet du Finistère, Philippe Mahé, estimant que « la préfecture n’a pas fait ce qu’il fallait ». « Il s’est montré incapable de nous protéger, soit par incompétence, soit par hostilité », précisait Reconquête, ce lundi soir. Un thème repris par les Patriotes 29 (le parti de Florian Philippot), questionnant, dans un communiqué, une « indolence préfectorale ».
    Le Télégramme — Après Brest, Éric Zemmour veut porter plainte, la préfecture se défend | Le Télégramme
  • Face à l'article de Mediapart, Jean Messiha sort du silence. Le président du cercle de réflexion "Vivre Français" écrit sur Twitter: Suite à l’article diffamatoire et crapuleux publié à mon encontre par Mediapart  et les « journalistes » Marine Turchi  (qui a déjà eu à faire à la justice) et Justine Brabant, je porte plainte ce jour par l’intermédiaire de mon avocat. Tout, je dis bien TOUT, est faux dans cet « article »."
    Jean-Marc Morandini — Jean Messiha annonce porter plainte contre Mediapart après la publication d'un article qu'il qualifie de "diffamatoire et crapuleux" : "Tout est faux !" | Jean-Marc Morandini
  • Tout sera parfaitement légal ; il n’y aura pas lieu à la plus petite plainte ; mais comme les initiés le disent déjà trivialement, en se frottant les mains, on aura manqué le coche (…)
    Mélanges politiques — « Marche et effets de la censure »
  • La chaîne d’information en continu BFMTV a annoncé, jeudi 22 juillet, qu’elle allait porter plainte contre les auteurs de menaces visant ses journalistes lors d’une manifestation contre le pass sanitaire à Paris.
    Le Point — Deux journalistes de BFMTV pris à partie par des anti-pass sanitaire

Vidéos relatives au mot « plainte »

Traductions du mot « plainte »

Langue Traduction
Anglais complaint
Espagnol queja
Italien rimostranza
Allemand beschwerde
Chinois 抱怨
Arabe شكوى
Portugais reclamação
Russe жалоба
Japonais 苦情
Basque kexa
Corse lagnanza
Source : Google Translate API

Antonymes de « plainte »

Combien de points fait le mot plainte au Scrabble ?

Nombre de points du mot plainte au scrabble : 9 points

Plainte

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