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Je

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin je nous

Définitions de « je »

Trésor de la Langue Française informatisé

JE, pron. pers. et subst. masc.

I. − Pronom personnel non prédicatif (conjoint) de la 1repersonne du singulier.
A. − [Dans un dialogue ou dans un discours] Celui, celle qui parle ou qui écrit; celui, celle qui dit « je ». Il dit : « Tiens! Tu travailles? » Je répondis : « J'écris Paludes » (Gide, Paludes,1895, p. 91).Je m'appelle Claudine, j'habite Montigny; j'y suis née en 1884; probablement je n'y mourrai pas (Colette, Cl. école,1900, p. 7):
1. Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je m'endors. » Proust, Swann, 1913, p. 3.
2. Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Quand j'ai envie de rire Oui je ris aux éclats J'aime celui qui m'aime Est-ce ma faute à moi Si ce n'est pas le même Que j'aime chaque fois Je suis comme je suis Je suis faite comme ça... Prévert, Paroles,1946, p. 117.
B. − [Dans une syntaxe affective et familière, par syllepse de la pers., je remplace ou est remplacé par d'autres pronoms]
1. [Je remplace il/elle] :
3. Il ne sera content que lorsqu'il aura démonté le mécanisme. Il se brise lui-même les ongles à essayer de forcer les spirales. Et je te fouille... et je te tripote... Audiberti, Quoat,1946, 2etabl., p. 76.
2. [Je remplace tu] Une mère pourra dire à son enfant : Est-ce que j'aime toujours les gâteaux? (Grev. 1969, § 468).
3. Pop., vx. [Je remplace nous] ...Qu'est-ce que je peux faire pour vous, mesdames les épinceteuses − M'sieur Bertrand, je v'nons chez vous parce que j'osons pas aller trouver m'sieur Achille (Maurois, Bernard Quesnay,1926, p. 33 ds Dam.-Pich. t. 6 1968 [1940]).
Rem. 1. Je est remplacé par nous*, on*. 2. Je est remplacé par le présentatif c'est : Moi, c'est Jean..., Jean Lévesque. Et toi, je sais toujours bien pour commencer que c'est Florentine... (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 10).
C. − [Je a une valeur générique (je dis « je », parce que effectivement l'énoncé s'applique à moi, mais il s'appliquerait aussi bien à n'importe qui)] :
4. La conscience du devoir porte en elle le sentiment d'une obligation (...). Mais, si impérieux que soit ce commandement, il ne retire rien à la conviction que j'ai d'être libre, et me fait même sentir mieux qu'aucune autre épreuve la présence de ma liberté. Certes, du fait que je la conçois, la loi me commande, mais je sens qu'il dépend de moi de la suivre ou de la transgresser. A. Bridoux, Morale, Paris, Hachette, 1945, p. 76.
D. − Syntaxe
1. Renforcement du suj. [Gén. dans un cont. fam. pour marquer un contraste avec qqn d'autre; je est précédé du pron. disjoint moi ou repris par lui]
Moi, je + verbe. Moi, je ne fis qu'un bond d'enthousiasme (Céline, Voyage,1932, p. 14).Louis est le plus pieux, Auguste le plus riche; moi je suis le plus intelligent (Sartre, Mots,1964, p. 4).
Je + verbe + moi :
5. − Puisque je vous dis que je paye la couleur, moi, toute la couleur; et que je paye le peintre, moi; puisque je vous dis que vous ne payez rien et que je paye tout, moi! Giono, Regain,1930, p. 12.
2. Place du suj. [Je pron. atone est étroitement lié au verbe qui le suit − « Je pars, je bois » − et n'en est séparé que par l'adv. de négation ne − « Je ne pars pas » −, par un pron. pers. compl. atone − « Je le bois » − ou par les pron. adv. en et y − « J'en vois, j'y pars »]
Vieilli et littér. [L'expr. je soussigné, vestige de la lang. anc., où je, accentué, est séparé du verbe, fait exception] Je soussigné, ai l'honneur d'exposer à son Excellence le Ministre de l'Intérieur les faits qui suivent (Hugo, Corresp.,1830, p. 462):
6. « Je soussigné donne et lègue aux enfants de ma sœur, Madame Ève Chardon, femme de David Séchard, ancien imprimeur à Angoulême, et de Monsieur David Séchard, la totalité des biens meubles et immeubles qui m'appartiendront au jour de mon décès (...) ». Balzac, Splend. et mis.,1846, p. 471.
3. Invers. du suj. [L'invers. du suj. se fait dans la lang. châtiée ou littér.]
a) [Selon la nature de la prop.]
[Dans des prop. interr.] Les hommes? Pourquoi les aimerais-je? Est-ce qu'ils m'aiment? (Sartre, Mains sales,1948, 5etabl., 3, p. 212).
[Dans des prop. exclam.] Et d'ailleurs, étais-je niais d'avoir pris mes chimères pour des réalités! (Bourget, Disciple,1889, p. 137).
[Dans des prop. concessives] Cette partie, dont j'ai vu le début, et que j'ai suivie de jour en jour, je veux la suivre jusqu'au bout, et dussé-je en être victime (Gide, Journal,1943, p. 177).
[Dans des prop. incises] Le fait est, lui répondis-je, qu'il est déjà très mystérieux que deux et deux fassent quatre (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 292).
[Après un adv. en tête de phrase] Sans doute craignais-je moins son influence depuis que j'aimais réellement et physiquement Cyril (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 159):
7. ... au cœur de la ville arabe, en vain cherchais-je une figure aimable où poser volontiers le regard et où raccrocher quelque espoir ... Gide, Journal,1943, p. 231.
Rem. L'invers. est possible après aussi : Aussi ne me séparerai-je jamais d'Hélène (Giraudoux, Guerre Troie, 1935, I, 4, p. 37) et certains adv. ou loc. adv. comme à peine, peut-être, tout au plus... Je est alors une syll. muette.
b) [Selon le temps du verbe]
[Avec les verbes à l'imp., au fut. et au cond., l'invers. se réalise aisément, ainsi qu'aux temps composés] Avouerai-je que dans cette église, je me suis senti aussi peu touché que dans une... (Green, Journal,1935, p. 8).Qu'aurais-je dit? (Vercors, Silence mer,1942, p. 17).Mais ces hommes, me disais-je, vivent non des choses mais du sens des choses (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 830).
Rem. Si le verbe est à un temps composé, le pron. je se place entre l'auxil. et le part. passé : À peine ai-je franchi la porte que Folcoche me réclame (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 266).
Rare. [Avec le passé simple] Encore une cave! ne pus-je m'empêcher de dire (Duhamel, Cri des profondeurs,p. 192 ds Grev. 1969, § 709).
[Au prés.]
[Avec les verbes du 1ergroupe, l'invers. est possible; le e muet final devient é que l'on prononce è] Exigé-je donc trop de moi? (Gide, Porte étr.,1909, p. 589).Causé-je trop longuement avec un ami? (Duhamel, Les Plaisirs et les jeux,1922, p. 175 ds R. Le Bidois, L'Invers. du suj. dans la prose contemp., Paris, D'Artrey, 1952, p. 56).Ne parlé-je pas d'eux comme autant d'adversaires? (Colette, Petit Parisien,20 févr. 1941, p. 175 ds R. Le Bidois, L'Invers. du suj. dans la prose contemp., Paris, D'Artrey, 1952, p. 56).
Rem. 1. Quelquefois, surtout p. plaisant., la syll. finale reste muette. Père Ubu. − Que ne vous assom-je, mère Ubu! (Jarry, Ubu, 1895, I, 1, p. 35). En passant devant chez le docteur Castellant, je me suis dit « Ose-je? » puis je n'ai pas osé (MmeEJ, 10 mars 1928 ds Dam.-Pich. t. 4 1969, § 1576). 2. L'adjonction de la finale en é peut entraîner des modifications phoniques ou graphiques : - aie > ayé : je paie > payé-je, j'essaie > essayé-je; - oie > oyé : je broie > broyé-je, je nettoie > nettoyé-je; - uie > uyé : j'essuie > essuyé-je, j'ennuie > ennuyé-je; - è...e > e...é : je mène > mené-je, je pèse > pesé-je; - è...e > é...é : j'altère > altéré-je, je désespère > désespéré-je. 3. Le verbe envoyer, rattaché quelquefois au 3egroupe, peut être traité comme tel : ou bien en envoie-je un? (ibid., § 1572).
[Avec les verbes du 2egroupe, l'invers. semble exclue]
[Avec les verbes du 3egroupe, je ne se prête bien à l'invers. qu'avec des verbes très usuels dont le prés. de l'ind. est monosyllabique à la 1repers. (être, dire, avoir, faire, devoir, pouvoir, savoir, voir, vouloir)] Aussi ne fais-je que le prendre au mot en le traitant à peu près comme un inconnu (Fromentin, Dominique,1863, p. 3).Ne pouvant plus à cause de mon travail tenir régulièrement mon journal, du moins veux-je m'astreindre à dicter chaque soir ce que je désire ne pas laisser s'évanouir complètement (Du Bos, Journal,1921, p. 7).Ah! me dis-je, ce sont là les bruits du charroi (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 830).
[Avec les verbes à vocalisme nasal ou dont le rad. se termine par une liquide, on évite l'invers. du suj. au moyen de la périphrase est-ce que (cf. R. Le Bidois, op. cit., p. 35)]
Rem. Toutefois, on trouve des ex. où l'invers. peut être employée p. plaisant. Mais encore une fois, quel danger cours-je? (S. Weber, Un Client peu sérieux, 1923 ds Dam.-Pich. t. 4 1969, § 1572). − Mais sacré au nom de D..., réponds-je..., vous un homme? (M. Georges-Michel, Chronique à la Rose, 1923, ibid.).
[P. anal., avec les verbes du 1ergroupe, on ajoute quelquefois un é aux rad. du 3egroupe] Aussi metté-je toujours quelques chiffons rouges dans ma parure pour que ma joie n'aille jamais trop loin (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 70).Sincèrement, connaissé-je le catholicisme (R. Bazin, Charles de Foucauld, p. 87 ds R. Le Bidois, op. cit.). Ai-je cousu, coussé-je, coudrai-je dans du cuir? (Colette, Fanal,1949, p. 28).
Rem. Ces formes dans lesquelles l'adjonction du é au rad. peut entraîner des modifications graph., sont considérées comme des barbarismes.
[Au subj., l'invers. ne se rencontre que dans certaines tournures figées (puissé-je, dussé-je, ...)] Puissé-je voir enfin des larmes Monter jusqu'à vos yeux (Toulet, Contrerimes,1920, p. 9).
Rem. P. anal. on a pu écrire : Saché-je d'où provient, sirènes, votre ennui Quand vous vous lamentez, au large, dans la nuit? (Apoll., Bestiaire, 1911, p. 27).
4. Omission du suj.
a) [Je peut être omis dans la conversation fam. ou dans un style volontairement bref] Vous n'êtes pas sérieux. − Jure que si (H. Lavedan, Les Nocturnesp. 6 ds Sandfeld, t. 1 1965, § 11).− Sais pas (...) fait Bernard en se levant. Vais me coucher? Garçon! (Martin du G., Devenir,1909, p. 46).
b) [Dans une suite de verbes au même temps coordonnés et ayant le même suj.] Après les paroles du commandant, je saluai et me dirigeai vers la lucarne (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 249).
Rem. 1. Les grammairiens recommandent l'omission si les verbes sont réunis par ni : Je ne l'aime ni ne l'aime pas (Gyp, Leurs âmes, 1895 ds Sandfeld t. 1 1965, § 15). Cependant, on trouve des ex. de répétition même dans ce cas : − N'exagérez pas. − Je n'exagère ni je n'oublie (Capus, Arène, L'Adversaire, II, 1, ibid.). 2. Si les verbes ne sont pas au même temps, les grammairiens recommandent la reprise de je : Je ne l'ai pas déchirée [la lettre] et je te l'envoie (Bourget, Lazarine, 1917, ibid.). Mais je est souvent omis : Je suis résolu à servir mon parti, et ne me laisserai pas arrêter par des réactions psychologiques (Malraux, Espoir, 1937, p. 774), en partic. si le verbe est répété (cf. Sandfeld t. 1 1965, §15-16) : Je pensais et pense toujours qu'entre soixante et soixante-dix ans (Montherl., Pasiphaé, 1936, p. 104).
E. − Morphol. [Je s'élide devant un verbe commençant par une voyelle ou un h « muet »] L'histoire que je raconte ici, j'ai mis toute ma force à la vivre et ma vertu s'y est usée (Gide, Porte étr.,1909, p. 495).Lia. − Pourquoi êtes-vous ici? Parce que j'ai laissé griller le pain, ou parce que je hais mon mari? (Giraudoux, Sodome,1943, I, 1, p. 27).
[Je ne s'élide pas quand il suit le verbe même s'il se trouve devant voyelle] V. supra ex. 7.
[Dans la lang. pop., voire fam. je tend à se réduire à j', même devant une consonne : j'vais ..., j'sais, etc.] C'est la grâce que j'me souhaite (Laforgue, Complaintes,1885, p. 59).Moi j'sais pas les paroles. Alors je chant' l'air! (Feydeau, Dame Maxim's,1914, I, 1, p. 5).J'vais voir si c'est ainsi! Que je crie à Arthur, et me voici parti à m'engager (Céline, Voyage,1932, p. 14).Tous ceux qu'étaient vivants et qui me caressaient attendaient que j'sois mort pour pouvoir me bouffer (Prévert, Paroles,1946, p. 24).
II. − Subst. masc. [Avec ou sans déterm.]
A. − Le mot, le pronom je. Le procédé qui consiste à désigner par un « je » le héros principal, constitue un moyen à la fois efficace et facile (Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 74):
8. Je [ital. ds le texte] et nous, premières personnes, expression de supériorité, servent à exprimer l'un le pouvoir domestique, l'autre le pouvoir public... Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 334.
B. − La personne qui dit « je » (dans tel ou tel texte). Le je du Voyage en Orient, sauf en de rares minutes, raconte la vie extérieure (Durry, Nerval,1956, p. 76).
C. − PHILOSOPHIE
1. La personne, l'individu. Synon. le moi :
9. On n'a jamais bien jugé le romantisme. Qui l'aurait jugé? les critiques!! Les romantiques? qui prouvent si bien que la chanson est si peu souvent l'œuvre, c'est-à-dire la pensée chantée et comprise du chanteur? Car Je est un autre. Si le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa faute. Cela m'est évident : j'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la regarde, je l'écoute : je lance un coup d'archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou tient d'un bond sur la scène. Rimbaud, Œuvres, Lettre à Paul Demeny, Paris, Garnier, 1962 [1871], p. 345.
2. [P. oppos. au moi] Sujet unique et immuable qui est responsable des états et des actes d'un individu. Le Je est unique et immuable, tandis que le Moi peut être multiple et changeant (Foulq.-St-Jean1962, p. 388).Et c'est le Je qui a conscience de ce Moi, si bien que ma personnalité totale est alors comme double, étant à la fois le sujet connaisseur et l'objet connu (W. James, Précis de psychol.,p. 227 ds Foulq.-St-Jean 1962).
Rem. Certains philosophes n'admettent pas cette distinction et vont jusqu'à inverser le sens des termes. Le je est l'expression de la conscience superficielle, le moi est l'âme profonde (Bremond, ibid.).
Prononc. et Orth. : [ʒ(ə)]. V. supra E. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 842 eo pronom pers. (Serments de Strasbourg ds Henry Chrestomathie t. 1, p. 1); 842 io (ibid., p. 2, 21); ca 1100 je (Roland, éd. J. Bédier, 1072); 2. 1871 philosophie « le moi » (Rimbaud, loc. cit.). D'un lat. vulg. eo (attesté au vies.; cf. FEW t. 3, p. 207b), du lat. class. ego « moi, je », supposé d'après l'ensemble des lang. rom. : ital. io, roum. eu, esp. yo, port. eu, fr. je,... (cf. Vään., p. 131, § 280). La diversité des formes d'a. fr. : gié, jeo, jo..., s'explique par des traitements phonét. variés, encore mal éclaircis, de *eo, selon que la force d'accent s'était maintenue ou non (cf. Fouché t. 2, p. 162-163, Fr. de La Chaussée, Initiation à la morphologie historique de l'ancien français, p. 74, § 58 et Bourc.-Bourc., § 49, II). La forme atone je, déjà attestée dans Roland semble provenir d'un affaiblissement de jo. L'emploi de jo/je devant le verbe est devenu plus fréq. à la suite de l'effacement des dés. verb. L'usage de je comme forme forte (dont il nous reste p. ex. la formule je soussigné) s'est maintenu jusqu'au xviies. (cf. Nyrop t. 5, § 177). Fréq. abs. littér. : 1 006 106. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 437 337, b) 1 440 731; xxes. : a) 1 350 854, b) 1 468 046. Bbg. Bourgeacq (J.). Moi, je ou c'est moi qui? Fr. R. 1970, t. 43, pp. 452-458. - Hunnius (K.). Frz. je : ein präfigiertes Konjugationsmorphem? Arch. St. n. Spr. 1977, t. 214, pp. 37-48. - Jacob (L.). De ce suis je à c'est moi. B. Soc. roum. de ling. rom. 1970, t. 7, pp. 91-96. - Jankélévitch (V.). Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. Paris, 1980, passim. - Loffler-Laurian (A.-M.). L'Expr. du locuteur ds les discours sc. R. Ling. rom. 1980, t. 44, no173/174, pp. 135-157.

Wiktionnaire

Nom commun - français

je masculin singulier

  1. (Psychologie) (souvent entre guillemets) Entité perçue par le sujet comme le cœur et l’essence même de son existence en tant qu’individu.
    • C’est la personne, le « je », qui opère la synthèse et l’unité des forces vitales. Nous disons d'une façon imagée que celles-ci doivent être toutes « prises en mains » dans les grands bras du « je ». — (Michel Quoist, Construire l’homme, Éditions de l’atelier, Paris, 1997, page 64)
    • Quand est-ce que je deviendrai un « je » et un « moi » véritable, un « je » et un « moi » personnel, un « je » et un « moi » unique? — (Maurice Zundel, Silence, parole de vie, éditions Anne Sigier, 1990, page 104)

Pronom personnel - français

je \ʒə\ masculin et féminin identiques singulier

  1. Pronom de la première personne du singulier. Peut aussi bien être masculin que féminin. Utilisé exclusivement en tant que sujet. Devant une voyelle ou un h muet, il s’élide en j’.
    • Je suis en France.
    • Je m’appelle « Isabelle ».
    • J’habite à Paris.
    • J’organise un voyage.
    • (Informel) Hé ! J’te cause !
    • (Informel) J’prendrais bien un p’tit verre, et toi ?
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

JE. Pronom personnel
, dit de la première personne du singulier. Il sert à désigner Celui, celle qui parle ou qui écrit. Quand il est placé devant un verbe commençant par une voyelle ou une h aspirée, son e est élidé. Je dis. Je fais. Je lirai. J'aime. J'écrirai. J'honore. Je hais. Je vous assure que... Je m'y trouverai.

JE, qui aujourd'hui est toujours atone, pouvait être autrefois fortement accentué et avait le sens que nous donnons à Moi. Nous en gardons un souvenir dans la formule administrative : Je soussigné... certifie que... Il arrive souvent que JE soit placé immédiatement après le verbe dans les phrases interrogatives, exclamatives, etc. Que ferai-je? Où suis-je? Osez-vous, lui répondis-je, me parler de la sorte? Puissé-je vous voir aussi heureux que vous le méritez! Fam., Je ne sais quoi, ou, comme nom, Un je ne sais quoi. Voyez SAVOIR.

Littré (1872-1877)

JE (je), pronom personnel de la première personne, du singulier et des deux genres.
  • 1Il s'emploie toujours comme sujet de la proposition, et jamais comme régime ou complément : je dis, je fais, je lirai, je hais.

    Quand le verbe commence par une voyelle ou une h non aspirée, on élide l'e : j'aime, j'honore.

  • 2Il est quelquefois séparé du verbe dans certaines formules, par l'énonciation des qualités de celui qui parle. Je soussigné, conservateur des hypothèques, certifie que…

    L'ancienne langue, pour laquelle moi était toujours un régime, et qui disait : qui a fait cela ? je, permettait les séparations de je et de son verbe. Cette tournure se trouve encore dans Scarron : Je qui chantai jadis Typhon D'un style qu'on trouva bouffon, Scarron, Virg. I. Dans la langue actuelle, quand on veut employer une tournure semblable, il faut dire : moi qui, je… Moi qui vous parle, je l'ai vu de mes yeux.

  • 3Il se met après le verbe, dans les façons de parler interrogatives ou admiratives, comme : que ferai-je ? que répondrai-je ? où suis-je ?

    Il s'y met quand le verbe se trouve enfermé dans une espèce de parenthèse, comme : Vous remarquerez, lui dis-je, que… Osez-vous, lui répondis-je, me parler de la sorte ? Moi, j'ai blessé quelqu'un ? fis-je tout étonnée, Molière, Éc. des f. II, 6. Il s'y met quand on l'emploie par manière de souhait, comme : Puissé je de mes mains te déchirer le flanc ! Voltaire, Fanat. V, 2.

    Il s'y met dans ces phrases-ci et autres semblables : Dussé-je en périr, fussé-je au bout du monde, quand je devrais en périr, quand je serais au bout du monde. Eussé-je un faible cœur Jusques à n'en pouvoir effacer votre image, Molière, le Dép. IV, 3.

    Il s'y met dans des phrases où le doute s'exprime, comme : Peut-être irai-je, peut-être n'irai-je pas. Encore ne sais-je. Si je vous ouvre mon cœur, peut-être serai-je à vos yeux bien moins sage que vous, Molière, l'Avare, I, 2.

    Il s'y met aussi quand le verbe est précédé de la conjonction aussi ou de certains adverbes, comme : Aussi puis-je vous assurer… ; en vain prétendrais-je le persuader ; inutilement voudrais-je m'y opposer.

    Lorsqu'il est ainsi placé après le verbe, c'est toujours immédiatement, sans qu'on puisse rien mettre entre deux.

  • 4Dans ces circonstances, c'est-à-dire je étant placé après son verbe, si le verbe est au présent de l'indicatif et de la première conjugaison, on accentue l'e final, et d'un e muet on fait un é fermé. Mais où cherché-je ailleurs ce qu'on trouve chez nous ? Boileau, Épître I. Elle me fuit ! veillé-je et n'est-ce point un songe ? Racine, Iphig. II, 7.

    On l'accentue encore, si le sens de la phrase demande l'emploi du présent du subjonctif ou de l'imparfait du même mode, comme : je dusse, je puisse, on écrira : dussé-je, puissé-je. Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre, Corneille, Hor. IV, 5. Dussé-je après dix ans voir mon palais en cendre, Racine, Androm. I, 4.

    On accentue l'e final du verbe, parce qu'alors le verbe et le pronom ne forment qu'un seul mot et que dans notre langue il est impossible qu'un mot se termine par deux syllabes muettes.

  • 5Quand le verbe qui doit être suivi du pronom je se trouve d'une seule syllabe ou terminé par deux consonnes, on prend alors une autre tournure pour ne pas choquer l'oreille, et, au lieu de dire : dors-je, mens-je, m'endors-je, on dit : est-ce que je dors ? est-ce que je mens ? est-ce que je m'endors ?

    Cependant on trouve de ces monosyllabes avec le pronom je dans les meilleurs auteurs. Ne sens-je pas bien que je veille ? Molière, Amph. I, 2. Ne tiens-je pas une lanterne en main ? Molière, ib. I, 2. Dans toutes ces expressions l'oreille doit être juge. C'est par plaisanterie que P. L. COURIER fait dire à un soldat : je sers ; mais à quoi sers-je ? Courier, 2e lettre particulière. Le principe par lequel l'oreille juge, c'est d'admettre dors-je, sers-je, etc. quand ils ne portent pas l'accent phraséologique, et de les rejeter quand ils le porteraient.

  • 6Je, comme tous les pronoms personnels, se répète forcément dans deux cas : premièrement, quand il y a deux propositions de suite où l'on passe de l'affirmation à la négation et de la négation à l'affirmation ; secondement, quand les propositions sont liées par toute autre conjonction que les conjonctions et, mais, ni.

    Dans tous les autres cas, on consulte l'harmonie et l'élégance de la phrase pour répéter ou non le pronom. Quand le moment viendra d'aller trouver les morts, J'aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords, La Fontaine, Fabl. XI, 4. Misérable ! et je vis ! et je soutiens la vue De ce sacré soleil dont je suis descendue, Racine, Phèdre, IV, 6. Un rapport clandestin n'est pas d'un honnête homme ; Quand j'accuse quelqu'un, je le dois et me nomme, Gresset, Méchant, V, 4.

  • 7Je ne sais quoi, ou, substantivement, un je ne sais quoi, voy. SAVOIR.

HISTORIQUE

IXe s. Si salvarai eo [je] cest meon fradre Carlo, Serment. Si io returnar non l'int puis [si je ne l'en puis détourner], ib.

Xe s. E io ne dolreie [je ne serais pas dolent] de tanta millia hominum, si perdut erent ? Fragment de Valenc. p. 469.

XIe s. Jojetai vos choses de la nef pur poür [peur] de mort, Lois de Guill. 38. Bel sire niés [neveu], et je et vous irons, Ch. de Rol. LXVIII.

XIIe s. Et je, qui sui au mourir, Couci, IV. Jes [je les] ai laissez au reigne d'Aumarie, Ronc. p. 167. Qu'il me prendroit, et je lui à mari, ib. 170. Amis, dist-ele, verrai vous je jamais ? Raoul de Camb. 234.

XIIIe s. Helas ! or n'oserai je mais devant lui aler, Berte, CXXXIX. Repentir ? las ge que feroie ? la Rose, 4165.

XVe s. Voir est que je, qui ai empris… ai, par plaisance… frequenté plusieurs nobles et grands seigneurs, Froissart, Prol.

XVIe s. Ce ne suis-je pas qui en suis cause, mais Jupiter et la deesse de necessité, Calvin, Instit. 146. Quand la mere oublieroit ses enfans, encor ne t'oublieray-je jamais, Calvin, ib. 150. Voulant doncques (je vostre très humble esclave) accroistre voz passe-temps, Rabelais, Pant. II, prol. De l'endurer lassé je ne suis pas, Ny ne seroy-je, allassé-je là bas…, Ronsard, 54. Remply-je ce que je luy donne ? Ronsard, 376. Mais pourquoy sens-je en mon age imparfait Avant le temps le mal qu'elle me fait ? Ronsard, 928. Rougis-je ? escume-je ? tressauls-je ? fremis-je ? Montaigne, III, 142. Je trouve dans le commun langage ces façons de parler… Cependant que j'irons au marché, pour nous irons : j'avons bu, pour nous avons ; allons m'en, de par le diable, pour allons nous en ; j'allons bien, pour nous allons bien, Palsgrave, f° 125 au verso. Pensez à vous, o courtisans, Qui, lourdement barbarisants Toujours, j'allions, je venions, dites, H. Estienne, Du langage français italianisé. J'avons esperance qu'il fera beau temps, Lettre de François 1er citée par GÉNIN, Variations, p. 291.

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Étymologie de « je »

Du latin populaire *eo (panroman), en latin classique ego. L’ancien français (langues d’oïl) avait, en plus, deux formes toniques, jou au nord et à l'est et gié ailleurs, éliminées avant le moyen français (la forme jou survit cependant en picard dans l'inversion du pronom et du verbe pour poser une question — que foais-jou ? pour que fais-je ? par exemple — ainsi que dans nombre de parlers lorrains, champenois, bourguignons et comtois, en général sous la forme djou ou jo).
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Nivernais, i ; picard, ege, ej, euj'' ; provenç. eu, ieu, io ; espagn. yo ; portug. eu ; ital. io ; du lat. ego ; goth. ik ; allem. ich ; lithuan. isz ; zend, azem ; sanscr. aham.

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Phonétique du mot « je »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
je ʒœ

Fréquence d'apparition du mot « je » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « je »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « je »

  • Je pense, donc je suis.
    René Descartes — Discours de la méthode
  • Je devrais raccrocher, je suis une erreur.
    Ylipe — Textes sans paroles
  • Une impossibilité à se projeter dans l’avenir compliquée à vivre, selon le journaliste, pour les personnes touchées de plein fouet par les conséquences de l'épidémie. À cela s’ajoute la difficulté de constater que tout le monde a repris le travail au regard des nombreux bouchons sur les routes françaises aux abords des grandes villes.
    France Bleu — Jean-Pierre Pernaut : "Je ne comprends pas pourquoi on peut s’entasser dans le métro et pas aller au cinéma"
  • Je crois ce que je dis, je fais ce que je crois.
    Victor Hugo
  • Je vais où je m'ignore.
    Jean Cayrol
  • "La nuit, je dors mal car je pense à l'avenir." - Philippe Soria, cuisinier du restaurant montpelliérain l'Acolyte.
    France Bleu — Covid-19 : "Comme les restaurants sont fermés, je me fais parfois des petits plats pour ne pas perdre la main"
  • Je : cette apparition mince et floue, qui figure en tête de la plupart de nos phrases.
    Francis Ponge — Réflexions sur les statuettes, figures et peintures d'Alberto Giacometti, Gallimard
  • Je n'enseigne pas, je raconte.
    Michel de Montaigne
  • Le jeune supporter, la vingtaine, n’en revient toujours pas… quelques jours seulement après avoir posté une vidéo sur son compte twitter pensant que celle-ci ne dépasserait pas sa communauté.  
    France 3 Hauts-de-France — VIDÉO. "Je n’arrêterai jamais de faire des vidéos sur le RC Lens" : Thibaut, harcelé sur les réseaux sociaux, témoigne
  • Parfois je pense ; et parfois je suis.
    Paul Valéry
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Traductions du mot « je »

Langue Traduction
Anglais i
Espagnol yo
Italien io
Allemand ich
Chinois 一世
Arabe أنا
Portugais eu
Russe я
Japonais
Basque nik
Corse i
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Synonymes de « je »

Source : synonymes de je sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot je au Scrabble ?

Nombre de points du mot je au scrabble : 9 points

Je

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