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Dont

Définitions de « dont »

Trésor de la Langue Française informatisé

DONT, pronom relatif.

Pronom relatif des deux genres et des deux nombres introduisant une proposition relative à l'intérieur de laquelle il joue le rôle d'un complément prépositionnel introduit par de. Il est l'équivalent de de qui, duquel, de laquelle, desquels, desquelles lorsque l'antécédent, substantif ou pronom, désigne un être animé; de duquel, de laquelle, desquels, desquelles lorsque l'antécédent désigne un inanimé; de de quoi lorsque l'antécédent est un pronom neutre comme ce, cela, rien.
1reSection [Dont pron. en fonction de représentant; précédé d'un antécédent nominal qu'il représente dans la prop. subordonnée relative]
I.− [En constr. de compl. d'un subst. ou d'un adj. avec lequel il forme un syntagme nominal]
A.− [Rapports de sens entre dont et le subst. qui suit : dont marque l'appartenance]
1. [Dont marque la possession, la qualité, la matière : il complète un subst. ou un pron. au sing. ou au plur.]
a) [L'antécédent est un subst.]
α) [animé] Lulu est la maîtresse de Richeterre dont la femme a divorcé pour épouser Vernon (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 250).
β) [inanimé] :
1. Nous aimions à gravir les côteaux ensemble, à voguer sur le lac, à parcourir les bois à la chûte [sic] des feuilles; promenades dont le souvenir remplit encore mon ame [sic] de délices. Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 1, 1803, p. 419.
b) [L'antécédent est un pron.] De tous les insectes que j'ai dessinés, voici le plus simple, et celui dont l'étude m'a fait le plus grand plaisir (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 67).
c) [L'antécédent est un groupe nominal] Une cavité fermée de toutes parts, dont une portion, repliée dans l'autre, recouvre immédiatement le cœur et les gros vaisseaux (Cuvier, Anat. comp.,t. 4, 1805, p. 185).
Rem. 1. Dont ne peut être employé lorsque le compl. du verbe n'est pas dans un rapport d'appartenance avec l'antécédent. 2. Dont ne peut entrer en concurrence, dans la prop. subordonnée relative, avec un autre représentant de l'antécédent comme un pron. pers., un adj. poss. ou le pron. pers. en. Cf. infra les constr. pléonastiques rejetées par le bon usage.
Constr. partic.
[L'antécédent peut être disjoint du pron. rel.] :
2. Ainsi l'arrondissement des frontières est un système, dont la base se détruit par elle-même, dont les éléments se combattent, et dont l'exécution, ne reposant que sur la spoliation des plus faibles, rend illégitime la possession des plus forts. Constant, De l'Esprit de conquête,1813, p. 157.
[Dont après ponctuation forte] :
3. ... ce royaume, dont les productions, si elles étaient à leur maximum, alimenteraient la moitié de l'Europe; dont les laines suffiraient aux manufactures de France et d'Angleterre; dont les bestiaux, employés en salaison, produiraient un revenu immense; ce royaume, dis-je, ne fait aucun commerce. Voyage de La Pérouse,t. 2, 1797, p. 61.
[Le pron. rel. peut introduire des subordonnées juxtaposées et/ou coordonnées]
[à d'autres relatives] :
4. − Croira-t-on qu'il existe dans cette grande capitale une classe assez nombreuse de gens qui ne possèdent pas un sou, qui n'exercent aucune profession, qui n'ont ni parens, ni amis, dont la conduite n'a rien de légalement répréhensible, et qui trouvent cependant le moyen de mener une assez douce vie? Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 1, 1811, p. 203.
[à un adj. déterminatif] Dans les espèces d'animaux privées de doigts, ou dont les doigts sont enveloppés de substances insensibles, ces appendices les remplacent (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 589).
2. [Dont marque le rapport partitif; il complète une loc. partitive, nom de nombre ou indéf. numéral]
a) [La loc. partitive est suj.]
α) [avec un nom de nombre] Il rencontra, le 3 octobre, trois îles, dont une est remarquable par la quantité prodidigieuse d'oiseaux qu'il y trouva (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 84).Il amena deux chevaux dont l'un avait une selle de femme (Flaub., Cœur simple,1877, p. 18):
5. ... mon grand-père, comme tout le monde, avait une femme répondant au nom évangélique de Marie. Il lui fit onze enfants, dont huit survécurent à leur éducation chrétienne. Il lui fit onze enfants parce que les premiers furent six filles, dont quatre devaient embrasser l'état religieux (elles ont choisi la meilleure part) ... H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 19.
En partic.
[Avec une expr. numérique partitive] Je dirigeai ma route vers cette espèce de village dont une des maisons avait trois cent trente pieds de longueur (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 99).
[Avec une fraction] De deux mille à deux mille quatre cents tonneaux de fer, dont les trois quarts sont convertis en barres, et le reste fondu en boulets, canons, etc. (Crèvecœur, Voyage,t. 1, 1801, p. 283).Emploi ell. du verbe. La face couturée de cicatrices, dont une profonde qui me coupe encore la lèvre supérieure (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 263).
Rem. Dans ces cas, l'emploi de en est impossible.
β) [Avec un indéf. numéral] Nos pertes sont légères et, depuis le début, ne dépassent pas 150 dont beaucoup sont des blessés (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 387).Emploi ell. du verbe être. Les autres, plutôt des hommes âgés, dont beaucoup du service des chemins de fer en campagne (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 284).
b) [La loc. partitive est attribut (ou suj. réel); dans ce cas, l'emploi de dont paraît insolite, venant se superposer à en dans il y a]
Rem. Dont n'est pas considéré comme correct lorsqu'il est compl. d'un numéral régime; certains aut. utilisent cependant ce tour : a) avec un nom de nombre. Puis on répandit devant eux des saphirs dont il fallut choisir quatre (Maupassant, Fort comme la mort, II, 4 cité ds Grev. 1964, § 558); b) avec un indéf. numéral (cf. Grev., op. cit.).
c) [Dont introduit une prop. avec ell. du verbe (tour très fréq., notamment dans la lang. parlée)]
α) [Dans une loc. partitive suj., compl. d'obj. ou compl. circ. du verbe] J'ai donné quatorze enfants à l'Italie, dont huit garçons (Montherl., Malatesta,1946, II, 5, p. 476).Trente jours de prison dont quinze de cellule (Prévert, Paroles,1946, p. 243):
6. − Écoute bien, je suis excellent nageur, j'ai déjà sauvé deux personnes, dont une en mer par gros temps. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 121.
β) [Suivi d'un nom de pers. et plus rarement d'un pron. pers.] Synon. parmi lesquels, entre autres (citons).Ne pas consentir à lâcher prise (il y a d'admirables exemples de cela; dont celui de Guillaumet) (Gide, Journal,1949, p. 334).Les jeunes hégéliens de gauche (dont Marx) (Camus, Homme rév.,1951, p. 84):
7. ... une décision préliminaire d'utiliser l'arme au Japon fut prise le 1erjuin, après la fin de la guerre avec l'Allemagne, par un Comité présidé par le ministre de la Guerre Stimson, conseillé par quelques-uns des savants responsables, dont Compton, Fermi, Lawrence et Oppenheimer. Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 57.
P. ext. [Suivi d'un nom propre (de pays, etc.)] Les grandes puissances atomiques occidentales, dont la France (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962p. 149).
Spéc., dans la terminol. jur. et admin. Dont acte (cf. infra).
B.− [Fonction déterminative; dont détermine un subst.]
1. [un subst. ou équivalent de subst. sujet dans la relative] Des questions dont tout autre que lui eût senti l'inconvenance (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 131).Deux fois dans la même semaine, il avait commis la gaucherie de confondre Bernadette Salvail, dont la réputation de beauté s'étendait au-delà de la Grand'Rivière, et la petite maîtresse d'école, d'une laideur de pichou (Guèvremont, Survenant,1945, p. 54).
2. [un subst. attribut dans la relative] Il se souvenoit toujours de Fénelon, dont il avoit été l'hôte (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 178).Tous ceux qui viendront prendre leurs degrés dans l'école dont il aspire à devenir le chef (Jouy, Hermite,t. 3, 1813, p. 214).
3. [un subst. compl. d'obj. dans la relative] Son compagnon, dont, avant de mourir, il désiroit contempler les dernières agonies (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 55).Le cénotaphe de Montmorency, dont elle et l'archevêque de Tyr ont seuls la clef (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 160).
4. [deux subst. de fonction différente dans la relative; dont complète à la fois le suj. et le compl. d'obj. dir. dans la relative] Ceux [les cônes membraneux] dont le développement avoit poussé les barbes au dehors (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 606).Ils [les mots] oublient leur fonction première d'exprimer du perçu, du senti, cette fonction dont l'image, à son tour, revendique l'apanage (Huyghe, Dialogue avec visible,1955, p. 22):
8. Il y a, au seuil de l'église, n'assistant jamais à aucun office, un misérable homme, dont le propriétaire vient de faire enlever la porte et la fenêtre pour une dette de quelques francs. Bloy, Journal,1903, p. 157.
Rem. Dans ces cas, l'emploi d'un poss. dans la relative ferait pléonasme avec dont et le bon usage le rejette. Cf. infra a δ.
Grammaire du « bon » usage.
a) Emplois non admis.
α) [Cas où dont devrait déterminer un compl. prép. dans la prop. rel.; la constr. avec dont est alors remplacée par une constr. où l'antécédent est repris par de qui pour un être animé, duquel, de laquelle, desquels ou desquelles dans les autres cas; le compl. prép., quoique faisant partie de la rel., précède obligatoirement le pron. rel.] « Le garçon à l'avenir de qui (en fr. parlé : duquel) je m'intéresse » (et non : « *Le garçon dont je m'intéresse à l'avenir »). « Le livre à la rédaction duquel je travaille » (et non : « *Le livre dont je travaille à la rédaction »). « Le parc dans les allées duquel je me promène » (et non : « *Le parc dont je me promène dans les allées ») (ds G. Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj.,Paris, Hachette, 1968, § 398) :
9. Ces représentations, qui m'ont été faites par des personnes dont l'amitié m'est bien chère, et à l'ascendant desquelles je ne sais pas résister, (...) ont vaincu ma répugnance et fait taire toutes mes objections. Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 5.
β) [Cas où dont serait employé pléonastiquement avec un pron. pers. dans la rel.] « Le poète que ses œuvres ont rendu illustre » (et non : « *Le poète dont les œuvres l'ont rendu illustre »). « *Les élèves à qui leur application a valu des succès » (et non : « Les élèves dont l'application leur a valu des succès ») (ds Grev.1975, 10eéd., § 560, rem. 3).
γ) [Cas où dont serait employé pléonastiquement avec en dans la rel. (et lorsque dont ne détermine qu'un mot de la rel.)] « Mes amis dont je connais la fidélité » (et non : « *Mes amis dont j'en connais la fidélité ») (ds Grev.1975, 10eéd., § 560, rem. 4).
δ) [Cas où dont serait employé pléonastiquement avec un adj. poss. dans la rel. (et lorsque dont ne détermine pas le suj. dans la rel.)] « Ce petit livre (...) dont je ne sais plus le titre ni le nom de l'auteur » (Gide, Les Nourr. terr.et les Nouv. Nourr.,p. 293, ds Grev. 1975, 10eéd., § 560, rem. 2, N. B. 1 b(et non : « *Ce petit livre dont je ne sais plus le nom de son auteur »).
Rem. L'emploi d'un adj. poss. dans la relative est possible lorsque dont ne détermine qu'un subst. de la relative et que cet adj. poss. renvoie à un autre nom. M. Pitt doit avoir pour ennemis (...) les hommes dont son rang élevé attire l'envie (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 222). Cependant il est parfois utile a) pour éviter une amphibologie et pour signifier « son propre, sa propre ». Ma vie en vérité commence Le jour où je t'ai rencontrée Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce à ma démence (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 173); b) pour éviter la répétition abusive de l'art. déf. Il fut toujours l'homme sensuel, perspicace et romanesque, dont ses lettres révèlent les facultés contradictoires (Bourget, Essais psychol., 1883, p. 220); c) lorsque dont est compl. de deux mots différents de la subordonnée relative, il est logique de le reprendre par un poss. (ou un pron.). Ayant épousé mademoiselle Thérèse Montessuy, dont la dot vint soutenir sa fortune politique (France, Lys rouge, 1894, p. 43).
b) Emplois admis.
α) [Après dont le suj. ou le compl. d'obj. dans la rel. forme un nom composé, un groupe nom. ou une loc. subst. quasi-soudée] Un homme dont la force d'esprit est surprenante (Kr. Sandfeld, Syntaxe du français contemporain,t. 2, Les propositions subordonnées, Paris, E. Droz, 1936, p. 190).Vous dont j'ai toujours apprécié la hauteur de vue (Gide, Faux-monn.,1926, p. 939).
β) [Dont est compl. d'une loc. verbale figée appelant la constr. avec de (venir à bout de qqc., être à l'écart de qqc.)] Je me mis à songer plus attentivement à cette singulière colonie de Maremma dont Fabrizio faisait tant de cas (Gracq, Syrtes,1951, p. 60).
Rem. Ne sont pas admises les constr. qui aboutiraient à une prop. rel. se terminant par un compl. prép., sauf si ce compl. prép. forme un syntagme plus ou moins figé avec le subst. ou le verbe dont il est le compl. On trouve ds la docum. un certain nombre de cas où le caractère figé du syntagme est moins net que dans les ex. cités ci-dessus. Tout seul, (...) se dévidait le peloton dont j'avais lesté le bout du fil (Gracq, Syrtes, 1951, p. 242).
c) Emplois controversés. [Dont dépendant à la fois d'un compl. prép. et d'un autre subst. suj. ou compl. d'obj., notamment lorsque le compl. prép. désigne une partie du corps] « Ce garçon (...) dont l'énergie se lisait dans les yeux bleus » (J. et J. Tharaud, Le Passant d'Éthiopie,p. 90 ds Grev. 1975, § 560, rem. 1).« Il y a ceux (...) dont on lit la pensée dans les yeux » (A. Dumas f.,Le Fils nat.,Prologue, 5,ds Grev. 1975, § 560, rem. 1).
II.− [Dépendant directement du verbe sub. (actif, passif, pronom.) avec lequel il forme un syntagme verbal]
A.− [Rapports de sens entre dont et le verbe]
1. Arch. et littér. [Dont marque la provenance, l'éloignement, l'extraction] Synon. de où.
a) Au sens physique. [Dont marque le point de départ d'un mouvement] Le perdreau, (...) traînant encore l'œuf dont il vient de sortir (Cabanis, Rapp. phys. mor., t. 2, 1808, p. 321).Des trottoirs dont il fallait descendre chaque fois qu'on croisait un passant (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 7):
10. ... le Carrefour, propriété de famille aux environs de Pont-l'Évêque, dont il ne bougeait plus, où il se ferait plaisir de me recevoir et de mettre à ma disposition ses papiers, sa bibliothèque et son érudition... Gide, Isabelle,1911, p. 603.
Rem. 1. Dont ne peut avoir pour antécédent un adv. de lieu. 2. Cet emploi arch. que les grammairiens condamnent est assez répandu chez les aut. mod. avec les verbes qui demandent la prép. de (cf. Grev., § 562).
b) Au fig.
[L'antécédent désigne un point de départ réel] Il dit que le procès est une faute, une impasse dont ils ne pourront sortir (Goncourt, Journal,1883, p. 226):
11. ... puis, tournant le front vers la vitre, il se réfugia dans un silence somnolent, dont il sembla bientôt ne plus vouloir, ne plus pouvoir sortir. Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1268.
[L'antécédent désigne un point de départ fig. pour marquer un mouvement logique, une conséquence] Les questionnaires oraux, dont elle part, donnent habituellement, il est vrai, des résultats assez décevants (Mounier, Traité caract.,1946, p. 26):
12. Ainsi la passion retourne contre la raison dont elle est issue les forces que la raison avait libérées dans l'homme. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 214.
[Cas intermédiaires entre l'éloignement et l'éloignement fig.] Il rêvait d'un combat héroïque, d'une longue tuerie dont il sortirait parfait et pur (Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 34).
c) Spéc. [Pour marquer l'origine familiale ou sociale, la descendance, l'extraction; l'antécédent est du type animé (être issu, descendre de)] Sem en eut cinq : chacun eut au moins une épouse, dont il eut maint enfant (Collin d'Harl., Vieux célib.,1792, III, 2, p. 67).Le peuple dont tu sors (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 738):
13. Quel miracle − pas d'autre mot − que l'apparition de cet enfant à l'instant précis où les deux lignées dont il sort, Fontanin et Thibault, allaient s'éteindre sans avoir rien donné qui vaille! Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 920.
2. [Dont marque la cause (avec les verbes demandant la prép. de au sens causal)]
a) [L'antécédent est un subst. ou un pron.] Il ne trouvait rien là dont il eût honte et gêne (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 324):
14. À l'âge de neuf ans, il [Nodier] s'avisa de faire une déclaration d'amour à une femme de Besançon... Il lui avait donné rendez-vous dans un lieu écarté. Elle vint et lui donna le fouet, dont il pensa crever de rage et de honte. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,1870, p. 93.
b) [L'antécédent est toute une prop., plus rarement une phrase : (ce) dont en appos. (cf. infra)] . Vieilli, rare. Ellipse de ce. Je n'ai vu mademoiselle Molica qu'une fois, je suis trop grand pour aller chez elle, dont bien me fâche (Stendhal, Corresp.,t. 3, 1800-42, p. 272).Sa femme Giuseppa lui avait donné d'abord trois filles (dont il enrageait) et enfin un fils (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 5).
3. [Dont marque d'autres circonstances verbales]
a) [Compl. d'agent d'un verbe à la voix passive]
Synon. duquel..., par lequel, par qui (dont insiste davantage sur la nature du rapport)
[L'antécédent est un être animé] Quoi cependant de plus digne d'envie, que le sort d'un homme uni à la femme qu'il aime, et dont il est aimé! (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 370).L'un aime sans oser le dire à celui dont il ne se croit pas aimé (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 166).
[L'antécédent est un inanimé] Mandel me parla sur un ton de gravité et de résolution dont je fus impressionné (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 58).On est déconcerté par ces détails sans importance dont ils paraissent avoir été surtout frappés, qu'ils semblent avoir surtout retenus (Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 128).
b) [Compl. circ. de moyen, d'instrument; l'antécédent désigne un inanimé] Synon. par lequel, avec lequel.Son jeune disciple lui apporte la flûte dont il avoit coutume de jouer (Staël, Allemagne,t. 3, 1810, p. 135).Un rasoir dans la [main] droite dont il s'est coupé le cou (Mérimée, Lettres à M. Panizzi,1870, p. 135):
15. ... Madame Gide a fait confectionner de grandes housses en forme, dont on couvre les bibliothèques du palier, le matin, pendant l'heure du ménage... Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1385.
En partic. [Moyen de subsistance] D'où venait le goût si particulier des petits pois dont ils déjeunèrent (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 330).
c) [Compl. circ. de manière; l'antécédent est un subst. désignant la manière] (À, de) la façon, la manière dont... du train dont il va (Nouv. Lar. ill.). Synon. par lequel, avec lequel.Du train dont va le monde (cf. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1227).Presque du ton dont il eût dit : « Allez réviser votre cours de tactique » (Abellio, Pacifiques,1946, p. 131):
16. ... j'invitai les deux diplomates à faire savoir de ma part, respectivement à MM. Roosevelt et Churchill, que, s'ils devaient un jour modifier leur position, j'attendais d'eux qu'ils nous en avertissent avec la même diligence dont j'usais à leur égard. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 72.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. un sens vieilli de dont = dans laquelle. Vous ne sauriez croire la joie dont je suis (Chateaubr., Corresp., t. 2, 1789-1824, p. 204). 2. De la façon dont, du train dont vont les choses n'est pas une constr. pléonastique. De la façon dont vont les choses, elle pourrait bien avoir parlé pour rien (Camus, Peste, 1947, p. 1446).
d) [Compl. circ. de matière, et, p. ext., dont marque le point de départ d'une transformation (de = à partir de)] Le caoutchouc dont sont faits les ballons et les balles qui figurent les mamelles (Apoll., Tirésias,1918, p. 867).Cet homme était de la pâte dont sont faits les prophètes (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 305):
17. ... la matière dont il était fait ne semblait pas de la chair humaine, mais bien quelque substance éthérée, quelque paraffine translucide et nacrée, quelque pulpe immatérielle; on eût dit une chair d'hostie. Gide, Journal,1949, p. 336.
P. ext. [Point de départ d'une transformation] Tel insecte dont elle fera sa nourriture (Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 312).Celle dont il entend faire une vicomtesse de Clérambard (Aymé, Cléramb.,1950, p. 159).
e) [Compl. circ. de propos] Synon. au sujet duquel, à propos duquel (de qui, de quoi).Cet homme, en particulier, dont il est question maintenant, ne sent, pour ainsi dire, que lorsqu'il se meut (Cabanis, Rapp. phys. mor.,t. 1, 1808, p. 395).J'avais alors ma fillette malade dont je ne savais plus rien (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 119).Cet art dont vous avez si bien écrit (Montherl., Malatesta,1946, I, 7, p. 451):
18. J'emploie constamment les mots de matière et de forme. On peut se demander ce dont il s'agit exactement. Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr.,1952, p. 50.
Rem. 1. Dans bien des cas, on peut aussi considérer ce compl. comme un compl. d'obj. indir. (obj. second) d'un verbe trans. à double constr. d'obj. C'est ce dont je vous plains. Je n'ai fait aucune chose dont vous ayez lieu de vous plaindre (Claudel, Raviss. Scapin, 1952, p. 1327). Blum considérait sous la seule optique socialiste le grand problème national dont je l'avais entretenu (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 260). 2. Ce dont peut introduire une subordonnée interr. indir. Synon. de quoi. Sais-tu ce dont je parle? (Camus, Justes, 1950, IV, p. 361). Savez-vous ce dont j'ai rêvé (Id., Chute, 1956, p. 1543).
B.− [Rapports gramm.]
1. [Dont introduit un compl. d'obj. indir. (obj. premier)]
a) [d'un verbe trans. indir. ou pronom. construit avec de] Débarrasser le marchand des objets dont il désespérait de se défaire (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 239).Il y eut un petit silence dont Henri profita pour se lever (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 243).
Rem. Dont suivi d'un inf. (rare). Le ministre (...) n'a point trouvé, dans son domaine, (...) une seule occasion dont user (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 941).
b) [d'une loc. verbale construite avec de] Fais ce dont tu as envie (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 574).L'expérience des illusions − des révélations − dont il a été le jouet (Durry, Nerval,1956, p. 123):
19. Poussées par de solides bras de vent, les giboulées giflaient interminablement le Craonnais avec la même constance dont Folcoche savait faire preuve à notre égard. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 73.
Rem. Certains verbes admettent un compl. circ. de propos. Les cinq dont je viens de parler (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 155).
2. [Dont introduit un compl. d'obj. indir. (obj. second) d'un verbe trans. dir. et indir. (à constr. double)]
a) [L'antécédent est un subst. ou un groupe nominal] Élans sublimes de la nature, expressions des plus beaux sentiments dont elle ait orné le cœur de l'homme! (Crèvecœur, Voyage,t. 3, 1801, p. 91).
b) [Le compl. d'obj. dir. est un pron. pers.] Dans l'attente du sourire dont elle m'aurait récompensé (Gide, Journal,1943, p. 170).L'ultimatum dont je vous ai menacé (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 379):
20. ... tout ce dont vous m'accusez est pure invention et calomnie. On m'accuse de ce que j'ai fait, de ce que je n'ai pas fait, et aussi des mêmes actes pour lesquels on ne blâme pas les autres, quand ce sont eux qui les font, et pour lesquels même il arrive qu'on les loue. Montherlant, Malatesta,1946, II, 5, p. 476.
3. [Dont introduit un compl. d'adj.] Répondit-il, avec toute la simplicité dont il était capable (Abellio, Pacifiques,1946, p. 132).Cette phrase étonnante, inexplicable, dont je me sens encore à peine responsable (Gracq, Beau tén.,1945, p. 31).En voilà un dont je ne suis pas fière! (Montherl., Port-Royal,1954, p. 1030).
4. [Dont introduit une prop. ell. du verbe] Cf. supra le rapport partitif.
2eSection [Dont en fonction d'élément d'un nominal sans valeur de représentant; précédé d'un dém. à valeur déterminative d'art. (cela dont..., ce dont...) avec lequel il forme un syntagme subst. fonctionnant comme un mot simple à l'intérieur de la prop. princ.; en fonction anaphorique]
I.− [de reprise, de renvoi]
A.− Ce dont, en appos. (après virgule, parfois après un point)
1. [Pour reprendre un syntagme entier, une prop. ou même une phrase] Les carnivores, (...) sont (...) beaucoup moins favorisés quant au sens du toucher : ce dont ils sont en général compensés par celui de l'odorat (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 583):
21. Il souhaite que s'il y a une guerre civile, ce dont il doute un peu, on ne le battra pas comme l'ont battu les Allemands qui l'ont presque tué à coups de bâton. Green, Journal,1946, p. 22.
2. [Pour reprendre, en incise, une prop. qui va suivre (par anticipation)] :
22. Cependant cela était bon à observer pour vous faire remarquer, ce dont vous verrez de fréquentes preuves dans toutes vos études, que toutes ces classifications que font les hommes pour mettre de l'ordre dans leurs idées, sont très-imparfaites; et qu'il faut s'en servir parce qu'elles sont commodes, ... Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Idéologie, 1801, p. 34.
3. En partic. [Dans la terminol. jur. et admin.] Dont acte. Acte est pris de ce qui vient d'être dit (cf. acte II C).
P. anal. Dont ci-joint copie. Par lettre d'aujourd'hui, dont ci-joint copie, j'en avertis le général Eisenhower (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 476).
B.− Cela dont; c'est ce dont..., voilà ce dont... C'est ce dont = c'est de cela que = c'est de quoi. Allons! C'est bien cela dont il est question! (Collin d'Harl., Vieux célib.,1792, IV, 3, p. 98):
23. − Alors vous avez une idée de ce qui nous arrivera quand nous aurons fait cadeau de l'Europe à Staline. − Ce n'est pas de ça qu'il s'agit, dis-je. − C'est exactement ce dont il s'agit. Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 69.
C.− Voilà ce dont. C'est donc ça? Ce n'est que ça? Voilà ce dont tu me juges capable? (Sartre, Mains sales,1948, 2etabl., 4, p. 54).
II.− [d'annonce] Le tour présentatif ce dont..., c'est de (ce dont en tête de phrase, suj., annonce ce qui va suivre et le met en relief). Ce dont ils ont le plus peur, c'est de passer pour réactionnaires (Camus, Possédés,1959, 2etabl., p. 1038):
24. Quand vous vous présenterez devant la Cour suprême, ce dont vous aurez besoin, ce n'est pas d'une vérité que personne ne croira, c'est d'une bonne déclaration sous la foi du serment, d'une déclaration qu'aucun tribunal ne puisse contester. Camus, Requiem pour une nonne,1956, 3etabl., p. 850.
La chose dont..., c'est que; il y a une chose dont..., c'est que. Tu comprends, reprit-il avec animation, il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'il n'y a que les communistes qui font du travail utile (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 287).
Il est une chose dont. Des êtres organisés comme nous, peuvent prononcer avec assurance qu'il est une chose dont ils sont complètement certains (Destutt de Tr., Idéol.,Logique, 1805, p. 192).
Il y a... dont... : c'est :
25. Dans les domaines de phénoménologie poétique que nous étudions, il y a un adjectif dont le métaphysicien de l'imagination doit se méfier : c'est l'adjectif ancestral. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 171.
III.− [Dont en fonction de subordination (dans la subordination en chaîne); pour introduire une prop. subordonnée relative suivie d'une prop. subordonnée conj. complétive ou interr. (dont est subordonnant pur, dépourvu de sens); dont signifie au sujet de qui, de quoi, mais le sens s'affaiblit au profit de la fonction de subordination (cette double constr. grammaticalement correcte est d'un emploi fréq.)]
A.− [Une relative avec dont suivie d'une complétive d'obj. avec que (dont... que, cas très fréq.)] :
26. ... les philosophes et les historiens discuteront plus tard des motifs de cet acharnement, qui mène à la ruine complète un grand peuple, coupable, certes, et dont la justice exige qu'il soit châtié, mais dont la raison supérieure de l'Europe déplorerait qu'il fût détruit. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 157.
B.− [Une relative avec dont suivie d'une interr. indir. (dont... si, dont... combien, dont... comment, etc.)] Ainsi de l'homme et de mon peuple dont j'ignore où il va (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 907).Je reste un peu gêné par « jean-foutre », dont je ne sais comment marquer le pluriel (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1195):
27. Au moment de leur départ, je pus joindre à l'équipe un quatrième, dont l'avenir devait montrer combien il était efficient. C'était le capitaine de Hauteclocque. De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 93.
28. Il descendait vers le fleuve frais, sous la pluie impalpable. Il écoutait toujours ce grand bruit spacieux qu'il n'avait cessé d'entendre depuis son arrivée, et dont on ne pouvait dire s'il était fait du froissement des eaux ou des arbres. Camus, L'Exil et le Royaume,1957, p. 1665.
C.− [Une relative avec dont suivie d'une seconde relative (avec il y a... qui)] :
29. ... elle a soin de me raconter chaque matin, (...) tous les propos d'antichambre qu'elle a recueillis la veille, et qu'elle commente avec un instinct de malignité dont il n'y a pas de journaliste qui ne se fît honneur. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 63.
Rem. 1. Cette constr. évite une suite de relatives dépendant d'un même antécédent. 2. Des tours de substitution sont employés par de nombreux écrivains : a) « Des coquillages dont on sait qu'il est friand ⇒ des coquillages dont elle le sait friand ⇒ des coquillages pour lui qui, elle le sait, en est friand »; b) La prop. inf. : ,,L'homme dont on sait qu'il est allé ⇒ l'homme qu'on croit être allé`` (cité ds G. Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj., Paris, Hachette, 1968, § 401 bis, note 3).
D.− [Une relative avec dont suivie d'une subordonnée interr. indir. suivie elle-même d'une complétive d'obj. dir. (dont... si... que, triple constr., rare)] ,,Notre table dont j'eusse été bien étonné si l'on m'avait dit qu'elle était raffinée`` (cité ds Sandf., p. 206).
Prononc. et Orth. : [dɔ ̃]. En liaison : [dɔ ̃:t]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 2emoitié ixes. Il li enortet − dont lei nonque chielt − Qued elle fuiet lo nom christiien (Séquence de Ste Eulalie, 13 ds Henry Chrestomathie, p. 3). Du lat. vulg. de unde « d'où » [interr.], cf. dont interr. en a. fr. ca 1119 Sire niés dont venez? (Philippe de Thaon, Comput, 2895 ds T.-L.) unde ayant joué dès le lat. class. le rôle du pron. rel., équivalent à a, ex, de quo, qua, quibus (Vään., 2, § 287) cet emploi s'étant encore étendu à basse époque (cf. Löfstedt, pp. 180-181). Fréq. abs. littér. : 100 375. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 172 434, b) 128 278; xxes. : a) 133 670, b) 130 616. Bbg. À travers la presse du lang. Déf. Lang. fr. 1965, no26, pp. 38-40. − Cohen 1946, p. 54. − De Boer (C.). Dont conj. R. Ling. rom. 1927, t. 3, pp. 295-301. −Foulet (L.). L'effacement des adv. de lieu. Romania. 1960, t. 81, pp. 433-482; Pour le commentaire de Commynes... Romania. 1937, t. 63, pp. 507-511. − Gaatone (D.). Note sur une relativisation complexe en fr. Z. rom. Philol. 1972, t. 88, pp. 126-132. −Henkel (W.), Muller (Ch.). Dont − duquel − de laquelle. Praxis. 1972, t. 19, p. 221. − Rothe (W.). Zur Struktur und Funktion des sog. Relativpronomens. Tübingen, 1971, pp. 304-311. −Tilander (G.). De sa fame ne voit mie ... Romania. 1963, t. 84, pp. 289-291. − Tobler (A.). Mél. de gramm. fr. Z. rom. Philol. 1881, t. 5, p. 181.

Wiktionnaire

Adverbe interrogatif - français

dont \dɔ̃\ invariable

  1. (Désuet) D'où, où.
    • Dis-moi, dont viens-tu.

Pronom relatif - français

dont \dɔ̃\ masculin et féminin identiques invariable

  1. De qui ; de quoi ; duquel ; de laquelle ; desquels , desquelles.
    • Nous devons ici faire quelques réserves cependant : l’éthéromanie ne suffit pas à expliquer chez notre malade les actes dont il s'agit ; […]. — (Georges Pichon, Folies passionnelles : Études philosophiques et sociales, Paris : chez E. Dentu, 1891, p. 298)
    • Elle était demeurée longtemps debout devant ces hautes coques dont les hublots laissaient voir l'intérieur des cabines éclairées. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 52)
    • Méthodique, ce connaisseur des métiers d'art, ne s’intéressait pas moins à l’architecture qu'au mobilier domestique, indissociable de celle-ci, et dont il avait commencé une étude inachevée. — (Ali Amahan & Catherine Cambazard-Amahan, « Hommage à Jacques Revault (1902-1986) », note de Pierre Pinon, dans Espace centré : figures de l'architecture domestique dans l'Orient méditerranéen, Éditions Parenthèses, 1987, page 127)
    • Charcot présenta un malade atteint d’aphémie incontestable et dont seule la circonvolution pariétale inférieure constituant le bord supérieur de la scissure de Sylvius était entièrement désorganisée. — (Conférences d'histoire de la médecine, Association corporative des étudiants en médecine de Lyon, 1991, page 116)
    • Vous souvenez-vous ce dont je vous ai parlé ? (de quoi)
    • Il n’est rien dont je sois encore certain. (de quoi)
    • Quel est le pays dont provient cette marchandise suspecte ? (duquel)
    • J’ai décidé d’abandonner l’affaire dont je vous ai entretenu il y a quelques jours. (de laquelle)
    • La maladie dont il est mort porte un nom imprononçable. (de laquelle)
    • Les pays dont nous n’avons point de connaissance sont les destinations privilégiées des grands aventuriers. (desquels)
    • Ces étoiles — dont le nom m’échappe — sont les plus brillantes de la voûte céleste. (desquelles)
  2. (Parfois) Par lequel.
    • La célébration du mouloud, de la nativité du Prophète, à laquelle je viens d’assister, fut un beau spectacle surtout en raison du temps superbe dont il a été favorisé. — (Frédéric Weisgerber, Au seuil du Maroc Moderne, Institut des Hautes Études Marocaines, Rabat : Les éditions de la porte, 1947, page 234)
  3. Incluant.
    • Il a eu dix enfants, dont neuf filles.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DONT. Pronom relatif des deux nombres et des deux genres
. De qui, duquel, de quoi. Dieu, dont nous admirons les œuvres. La nature, dont nous ignorons les secrets. Les pays dont nous n'avons point de connaissance. L'affaire dont je vous ai entretenu. C'est vous, et non lui, dont il s'agit. Ce dont je vous ai parlé. Il n'est rien dont je sois plus certain. La maladie dont il est mort. De l'humeur dont elle est. La matière dont une chose est faite. On l'emploie aussi dans le sens de Par lequel. Le coup dont il fut frappé. Il a quelquefois le sens adverbial de D'où, notamment pour marquer la descendance. La maison dont il prétend être issu. La famille dont je descends.

Littré (1872-1877)

DONT (don ; le t se lie : les choses don-t on parle), pronom relatif, ou, mieux, conjonctif, c'est-à-dire ayant la force d'une conjonction et liant ensemble deux propositions ; il ne se prend qu'au cas oblique marqué par de et il est des deux genres et des deux nombres.
  • 1De qui, duquel, de laquelle, desquels, desquelles ; il s'applique aux personnes et aux choses. L'homme dont vous connaissez la probité, dont la probité est connue. La dame dont vous avez épousé la sœur. Les personnes dont vous avez entendu parler. Les maisons dont vous voyez les façades. Celui dont vous avez reçu un secours. Quelques titres dont ces grands hommes soient revêtus. La marine rentra presque dans l'état dont Louis XIV l'avait tirée. Ne doutez pas du bras dont partiront les coups, Corneille, Poly. V, 6. C'est moi, vous dis-je, moi, dont le patron le sait, Molière, Am. magnif. III, 7. Messieurs les maréchaux, dont j'ai commandement, Molière, Mis. II, 7. Et principalement ma mère étant morte, dont on ne peut m'ôter le bien, Molière, l'Av. II, 1. Comme ami de son maître de musique, dont j'ai obtenu le pouvoir de dire qu'il m'envoie à sa place, Molière, Mal. im. II, 1. Vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né, et tout ce qu'ils ont fait d'illustre ne vous donne aucun rang, Molière, Fest. de P. IV, 6. Il n'y a que saint Thomas d'Aquin dont Luther a voulu douter, je ne sais pourquoi, si ce n'est que ce saint était jacobin…, Bossuet, Var. III, 50. Ces étoiles extraordinaires dont on ignore les causes, et dont on sait encore moins ce qu'elles deviennent après avoir disparu, La Bruyère, II. Hélas ! je me consume en impuissants efforts, Et rentre au trouble affreux dont à peine je sors, Racine, Iphig. V, 4. … Il est un Dieu dans les cieux Dont le bras soutient l'innocence, Et confond des méchants l'orgueil ambitieux, Rousseau J.-B. Odes, I, 4. La duchesse de Mazarin ne laissa de regrets qu'à Saint-Évremont, dont la vie, la cause de la fuite et les ouvrages sont si connus, Saint-Simon, 69, 128. Opprobre malheureux du sang dont vous sortez, Voltaire, Zaïre, III, 4. Les méchants servent à éprouver un petit nombre de justes répandus sur la terre, et il n'y a point de mal dont il ne naisse un bien, Voltaire, Zadig, ch. XX. Le premier pas, mon fils, que l'on fait dans le monde Est celui dont dépend le reste de nos jours, Voltaire, l'Indiscr. I, 1. Un désert dont il [l'aigle] défend l'entrée et l'usage de la chasse à tous les autres oiseaux, Buffon, Aigle. On attribue à la cigogne des vertus morales dont l'image est toujours respectable : la tempérance, la fidélité conjugale, la piété filiale et paternelle, Buffon, Cigogne. N'auront-ils vu Cassandre envoyée à Mycène Que pour remplir le rang dont vous chassez la reine ? Lemercier, Agamemn. IV, 1.

    Dont, avec un pronom possessif qui suit et qui se rapporte à la personne de laquelle dont dépend. On a peine à placer Osymandias, dont nous voyons de si magnifiques monuments dans Diodore, et de si belles marques de ses combats, Bossuet, Hist. III, 3. Celui dont les larmes auront effacé l'histoire de ses péchés, Massillon, Avent, Bonh.

    Dont quelqu'un, un desquels. Souffrez donc que pour lui je garde un peu d'estime ; La sienne dans la cour lui fait mille jaloux, Dont quelqu'un a voulu le perdre auprès de vous, Corneille, Nic. III, 8.

  • 2De quoi. Ce dont je vous ai parlé. Voilà ce dont il s'agit. On peut supprimer ce dans le style familier et en des cas comme celui-ci : Ah ! poltron, dont j'enrage ! Lâche ! vrai cœur de poule, Molière, Sgan. 21.

    Dans la langue du XVIIe siècle, ce se supprimait couramment, et il est dommage que cette ellipse, qui allégeait la phrase, soit tombée en désuétude. Elle se meut un peu plus vite ; dont la raison est évidente, Descartes, Météor. 1. Et c'est dont je vous plains qu'après un tel service On puisse contre lui me demander justice, Corneille, Hor. V, 2. C'est dont je ne veux point de témoin que Valère, Corneille, ib. V, 3. Hélène est arrivée, dont je suis ravie, Sévigné, 252. Cela était juste, et le roi le leur avait ordonné, dont elles [les princesses, filles du roi] furent fort piquées, Saint-Simon, 24, 15.

  • 3Dont signifiant par lequel, par laquelle, par lesquels, par lesquelles. …le rigoureux sort dont vous m'êtes ravie, Malherbe, V, 22. Je sais ce que je dois, madame, au grand service Dont vous avez sauvé l'héritier de Maurice, Corneille, Héracl. II, 6. Ce favorable aveu dont elle t'a séduit, Corneille, ib. IV, 4. Savez-vous les raisons dont il peut se défendre ? Corneille, Toison d'or, II, 2. Redis-moi les raisons dont tu l'as apaisée, Corneille, ib. IV, 4. Et vous devez aux dieux compte de tout le sang Dont vous l'avez vengé pour monter à son rang, Corneille, Cinna, II, 1. Sont-ce là les appas dont le sage Porsenne Croit attirer à soi le cœur d'une Romaine ? Du Ryer, Scévole, III, 3. La beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne, Molière, D. Juan, I, 2. Après quelques paroles dont je tâchai d'adoucir la douleur de cette charmante affligée…, Molière, Scapin, I, 2. La bassesse de ma fortune, dont il plaît au ciel de rabattre l'ambition de mon amour, Molière, Am. magn. I, 1. Du coup dont ma raison vient d'être confondue, Racine, Andr. III, 1. À louer l'ennemi dont je suis opprimé, Racine, Brit. II, 6. L'ordre dont Amurat Autorise ce monstre à ce double attentat, Racine, Baj. V, 11. L'indigne paix dont il veut vous surprendre, Racine, Alex. I, 2. Si le refus était à faire, je le ferais encore, malgré la profonde misère dont il plaît au ciel de m'éprouver, Maintenon, Lett. à Richelieu, 3 mars 1666. Quel pouvoir a brisé l'éternelle barrière Dont le ciel sépara l'enfer et la lumière ? Voltaire, Sémir. III, 2. Et brisa les liens dont j'étais enchaîné, Chénier M. J. Œdipe roi, V, 2.

    Terme de bourse. Dont un, dont dix, etc. expressions qui déterminent la quotité de la prime dont l'abandon annule un marché. Si l'on dit que le 4 1/2 vaut 92 fr. dont un, que l'Orléans vaut 1450 dont dix, cela signifie qu'en payant 1 fr, pour 100 fr. de rente, ou 10 fr. par action, l'acheteur (ou le vendeur dans certains cas) a le droit d'annuler le marché.

REMARQUE

1. Les grammairiens, Vaugelas en tête, déclarent qu'il ne faut pas dire dont pour d'où, comme : le lieu dont je viens ; que c'est très bien parler que de dire la maison dont il est sorti, pourvu que maison signifie race ; mais que, si maison était pris au propre, il faudrait mettre d'où il est sorti. Pourtant l'usage des meilleurs écrivains ne se conforme pas à cette règle : Le mont Aventin Dont il l'aurait vu faire une horrible descente, Corneille, Nic. V, 2. Rentre dans le néant dont je t'ai fait sortir, Racine, Baj. II, 1. Abîmes redoutés dont Ninus est sorti, Voltaire, Sémir. V, 5. Ma vie est dans les camps dont vous m'avez tiré, Voltaire, Fanat. II, 1. Je me traîne encore, ce me semble, à une assez petite distance du rivage dont il me repousse, D'Alembert, Lett. Roi de Prusse, 28 oct. 1765. Voy. l'historique.

2. Le substantif duquel dont est le régime, se met immédiatement après dont : L'homme dont la vertu est admirée… (à moins d'inversion : L'homme dont à tous les yeux brille la vertu ; ce qui est peu usité), ou se sépare de dont quand il n'est pas sujet : L'homme dont on admire la vertu.

3. Dont ne peut être régime d'un complément précédé lui-même d'une préposition. Ainsi Molière a fait une construction très dure et qu'il ne faut pas imiter, en disant : L'objet de votre amour, lui dont à la maison Votre imposture enlève un brillant héritage, Dép. am. II, 1.

4. Ordinairement dont suit immédiatement son antécédent : L'homme dont vous parlez. Mais il peut s'en séparer, particulièrement dans la prose soutenue et dans la poésie : Comme le mal fut prompt dont on le vit mourir…, Molière, Dép. am. II, 1. La tristesse est heureuse dont vous êtes le consolateur, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 1.

5. Dont peut joindre à une phrase principale deux propositions secondaires liées entre elles par la conjonction que, même lorsqu'il n'est complément que de la seconde : La maison dont je sais que vous êtes propriétaire. Ce sont particulièrement ces dernières pour qui je suis, et dont je sens fort bien que je ne pourrai me taire quelque jour, Molière, Ép. dédic. de l'École des f.

6. Dont régit le subjonctif quand il est précédé d'une phrase interrogative ou qui marque un doute, un désir, un condition : Pensez-vous que le jeu soit une passion dont on doive se défier ?

7. Il y a, dans le XVIIe siècle, plusieurs exemples de dont, se rapportant non au verbe du membre de phrase qu'il lie, mais à une incise qui commence ce membre de phrase. La dure-mère bat sans cesse le cerveau, dont les parties étant fort pressées, il s'ensuit que le sang et les esprits sont aussi fort pressés, Bossuet, Connaiss. II, 6. Ils outrent toutes choses, les bonnes et les mauvaises, dont ne pouvant ensuite supporter l'excès, ils l'adoucissent par le changement, La Bruyère, XI. Il est fâcheux que cette manière de lier des phrases, qui est si commode, n'ait pas passé dans la langue moderne.

8. C'est un pléonasme aujourd'hui condamné, que de dire : C'est de lui dont je tiens la nouvelle ; il faut : C'est lui dont je tiens la nouvelle, ou C'est de lui que je tiens la nouvelle. Dans le XVIIe siècle, ce pléonasme était toléré : Ce n'est pas de vous, madame, dont il est amoureux, Molière, Am. magnif. II, 3.

HISTORIQUE

Xe s. El li enortet [exhorte], dont lei nonque chielt [dont il ne lui importe], Qued elle fuiet le nom christien, Eulalie. Per cel edre [par ce lierre] dunt cil…, Fragm. de Valenc. p. 468. E cum cil lo fisient dunt ore aveist odit [et comme ceux le faisoient dont ore avez ouï], ib. p. 469.

XIe s. Li naïfs [le serf natif] qui departet de la terre dunt il est nez, Lois de Guill. 33. [Besans] Dont bien porrez vos soldeiers loer, Ch. de Rol. IX. Icele terre, ce dist, dont il esteit, ib. LXXVI. Le blanc haubert dunt la maille est menue, ib. CII. [La lance] Dunt nostre sire fust en la croix navret, ib. CLXXIX.

XIIe s. Dont [desquels] [je] pris les chiefs [têtes], Ronc. p. 25. Li douze per dont [par lesquels] Charles est puissans, ib. p. 27. Pour Guenelon dont [il] a fait mesagier [duquel il a fait un messager], ib. p. 31. Et mi desconfort greignor Dont je morrai sans retor, Couci, I. Douce dame, je ne vous os [ose] rover [demander] Ce dont amors ne me rove pas taire, ib. II. [Amour] Dont jà [je] ne quier [demande] issir, ib. VIII. À peines ert [sera] acomplis Li servirs dont j'atent gré, ib. XI. Plus [je] me confort as biens dont ele [ma dame] est pleine, ib. XI. Jà de mon cuer n'istra mais la semblance Dont [ma dame] me conquist as mos pleins de douçor, ib. XVI. Voir, il n'est rien dont je soie en tristour, ib. XVII. Ce est la riens dont je sui plus espris, ib. [Le grant amour] Dont je l'ai tant dedens mon cuer amée [aimée], ib. N'est pas amors dont on se peut movoir [l'amour dont on peut se retirer n'est pas un véritable amour], ib. XVIII. Je ne tieng pas l'amor à droit partie, Dont il convient morir ou trop amer [aimer], ib. Et si [ils] meurent [émurent] ensemble meslée et contençon, Don la guerre dura tante mainte saison, Sax. III. Dont [pour cela] [ils] firent la bataille sur deux hommes jugier [remettre la bataille à deux champions], ib. IV. Là fu morz Oliviers et ses compains Rolans, Li douze pair de France, don Karles est dolanz, ib. V. Il fait creuser souz terre à pic et à martel à ses engigneors [ingénieurs], dont out pris maint chastel, ib. IX.

XIIIe s. À ce temps dont vous ai l'histoire comencie, Berte, II. Dont [c'est pourquoi] doi je prendre en gré se j'ai froit et poverte [pauvreté], ib. XXX. Dont vient si bele dame parmi cest bois ramé ? ib. XLV. Et dont estes-vous née ? dites en verité, ib. Il voit son mantel gris dont ele ert [était] afublée, ib. XLVI. Dame, esgardez, fait-il, [ce] dont je vous fais present, ib. XLVII. Dont venez vous si seule parmi ce gaut [bois] feuillu ? ib. LI. Diex ! fait-ele, dont vient si faite deablie ? ib. LXXII. Que tout lui ferai rendre ce dont ele est saisie, ib. De vous afestoier [je] n'ai ore pas loisir, Dont il me poise si que j'en cuide mourir, ib. LXXXVII. Il dit qu'ele est nice et fole, Dont [c'est pourquoi] tant demore à la karole [danse], la Rose, 8498. …Tu dois estre Moult liés [joyeux], dont tu as si bon mestre Et seignor de si haut renom, ib. 4270.

XVe s. Dont plusieurs chevaliers en furent courroucés, Froissart, I, I, 10. Leur venue et chevauchie fut sçue en la dite ville, dont s'armerent secretement ceux de Lille, et se mirent en trois aguets, afin que cils ne leur pussent mie eschapper, Froissart, I, I, 108. Une femme qui venoit du pelerinage s'assit en my le marché ; on lui demanda dont elle venoit, Froissart, II, II, 52. Et restitua les dictes terres ; dont le comte son filz fut fort troublé, Commines, I, 1. Si leur ennuyoit-il dont ledit duc de Bourgongne mettoit tant [tardait tant] à les secourir, Commines, V, 4. Touteffois depuis fist le contraire, dont le roy conceut ceste longue hayne, Commines, I, 2.

XVIe s. Et n'has-tu pas ton franc arbitre Pour sortir d'ond tu es entré ? Marot, I, 204. Je pense que c'est un enfer, Dont jamais je ne sortiray, Marot, ib. Anne, ma sœur, d'ont me vient le songer Qui toute nuit par devers vous me maine ? Marot, III, 111. La genealogie et anticquité dond nous est venu Gargantua, Rabelais, Garg. I, 1. Je retourne faire scale au port dont suys yssu, Rabelais, ib. I, 9. Mais, dy je, dond venez ? où allez ? Rabelais, Pant. V, 17. Je le renvoyrois bien dond il est venu, à grandz coupz d'anguillade, Rabelais, ib. V, 18. Gouets, petitz coutteaulx dont les enfans cernent les noix, Rabelais, ib. I, 27. La mansuetude dont ilz usarent envers les Bretons, Rabelais, ib. I, 50. Puisque prenés la paine à m'escripre, dont me faictes ung merveilleux plaisir, Marguerite de Navarre, Lett. 3. Encores me desplaist-il bien dont elle a sy peu de compaignie, craignant qu'elle s'ennuye, Marguerite de Navarre, ib. Vous savés combien vostre paine est necessaire aux affaires dont vous portés le faix, Marguerite de Navarre, ib. 64. On dit tant de bien de vostre justice que je ferois mal de le vous celer, saichant très bien que vous en donnés la gloire à celuy dont elle vient, Marguerite de Navarre, ib. 126. Ils penserent que cette sorte de vengeance debvoit estre plus aigre que la leur, dont ils commencerent de quitter leur façon ancienne pour suyvre cette cy, Montaigne, I, 240. Estant malade de la maladie dont il mourut, Montaigne, III, 89. La violence, dont elle [la guerre] agit, est espouvantable et donne effroy, Lanoue, 160. Theseus le tua ; dont il fut si aise, que…, Amyot, Thés. 10. Or sus, Titus, et toy Valerius, que ne respondez vous à ce dont on vous accuse ? Amyot, Publ. 8. Siramnes respondit à ceulx qui s'esbahissoient dont venoit que ses devis estoient si sages, et ses effects si peu heureux, Amyot, Préf. XX, 47. La vitesse dont elle va, La Boétie, 173. Qu'elle remeist chasque chose au lieu dont elle la prendroit, La Boétie, 185. J'ay mes valets, dont il y a toujours quelqu'un d'entre eux qui accuse, l'autre qui se justifie, La Boétie, 204.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DONT. - REM. Ajoutez :
9La construction dure (L'objet de votre amour, lui dont à la maison Votre imposture enlève un brillant héritage), signalée dans Molière comme ne devant pas être imitée, est fréquente dans Saint-Simon : Profitez d'un intervalle de temps dont l'incertitude de la durée ne sert pas peu à lui laisser voir les hommes tels qu'ils sont, t. VIII, p. 178, éd. Chéruel. ; Avec le titre de gouvernante, dont elle ne s'embarrasse plus des fonctions, ib. p. 337. ; Il se mit sur la croissance des charges de secrétaire d'État dont la ténuité de l'origine le surprit, ib. t. IX, p. 365. ; Polastron, fils du lieutenant-général, dont j'ai parlé de la mort, , ib. t. V, p. 227. Avec la construction dure dont il est ici question, on ne confondra pas cette phrase de J. J. Rousseau : Une édition, dont je ne me soucie point de devenir peut-être un jour responsable au gouvernement de France de ce qui peut y déplaire à quelque ministre de mauvaise humeur, Corresp. éd. Dupont, 1824, t. XIX, p. 258. Ceci est une véritable faute, dont ne pouvant se rapporter grammaticalement à responsable, qui a son régime de ce qui. Au lieu de dont il fallait mettre pour laquelle.
10On lit dans Chamfort : Ces conseils ont été suivis par presque tous les souverains de l'Europe, presque partout, hors en France ; dont il suit que la prospérité des étrangers…, Maximes et pensées, ch. VII. Vaugelas ne veut pas qu'on dise dont pour d'où, en parlant d'un lieu, au propre ou métaphoriquement (voy. REM. 1). Cette prescription, qui n'a pas même l'usage pour soi et qui est contre l'étymologie, puisque dont est de unde, ne doit pas prévaloir non plus ici ; et il faut accepter la phrase de Chamfort.
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Étymologie de « dont »

Provenç. don ; espagn. et portug. donde ; de l'adverbe composé de-unde, de la préposition latine de, et l'adverbe unde, d'où.

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Du latin populaire de unde, forme renforcée de unde « d’où ».
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Phonétique du mot « dont »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
dont dɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « dont » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « dont »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « dont »

  • Des trois ou quatre lettres que je fis, il m’est resté ce commencement dont je ne fus pas content ; mais s’il me parut ne rien exprimer, ou trop parler de moi quand je ne devais m’occuper que d’elle, il vous dira dans quel état était mon âme.
    Honoré de Balzac — Le lys dans la vallée
  • Il s’attaqua aux panards d’un quidam dont arpions, cors, durillons sont avachis du coup ; puis il bondit sur un banc et s’assoit sur un strapontin où nul n’y figurait.
    Raymond Queneau — Exercices de style
  • Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
    Sacha Guitry — Beaumarchais
  • Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons.  » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment.
    André Breton et Philippe Soupault —  Les Champs magnétiques
  • La réalité, pourtant, n’est rien d’autre que ce qu’elle est. Comme la marche de l’histoire elle-même, dont nous imaginons avec naïveté qu’elle est l’œuvre des seuls hommes et de leur volonté, la liberté n’est peut-être, après tout, qu’une formidable illusion. Un jeu truqué d’avance. Un miroir aux alouettes.
    Jean d’Ormesson — Presque rien sur presque tout
  • Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l’intransigeance affole nos fins de mois et mon père fantasque grignoté d’une seule misère, je n’ai jamais su laquelle, qu’une imprévisible sorcellerie assoupit en mélancolique tendresse ou exalte en hautes flammes de colère; et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui pédalent la nuit et la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d’une Singer que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit.
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • On cherchait simplement à se maintenir, troupeau sans ambition. Des exceptions, il y en avait, Leguet, la bosseuse à mort, une des rares dont on est sûre qu’elle ira loin, mais pas question de l’admirer, quelle touche, renfrognée, habillée comme l’as de pique, son intelligence ne suscite aucune envie, on la plaindrait plutôt à cause du reste.
    Annie Ernaux — La femme gelée
  • Les amis : une famille dont on a choisi les membres.
    Alphonse Karr
  • Je parle cinq langues, dont la langue de vipère !
    Dave
  • Un corps peut-il guérir, dont le coeur est malade ?
    Pierre Corneille — Clitandre
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Traductions du mot « dont »

Langue Traduction
Anglais whose
Espagnol cuyo
Italien di cui
Allemand deren
Chinois 谁的
Arabe ملك من
Portugais de quem
Russe чья
Japonais その
Basque zeinen
Corse quale
Source : Google Translate API

Synonymes de « dont »

Source : synonymes de dont sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot dont au scrabble : 5 points

Dont

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