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Cité

Définitions de « cité »

Trésor de la Langue Française informatisé

CITÉ, subst. fém.

I.− Communauté politique indépendante.
A.− [Dans l'Antiq. et au Moy. Âge] Groupe d'hommes libres constituant une société politique indépendante, ayant son gouvernement, ses lois, sa religion et ses mœurs propres. La cité antique; les cités grecques; les dieux protecteurs de la cité. Il faut bannir de notre République les souvenirs des cités républicaines de la Grèce ou de l'Italie du Moyen Âge (Les Fondateurs de la 3eRépublique, Ferry, 1885, p. 244):
1. Un certain nombre de familles, indépendantes et sans lien entre elles, se partageaient le pays; chacune d'elles formait une petite société que gouvernait un chef héréditaire. Puis ces familles se groupèrent et de leur association naquit la cité athénienne. Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 309.
Droit de cité. Jouissance de tous les droits de citoyen, de membre d'une cité, avec les privilèges qui en découlent :
2. Dans les républiques de l'Antiquité, la petitesse du territoire faisait que chaque citoyen avait politiquement une grande importance personnelle. L'exercice des droits de cité constituait l'occupation et pour ainsi dire l'amusement de tous. Le peuple entier concourait à la confection des lois, prononçait les jugements, décidait de la guerre et de la paix. Constant, De l'Esprit de conquête,1813, p. 204.
Ell. La cité. En accordant la cité à la plupart des Italiens, Rome ne terminait pas la guerre; elle l'introduisait dans ses murs (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 173).
P. ext. Jouissance des droits politiques suivant les lois du pays (cf. G. Lefebvre, La Révolution fr., 1963, p. 499).
Au fig. Droit d'admission dans un domaine :
3. ... avoir donné droit de cité si égal à chacun de tous mes désirs, les avoir si semblablement accueillis, que tous à présent, à la même heure, prétendent à la première place. Gide, Feuillets,1893, p. 47.
B.− P. anal., mod. [Dans la terminol. jur.] Ensemble des citoyens constituant un corps indépendant soumis à des lois propres. Synon. État, nation, république.Directions démocratiques de la Cité du Vatican (L. Daudet, Bréviaire du journ.,1936, p. 106).
[Souvent empl. avec l'art. déf., au sens gén.] Les lois de la cité; la famille et la cité. Synon. patrie.L'homme, élément politique, membre de la cité (Valéry, Variété III,1936, p. 248):
4. Cher concitoyen − car il n'y a qu'une cité, et en attendant la République universelle, l'exil est une patrie commune − vous avez une grande pensée. J'y adhère avec empressement et joie. Hugo, Correspondance,1855, p. 218.
5. Elles ne se désintéresseront plus des questions vivantes du monde : ce qui était monstrueux, car il n'est pas tolérable qu'une femme, même la plus soucieuse de ses devoirs domestiques, se croie dispensée de songer à ses devoirs dans la cité moderne. R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1477.
C.− Au fig., style noble
1. Société politique, religieuse idéale (à venir, à laquelle on aspire) ou mystique. Lorsque la cité sans classe sera édifiée, lorsque la cité socialiste sera construite il n'y aura plus aucune opposition entre les hommes (J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 33).
Cité idéale :
6. Ils revoyaient, là-bas, quand leurs yeux se troublaient de faiblesse, la cité idéale de leur rêve, mais prochaine à cette heure et comme réelle, avec son peuple de frères, son âge d'or de travail et de repas en commun. Zola, Germinal,1885, p. 1328.
Cité future. ... ce sculpteur ingénu qui, dans la cité future, fait des pipes d'une beauté non pareille parce qu'il les fait avec amour, et qu'il les donne et ne les vend pas (A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 59).
2. P. anal., RELIG. CATH. L'Église du Christ, l'assemblée du peuple de Dieu dont les membres sont citoyens du ciel, le Royaume de Dieu :
7. ... comme chacun de nous est citoyen de deux cités, la cité terrestre et la cité de Dieu, de même chacun de nos actes est un point où viennent interférer une relation au moins possible au bien commun de la cité terrestre, et une relation au bien commun spirituel de la cité des saints, suprême et souveraine gardienne des valeurs morales. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 41.
En partic.
a) Cité de Dieu
[Sur la terre] Le Royaume de Dieu qui se construit, le peuple de Dieu en marche, l'Église visible. Synon. cité militante, Église militante :
8. L'idéal d'une autre société, l'amour d'une autre cité, leur manquaient [aux Pharisiens]. Loin de chercher, comme dit S. Paul, la cité future, ou, comme dit S. Augustin, la cité de Dieu, ils ne cherchaient que la conservation de la grossière cité juive... P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 681.
[Au ciel] L'assemblée des saints, des bienheureux, le Paradis. Synon. cité triomphante, Église triomphante, cité céleste, ciel :
9. Les concerts de la Jérusalem céleste retentissent surtout au Tabernacle très-pur qu'habite dans la Cité de Dieu l'adorable Mère du Sauveur. Environnée du chœur des veuves, des femmes fortes et des vierges sans tache, Marie est assise sur un trône de candeur. Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 190.
b) Cité céleste. Assemblée des saints avec Dieu au ciel après leur vie terrestre. Synon. cité de Dieu :
10. ... la Cité de Dieu se construit progressivement à mesure que le monde dure, et le monde n'a même d'autre raison de durer que l'attente de son achèvement. De cette cité céleste, c'est-à-dire invisible et mystique, les hommes sont les pierres et Dieu est l'architecte. Gilson, L'Esprit de la philos, médiév.,t. 2, 1932, p. 185.
c) Cité sainte. L'Église sur terre. Nous ne voulons pas nous séparer du corps de l'Église et perdre nos droits de citoyens dans les assemblées de la cité sainte (G. Sand, Lélia,1839, p. 474).
D.− P. ext. Ville en tant que corps politique et/ou administratif; communauté politique, administrative que constituent les habitants, les citoyens d'une ville. Une grande cité :
11. ... toute la distance qui sépare les civilisations rudimentaires d'une civilisation avancée, comme entre la petite ville d'autrefois et les immenses cités que notre époque voit grandir. Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 170.
12. Il s'agissait seulement de donner pendant quelque temps les preuves de sa compétence dans les questions délicates que posait l'administration de notre cité. Camus, La Peste,1947, p. 1251.
II.− P. méton.
A.−
1. [Dans l'Antiq.]
a) Territoire d'une cité. Je passai chez les Treveri, dont la cité est la plus belle et la plus grande des trois Gaules (Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810p. 273).
b) Capitale d'une cité. Une cité grecque. Avenches, Aventicum, cité des Helvètes (P. Lavedan, Qu'est-ce que l'urban.?1926, p. 120).L'antique cité phocéenne (A. Albitreccia, Ce qu'il faut connaître des grands moyens de transp.,1931, p. 121).
2. Mod. [Souvent désigne une ville importante, cité étant alors simple synon. de ville dans le lang. littér., poét.] Ensemble d'édifices. Les cités industrielles, au lieu d'être concentriques, deviendront donc linéaires (Le Corbusier, La Charte d'Athènes,1957, p. 59):
13. Et le recueillement était profond, comme si toute la vieille cité devenait un prolongement de la cathédrale. Seuls, des bruits de voitures montaient de Beaumont-la-Ville, la cité nouvelle... Zola, Le Rêve,1888, p. 116.
[En parlant d'une ville anc., souvent fortifiée] Un « quartier de la gare », aux activités nouvelles, a doublé souvent l'ancienne cité (J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes.,t. 1, 1968, p. 268):
14. ... ils traversèrent tout d'une traite la ville basse, s'élancèrent, ceci fait, à l'assaut de la ville haute, vieille cité Renaissance bâtie en flanc de butte, dominant de haut sa cadette, restée intacte... Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, II, 5, p. 145.
Cité sainte. Centre religieux capital, lieu de pèlerinage, lieu d'origine d'une religion. En partic. Jérusalem :
15. Ah! oui, dans l'imagination d'un Juif de l'Europe orientale, cela existe l'amour de Sion! Jamais le cœur du peuple dispersé n'a cessé de soupirer vers la sainte cité de David. L'an prochain, à Jérusalem! J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem!1924, p. 54.
P. métaph. [En parlant de la Jérusalem nouvelle de l'Apocalypse] Le Paradis, lieu de l'assemblée des bienheureux. Et moi, Jean, je vis la Cité sainte, la Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel à côté de Dieu, comme une épouse qui s'est parée pour son époux! (Claudel, Poésies diverses,Les 2 cités, 1952, p. 845).
Les Chevaliers bienfaisants de la Cité sainte. Les Templiers (cf. P. Naudon, La Franc-maçonnerie, 1963, p. 103).
B.− Spécialement
1. [Dans certaines villes comme Paris, Londres, Carcassonne] Le quartier le plus ancien de la ville, le centre primitif de la ville. Synon. cité-mère (cf. Bernanos, L'Imposture, 1927, p. 506).Un office de commerce dans la Cité de Londres (J. et J. Tharaud, Dingley, l'illustre écrivain,1906, p. 11).L'île de la Cité avec le Palais et la Sainte-Chapelle (P. Lavedan, Qu'est-ce que l'urb.?1926, p. 195):
16. Au quinzième siècle, Paris était encore divisé en trois villes tout à fait distinctes et séparées, ayant chacune leur physionomie, leur spécialité, leurs mœurs, leurs coutumes, leurs privilèges, leur histoire : la Cité, l'Université, la Ville. La Cité, qui occupait l'île, était la plus ancienne, la moindre, et la mère des deux autres... Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 138.
ARCHÉOL. Cités lacustres. Villages sur pilotis au milieu de lacs (cf. M. Boule, Conf. de géol., 1907, p. 209).
2. P. ext.
a) Agglomération de maisons individuelles formant un ensemble clos.
[Au centre d'une grande ville, p. ex. à Paris] Cité Bergère (Hugo, Correspondance,1872, p. 328).Cité Trévise (Mallarmé, Vers de circonstance,Les Loisirs de la poste, 1898, p. 94).
[À la périphérie, dans la banlieue] Cités résidentielles (Les Gds ensembles d'habitation,1963, p. 35).Une petite maison de la cité des Jasmins, à Auteuil (A. France, Le Lys rouge,1894, p. 88):
17. Jaurès assassiné. Je suis allé dès le matin chez lui, porter une lettre à sa fille. Une cité de villas à Passy, quelques agents à la grille de cette cité. Je vais à la maison, une petite maison, un jardinet de deux mètres devant où se tiennent deux militants. Barrès, Mes cahiers,t. 11, 1914-18, p. 86.
b) Agglomération de pavillons ou d'immeubles à destination particulière.
Cité + adj.
Cité administrative (G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France, 1967, p. 229).
Cité ouvrière (pour loger les familles d'ouvriers à proximité d'une usine). Il est capable de fonder une usine, un entrepôt et une cité ouvrière tout autour (Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 195).Les petits jardins qui entourent les maisons de brique des cités ouvrières (Bernanos, La Joie,1929, p. 654).
Cité universitaire (pour loger les étudiants à proximité d'une faculté). Un air léger de printemps, tout parfumé de l'arome des premiers arbustes en fleurs, enveloppait la tranquille cité universitaire (P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 163).
Cité + subst.
Cité-dortoir (pour loger des pers. à proximité de leur ville de travail). Les inconvénients des cités dortoirs (Les Gds ensembles d'habitation,1963, p. 22).P. anal. Cité d'abeilles. Ruche. Atfeh est une simple ville arabe (...) avec de petites cours intérieures abritées par des paillassons déchiquetés, ce qui leur donne de loin l'apparence d'une grande cité d'abeilles (Du Camp, Le Nil,1854, p. 25).
Cité + compl. déterminatif
Cité de transit, d'urgence (pour loger provisoirement des pers. qui attendent un logement neuf en cours de constr.). Cf. Admin. 1972.
Prononc. et Orth. : [site]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. citer. Enq. : /site/. Étymol. et Hist. I. 1. 950-1000 ciutat « ville » (St Léger, éd. J. Linskill, 141); milieu xies. Rome la ciptet (Alexis, éd. Ch. Storey, 42); ca 1100 cité (Roland, éd. Bédier, 238); 2. 4equart xives. « partie la plus ancienne d'une ville » ici l'île de la Cité à Paris (J. Froissart, Chron. [année 1382], éd. S. Luce et G. Raynaud, t. 10, p. 152); 3. 1829 « groupe de maisons formant un ensemble clos à l'intérieur d'une ville » (Boiste); 1876 « ou ayant la même destination » (Zola, Son Excellence E. Rougon, p. 171 : M. Bejuin parlait de créer une cité autour de sa cristallerie); cf. 1878 cité ouvrière (Ac.). II. 1. 1440-75 « territoire dont les habitants se gouvernaient par leurs propres lois, corps des citoyens » (G. Chastellain, Chron., V, 327, II ds Heilemann Chastellain, pp. 142-143); 1753 polit. droit de cité (Encyclop. t. 3); 1829 fig. (Hugo, Les Orientales, p. 4 : tout a droit de cité en poésie); 2. av. 1630 « société idéale » (D'Aubigné, Tragiques, livre 7 ds Œuvres, éd. Reaume et de Caussade, t. 4, p. 301 : la cité de vie); 1690 cité céleste (Fur.). Du lat. class. cīvǐtas « ensemble des citoyens qui constituent une ville; cité, état ». Fréq. abs. littér. : 4 170. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 686, b) 8 541; xxes. : a) 5 392, b) 5 066. Cité-mère : 6. Bbg. Baader (H.). Einige Bemerkungen zur Geschichte der Wörter cité. In : [Mél. Gamillscheg (E.).]. München, 1968, pp. 36-48. − Bruppacher (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1962, t. 21, p. 26. − Chaurand (J.). Notes à propos de qq. distinctions médiév. : cité... R. intern. Onom. 1963, t. 15, pp. 169-172; 1964, t. 16, no4, pp. 241-243. − Goug. Mots. t. 1. 1962, p. 154, 182-183. − Gougenheim (G.). Notes sur le vocab. de Robert de Clari et de Villehardouin. Romania. 1944-1945, t. 68, pp. 401-421. − Whitton (D. F.). Cities and Citizens in English and French usage. In : [Mél. Ewert (A.)]. Oxford, 1961, p. 232.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

cité \tsi.te\ féminin

  1. Ville, cité.
    • D'une riche anciene cité — (Vie de Saint Nicolas, 1135-1150)

Nom commun - français

cité \si.te\ féminin

  1. Ville, surtout quand on veut en faire ressortir l’importance.
    • Le plateau sur lequel est assise la cité de Carcassonne commande la vallée de l’Aude, qui coule au pied de ce plateau, […]. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • La ville avait la réputation d’être imprenable ; son château s’élevait à l’est et la ceinture de murailles qui entourait la cité venait s’y attacher […] — (Gustave Fraipont, Les Vosges, 1923)
    • Les bannes, par lesquelles les marchands de Paris et de quelques cités opulentes protègent leurs boutiques contre les ardeurs du soleil, sont un luxe inconnu dans Soulanges. — (Honoré de Balzac, Les Paysans, 1845, deuxième partie, chapitre troisième)
  2. (Par métonymie) Habitants d’une ville ; ensemble des citoyens qui la composent.
    • Le 22, au point du jour, la cité entière, entassée sur les quais du port et sur les côtes voisines, guettait d'un œil avide et colère le steamer qui amenait à Copenhague la députation du meeting de Rendsbourg. — (Louis-Antoine Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution de 1848, tome 2 : Europe, Paris, Pagnierre, 1861, p.40)
    • Toutefois, les cités islamiques n’avaient jamais créé d’institutions autonomes, pas plus qu’elles n’avaient pris de mesures de défense comparables à celles des ligues lombardes ou hanséatiques. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
  3. Citoyenneté.
  4. Constitution de l’État, dans les expressions :
    • Cité antique, cité moderne, cité future.
  5. (Antiquité) Territoire composé quelquefois de villes et de bourgades et gouverné par des lois communes.
    • À l’apogée de l’empire maritime athénien, un millier de cités lui versaient un tribut. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, p. 163)
    • Sous Tibère, on comptait soixante-quatre cités dans les Gaules.
  6. Partie la plus ancienne de la ville et où se trouve l’église cathédrale ou principale.
    • Le 13 décembre 1838, par une soirée pluvieuse et froide, un homme d’une taille athlétique, vêtu d’une mauvaise blouse, traversa le pont au Change et s’enfonça dans la Cité, dédale de rues obscures, étroites, tortueuses, qui s’étend depuis le Palais de Justice jusqu’à Notre-Dame. — (Eugène Sue, Les Mystères de Paris, §.1, 1842-1843)
  7. Groupe de maisons formant un ensemble.
    • Aucun dealeur local ne peut satisfaire la totalité de la nouvelle demande de cannabis et les jeunes les plus téméraires s’aventurent dans les cités des environs pour s'approvisionner, puis consomment et revendent dans les rues de leur quartier. — (Thomas Sauvadet, Jeunes de rues et trafic de stups, dans Agora : Débats/jeunesse n° 48, L'Harmattan, octobre 2008, page 94)
    1. (En particulier) (Au pluriel) Ensemble d'habitations bâties par une entreprise pour loger sa main-d’œuvre.
      • Vers 1860, furent construites les premières cités des Papeteries Mougeot. Celles du « Gai Logis », situées à 1,5 km de l’usine, étaient composées de 50 logements essentiellement habités par des ouvriers. — (Yannick Holtzer, Les Papeteries Mougeot : paysages et impacts d’une industrie située en milieu rural, Journées d'études vosgiennes, 2005)
      • Jusque vers 1900, les cités ouvrières créées étaient rectilignes, un net changement intervient avec la dernière génération de logements, construits entre 1900 et 1930. Ces maisons furent occupées par les cadres de l’entreprise et furent appelées « villas ». — (Yannick Holtzer, Les Papeteries Mougeot : paysages et impacts d’une industrie située en milieu rural, Journées d’études vosgiennes, 2005)
      • Les cités ouvrières qui avaient abrité les troupeaux successifs des familles de tisserands ayant vécu du coton, leurs enfants et petits-enfants après eux, étaient toujours debout, comme une garde montée inébranlable de part et d’autre de la route et de la rivière, à la fourche ouverte des deux vallées presque jumelles. — (Pierre Pelot, Les jardins d’Éden, Gallimard, 2021, page 24)
  8. (Au singulier) Banlieue d’une grande ville.
  9. Ensemble architectural d’habitats collectifs.
    • La cité des Minguettes.
    • (Par métonymie) Ensemble des jeunes banlieusards qui l’habite.
    • Le langage de la cité est très fleuri.
  10. Espace démocratique, réunissant souvent les affaires politiques d’un pays entier ou d’une région, mais nommé cité en référence à Aristote et aux cités-États de jadis, et en référence à la citoyenneté et aux devoirs de citoyen.
  11. (Désuet) (Canada) (Droit) Statut d'une municipalité équivalent au terme anglais city, supérieur à celui d'une ville.
    • La cité de Montréal (aujourd'hui : la ville de Montréal)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CITÉ. n. f.
Le corps des habitants d'une ville; l'ensemble des citoyens qui la composent. S'occuper des intérêts de la cité. Respecter les règlements de la cité. Droit de cité, Aptitude à jouir des droits politiques conformément aux lois du pays. Avoir droit de cité, Acquérir, perdre le droit de cité. Rome accordait le droit de cité à des pays ou à des individus dont elle avait à se louer. Il désigne la Constitution de l'État, dans les expressions Cité antique, cité moderne, cité future. En termes d'Antiquité, il désignait un territoire composé quelquefois de villes et de bourgades et gouverné par des lois communes. Sous Tibère, on comptait soixante-quatre cités dans les Gaules. Les cités de l'ancienne Grèce. Il désigne, dans quelques villes, la Partie la plus ancienne de la ville et où se trouve l'église cathédrale ou principale. On divisait autrefois Paris en Ville, Cité et Université. Il y a tant d'églises dans la Cité. Il se prend quelquefois pour Ville, surtout quand on veut en faire ressortir l'importance. Ce pays contient beaucoup de grandes cités. Lyon est une cité industrielle. Il s'entend quelquefois d'un Groupe de maisons formant un ensemble. Cité du Roule. Cité Martignac. Par analogie, Cité universitaire. Cité ouvrière, Nom donné à des bâtiments plus ou moins vastes, ou à des groupes de bâtiments renfermant un certain nombre de logements destinés à des familles d'ouvriers.

Littré (1872-1877)

CITÉ (si-té) s. f.
  • 1Autrefois territoire dont les habitants se gouvernaient par leurs propres lois. Les cités de l'ancienne Grèce. Les membres d'une cité libre. En ce sens, une cité pouvait ne renfermer que des bourgades ou des lieux fortifiés.

    Le droit de cité, la jouissance de tous les droits politiques communs aux citoyens.

    Corps des citoyens. En ce sens on oppose la cité à la famille.

  • 2Ville. Les grandes cités d'un pays. Les florissantes cités de l'Italie durant le moyen âge. Lyon est une cité industrielle. Ô palais de David et sa chère cité, Racine, Athal. II, 9. Le seigneur a détruit la reine des cités, Racine, ib. III, 7. Rebâtissez son temple et peuplez vos cités, Racine, Esth. II, 9. Nous avons vu à ses pieds la pécheresse de la cité, Massillon, Temples. Deçà, delà luttait mainte troupe rangée ; Mainte grande cité gémissait affligée, Régnier, Ép. I. Il vit son éléphant couché sur l'autre rive ; Il le prend, il l'emporte, au haut du mont arrive, Rencontre une esplanade, et puis une cité ; Un cri par l'éléphant est aussitôt jeté ; Le peuple aussitôt sort en armes, La Fontaine, Fabl. X, 14. Mais du discours enfin l'harmonieuse adresse Rassembla les humains dans les forêts épars, Enferma les cités de murs et de remparts, Boileau, Art p. IV. Persécuteur nouveau de cette cité sainte [la Mecque], D'où vient que ton audace en profane l'enceinte ? Voltaire, Mahomet, I, 4. Il fonde les cités, familles immortelles, Et pour les soutenir il élève les lois, Qui, de ces monuments colonnes éternelles, Du temple social se divisent le poids, Lamartine, Harm. II, 10.

    Fig. L'Église catholique, cité sainte, dont toutes les pierres sont vivantes, Bossuet, Marie-Thér.

    La cité sainte ou céleste, le séjour de Dieu et des bienheureux. Qu'ils pleurent, ô mon Dieu, qu'ils frémissent de crainte, Ces malheureux qui de ta cité sainte Ne verront point l'éternelle splendeur. Racine, Athalie, II, 9.

    La sainte cité, Jérusalem. Pauvres chevaliers de la sainte cité, les templiers.

    La cité future, le paradis.

    Cité de Dieu, titre d'un ouvrage de saint Augustin.

  • 3La partie la plus ancienne d'une ville ; celle où se trouve la cathédrale. On divisait autrefois Paris en ville, cité et université.
  • 4Ensemble de maisons qui, dans une grande ville, se tiennent et ont quelques règles spéciales et une sorte d'association.

    Cités ouvrières, nom qu'on a donné à de grands bâtiments conçus récemment et destinés à loger les ouvriers, qui y seraient soumis à quelques arrangements économiques communs.

SYNONYME

CITÉ, VILLE. Ville, plus général que cité, exprime seulement une agglomération considérable de maisons et d'habitants. Cité, même en éliminant le sens antique, ajoute à cette idée et représente la ville comme une personne politique qui a des droits, des devoirs, des fonctions.

HISTORIQUE

XIe s. Mur ne citet n'i est remès [resté] à fraindre, Ch. de Rol. I.

XIIe s. Au temps cestui fit Romulus La cité de Rome et Remus ; Frere furent…, Roman du Brut, f° 16, dans LACURNE. Cité n'i a qui contre lui se taigne [tienne], Ronc. p. 1. Clair luit la lune par la cité antie, ib. p. 147. Il fut normant, de la cit de Costance, ib. p. 165. La sainte cité, quant ele fu donée es mains des enemis, Machab. I, 2. Vous irez à Cologne la fort cité garnie, Sax. VII. Ne volt rien pur els faire : dunc s'en sunt returné, E li sainz arcevesque ala à sa cité, Th. le mart. 126.

XIIIe s. Et pour noient demandissiés plus bele cité ne plus fort, Villehardouin, XLIV. À Paris la cité [j'] estoie un venredi, Berte, I. Et je fui amenée en la cit de Paris, ib. XX. Droit vers Paris s'en vont, la cité noble et gent, ib. CXXXIV. Il n'i a mais nul franc, ne prelas, ne baron, N'en chité, ne à ville, ne en religion, Rutebeuf, 234.

XVe s. Donné le jour Saint Valentin martir, En la cité de gracieux desir, Où avons fait nostre conseil tenir Par Cupido et Venus souverains, Orléans, La lectre de retenue. Elles desirent les citez, Les doulz mos à eulx [elles] recitez, Festes, marchiez et le theatre, Deschamps, Poésies mss. f° 528, dans LACURNE. En pluseurs villes et citez des païs et royaumes du monde, Deschamps, ib. f° 395. Requit au dit ambassadeur qu'ilz lui fissent faire ouverture par le dit des Cordes de la cité d'Arras ; car lors il y avoit murailles entre la ville et la cité, et portes fermans contre la dite cité ; et maintenant on a l'opposite, car la cité ferme contre la ville, Commines, Mém. p. 394, dans LACURNE.

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Étymologie de « cité »

Provenç. ciu, civitat, ciutat, ciptat ; catal. ciutat ; espagn. ciudad ; portug. cidade ; ital. città ; du latin civitatem, cité. On remarquera l'ancien français cit, et le provençal ciu, qui viennent non de civitátem où l'accent est sur ta, mais de cívitas où l'accent est sur ci ; de sorte que cit et ciu est le nominatif, et cité, ciutat, le régime ; c'est un des très rares exemples où, dans le français et le provençal, les noms en as ont conservé le nominatif et le régime latins.

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Du moyen français cité, de l’ancien français cité, civitate (vers 950), du latin civitatem, accusatif de civitas (« état de citoyen, droit de cité, ensemble des citoyens d’une ville, cité, nation, État »), apparenté à civis (« citoyen »).
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Phonétique du mot « cité »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
cité site

Fréquence d'apparition du mot « cité » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « cité »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « cité »

  • Irréductible Festival, santé, braderie solidaire de Noël, cité sportive de Penvillers… Voici un aperçu des événements qui vont rythmer cette semaine du lundi 27 novembre au dimanche 3 décembre, à Quimper.
    Le Télégramme — Irréductible festival, marché de Noël, cité sportive de Penvillers… Ce qui vous attend cette semaine à Quimper | Le Télégramme
  • Un feu s'est déclaré ce dimanche 26 novembre vers 17h45 dans un immeuble de la cité Consolat à Marseille, a appris BFM Marseille Provence auprès des marins-pompiers. L'incendie se situe au 8e étage d'un bâtiment, qui en compte onze. Selon les marins-pompiers, ce serait feu de détritus qui serait à l'origine du sinistre.
    BFMTV — Marseille: un incendie dans un immeuble de la cité Consolat, onze personnes évacuées
  • "La cité, ce n'est pas seulement la ville. C'est aussi une construction intellectuelle pour réfléchir à accueillir toutes personnes, croyances et opinions, pour que chacun y ait sa place dans le respect des lois de la République". C'est par ces mots d'unité que Sylvie Franchet d'Espèrey a ouvert ce dimanche matin, le culte de la cité au temple de l'Oratoire qui réunissait les fidèles, les représentants des autres cultes et de nombreux élus.
    midilibre.fr — À Nîmes, un culte de la cité, ce lieu pour "chercher ensemble la justice et la paix dans un monde chaotique" - midilibre.fr
  • Nouvelle rubrique "Zoom sur…" en partenariat avec le CAUE47. Aujourd’hui, direction Nérac avec la cité des Castors.
    petitbleu.fr — Zoom sur… la cité des Castors à Nérac, une belle aventure - petitbleu.fr
  • Du métropolitain au Grand Paris, la cité de l’architecture nous embarque pour un long voyage
    Le Figaro — Du métropolitain au Grand Paris, la cité de l’architecture nous embarque pour un long voyage

Traductions du mot « cité »

Langue Traduction
Anglais quoted
Espagnol citado
Italien citato
Allemand zitiert
Chinois
Arabe مقتبس
Portugais citado
Russe цитируется
Japonais 引用
Basque aipatua
Corse citatu
Source : Google Translate API

Antonymes de « cité »

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Nombre de points du mot cité au scrabble : 5 points

Cité

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