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Avenir

Définitions de « avenir »

Trésor de la Langue Française informatisé

ADVENIR, AVENIR, verbe intrans.

Parvenir, arriver (à, vers), survenir.
A.− Vieilli, rare. Avenir, advenir. [À la forme pers. le plus souvent, en parlant d'une pers., ou d'une chose concr. ou abstr.]
1. Parvenir en un lieu déterminé ou à la personne intéressée.
Dans la lang. jur. :
1. La société de tous biens présens est celle par laquelle les parties mettent en commun tous les biens meubles et immeubles qu'elles possèdent actuellement, et les profits qu'elles pourront en tirer. Elles peuvent aussi y comprendre toute autre espèce de gains; mais les biens qui pourraient leur avenir par succession, donation ou legs, n'entrent dans cette société que pour la jouissance... Code civil,1804, p. 332.
Par arch. littér. :
2. − (...) nous battons la campagne. Or, voilà long-temps que nous cheminons, n'adviendrons-nous pas bientôt? Par saint-Polycarpe! où diantre me conduisez-vous? − À votre tour ne vous impatientez point, Chastelart, nous approchons fort, la Juiverie doit être peu éloignée maintenant. P. Borel, Champavert,Dina la belle juive, 1833, p. 117.
3. Il avouait ses tentations, cette envie de tout garder, de tout dévorer, quand il lui advenait un colis de bonnes choses. M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 290.
2. Arch. littér. Advenir à + inf.Venir à bout de, réussir à :
4. Tellement qu'en plaine teneur de mes esprits animaux me remettray-je à la forge, dans ma librairie, jusques au lever du soleil, comme ung alquimiste, me pollicitant la palme du langaige françoys si ie adviens à couler la vraie nature des choses dans un moule ciceronian. (...) Cette page est pour ton époux, amateur de telles folastreries et idiomes antiques. G. Flaubert, Correspondance,1876, p. 337.
3. Région. Avenir à qqn (3epers. du sing., pers. ou impers.).Convenir, aller (bien), appartenir à :
5. Avenir. V. n. remplace le verbe seoir dans ce sens : − Cet habit vous avient bien. − Ce ruban avient à votre teint. − Cela n'avient qu'à vous, c.-à-d., vous seul pouvez dire ou faire cela. − Il vous avient bien de me faire des reproches. H. Coulabin, Dict. des locutions populaires du bon pays de Rennes en Bretagne,1891.
B.− Lang. cour. Advenir. [Le plus souvent à la 3epers. du sing. ou à l'inf., en parlant d'un événement] Se produire, comme une chose possible, mais de manière non absolument prévisible, quoique attendue.
1. En constr. pers. :
6. Mais il emporte au désert le passé, s'il y a un passé. Lui-même, au fond, n'en sait rien. Les faits qu'il voit peints par le doigt de Dieu et comme réfléchis au puits profond de son cœur, sont-ils advenus, ou adviendront-ils? Il les voit, moins comme faits que comme droit, comme Dieu les verrait, tous les temps étant finis, au jour du Jugement. Nul temps : tout fait comme présent, rien de successif. J. Michelet, Journal,avr. 1842, p. 390.
7. Ces possibilités, rentrant dans le cercle de celles auxquelles il avait songé, ne lui auraient pas paru bien étranges si elles se fussent effectuées; en effet, ce sont là de ces choses que l'on voit, qu'il avait vues, auxquelles il s'était vaguement attendu les jours où, pensant à Henry et s'imaginant tout ce qui pourrait lui advenir de bien et de mal, il avait bâti ces hypothèses et ces aventures que nous édifions dans l'absence des personnes qui nous sont chères. G. Flaubert, La Première éducation sentimentale,1845, pp. 184-185.
8. Madame de Vaubert le suivit longtemps des yeux, puis retomba dans sa rêverie. Elle en sortit souriante et radieuse. Que s'était-il passé? Qu'était-il advenu? Moins que rien, une idée. Mais une idée suffit à changer la face du monde. J. Sandeau, Mademoiselle de la Seiglière,1848, p. 42.
9. Mais je sens que la mort est proche! Vienne l'automne, advienne l'instant de profond silence, ... P. Claudel, La Ville,2eversion, 1901, III, p. 490.
10. Il ne fait qu'anatomiser l'événement et l'expliquer, analyser sa façon de se produire. Il traite l'événement comme si celui-ci ne contenait rien de plus que les causes matérielles qui permettaient de le prévoir. Or, tout événement doit parler au cœur en même temps qu'à la pensée. En même temps que nos sens le reçoivent, il doit tenir en nous toute la place du songe. La moindre chose qui nous advient est, évidemment, une image de ce que nous sommes et non une image de ce que nous pensons. Notre destinée s'y lit au grand jour. J. Bousquet, Traduit du silence,1935-1936, p. 91.
11. ... je n'arrive pas à suprimer toute référence de ma vie à un monde, à chaque instant quelque intention jaillit à nouveau de moi, ne serait-ce que vers les objets qui m'entourent et tombent sous mes yeux ou vers les instants qui adviennent et repoussent au passé ce que je viens de vivre. M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, pp. 192-193.
12. ... le temps n'est-il pas la dimension selon laquelle quelque chose advient en général? Le devenir n'est-il pas la façon qu'a le non-être d'advenir, et par suite de venir à l'être? Dans un monde d'alternative où l'être en acte s'annihile dialectiquement dans le rien, où venir à l'être est le seul être réel, c'est la continuation d'avènement qui est l'effectivité elle-même... V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 93.
13. Le sophisme de Diodore Kronos, c'est d'appliquer au futur soi-disant nécessaire le principe d'identité et du tiers-exclu : les choses, quoi qu'il arrive, ne pouvaient être qu'ainsi, c'est-à-dire telles qu'elles ont été; quoi qu'il arrive, c'est ce qui devait advenir qui sera advenu; quoi qu'il arrive c'est, par définition même, le motif le plus fort qui aura prévalu. Certes tout prouve le destin... V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957p. 202.
Rem. Ainsi que le montrent les ex., le suj. représente fréquemment un mot très gén. ou très abstr. (ce qui, chose qui, quelque chose, rien, fait, instant).
2. En constr. impers.
a) Constr. impers. simple ou complexe :
14. Nourri dans la foi en une Providence qui agit sur nous par des volontés particulières, rien ne lui arrive qu'il n'y voie le signe de desseins adorables et terrifiants. Et il lui advint, en effet, une aventure faite pour impressionner de plus braves. Sans doute avait-il changé de vie depuis deux années déjà... F. Mauriac, La Vie de Jean Racine,1928, p. 127.
15. ... le temps est l'effectivité toute pure, réduite au seul fait de devenir; en rapport avec la chronologie, l'inexprimable « il y a », dont nul ne peut rien dire, doit être interprété ainsi : « il devient », et par conséquent « il advient » ou « survient » − c'est-à-dire, en général, « il vient ». On montrera que l'événement ou avènement est le devenir sous l'aspect instantané, comme le devenir est le « il y a » sous la forme continuée. Qu'il s'agisse de devenir ou qu'il s'agisse d'advenir et de survenir, le temps dans les deux cas est une sorte d'évidence, mais une évidence fondante... V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 69.
b) Il advient que + ind. ou subj.
16. Mais, dans Possession du monde, l'idéologue applique avec sérieux les principes de la « mind cure ». (...) « Quand tu parles de vertu, de bonheur, de courage, dit-il, à force d'exprimer ces idées, il advient qu'elles agissent sur toi en retour; un moment arrive où tu es moralement contraint à devenir l'œuvre de tes opinions. (...) ». H. Massis, Jugements,t. 2, 1924, p. 179.
17. Calé dans le coin droit, côté face, du compartiment, je fume une cigarette en lisant, Dieu me pardonne! en lisant Le Populaire. Le coin droit, côté face, parce que c'est la place réservée à Folcoche, lorsqu'il advient d'aventure que nous prenions le tortillard d'Angers. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 201.
Rem. Avec l'ind., advenir signifie « se produire effectivement »; avec le subj., il signifie « se produire éventuellement » (ex. 17 : il advient d'aventure que...).
3. (En) advenir de qqn, plus rarement de qqc.[En parlant du destin incertain de la pers. ou de la chose désignée par le compl. prép.] Se produire, arriver dans la suite des événements à venir :
18. Qui sait ce qui peut advenir de la fragilité des femmes? Qui sait jusqu'où peut aller l'inconstance de ce sable mouvant, ... A. de Musset, Comédies et proverbes,André del Sarto, 1834, II, 1, p. 80.
19. Convenez des mouvements, à telle date, en France et en Allemagne, de vos troupes alliées. Mais si vous vous en remettez au hasard, que voulez-vous qu'il en advienne? Le hasard d'un côté, d'énormes forces organisées de l'autre, − le résultat est certain : vous serez écrasés. R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 1065.
20. Nous roulons dans les probabilités. Qu'adviendra-t-il de nos fils? Que penseront-ils dans vingt ans? Enquêteurs et enquêtés l'ignorent. Cela dépend des âmes, qui vont continuer de s'échauffer et qui sont toutes inégales, et d'une certaine fermentation de la raison publique, sur laquelle d'ailleurs il est très possible d'agir. M. Barrès, Mes cahiers,avr.-août 1913, p. 150.
21. Icare était, dès avant de naître et reste après sa mort, l'image de l'inquiétude humaine, de la recherche, de l'essor de la poésie, que durant sa courte vie il incarne. Il a joué son jeu, comme il se devait; mais il ne s'arrête pas à lui-même. Ainsi en advient-il des héros. Leur geste dure et, repris par la poésie, par les arts, devient un continu symbole. A. Gide, Thésée,1946, p. 1436.
Rem. 1. La constr. est pers. dans l'ex. 18, impers. dans les 3 autres ex. Dans les 2 cas, un mot (suj. ce qui dans l'ex. 18, que interr. dans les ex. 19, 20, ainsi dans l'ex. 21) indique l'événement ou le destin attendu ou effectif. 2. En explétif ne se rencontre que dans la tournure affirmative (ex. 21); il est pronom. (de + nom) dans l'ex. 19. 3. La tournure s'emploie fréquemment en constr. interr. (ex. 18, 19, 20), parfois dans une réponse à une question réelle ou supposée (ex. 21); il est en effet de la nature de cette tournure fortement affective de supposer une inquiétude sur l'avenir.
4. Loc. figées
a) Quoi qu'il advienne, var. quoi qu'il en advienne :
22. Je passe mon temps à ranimer le passé. Quant à l'avenir, ce sont des ténèbres épouvantables. Quoi qu'il advienne, tout ce que nous avons aimé est fini! Nous pouvons devenir vertueux, mais nous serons bien bêtes! Dans quel monde de pignoufs on va entrer! G. Flaubert, Correspondance,1870, p. 166.
23. ... il faut rattacher cette déficience (car évidemment c'en est une) à ce que je disais plus haut : celle du sentiment du temps. Quoi que ce soit qu'il m'advienne, ou qu'il advienne à autrui, je le mets aussitôt au passé. De quoi fausser gravement le jugement sur les événements appelés à devenir historiques. J'enterre les gens et les choses, et moi-même, avec une facilité déconcertante... A. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1227.
Rem. Selon Besch. 1845, il s'agit de la devise d'une famille du Dauphiné, dont le nom était Bocsoz-el-Montgontier.
b) Advienne que pourra :
24. J'ai pris de la vie tout ce que j'ai pu prendre, entendez-vous, à grandes lampées, la gorge pleine! Je l'ai bue à la régalade : advienne que pourra! Il faut en prendre son parti, l'Abbé. Qui jouit craint la mort. G. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 292.
25. Dès le xiiesiècle s'élèvent des voix singulières, et des adeptes de l'« ancienne philosophie », entichés de paganisme, s'en vont disant : « Qu'importe la mort? Prenons le bien qui nous vient à chaque jour. Après, advienne que pourra! La mort mettra fin à la bataille et, elle venue, il ne restera plus rien ni du corps ni de l'âme. » E. Faral, La Vie quotidienne au temps de saint Louis,1942, p. 231.
c) Proverbe. Fais ce que dois, advienne que pourra. Il faut faire son devoir quoi qu'il puisse en résulter :
26. Le catholicisme, qui jadis eut ma foi, doit toujours conserver ma vénération. Pourtant, je ne pus jamais m'empêcher de lui préférer secrètement la chevalerie, dont j'entends encore retentir, au XVIesiècle, le noble résumé : Fais ce que dois, advienne que pourra. A. Comte, Catéchisme positiviste,1852, p. 357.
27. Mais qu'importe, du reste. J'ai retourné la fière devise : Fais ce que dois, advienne que pourra, et de fière, je l'ai faite soumise : Fais ce qu'elle veut, advienne que pourra! − C'est écrit pour lui plaire; que me faut-il de plus?... J. Barbey d'Aurevilly, Troisième Mémorandum,1856, pp. 52-53.
28. Mauvaise fin de semaine et mauvais commencement d'année. − Mais foin de l'amour-propre! Fais ce que dois, advienne que pourra! Fais ton devoir et moque-toi du reste, ... H.-F. Amiel, Journal intime,6 janv. 1866, p. 46.
Rem. 1. ,,(Montaigne) C'est la devise des Maréchaux de France.`` (L.-M.-E. Grandjean, Dict. de locutions proverbiales, Toulon, Impr., rég., t. 1, 1899, p. 365, s.v. devoir). 2. Ces 3 loc. sont fortement affectives, en raison du verbe et de son mode empl. en prop. princ. : les 2 premières expriment un fatalisme gén. hédoniste ou épicurien, la troisième est l'expr. traditionnelle de l'attitude stoïque en face du destin.
Stylistique 1. Advenir, terme de fréq. moy., connaît en gén. un emploi plus important au xxes. qu'au xixes. Cependant dans les accept. A, il est rare et plus usité au xixes. qu'au xxes.; il caractérise un style archaïsant ou la lang. jur. ou région., avec, à l'occasion, un effet légèrement comique (ex. 2, et peut-être 3) ou parodique (ex. 4). Dans ses accept. B, nettement prépondérantes, advenir figure le plus souvent dans les genres sérieux : romans de mœurs ou à thèse, tableaux historiques, journaux intimes, ouvrages de philosophie, etc. 2. C'est sans doute parce qu'il s'appauvrit dans son contenu sém. et dans ses possibilités d'emploi au cours des siècles (jusqu'à atteindre une certaine banalité au xixes., mais prenant un regain d'intérêt au xxes. en pénétrant dans le domaine philos.) que advenir s'emploie fréquemment sous forme de loc. figées (cf. la prédilection de Flaubert pour l'expr. quoi qu'il advienne, relevée 32 fois dans la docum. et pour l'expr. advienne que pourra, relevée 14 fois) et qu'il fonctionne non moins fréquemment en redondance avec des termes apparentés − manière d'équivalents explicatifs (avenir, aventure, événement, etc.). 3. Sur la valeur affective du verbe, cf. supra B 3, rem. 3. 4. Advenir s'emploie comme inf. substantivé dans la lang. philos. : 29. ... c'est dans l'advenir, autrement dit dans le présent du devenir que l'existence et la consistance coïncideraient : car l'advenir est du même coup la limite de l'avenir imminent et du souvenir récentissime; car l'événement est à la fois l'avènement en instance et le passé prochain; ici ce qui survient et ce qui « subvient », la plus immédiate aventure et la plus prochaine souvenance, le futur naissant et le passé naissant ne font plus qu'un... V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 73. 5. À signaler en concl. que advenir, dans le discours, est associé synonymiquement ou antonymiquement aux verbes suiv. : s'actualiser, aller, apparaître, approcher, arriver, attendre, avoir lieu, changer, cheminer, commencer, continuer, devenir, disparaître, durer, échoir, s'effectuer, s'ensuivre, entrer, être, exister, se faire, finir, intervenir, se muer, parvenir, se passer, prendre (existence, forme), se produire, résulter, seoir, sortir, subsister, surgir, survenir, se transformer, venir. Associé fréquemment avec les verbes : devoir, pouvoir, savoir. Syntagmatiquement lié, de façon plus ou moins fréq., avec les subst. (apparentés ou de valeur temporelle) : avenir, aventure, chose, événement, jour, suite, temps.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [advəni:ʀ], (il) advient [advjε ̃]. Enq. : /adviẽ, adv(ə)n, advie2n, adviẽd/, Conjug. tenir. 2. Dér. et composés : adventiste, adventitiel, avenant, avènement, avent, aventure (aventurer, etc.), avenu, avenue, mésadvenir, mésavenir. Cf. venir. 3. Hist. − Avenir, de formation pop., et advenir, doublet sav. de la forme précédente, se concurrencent ds les dict. de la fin du xviiieet du xixes. de la façon suiv. : a) avenir : cf. Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,plusieurs écrivent encore advenir avec un d. Quelques-uns même l'y prononcent. Il ne faut point l'écrire; encore moins le prononcer.`` Empl. comme vedette ds Ac. 1798 ainsi que ds Ac. 1835 avec la rem. : ,,quelques-uns disent advenir``; cf. aussi Nod. 1844 et Littré. b) Advenir : cf. Besch. 1845, qui sous la vedette avenir note : ,,On dit mieux advenir``. Vedette unique ds Ac. 1878, advenir s'impose ds les dict. du xxes. Seul Quillet 1934 emploie encore la vedette double : advenir ou avenir. − Dans les textes, avenir ne se rencontre qu'au xixes. (lang. jur. ou région., cf. ex 1 et 5).
Étymol. ET HIST. − 1remoitié xes. fig. « arriver, se produire », Fragment de Valenciennes, vo, 1. 27 ds Gdf. Compl. : E poro si vos avient; 1239 févr. « id. » forme mod., Arch. des Vosges, H. Flabémont ds Gdf. : Si par aventure adveni. Empr. au lat. advenire, même sens, dep. Plaute, Merc., 143, ds TLL s.v., 833, 26 : saluti quod tibi esse censeo, id consuadeo : apage istiusmodi salutem, [cum] cruciatu quae advenit; réfection étymol. dep. la 1remoitié du xiiies.; cf. aussi aveindre, xiies., du même étymon.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 713. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 578, b) 1 000; xxes. : a) 932, b) 1 442.
BBG. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bréal (M.). Notes d'étymologie. Mém. de la Soc. de Ling. de Paris. 1910/11, t. 16, p. 66. − Dup. 1961. − Hanse 1949. − Thomas 1956.

AVENIR2, subst. masc.

A.− Temps à venir :
1. Il y a trois manières principales de considérer l'existence, c'est de la regarder comme passée, comme présente, ou comme à venir. Les idées de passé et d'avenir ne sont que des idées relatives à l'idée de présent. C'est donc le présent qu'il faut d'abord déterminer. Or, dans la durée comme dans l'espace, on ne peut déterminer un point que par ses relations avec un point connu : il faut donc attacher l'idée de présent à une époque connue, pour distribuer autour d'elle le passé et l'avenir. Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Grammaire, 1803, p. 202.
2. L'art peut produire des milliers de Théocrite et de Virgile, mais la nature seule crée des milliers de paysages nouveaux (...). L'art nous ramène en arrière dans un passé qui n'est plus; la nature marche avec nous en avant, et nous porte vers un avenir qui vient à nous. Laissons-nous donc aller comme elle au cours du temps : cherchons nos jouissances dans les eaux, les prés, les bois, les cieux, et dans les révolutions que les saisons et les siècles y amènent. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 127.
3. Si le temps est semblable à une rivière, il coule du passé vers le présent et l'avenir. Le présent est la conséquence du passé et l'avenir la conséquence du présent. Cette célèbre métaphore est en réalité très confuse. (...). Quand je dis qu'avant-hier le glacier a produit l'eau qui passe à présent, je sous-entends un témoin assujetti à une certaine place dans le monde et je compare ses vues successives (...). (...) dès que j'introduis l'observateur, qu'il suive le cours du ruisseau ou que, du bord de la rivière, il en constate le passage, les rapports du temps se renversent. Dans le second cas, les masses d'eau déjà écoulées ne vont pas vers l'avenir, elles sombrent dans le passé; l'à-venir est du côté de la source et le temps ne vient pas du passé. Ce n'est pas le passé qui pousse le présent ni le présent qui pousse le futur dans l'être; l'avenir n'est pas préparé derrière l'observateur, il se prémédite au-devant de lui, comme l'orage à l'horizon. Si l'observateur, placé dans une barque, suit le fil de l'eau, on peut bien dire qu'il descend avec le courant vers son avenir, mais l'avenir, ce sont les paysages nouveaux qui l'attendent à l'estuaire, et le cours du temps, ce n'est plus le ruisseau lui-même : c'est le déroulement des paysages pour l'observateur en mouvement. Le temps n'est donc pas un processus réel, une succession effective que je me bornerais à enregistrer. Il naît de mon rapport avec les choses. Dans les choses mêmes, l'avenir et le passé sont dans une sorte de préexistence et de survivance éternelles; l'eau qui passera demain est en ce moment à sa source, l'eau qui vient de passer est maintenant un peu plus bas, dans la vallée. Ce qui est passé ou futur pour moi est présent dans le monde. On dit souvent que, dans les choses mêmes, l'avenir n'est pas encore, le passé n'est plus, et le présent, à la rigueur, n'est qu'une limite, de sorte que le temps s'effondre. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, pp. 470-471.
SYNT. Avenir éloigné, immédiat, prochain, proche, rapproché; sens de l'avenir.
Loc. À l'avenir :
4. Ma volonté bien réfléchie est que cette communauté continue de vivre aussi simplement que par le passé. Les couvents ont été épargnés jusqu'à présent, rien ne prouve qu'ils ne le soient pas à l'avenir. Au surplus, quoi qu'il arrive, ne comptons jamais que sur cette espèce de courage que Dieu dispense au jour le jour, et comme sou par sou. Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, 4etabl., 1, p. 1652.
PARAD. a) (Quasi-)synon. à partir d'aujourd'hui, désormais, dorénavant. b) (Quasi-)anton. autrefois, jamais, naguère.
P. ext. Avenir éternel ou absol. avenir :
5. Le sentiment de l'infini est le véritable attribut de l'âme : tout ce qui est beau dans tous les genres excite en nous l'espoir et le désir d'un avenir éternel et d'une existence sublime; on ne peut entendre ni le vent dans la forêt, ni les accords délicieux des voix humaines; on ne peut éprouver l'enchantement de l'éloquence ou de la poésie; enfin surtout, enfin on ne peut aimer avec innocence, avec profondeur, sans être pénétré de religion et d'immortalité. Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 5, 1810, p. 13.
6. Il me semble que dans cet avenir lointain d'une autre vie, ceux-là seront les plus heureux qui n'auront pas eu dans leur durée un seul moment qu'ils ne puissent se rappeler avec plaisir. Là haut, comme ici-bas, nos souvenirs seront une part importante de nos biens et de nos maux. Le ciel est pour ceux qui y pensent. J. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 106.
7. Si les hommes, pris un à un, croient, à leur su ou à leur insu, à une vie future, c'est qu'il y a une vie future, parce qu'il n'y a pas d'effet sans cause, parce qu'il est absurde de dire que l'homme passe ses jours à craindre ou à espérer au delà de la tombe un avenir qui n'existe pas; bizarre animal qui aurait la connaissance de la mort, qui posséderait un sentiment dont la rapidité et l'étendue embrassent tous les siècles et tous les mondes, et qui ne serait doué de cette extension de temps et d'espace que pour s'enfermer à jamais dans un trou de six pieds de long! Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 615.
B.− P. méton. (gén. par rapport à une pers. ou à un groupe de pers.).
1. Ce qui sera plus tard, les événements futurs.
a) [L'avenir en tant qu'objet de connaissance]
[Divine] :
8. La doctrine catholique range parmi les attributs divins la prescience, c'est-à-dire la connaissance anticipée et infaillible de l'avenir, même de l'avenir qui dépend des volontés libres. Or, comment Dieu peut-il prévoir ce dernier genre d'avenir, sinon parce qu'il est le maître de nos actes et qu'il les dirige comme il lui plaît? Comment sait-il infailliblement ce que je ferai demain, sinon parce qu'il l'a décrété, et qu'il possède dans sa toute-puissance la certitude de nos déterminations? Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 190.
9. − (...) Examine la religion dès sa naissance et dis si elle ne débute pas par un dogme absurde? Voici un Dieu, infiniment parfait, infiniment bon, un Dieu qui n'ignore ni le passé, ni le présent, ni l'avenir, il savait donc qu'Ève pécherait; alors, de deux choses l'une : ou il n'est pas bon puisqu'il l'a soumise à cette épreuve, en connaissant qu'elle n'était pas de force à la subir; ou bien alors, il n'était pas certain de sa défaite; auquel cas, il n'est pas omniscient, il n'est pas parfait. Durtal ne répondait pas (...). − Pourtant, se dit-il, (...) il est enfantin de s'occuper du futur lorsqu'il s'agit de Dieu; nous le jugeons avec notre misérable entendement et il n'y a pour lui, ni présent, ni passé, ni avenir; il les voit tous, dans la lumière incréée, au même instant. Pour lui, la distance ne se figure pas et l'espace est nul. Les jadis, les maintenant et les demain ne sont qu'un. Huysmans, En route,t. 2, 1895, pp. 175-176.
10. Tout le passé lui était présent. Tout le présent lui était présent. Tout l'avenir, tout le futur lui était présent. Toute l'éternité lui était présente. Ensemble et séparément. Il voyait tout d'avance et tout en même temps. Il voyait tout après. Il voyait tout avant. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 126.
Rem. ,,On dit de Dieu seul : L'avenir lui est présent, est présent devant lui, pour dire, que Dieu connoît, prévoit tout ce qui arrivera`` (Ac. 1798-1932, Besch. 1845).
[Magique, pseudo-sc., sc.] :
11. ... l'instinct de la divination a tourmenté tous les âges et tous les peuples, surtout les peuples primitifs; la divination a donc dû ou pourrait donc peut-être exister; mais c'est une langue dont l'homme aura perdu le clef en sortant de cet état supérieur, de cet éden dont tous les peuples ont une confuse tradition : alors, sans doute, la nature parlait plus haut et plus clair à son esprit; l'homme concevait la relation cachée de tous les faits naturels, et leur enchaînement pouvait le conduire à la perception de vérités ou d'événements futurs, car le présent est toujours le germe générateur et infaillible de l'avenir; il ne s'agit que de le voir et de le comprendre. Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 191.
12. ... bornons-nous d'abord à considérer les phénomènes naturels où les causes et les effets s'enchaînent, de l'aveu de tout le monde, d'après une nécessité rigoureuse; alors il sera certainement vrai de dire que le présent est gros de l'avenir, et de tout l'avenir, en ce sens que toutes les phases subséquentes sont implicitement déterminées par la phase actuelle, sous l'action des lois permanentes ou des décrets éternels auxquels la nature obéit; mais on ne pourra pas dire sans restriction que le présent est de même gros du passé, car il y a eu dans le passé des phases dont l'état actuel n'offre plus de traces, (...); tandis que cela suffirait à une intelligence pourvue de facultés analogues à celles de l'homme, quoique plus puissantes, pour lire dans l'état actuel la série de tous les phénomènes futurs, ou du moins pour embrasser une portion de cette série d'autant plus grande que ses facultés iraient en se perfectionnant davantage. Ainsi, quelque bizarre que l'assertion puisse paraître au premier coup d'œil, la raison est plus apte à connaître scientifiquement l'avenir que le passé. Les obstacles à la prévision théorique de l'avenir tiennent à l'imperfection actuelle de nos connaissances et de nos instruments scientifiques... Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 447.
13. Il peut arriver aussi que deux prophètes, sans se connaître, vous annoncent la même chose. Si cet accord ne vous trouble pas plus que votre intelligence ne le permettra, je vous admire. Pour mon compte, j'aime bien mieux ne pas penser à l'avenir, et ne prévoir que devant mes pieds. Non seulement je n'irai pas montrer au mage le dedans de ma main, mais, bien plus, je n'essaierai pas de lire l'avenir dans la nature des choses; car je ne crois pas que notre regard porte bien loin, si savants que nous puissions être. J'ai remarqué que tout ce qui arrive d'important à n'importe qui était imprévu et imprévisible. Alain, Propos,1908, p. 35.
14. Deux jeunes filles de Baltimore vont consulter une voyante à Washington. La bonne dame leur fait le « grand jeu », mais ne prédit l'avenir qu'à l'une d'elles et non à l'autre. Cette dernière insiste. « Je n'ai rien à vous dire », fait la pythonisse, et comme la jeune fille renouvelle ses instances, elle lui remet un papier sur lequel elle a griffonné quelques mots. « Vous ne le lirez que lorsque vous serez de retour chez vous », dit-elle. Les demoiselles s'en vont. Sur le chemin de la gare, elles sont renversées par une voiture; l'une d'elles est tuée, et c'est celle-là même à qui ce papier a été remis. On le retrouve sur elle, on le déplie; il porte ces mots : « Vous n'avez pas d'avenir. » Green, Journal,1942, p. 197.
SYNT. Avenir inconnu; deviner, dévoiler, entrevoir, interroger, montrer, pénétrer, présenter, regarder (vers) l'avenir.
b) [L'avenir en tant qu'objet de calculs plus ou moins intéressés] :
15. Huber est mort. Quelle douleur pour sa femme! Quelle destinée! Faire beaucoup de sottises pour s'unir à l'homme qu'on aime, lutter contre toute sa famille, éprouver au milieu même de la passion beaucoup de remords, errer longtemps sans fortune et sans asile, et au moment même où le sort semble se radoucir et promettre un avenir, de l'aisance et du repos, perdre le compagnon de sa vie, rester seule avec six enfants, sans amis, sans ressources, sans consolation! Constant, Journaux intimes,1805, p. 189.
16. Les prétendants ne manquaient point. On disait que Maze lui-même, le beau Maze, le lion du bureau, tournait autour du père Cachelin avec une intention visible. Mais l'ancien sergent, un roublard qui avait roulé sous toutes les latitudes, voulait un garçon d'avenir, un garçon qui serait chef et qui reverserait de la considération sur lui, César, le vieux sous-off. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Héritage, 1884, p. 469.
17. ... en seraient-ils réduits à écrire des poèmes? Ils sentaient bien que les pouvoirs publics et les familles conspiraient comme autrefois à les faire retomber dans de brillants avenirs, des carrières, des soucis d'avancement, d'argent, de beaux mariages. Ces prétentions leur semblaient révoltantes, mais ils tremblaient de les voir confirmées par la mise en panne de l'histoire... Nizan, La Conspiration,1938, p. 54.
SYNT. Bel, grand avenir; avenir sûr; plans, projet d'avenir; homme plein d'avenir; assurer, bâtir, compromettre, construire, décider (de), engager, fixer, garantir, s'occuper (de), préparer l'/son avenir. − PARAD. (Quasi-)synon. avoir, bien, bien-être, confort, opulence, position, promotion, prospérité, réussite, richesse, situation, succès, vocation.
c) [L'avenir en tant qu'objet d'espoir, de crainte, etc.]
[En parlant d'une pers.] (Quasi-)synon. chance :
18. Pour recevoir le présent comme il s'offre, et mépriser l'espoir ainsi que les craintes de l'avenir, il n'est qu'un moyen sûr, facile et simple, c'est d'éloigner de son idée cet avenir dont la pensée agite toujours, puisqu'elle est toujours incertaine. Pour n'avoir ni craintes ni désirs, il faut tout abandonner à l'événement comme à une sorte de nécessité, jouir ou souffrir selon qu'il arrive, et l'heure suivante dût-elle amener la mort, n'en pas user moins paisiblement de l'instant présent. Une âme ferme, habituée à des considérations élevées, peut parvenir à l'indifférence du sage sur ce que les hommes inquiets ou prévenus appellent des malheurs et des biens; mais quand il faut songer à cet avenir, comment n'en être pas inquiété? S'il faut le disposer, comment l'oublier? S'il faut arranger, projeter, conduire, comment n'avoir point de sollicitude? On doit prévoir les incidens, les obstacles, les succès; or les prévoir, c'est les craindre ou les espérer. Pour faire, il faut vouloir; et vouloir, c'est être dépendant. Senancour, Obermann,t. 1, 1840, pp. 183-184.
19. L'étrange faiblesse d'esprit qui nous fait douter sans cesse que le bonheur de l'avenir puisse valoir le bonheur du passé est souvent notre seule cause de misère; nous nous attachons aux simulacres de nos deuils comme s'il convenait de prouver notre tristesse aux autres. Nous cherchons les souvenirs et les ruines, nous voudrions revivre le passé et souhaitons continuer encore des joies après qu'elles sont épuisées. Je hais toute tristesse et ne comprends pas que la confiance ou la beauté de l'avenir ne prévaille pas sur l'adoration du passé. Gide, Réflexions sur quelques points de litt. et de mor.,1897, pp. 417-418.
20. ... mon esprit fut toujours ainsi fait que je ne mettais pas ma perspective devant moi, mais derrière. J'aime mieux un long passé qu'un long avenir, ou plutôt je n'ai jamais rêvé sur l'avenir. Barrès, Mes cahiers,t. 2, 1899-1901, p. 217.
21. ... la fonction la plus simple, la plus profonde, la plus générale de notre être (...) est de faire de l'avenir. Tout notre être, et non seulement notre esprit, n'est occupé que de ce qui sera, puisqu'il ne procède que par actes, plus ou moins prompts, plus ou moins complexes. Respirer, se nourrir, se mouvoir, c'est anticiper. Voir c'est prévoir. Toutes nos sensations, tous nos sentiments nous engagent dans ce qui n'est pas encore; et même nos souvenirs et nos regrets : penser qu'une chose a été, c'est définir un temps futur qui doit l'exclure. L'avenir se confond en chacun de nous avec l'acte même de vivre. (...). La vie, en somme, n'est que la conservation d'un avenir. Notre esprit, qui est vie, développe devant nous, selon toutes ses ressources de savoir, de logique et d'analogies, l'image toujours changeante du possible. Mais ce que nous savons le mieux et qui constitue la puissance de cette image, c'est ce que nous souhaitons et c'est ce que nous craignons. Notre avenir du moment est une invention de nos vœux, de nos besoins, de nos refus ou de nos répugnances, que nous tentons d'ajuster à la connaissance que nous avons de notre milieu et du monde qui nous entoure. Plus nous connaissons ce milieu, plus notre création perpétuelle de l'avenir, cette poésie intime qui se produit naturellement en tout homme venant en ce monde, se restreint, se réduit en se précisant. (...). L'âge réel d'un homme pourrait se mesurer par l'exercice de la fonction-avenir de son esprit. Valéry, Variété 4,1938, pp. 191-192.
22. Cette journée était pour lui une journée essentielle, une charnière; la porte retombait sur toute une tranche pénible de sa vie, s'ouvrait sur un avenir prestigieux, aux événements pressés, vagues et nombreux. Le destin venait de frapper un coup de gong. « Je n'aurai pas le temps de finir ». Personne n'avait le temps de finir. Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 55.
23. L'avenir est ambigu d'abord parce qu'il est à la fois certain et incertain. Ce qui est certain, c'est que le futur sera, qu'un avenir adviendra; mais quel il sera, voilà qui demeure enveloppé dans les brumes de l'incertitude. De toutes façons, le Pas-encore sera, plus tard un Maintenant; de toutes façons l'avenir sera présent et sera un Aujourd'hui, que nous soyons là pour le voir ou que nous n'y soyons pas; (...). (...) il y aura un futur, (...) mais on ne peut dire la chose à venir; on ne peut pas répondre à la question circonstancielle, celle qui interroge sur les modalités et suivant les catégories de l'interrogation; on ne peut dire ce qui sera. (...) les modalités de l'avenir représentent le domaine du peut-être, et désignent à l'homme l'horizon exaltant de l'espoir : ce qui sera dépend de notre liberté. Par opposition au prétérit, qui est univoque ou inambigu parce qu'il est « tout-fait » et déjà joué, le futur a toute l'indétermination du mystère... Jankélévitch, L'Aventure, l'ennui, le sérieux,Paris, éd. Montaigne, 1963, p. 11.
SYNT. Heureux, meilleur, sombre avenir; inquiet de l'avenir; espérance, incertitude, inquiétude, menace, peur, pressentiment, promesse, souci de l'avenir; élan vers l'avenir; foi en l'avenir; craindre, croire (en), désespérer (de), douter (de), s'élancer (vers), envisager, espérer (de, en), imaginer, se préoccuper (de) l'avenir.
Except. [En parlant de la pensée hum.] Avenir intérieur :
24. ... comme il savait que la seule grande absence qu'elle faisait était tous les ans celle d'août et septembre, il avait le loisir plusieurs mois d'avance d'en dissoudre l'idée amère dans tout le temps à venir qu'il portait en lui par anticipation et qui, composé de jours homogènes aux jours actuels, circulait transparent et froid en son esprit où il entretenait la tristesse, mais sans lui causer de trop vives souffrances. Mais cet avenir intérieur, ce fleuve incolore et libre, voici qu'une seule parole d'Odette venait l'atteindre jusqu'en Swann et, comme un morceau de glace, l'immobilisait, durcissait sa fluidité, le faisait geler tout entier... Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 355.
Rem. V. également M. de Guérin, Correspondance, 1837, p. 270.
[En parlant d'un peuple, d'une nation, etc.] :
25. ... il n'y a, dans le monde, pas d'autre volonté que cette force qui pousse tout à la vie, à une vie de plus en plus développée et supérieure. (...) Je crois que l'avenir de l'humanité est dans le progrès de la raison par la science. Je crois que la poursuite de la vérité par la science est l'idéal divin que l'homme doit se proposer. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 46.
26. ... du sort des hommes il est en mon pouvoir de faire un aliment pour ma sérénité. Sache-le donc, toute création vraie n'est point préjugé sur l'avenir, poursuite de chimère et utopie, mais visage nouveau lu dans le présent lequel est réserve de matériaux en vrac reçus en héritage, et dont il ne s'agit pour toi ni de te réjouir ni de te plaindre, car simplement comme toi, ils sont, ayant pris naissance. L'avenir, laisse-le donc comme l'arbre dérouler un à un ses branchages. De présent en présent l'arbre aura grandi et entrera révolu dans sa mort. Ne t'inquiète point pour mon empire. Depuis qu'ils ont reconnu ce visage dans le disparate des choses, les hommes, depuis que j'ai fait œuvre de sculpteur dans la pierre, j'ai donné, dans la majesté de ma création, un coup de barre à leur destinée. Et dès lors ils iront de victoire en victoire, et dès lors mes chanteurs auront quelque chose à chanter, puisque au lieu de glorifier des dieux morts ils célébreront simplement la vie. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 650.
SYNT. Avenir national; tourné vers l'avenir; l'avenir de la civilisation, du monde, du pays.
2. Ceux qui vivront plus tard, les générations futures.
a) [En tant que continuateurs de la famille, de la race hum., etc.] :
27. Si nous, génération présente, avons, du moins par notre silence, consenti à grever les revenus de nos neveux, nos neveux ne jugeront-ils pas convenable de secouer ce fardeau, s'ils viennent à s'apercevoir qu'il n'a servi en rien à leur bonheur, ni à leur gloire? L'avenir peut se croire fondé à demander des comptes au présent. Les représentans futurs d'une nation reprocheront peut-être à leurs prédécesseurs de ne l'avoir pas bien représentée. Say, Traité d'écon. pol.,1832, p. 553.
28. ... un Delanoë, un Dufour, offrent leur vie dans la tranchée, pour leur pays. (...) c'est le présent s'immolant à l'avenir, et l'on ne voit pas de quel droit l'avenir, qui n'est pas encore, réclamerait ce privilège, s'il n'y avait pas un ordre impératif donné par la conscience, laquelle en reçoit la révélation d'ailleurs. P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, pp. 324-325.
29. − (...) Vous parlez toujours d'avenir, de famille et de race : de vous continuer. Qu'est-ce donc se continuer? sinon se prolonger, se survivre dans les siens, aux mêmes lieux, par les mêmes moyens, pour les mêmes buts? Où mieux assurer cette survie que sur le bien paternel? Pesquidoux, Le Livre de raison,1932, p. 128.
PARAD. (Quasi-)synon. descendance, enfant, fils, lignée, progéniture, succession.
b) [En tant que porteurs d'un jugement favorable ou défavorable sur l'époque actuelle] Aux yeux de l'avenir :
30. ... comme nous lui disions qu'il n'y avait pour nous qu'un public, non celui si bas et si ravalé du moment, mais le public de l'avenir, il nous fit avec un haussement d'épaules : « Est-ce qu'il y a un avenir, une postérité? ... On se figure ça! » blasphéma le journaliste, touchant à chaque article le viager de la gloire et ne la voulant pas plus longue pour les autres, pour les non-récompensés de leur vivant et les livres méconnus qui espèrent leur paye de la postérité. E. et J. de Goncourt, Journal,1869, p. 500.
31. Un demi-succès, des suffrages épars n'avaient pas encore réussi à imposer largement son renom d'écrivain et de poète. Il s'en consolait aisément. Mais cela accentuait en lui cette impression, à la fois ennoblissante et attristante, de travailler pour l'avenir, pour les hommes qui viendraient après lui et lui rendraient une tardive justice. Sort douloureux et grand, qu'il acceptait sans amertume. M. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 134.
PARAD. (Quasi-)synon. célébrité, crédit, notoriété, renommée, réputation.
En partic. Religion, science, etc. de l'avenir (d'avenir). Qui seront appréciées, pratiquées par les hommes futurs :
32. ... la médecine expérimentale ne pourra venir qu'après la médecine d'observation, en s'appuyant sur elle. Cela répond aux critiques de certaines personnes qui n'ayant pas lu ou n'ayant pas compris mon Introduction à l'étude de la médecine expérimentale ont prétendu que, sous prétexte de fonder une médecine de l'avenir, je voulais supprimer la médecine contemporaine ou la médecine ancienne. Je ne veux ni ne peux rien supprimer. Je dis seulement : il y a une médecine expérimentale qui sera la médecine de l'avenir, parce qu'elle viendra la dernière, comme la plus parfaite, mais elle s'appuie nécessairement sur les états évolutifs antérieurs de la science, autrement elle n'aurait pas de base. C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 101.
33. ... qu'un jour vienne où l'humanité n'aura plus besoin de croire à l'immortalité, quelles angoisses la destruction prématurée de cette foi consolante n'aura pas causées aux infortunés sacrifiés au destin durant notre âge de douleur. Dans la constitution définitive de l'humanité, la science sera le bonheur; mais, dans l'état imparfait que nous traversons, il peut être dangereux de savoir trop tôt. Ma conviction intime est que la religion de l'avenir sera le pur humanisme, c'est-à-dire le culte de tout ce qui est de l'homme, la vie entière sanctifiée et élevée à une valeur morale. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 101.
Rem. gén. 1. Avenir prend fréquemment une valeur affective mais il s'emploie rarement p. compar. ou métaph. : les qq. images auxquelles il se prête sont gén. celles de l'eau (ex. 3, 24), de l'horizon (ex. 3, 23) ou de la porte (ex. 22). 2. La forme plur. avenirs, très rare, apparaît surtout en B 1 b.
PRONONC. : [avni:ʀ]. Enq. : /avniʀ/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1360-1400 « succès, réussite » (Froissart, Poés., II, 267, 163, Scheler ds Gdf. : Et s'ensi il avenoit Que ja ne voie avenir, Mieux morir Ameroie), attest. isolée; 2. a) 1427 temps advenir « temps futur, qui doit arriver » (Coustumes de la franchise et bourgeoisie de Boussac, et les privileges accordés aux Habitants du mesme lieu, par Jean de Brosse Marechal de France ds Nouv. Coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, III, 1010 b : a tous ceux, celles qui par le temps advenir de nouvel viendront demeurer [...] en ladite Ville); 1491 ou 1498 advenir (Commines, c. 12 ds Dict. hist. Ac. fr., t. 4, p. 656 b); fin xvies. loc. adv. à l'advenir (Amyot, Solon 24 ds Littré); 1658, 15 août, à l'avenir (Alliance du Rhin ds Mignet ds Dict. hist. Ac. fr., t. 4, p. 659 a); b) 1790 au fig. avenir « situation dans le temps futur, destinée » (Turgot, Mémoire sur les prêts d'argent, § XXIX, ibid. : Un tel excès de rigueur ne laissoit envisager aux malheureux obérés qu'un avenir plus affreux que la mort). 1 inf. subst. de l'a.fr. avenir « convenir » (avenant2*); 2 composé de à* et venir*, ell. et agglutination de la loc. le temps à venir couramment écrite en a.fr. le temps advenir (supra), par influence du lat. advenire (advenir*), cf. au xvies. les choses advenir, au siècle advenir (Hug.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 9 566. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 15 024, b) 14 170; xxes. : a) 11 117, b) 13 584.
BBG. − Duch. 1967, § 48. − Foulq.-St-Jean 1962. − Hetman 1969. − Lacr. 1963. − Marcel 1938. − St-Edme t. 2 1825.

Wiktionnaire

Verbe - français

avenir \av.niʁ\ intransitif impersonnel 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. (Désuet) Variante de advenir.
    • Dont il avient que tous les jours on voit
      Du nom d’esprit fatuité dotée,
      Et de vertu sottise étiquetée.
      — (Jean-Jacques Rousseau)
    • Quelque malheur qu’il en puisse avenir,
      Ce n’est que par ma mort qu’on le peut obtenir.
      — (Jean Racine, Mithridate)
    • En l’état où je suis, quoiqu’il puisse avenir,
      Je vous dois tout promettre & ne puis rien tenir.
      — (Jean Corneille, Théodore)

Nom commun - français

avenir \a.və.niʁ\ masculin

  1. Futur, ce qui va arriver.
    • Pauvres fous qui ne comprennent pas que les hommes peuvent parfois changer l’avenir… jamais le passé. — (Alexandre Dumas, Les Mille et Un Fantômes)
    • Les immenses succès obtenus par la civilisation matérielle ont fait croire que le bonheur se produirait tout seul, pour tout le monde, dans un avenir tout prochain. — (Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
    • L’avenir est à ceux qui savent le prédire. Se réformer, c’est se conformer à l’évolution irrésistible et lente des sociétés en marche vers le but inconnu. — (Pierre Louÿs, Liberté pour l’amour et pour le mariage, 1900, dans Archipel, 1932)
    • Ici, Piganiol et Pesquidoux se rencontrent : il faudrait qu’une impulsion suprahumaine vînt redonner à ces races blasées l’appétit de vivre, la foi en l’avenir. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Le poète se souvient de l’avenir. — (Jean Cocteau, Journal d’un inconnu, 1953)
  2. Devenir d’une personne, d’une organisation.
    • Elle ne savait rien de son avenir. C'est pourquoi elle y pensait souvent. — (Pierre Louÿs, Aphrodite, Livre I, chapitre i, Mercure de France, Paris, 1896)
    • J’ai appelé l’attention sur le danger que présentent pour l’avenir d’une civilisa­tion les révolutions qui se produisent dans une ère de déchéance économique. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chapitre IV, La Grève prolétarienne, 1908, page 183)
    • Le commencement de la philosophie pour Descartes, c’est le doute ; cela seul est toute sa méthode. C’est la proclamation du droit au libre examen. L’avenir de la philosophie est attaché à ce principe. — (Jules Simon, Introduction de : « Œuvres de Descartes », édition Charpentier à Paris, 1845)
    • Mais à l’inverse il est stupide de renoncer à certains mots français sous prétexte que l’anglais ne les a pas retenus. L’anglais a adopté le français « futur » et négligé le mot voisin « avenir ». Ce n’est pas une raison pour sacrifier « avenir » et pour parler désormais du « futur d’un enfant ». — (Michel Tournier, Journal extime, 2002, Gallimard, collection Folio, page 48)
    • J’expliquai à tel examinateur, cadre au Crédit Mutuel d’Angers, la différence que l’on pouvait faire – que je faisais pour ma part – entre l’avenir et le futur. L’avenir, c’était le futur sans projet. Le futur n’était qu’une étendue sourde étalée devant nous, infiniment, et qui attendait qu’on vînt, aux dates répertoriées à l’avance par le calendrier, se poser bêtement dessus. Un chat, un rat, une belette possédaient un futur; ils était dénués d’avenir. — (Yann Moix, Reims, Grasset, 2021, page 34)
  3. Postérité.
    • Pour que le vol transatlantique soit un succès commercial, il faudra développer à la fois la vitesse et la sécurité. Seul l’avenir pourra résoudre ce problème. — (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
    • Décembre 1891. […]. Et, dans cette France de la IIIe République, l’avenir de l'économie s’écrit en grande partie dans les Ardennes. Les start-up de l’époque se dénichent dans la sidérurgie ou la forge. — (Thibaut de Jeagher, L’Usine nouvelle a 120 ans, dans L’Usine nouvelle, n° 3266, 15 décembre 2011, page 8)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

AVENIR. n. m.
Le temps futur, ce qui doit arriver. Qui peut pénétrer dans l'avenir? On ne peut répondre de l'avenir. L'avenir en décidera. L'avenir est incertain. Songer à l'avenir. Les soucis de l'avenir. Prédire l'avenir. Lire dans l'avenir. Chercher dans le passé des leçons pour l'avenir. Un fâcheux avenir. Un brillant avenir. L'avenir d'un peuple. Dieu voit tout, l'avenir lui est présent, est présent devant lui. Voyez à la fin de l'article VENIR. Il se dit figurément du Bien-être, de l'état de fortune ou de l'avancement ou des succès qu'on peut espérer. J'assure un avenir à mes enfants. Cet homme n'a aucun avenir. Il est inquiet sur son avenir. C'est un jeune homme d'avenir. Il signifie quelquefois figurément la Postérité. L'avenir vous rendra justice. Que dira l'avenir?

À L'AVENIR, loc. adv. Désormais, dorénavant. Vous en userez à l'avenir comme il vous plaira. Ne faites plus cela à l'avenir. À l'avenir les séances auront lieu tel jour.

Littré (1872-1877)

AVENIR (a-ve-nir), j'aviens, j'avins, j'aviendrai, avenant, avenu v. n.
  • Échoir, se faire. S'il m'avient quelquefois de clore la paupière, Malherbe, V, 21. Ce que les prophètes ont dit devoir avenir dans la suite des temps, Pascal, J. C. 4. Présupposant pour certains tous les accidents qui sont douteux, ils règlent leurs délibérations comme s'ils devaient avenir, Guez de Balzac, 5e Disc. s. la cour. Vous bénirez le mal qui vous est avenu, Mairet, Sophon. V, 6. Même dispute avint entre deux voyageurs, La Fontaine, Fables, IX, I. Afin qu'il ne m'avienne De mal gîter, La Fontaine, Orais. Dont il avint que…, La Fontaine, Berc. Quelque malheur qu'il en puisse avenir, Ce n'est que par ma mort qu'on la peut obtenir, Racine, Mithr. I, 1. Quoi qu'il en avienne, Si ce peuple une fois enfonce le palais, C'est fait de votre vie, Corneille, Nicom. V, 7. Qui souhaite la mort, craint peu, quoi qu'il avienne, Rotrou, Vencesl. IV, 3. Et s'il s'en rencontre une à qui cela n'avienne, Malherbe, VI, 24.

    Avenant, part. prés. pris adverbialement, dans le cas où aviendrait. Si, puis après, avenant confrontation…, Bossuet, Var. 10. Quelque bien de mon père et le fruit de mes peines, Dont, avenant que Dieu de ce monde m'ôtât, J'entendais tout de bon que lui seul héritât, Molière, l'Étour. IV, 2.

    On dit plus ordinairement advenir.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire être, comme tous les composés de venir.

HISTORIQUE

Xe s. Et poro [pour cela] si vos avient, Fragm. de Valenc. p. 469.

XIe s. Si ço avent que alquen colpe le poin à altre, L. de Guill. 13. De cest message nous avendra grant perte, Ch. de Rol. XX. À deus franceis belement en avint, ib. CCLV.

XIIe s. Tex honte lor avint devant le roi de France, Ronc. p. 197. Car joie a courte durée, Qui avient par tel folor, Couci, I. Mais, se Dieu plaist, ce ne m'avendra mie, ib. II. Et bien [je] connoi que [je] n'i puis avenir [arriver, réussir], ib. VIII. Mais fol desir fait souvent cuer penser En si haut lieu qu'il n'i peut avenir, ib. X. Et qu'il m'avient souvent Que je m'oublie, pensant [pensif] entre la gent, ib. XVI. Onques vers lui [elle] [je] n'oi faus cuer ne volage ; Si m'en devroit pour tant mieuz avenir, ib. XI. Donez moi, sires, que [je] ne soie oubliée Et [que] mes amis aviegne [vienne] à la vesprée, Romancero, p. 38. Jà nous ferons tous nos plaisirs ; Ainsi avegne à tous amis ! ib. p. 45. Enuit [ce soir] l'en avanra [ce] dont encor [il] ne sait mot, Sax. XVII. Onc mais n'avint en France nule si granz dolors, ib. 27.

XIIIe s. Ensi com Diex veult, les aventures avienent, Villehardouin, CXXXIV. J'en voel faire quanke li autre en vorront faire ; et aviegne que que avenir en porra, Chr. de Rains, 93. Comment, en quel maniere [ils] i pourront avenir [réussir], Berte, XII. Que m'est il avenu ? qu'ont ces gens empensé ? ib. X. Et pour rien qui aviegne, ne soit ses liz guerpis, ib. LXXV. Et i ot si grant presse qu'il ne purent tout avenir au hanap [à la coupe], Chr. de Rains, 143. Mès fort chose est à avenir ; Ge me puis bien pour fol tenir, Quant j'ai mon cuer mis en tel leu Dont ge n'aten avoir nul preu, la Rose, 2493. Chascun doit faire en toutes places Ce qu'il set qui miex li avient ; Car los et pris et grace en vient, ib. 2203. Fai que dois, aviegne que puet, Barbazan, Fabli. I, 77.

XIVe s. Et aussi au devant ilz ne consideroient pas ne ne voioient les perilz à avenir, Oresme, Eth. 86. Li homs qui longes vit, souffians à tous costez, Voit en fin avenir partie de ses grés, Baud. de Seb. IX, 236.

XVe s. Afin que honorables emprises et nobles aventures et faits d'armes lesquelles sont avenues par les guerres de France et d'Angleterre, soient notablement registrées, Froissart, Prol. Et bien pensoient qu'ils ne pourroient avenir à leur entente sans grand contraire, Froissart, I, I, 154. Et parquoi ils pussent mieux avenir l'un à l'autre [les vaisseaux], ils avoient grands crocs et havets de fer tenans à chaines, Froissart, I, I, 121. Il estoit si frique et si joli chevalier, et si bien lui avenoit quant qu'il faisoit, qu'il estoit partout le bien venu d'Angleterre, Froissart, I, I, 323. Et estoit advenu que messir Falleton avoit prié le seigneur de l'Esparre d'aller en Angleterre, Froissart, II, II, 4. Le bien qui luy advint, Commines, II, 3. Ils cuydoient avoir… mais le contraire leur advint, Commines, II, 13.

XVIe s. Aux femmes aussi mal advient Science, qu'un bast à un bœuf, Marot, IV, 167. Que si on a quelque regard en la doctrine, c'est pour eslire quelque legiste auquel il adviendroit mieux de plaider en justice, que de prescher en un temple, Calvin, Instit. 869. Quant est des choses à advenir, Calvin, ib. 147. Il advient le plus souvent que chascun choisit…, Montaigne, I, 57. On luy reprocha que c'estoit à la mode du regnard, pour n'y pouvoir advenir, Montaigne, I, 142. Quand j'entreprendrois de suyvre cet aultre style, je n'y sçaurois advenir, Montaigne, III, 38. Le malheur qui advint aux Romains, advint pour avoir transgressé cette saincte coustume, Amyot, Numa, 22. Personne n'approuve le moyen qu'il teint pour advenir à ces fins, Amyot, Alc. 24.

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Étymologie de « avenir »

Bourguig. éveni ; provenç. et espagn. avenir ; ital. avvenire ; du latin advenire, de ad, à, et venire, venir.

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(Nom) (XIVe siècle)[1] Déverbal de avenir[2] ou composé de à et de venir[1] en sous-entendant temps.
(Verbe) Du latin advenire, remplacé dans l’usage par son doublon savant advenir que Féraud[3] s’est efforcé de condamner : « plusieurs écrivent encore advenir avec un d, quelques-uns même l’y prononcent. Il ne faut point l’écrire ; encore moins le prononcer. »
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Phonétique du mot « avenir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
avenir avnir

Fréquence d'apparition du mot « avenir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « avenir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « avenir »

  • Les anniversaires ne valent que s'ils constituent des ponts jetés vers l'avenir.
    Jacques Chirac — Discours pour le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme
  • Annoncé sur le départ de l’Olympique de Marseille la saison prochaine, Igor Tidor ne dévie pas de sa ligne de conduite et devrait très bientôt discuter de son avenir avec les dirigeants du club phocéen.
    But! Football Club — OM : Longoria a fixé une deadline pour l’avenir de Tudor
  • D'autant que pour l'heure, ils ne savent pas par qui ils seront entraînés la saison prochaine. Le contrat d'Igor Tudor court jusqu'en juin 2024 mais rien ne garantit qu'il sera toujours sur le banc de l'OM à la reprise. Le technicien croate aspire à retourner en Italie et plus précisément à la Juventus de Turin, où il s'est fait remarquer lors de son passage en tant que joueur (1998-2007). Son avenir sur la Canebière est donc très incertain, une habitude à Marseille où aucun entraîneur n'est resté plus de trois ans depuis Didier Deschamps entre 2009 et 2012.
    OM : Le flou règne autour de l'avenir d'Igor Tudor | Goal.com Français
  • Dans un clin d’œil à son Journal intime, le réalisateur italien Nanni Moretti renoue avec sa veine fantaisiste et a livré aux festivaliers ses états d’âme de réalisateur désabusé dans une comédie hilarante intitulée Vers un avenir radieux. Il a éclipsé le très beau mais ennuyeux La Passion de Dodin Bouffant, du réalisateur Tran Anh Hung, de retour sur la Croisette trente ans après L’Odeur de la papaye verte.
    La Croix — Cannes 2023 : « Vers un avenir radieux », Nanni Moretti rembobine et refait l’histoire
  • Comme chaque jour, Onze Mondial vous offre un large résumé de l'actualité sur la planète football. Au programme de ce mercredi 24 mai 2023, Kylian Mbappé qui prend une décision forte sur son avenir au PSG et affole Madrid, Jordi Alba qui annonce son départ du Barça ou encore Pep Guardiola qui scelle son futur du côté de Manchester City !
    Onze Mondial — L'avenir de Mbappé agite le PSG et le Real Madrid, Jordi Alba quitte le Barça, Guardiola évoque son futur... les immanquables du jour !
  • Pour le moment, le ministre de l'Economie reste prudent, et a ajouté "qu'il n'a pas de chiffre précis à donner sur le taux de rémunération de ce plan car ce ne sera pas, par définition, un taux garanti". En effet, le fonctionnement du Plan d'épargne avenir climat sera très différent de celui du Livret A. Ce nouveau placement sera destiné uniquement aux mineurs, et orienté sur du long terme, puisque les sommes déposées ne pourront, en principe, être récupérées qu'à la majorité du titulaire.
    Boursorama — Taux, plafond… Les subtilités du nouveau plan d’épargne avenir climat - Boursorama
  • A 96 ans, tous les mois, il va consulter une voyante célèbre pour se faire lire son avenir dans une boule de cristal.
    Romain Gary — Vie et mort d'Émile Ajar
  • Aussi ne s’occupe-t-il pas des coordonnées spatiales et temporelles par rapport auxquelles tout événement vrai se situe ; les endroits qu’il évoque ne sont pas de ce monde; et plutôt que des aventures ce sont des tableaux vivants qui s’y déroulent; la durée ne mord pas sur l’univers de Sade; il n’y a aucun avenir de son œuvre ni dans son œuvre.
    Simone de Beauvoir — Privilèges
  • Les jeunes, ce sont de futurs adultes, mais je m'intéresse à eux; l'avenir est dans leurs mains et si dans leurs projets je reconnais les miens, il me semble que ma vie se prolonge par-delà ma tombe.
    Simone de Beauvoir — La force des choses
  • J’avais pas une bribe, pas un brimborion d’honneur… Je purulais de partout ! Rebutant dénaturé ! J’avais ni tendresse ni avenir… J’étais le coriace débauché ! Un corbeau des sombres rancunes… J’étais la déception de la vie ! J’étais le chagrin soi-même.
    Céline — Mort à crédit
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Traductions du mot « avenir »

Langue Traduction
Anglais coming
Espagnol próximo
Italien in arrivo
Allemand kommen
Chinois 未来
Arabe آت
Portugais chegando
Russe приходящий
Japonais 到来
Basque etortzen
Corse vene
Source : Google Translate API

Synonymes de « avenir »

Source : synonymes de avenir sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « avenir »

Combien de points fait le mot avenir au Scrabble ?

Nombre de points du mot avenir au scrabble : 9 points

Avenir

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