À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire
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Tout le monde a déjà entendu l’expression « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », mais savez-vous ce qu’elle signifie ? Cette maxime, célèbre entre toutes, évoque l’idée que seule la difficulté fait la grandeur des exploits. Elle a traversé les siècles et conserve encore aujourd’hui une portée morale universelle. Découvrez dans cet article la signification et l’origine de « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire »
Définition de « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire »
L’expression « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » signifie que lorsqu’un adversaire ou un obstacle est trop facile à surmonter, la victoire qui en découle est dénuée de valeur ou de mérite. Autrement dit, l’honneur du triomphe ne réside pas seulement dans le résultat, mais dans l’effort, les risques encourus et les épreuves surmontées.
On utilise cette expression pour relativiser une réussite obtenue sans véritable difficulté. Elle renvoie à la vertu morale que représente le courage face à l’adversité. Une victoire trop facile ne permet ni de prouver sa valeur, ni de susciter l’admiration.
Exemples d’usage :
- Il a gagné le tournoi, mais face à des débutants… À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
- Elle a été promue sans réelle concurrence. Ce n’est pas un exploit : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Origine de l’expression
L’expression prend racine dans la littérature classique française, et plus précisément dans le théâtre du XVIIe siècle. Elle apparaît pour la première fois dans « Le Cid », tragédie héroïque de Pierre Corneille, représentée pour la première fois en 1637.
Dans la pièce, c’est le personnage du Compte qui prononce cette réplique, en réponse à Don Rodrigue (acte II, scène II sur Wikisource) :
J’admire ton courage, et je plains ta jeunesse.
Pierre Corneille, Le Cid, Acte II, Scène 2
Ne cherche point à faire un coup d’essai fatal ;
Dispense ma valeur d’un combat inégal ;
Trop peu d’honneur pour moi suivrait cette victoire :
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
On te croirait toujours abattu sans effort ;
Et j’aurais seulement le regret de ta mort.
Mais Corneille s’est certainement inspiré de ses prédécesseurs. On trouve notamment une idée similaire chez Sénèque (Ier siècle) :
Le gladiateur se croit déshonoré si on l’accouple à plus faible que lui ; il sait qu’on vainc sans gloire quand on vainc sans péril. Il en va de même de la fortune: elle choisit à dessein les plus rudes antagonistes. (…) Un grand exemple ne naît que de la mauvaise fortune.
Sénèque, De la providence, III, 4
Exemples d’usage de « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire »
Je risquais ma vie pour Charlotte ; peu m’importait. Son aïeul n’avait-il pas écrit qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ? Ma victoire serait l’échafaud.
François-Henri Désérable, Tu montreras ma tête au peuple
Des canons pris à l’ennemi seront fondus et le bronze récupéré servira pour les deux lions majestueux qui ornent l’escalier monumental de la chambre des députés à Madrid. D’autres y voient le symbole d’une fausse grandeur qui s’est leurrée ; « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » !
Benoît Pellistrandi, Les fractures de l’Espagne
À vaincre sans péril, on triomphe sans tracas ?
Régis Debray, Aveuglantes Lumières